Quand l’Amérique nous donne une véritable leçon (de morale)

C’est le Premier mai, et je vais manifester en compagnie des syndicalistes, moi. Je le dis en confidence à ceux qui maudissent mes critiques, je suis délégué du personnel depuis seize années. Et je me souviens d’avoir créé des sections syndicales dans des boîtes où il n’y en avait pas. Étonnant, non ?

Connaissez-vous John Muir ? Moi, j’ai lu de cet homme un, peut-être deux livres. Le premier, c’est sûr : il s’agit du magnifique Un été dans la sierra (chez Hoëbeke). On peut y trouver ce genre de phrases : « Aussi longtemps que je vivrai, j’entendrai les chutes d’eau, le chant des oiseaux et du vent, j’apprendrai le langage des roches, le grondement des orages et des avalanches et je resterai aussi près que possible du cœur du monde. Et qu’importe la faim, le froid, les travaux difficiles, la pauvreté ! ». Dites-moi, mais ce type est donc un frère, ne vous paraît-il pas ?

Nous sommes dans la Yosemite Valley, au cœur de la Sierra Nevada de Californie, en 1869. Muir a 31 ans, et il cherche encore sa voie dans cette wilderness à peu près intacte de l’ouest des Etats-Unis. Il découvre la vallée de Yosemite. « Aucun temple construit de la main de l’homme ne peut être comparé à Yosemite », écrira-t-il. Un rancher du nom de Pat Delaney lui offre un boulot en or : conduire un troupeau de moutons en haut de la vallée. Chemin faisant, il notera à peu près tout ce qu’il voit. Et nous donnera donc Un été dans la sierra. Le second livre, si lointain dans mon esprit que je ne l’ai peut-être que parcouru, s’appelle Voyages en Alaska (réédité dans la petite collection Payot, en 1995).

Pourquoi parler aujourd’hui de Muir ? À cause du Sierra Club. Cette association de protection de la nature est l’une des plus anciennes du monde. Peut-être la plus vieille ? J’avoue mon ignorance. En tout cas, le Sierra Club a été fondé en 1892, à San Francisco, par maître John Muir en personne. Et il compte aujourd’hui près d’1,5 million de membres. Je ne défendrai pas en bloc l’histoire du Sierra Club, et de bien loin. En plus d’un siècle, l’association a connu des dérives, notamment par rapport à la brûlante question démographique. Il est manifeste que, voici une quarantaine d’années, certains responsables n’étaient pas loin de vouloir imposer des lois contre l’immigration, accusée de participer au grand désordre écologique en cours.

Au total, et bien que je ne croie aucunement au postulat du Sierra Club – influencer le système de l’intérieur, jusqu’à le changer -, je dois constater que ce mouvement garde un peu de la fraîcheur du Commandeur, le grand John Muir. J’en veux pour preuve l’histoire suivante, qui semble appartenir à la science-fiction. Le 2 février 2012, le directeur exécutif du Sierra Club, Michael Brune, annonce qu’il va rembourser 26 millions de dollars (ici, en anglais). Mais à qui, Dieu du ciel ? À la grande industrie, lecteurs incrédules. En l’occurrence, à Chesapeake Energy, très gros producteur de gaz naturel aux États-Unis. Je résume le propos de Brune : arrivé en mars 2010 à la tête du Sierra Club, il découvre ces dons gigantesques, qui datent de 2007, et se rapportent à une situation plus ancienne encore. Je n’entends rien justifier – vous le savez -, mais je rappelle que dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique, beaucoup pointent les risques évidents du charbon, estimant que le gaz naturel pourrait servir d’énergie de transition. Le Sierra Club est ainsi très actif, aux Amériques, dans la campagne appelée Au-delà du charbon (ici), qui a marqué des points, dérisoires à mon sens, mais réels.

Brune découvre donc l’importance de subventions cachées de l’industrie du gaz, qui a tant intérêt à contrarier celle du charbon tout en masquant ses turpitudes. Et Brune décide alors – pas à la seconde, certes – qu’il faut retrouver une véritable cohérence. Cet argent, c’est un fil à la patte, un énorme câble empêchant de réclamer ce qui doit l’être. « It’s time to stop thinking of natural gas as a « kinder, gentler » energy source », note Michael Brune. C’est-à-dire : « Arrêtons de penser que le gaz naturel est une gentillette source d’énergie, plus douce que les autres ». Quand il pense gaz naturel, il y inclut fort logiquement le gaz de schiste, celui contre lequel se sont levés tant de gens en France. Car il s’agit bel et bien d’un gaz naturel. Lequel, aux États-Unis, a conduit à percer environ 600 000 puits, changeant des régions entières en dépôts de derricks et décharges géantes de produits chimiques. Je n’insiste pas sur la pollution des nappes, la destruction des paysages, ni même sur l’explosion inévitable des gaz à effet de serre liée à l’extraction et à l’usage.

Michael Brune estime en conséquence : « Exempting the natural gas industry from environmental protections was a terrible idea ». Eh oui, il est facile de comprendre pourquoi l’Amérique d’Obama n’a pas souhaité entourer l’industrie du gaz de règles et lois protégeant les écosystèmes. Car cette Amérique, comme Obama d’ailleurs, se moque éperdument de ces questions. Ce qui compte, c’est leur géostratégie de pacotille, leur soi-disant indépendance énergétique, la grandeur éternelle du Vieux pays. Mais je m’égare. Dans sa conclusion, Brune écrit : « Ultimately, the only safe, smart, and responsible way to address our nation’s energy needs is to look beyond coal, oil, and gas, and focus on clean, efficient energy sources such as wind, solar, and geothermal ». Soit : « En fin de compte, le seul moyen sûr, intelligent, responsable de faire face aux besoins en énergie de notre pays, est d’aller voir au-delà du charbon, du pétrole et du gaz, et de se concentrer sur des sources d’énergie propres et efficaces. Le vent, le soleil, la géothermie ».

Sommes-nous bien d’accord ? Une association plus que centenaire, percluse donc de rhumatismes, vient de faire la preuve de sa liberté, et de son courage. Je note qu’il n’est pas équivalent de refuser un don et de le rembourser. Brune aurait pu fermer le robinet. Mais non, il mise sur le sens, le symbole, la force du renouveau. Vous comprendrez, dans ces conditions, que je le salue avec sincérité. Et que j’ajoute quelques mots concernant la France.

Quand le WWF français remboursera-t-il les dizaines de millions d’euros que l’industrie lui a donnés depuis sa création ?

Quand France Nature Environnement (FNE) remboursera-t-elle les subventions que lui a accordées la transnationale du gaz et de l’eau, Suez ?

Quand Yann Arthus-Bertrand remboursera-t-il les plantureuses aides que la BNP, Suez ou Air-France octroient à Good Planet, sa fondation ?

 Rajout le 2 mai, sur les conseils avisés d’Olivier, que je salue. Quand donc la Fondation Hulot remboursera-t-elle les sommes que lui ont attribuées les sympathiques sponsors que sont ou furent EDF ou Rhône-Poulenc ?

30 réflexions sur « Quand l’Amérique nous donne une véritable leçon (de morale) »

  1. John Muir est né à Dunbar en Ecosse. De la côte il pouvait voir le Bass Rock, ce rocher dans le fjord d’Edimbourg qui a donné son nom aux fous de Bassan.

    Une merveille : près de 40 000 oiseaux qui recouvrent ce rocher avec ses hautes falaises et lui donne en été, une couleur blanche étincelante…

  2. John Muir ? tout le contraire des grenello-compatibles qui vont pouvoir continuer leurs méfaits avec le prochain gouvernement.

  3. Fabrice syndicaliste ?
    Vraiment, tu nous surprendras tous les jours ! 🙂

    Merci encore pour ce blog, toujours enrichissant, par les articles et par les échanges qui y ont lieu.

  4. Je trouve ça admirable aussi.

    A propos de « Sa Rutilance » YAB(expression de Didier Porte), je me demande comment ce genre d’artiste, pourrait restituer quoi que ce soit à qui que ce soit. Si ça arrivait, il aurait été bel et bien touché en vrai par l’Amour et aurait redécouvert l’honnêteté intellectuelle plus quelques autres valeurs.
    A qui a aimé Koyaanisqatsi, à qui aime la musique de Philip Glass également, ou simplement aux curieux, je conseille la lecture de cet article :

    http://www.critikat.com/Home-Koyaanisqatsi.html

  5. Merci Fabrice. Le Sierra Club dont je suis membre filait un mauvais coton depuis quelques années et cette clarification était nécessaire. Souhaitons qu’il trouve chez ses membres les moyens de financer son lobbying car aux Etats-Unis l’argent s’est depuis longtemps mêlé à la politique.
    Une remarque encore : je te trouve bien indulgent avec la Fondation Nicolas Hulot dont le financement est venu de Rhône-Poulenc ou d’EDF. Pourquoi ne pas la citer au côté des autres ?

  6. le financement de Rhone poulenc et d’EDF vient à la base de notre consommation, consommateurs. que l’argent soit après « détourné » pour servir certains projets ne me choque pas, car l’argent reste le nerf de la guerre. et autant que cet argent serve à des projets portés par des gens comme Hulot; en pariant bien sur son honnéteté et son indépendance….
    dans le temps, il existaient des mécènes.
    je connais quelqu’un qui joue à la bourse et qui place tout l’argent gagné à la NEF.

  7. Bonjour Marie,

    « je connais quelqu’un qui joue à la bourse et qui place tout l’argent gagné à la NEF »

    Tout le monde fait ca, non ?

    Je veux dire, pas placer son argent a la NEF (dont je suis membre)… mais depenser ou « placer » d’une maniere qu’on a choisi, l’argent gagne d’une maniere qu’on n’a pas toujours forcement choisi !

    Mais « placer a la NEF » l’argent gagne en bourse, ca ne me parait pas un ideal tres enthousiasmant. C’est meme un peu etrange a mon gout…

  8. je connais assez muir,l’ayant déjà lu .c’est un esprit libre ,qui pensez sans être influencer par sa culture.tres agréable a lire

  9. je trouve que c’est très subversif : détourner l’argent du système pour le mettre au service des projets portés par une banque comme la NEF.

  10. http://www.pluzz.fr/cash-investigation.html
    Chaque vendredi en deuxième partie de soirée, le nouveau magazine d’information d’Elise Lucet se penche sur un sujet économique et de consommation dans le but d’alerter l’opinion publique. La journaliste propose une enquête circonstanciée concernant une thématique proche des préoccupations

  11. Un article intéressant sur le rapport entre la croissance (au sens économique) et le spectacle de la mort :

    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/05/03/la-mort-a-la-tele-donne-envie-dacheter/

    Au-delà des discussions techniques sur la méthodologie employée, l’expérience d’acheter pour se conforter m’est personnellement connue, et je pense que c’est pareil pour beaucoup de gens. C’est en fait un phénomène bien connu. On m’a volé mon portable : J’en achète un plus flamboyant encore ! Ou ma vie de famille ou professionnelle me frustre, et je m’entoure de bijoux technologiques ! Et puis la théorie que la guerre est « bonne pour l’économie » n’est pas nouvelle.

    Comme d’un autre cote on a aussi les destructions écologiques massives causées par l’économie, d’une certaine manière le spectacle de la mort entraîne plus de mort encore.

  12. « brûlante question démographique ». Il est manifeste que l’expansion démographique humaine disproportionnée par rapport aux capacités d’accueil des écosystèmes participe au grand désordre écologique en cours. Il est aussi clair que les écologistes doivent se préoccuper des mouvements migratoires. Mais une partie de la gauche qui se dit « humaniste » refuse toute réflexion sur la question. Dommage !

  13. @ Sourouille:

    La question de la « capacité d’accueil des écosystèmes » est extrêmement peu claire.

    Comparons le plus gros pollueur de la planète en valeur absolue, les Etats-Unis d’Amérique, avec le grand pays qui a la plus forte densité de population, l’Inde. (les pays a plus forte densité encore sont la Corée du Sud,le Bangladesh, Bahrain, Malte, Hong-Kong et Singapour, tous beaucoup plus petits que l’Inde, donc supposons que ce sont des cas a part).

    L’inde accueille 10 fois plus de gens par km2 que les Etats-Unis. (Singapour… 200 fois plus!)

    Mais d’autre part, la question de la part de la démographie dans « le grand désordre écologique en cours » est encore moins claire:

    Les Etats-Unis, qui sont le plus gros consommateur d’énergie au monde en valeur absolue, consomment 4 fois plus d’énergie que l’Inde (en valeur absolue). Mais l’Inde accueille presque 4 fois plus de population que les Etats-Unis.

    Donc, pour voir s’il est possible de diminuer, de manière visible et mesurable le désordre écologique en mettant en oeuvre des moyens démographiques, il faudrait avant tout voir s’il est possible de réduire, ou de limiter la croissance, de la population des Etats-Unis.

    En effet, tout effort démographique aux Etats-Unis aurait 8 fois plus d’effet, toutes choses égales par ailleurs, qu’un effort comparable en Inde.

    Si donc la communauté internationale devait porter ses efforts et attribuer des moyens au contrôle démographique dans un but écologique, c’est manifestement sur les Etats-Unis qu’il faudrait agir avant tout. (En supposant voir que la limitation des désordres écologiques par la démographie est un concept valable).

    Est-ce possible ?

    Ce n’est pas possible, car la consommation d’énergie des Etats-Unis a augmente de 130% entre 1960 et 2007, alors que leur population n’a augmente que de 66% dans le même temps.

    Donc pour simplement maintenir leur consommation au niveau actuel (qui n’est pas raisonnable) par des moyens démographiques, les Etats-Unis devraient réduire leur population de 0.7% par ans.

    Pas facile, même si c’est peut-être possible.

    Mais pour revenir au niveau de 1960, (qui était déjà 70% au dessus de l’Inde de 2007) ils devraient réduire leur population de… 99.5%!

    Il est ridicule d’y penser.

    La démographie n’est pas un moyen pratique de contrôler le désordre écologique. Seule la décroissance le peut.

  14. La notion de capacité d’accueil est mesurée par l’empreinte écologique. C’est difficilement contestable, nous dépassons de 30 % les capacités d’accueil de la biosphère (overshoot day). Mais la moyenne nous cache les extrêmes. Par exemple un désert et une plaine alluviale ont une capacité d’accueil des humains très différente. Une ville comme Singapour est non durable, même le sable pour ses constructions est amené de pays lointains.
    D’autre part, comme vous le soulignez, un riche n’a pas la même empreinte écologique qu’un pauvre. L’effort démographique doit aussi avoir lieu aux Etats-Unis et la hausse de fécondité en France combattue. Bien entendu la maîtrise de la fécondité doit s’accompagner d’une limitation de la consommation par tête d’autant plus forte que le PIB par habitant est élevé. Tout est lié en écologie, nous avons à la fois trop de voitures et trop d’humains. La décroissance économique doit s’accompagner de décroissance démographique. Cette décroissance devrait varier selon le poids d’une population sur un écosystème particulier. Les Etats-Unis ne sont « riches » que par la richesse initiale d’un territoire indien qu’ils ont pillé, puis du pillage actuel du reste du monde.

  15. A lire sur la grande ambivalence Sierra : « Rencontres avec l’archidruide » de McPhee chez Gallmeister

  16. Sourouille, ce que vous dites a l’apparence du bon sens, mais l’apparence seulement. Cela n’a aucun sens de mettre sur le même plan la réduction des voitures et celle des humains. C’est complètement abstrait. Je ne parle pas de l’aspect moral pour le moment, regardons seulement les chiffres. Il y a ceux que j’ai cités, mais il est facile de trouver les autres chiffres de densité de population sur la planète entière et de se faire une idée. Si vous vouliez réduire le niveau de pollution de manière visible en réduisant le nombre d’humains il faudrait une réduction telle que cela ne pourrait être comparé qu’a une catastrophe comme la disparition des dinosaures! Je n’ose pas évoquer les effets écologiques d’une telle catastrophe (pour s’en tenir, pour le moment a l’aspect « purement écologique » mais je ne suis pas sur que cela puisse être intellectuellement justifié…)

    D’autre part si comme vous dites, « La notion de capacité d’accueil est mesurée par l’empreinte écologique. » cela ne fait que prouver la vacuité scientifique du concept de capacité d’accueil.

    La notion « d’empreinte écologique » est un pseudo-concept emprunté a l’économie et appliqué de manière incorrecte a l’écologie.

    Tout est lié en écologie, comme vous dites. On ne peut pas simplement, comme en économie, faire la somme des « ressources » et des « dépenses ». C’est plus complexe.

    Comment mesurez-vous l’empreinte écologique des habitants du désert du Thar en Inde, dont l’activité dans le domaine de l’eau permet a de nombreuses plantes et animaux, y compris sauvages, de survivre? Comment comptez-vous l’existence de ces plantes et animaux? Comme un surplus ou comme une dépense? Ils ajoutent du poids ou ils en retirent?

    Voila le genre de contradiction ou nous mène l’application irréfléchie de concepts économiques a l’écologie!

  17. Bonjour Marie, oui les images sont jolies et l’idée de montrer les slums en parallèle avec les mots de leurs habitants est bien je trouve. La ou je vis a Kolkata il y a partout des slums et des « basti » (petits terrains occupés par des abris précaires a la légalité complexe, parsemés dans la ville). Même dans les quartiers chics il y en a, donc la ville est assez « hospitalière » de ce point de vue, ce qui est une qualité.

    (Je pense que Marc Hatzfeld, qui parle tellement bien de l’hospitalité dans son livre poignant, « Les Dézingués », sera d’accord !)

    Ashish Nandy dans un article connu a écrit: « En Occident, les villes les plus intéressantes ont des slums. New york a des slums; Houston n’en a pas, apparemment pas en tout cas. Los Angeles n’a pas de slums très visibles, Washington en a et c’est une ville plus intéressante pour cette raison. Les contradictions de la ville sont exposées en plein jour. La créativité d’une société dépend de l’oscillation et du dialogue entre les slums et le reste de la ville. »

    http://southasia.oneworld.net/opinioncomment/planning-cannot-eliminate-slums

    Avant Kolkata j’ai vécu quelques temps dans le 93 et rétrospectivement je trouve ce point de vue d’un Indien sur les slums Occidentaux très rafraîchissant.

    Je voudrais aussi ajouter, il faut « écouter » ces images comme on écoute les histoires que leurs habitants racontent.

    Ce n’est pas forcément facile quand on habite dans un endroit très différent.

    J’ai un vieil ami de Kolkata qui a construit une école primaire dans son village, avec le revenu de sa petite échoppe ou il vend du thé et des samossas. J’ai eu l’honneur d’être impliqué dans sa construction. Si tu voyais les deux petites pièces ou il vit avec sa famille a Kolkata, tu ne verrais aucune différence avec Dharavi. Sa famille est a cet endroit depuis 3 générations.

    J’ai visité la moitié de l’Inde avec lui, en train en bus et sur sa moto! Il m’a procuré mon premier emploi en Inde (dans son école). Et c’est même lui qui m’a appris a faire de la moto, le dimanche tôt le matin sur la route déserte et impeccable qui joint le palais du gouverneur au Fort William a Kolkata!

    Il m’est impossible de penser a quelqu’un de si constamment joyeux et généreux comme a quelqu’un de « pauvre »!

  18. J’ajoute que par rapport au problème de l’empreinte écologique, les bidonvilles sont un cas extrêmement intéressant. Ils ont une empreinte écologique extraordinairement faible. En fait, comme la totalité de l’économie du recyclage en Inde (qui est une part importante de l’économie, même en termes purement monétaires) est faite dans les bidonvilles, ou par ses habitants, je soupçonne que l’empreinte écologique de ces gens est en fait négative! On devrait la mesurer en m2 négatifs! Car vu la quantité ultra-minime de ressources qu’ils consomment, leur travail de recyclage des rebuts du gaspillage pollueur des classes aisées compense certainement plus que ce qu’ils consomment. Ces gens sont a la marge de la consommation, mais sont au coeur même de la production. Sans eux, Mumbai, Kolkata, Delhi s’écroulent en quelques jours!

    Regarde un autre genre d’habitation:

    http://www.newsbeats.in/wp-content/uploads/2011/09/Anil-Ambanis-Billion-Dollar-Home-Antila-Pics-4.jpg

    C’est la résidence privée la plus chère au monde, et elle est a Mumbai. Outre que c’est une architecture assez horrible, elle consomme 1,5 millions de KW-h par mois (d’une valeur de 75 lakh Rs ou environ 110,000 euros par mois).

    Si l’on veut parler du rapport entre dégradation écologique et population, c’est le genre d’image qu’il faut montrer.

  19. Et je voudrais même ajouter (Fabrice, désolé de prendre tant de place!) que par conséquence, les slums ayant une économie non seulement plus « propre » mais même probablement « nettoyante » (puisque leurs habitants réparent avec leurs activités de recyclage une partie de la dégradation des classes aisées)… Leur élimination entraînerait une aggravation automatique de la situation écologique ! Je suis sur que cette réalité peu agréable a dire mais dont beaucoup de décideurs sont secrètement très au courant, explique en partie la complaisance a garder les slums en l’état. En fait le bidonville devient la condition de l’homme moderne. Ces gens sont a la pointe de la modernité, les paramètres de leurs vies sont ceux qui s’imposeront bientôt au reste de l’humanité.

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