Entartons les pompeux cornichons (le cas Geneviève Fioraso)

Je viens de rajouter (17h30, ce 25 mai) au bas de cet article un excellent portrait – vraiment d’une rare qualité – de madame Fioraso, tiré du mensuel de Grenoble Le Postillon. Dire que je ne l’avais pas vu ! Que Frédéric Boutet soit remercié.

Il y a de quoi dégueuler, purement et simplement. La nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, est une scientiste tragique, dans la veine de Claude Allègre. Certes, elle ne nie pas, comme lui, l’évidence. Mais elle est, comme lui, une détestable aventurière de l’esprit humain. En vrac, elle est pour les OGM et les biotechnologies, pour le nucléaire et les nanotechnologies. Elle a par exemple créé et dirigé une start-up du Commissariat à l’énergie atomique, le CEA, en 1989. Et elle est la présidente d’une société d’économie mixte appelée Minatec-Entreprises. Minatec est cette saloperie – 4 000 salariés – née de l’argent public et qui développe dans notre dos, à Grenoble, le cauchemar nanotechnologique.

Fioraso, qui ne s’arrête jamais, en tient aujourd’hui pour la « biologie de synthèse » (BS), nouveau champ délirant de la technoscience. Pour autant que je puisse résumer, cette BS entend développer, sans limite, une « ingénierie du vivant ». En manipulant, de manière à combiner les organismes réels et trucs et astuces de laboratoire. On peut de la sorte créer des génomes synthétiques. De nouvelles chimères, ouvrant la voie, évidemment, à la transformation commandée de l’homme. La voie est grande ouverte au transhumanisme, sans doute l’une des pires tentations de notre époque, qui n’en manque pas.

Madame Fioraso n’est pas une adversaire. C’est une ennemie de tout ce que je crois. J’assume ce mot. Il n’est pas pour autant question, je pense que c’est évident, de mener une action de force contre elle. Que ce soit juste – ce que je crois généralement -, que ce soit naïf – il m’arrive de douter -, je suis un non-violent. Ce qui n’empêche pas d’agir.  À destination de tous, et donc des gens de Pièces et Main d’œuvre (PMO), je suggère la création d’un collectif capable d’intervenir partout où cette dame interviendra ès-qualités. Il n’est pas possible, il n’est pas pensable que le mouvement de critique de la société n’intervienne pas. Ne serait-ce que sous la forme d’entartages à répétition (jets de tartes à la crème).

Vous trouverez ci-dessous une fiche du réseau Sortir du nucléaire consacrée à notre nouvelle ministre

Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, candidate PS sur la 1ère circonscription de l’Isère

Signe distinctif : Représentante du CEA

Membre de l’Office Parlementaire des Choix Scientifiques et Techniques, Geneviève Fioraso semble éprouver une grande fascination pour les technologies de toutes sortes : biotechnologies, nanotechnologies (elle est présidente de la SEM Minatec entreprises), et bien sûr le nucléaire, qu’elle considère comme une technologie « vertueuse ». Geneviève Fioraso est proche des milieux du nucléaire.

En 1988, elle participe avec Michel Destot à la création de Corys, une start-up spécialisée dans la réalisation de simulateurs industriels, notamment pour les centrales nucléaires, et résultant de la privatisation d’une activité développée au sein du Commissariat à l’Énergie Atomique autour du réacteur Siloette [1]. Avec son compagnon Stéphane Siebert (actuellement directeur délégué de la recherche technologique au CEA), elle codirigera Corys jusqu’au dépôt de bilan de la société en 1995.

Nommée directrice de cabinet de Michel Destot, elle restera très proche du CEA [2]. Ses rapports parlementaires [3] témoignent d’une confiance démesurée dans la technologie nucléaire. Dans son dernier rapport pour avis sur le budget 2012 de l’industrie et de l’énergie, elle affirme notamment que le réacteur EPR « peut supporter la fusion de son coeur sans danger pour quiconque » [4] et que « la durée de vie d’une centrale correctement entretenue est aujourd’hui de 50, voire 60 ans », alors qu’aucun réacteur dans le monde n’a encore atteint cet âge. Elle déclare également que le nucléaire est une énergie « nationale » [5], oubliant un peu légèrement que tout « notre » uranium est désormais importé… Depuis mars 2010, elle remplace Christian Bataille comme représentante des parlementaires au Conseil d’Administration de l’Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs [6]

> Voir sa page sur le site de l’Assemblée Nationale

[1] http://www.corys.fr

[2] http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=373

[3] http://www.genevieve-fioraso.com/documents/

[4] pourtant, dès 2003, une association allemande mettait en garde contre les risques d’explosion d’hydrogène en cas de fusion du coeur de l’EPR : www.atomenergie-und-sicherheit.de/epr_sicherheit_1.pdf

[5] http://www.assemblee-nationale.fr/13/budget/plf2012/a3807-tii.asp#P911_92457

[6] http://www.andra.fr/pages/fr/menu1/l-andra/qui-sommes-nous-r/membres-du-conseil-d-administration-6638.html

Ci-dessous, le formidable portrait tiré du Postillon, que je n’avais pas vu avant que Frédéric Boutet ne me le signale. C’est donc un rajout, ce même 25 mai, un peu plus tard.

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Geneviève Fioraso™, l’élue augmentée

Vous avez certainement déjà entendu parler de «  l’homme augmenté ». Ce vieux rêve de la science fiction, des eugénistes et des transhumanistes – augmenter les performances humaines grâce aux progrès technologiques – devient réalité dans les laboratoires du monde entier. Le jour où l’on verra des cyborgs dans la rue se rapproche. En attendant, on peut observer un prototype grenoblois : l’élue augmentée, plus connue sous le nom de « Geneviève Fioraso™ ». Actuellement au poste de députée, d’adjointe à la Ville de Grenoble (chargée de l’économie, l’emploi, l’université et la recherche), de première vice-présidente de la Métro (chargée du développement économique, universitaire, scientifique et de l’innovation), et de présidente de la SEM Minatec Entreprises, c’est une innovation développée par le Parti socialiste en partenariat avec le Commissariat à l’énergie atomique et les grandes entreprises de la région. La preuve de la réussite de ce produit ? Geneviève Fioraso™ a été chargée de l’« innovation  » dans l’équipe de campagne du candidat à la présidence de la République François Hollande.

Tous les jours, Geneviève Fioraso™ se dépense sans compter pour «  monter des projets  » et « faire aboutir des dossiers  ». Inlassablement, l’élue augmentée se dévoue avec le même élan pour la cause de l’Innovation, repoussant toujours plus loin les capacités de l’élu du peuple. La perfection du système est telle que Geneviève Fioraso™ ne s’arrête jamais, pas même pour penser : aucune réflexion ne vient retarder sa quête du Bien, c’est-à-dire du Progrès Technologique. Alors que Geneviève Fioraso™ se démène actuellement sur plusieurs fronts – de la ville intelligente à la promotion de la biologie de synthèse, de l’industrie innovante à sa réélection au poste de députée de la première circonscription de l’Isère –, partons à la découverte des fonctionnalités de cette post-élue.

«  Ils m’appelaient Miss dollar, s’amuse-t-elle. C’est vrai. Ça ne sert à rien de chercher à faire le top du top si on ne le vend pas. Il faut coller à un cahier des charges et dégager de la marge pour réinvestir dans la R&D…  »2. Ainsi parle Geneviève Fioraso™, alias Miss Dollar, surnom donné par ses collègues de la start-up Corys où elle a travaillé dans les années 1990. Chez elle, «  le style spontané est direct, rapide, efficace, sans formules de politesse  » et elle est « ‘‘à l’aise dans le monde du business, elle sait parler prix, profit…’’, note Guy Sarrey, de Grenoble Ecole de Management »3. Dans le monde d’aujourd’hui, savoir parler prix et profit plutôt que salaires et acquis sociaux est un réel atout pour les représentants du peuple.

Le langage fait partie des nombreux avantages que possède l’élue augmentée. C’est un point essentiel car il permet de multiples développements. Ainsi quand les élus 1.0 restent entre eux à cause de leur langage non-adapté au monde de l’entreprise, Geneviève Fioraso™ parle avec les patrons et «  œuvre depuis dix ans pour un rapprochement entre les milieux économiques et politiques  ». Elle proclame même fièrement : « Notre municipalité de gauche travaille étroitement avec la Chambre de Commerce et d’Industrie  »4.

Que ceux qui croient que son étiquette « socialiste  » implique un rapport avec la dépassée « lutte des classes » ou la délirante «  fin du capitalisme  » se rassurent tout de suite. L’époque où elle était, selon elle, « un peu ‘‘écolo gaucho’’ et vivait en communauté, style baba très coloré, en salopette rouge »5 est heureusement bien révolue. Aujourd’hui Geneviève Fioraso™ est plus que socialiste : elle est strauss-kahnienne. À l’occasion de l’injuste mise en cause de son mentor en mai dernier, elle déclarait : « J’aimerais que tout cela soit un cauchemar dont nous allons nous réveiller »6. Quelques mois auparavant, elle avait fait preuve de toute sa lucidité : « DSK est celui qu’il nous faut dans ce monde de zapping. DSK est stable et pas compulsif comme Sarkozy »7.

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En fidèle de DSK, Geneviève Fioraso™ a su développer des connexions solides avec les patrons grenoblois. De Frédéric Abbal (président de Schneider Electric France) à Jean Therme (directeur du CEA-Grenoble), en passant par André-Jacques Auberton-Hervé (PDG de Soitec), Bruno Cercley (PDG de Rossignol), Nicolas Samman (directeur R&D d’Eaton) et Michel Cosnard (président de l’Inria), on ne compte plus les photos côte à côte, les communiqués communs, les félicitations réciproques, les enthousiasmes partagés de la Geneviève Fioraso™ avec les patrons grenoblois. Mais cette proximité ne se contente pas des paroles et des flashs des journalistes, elle se traduit en actes. Geneviève Fioraso™ peut déclarer fièrement, à propos de Jean Therme, initiateur de Minatec (premier pôle européen pour les nanotechnologies), de GIANT (projet visant à transformer la presqu’île grenobloise en un «  campus mondial d’innovation  ») et promoteur de l’urbanisation intensive du Sillon alpin : « Le directeur du CEA nous fait courir, mais nous suivons  »8.

Les raisons de cette symbiose sont multiples. Penchons-nous sur son parcours professionnel. Titulaire d’une maîtrise d’économie et d’anglais, Geneviève Fioraso™, a été professeur d’anglais, « chargée d’information » à la Ville de Grenoble, attachée parlementaire d’Hubert Dubedout (ancien député-maire de Grenoble) puis a été incubée pendant six ans à Corys. Dans cette start-up du CEA crée par Michel Destot et spécialiste dans le domaine de la simulation nucléaire, elle a été « cadre de direction » et « directrice-adjointe en charge des projets européens et de recherche et développement  ». Cette expérience, débouchant sur un redressement judiciaire de l’entreprise (voir encart), lui a fait comprendre les énormes contraintes que doivent affronter chaque jour les cadres et les dirigeants. Après un nouveau passage à la mairie de Grenoble, à la direction du cabinet de Michel Destot, elle a été optimisée par son passage à France Télécom. Cadre marketing à temps partiel de 2001 à 2004, en plus de son poste d’adjointe à la ville de Grenoble, elle a pu intégrer là-bas, à son poste de «  chargée des marchés émergents dans le secteur social-santé  », les bienfaits du management, de la flexibilité, de la privatisation et de tout ce qui fait le bonheur des salariés de France Télécom.

Geneviève Fioraso™ est également parvenue à casser les frontières entre la vie publique et la vie privée. Les rares loisirs qu’elle se programme, elle les réalise avec des patrons : à l’Ekiden (marathon par équipe) de Grenoble en 2011, elle fait équipe avec Tristan Rousselle, qui dirige l’entreprise de biotechnologie Px’Therapeutic. En 2007, elle affirmait, pour ne pas perdre de temps, avoir «  ‘‘beaucoup de copains dans le milieu professionnel’’. Façon pragmatique de régler le problème. De même, elle travaille avec son compagnon, directeur général des services de la Ville, et affirme être ainsi épanouie dans sa vie hyperactive »9. Elle entretient en effet un partenariat conjugal avec Stéphane Siebert, qui est maintenant adjoint à la Ville de Grenoble au développement durable, en charge du projet Giant et – mais c’est un hasard – directeur délégué de la recherche technologique au CEA. Cette proximité de centres d’intérêts et de responsabilités permet d’optimiser les quelques repas et détails de la vie quotidienne qu’ils partagent dans leur luxueuse résidence de l’avenue Félix Viallet.

Car l’élue augmentée déteste perdre son temps à des choses inutiles. « Je suis incapable de lire une BD sur le canapé. Peut-être ai-je peur du vide ?  » Lire une BD ? Et pourquoi pas rêvasser ou réfléchir ? Cette strauss-kahnienne, qui se dit «  féministe depuis son entrée en politique »10, est parvenue à prouver que les femmes pouvaient faire de la politique comme les hommes. Qu’elles étaient également capables de toujours foncer et de ne jamais se poser de questions. Qu’elles pouvaient tout autant se mettre en avant et faire don de leur personne à la communication, comme le faisait perfidement remarquer Le Canard enchaîné (02/02/2011) : « Dans sa ‘‘lettre’’ distribuée à toute sa circonscription de l’Isère, Geneviève Fioraso est parvenue à faire apparaître seize fois sa photo en quatre pages. Notre concours ‘‘ma binette’’ partout continue  ».

Plutôt que penser, Geneviève Fioraso™ préfère se dépenser : «  Levée avant 7h30, elle lit les journaux, s’occupe de son blog, répond aux mails, enchaîne rendez-vous et réunions, puis finit par des dossiers… jusqu’à minuit. (…) Elle tire sur la corde jusqu’au surmenage. Parfois, ça craque. ‘‘J’ai du mal à me dire que j’ai des limites. C’est complètement infantile’’, lance-t-elle »11. Pas de limites. Pour elle, pour l’économie, pour le développement technologique, pour la ville, pour la cuvette grenobloise. Toute entière tournée vers la Croissance, Geneviève Fioraso™ est l’élue «  no limit  ». Une philosophie qui rejoint celle de l’homme augmenté, dont le but est avant tout de repousser toutes les limites (faiblesse physique, maladie, dépression, vieillesse) que doit affronter l’homme ordinaire.

Bien que l’élue augmentée concède n’avoir « jamais été très forte pour les dogmes »12, elle défend quand même avec une vaillante ardeur une valeur fondamentale : l’Innovation. Ainsi déclare-t-elle dans Le Métroscope de janvier 2012 : « nous ne vivons que de nos projets, et nos projets c’est l’innovation ». Dans une perspective augmentée, l’Innovation est en effet centrale. C’est même la valeur morale de base, sur laquelle repose tout le processus de l’augmentation. C’est elle qui permet de sans cesse regarder en avant et de comprendre que le Bien est à rechercher vers le Nouveau et jamais – non, jamais – vers le passé, le dépassé, le repassé. Impatiente car exigeante, elle est parfois un peu dure avec ceux qui ne comprennent pas ce postulat évident. Dans son numéro de février 2011, le magazine Acteurs de l’économie Rhône-Alpes déplore dans son éditorial qu’ « une députée de l’Isère ait fait interdire sine die les partenariats de la Ville de Grenoble en rétorsion à des articles qu’elle estime desservir l’image de l’agglomération  ». Mais elle travaille sur elle et selon Annie Deschamps, ancienne première adjointe à la Ville de Grenoble : «  Elle admet désormais que d’autres puissent penser différemment  »13. Son problème, c’est qu’elle a déjà tout compris. À l’excellent site Cleantech Républic (19/01/2011), elle confie : «  notre job, à nous les élus, c’est faire en sorte que ce mouvement [NDR : de l’innovation] ne s’arrête pas et faire en sorte que la dynamique s’accélère et s’enrichisse  ». Une philosophie résumée dans la maxime inscrite sur sa carte de vœux 2012 : «  la meilleure façon de créer l’avenir, c’est de l’inventer  »14.

Le rapport à l’industrie de Geneviève Fioraso™ est à ce titre exemplaire. Face à la crise que traversent de nombreux secteurs industriels en Isère, Geneviève Fioraso™ ne tombe pas dans la facilité d’accuser la mondialisation, le capitalisme ou le libéralisme. Elle ne cède jamais à la tentation du populisme, de la démondialisation et du protectionnisme. Exemple : quand Photowatt, entreprise de panneaux solaires du Nord-Isère actuellement en dépôt de bilan, doit « faire face à une concurrence par les prix venus d’Asie où les fabricants produisent dans des usines de capacités au moins dix fois supérieures et bénéficient de fortes économies d’échelle  »15, l’élue augmentée préfère accuser l’Etat et son « manque de vision industrielle à long terme  ». Surtout, elle propose de « ré-industrialiser par l’innovation  », titre d’une de ses tribunes dans le très socialiste journal Les Échos (9/12/2011). Sur ce tableau, elle ne se contente pas de phrases incantatoires mais cite également des réussites locales : «  L’exemple le plus frappant cité en exemple par Geneviève Fioraso est celui d’une petite entreprise industrielle dans le secteur de la plasturgie. Cette PMI spécialisée dans la fabrication de tuyaux en plastique et menacée par la concurrence venue pour l’essentiel des pays à faible coût de main-d’œuvre, ne doit son salut qu’au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). (…) C’est en proposant d’équiper les tuyaux de capteurs, autrement dit de donner au produit des fonctions nouvelles que le CEA a permis à la petite entreprise en question non seulement de survivre, mais de doubler ses équipes de production et de devenir un acteur majeur dans son secteur et à l’international  »16.

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Mettre des capteurs partout, dans les tuyaux comme dans les bâtiments : voilà l’idée centrale défendue par Geneviève Fioraso™. Une idée qui est, à n’en pas douter, promise à un bel avenir et qui pourrait bien sauver la Gauche et la France. Geneviève Fioraso™ en fait en tout cas l’alpha et l’omega de sa politique. À travers les projets de développement urbain de la caserne de Bonne, de Bouchayer-Viallet ou de Grenoble Presqu’île, elle veut faire muter Grenoble en une écocité intelligente. Pour construire cette ville augmentée, elle met tout en œuvre pour développer les « smart grids  », c’est-à-dire les réseaux intelligents, construits à base de puces et de capteurs. Les premiers à avoir la chance de tester cette « révolution urbaine » sont des habitants de la caserne de Bonne : «  Gaz et électricité de Grenoble ‘’recrute’’ actuellement 500 foyers de la ZAC de Bonne et de la Presqu’île, pour tester des ‘’smart grids’’, réseaux intelligents de gestion de l’énergie. (…) Chaque foyer testeur va être équipé d’un compteur Linky, dit ‘’intelligent’’, ainsi que d’une ‘’box’’ de gestion de l’énergie »17.

Mais ce n’est qu’un début. Sur le site Cleantech Républic (19/01/2011), elle annonce que « sur la presqu’île scientifique, on va un peu se déchaîner entre guillemets sur les démonstrateurs, avec une expérimentation de smart grids, (…) une expérience grandeur nature, (…) de nouvelles pratiques, de nouveaux usages et c’est bien entendu là où on intervient, nous les collectivités. C’est pour soutenir la recherche mais aussi pour faire le lien entre l’usager, consommateur et surtout citoyen (sic) et puis les technologies. Parce que si ces technologies ne sont pas appropriées par le citoyen, ça ne marche pas. (…) On est vraiment un pôle d’expérimentation dans le domaine des smart grids. On y réfléchit beaucoup ». À la base de ces smart grids, il y a les fameux compteurs intelligents Linky. Et ce n’est pas un hasard si Atos Origin, la firme qui conçoit Linky, a choisi d’installer ses nouveaux locaux et ses 700 collaborateurs grenoblois dans le nouveau quartier Bouchayer-Viallet (voir Le Postillon n°10). Car l’aménagement de ce quartier, en phase d’achèvement, a été mené par… Geneviève Fioraso™ !

Une des entreprises que Geneviève Fioraso™ affectionne particulièrement est la société Bull. Tous les trimestres, elle se rend dans ses locaux d’Échirolles pour «  faire le point sur les dossiers à venir ». Après sa dernière visite, elle a vanté sur son blog les mérites de cette entreprise : « Fournisseur de supercalculateurs parmi les plus puissants au monde, acteur majeur des systèmes numériques, Bull est un bel exemple d’une croissance renouvelée par l’innovation  ». C’est effectivement un bel exemple : la société a fait parler d’elle récemment dans les journaux car une de ses filiales, Amesys – qui possède également des locaux à Échirolles – avait vendu à feu Khadafi un système informatique baptisé Eagle de « surveillance massive  » de l’Internet, «  à l’échelle d’une nation  », ayant beaucoup servi au régime libyen pour traquer ses opposants. Exporter le savoir-faire français à l’étranger, voilà une des solutions prônées par l’élue augmentée pour avoir «  une croissance renouvelée par l’innovation ».

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Le 6 mai, à Grenoble, l’élue augmentée laisse libre cours à son enthousiasme.

Son désir de changer la vie ne s’arrête pas à la porte des appartements, ni aux fonctionnalités des ordinateurs. En 2011, à la demande du président de l’Assemblée nationale, elle réalise un rapport parlementaire sur la biologie de synthèse (voir encart), discipline considérée comme « une nouvelle révolution industrielle », visant à développer «  la modification rationnelle et maîtrisée du vivant » grâce aux «  convergences entre nanotechnologies, sciences de la vie et de l’information, appelées convergences NBIC (Nano-Bio-Info-Cogno) »18. En clair, grâce à ces « nouveaux OGM », l’émergence d’« hommes augmentés » sera accélérée et améliorée. Geneviève Fioraso™ pourra enfin se sentir moins seule dans ce monde pour l’instant tristement peuplé de personnes imparfaites, sensibles, réactionnaires.

Dans son rapport fait au nom de l’Office parlementaire de l’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) , l’élue augmentée prend les devants et tente d’éviter pour la biologie de synthèse les scénarios obscurantistes et rétrogrades qu’ont dû subir les OGM et les nanotechnologies : « du fait de ses nombreuses applications potentielles, la biologie synthétique est considérée comme une nouvelle révolution industrielle, même si les débats sur les enjeux sont encore actuellement limités à des cercles fermés. Dans ce contexte, je me félicite que l’Office s’en soit saisi très en amont, ce qui devrait permettre un débat responsable sur les risques et les avantages de la biologie synthétique et empêcher les dérives qui ont marqué les débats sur les OGM et les nanotechnologies ». Elle s’insurge – à juste titre – contre les prises de position de ceux qui osent en parler alors qu’ils n’ont pas reçu son autorisation : « S’agissant du rôle joué par l’association VivAgora, je dois déplorer certaines de ses déclarations qui, comme celles de Craig Venter, peuvent avoir des effets dommageables, même si, j’en conviens, à la différence de Pièces & Main d’Oeuvre, elle accepte de participer au débat ». Son rapport a débouché sur la création d’un site ministériel de promotion de la biologie de synthèse.

Ce n’est pas la première fois que Geneviève Fioraso™ vient apporter tout son savoir-faire au soutien des nouvelles technologies. Déjà en 2002, dans les réunions de la Métro, elle argumentait avec une admirable rhétorique : « Je ne comprends pas qu’on s’en prenne comme ça à Biopolis [NDR : pépinière d’entreprises], alors qu’à Minatec on fera des choses bien plus dangereuses  ». Et quand elle parle de santé, c’est avant tout pour s’émerveiller devant la niche économique que ce domaine représente : « On parle déjà de bioéconomie et les chiffres sont éloquents : le seul domaine de la santé humaine représente aujourd’hui 12% du PIB américain. Et, dans un contexte économique déprimé, l’industrie du médicament (premier poste à l’export avec la chimie pour la France !) a crû de 5% en Europe. Enfin, une récente étude évalue le coût des maladies du cerveau, pour les 514 millions d’habitants de l’Union Européenne, à 798 milliards d’euros pour la seule année 2010. »19

Voilà donc comment, au quotidien, Geneviève Fioraso™ invente le socialisme de demain. Un socialisme non-idéologique, où les élus n’ont plus peur de s’afficher avec les patrons et d’accéder à toutes leurs demandes. Un socialisme pragmatique où la quête de la justice sociale et de la protection de l’environnement sont portés par la fuite en avant technologique. Un socialisme moderne, où l’on accepte la compétition mondialisée entre les peuples et la guerre économique de tous contre tous. Un socialisme efficace, où la volonté d’améliorer le sort des hommes se résume au développement de prothèses technologiques en tous genres.

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Bonus

Combien ça coûte ?

L’élue augmentée jouit du salaire qui va avec : augmenté. Entre ses indemnités de députée (7 008,65 € bruts en plus de toutes sortes d’indemnités), d’adjointe à la Ville (1346,85 € bruts), de vice-présidente de La Métro (1533 € bruts), de présidente de la Sem Minatec (plafond mensuel net de 750 € et plafond d’avantages en nature de 100 €), de professeure à Sciences-Po Paris (chiffres non communiqués), Geneviève Fioraso™ touche plus de 10 800 € bruts, soit au moins 8000 euros nets mensuels. À bientôt 58 ans, elle assure n’être « pas du tout dans des relations de pouvoir »20. Mais – et alors qu’elle vise une seconde élection en juin prochain au poste de députée de la très bourgeoise première circonscription de l’Isère – elle peut déjà estimer avoir réussi sa vie.

Corys, l’entreprise qui a pris la ville

Michel Destot, Geneviève Fioraso™ et Stéphane Siebert. Tous trois travaillent actuellement à la Ville de Grenoble, respectivement aux postes de maire, d’adjointe à l’économie, et d’adjoint au développement durable. Tous trois mènent la plupart des grands projets de la municipalité (candidature ratée – aux Jeux olympiques, réaménagement urbain de Bouchayer-Viallet et de la presqu’île scientifique, campus mondial d’innovation GIANT, pôles de compétitivité, etc.). Tous trois sont passés par l’entreprise Corys, start-up issue du CEA créée par Michel Destot en 1989, présentée sur son site comme « un des acteurs mondiaux de référence dans le domaine des simulateurs  », tant dans le domaine du nucléaire que des transports. Destot aimerait faire aujourd’hui que le développement de cette entreprise soit « une belle histoire, une success story  » (Le Daubé, 01/04/2011). Ce n’est pas exactement l’avis du tribunal qui avait mis la société en redressement judiciaire en 1997.

Mandatés en 1998, des experts judiciaires avaient alors démontré que les comptes ont commencé à être dans le rouge quand Destot et sa bande étaient encore aux manettes : « compte tenu de tous ces éléments, on constate que la société se trouve dans une impasse financière dans le courant de l’exercice 1995. On peut de ce fait penser que la société CORYS SA se serait trouvée en cessation de paiement courant 1995, si elle avait respecté les règles régissant le financement des entreprises  » (Le Rouge et le Vert, 8/04/2011). Si on en entend encore parler aujourd’hui, c’est qu’elle a été rachetée par une filiale de la Lyonnaise des Eaux en 1997, et qu’aujourd’hui le géant du nucléaire Areva est son actionnaire principal.

Sa première circonscription

Ce n’est pas un hasard si la socialiste Geneviève Fioraso™ est députée sur la première circonscription : elle a été «  taillée pour la droite » par Charles Pasqua pour son ami Carignon. Elle comprend, outre quelques quartiers de Grenoble, toutes les communes les plus riches de l’agglomération : La Tronche, Corenc, Meylan, St-Ismier, Montbonnot, Biviers. Si Geneviève Fioraso™ l’a remportée en 2007 après un duel fratricide à droite entre Carignon et Cazenave, elle a encore de fortes chances de l’emporter en juin 2012. Le candidat investi par l’UMP est le président départemental Jean-Claude Peyrin, mais il devra faire avec une candidature dissidente, celle de la maire de Meylan Marie-Christine Tardy. Un suspense terrible.

La biologie de synthèse

La biologie de synthèse est un des nouveaux champs d’application de la fuite en avant technologique. Il s’agit ici ni plus ni moins de «  recréer la vie  » grâce aux «  convergences entre nanotechnologies, sciences de la vie et de l’information, appelées convergences NBIC (Nano-Bio-Info-Cogno) ». On peut avoir quelques idées des applications possibles en lisant des articles, comme celui d’Hervé Le Crosnier, paru sur blog.mondediplo.net le 21/05/2010, « La boîte de Pandore de la biologie synthétique » : «  Car les craintes sont importantes : développement d’armements biologiques ; conséquences pour les employés des laboratoires en contact avec des virus extrêmement pathogènes ; et risques d’un relâchement accidentel dans l’environnement d’organismes de synthèse (…). Aux journalistes qui lui demandaient s’il n’avait pas le sentiment de jouer à Dieu, Hamilton O. Smith, prix Nobel, actionnaire de Synthetic Genomic Inc., répond par sa blague favorite : « Nous ne jouons pas. » (…) Car au fond, c’est bien une logique prométhéenne qui se répand dans la recherche aujourd’hui : une volonté de « réparer la machine-terre », depuis sa structure globale par le « géo-engineering » jusqu’à la nanomatière, en passant évidemment par la « maîtrise » du vivant. La nature n’est plus le modèle unique et singulier que la science doit interpréter, mais un simple objet que les ingénieurs doivent améliorer…. et si possible au nom de la « liberté du chercheur », c’est-à-dire sans que les citoyens puissent s’emparer ni des décisions d’orientation de la recherche, ni de l’évaluation des conséquences tant sur l’environnement naturel que sur les fondements sociaux… ni même des conséquences philosophiques, avec cette quête extrême du pouvoir sur le vivant. (…) Car les technologies en jeu forment une épée de Damoclès excessivement tranchante. C’est en octobre 2004 déjà qu’un éditorial de la revue scientifique Nature précisait : « Si les biologistes sont sur le point de synthétiser de nouvelles formes de vie, l’étendue des désastres qui pourraient être provoqués volontairement ou par inadvertance est potentiellement immense ». »


1 Entretien millésime 2010 à lire ICI ; les anciens numéros sont consultables en ligne ICI.

2 Journal des entreprises – Isère, 2/10/2009.

3 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

4 Le Point, octobre 2009.

5 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

6 Blog de Geneviève Fioraso. http://www.genevieve-fioraso.fr/

7 Le Daubé, 31/03/2011.

8 Les Échos, 21/10/2008.

9 Le Point, octobre 2009.

10 Le Daubé, 31/03/2011.

11 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

12 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

13 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

14 Blog de Geneviève Fioraso.

15 L’Expansion, 04/11/2011.

16 www.lepays.fr, 03/11/2011.

17 20 minutes, 28/11/2011.

18 Sur son blog.

19 Blog de Geneviève Fioraso.

20 Journal des entreprises – Isère, 2/10/2009.

32 réflexions sur « Entartons les pompeux cornichons (le cas Geneviève Fioraso) »

  1. Madame Fioraso n’est pas une adversaire. C’est une ennemie de tout ce que je crois.

    j’aime ce genre de phrase!!!!! Faut parfois savoir ne pas être tiède!!!!!

  2. Aïe, pourquoi « cauchemar nanotechnologique » ?
    Auriez-vous quelque part un article expliquant ce cauchemar, histoire d’éclairer ma lanterne ?

    Car du peu que j’ai vu (un reportage instructif sur ARTE), la nanotechnologie semble offrir de belles promesses pour notre futur. Le nanotube de carbone, par exemple…

  3. ExtraPaul,

    Je n’ai pas le temps de m’y coller, désolé. Votre réaction – de bonne foi, j’en suis sûr – a de quoi faire frémir. Car dans le même temps que la machine nanotechnologique avance, sur fonds public, sans le moindre débat authentique, vous n’en savez que ce qu’un reportage vous en a dit.

    Je vous renvoie pour l’heure à la page Wikipédia sur le sujet (http://fr.wikipedia.org/wiki/Nanotechnologie#Dangerosit.C3.A9), dont j’extrais ceci :

    Débat sur les risques

    Les nanotechnologies sont l’objet d’un débat de société, qui a d’abord été limité au milieu scientifique. Le débat est entré dans l’arène médiatique en 2000 avec l’article de Bill Joy « Pourquoi le futur n’a pas besoin de nous » dans la revue Wired, l’un des titres les plus connus de la cyberculture[38]. Dans les pays industrialisés le débat public émerge à peine alors que de nombreux nanoproduits sont fabriqués et diffusés. C’est le cas aux États-Unis notamment[39] ou au Royaume-Uni[40].

    Les enjeux et les risques induits par l’incorporation de matériaux nanotechnologiques[41] (en particulier avec les nanoparticules[42]) ainsi que les nouvelles applications qui seront permises par le biais de la maîtrise de la fabrication à l’échelle atomique, suscitent des inquiétudes.

    Nanotoxicology, une revue scientifique publiée depuis 2007 par Taylor & Francis Group, est consacrée spécifiquement à l’étude de la toxicité des nanotechnologies[43].

    La possibilité pour les nanomachines de se reproduire elles-mêmes[réf. nécessaire], en mimant le vivant, implique également le risque d’une perte de contrôle à la suite de mutations non voulues ni prévues. La « gelée grise » est sans doute la peur la plus emblématique des nanotechnologies : un amas de nanoparticules qui, devenu autonome, voire organisé, pourrait tout détruire, y compris la croûte terrestre, pour se reproduire.[réf. nécessaire] Toutefois, il est important de tempérer cette inquiétude, étant donné que les NST n’en sont qu’a leurs débuts. Bien que l’on ait déjà des exemples d’utilisations de ces dernières dans des produits commercialisés, elles n’interviennent pour l’instant qu’en termes de modification de propriétés de la matière ; la plupart des spécialistes du sujet considèrent que les applications des NST qui touchent aux « nanomachines » tiennent, pour le moins, du très long terme.
    Réactions militantes[modifier]

    En France, les réactions au phénomène des nanotechnologies vont du questionnement à la dénonciation.

    Réalisé en 2007, le documentaire « Le Silence Des Nanos » de Julien Collin se veut « une mise en questionnement critique et néanmoins rationnelle de l’activité scientifique et du développement technologique d’un point de vue anthropologique, philosophique et politique »[44].

    Plus engagé, le « groupe Marseille-Aix » de l’Association Internationale Jacques Ellul, recadre les recherches sur les nanotechnologiques dans le contexte du transhumanisme, phénomène qu’il explique[45] lui-même selon les thèses exprimées dès le milieu du XXe siècle par le sociologue Jacques Ellul. Celui-ci considère que la technique a changé de statut : elle a cessé d’être « un vaste ensemble de moyens assignés chacun à une fin », elle s’est muée en « milieu environnant à part entière » pour devenir « un phénomène complètement autonome (…) échappant de plus en plus au contrôle de l’homme et faisant peser sur lui un grand nombre de déterminations »[46]. Ellul précise qu’on ne peut critiquer la technique sans se référer à des considérations métaphysiques : « Ce n’est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique »[47] tandis que la politique, face à ce sacré ne peut-être qu’impuissante et même « illusoire » [48]

    Plus ancré dans le champ politique, misant sur une réaction citoyenne mais se défendant d’être technophobe, le collectif grenoblois Pièces et main d’oeuvre voit dans les nanotechnologies l’expression d’un nouveau totalitarisme[49]

    Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  4. ce sont des individus dangereux ,car c’est effectivement jouer avec la boite de pandore.leurs activités onéreuses est de plus antidémocratique.flippant.il faut médiatiser cela.la polutation devient passive ,et les élues fous

  5. QCM

    Les dirigeants de ce monde souhaitent
    A en bon philanthropes, consacrer l’essentiel de leurs investissement dans les nanotechnologies pour améliorer notre santé et notre bien être.
    B Consacrer l’essentiel du budget pour augmenter les capacités de l’informatique à des fins de flicage, et le contrôle de l’individu notamment de son cerveau pour rendre plus efficace la nasse sécuritaire dans la quelle ils veulent nous mettre.
    C Utiliser les nanotechnologies pour nous vendre de nouveaux produits sans se préoccuper des problèmes de santé que pourraient occasionner ces derniers.
    D B et C à la fois, en laissant environ 1% pour A afin de faire passer la pilule.

    Aux législatives je vais voter contre l’ump, mais si j’étais dans cette circonsription avec comme choix Fioraso ou ump, je voterais Dumont sans hésiter.

  6. Deux remarques:

    1/ Si les socialistes étaient contre le capitalisme, ça se saurait,

    2/ si EELV était centré sur la sauvegarde de la biodiversité, ça se saurait aussi.

    Une récente étude de chercheurs canadiens qui ont pu retracer l’impact du DDT sur les insectes et les oiseaux de 1944 à 1992 ont conclu que  » les pulvérisations de DDT ont décimé les coléoptères et complètement modifié la structure des populations d’insectes autour des années 1960  »

    60 ans après on retrouve encore du DDT dans la masse graisseuse des phoques d’Antarctique.

    Alors il est certain la « gelée grise » risque fort de décimer à jamais le reste de Vivant sur cette planète.

    Au fait qui hurle, matin et soir, du haut de sa petite chaise:  » la croissance, la croissance, la croissance…  » ?

    Il faut bien sûr « innover » pour faire tourner la croissance en panne 🙂

  7. Tout le drame honteux de toutes les gauches du monde se trouve résumé en ces mots :

    « Voilà donc comment, au quotidien, Geneviève Fioraso™ invente le socialisme de demain. Un socialisme non-idéologique, où les élus n’ont plus peur de s’afficher avec les patrons et d’accéder à toutes leurs demandes. Un socialisme pragmatique où la quête de la justice sociale et de la protection de l’environnement sont portés par la fuite en avant technologique. Un socialisme moderne, où l’on accepte la compétition mondialisée entre les peuples et la guerre économique de tous contre tous. Un socialisme efficace, où la volonté d’améliorer le sort des hommes se résume au développement de prothèses technologiques en tous genres. »

    Quant à ce qui touche aux nano-technologies, voilà l’essentiel à retenir et diffuser à mon avis :

    « Hervé Le Crosnier, paru sur blog.mondediplo.net le 21/05/2010, « La boîte de Pandore de la biologie synthétique » : « Car les craintes sont importantes : développement d’armements biologiques ; conséquences pour les employés des laboratoires en contact avec des virus extrêmement pathogènes ; et risques d’un relâchement accidentel dans l’environnement d’organismes de synthèse (…). Aux journalistes qui lui demandaient s’il n’avait pas le sentiment de jouer à Dieu, Hamilton O. Smith, prix Nobel, actionnaire de Synthetic Genomic Inc., répond par sa blague favorite : « Nous ne jouons pas. » (…) Car au fond, c’est bien une logique prométhéenne qui se répand dans la recherche aujourd’hui : une volonté de « réparer la machine-terre », depuis sa structure globale par le « géo-engineering » jusqu’à la nanomatière, en passant évidemment par la « maîtrise » du vivant. La nature n’est plus le modèle unique et singulier que la science doit interpréter, mais un simple objet que les ingénieurs doivent améliorer…. et si possible au nom de la « liberté du chercheur », c’est-à-dire sans que les citoyens puissent s’emparer ni des décisions d’orientation de la recherche, ni de l’évaluation des conséquences tant sur l’environnement naturel que sur les fondements sociaux… ni même des conséquences philosophiques, avec cette quête extrême du pouvoir sur le vivant. (…) Car les technologies en jeu forment une épée de Damoclès excessivement tranchante. C’est en octobre 2004 déjà qu’un éditorial de la revue scientifique Nature précisait : « Si les biologistes sont sur le point de synthétiser de nouvelles formes de vie, l’étendue des désastres qui pourraient être provoqués volontairement ou par inadvertance est potentiellement immense »

    Enfin, concernant la technique et l’analyse de Jacques ELLUL que tout honnête homme devrait connaître (sa pensée en tout cas), le commentaire de Fabrice en donne la quintessence :

    « Plus engagé, le “groupe Marseille-Aix” de l’Association Internationale Jacques Ellul, recadre les recherches sur les nanotechnologiques dans le contexte du transhumanisme, phénomène qu’il explique[45] lui-même selon les thèses exprimées dès le milieu du XXe siècle par le sociologue Jacques Ellul. Celui-ci considère que la technique a changé de statut : elle a cessé d’être “un vaste ensemble de moyens assignés chacun à une fin”, elle s’est muée en “milieu environnant à part entière” pour devenir “un phénomène complètement autonome (…) échappant de plus en plus au contrôle de l’homme et faisant peser sur lui un grand nombre de déterminations”[46]. Ellul précise qu’on ne peut critiquer la technique sans se référer à des considérations métaphysiques : “Ce n’est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique”[47] tandis que la politique, face à ce sacré ne peut-être qu’impuissante et même “illusoire”  »

    Le lien avec ce que l’on dit sur notre blog http://www.bifurc.fr est évident !

  8. Les agriculteurs américains commencent à avoir de sérieux déboires avec les O.G.M. à cause de la résistance des mauvaises herbes au glyphosate.Et dans cette circonstance, ce que pensait Ellul (La technique crée des problèmes, qu’elle promet de résoudre grâce à de nouvelles techniques) se trouve vérifié, car la solution envisagée par les industriels c’est tout simplement d’adjoindre un autre herbicide au glyphosate.

    http://www.lefigaro.fr/environnement/2012/05/25/01029-20120525ARTFIG00710-les-ogm-ont-perdu-la-guerre-contre-les-mauvaises-herbes.php

  9. Bonsoir,

    Merci Fabrice.

    Geneviève Fioraso doit avoir du marbre au sol, chez elle, a la casa. les rayures sont trop visibles sur le parquet. 🙂

    Attention. Nano. Grand danger. Si,si!

    http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/technologie-1/d/poussiere-intelligente-des-espions-invisibles-a-lil-nu_15130/

    Bien a vous toutes et tous,

    PS. Cela fait plusieurs fois que je tente de poster un commentaire. Et a chaque fois cela se perd je ne sais ou! … dernière tentative … 😉

  10. en voilà une nana bien gratinée… mis à part la secte et les croyances qui semblent différer à première vue (encore que, la base se rejoignent), je ne vois pas de différence entre elle et les fondamentalistes religieux…

  11. Quelle folle.
    Elle et ses semblables vont tout emporter dans leur délire mortifère, et nous avec. Vu les moyens dont ils disposent, vu ce avec quoi ils jouent, je ne suis pas sûre que la non-violence suffira. Je pense, de plus en plus, qu’une espèce de guerre civile, ou de guérilla, opposera tôt ou tard, partout sur la planète, les tenants de la folie technologique aux autres, les archaïques amoureux de la vie archaïque (celle qui sent sous les bras). Je ne sais pas s’il restera des maquis où se cacher, mais il faudra en inventer l’équivalent. Pour l’instant on s’y cache pour simplement vivre décemment, un jour on s’y cachera pour survivre, et survivre passera par la lutte physique, réelle, contre ces cinglés – si on est encore là.
    Il ne me tarde pas, autant vous dire. J’avais mieux à faire, personnellement, de ma vie. Mais quand la vie sera devenue invivable, on n’aura plus rien à perdre.
    Radicale ? Ma radicalité n’est que le reflet de la leur. Radicalement fous, tous ces gens.
    Pessimiste ? Je voudrais tellement qu’on me le démontre! Qu’on me prouve que c’est moi qui suis dingue.

  12. « la vie archaique (celle qui sent sous les bras) »… j’aime cette phrase ! Je n’ai lu qu’une seule fois ou deux une eloge similaire, dans des articles de Garga Chatterjee:

    http://www.thedailystar.net/newDesign/news-details.php?nid=164701

    Ou il fait l’eloge des classes-qui-sentent-sous-les-bras et qui envahissent les rues de leur foule desordonnee et malodorante, et que les « classes parfumees » dans leurs voitures, revent d’accomplir un jour le paradoxe d’eliminer les classes « qui sentent » de leur vue tout en preservant le tres bas prix de leurs services…

  13. Présentation du rapport de G. Fioraso sur « les enjeux de la biologie de synthèse »:

    Fioraso déconseille la tenue d’un débat public par le le public n’est pas assez informé de ce que c’est que la biologie synthétique – il les confond avec les OGM, alors que cela n’a strictement rien à voir, c’est juste pire!. Elle se souvient bien du « débat public » sur les nano, ha, ha, ha!

    A voir, OPECST : auditions sur les enjeux de la biologie synthétique:

    Voir notamment l’intervention de Jean-Michel Besnier, philosophe (proche de Jean-Pierre Dupuy) très bien renseigné et qui travaille ouvertement pour « l’acceptabilité sociale » des technologies. Il n’a rien contre le transhumanisme, bien au contraire, il en fait presque la promotion dans un des ses ouvrages « Demain les post-humains ».
    Il dirige une collection aux éditions Le Pommier:

    Des livres qui expérimentent la liberté offerte par la convergence des savoirs

    Symbole de l’exigence, la muse Mélétè prête son nom à une collection qui entend promouvoir une philosophie gourmande de tous les possibles. Les extrapolations et les anticipations issues de la recherche contemporaine y convoquent à la fois sciences et sciences humaines. Dans « Mélétè », leur exposé rigoureux s’enrichit de l’évaluation épistémologique et de la réflexion éthique nécessaires à toue innovation. Loin de redouter l’avènement de nouveaux apprentis-sorciers et de céder à la déploration technophobe, « Mélétè » invite à expérimenter la liberté offerte aujourd’hui par la convergence des savoirs.
    Collection dirigée par Jean-Michel Besnier.

    Etonnant, non?!

    Enfin, lire également l’enquête critique du groupe ETC: « Biomassacre: La biologie synthétique menace la biodiversité et les modes de subsistance »:

    That’s all folks!

  14. Présentation du rapport de G. Fioraso sur « les enjeux de la biologie de synthèse »:

    http://www.assemblee-nationale.fr/commissions/opecst-index.asp

    Fioraso déconseille la tenue d’un débat public par le le public n’est pas assez informé de ce que c’est que la biologie synthétique – il les confond avec les OGM, alors que cela n’a strictement rien à voir, c’est juste pire!. Elle se souvient bien du « débat public » sur les nano, ha, ha, ha!

    A voir, OPECST : auditions sur les enjeux de la biologie synthétique:

    http://www.assemblee-nationale.tv/chaines.html?media=2564&synchro=0

    Voir notamment l’intervention de Jean-Michel Besnier, philosophe (proche de Jean-Pierre Dupuy) très bien renseigné et qui travaille ouvertement pour « l’acceptabilité sociale » des technologies. Il n’a rien contre le transhumanisme, bien au contraire, il en fait presque la promotion dans un des ses ouvrages « Demain les post-humains ».
    Il dirige une collection aux éditions Le Pommier:

    Des livres qui expérimentent la liberté offerte par la convergence des savoirs

    Symbole de l’exigence, la muse Mélétè prête son nom à une collection qui entend promouvoir une philosophie gourmande de tous les possibles. Les extrapolations et les anticipations issues de la recherche contemporaine y convoquent à la fois sciences et sciences humaines. Dans « Mélétè », leur exposé rigoureux s’enrichit de l’évaluation épistémologique et de la réflexion éthique nécessaires à toue innovation. Loin de redouter l’avènement de nouveaux apprentis-sorciers et de céder à la déploration technophobe, « Mélétè » invite à expérimenter la liberté offerte aujourd’hui par la convergence des savoirs.
    Collection dirigée par Jean-Michel Besnier.

    Etonnant, non?!

    Enfin, lire également l’enquête critique du groupe ETC: « Biomassacre: La biologie synthétique menace la biodiversité et les modes de subsistance »:

    http://www.etcgroup.org/en/node/5264

    That’s all folks!

  15. Geneviève Fioraso et bien d’autres pourraient méditer avec profit sur cette pensée du biologiste Jean Rostand

    « La science a fait de nous des dieux, avant même que nous méritions d’être des hommes. »

  16. Admirable cette dame ! qui avec une maîtrise d’anglais et d’éco arrive à ce niveau de responsabilités… mais comprend elle réellement les enjeux et les problèmes qu’on lui expose ?…

  17. « Une philosophie gourmande de tous les possibles »

    On dirait un texte pour boîte de chocolats. C’est à gerber.

    La société de la demande illimitée se fabrique la « philosophie » qu’il lui faut pour se justifier d’aller toujours plus loin dans son délire et dans l’expérimentation des « libertés offertes » par la « convergence » des techniques (des « savoirs », tu parles).
    Il se trouvera toujours des « philosophes » pour prendre le job. Et des éditeurs pour les éditer. Autant de gens aussi dépourvus de limites que l’auto-lobotomisée Geneviève Fioraso. Et grâce à leur travail il va y en avoir de plus en plus.

    Penser à l’avenir me remplit de joie.

  18. Oui, une societe ou l’experimentation animale et humaine devient reine, une societe qui se transforme tout entiere en un grand ordinateur… « La nouvelle Atlantide » de Francis Bacon a encore des admirateurs… Et qui s’appellent eux-memes « ex-ecolo-gaucho »… quelle tristesse !

  19. A Laurent

    Merci pour ce très bel article. Il mériterait d’être traduit et posté ici, où il a toute sa place.

  20. A Laurent,

    J’avais mis un extrait de La Nouvelle Atlantide sur ce blog ici :

    http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1150

    J’y écrivais :
    ——————————

    Il est bon de rappeler que les merveilles promises aux futurs dépossédés que nous sommes sont quasiment les mêmes depuis Francis Bacon qui, en 1627, dans son utopie scientifique “La nouvelle Atlantide”, à la fin de son livre parle des « Magnalia naturae », des merveilles naturelles qui permettront à l’homme de s’augmenter via la techno-science :

    « Merveilles naturelles, surtout celles qui sont destinées à l’usage humain. Prolonger la vie. / Rendre, à quelque degré la jeunesse. / Retarder le
    vieillissement. / Guérir des maladies réputées incurables. / Amoindrir la douleur. / Des purges plus aisées et moins répugnantes. / Augmenter la
    force et l’activité. / Augmenter la capacité à supporter la douleur / Transformer le tempérament, l’embonpoint et la maigreur. / Transformer la
    stature. / Transformer les traits. / Augmenter et élever le cérébral. / Métamorphose d’un corps dans un autre. / Fabriquer de nouvelles
    espèces. / Transplanter une espèce dans une autre. / Instruments de destruction, comme ceux de la guerre et le poison. / Rendre les esprit
    joyeux, et les mettre dans une bonne disposition. / Puissance de l’imagination sur le corps, ou sur le corps d’un autre. / Accélérer le temps en ce
    qui concerne les maturations. / Accélérer le temps en ce qui concerne les clarifications. / Accélérer la putréfaction. / Accélérer la décoction. /
    Accélérer la germination / Fabriquer pour la terre des compost riches. / Forces de l’atmosphère et naissance des tempêtes. / Transformation
    radicale, comme ce qui se passe dans la solidification, le ramollissement, etc. / Transformer des substances acides et aqueuses en substances
    grasses et onctueuses. / Produire des aliments nouveaux à partir de substances qui ne sont pas actuellement utilisées. / Fabriquer de nouveaux
    fils pour l’habillement; et de nouveaux matériaux, à l’instar du papier, du verre, etc. / Prédictions naturelles. / Illusions des sens. / De plus
    grand plaisirs pour les sons. / Minéraux artificiels et ciments. »

    Mais non rien a changé. Ce qui a été fait ou trafiqué s’est transformé en cauchemars le plus souvent.

  21. ouh ! ouh ! ouh ! [simiesque]


    -« Nous créerons parmi les races qui peuplent la terre
    une véritable aristocratie, celle des blancs, de pure
    race, non mélangés avec les détestables éléments
    ethniques que l’Afrique et l’Asie introduiraient
    parmi nous. » (Charles Richet, prix Nobel de
    médecine 1914)
    -« Il faudra que certains aient le courage d’intervenir
    sur la lignée germinale sans être sûrs du résultat. De
    plus, et personne n’ose le dire, si nous pouvions
    créer des êtres humains meilleurs grâce à l’addition
    de gènes (provenant de plantes ou d’animaux),
    pourquoi s’en priver ? Où est le problème ? » (James
    D. Watson, prix Nobel de médecine 1962)

    – » Ceux qui décideront de rester humains et
    refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap.
    Ils constitueront une sous-espèce et formeront les
    chimpanzés du futur. » (Ken Warwick, cybernéticien.
    Libération, 12/05/02)

    « Tradition de l’eugénisme chez les scientifiques » ch. III p.5 d' »Introduction aux nanotechnologies », PMO
    http://souriez.info/IMG/pdf/Introduction_aux_nanos.pdf

  22. Bonjour Valerie, je m’y mettrais quand je trouverais le temps 😉

    Lionel, j’avais oublie ton commentaire. Tres interessante citation, et qui montre, par les choix tres specifique de Bacon, qui ne sont ni des choix techniques ni politiques mais sont cependant extremement precis, pas un fourre-tout en vrac, qui demontre donc sa tres grande intelligence. Il semble difficile de decrire avec plus de precision, avec les mots de l’epoque de Bacon, les buts que notre epoque se donne a elle-meme ! Et avec une precision conceptuelle, une absence de meli-melo, de justifications philosophico-romantiques, d’allusions hypocrites… rarement atteinte aujourd’hui par les disciples modernes de Bacon !

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