Qui n’aime pas (Lanza del Vasto)

Il s’appelait Giuseppe Giovanni Luigi Enrico Lanza di Trabia-Branciforte. Mais on le connaissait sous le nom de Lanza del Vasto. Cet Italien du monde aura longtemps vécu en France, où il a créé les communautés de l’Arche, fondées sur la non-violence, étendue aux animaux. Il avait rejoint Gandhi dans les années Trente du siècle écoulé, puis il était rentré en France. Je ne peux oublier qu’il a jeûné, parfois fort longtemps, pour protester contre la torture en Algérie, le nucléaire, contre l’agrandissement du camp militaire du Larzac.

Et voici que Katell – quel cadeau tu m’as fait ! – m’envoie ces jours-ci un poème écrit par cet homme exemplaire. Le voici.

Qui n’aime pas

Qui n’aime pas l’eau pure a le cœur peu sincère.

Qui n’aime pas le pain mal juge de la terre.

Qui se calfeutre et n’aime pas le vent

N’aura pas l’aventure et n’aura pas l’espace,

Ni les pleurs du départ, ni son destin devant,

Celui-là passe et ne sait pas qu’il passe.

Qui n’aime pas le feu hait la vie ou la craint.

Flamme mouillée et brûlure de joie.

Qui forge les grands troncs et cisèle les brins,

Les poissons de métal, les oiseaux plume à plume,

Les fauves, les serpents pour qu’ils mangent et soient,

Et les fusées d’insectes qui s’allument.

Qui n’aime pas la nuit n’aime pas la pensée,

Abîme à des triangles d’astres suspendus,

Où les parfums de l’herbe et les vies trépassées

Tressaillent, et le monde aux dedans défendus.

Qui n’aime pas la mer jamais n’aima le rêve.

Stupeur des ports qui balancent leurs mats,

Déchéance éternelle et gloire de la grève,

Perle conçue aux sources des climats.

Qui n’aime la pudeur jamais n’aima.

9 réflexions sur « Qui n’aime pas (Lanza del Vasto) »

  1. @ Fabrice;
    (pas spécial blog, tu peux virer)
    Lanza del Vasto, toute une époque pour moi !
    Après avoir lu son livre « pèlerinage aux sources », avec un copain, nous avions décidé d’aller vivre comme des ermites dans le désert des Agriates, en Corse !
    Deux jeunes babas très cons et peu instruits sur la vie en autarcie avec peu de moyens.
    Résultat des courses, « retour aux sources », c’est à dire chez papa-maman 😉
    37 ans plus tard,Il ne me reste aucun précepte de Lanza, si je tends la joue, c’est pour la bise, pas pour la non violence !
    Merci pour cet instant de pause.

  2. Je fais suivre un message de l’association L214 ainsi qu’un lien :

    Bruno Le Maire vante le modèle alimentaire et agricole français au point de vouloir l’étendre à l’ensemble du monde ! En découvrant la vidéo d’enquête tournée récemment dans des élevages de cochons français, le ministre de l’Agriculture aura t-il toujours envie de vanter le modèle français ?

    Pendant le salon de l’agriculture, rendez-vous à 9h tous les matins sur L214.com.
    Incitons autant de personnes que possible à visionner ces vidéos !

    Le lien concerne l’élevage de lapins en France :
    http://www.l214.com/video/elevage-lapins-2010

  3. Un texte fort également, bien que moins poétique.

     »
    un statut pour la nature.

    http://www.ecologie-radicale.org
    Gérard CHAROLLOIS le dimanche 20 février 2011

    Un statut pour la Nature.
    Biodiversité est le joli nom que l’homme donne à la Nature lorsqu’elle agonise.

    Ce petit mot sent bon son scientifique, son sérieux, sa modernité.
    Il y a dans la « biodiversité » un air de laboratoire, d’études technocratiques, de mise à distance, de protecteur froid dénué de tout amour pour l’objet qu’il examine.
    Mais surtout, la « biodiversité », c’est loin, dans les forêts tropicales, dans les toundras glacées, sur les pentes escarpées des montagnes autres que celles vouées aux stations de sports d’hiver.
    On peut affirmer, sans trop s’exposer,, être conscient de l’impérieux devoir de sauvegarder la « biodiversité », tout en autorisant ici les lotissements, les résidences de loisirs, les infrastructures de transports, les ronds- points et super-marchés. Car, bien sûr la Nature ordinaire, celle que l’on détruit, n’est pas la « biodiversité ».

    La biodiversité, c’est ailleurs, là où il n’y a pas de promoteurs, d’aménageurs, d’exploiteurs, de spéculateurs, d’élus locaux formatés.

    Ici, chez vous, on célèbre la croissance, le développement créateur d’emplois, l’urbanisation, le désenclavement, bien évidemment,, vous savez « de haute qualité environnementale » !

    L’homo capitalistus assassine la Nature partout, systématiquement, pans par pans entiers, tout en célébrant la « biodiversité », là-bas, au-delà des limites de sa commune, de son canton, de sa région qu’il ne veut surtout pas voir devenir une « réserve d’indiens ».

    Impostures, ces imprécations d’irresponsables qui parlent vertu et agissent en mafieux qu’ils sont, affairistes prévaricateurs, élus népotiques en consanguinité avec le nauséabond monde de l’argent.

    Alors, pour parler leur langue de cupides, d’aucuns, pétris de bonne volonté, tentèrent de donner une valeur monétaire à la biodiversité pour la sauver : trente trois mille milliards de dollars, (car pour faire sérieux il faut chiffrer en dollars ! )

    D’autres écologistes gentils arguent de l’utilité de la nature, évoquant la possibilité pour une modeste plante tropicale encore méconnue de receler des précieuses molécules thérapeutiques insoupçonnées et qu’il serait désastreux d’anéantir avant qu’elle ait révélé son secret bénéfique.

    J’admire ces efforts laborieux pour amortir les coups que le bourreau inflige à la nature.

    Mais je ne participe pas de cette anthropocentrisme égoïste.
    Si la petite plante offre une arme chimiothérapique, tant mieux. Mais si elle n’offre rien, je proclame qu’elle a le droit de ne pas disparaître.

    Qu’une peuplade sympathique tire profit du tourisme mondialisé grâce aux éléphants ou aux baleines, tant mieux.
    Mais si une espèce animale ne paie aucune rançon de survie à l’espèce dominante, j’affirme qu’elle doit conserver sa place sur cette planète.

    La protection de la Nature n’est pas une affaire d’argent, de profit, de spéculation sur la beauté des sites, la rareté des essences et des animaux.
    C’est un choix éthique fondamental.
    La vie vaut par elle-même parce qu’elle est la vie, dans sa précieuse diversité.
    Ce n’est point aux antipodes, sous l’équateur ou aux pôles qu’il faut la sauvegarder, mais ici en refusant le paradigme de la croissance infinie.

    Vous avez dit : « prise de conscience ? »

    Nullement.
    Les élus ne rêvent que de bitumer, de bétonner, d’augmenter la population humaine de leurs petites circonscriptions.

    Trop de gens grincheux maudissent les arbres qui font de l’ombre, souillent les terrasses de leurs baies, perdent leurs feuilles en automne.
    Les buissons et haies deviennent, pour nos nuisibles avérés « des broussailles hostiles et accueillantes à la vermine ».
    Pour homo capitalistus toute forme de vie, non directement et immédiatement rentable, fait figure de parasite à éliminer inexorablement.

    Pour nous, la nature doit être sauvée en toutes ses composantes et en tous lieux.

    Quand par mutation comportementale, l’homo capitalistus deviendra un homo ecologicus, un contrat liera l’humain enfin hominisé avec la Nature, contrat reconnaissant à la nature le droit d’être et de demeurer.
    Gérard CHAROLLOIS
    CONVENTION VIE ET NATURE
    MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE
    POUR LE RESPECT DES êTRES VIVANTS ET DES EQUILIBRES NATURELS. « 

  4. Ils ont des yeux mais ne voient pas,
    ils ont des oreilles mais n’entendent pas…
    soyons vivants
    vigilants
    luttons
    aimons
    et merci encore Fabrice, pour votre éclairage

  5. c’est comme un rappel en effet, du temps où je vivais dans une communauté de l’Arche, ce laps de temps que l’on prenait au cours de la journée pour s’extraire de ce que « l’on faisait », car « nous ne sommes pas ce que nous faisons »…
    Il n’y a qu’ici que je trouve ces « traces » de ce qui a et continue de m’interpeller.
    Merci encore, et encore…

  6. Ces petites parenthèses sur les zolies choses sont plus que bienvenues. N’hésite pas à en glisser une de temps en temps… En attendant, j’ai entamé l’Almanach d’un Comté des Sables. Je n’ai que trop tardé.

Répondre à philippe m Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *