Un excellent article sur les gaz de schistes

Paraît ce vendredi à Paris un excellent article sur les gaz de schistes. C’est dans le Monde Magazine, et j’essaie de vous mettre le tout. Techniquement, c’est pour moi limite, et s’il y a des bavures, je décline toute responsabilité. On y parle, voyez comme je sais faire le paon, de Planète sans visa. Mais ce n’est tout de même pas pour cela qu’il est bon. D’ailleurs, achetez ce journal, car ce sera plus tard un collector, vous pouvez (raisonnablement) m’en croire.

LARZAC
C?A SENT LE GAZ
LE NOUVEAU COMBAT DE JOSE? BOVE?

La France serait riche d’immenses re?serves de gaz naturel emprisonne?
dans la roche, le gaz de schiste. L’Etat a autorise? des forages d’exploration
autour des Ce?vennes –au grand dam du de?pute? europe?en e?cologiste.

par Laurent Carpentier

Le bruit est descendu du plateau du Larzac, il a de?vale? les flancs du causse, franchi la Dourbie et puis, de valle?e en valle?e, il a traverse? les campagnes ce?venoles, l’Arde?che et la Dro?me, si bien que, le 20 de?cembre, ils e?taient plus de trois cents a? envahir la petite salle polyvalente de Saint-Jean-du-Bruel, en Aveyron.Paysans, militants, e?piciers ou e?lus des communes alentour sont venus chercher des e?claircissements face a? cette nouvelle menace qui plane aujourd’hui sur leurs te?tes : le gaz de schiste. Trois petites signatures du ministre de l’e?poque, Jean-Louis Borloo, pourtant de?clare? champion des e?nergies renouvelables, au bas d’arre?te?s autorisant de?but mars 2010 la recherche de ces hydrocarbures sur de vastes territoires du Sud-Est, auront suffi a? mettre le feu aux poudres.

Le gaz de schiste? Du gaz naturel qui, contrairement a? celui que l’on extrait en ge?ne?ral, comme a? Lacq, ne se trouve pas concentre? au sein de vastes poches souterraines ou? il suffit d’aller le pomper, mais disse?mine? dans les argiles tre?s compactes datant du lias (200 millions d’anne?es) ou du carbonife?re (350millions d’anne?es). Longtemps sa capture a semble? un re?ve complique? ou trop one?reux mais la rare?faction des re?serves en hydrocarbures a pousse? les inge?nieurs a? forcer le destin. Le principe est simple: apre?s avoir fore? verticalement, on pe?ne?tre horizontalement les schistes, dans lesquels on envoie a? forte pression des millions de litres d’eau et de sable pour ouvrir la roche d’ou? l’on va extraire le gaz. On appelle cela la «fracturation hydraulique».

Et cette technologie est la cle? a? la fois ge?niale et monstrueuse d’une re?volution e?nerge?tique: «On estimait jusqu’a? pre?sent qu’on avait du pe?trole pour quarante ans et du gaz pour soixante ans. On se projetait de?ja? dans une socie?te? post-e?nergies fossiles,expliquait dans les colonnes du Monde du 30juillet 2010 le PDG de GDF-Suez, Ge?rard Mestrallet. Si l’on a du gaz pour plus de cent vingt ans, alors il pourrait devenir l’e?nergie centrale et propre du XXIe sie?cle. » Centrale, sans doute; propre, seulement si on compare le gaz avec le charbon. La perspective de ce nouvel eldorado est en fait l’assurance que le monde va oublier toutes ses bonnes re?solutions sur les e?missions de gaz a? effet de serre. Qu’importe la gueule de bois pourvu qu’on ait l’ivresse !

Voici de?ja? dix ans que les Etats-Unis se sont lance?s dans l’aventure. En 2009, ils sont devenus gra?ce a? cela le premier producteur mondial de gaz devant la Russie… transformant au passage leur pays en gruye?re. Car chaque puits ne peut supporter gue?re plus d’une quinzaine de fracturations par forage, d’ou? ces images incroyables de vastes e?tendues de terres transforme?es en taupinie?res… et ze?bre?es de routes pour que les camions puissent par centaines acheminer l’eau ou emporter le gaz.

Mais il y a pire. Car, pour casser la roche et laisser ensuite filtrer le gaz, les industriels ont mis dans leurs tuyaux –traversant terres arables et nappes phre?atiques– des adjuvants chimiques. Et le re?sultat est effrayant. Josh Fox e?tait metteur en sce?ne de the?a?tre lorsque les industriels sont venus proposer a? son pe?re et a? ses voisins de Pennsylvanie de creuser leurs terres en que?te de cette nouvelle manne. Pour comprendre, il a pris une came?ra et parcouru les Etats-Unis d’est en ouest et du nord au sud, collectant les te?moignages. Le re?sultat est saisissant. Prime? lors du ce?le?bre festival ame?ricain de cine?ma de Sundance, le documentaire, Gasland, sort cette semaine en Grande-Bretagne.

On y voit un homme qui, en plac?ant simplement un briquet devant le robinet de son e?vier, de?clenche une grande flamme lorsque, entre deux arrive?es d’eau, du gaz s’en e?chappe… On y de?couvre des terres de?vaste?es, des eaux empoisonne?es, des gens malades. Car la plus grande opacite? re?gne sur les adjuvants que les inge?nieurs pe?troliers ont mis dans leur cocktail hydraulique: ils re?pugnent a? en donner la recette, se barricadant derrie?re le « secret industriel ». Au point qu’en 2010, l’Etat de New York s’est prononce? pour un moratoire arre?tant tout type d’exploration du gaz de schiste.

Au pied du Larzac, la salle des fe?tes de Saint-Jean-du-Bruel est archicomble. De me?moire de militant, cela faisait longtemps qu’on n’avait vu un tel rassemblement de pre?ts-a?-en-de?coudre. «Geler les autorisations de prospection est un pre?alable; le
moratoire, un minimum: on stoppe tout parce qu’on ne sait rien !»,marte?le l’orateur. Une sorte de ferveur flotte dans l’air. De celles, solennelles, qui pre?ce?dent les combats, teinte?es de de?termination, d’angoisse et de plaisir d’e?tre a? nouveau ensemble. Un gars d’Ale?s prend la parole: « Oui pour une action non violente… mais de?termine?e. La dernie?re fois,pour le barrage, on a quand me?me du? bru?ler quelques bulldozers. » Applaudissements.

Caussenards, Ce?venols, ils sont tous venus a? l’appel de Jean-Marie Juanaberria, 50 vaches allaitantes, enfant du pays et d’un pe?re basque, carrure de rugbyman, qui a convoque? la re?union. Le boulanger et l’e?picier sont descendus de Sauclie?res. Le patron de la conserverie de pa?te? a glisse? son obole dans la caisse commune. Les spe?le?ologues, la socie?te? de pe?che, la Confe?de?ration paysanne, chacun y va de son inquie?tude et de sa de?termination. Et le maire de Nant – qui en est aussi le garagiste – exprime en prive? son indignation. Il a eu beau appeler la pre?fecture et la direction re?gionale de l’environnement, de l’ame?nagement et du logement, il n’a rec?u aucune re?ponse:«Quand vous e?tes un e?lu, que les gens vous posent des questions et que vous ne savez rien, vous passez pour un incapable, et c?a – comment dire?– c’est tre?s de?sagre?able. »

De?ja? on lance l’ide?e de monter une coordination –«Ici et maintenant»–; d’organiser un jumelage avec une de ces villes de la valle?e du Saint-Laurent au Que?bec en proie a? la me?me menace et a? la me?me mobilisation, ou avec les Indiens de l’Equateur qui refusent qu’on puise le pe?trole qui dort sous leurs pieds. «Parce qu’une technique est possible, parce qu’elle est utilisable, doit-on pour autant l’utiliser?, demande Jose? Bove? a? l’assemble?e. On nous dit que nos besoins en gaz vont doubler dans les vingt ans a? venir: une manie?re d’imposer un choix e?nerge?tique en disant qu’on n’apas le choix. Mais si on continue de raisonner uniquement en termes de croissance, on ne s’en sortirajamais… »

L’homme du Larzac, l’alter-paysan, le pourfendeur de la malbouffe, l’arracheur volontaire d’OGM, est ici chez lui… Et cette histoire de gaz de schiste a de quoi le piquer au vif. Aussi, pourquoi avoir choisi ces hautes terres de re?volte pour lancer en France leur exploration? Par le plus grand des hasards, parce que c’est la? qu’il y a le plus d’espoir de trouver des re?serves importantes? Be?tement, parce qu’elles sont moins peuple?es que d’autres? Ou, comme le fantasment certains, parce que le camp militaire doit justement fermer dans deux ans et qu’utiliser ses sous-sols top secret a? l’abri des regards pourrait e?tre une sacre?e opportunite??

De chez Jose? Bove? –qui a cesse? l’e?levage depuis qu’il est devenu de?pute? europe?en–, le regard embrasse a? perte de vue les terres grandioses et de?sole?es des causses. «Les hydroge?ologues le disent: le Larzac est le cha?teau d’eau du sud de la France. C’est un sous-sol tre?s mal connu, un relief karstique qui est comme un gruye?re, tout ce que tu laisses tomber par terre descend imme?diatement dans le sous-sol… Je ne vois pas comment on pourrait faire ainsi pe?ter nos ressources en eau. »<; L’homme est calme et attentif. Il remplit sa bouffarde, fermant a? moitie? son œil droit pour concentrer son attention sur un ve?hicule qui longe le camp en contrebas. «La campagne, c’est le lieu le moins discret qui soit. La premie?re estafette ou bagnole un peu bizarre qui passe, les gars seront pre?venus. Un truc qui arrive de l’exte?rieur en milieu rural, cela se sait imme?diatement. On l’a vu pour les OGM, on les a toujours trouve?s. Il y a toujours quelqu’un qui savait, pre?venait… »

« C’est marrant parce que tout cela arrive quarante ans quasiment jour pour jour apre?s l’annonce de l’extension du camp militaire du Larzac a? l’automne 1970. Et rien ne semble avoir change? depuis dans le fonctionnement de l’Etat, poursuit-il. A l’e?poque, les gens avaient appris du jour au lendemain qu’ils allaient devoir partir sans que jamais on ne les ait consulte?s. Aujourd’hui, si quelques journalistes et personnes a? l’affu?t n’avaient donne? l’alerte, on se retrouverait avec des forages un peu partout sans pouvoir rien y faire. Me?me chose avec les OGM: l’autorisation de mise en culture s’est faite en novembre 1997 sans aucun de?bat… Les gens vont dire: c’est Borloo ou c’est Sarkozy, mais je suis persuade? que le premier n’a pas compris ce qu’il signait et que le second ne sait me?me pas de quoi nous parlons… Enfin pas encore. Nous sommes aux mains d’une logique administrative quasi autonome. Il n’y a eu aucun de?bat public ni me?me, a? ma connaissance, de discussion interministe?rielle sur la question. On se retrouve devant le fait accompli par la gra?ce des arcanes de l’administration. »

Grande Arche de la De?fense. Paroi nord. 29 e e?tage. Bureau 25. 6m2au sol. Une photo du ge?ne?ral de Gaulle e?pingle?e au mur,une Marianne de Delacroix franchissant les barricades au-dessus de l’ordinateur. C’est ici que, le 8 avril 2008, Martin Schuepbach –l’homme par qui le scandale arrive–, patron de Schuepbach Energy LLC, «Explorations and solutions in clean energy », estvenu de Dallas (Texas) de?poser la premie?re demande de permis d’exploration sur le bureau de Charles Lamiraux, ge?ologue de formation, «Responsable exploration France» a? la direction ge?ne?rale de l’e?nergie et du climat.

«A? LA FRANC?AISE»

Ce dernier s’insurge: « On est dans l’e?motionnel absolu sans base concre?te. Il n’y a pas plus transparent que ces proce?dures officielles: apre?s le de?po?t de la demande, il y a eu rapport de la Drire [la direction re?gionale de l’industrie et de la recherche et de l’environnement],consultation des services locaux, du pre?fet de la Dro?me, qui e?tait pre?fet centralisateur pour les trois dossiers de Monte?limar, Nant et Villeneuve-de-Berg. Juge?es recevables sur la forme, les demandes ont e?te? ouvertes a? la concurrence pendant 90 jours, au dernier desquels Total s’est mis sur les rangs. Pour montrer sa solvabilite?, M.Schuepbach s’est associe? a? Suez, et Total a obtenu le permis de Monte?limar… Jose? Bove?, de toute fac?on, il est contre tout. Il faut qu’il fasse parler de lui, alors force?ment… »

Dro?le d’homme, cheveux gris, mi-longs et raides tire?s en arrie?re, since?re et courtois, Charles Lamiraux se re?gale. « Je suis a? quatre ans de la retraite. Une vie de travail dans l’ombre et la?, d’un seul coup, je me retrouve au milieu d’une re?volution e?nerge?tique qui bat en bre?che une ide?e rec?ue: en France on n’a pas de pe?trole. J’avoue que c’est excitant. »Sur un petit carnet a? spirale, il a commence? de noter ses arguments afin de ne pas e?tre pris au de?pourvu. Un forage va utiliser 15millions de litres d’eau pour fracturer la roche ? «Les Franc?ais en de?pensent deux fois plus chaque anne?e pour laver leurs voitures. »Les nuisances environnementales ? «La fracturation hydraulique, on la pratique de?ja?. Et je peux vous assurer qu’en surface on ne voit rien, on n’entend rien. » La composition des additifs qui seront utilise?s dans les sous-sols ? « Des proppants–des adjuvants qu’on trouve dans les glaces et le dentifrice. »Les informations qui nous viennent des Etats-Unis, le gaz dans les robinets, les eaux empoisonne?es ? « C’est parce que c’est mal fait. Nous on va faire c?a a? la franc?aise, pas a? l’ame?ricaine. »

C’est donc c?a, notre secret : nous travaillons «a? la franc?aise». On aimerait e?tre rassure?. Le proble?me c’est que les techniques de fracturation sont loin d’e?tre une spe?cialite? locale. Au point que Total a juge? ne?cessaire, pour se mettre dans la course, de cre?er un joint-venture avec une grosse socie?te? ame?ricaine, Chesapeake Energy, pionnie?re dans le secteur, et que GDF-Suez a fait appel aux services d’une autre compagnie made in USA, Dale.

«IRRESPONSABILITE? POLITIQUE»

Bah, on ne va pas jouer les rabat-joie. Depuis l’Arche de la De?fense, le ciel semble limpide et les solutions droites comme les couloirs de l’administration de l’e?nergie. «Peut-e?tre qu’on pourra me?me cre?er un label de qualite? !,sourit le bon soldat Lamiraux avant d’ajouter, mi-nai?f, mi-face?tieux : « L’acce?s aux matie?res premie?res est une priorite? de l’Union europe?enne, et je suis paye? pour promouvoir la ressource. Mais c?a va, j’ai la sante?… Et puis les vraies de?cisions industrielles, avec enque?tes publiques – c?a c’est de l’artillerie lourde–, viendront plus tard. Dans cinq ans. Pour l’instant, je vous le re?pe?te, on n’en est qu’au stade de l’exploration. »
«POUR LA LUTTE CONTRE
LE RE?CHAUFFEMENT,C’EST
MACHINE ARRIE?RE TOUTE ! »
FABRICE NICOLINO, JOURNALISTE

« On ne me fera pas croire qu’une telle information ne remonte pas au ministre ! La ve?rite? c’est qu’ils ont fait c?a dans la discre?tion parce qu’ils avaient peur de mettre le feu aux poudres. » Fabrice Nicolino est journaliste et e?crivain. Sur son blog, Plane?te sans visa, il pourfend les ennemis de la nature et tient la comptabilite? pre?cise de ces petits mensonges quotidiens qui cachent la ve?rite? environnementale. C’est lui qui a alerte? Jose? Bove? lorsqu’il a de?couvert l’existence des permis d’exploration de gaz de schiste. « Un cas de flagrant de?lit d’irresponsabilite? politique. Face a? la crise climatique, la France a voulu donner des lec?ons au monde entier. Ce qui a abouti a? la loi du 13 juillet 2005 sur l’e?nergie qui implique que nous re?duisions par quatre sinon par cinq nos e?missions d’ici a? 2050. La? c’est machine arrie?re toute ! Avec le gaz de schiste, la loi ne sera pas seulement viole?e, elle sera un bout de papier au fond d’une poubelle… »

Car il n’y a pas que les Causses ou les Ce?vennes dans la mire des pe?troliers. Des permis d’exploration pour le Quercy – Cahors, Brive, Agen –, pour la re?gion Rho?ne-Alpes etla Provence sont en pre?paration. Le Bassin parisien lui-me?me est depuis longtemps dans la cible. Non pas cette fois pour du gaz mais pour du pe?trole de schiste (la technique et les conse?quences sont les me?mes). Une e?tude de l’Institut franc?ais du pe?trole estime en effet que ses sous-sols en rece?leraient quelque 60 a? 100 milliards de barils. Soit, dans sa fourchette haute, le montant actuel des re?serves prouve?es du Kowei?t.

Suffisamment en tout cas pour que Julien Balkany, le jeune fre?re du maire de Levallois, ait persuade? le groupe texan Toreador Resources, dont il est devenu vice-pre?sident, d’installer son sie?ge a? Paris, et des investisseurs ame?ricains comme le pe?trolier Hess d’investir des millions de dollars pour partir a? la chasse au tre?sor. Suffisamment pour que, au moment me?me ou? la re?volte commence a? gronder dans le Midi, a? l’Assemble?e, le de?pute? UMP de l’Oise Franc?ois-Michel Gonnot pose une question au gouvernement: «Aujourd’hui, les demandes de permis de recherche de gisements se multiplient en France. Le gouvernement se doit de les autoriser. Il n’y a pas de raison que la France se prive d’e?ventuels gisements qui lui permettraient de trouver des ressources gazie?res nouvelles dont notre territoire manque cruellement. »

Suffisamment pour que, partout en Europe, les lobbies s’agitent pour soutenir cette «e?nergie du futur» dont on vante force?ment l’aspect «propre» et «alternatif». Au Parlement europe?en, les e?lus verts ont ainsi failli laisser passer sans comprendre une proposition de de?le?gue?s –principalement polonais, dont le pays est en premie?re ligne dans l’exploration de gaz de schiste– appelant la Commission a? «soutenir financie?rement les programmes de recherche pertinents visant a? renforcer les activite?s de de?veloppement technologique portant sur l’extraction de gaz naturel a? partir de sources alternatives». Les grandes manœuvres ont commence?.

«C’EST ENCORE PRE?MATURE?»

On peut toujours penser que personne n’a se?rieusement envie de transformer les vignobles champenois en terre a? derricks et qu’au fond ces nouvelles re?serves d’hydrocarbures sont d’abord le moteur d’une revalorisation spe?culative des entreprises pe?trolie?res – je suis assis sur tant de millions de barils, donc je vaux tant. En attendant, rachats et acquisitions, investissements, prises de participations, permis d’exploration a? tout-va : un grand Yalta plane?taire des couches se?dimentaires du lias et du carbonife?re est en marche. La question n’est de?ja? plus de savoir si on va les exploiter, mais ou? elles seront exploite?es.

Chez Total – qui, avec le permis de Monte?limar, a conquis des droits pour cinq ans sur une large por-
tion du territoire franc?ais –, on avoue e?tre un peu pris de court par la leve?e de boucliers de Saint-Jean-du-Bruel. «Tout c?a est tre?s pre?mature?. Nous, nous en sommes encore a? nous demander si c’est seulement un sujet, sourit off the record un de ses spe?cialistes. Il n’est me?me pas encore prouve? que nous trouvions du gaz… Et si c’est le cas, il faudra encore prouver que son extraction est e?conomiquement rentable. Apre?s, oui, la question de son acceptation par les populations locales va devenir la question-cle?. Et elle va demander une pe?dagogie que nous n’avons pas encore de?ploye?e.»

L’acceptabilite? sociale des forages est en effet fondamentale dans une Europe dense?ment peuple?e et qui, au fond, ne regroupe que 5% des ressources mondiales estime?es en gaz de schiste. Pour Total, fouiller les schistes argentins du Neuquen – ou? la question sociale serait marginale – est beaucoup plus simple qu’affronter l’ire des populations franc?aises si tel e?tait le cas. Les zones du Larzac et des Ce?vennes –attribue?es a? Schuepbach et GDF-Suez– font en l’occurrence office de tests : si cela passe ici, cela passera partout en France.

A Saint-Jean-du-Bruel, alors que dehors la gele?e de l’hiver rigoureux a recouvert les routes, Jose? Bove? tente, dans la salle polyvalente surchauffe?e, de faire descendre un peu la fie?vre militante : «Eh les gars, si vous voyez des gens de GDF, avant de leur crever les pneus, demandez-leur d’abordpourquoi ils sont la?. »

42 réflexions sur « Un excellent article sur les gaz de schistes »

  1. Réaction en chaine… il n’y a plus d’hommes aux têtes des institutions politiques et industrielles (économiques), ce sont des machines bureaucratiques dont les personnes qui y travaillent ne sont que globules rouges et blancs…

    Il y a des maladies qui font que les globules attaquent le corps…

  2. Bonjour,

    Je m’appelle Olivier et je suis du Québec au Canada. Cela fait maintenant 1 an et quelques que l’on parle du gaz de Schiste et qu’on se bat pour avoir plus d’information sur les procédures et pour s’assurer que ce soit profitable aux peuples et non juste au comapagnies américaines qui vont venir exploité notre sous-sol.

    Il y a 3 gros points qui ressort de ce combat:

    1- La phase d’exploration consiste en la fracturation et en l’analyse des ressources en gaz qui en ressort. La fracturation est la partie la plus à risque. C’est la partie destructrice où l’on injecte les produits chimiques avec l’eau pour fracturé la roche. La partie exploitation qui viendra plus tard, consiste uniquement à connecter le puit aux gazoduc. De dire qu’on est juste rendu à la phase exploration et qu’il ne faut pas s’inquiété??? C’est une façon éhonté de détourné la vérité. Tout le monde prend pour acquis que exploration = paperasse et truc mineur. Hors dans ce cas, exploration = forage et préparation jusqu’au moment de connecter le gazoduc.

    2- La technologie de forage n’est pas fiable et aucun puit est imperméable à 100%. On parle de marge de tolérance.

    3- Il y a une énorme tendance de cacher l’information et de désinformer la population. On a prouvé à plusieurs reprises que l’industrie mentait en exagérant sur les niveaux de risque réel. On essaye à tout prix de mettre un stop à l’exploration et de se donner du temps pour bien analyser et étudier l’ensemble des risques et conséquences pour l’environnement.

    4- Les supportaires du projet sont souvent focusé sur les revenues et pas assez sur les conséquences à très long terme pour l’environnement. Supportaire majoritairement 40 ans et + qui désir du confort à court terme VS nouvelle génération planifiant sur les 100-200 prochaines années.

    5- Pourquoi rusher l’exploitation du gaz de shiste maintenant pour faire des gros profits si on sait très bien que d’attendre va rendre la ressource encore plus rare et donc plus profitable à exploiter.

    Pour nous, il est inqualifiable d’avoir un environnement souillé pour quelques milliards de dollar. L’argent ça ne se mange pas et ne se boit pas.

    Bon courage cousin Français. Battez-vous, parce que pour avoir vu ce qui se passe ici, les industriels ne sont pas clean et l’appât du gain à tout prix semble être la seule motivation des supportaires.

    Olivier Contant

  3. C’est quand même incroyable que cette histoire de gaz de schistes existe depuis 10 ans et qu’on en parle seulement maintenant, parce que ça arrive en France !

  4. Hélène le 21 janvier 2011

    C’est quand même incroyable que cette histoire de gaz de schistes existe depuis 10 ans et qu’on en parle seulement maintenant, parce que ça arrive en France !

    1)C’est parce que les infos circulent mieux et plus vite sur le net, grâce a des journalistes sérieux et respectueux, qui s’interressent, s’investissent vraiment, a tout ….

    Merci Mr Nicolino. 🙂

    2)Les humains intelligents commencent a prendre conscience que notre belle Terre va vers l’épuisement total, et qu’il y a urgence.

    3) Vous mixer le 1 et le 2 et vous en causer au maximum autour de vous.

    Bonne fin de semaine, Léa.

  5. « Les gens vont dire: c’est Borloo ou c’est Sarkozy, mais je suis persuadé que le premier n’a pas compris ce qu’il signait et que le second ne sait même pas de quoi nous parlons… « .
    ces gens sont donc
    ..en plus ignorants et irresponsables? on se demande comment ils ont réussi à obtenir ces places honorables à partir desquelles ils sont sensés présider au sort de populations! au surplus, si çà chauffait, on ne pourrait même plus les pendre en place de Grève, puisqu’ils n’ont rien compris! innocents et imbéciles, quoi. décidèment la révolution va avoir du mal!
    En attendant et à propos de gaz (de ville) cette fois, un ou des petits méchants ont fichu le feu sur un coffret gaz d’un quartier de ma ville! les services ont réparé ce qui devait l’être et toute cette nuit vont rétablir le gaz cela concerne près de 1600 compteurs!

  6. Le film Gasland n’est plus disponible sur le lien partagé par Fabrice précédemment, mais en écrivant « gasland-vostfr » sur google, vous devriez pouvoir le trouver.

  7. Merci du témoignage, cousin.

    Moi, je trouve l’idée DES jumelages excellente. Avec nos cousins du Québec, avec les Indiens de l’Equateur et d’autres.
    Vraiment, je pense qu’il faut lefaire.

  8. Bien sûr que l’on a raison de s’offusquer, pour tous les forages et pour toutes les dégradations liées aux recherches d’énergie, mais si on ne ne le fait pas chez nous, on le fera chez des voisins moins regardant ou pas regardant du tout, suivant les dessous de table.

    Le jour où l’on aura compris que la défense de l’environnement commence par l’arrêt total du consumérisme, et par une consommation limitée à l’utile et au nécessaire au quotidien, alors l’écologie retrouvera son sens.

    Les industriels se contentent de répondre à notre demande: exemple récent, la moitié du béton disponible mondialement a été consommé par la Chine l’année dernière, et pour ce béton, il faut des machines, et de l’énergie, du gaz, du pétrole, etc, etc…

  9. çà fait chaud au coeur! pour vu que çà fasse boule de neige

    « Berlin a résonné nature, bio, et écologie, quelques 22.000 personnes ont marchés dans les rues de la capitale allemande en réclamant l’arrêt immédiat des OGM. Les organisations écologique étaient venus du monde entier.

    La manifestation anti-OGM organisée à Berlin résonnait ainsi : « Nous en avons assez ! »

    Des tracteurs de couleur verte, des ballons jaunes et verts, des banderoles aux couleurs des divers mouvements écologistes de la planète, l’ambiance restait bonne enfant dans le cortège immense de 22.000 personnes qui bravant le froid ont quitté la Gare Centrale de Berlin pour se rendre devant la porte de Brandenburg.

    Quelques 80 tracteurs ouvraient la marche. Tous les participants réclamaient une alimentation seine, sans OGM bien sur

    http://www.radinrue.com/spip.php?article6388

  10. On peut visionner Gasland ici: http://www.tvqc.com/2010/12/gasland-en-streaming-documentaire-sur-le-gaz-de-schiste/

    Sur le principe, évidemment c’est une opération à condamner.
    Sur une vision à moyen terme, les gaz de schiste ne répondent pas du tout aux enjeux cruciaux de l’investissement sur des technologies exploitant les énergies véritablement renouvelables.
    Sur une vision à long terme, cette exploitation potentielle dilapiderait une fois de plus une « ressource » fossile (en quelqu’un siècle), plutôt que la laisser en héritage, à la limite, à la race humaine pour des temps bien futurs.

    Sur le court et moyen terme enfin, l’exploitation des gaz schisteux se révèle dangereuse pour la simple raison que les conséquences (les « effets collatéraux », comme on dit) ne sont pas maîtrisées ; elle renvoient à des risques multiples, à commencer par l’apparition de failles latérales et la contamination des eaux souterraines par les produits chimiques injectés et les sels dissous.
    Le 1% d’adjuvants ajoutés aux 15.000m3 d’eau, correspond tout de même à la quantité énorme de 150 m3 de produits chimiques balancés pour chaque « fracture » profonde.

    Les terrains du Sud-Est prospectables (de Montélimar à Millau en passant par le S-O de Nîmes) comportent des zones de failles et de terrains calcaires (du Lias), donc des sols très vulnérables en cas de pollution des réseaux de la nappe phréatique. Mais existe-t-il même des terrains propres à de tels projets, quand on sait que les polluants peuvent se disséminer à long terme ou par le biais d’autres micro-failles induites par la première?!

    Les produits chimiques injectés sont (wikipédia) des biocides, des détergents, auxquels il faut ajouter tout une série de substances potentiellement dégagées lors du processus d’injection/extraction: sulfates, plomb, arsenic, radionucléides (radon et uranium enfoui naturellement, comme sur les terres du primaire de l’Est de Millau).

    Enfin, cette eau multi-polluée est laissée dans de grands bassins de SURFACE, d’où contamination possible (même sécurisés) d’insectes, d’oiseaux, d’évaporation partielle selon le climat; elle est ensuite réinjectée en profondeur, avec à nouveau les mêmes risques de contamination des canaux sous-terrains reliés à la nappe phréatique.

  11. Ils en ont parlé de manière « scientifique » et rassurante à la radio en omettant produits chimiques et explosifs, à la télé en ne parlant même pas des énormes quantités d’eau et des risques de pollution de la nappe phréatique. Ils insistent sur le fait que ce n’est encore qu’un permis d’explorer, sous entendu, attendez le résultat pour prendre position.

    Or, je crois avoir compris que la phase d’exploration elle même n’est pas sans danger, voire même qu’elle serait la plus problématique. Des infos plus précises sur ce point?

  12. Je connais le lien donné par Lléa. Ma question est plus précise: ils sont en train de rassurer le citoyen de base en lui disant qu’on n’en est qu’à la phase d’exploration et en sous entendant que ça pourrait ne pas aller plus loin. La vieille rengaine, « attendez que ce soit irréparable pour vous opposer ».

    Donc, outre ce point, qu’on retrouve d’ailleurs dans d’autres domaines (bougez pas, c’est pas encore ASSEZ grave), est-il exact ou pas que la phase « exploration » provoque déjà d’importants dégâts?

  13. Sur le lien donné par Erick à propos d’une réunion d’écolos à Privas, la palme au mec en bleu qui refuse qu’on dépose un T shirt « Non aux gaz de schistes » chez le préfet en argumentant que « c’est trop de violence ».

    Des fois que le Préfet tomberait raide en trouvant un T shirt dans son courrier?

    Palme accordée ex aequo au journal (hé, mais, c’est le DAUBÉ, vieille connaissance!) qui traite l’info sous un angle mineur pour mieux noyer le poisson.

  14. Cultive ton Jardin : au-delà des dégâts, leur permettre d’explorer, (et, amis des loups dont je fais partie, vous me pardonnerez ce rapprochement, mais c’est la seule image qui me vient de bon matin) c’est faire entrer le loup dans la bergerie (dans toutes les bergeries du monde entier !). C’est le début de la fin. La question ne doit même pas se poser. Il faut tout arrêter, ici et maintenant.

  15. Je ne parle pas de moi, je suis bien convaincue. je parle des citoyens ordinaires, pas plus informés que ça, et à qui on est en train de faire croire que la phase d’exploration est anodine, et ne sera (peut-être?) pas suivie d’effets.

    Par ailleurs, argumenter que « la question ne doit même pas se poser », c’est absurde. Sauf si nous voulons rester bien au chaud dans une petite secte de convaincus d’avance!

  16. Je comprends ce que tu dis, je te dis juste que ce n’est pas sous cet angle qu’il faut argumenter.
    Il y aura toujours des gens pour relativiser les dégâts. Il faut bien leur faire comprendre que si on laisse démarrer cette phase, les opérations ne s’arrêteront pas là.

  17. Il est déjà trop tard dès la signature en douce de tels autorisations faites par des crapules avinées(je ne cite personne) !
    Mais il est encore tôt pour les médias frileux de mettre Borloo au pilori en place publique, c’est à dire la télé, notre pilori moderne !
    Ceci dit, voir Pujadas ou Chazal mener l’assaut, reste du domaine du rêve, voir du délire 😉
    Si la presse papier nationale relayait les blogs et pétitions, alors peut-être…

  18. ils rassurent toujours le citoyen consommateur de base, qui lui est vite rassuré, si la télé et 2 ou 3 experts le disent! pourvu que ce ne soit pas sa maison qui soit visée; le reste…il a de quoi s’acheter des soldes et des bagnoles? des sextoys? eh ben çà suffit à son bonheur. l’amour de son pays : terminé. alors que reste-t-il à défendre dignement pour un homme de 2011, à part son pouvoir d’achat? et pourquoi voulez vous défendre quoique ce soit? au nom de quelles valeurs?
    que déferlent toutes les avidités et comme disait Ruy Blas (Victor Hugo)à des ministres corrompus et affairistes « bon appétit, messieurs » .
    Tout à fait d’accord avec Chaperon Rouge; il devrait y avoir une doctrine , des idéès, des règles avec des critères qui ferait qu’effectivement il y a des choses dont on ne devrait meme pas discuter, en tout cas longtemps; sinon, immanquablement c’est la porte ouverte.Pour prendre un exemple extrème,
    sur la pédophilie, qui veut argumenter? en général personne, eh bien pour les atteintes aux écosystèmes ce devrait être pareil! on est loin du compte.

  19. Je suis tombé sur le papier du Monde ce matin et je me suis dit, ce Nicolino, là il est en avance. Bien joué! Heureusement qu’il y a ton papier dans le papier…
    Christophe. Goby

  20. @ GOBY,

    « ce nicolino » comme tu dis, n’est pas encore en avance (sur les coups tordus) mais il est l’un de ceux qui a le moins de retard pour comprendre et nous alerter

  21. Ces assoiffer d’argents et de destructions sont a l’image du diable.Dans je ne sait plus quelle religions il est cité que le diable existe mais dans l’homme,les cathares le penser, mais aussi une religions ou un courant du moyen orient.Tout de meme avoir comme projet et métier de pourrir les nappes phréatiques,de gaspiller des millier de tonnes d’eaux,et d’empoisonner l’eau des gens,et de la vie sur terre,parait démentiel.DEMENTIEL

  22. GAZ DE SCHISTES POLLUTION
    NON A CE PROJET BIDON !!!!
    Voici un slogan pour la manif de cet aprem à Fontaine de Vaucluse à 14H
    Je propose de lancer un mouvement national de contestation sur ce thème où chacun vient avec un bidon et un bâton pour faire du bruit et symboliser le désastre écologique causé par la bouillie infecte qui’ils vont… injecter dans les entrailles de notre terre nourricière !

    Maurice

  23. Petite devinette :
    « Vous ne passerez pas. Je suis un serviteur du feu secret, détenteur de la flamme d’Anor. Le feu sombre ne vous servira à rien, flamme d’Udûn. Repartez dans l’ombre. Vous ne passerez pas ! »

  24. La contradiction fondamentale est dans l’article :
    « L’accès aux matières premières est une priorité de l’Union européenne, et je suis payé pour promouvoir la ressource. »
    Charles Lamiraux, géologue de formation, «Responsable exploration France» à la direction générale de l’énergie et du CLIMAT.

    Et merci à Olivier du Québec.

  25. Un peu hors sujet, mais pas tant que ça :

    « Les paysages à couper le souffle, les yourtes, la steppe à perte de vue, l’environnement presque vierge. Et maintenant les mines, un peu partout dans le pays… Le nouvel eldorado des matières premières pourrait bien avoir pour nom la Mongolie…
    « Le monde extérieur voit notre pays comme la « Minegolie » plutôt que comme la Mongolie ». La rédactrice en chef du portail environnemental mongol Nomad Green Otgonsuren Jargal résume parfaitement la transition dans le pays depuis une vingtaine d’années. Jadis isolé et paisible, il est devenu un Etat qui attise tous les appétits miniers de la planète.

    L’environnement semble en revanche, une nouvelle fois, le grand oublié de cette course effrénée. L’exploitation minière naissante a déjà pollué le fleuve Onon, une importante ressource d’eau douce du pays, mais c’est cette spectaculaire effervescence dans son ensemble qui inquiète les écologistes. Mme Jargal pointe notamment l’accélération du rythme de de la déforestation : « il y a deux décennies, 10% du territoire mongol était couvert par la forêt. De nos jours, elle est réduite à seulement 5 ou 6% du territoire total à cause du vol de bois et du feu ».

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