L’Appel de Heidelberg, Valtat, Rothmans, Rupert et le WWF

Je viens de lire le sensationnel article de Stéphane Foucart dans Le Monde, que vous trouverez en copie ci-dessous. Il se suffit, d’un certain côté. Mais je souhaite y ajouter ma pierre. Un, le cabinet Valtat, dont on parle, a joué un rôle clé dans la désinformation organisé à propos de l’amiante. En créant notamment un Comité permanent amiante (CPA), à partir de 1982 je crois, chargé de faire avaler la fable de « l’usage contrôlé de l’amiante ». Par ce crime social organisé, les patrons de l’amiante en France ont gagné dix ans avant l’interdiction de ce maudit minéral. Pas si mal. Et le pire est que le CPA réunissait patrons et syndicats « convaincus » par quelque mystérieuse manière de siéger à la table du diable. La CGT et la CFDT notamment ont AVALISÉ cette pure saloperie. Qui fera jamais le bilan de cette infamie ?

Autre ajout personnel. Vous verrez dans le papier de Foucart le rôle qu’ont joué les cigarettiers dans la si vaste combinazione de l’Appel de Heidelberg, à laquelle ont participé même des gens comme le sociologue Pierre Bourdieu. Eh bien, l’un de ces cigarettiers s’appelle Rothmans. Et le créateur de cette transnationale du tabac n’est autre qu’Anton Rupert, l’homme qui a fondé le WWF International. Oui. Comme je le raconte en détail dans mon livre Qui a tué l’écologie ?, Rupert, qui était né en 1916, a été un fervent soutien du régime raciste d’Afrique du Sud. Il a même été membre d’une abominable société secrète, le Broederbond, ou Ligue des Frères. Blancs, cela va sans dire. Parallèlement, Rupert devenait milliardaire grâce à la clope, devenant l’une des grandes fortunes sud-africaines. Savez-vous ? Il a même été quelque temps patron de Canal + ! Ohé, les Guignols !

Rupert, mort en 2006, a donc lancé le WWF International et créé pour cela le club des 1001 pour financer la structure. Un club international plus que discret de donateurs, parmi lesquels l’ancien dictateur du Zaïre Mobutu ou l’homme des bombardements massifs sur le Vietnam, Robert McNamara. Sans oublier, chez nous, l’ancien député du Front National Charles de Chambrun, mort en 2010. Toute cette histoire est dégueulasse. En tout cas, Rupert, l’apartheid, le WWF et donc Rothmans.

L’article de Foucart montre que pendant que Rupert faisait joujou avec le WWF, les sbires de sa boîte sabotaient les efforts pour tenter de sauver les équilibres de la planète. Si vous trouvez une morale à cette putain d’histoire, n’hésitez pas à me prévenir.

Voici l’article du Monde

L’appel d’Heidelberg, une initiative fumeuse

LE MONDE | 16.06.2012 à 20h45 • Mis à jour le 16.06.2012 à 20h45
Par Stéphane Foucart

Par son ampleur, par le nombre et le prestige des personnalités enrôlées à leur insu, par l’effet qu’elle a eu dans la structuration du débat public, c’est sans doute l’une des plus brillantes opérations de communication jamais menées. Qu’on en juge : des dizaines de Prix Nobel de toutes disciplines (Hans Bethe, Linus Pauling, Ilya Prigogine, Jean-Marie Lehn, Pierre-Gilles de Gennes, Elie Wiesel, etc.) aux côtés de centaines de scientifiques de premier plan, de médecins, d’intellectuels ou d’écrivains (Pierre Bourdieu, Hervé Le Bras, Marc Fumaroli, Eugène Ionesco, etc.) signant dans un même élan un appel solennel « aux chefs d’Etat et de gouvernement ».

Le 1er juin 1992, ce texte-massue est rendu public à la veille de l’ouverture du Sommet de la Terre à Rio (Brésil). C’est l’appel d’Heidelberg. Sitôt rendu public, il fait couler des tombereaux d’encre : il est présenté comme une grave mise en garde des « savants », enjoignant les dirigeants réunis à Rio à la plus grande méfiance face aux défenseurs de l’environnement animés par une « idéologie irrationnelle qui s’oppose au développement scientifique et industriel ».

« PSEUDO-SCIENCES »

La présentation et la médiatisation du texte – bien plus que son contenu stricto sensu – ont à l’évidence pour objectif de ramener les préoccupations environnementales et les sciences de l’environnement, qui émergent à Rio, à des « pseudo-sciences ». « Des scientifiques s’inquiètent du tout-écologie », titre Le Figaro. « Rio contre Heidelberg », ajoute Le Monde. « Rio : faut-il brûler les écologistes ? », s’interroge Libération à sa « une ». Initiative spontanée de la communauté scientifique ? L’appel d’Heidelberg est en réalité le résultat d’une campagne habilement orchestrée par un cabinet de lobbying parisien lié de près aux industriels de l’amiante et du tabac…

Le premier indice est un mémo confidentiel de Philip Morris, daté du 23 mars 1993 et rendu public dans le cadre d’une action en justice contre le cigarettier. La note interne présente l’appel d’Heidelberg, se félicitant qu’il « a maintenant été adopté par plus de 2 500 scientifiques, économistes et intellectuels, dont 70 Prix Nobel ».

A L’ORIGINE, L’INDUSTRIE DE L’AMIANTE

A quoi tient l’existence de cette « coalition internationale de scientifiques basée à Paris » ? Le mémo de Philip Morris l’explique sans ambages : elle « a son origine dans l’industrie de l’amiante, mais elle est devenue un large mouvement indépendant en un peu moins d’un an ». « Nous sommes engagés aux côtés de cette coalition à travers la National Manufacturers Association française [Groupement des fournisseurs communautaires de cigarettes], mais nous restons discrets parce que des membres de la coalition s’inquiètent qu’on puisse faire un lien avec le tabac, ajoute la note de Philip Morris. Notre stratégie est de continuer à la soutenir discrètement et de l’aider à grandir, en taille et en crédibilité. »
Pourquoi soutenir l’appel d’Heidelberg ? Comment ? « Un nouvel organisme, le Centre international pour une écologie scientifique [ICSE, pour International Center for a Scientific Ecology], a été fondé, à Paris, comme une continuité de l’appel d’Heidelberg, pour fournir aux gouvernements du monde entier des opinions sur ce qui constitue une science environnementale solide, à propos de certains problèmes », explique la note. « Certains problèmes », mais surtout ceux qui concernent les industriels du tabac et de l’amiante…

L’ICSE est domicilié avenue de Messine, à Paris, dans les locaux d’un cabinet de conseil aux entreprises, Communications économiques et sociales (CES), et n’en est qu’une émanation. Or c’est précisément CES qui organise et supervise, en France, le lobbying des industriels de l’amiante entre 1982 et 1996. Un lobbying qui permettra de retarder à 1997 l’interdiction de la fibre cancérigène, qui devrait causer, selon l’Inserm, environ 100 000 morts prématurées entre 1995 et 2025…

MINIMISER LES RISQUES

Pour promouvoir une « écologie scientifique », l’ICSE, cette « continuité » de l’appel d’Heidelberg, organise des conférences. La première se tient le 10 mai 1993, à Paris. Le thème est celui des risques réels associés à la présence de cancérogènes à faible dose dans l’environnement : pesticides, fibres d’amiante, fumée ambiante de tabac… Mais les intervenants sont soigneusement choisis pour minimiser le plus possible ces risques. L’examen de documents internes de l’industrie du tabac – déclassifiés par la justice américaine depuis le début des années 2000 – montre que plus de la moitié des douze scientifiques intervenant ont des liens financiers avec l’industrie cigarettière américaine, soit à titre de consultant, soit par le biais de crédits de recherche. Les autres sont liés à d’autres secteurs… Quant au seul Français présent, c’est le toxicologue Etienne Fournier, membre de l’Académie nationale de médecine et… du Comité permanent amiante – un groupe informel désormais célèbre, mis sur pied par CES pour appuyer le lobbying en faveur de la fibre minérale.

L’inféodation des conférences de l’ICSE à l’industrie va bien au-delà du choix des intervenants. Un courrier confidentiel du 10 juin 1993, adressé par un cadre de Rothmans International à sa représentante en France, montre que les responsables de l’industrie cigarettière américaine ont eu accès à la version provisoire de la déclaration de consensus prise à l’issue de la conférence de l’ICSE à Paris. « La semaine dernière, Sophie Valtat, de l’ICSE, m’a envoyé la version provisoire du consensus, écrit ce cadre de Rothmans. Cela convient pour la plus grande part. Cependant, la deuxième phrase pourrait conduire à condamner l’ICSE pour dogmatisme… » Rothmans suggère ensuite un changement de formulation de la phrase contestée.

« PAR DÉONTOLOGIE, JE L’AI REFUSÉ »

Le lien avec l’appel d’Heidelberg apparaît en toutes lettres dans les plaquettes de présentation de l’ICSE : « Notre but est de répondre à la requête de nombreux signataires de l’appel d’Heidelberg, dans l’objectif d’étendre son impact à l’examen de questions réelles, auxquelles est confrontée la communauté scientifique. » Le programme de la conférence de Paris est, de plus, annoncé comme ayant été préparé par « le docteur Michel Salomon, coordinateur de l’appel d’Heidelberg ». Comme le rapporte à l’époque la presse française, c’est en effet Michel Salomon, médecin et journaliste, éditeur de la revue Projections, qui réunit, en avril 1992 à Heidelberg (Allemagne), le petit noyau des premiers signataires de l’appel… Comment, avec les nombreuses et prestigieuses cautions du célèbre appel, pouvait-on suspecter l’ICSE d’organiser des fausses conférences scientifiques sous la tutelle des industries du tabac et de l’amiante ?

Pourtant, dès avant la publication de l’appel, de premiers soupçons se font jour. « Avant mon départ pour Rio, un certain Marcel Valtat est venu me voir au journal pour me proposer l’exclusivité de l’appel d’Heidelberg », raconte le journaliste Roger Cans, alors chargé de l’environnement au Monde. Patron et fondateur de CES, Marcel Valtat est alors connu pour ses liens avec les industriels de la pharmacie et de l’amiante. « J’ai lu le texte et j’ai tout de suite soupçonné qu’il y avait des intérêts économiques derrière, poursuit Roger Cans. Par déontologie, je l’ai refusé. Je savais que, si Le Monde le publiait en exclusivité, on penserait qu’il en épousait le point de vue. C’est Le Figaro qui a finalement eu le « scoop »… » Bien sûr, l’écrasante majorité des signataires ignore tout de l’origine du texte et des motivations de ses commanditaires.

Jean-Pierre Hulot, ancien collaborateur de Marcel Valtat (décédé en 1993) et actuel PDG de CES, confirme au Monde que « l’appel d’Heidelberg est bien parti de CES ». « Michel Salomon travaillait en free-lance pour nous », ajoute M. Hulot, qui a été mis en examen en janvier 2012 pour son rôle au sein du Comité permanent amiante. Cependant, M. Hulot assure que le texte n’a pas été commandé par une ou plusieurs entreprises, et qu’il était une « initiative bénévole née après des discussions tenues avec des membres de l’Académie des sciences ». Quant à l’ICSE, poursuit-il, « cela partait d’une volonté de diversifier l’activité de CES et d’organiser des congrès scientifiques ». Des congrès dont les documents sont relus et amendés par les cigarettiers ? « Je ne suivais pas cela personnellement, je ne suis pas au courant », répond M. Hulot.

Stéphane Foucart

81 réflexions sur « L’Appel de Heidelberg, Valtat, Rothmans, Rupert et le WWF »

  1. C’est dommage qu’on n’ai pas eu cette information plus tot. Car c’est frappant de voir a quel point cet appel a vieilli en seulement 20 ans. A l’epoque l’ecologie etait encore dangereuse, et pouvait menacer l’ordre etabli. Le « sommet de la terre » pouvait encore donner lieu a des suites imprevues. Ce n’est plus le cas, comme Fabrice l’a evoque ici a propos de Nicolas Hulot, et l’industrie est arrivee a un haut niveau de maitrise des subtilites du discours ecologique, qu’elle est maintenant capable de mettre a son service.

    Re-lisons l’appel et sa derniere phrase :

    « Les plus grands maux qui menacent notre planète sont l’ignorance et l’oppression, et non
    pas la science, la technologie et l’industrie, dont les instruments, dans la mesure où ils sont gérés de façon adéquate, sont des outils indispensables qui permettront à l’humanité de venir à bout par elle-même et pour elle-même, de fléaux tels que la surpopulation, la faim et les pandémies »

    On voit la qu’il s’agissait d’aider le discours moderniste et « developemental » a passer le cap d’une ou deux decades.

    Un texte comme celui-la n’est plus « utile » aujourd’hui. Il y a de moins en moins de gens qui croient encopre que « la surpopulation, la faim et les pandémies » soient des dangers. Au contraire, le nombre de gens qui savent que « la science, la technologie et l’industrie » sont ce qui nous menace reellement, est probablement en passe de devenir majoritaire.

    Mais entre temps, le cynisme est devenu suffisament fort pour que l’on puisse maintenant affamer des populations, organiser le terrorisme, declencher des guerres, detruire l’ecologie de regions entieres, ouvertement, au grand jour, et meme en l’annoncant a l’avance !

    La seule chose qui demeure necessaire est que cela soit profitable.

    L’epoque a terriblement change en 20 ans.

  2. Laurent, je trouve aussi que cet appel a bien vieille (pour les convaincus que nous sommes…) mais je te trouve bien trop optimiste, je crois que la majorité de nos contemporains signerait des deux mains aujourd’hui encore l’Appel d’Heidelberg. Non ?
    L’absence totale de la pensée écologiste dans ces élections législatives le prouve ce soir encore, qu’EELV obtienne un groupe parlementaire ou pas, hélas… Partout, on ne parle que croissance et rien, rien sur le désastre écologique que nous augmentons tous les jours.

  3. @Laurent Fournier
    « le nombre de gens qui savent que “la science, la technologie et l’industrie” sont ce qui nous menace reellement, est probablement en passe de devenir majoritaire. »

    Bel optimisime ! Qu’est-ce qui vous fait dire ca ? Les ventes d’Ipad qui s’effondrent ou la consommation de petrole qui diminue ?

    Personnellement, je ne vois qu’un changement minime. Et certaine pas une prise de conscience majoritaire.

  4. @ PP & Gilbert Sanseau,

    Il ne s’agit pas vraiment d’optimisme de ma part. Le probleme c’est que tout le monde (ou presque) « sait ». Mais tres peu « font », agissent en conscience.

    J’ai arrete de sermonner les gens. Car lorsque je le faisais, que mon interlocuteur soit architecte, maitre d’ouvrage, fermier, collegue, leader d’une ONG ou simple copain… Il (elle) en savait visiblement autant ou plus que moi sur les pesticides, l’amiante, les micro-ondes, etc. Ca ne les empeche pas de continuer a mettre des plaques d’amiante-ciment sur leurs toitures, a specifier un « traitement anti-termite » (en fait du Chloropyrifos) au lieu de se casser la tete a mettre en oeuvre des solutions non-toxiques (http://www.thebestcontrol.com/), etc. etc.

    Ce n’est pas que la prise de conscience n’a pas progresse. Elle a progresse. Mais le cynisme a augmente en parallele.

    A tel point que a chaque fois que je prend une decision en faveur de l’ecologie dans ma pratique professionelle, j’avance cache! Je n’explique rien, je dis c’est comme ca c’est tout. Et si (rarement) on me demande pourquoi les autres font autrement je donne des arguments d’efficacite, de cout, ou meme esthetiques. Car les arguments ecologiques font peur, les gens ont l’impression qu’on va s’en prendre a leur porte-monnaie, financer notre « bonne conscience » a leurs frais.

    La renommee des livres de Vernor Vinge, de Kurzweil, de films comme Matrix, le ton des articles sur la surveillance, sur les drones, etc. montre bien que tout le monde sait tres bien ce qui se passe aujourd’hui, d’ou vient la vraie menace.

    Mais denoncer ne suffit plus, malheureusement.

    Les choses ont change depuis le 11 septembre 2001. La guerre d’Irak a ete annoncee a l’avance, et elle a eu lieu exactement selon les plans, que tout le monde connaissait. Pour la guerre de Syrie, le devoilement a franchi une etape supplementaire : C’est la preparation mentale des populations Occidentales qui a ete annoncee a l’avance, et qui a lieu en ce moment meme. De meme pour l’Iran. Tout le monde ou presque sait ce qui se passe a Fukushima, mais la paralysie, l’incapacite a en tirer au niveau personel, des consequences pratiques et ayant un sens, a generalement le dessus.

  5. Tout à fait d’accord avec P.P. L’écologie semble avoir totalement déserté le débat public.

    Mais cela n’a rien d’étonnant. Prenons un sujet qui devrait être au coeur de la réflexion des « croissantistes » fous : l’économie. Eh bien là aussi, c’est le néant. Qui pour dire la vérité sur le « racket » banquaire en vigueur depuis 1973 ? Qui pour expliquer un tant soit peu ces histoires de notes, de dette à rembourser, de « crise » économique. Personne n’y comprend rien, car on ne donne pas les clefs aux gens pour comprendre. Pour qu’un changement ou une révolution soient possibles, il faut qu’un certain taux de la population ait connaissance de données clé. Or l’impression que j’ai c’est que notre époque est précisément une époque éminemment obscurantiste.

    Les hommes politiques et les journalistes semblent de plus en plus être en réalité totalement dénués de toute véritable réflexion.

    (http://www.yvesmichel.org/admin/espace-economie-alternative/la-dette-publique-une-affaire-rentable)

    Ce que je veux dire, c’est que si on pose que l’économie est un sujet primordial pour tant de gens, et que, pourtant, il est si mal traité, on se dit que pour un sujet « périphérique » comme l’écologie, c’est très très très très mal barré.

  6. La morale dans tout ça ? C’est sans doute qu’il n’y en pas ! De la morale, le monde où nous sommes n’en a que faire.
    L’amiante n’a pas été un accident de notre système technico-industriel, de même que les pesticides, les catastrophes nucléaires, les marées noires, les pollutions électro-magnétiques… Ces désastres sont inhérents au productivisme technique, par essence imprévisible dans ses conséquences, par définition autonome, échappant à tout contrôle humain, par nature invasif et totalitaire. Chaque technique en entraîne une autre, chaque dégât appelle une nouvelle technique et de nouvelles calamités…
    Y-a-t-il une prise de conscience majoritaire ? Dans certains domaines, sans doute, mais sur l’essentiel, je suis plus que sceptique, tant le progrès technique, mêlé à la croissance, est élevé au rang de croyance, de sacré. Alors que le sacré devrait être associé à tout ce qui vit, il est transféré à tout ce qui détruit la vie.
    Ceux qui se hasardent à remettre en cause cette hypnose techniciste et productiviste restent marginaux, quand ce n’est pas stigmatisés.
    L’invasion de l’Ipad, qu’évoque justement Gilbert, est révélatrice de cet envoûtement collectif. Les technologies sans fil risquent bien de devenir un scandale sanitaire majeur, une sorte d’amiante bis aux conséquences plus redoutables encore. Même plus besoin de créer un comité permanent pour faire le jeu des lobbies, les chiens de garde médiatiques et politiques s’en chargent. Un jour, l’affaire finira par éclater, on dira qu’on ne savait pas, qu’on attendait des preuves irréfutables. Ce jour là, la technologie aura tellement façonné la société que je me demande comment on pourra en sortir. On inventera sans doute une nouvelle saloperie plus nocive encore, mais l’emballage médiatique fera oublier et ainsi de suite.
    Je pense aux amis électro-hypersensibles qui se noient en silence, je pense à cette étude nationale lancée il y a quelques mois dans une indifférence quasi-générale, qui présuppose qu’il s’agit là d’une maladie phobique, psycho-somatique. Le nouveau pouvoir va-t-il revenir sur ce dispositif abject, où la victime doit prouver sa maladie ? J’en doute.
    Même les associations, qui luttent contre les pollutions électro-magnétiques, prennent la précaution, trop souvent, de rappeler qu’elles ne sont pas contre le progrès technologique.
    Tant que nous ne remettrons en cause cette fascination mystique pour le système technologique, tant que nous n’élargirons pas notre humanisme à l’ensemble des vies sur la terre, tant que nous continuerons à coloniser les moindres friches de vies vierges de notre présence (y compris par des ondes électro-magnétiques), je ne donne pas cher de l’avenir de l’humanité.
    Frédéric

  7. En passe de devenir majoritaire, la prise de conscience que la science, la technologie et l’industrie sont ce qui nous menace ? Laurent, vous ne vivez pas en France, ça se voit.

    Moi j’y vis. Hier, journée d’élections et de fête du village. Quinze heures d’immersion parmi mes concitoyens, vide-grenier, repas de village et tout et tout. Ces gens, généreux et chaleureux pour la plupart, je les aime, et je crois que je les connais bien. Ils sont très différents entre eux, en âge et en personnalité, ils viennent d’horizons sociaux et géographiques très variés. Mais, justement pour ça, je les crois extrêmement représentatifs du reste du pays, et je sais que sur les questions qui nous occupent ici, ils sont, dans l’ensemble, désespérants.

    En bref, pour moi, une chose chose est sûre : si une révolution survient dans ce domaine (autrement dit, si on sort de ce que Frédéric appelle « la fascination mystique pour le système technologique »), elle ne naîtra pas en France, où tout le système éducatif a été construit par, pour et autour de ce culte de la science et de la technologie.
    Ceux qui ont initié cet appel ont choisi Paris comme base et ça n’est évidemment pas un hasard (ni, je suppose, le fait que l’appel n’y fasse justement pas référence, mais détourne l’attention vers Heidelberg, haut lieu de l’histoire universitaire européenne, associé aux humanités, pas à la science et à la technique).
    En France, le système des Grandes Écoles verrouille toute véritable pensée sur le sujet, et l’idéologie dont il procède circule en permanence et dans tous les sens dans tout l’appareil éducatif, de la maternelle à l’université. Or si cet appareil – par lequel, donc, passe toute la population, politiciens et journalistes en tête (sauf exception du type Fabrice) – a encore un semblant d’efficacité, c’est précisément sur ce terrain. Tout le monde en France en porte la marque, encore et toujours.
    Même chose en politique, avec le culte de la Révolution française et de tout ce qui en a découlé (j’ai déjà eu l’occasion de donner mon avis à ce sujet à propos de Mélenchon). Il y a d’ailleurs sûrement un lien étroit, mais mes compétences historiques ne m’autorisent pas à m’avancer davantage (je ne connais pas, par exemple, la date de création des Grandes Écoles, mais enfin il y a peu de chances qu’elles ne soient pas héritières des Lumières et de la Révolution – d’ailleurs qu’est-ce qui, dans la France contemporaine, ne l’est pas ? Pas grand-chose, j’en ai peur).

  8. L’entretien d’Ilya Prigogine avec Michel Salomon, publié dans « Prospective et Santé » en 1980, 12 ans avant l’appel d’Heidelberg:
    µhttp://objectifterre.over-blog.org/article-l-entretien-d-ilya-prigogine-avec-michel-salomon-publie-dans-prospective-et-sante-en-1980-107098040.html

  9. Frédéric Wolff,
    une analyse très juste et très bien formulée. Je la partage complètement.
    En effet, ceux qui remettent le progrès en doute ne sont pas les bienvenus. On les assimile même à des terroristes, un amalgame bien pratique par les temps qui courent.

    Areva en Inde : mais pas pour construire un Ashram!

    « mercredi 13 juin 2012, des hommes et des femmes indiens ont été arrêtés alors qu´ils tentaient pacifiquement de récupérer les terres dont ils ont été injustement privés pour le projet de centrale nucléaire de Jaitapur. »
    http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/protestation-arrestations-inde-484.html

  10. Il y a: les explications embarrassees de Michel Salomon ne font que confirmer l’article de Stephane Foucart !

    Valerie: Sur mes chantiers a Kolkata, de jeunes ouvriers non qualifies ont un telephone portable/radio FM miniature sur l’oreille. Les autres ont presque tous un smartphone, avec clavier, menus compliques et multicolores, et l’entrepreneur lit mes plans sur son telephone « Android »… De nombreuses familles dans les campagnes n’allument pas la lumiere la nuit pour economiser la batterie solaire… pour la tele!!! L’appetit de la technologie est partout, et il a l’air d’etre d’autant plus fort que les gens en ont ete frustres plus longtemps et y ont ete moins prepares… Les gamins a qui on demande de modeler ce qu’ils veulent avec de la terre glaise font des mangues, des bateaux, des charrettes… et tout plein de telephones portables, des laptop, des groupes electrogenes en veux-tu-en-voila!!!

    Pourtant, mon experience m’a montre que les gens (les adultes) en general sont bien au courant de ce qui se passe. Le probleme, que je n’aurais peut-etre pas du appeler « cynisme » car c’est un jugement moral qui pointe « les autres » du doigt, c’est la difficulte a trouver les ressources au fond de soi-meme pour passer a l’action, pour trouver ou inventer un mode d’action qui ait un sens a nos propres yeux.

  11. Merci, Martine, pétition signée. Une illustration, une de plus, du rayonnement de la France à travers le monde. « Désespérant », comme le souligne justement Valérie. Pas grand-chose à attendre de nos élites des grandes écoles, en effet.
    Ce qui m’apaise un peu en ces jours, c’est de pouvoir partager des valeurs rares avec des complices de planète sans visa, d’élargir mes horizons à des points de vue qui m’emportent plus loin, qui m’aident à poser des mots sur des idées, merci.
    Ce qui me réconforte aussi, en ces heures qui s’allongent vers l’été, c’est ce jardin où je vis, ces coins d’herbe sauvages, ces vies en friche, ces papillons de fleurs en fleurs et le vent dans les arbres. J’imaginais ça, tout à l’heure, en regardant de loin virevolter cette petite planète : un ministre des fleurs sauvages, un secrétaire d’Etat aux arbres et aux insectes, des écoles où l’on apprendrait le nom de chaque vie sur la terre, où les langues vivantes seraient celles du vent dans les feuilles des arbres…
    Je crois que j’ai besoin de ça sans doute, partager des pensées communes sur le monde, m’ouvrir à des vies qui ne sont pas qu’humaines. Peut-être que c’est ça qui manque aussi : un lien de tendresse, d’émerveillement pour la nature dans sa simplicité, dans son élan. On respecte ce qu’on aime, non ?
    Frédéric

  12. @ Laurent Fournier:
    L’article de Foucart est vide, il ne démontre rien, il ne fait qu’enfumer les naïfs.
    Il veut essayer de faire passer 72 prix Nobel au mieux pour des idiots manipulables à souhait, au pire pour des escrocs intellectuels, mais il n’y parvient pas, car il ne dispose pas de matière première pour cela.

  13. Il y a,

    Pardonnez, mais je me demande qui cherche à enfumer qui. Ou vous tentez de démontrer que Foucart trompe ses lecteurs, ou vous introduisez un doute sur…vous même. Car l’article de Foucart, contrairement à ce que vous dites, apporte une pièce essentielle au puzzle de cet Appel. L’officine longtemps dirigée par Marcel Valtat reconnaît avoir été à l’initiative. Et cette officine, moi, Fabrice Nicolino, je la connais bien. J’ai vu ce que son travail donnait dans le domaine de l’amiante, et je sais que la désinformation est son métier.

    J’insiste donc. Ne vous contentez pas d’instiller le doute. Prouvez ! Je dois avouer qu’il s’agit d’un défi.

    Fabrice Nicolino

  14. « (…) Le premier indice est un mémo confidentiel de Philip Morris, daté du 23 mars 1993 (…) » donc postérieur à la conférence de Rio. Moi qui voulais découvrir la Genèse de l’Appel d’Heidelberg, ces réunions plus ou moins secrètes où l’on discutait quasiment mot à mot de ce qu’il fallait mettre dedans, je suis déçu.
    Je poursuis donc la lecture de l’article à la recherche d’indices démontrant l’implication des industriels du tabac et de l’amiante puisque c’est d’eux dont il s’agit (J’aurais parié plus spontanément sur les pétroliers et le lobby nucléaire mais passons.).
    Le mémo de Philip Morris est décortiqué par le journaliste qui lui aussi continue son enquête : « Un nouvel organisme, le Centre international pour une écologie scientifique [ICSE, pour International Center for a Scientific Ecology], a été fondé, à Paris, comme une continuité de l’appel d’Heidelberg ». Une fois encore j’ai affaire à un élément a posteriori, moi qui veux à tout prix découvrir « l’avant Heidelberg ». Je crois le lire en voyant que « L’ICSE est domicilié avenue de Messine, à Paris, dans les locaux d’un cabinet de conseil aux entreprises, Communications économiques et sociales (CES), et n’en est qu’une émanation. Or c’est précisément CES qui organise et supervise, en France, le lobbying des industriels de l’amiante entre 1982 et 1996 ». C’est donc l’ICSE qui a écrit l’appel ? Il semble bien que non puisque « Pour promouvoir une « écologie scientifique », l’ICSE, cette « continuité » de l’appel d’Heidelberg, organise des conférences [dont] La première se tient le 10 mai 1993 à Paris ». Cet organisme n’a pour rôle que de continuer l’action de lobbying et prolonger l’appel. Il y a pourtant un lien entre l’ICSE et l’appel puisque la conférence de mai 1993 est « annoncé comme ayant été préparé par « le docteur Michel Salomon, coordinateur de l’appel d’Heidelberg » ». Tout ce que je saurais via Le Monde de l’origine de l’appel d’Heidelberg est que c’est « Michel Salomon, médecin et journaliste, éditeur de la revue Projections, qui réunit, en avril 1992 à Heidelberg (Allemagne), le petit noyau des premiers signataires de l’appel ». Etait-il réellement free-lance comme indiqué en toute fin d’article ou déjà soumis aux industriels du tabac et de l’amiante ? Qui était dans le « petit noyau » ? Qu’il y ait eu ensuite une utilisation voire une récupération de l’appel par des industriels à des fins de lobbying cela ne semble faire aucun doute. Mais l’article ne répond pas à deux interrogations : Comment s’est passé « l’avant appel » ?
    Par extension les conséquences de Rio étaient donc tellement craintes qu’il fallait à tout prix allumer un contre-feu ? Enfin, et ce n’est pas la moindre des questions auquel il faudrait une réponse, comment 70 prix Nobel – sans parler des autres scientifiques ou intellectuels – ont t-ils pu apposer leur signature sur un tel texte ? Dans quelles conditions leur discernement a t-il été trompé à ce point si l’on considère que l’appel n’était en réalité qu’une opération de communication ? (…) »
    http://alterego.20minutes-blogs.fr/archive/2012/06/17/rio-20-ou-mes-incertitudes-sur-l-appel-d-heidelberg.html

  15. Que des lobbies aient voulu (après l’Appel d’Heidelberg qui a connu à l’époque un succès phénoménal), récupèrer la dynamique de l’appel pour leur propres intérêts, c’est tout à fait possible. Mais c’est a posteriori.

    Mais S. Foucart ne prouve absolument pas que c’est l’industrie de l’amiante qui est à l’origine de l’appel. Il ne prouve absolument pas que les 72 Prix Nobel (et autres quelques milliers d’intellectuels) sont soit des idiots manipulables à souhaits, soit des escrocs intellectuels.

    L’origine de l’appel, c’est un désaccord avec l’écologie éco-centrique qui rejette la primauté de l’Humain. Il s’agit d’un appel en faveur de l’écologie anthropo-centrique, approche qu’Arnaud Gossement, ex-porte-parole de France Nature Environnement, appelle d’ailleurs de ses voeux:
    « L’écologie anthropocentrique représente une opportunité formidable pour le développement et l’épanouissement humain »
    http://objectifterre.over-blog.org/article-arnaud-gossement-l-ecologie-anthropocentrique-represente-une-opportunite-formidable-pour-le-develo-84915268.html

  16. Laurent

    Je ne voulais pas tant parler des gadgets – il y en a bien sûr, mais plutôt moins ici qu’en ville – que de l’espèce de sentiment d’évidence tranquille que je perçois chez les gens – je veux dire : leur incapacité totale à ébaucher la plus petite remise en cause, à imaginer un instant autre chose que ce qui est, et même à imaginer que d’autres puissent l’imaginer – devant tout ce que j’ai depuis longtemps passé ou que je suis en train, moi, de passer à la trappe : les élections, la gentille gauche contre la méchante droite, le vote, le pouvoir d’achat et la croissance comme solution à tout, l’information (à la télé et dans le journal local), mais aussi, en vrac, le désherbant, le béton, le plastique, la bagnole, la viande, la bouffe pas chère des discounts, les programmes télé, éventuellement Internet – pour acheter des trucs pas cher et mettre des annonces sur Le Bon Coin.

  17. Il y a,

    Vous êtes un peu désolant. Et si je vous écris cela, c’est pour la raison que vous ne citez que ce qui vous convient. Vous oubliez opportunément que Roger Cans signale un point essentiel : Marcel Valtat, l’homme de la désinformation sur l’amiante, lui a proposé en exclusivité, pour le Monde, ce fameux Appel. En 1992 ! Pas en 1993 ! Puis, le successeur de ce même Valtat reconnaît sans se faire prier que l’Appel est bien venu de leur officine. Que vous faut-il ? Des traces d’ADN ?

    Fabrice Nicolino

  18. C’est Michel Salomon, médecin et journaliste au Monde, qui a rédigé le texte de l’Appel. Il a organisé des réunions d’experts des CFC, des dioxines, des radiations nucléaires, de l’amiante, bref, des thèmes qui étaient débattus dans les sphères écologistes. Que des lobbyistes du nucléaire, de l’amiante, des CFS ou des dioxines étaient présents à ces rencontres, cela n’a rien d’exceptionnel étant donné qu’il y a des lobbyistes partout (y compris au sommet Rio + 20). Nous sommes d’ailleurs tous des lobbyistes de nos propres idées.

    Le lobby de l’amiante voyait vraissemblablement un intérêt dans cet appel, et a peut-être aidé à son succès médiatique, mais cela n’enlève rien aux réelles motivations de Michel Salomon (et des co-signataires de l’Appel), qui étaient de proposer une écologie centrée sur l’Humain.

    C’est le contenu de l’appel qui compte, et les réelles motivations des co-signataires, pas les quelques lobbyistes qui ont pu graviter autour.
    Se focaliser sur ces lobbyistes, c’est chercher à occulter le contenu de l’appel qui dérange les lobbyistes de l’éco-centrisme.

  19. Pour ceux qui comme moi « découvrent »l’appel d’Heidelberg à travers l’article de Stéphane Foucart, je cite le texte de Roger Cans p.254 de sa Petite Histoire du Mouvement écolo en France

    « L’image de la France est aussi brouillée par une pétition qui a été lancée à l’initiative d’une agence de communication française pour ‘l’industrie pharmaceutique: l’appel d’Heidelberg.En prévision du sommet de Rio, cette agence a organisé un congrés international à Heidelberg, en Allemagne, où elle a fait circuler une pétition demandant aux décideurs de ne pas écouter les écologistes « irrationnels » mais seulement les scientifiques raisonnables. Plusieurs Prix Nobel ont signé, dont beaucoup de Français, ce qui a jeté le trouble dans la belle unanimité du sommet mondial.Et pas en faveur de la France, qui se retrouve une fois de plus parmi les mauvais élèves de la communauté internationale en matière de protection de l’environnement »

    Je rappelle qu’on peut encore se procurer cette petite Histoire du Mouvement écolo en France de Roger Cans, bien utile pour les « vieux débutants  »

    voir http://www.lotnature.fr/spip.php?article509

  20. A Valérie Quilis,

    Je partage entièrement votre point de vue exprimé dans votre commentaire du lundi 18 juin, car je fais le même constat là où je vis.
    Ci-dessous le lien d’une récente interview de Dennis Meadow
    http://www.liberation.fr/terre/2012/06/15/le-scenario-de-l-effondrement-l-emporte_826664

    Heureusement, l’écologie politique fait son entrée en force dans la nouvelle assemblée, Europe Ecologie Les Verts constituant enfin un groupe parlementaire. L’effondrement est remis à plus tard.

  21. Valérie et René,

    Je suis bien d’accord aussi avec votre constat, mais pas avec le pouvoir que vous attribuez aux institutions, en tant qu’abstentionnistes.
    Puisque le message des abstentionnistes est à peu de choses près :*
    « Si je rampe jusqu’aux urnes (urinoirs) comme ces millions de moutons_pigeons contents de se faire balader une fois tous les cinq ans et contents d’eux mêmes, de leur Patriot Act citoyen de vote, eh bien c’est ce qui constitue l’aliénation, et la source des problèmes anthropologiques et écologiques, donc je n’y vais pas ».

    Ce que je peux comprendre et respecte tant qu’on ne se plaint pas après de la montée de la peste brune comme récemment sur ce site.

    De mon côté, -et je l’ai déjà expliqué ici, soulevant un tollé anarchique, -bien que je sois anar moi aussi- je ne vois pas les institutions comme la source des problèmes, mais le témoin, le corrélat de notre forme de socialisation médiatisée par la marchandise et le travail abstrait.
    Tout cela forme une mégamachine sociale (au sens de Lewis Mumford) qui pète tout sur son passage.

    Les représentants politiques doivent faire avec la gigantesque somme de nos actions de travail collectives et d’irresponsabilités, ils doivent canaliser tout ça, ânonner les fétiches « travail, croissance,marchandises pour tous » et s’en prendre plein la face comme bouc émissaire à la vindicte populaire « arriviste, crécelle, ambitieux(se) etc. ».

    Certains peuvent freiner ou accélérer la destruction et la décomposition du capitalisme en tant que moins pire de gauche ou pire de droite et laisser plus de temps à la mutation anthropologique qui doit se réaliser à venir à elle (sortir de l’économie).

    Paradoxalement, en tant que votant pour celui qui va dans le sens de réduire le travail, je crois moins aux instituions qu’un abstenso !

    N’en déplaise aux gentils petits (c)anars.

    🙂

  22. Bonjour,

    Merci Fabrice.

    René,

    « Heureusement, l’écologie politique fait son entrée en force dans la nouvelle assemblée, Europe Ecologie Les Verts constituant enfin un groupe parlementaire. L’effondrement est remis à plus tard. »

    René, bonjour. Vous avez oublié de mettre les « similaids » en fin de phrase.

    Jamais une socièté, la nôtre, n’admettra son erreur, ses erreurs. L’admettre c’est reculer et reculer c’est décroître. Et décroître c’est le portefeuille qui minçi.

    M’en vais sniffer la mousse sur les arbres, y’a que cela de vrai dans ce monde de mensonges!

    Bien a vous toutes et tous,

  23. A Il y a

    Vous faites entre militantisme et lobbying un amalgame grossier qui ôte tout crédit à vos propos. La seule question qui demeure alors en vous lisant est : mauvaise foi ou crétinerie ?
    Quant à une écologie centrée sur l’humain, on a bien vu depuis vingt ans en quoi ça consistait en effet : continuer à détruire comme avant (mais plus vite et plus fort) en mettant la bonne conscience de son côté, et au passage faire habilement glisser le mal et le supposé pouvoir du côté de l’adversaire. Du classique, mais qui fonctionne toujours, hélas, surtout quand on a avec soi le monstre médiatique et un culot encore plus monstre.

    A René
    Je vous remercie. Je vais regarder ça dès que possible.

  24. Lionel, Anthony Giddens a bien expliqué que tout état moderne dépend de la production industrielle et de la consommation… c’est un pilier dirons nous…

  25. @ Valérie:
    En France, le mot « lobby » (un mot du monde anglophone) a une connotation péjorative, car en France l’argent est un sujet tabou. Ce n’est pas du tout le cas dans les pays anglophones (USA, UK, Australie etc.). J’utilise ce mot lobby dans son sens original.
    Le lobbying (motivé par des raisons religieuses, économiques, philosophiques, politiques etc.) est une activité qui existe depuis l’origine de l’Homme. Le lobbying anti-avortement a par exemple bien souvent un fondement religieux.

    Vous écrivez:
    « Quant à une écologie centrée sur l’humain, on a bien vu depuis vingt ans en quoi ça consistait en effet : continuer à détruire comme avant »

    Que proposez-vous alors comme approche ?
    Estimez-vous que l’approche éco-centrique (c’est à dire qui rejette la primauté de l’Humain) est efficace ?

    En phase avec les réflexions Ilya Prigogine (Ilya Prigogine), j’estime pour ma part qu’il convient d’aller « au-delà de l’idée de conservation ». Je ne pense pas que cette réflexion mérite d’être qualifiée de « crétine » ou qu’IlyaPprigogine puisse être considéré comme faisant preuve de « mauvaise foi ». Avez-vous lu un seul de ses ouvrages ?

    Pour le reste de votre message, je vous invite à méditer ceci:

    « Il y a une tendance universelle, peut-être une tendance innée, de suspecter de mauvaise foi une personne qui a des opinions qui diffèrent de nos propres opinions…Cela met bien évidement en danger la liberté et l’objectivité de notre discussion si nous attaquons une personne au lieu d’attaquer une opinion ou, plus précisément, une théorie »
    Karl Popper

  26. Il y a

    Je vous remercie pour la rafale de citations et de références, le cours d’anglais approximatif et l’invitation à méditer cette phrase-couteau-suisses qui peut, comme des milliers du même genre, servir à tous et en toutes circonstances (ce n’est donc pas de la mauvaise foi, dont acte). Je ploie sous le poids écrasant de votre culture et de votre intelligence, qui me clouent bien évidemment le bec.
    Il n’y a en effet strictement aucun intérêt à continuer de discuter, sinon dans la mesure où vous offrez une parfaite et inespérée illustration de ce mal bien français que j’ai évoqué plus haut et qui me semble incurable.
    Mais je crois que ça ira comme ça, on a d’autant mieux saisi votre message qu’on le connaît par cœur, et même, personnellement, jusqu’à la nausée.

  27. @ Il y a
    « Le lobbying est une activité qui existe depuis l’origine de l’Homme. »
    C’est comme la radioactivité, c’est un phénomène naturel…

    Etes-vous un ordinateur pour avoir de tels raisonnement binaires: écologie centrée sur l’homme versus écologie centrée sur la nature.

    Cette antinomie est tout simplement ridicule, elle relève du scientisme.

  28. Il y a tout juste 20 ans, tout le monde ne gobait pas l’appel d’Heidelberg. Voilà ce que disait par exemple Castoriadis au micro de France Culture le 19 juin 1992 (merci à Markus pour la transcription de cet échange oral – où l’on doit entendre l’irritation et la colère devant l’ignominie de l’appel) :

    « Quand on a des réactions au mouvement écologiste comme le manifeste Heidelberg qui a été signé et diffusé à la veille de la conférence de Rio par 150 intellectuels parmi lesquels 52 prix Nobel, ce manifeste est relativement ignominieux dans son hypocrisie ! Tout le monde est d’accord pour l’écologie scientifique à condition qu’on sache ce qu’on veut dire. Mais ces prix Nobel, c’est des gens de 1850, c’est des scientistes !… Ils croient que la science a réponse à tout, ils disent que la science ne crée jamais de problèmes … Ils sont dans une vue primitive et naïve de la chose parce qu’ils sont dans l’ancienne vue que ce n’est pas le couteau qui tue mais c’est le meurtrier ! Or c’était vrai du temps des couteaux, ce n’est plus vrai du temps des bombes à hydrogène ! Nous vivons dans une société où il y a une domination de plus en plus ouverte de la techno-science qui suit son propre cours. Et qu’on nous dise : mais vous pouvez choisir ceci ou cela, c’est une ânerie ! Parce que nous ne pouvons rien choisir : voyez tout ce qui s’est passé avec l’insémination artificielle, les grossesses in vitro, pourquoi Testard a laissé tombé, etc… Dès qu’une chose est possible à faire scientifiquement et techniquement, on la fait ! On ne se demande pas si elle est bonne ou mauvaise. Et ce sont ces prix Nobel qui la font … sans qu’il y ait un cadre de loi, sans qu’il y ait un besoin correspondant ! On fait la chose et après on va créer un besoin, c’est ça qui se passe !… Alors ces messieurs qui disent : la science va résoudre tous les problèmes, c’est complètement absurde !! Parce que la science ne peut pas résoudre le problème des fins, des buts, des finalités … La science peut dire : si vous voulez détruire la planète, je vous donne les moyens. Si vous voulez sauver la planète, je peux vous dire ceci et cela. Mais elle ne peut pas sauver la planète ! Il faut une décision politique qui implique toute une série de choses, et par exemple implique l’abandon de cette course effrénée vers la consommation plus grande et vers une puissance technique plus grande. Et puis ils critiquent l’idéologie écologiste mais ils ne critiquent pas les autres idéologies les prix Nobel ! Que je sache ils étaient complètement muets quand il y avait Hitler et Staline en Russie, si tant est que beaucoup parmi eux ne collaboraient pas avec l’un ou l’autre ! Ils parlent du contrôle de la population, ils ne disent pas un mot de l’Église catholique ! A Rio il n’est pas question du contrôle démographique et de l’explosion démographique, pourquoi ? Parce qu’il y a un veto de l’Église catholique, parce que dieu a dit « croissez et multipliez ». (…)

    Ce manifeste est tout à fait caractéristique. C’est pour ça où il y a des fois aussi où je vous dis que je suis d’humeur sinistre !… Si 52 prix Nobel sont capables de dire des âneries pareilles, d’un aveuglement pareil où d’ailleurs leurs motivations intéressées sont transparentes … Ces messieurs ils vivent, ont un laboratoire, ils doivent être financés, la société consacre des ressources à financer ces recherches plutôt qu’autre chose, n’est ce pas ?

    Ce qu’il n’y a pas surtout dans ce manifeste, c’est ce que les Grecs appelaient la phronésis, c’est le fait que sans que ce soit scientifique vous êtes prudent, vous savez ce que vous faites, vous voyez où est-ce que vous mettez vos pieds. Or ce que la science actuellement ne fait pas, c’est regarder où est-ce qu’elle met ses pieds. Le génie génétique personne ne sait ce que ça peut donner, c’est comme les balais dans l’histoire de l’apprenti sorcier, parce que l’apprenti il a commencé à utiliser certaines formules magiques sans connaître les autres formules qui arrêtent la chose. Or ces messieurs n’ont aucune envie d’arrêter, ils n’ont aucune prudence, ils croient que la science répond à tout, ce qui est aberrant. La science n’a pas de réponse politique et heureusement, parce que sinon la réponse serait claire : il faut instaurer une dictature des scientifiques puisque c’est eux qui ont les réponses … il n’y a pas de place pour une démocratie quelconque ; qu’est-ce que ça veut dire laisser les ignorants décider alors qu’il y a des scientifiques qui grâce à leur science ont des réponses scientifiques aux problèmes politiques ? Mais c’est une monstruosité ! Voilà … »

  29. « Il y a » a l’air de dire que parmi les signataires de l’appel de Heidelberg il avait aussi un certain nombre de naifs sinceres qui croyaient reellement voler ainsi au secours de la rationalite menacee !

    Je veux bien le croire : Un des signataires fut meme mon prof de geometrie, une personne erudite, pas « scientiste » et tres sympathique !

    Mais tenter de rehabiliter cet appel bidon 20 ans apres, cette attaque contre l’ecologie planifiee et financee par les plus gros pollueurs de la planete, au nom d’un debat invente entre une soi-disant « ecologie anthropocentrique » et une soi-disant « ecologie eco-centrique », voila une curieuse maniere de changer les faits, un brouillage trop gros pour etre credible !

    La verite que tout le monde peut voir c’est que l’ecologie anti-humaniste, celle du WWF, celle des reserves d’ou les manants sont exclus, l’ecologie co-optee par le pouvoir economique, c’est exactement celle des pollueurs, celle du nucleaire (sense nous proteger du rechauffement), de l’amiante (« au service des pauvres », c’est l’exploitation au carre, qui a juste apris un nouveau vocabulaire.

  30. La strategie des pollueurs a Rio+20 c’est d’assigner un prix a tout : L’air, l’eau, la bio-diversite… tout. Au motif qu’ainsi on a une base rationelle pour taxer les pollueurs, et appliquer le principe du pollueur payeur. Et ces memes pollueurs refusent d’assigner des droits a la nature au motif que seul l’etre humain a des droits. Mais en fait assigner une valeur economique a tous les elements de la nature qui jusqu’alors y avaient echappe, conduit exactement a assigner une valeur economique a l’etre humain lui-meme, que l’on pretendait proteger contre cette ignominie. Ce n’est pas de la philosophie, ce sont des faits. Nous sommes tous trop dependants de notre eco-systeme pour pouvoir pretendre etre immunises contre l’appropriation de cet eco-systeme par le systeme economique. Confrontes a ces faits, il y a un certain nombre de gens qui ont elabore une pensee qui aide a prendre position en toute liberte et de maniere rationelle : Ce sont toute la lignee des penseurs de l’ecologie du 20 siecle. Et par-dela leurs differences ils ont un point commun, ils montrent comment l’etre humain et la nature ne font qu’un, materiellement et spirituellement.

    Alors defendre aujourd’hui la destruction decuplee au nom de « l’humanisme », ce n’est meme pas de l’amateurisme, c’est vraiment nous prendre pour des cons !

  31. Et c’est bien parce que les pollueurs ont lu les memes livres, les memes penseurs, qu’ils savent tres bien qu’en assignant un prix a tous les elements de la nature on assigne un prix a l’etre humain. Ils savent tres bien qu’on n’exploite jamais « la nature » mais en fait toujours des hommes. Les pollueurs sont devenus « ecologistes » : ils connaissent les tenants et les aboutissants. Ils savent a quel point la « nature » est une construction intellectuelle et sociale, et comment en manipulant habilement cette construction intellectuelle et sociale on peut exploiter les hommes a un degre inoui. En accusant les ecologistes d’ « irrationels » ils mentent : Ils savent la verite, et pour cause !

  32. Bertrand, vous écrivez :
    « Elle relève du scientisme. »

    S’il y a bien un intellectuel qui s’est battu toute sa vie contre le scientisme (plaidoyer pour l’indéterminisme, contre une vision fermée du monde où tout est joué d’avance, et invitation à aller au-delà de l’idée de conservation) c’est Ilya Prigogine. D’un point de vue philosophique, Ilya Prigogine (auteur notamment de « la Nouvelle Alliance »… entre l’homme et la nature, 1978), dont la puissance de la pensée est phénomènale, est le père de l’appel d’Heidelberg (c’est d’ailleurs l’un des prix Nobel co-signataires de l’Appel).
    Ilya Prigogine : « (…) Que devient le démon de Laplace dans le monde que décrivent les lois du chaos ? Le chaos déterministe nous apprend qu’il ne pourrait prédire le futur que s’il connaissait l’état du monde avec une précision infinie. Mais on peut désormais aller plus loin car il existe une forme d’instabilité dynamique encore plus forte, telle que les trajectoires sont détruites quelque soit la précision de la description (…) »
    Le pire (et le meilleur) n’est pas certain. Une approche scientiste consiste à dire « si l’humanité ne fait pas ceci ou cela, alors nous sommes certains d’aller à la catastrophe. Ce sont les modèles informatiques des scientifiques qui nous permettent de l’affirmer ». La transformation de possibles en certitudes relève du scientisme. Ilya Prigogine, lui, pense que « le possible est plus riche que le réel. L’univers autour de nous doit être compris à partir du possible, non à partir d’un quelconque état initial dont il pourrait, de quelque manière, être déduit ». Il laisse ainsi de la place à la créativité humaine libre. « L’univers est en construction (…) nous sommes les enfants du temps (…) nous sommes Libres ». Et l’être humain, créatif (et donc libre car la créativité disparaît ipso facto dans un monde entièrement déterminé), participe à cette construction. « Nous devons aller au-delà de l’idée de conservation ». Si tout était joué d’avance, il n’y aurait plus de place pour la créativité humaine, nous ne serions alors que les marionnettes « rejouant un film déjà joué d’avance ». « Cette vision est ridicule » s’insurgeait Prigogine.

    La question de la place de l’Homme dans la nature est centrale dans le débat relatif au développement durable. Sauf pour ceux, bien entendu, qui refusent le débat d’idée et préfèrent s’attaquer aux personnes, ce qui ne sert strictement à rien. Pour Prigogine, non seulement le corps humain fait partie de la nature, mais aussi son esprit, ainsi que les fruits de son Esprit. « L’activité humaine, créative et innovante, n’est pas étrangère à la nature. »

    Les éco-centriques estiment qu’un être humain n’a pas plus de valeur qu’un ver ou qu’un moustique (Michel Salomon, qui a rédigé l’Appel d’Heidelberg était indigné face à cette vision rejetant la primauté de l’Humain). Ils estiment aussi que les fruits de l’esprit humain (les objets technologiques, les voitures, les buildings, les téléphones, les ordinateurs) sont anti-naturels et sont donc forcément des menaces contre la nature « originelle ». L’Esprit humain, créatif et transformant le monde, fait peur aux éco-centriques qui rêvent d’un monde sous cloche, muséifié, parfaitement conservé, sans surprises, un monde que l’on a figé et qui n’oblige pas à sans cesse devoir s’adapter au changement. Bertrand Piccard (médecin psychothérapeute, Solar Impulse, qui a effectué le tour du monde en ballon et qui promeut « l’esprit de pionnier ») : « Notre peur viscérale du doute et de l’inconnu est à l’origine de la plupart de nos problèmes (…) Quand j’ai pris cette photo, la vitre était givrée à cause de l’humidité de la nuit, et de l’autre coté se trouvait le soleil levant. Vous voyez que de l’autre coté de la glace, il y a l’inconnu, ce qui est non-évident, ce qui ne se voit pas pour les gens qui n’osent pas traverser le rideau de glace. Il y a tant de gens qui préfèrent souffrir dans la glace qu’ils connaissent plutôt que de prendre le risque d’aller à travers la glace pour voir ce qu’il y a de l’autre coté. Et je pense que c’est l’un des problèmes principaux de nos sociétés. Pour beaucoup de gens, le questionnement, l’inconnu et le doute sont dangereux et ils considèrent que nous devons éviter le changement et tout garder sous contrôle. Mais l’inconnu fait partie de la vie. Et dans ce sens, le ballon est une magnifique métaphore »

    Mon avis : c’est l’Esprit humain (qui est, comme le souligne Ilya Prigogine, parfaitement naturel), qui donne son sens au monde. Une planète terre sans êtres humains serait fondamentalement absurde, sans aucun sens. Sans les Hommes, la Terre et l’univers dans son ensemble n’ont plus de sens. Si vous avez du mal à concevoir cela, veuillez par exemple faire l’effort mental, durant une minute, d’imaginer qu’il n’y a plus un seul être humain sur Terre, vous-même avez physiquement disparu. Vous êtes là, face au vide. Puis, imaginez que même votre propre conscience a disparu. Imaginez que vous n’êtes plus là pour imaginer. C’est dans la conscience de chaque être humain que le sens émerge. Bertrand Piccard : «Le ballon avance avec le vent, sans capacité propre à se diriger. L’être humain est poussé par les événements de sa vie, prisonnier de son destin. Pourtant, de même que le ballon peut changer d’altitude pour chercher une couche atmosphérique qui lui fera prendre une autre trajectoire, l’être humain peut s’élever sur le plan philosophique et spirituel et redevenir responsable du cours de son existence.»

  33. 1/
    « Le lobbying (motivé par des raisons religieuses, économiques, philosophiques, politiques etc.) est une activité qui existe depuis l’origine de l’Homme. Le lobbying anti-avortement a par exemple bien souvent un fondement religieux. »
    Ce passage est incomplet et mérite sa juste conclusion:
    « Je le sais, j’y étais! »

    2/
    « Que proposez-vous alors comme approche ?
    Estimez-vous que l’approche éco-centrique (c’est à dire qui rejette la primauté de l’Humain) est efficace ? »
    Cette façon de classer et cloisonner le vivant de façon aussi systématique, c’est pathologique! Il y a comme une sorte d’arrogance humaine, un fond de croyance en l’idée que l’homme est en dehors de la nature et de ses lois… et que son destin est de la dominer…

    enfin, conclure par karl popper (un des théologiens les plus primaires qui puisse exister, même si, en matière de débilité profonde, hayek reste le maître), c’est révélateur…
    surtout quand on accuse l’autre d’être de mauvaise foi et que l’on use du procédé relevé dans la partie 1/ de ce message… affirmer une chose invérifiable avec l’autorité du ton de « celui qui sait »… seul John Oldman (de Man from earth) peut y avoir une idée… et encore! 😀
    Nous savons cependant que les hommes se sont réunis en sociétés et ont crées la solidarité… et que, d’après Darwin, c’est le fait de soigner ses faibles et ses vieux, qui l’ont fait prospérer… paraît que l’on s’occupe même de nos idiots! En tout cas, on leur donne la parole, le pouvoir et même, pour certains, on les admire (en vrac: johnny halliday, anemone, depardieu, bhl, brukner, loana, onfray, hayek, chomsky, de gaulle, doc gyneco, kissinger, deng xiaoping… et autre Moundir…)

    Que disent les anthropologues dessus? Nous n’en savons rien, nous ne pouvons compter que sur l’autorité de l’idéologue… quelle misère!

  34. A Lionel

    Il fait un temps radieux, et j’ai envie d’en profiter, je ne vais donc pas vous faire une réponse très détaillée ni très construite. Vous ne m’en voudrez pas j’espère.
    J’espère aussi que vous me pardonnerez si je vous dis que j’ai beaucoup de mal, comme souvent, à saisir le sens de votre message et (ceci expliquant en partie cela) celui des analyses auxquelles vous faites si souvent référence (Jappe, etc.). Je veux juste dire ceci :

    – que non, je ne me reconnais pas dans ce message des abstentionnistes que vous formulez à leur place (comme s’ils formaient un bloc uniforme)

    – que je vois, moi, au contraire, un lien très étroit entre le système électoral et ses résultats depuis une grosse vingtaine d’années, et la montée de la peste brune, comme vous l’appelez

    – que je ne me considère pas comme « anar », ni comme quoi que ce soit d’ailleurs, n’ayant jamais éprouvé le besoin d’étiqueter mes choix et mes analyses (ayant même, je l’avoue, le besoin de ne pas les étiqueter), et ayant une culture politique assez pauvre de ce côté-là – même si je constate, dans les faits, que c’est en effet de plus en plus vers là que je tends, et ma foi je prends plutôt comme un compliment que vous m’ayez rangée chez les « anar »

    Merci à vous pour le souci que vous avez de répondre, même si le constat que je faisais ne valait que pour ce qu’il est : non pas une opinion mais une perception, forcément personnelle et forcément un peu vague, d’un état des lieux, à un moment donné, à un endroit donné.

  35. lobby : vestibule. du temps des rois, du moins en france les courtisans, quémandeurs et autres faisaient antichambre avant d’accéder au roi ou son conseil pour demander tel ou tel faveur pour soi ou son clan. dès qu’il y a pouvoir il y a demande,intervention auprès de … c’est presque écologique comme système;certes les formes changent mais le fond reste le meme peser sur les détenteurs du pouvoir ; je ne vois pas où est le problème dans cette querelle de mots.

  36. @ Winston:
    « un fond de croyance en l’idée que l’homme est en dehors de la nature et de ses lois »

    C’est exactement l’inverse. Ilya Prigogine:
    « L’activité humaine, créative et innovante, n’est pas étrangère à la nature. »
    C’est le coeur de son approche.

  37. ouais, mais je ne parlais pas de Prigogine, mais de l’absurde question du « choisir entre l’homme et la nature » et ses variantes… débile n’est-ce pas?

  38. @ Winston:
    J’ajoute que la notion de « loi de la nature » dont vous parlez s’inscrit dans une vision scientiste du monde.

    « (…) Leibniz, à l’inverse, trouvait inconcevable de penser que Dieu revenait réparer son univers, parce que cela signifiait que Dieu aurait commis des erreur dans sa Création. Pour Leibniz, l’univers était le meilleur possible. Dans La Nouvelle Alliance, Isabelle Stengers et moi avons longuement discuté la controverse Newton/Leibniz. C’est le point de vue de Leibniz, conduisant finalement à la conception d’un univers déterministe et réversible dans le temps, qui l’a emporté. Cette conception conduit à la notion de « loi de la nature ». La formulation de ces lois a ainsi été fortement influencée par des considérations théologiques. Car pour Dieu il n’y a ni passé, ni présent, ni futur. Pour Dieu aussi, il n’y a pas de doute ; il n’y a que des certitudes. Déjà dans La Nouvelle Alliance nous envisagions une nouvelle formulation des lois de la nature qui comprendrait la flèche du temps et exprimerait des probabilités et non des certitudes (…) »
    Suite de l’entretien ici:
    http://articles.ircam.fr/textes/gerzso95a/

  39. Objectif… je m’en tape de leibniz et compagnie… ce sont juste des noms pour donner une caution « intellos » aux positions les plus débiles… pour moi, leibniz, voltaire, montesquieu ou helvetius, hobbes ou bacon et compagnie, ça me fait le même effet que bhl, finkelkraut, brukner, sartres ou onfray…

  40. Pas du tout d’accord avec toi sur ce point, Marie.

    « Lobby » a pris en français un sens différent de son sens anglo-saxon, que notre ami Il y a appelle un sens « péjoratif ». C’est-à-dire qu’on entend plutôt, ici en France, un lobby comme un groupe organisé défendant ses intérêts, mais au sens économique, essentiellement. Quand j’emploie ce mot en français, je l’emploie avec ce sens-là. Pour le cas qui nous occupe, c’est bien de ça qu’il s’agit, n’est-ce pas. Mais je ne peut pas avaler qu’on baptise « lobbying », comme le fait Il y a de façon tout à fait pernicieuse, la défense d’une idée, a fortiori l’amour désintéressé d’une cause.
    Comment ne pas voir que c’est dans l’intérêt des lobbysiste (sens français), justement, que de créer ainsi la confusion. Ils peuvent ainsi – et ne s’en privent pas, de Schmidheiny aux cigarettiers – faire passer leur permanente autopromotion économique pour du militantisme, et la lutte des écologistes (par exemple) pour du lobbying !! Ce type de renversement fait partie de leur stratégie et n’a cessé de se développer depuis 25 ans, au point que tout un tas de mots se sont mis à signifier exactement leur contraire et qu’il faut se méfier de tous, surtout de ceux qui nous étaient chers. Définir, redéfinir sans cesse ce qu’on met derrière un mot avant de savoir avec qui ou contre qui on se bat, c’est notre lot désormais.
    Mais si on revient au sens américain, qui est celui que tu dis en effet,je ne trouve pas que ce soit beaucoup mieux : ça suppose une conception de la « démocratie » qui mène droit à la guerre de tous contre tous (celle qui règne déjà aux USA), chacun voulant, de façon totalement infantile et en se foutant totalement du devenir et de la compatibilité de tous avec tous, faire entendre SA demande. Y compris ceux qui croient le faire pour une juste cause (féministes, gays, etc.).

    Ceux qui se soucient « seulement » du devenir du monde, de sa beauté, des êtres qui l’habitent, peuvent-ils être réduits à des quémandeurs dans le hall du maître, surtout quand ils ne demandent rien à personne mais simplement agissent, vivent selon ce que ce souci leur dicte de faire ?

    Non non non, on ne peut pas ne pas se soucier de ce qu’il y a – pardon, jeu de mots involontaire, mais en l’occurrence bienvenu – derrière les mots.

  41. @Valérie,

    Je suis désolé de vous avoir cataloguée « anar », et je suis dans votre cas aussi. N’aimant pas les étiquettes, j’apprécie néanmoins celle de libertaire.

    Je tends de plus en plus vers cette forme de socialisation basée sur le pouvoir, la domination non pas abolie – c’est impossible – mais justement partagée et diluée, non pas l’ordre, mais l’harmonie.

    Je voulais juste démontrer, même si c’est certainement un échec :

    – que ceux qui croient le plus aux institutions ne sont pas ceux qui votent, je le vérifie autour de moi, lassé par la coquetterie abstentionniste.

    – que la racine des problèmes, au sens de la critique de la valeur – ou critique de la société capitaliste à partie des fétichismes du travail et de la marchandise, d’Anselm Jappe, Robert Kurz et toute la mouvance allemande de Krisis, le bulltin sortir de l’économie, à laquelle je reviens souvent il est vrai, est le travail (abstrait au sens de simple dépense de temps indifférenciée de ce que l’on produit).

    Tout cela ressemble à un beau galimatias, j’en suis navré, mais c’est parce que c’est à partir de là que l’on peut saisir la totalité de la forme de socialisation capitaliste qui mène aux problèmes que nous ressassons : la société industrielle, la crise écologique.

    Si je reviens si souvent à cette analyse, c’est que je la trouve pertinente, que je souhaiterais voir des gens comme Fabrice -qui critique si souvent l’industrie, l’idéologie de Progrès ce avec quoi je suis d’accord, mais sans sans jamais s’en prendre au travail-, vous, Laurent Fournier ou d’autres s’y intéresser et en discuter.

    Il n’y a guère que le trop rare Deun qui passe ici parfois avec qui on peut parler de ces analyses passionnantes une fois qu l’on s’y est intéressé.
    Les autres critiques (marxistes) passent alors pour un anti-capitalisme tronqué ou un alter-capitalisme.

    Cela dit, voici le lien d’une émission radio qui traite de ce sujet de manière plus claire que moi :
    http://laviemanifeste.com/archives/5931

  42. En complément de mon mot précédent

    Marie, tu as mis il n’y a pas si longtemps un lien vers une interview de Michéa. Je lis Michéa depuis des années, sa pensée m’est extrêmement précieuse, et je crois vraiment qu’on est là au cœur de ce qu’il essaie de dire.

  43. Winston, vous écrivez:
    « Je m’en tape de leibniz et compagnie… »

    Il est vrai qu’il est plus facile de fuir le débat quand on est à cours d’idées et d’arguments. Votre référence aux « lois de la nature » s’inscrit dans une vision scientiste.

  44. (Fabrice, mon avant-dernier commentaire et son complément attendent toujours la modération mais le post de Lionel, entre les deux, est passé)

  45. @ Valérie:
    Je me sens obligé d’éclaircir les choses:
    J’ai effectué des études en écologie (Licence en Biologie, Master en Ecologie et DESS environnement), j’ai fait partie de GreenPeace (antenne de Rennes), j’ai participé aux vélorutions, j’ai été conseiller de gestion des espaces naturels, et je suis aujourd’hui journaliste spécialisé Energie Renouvelables et Développement Durable… Alors, pitié, ne cherchez pas à me faire passer pour un représentant des lobbies des énergies sales !
    J’ajoute que je n’ai jamais eu de voiture et je me déplace en trotinette (5 kg, moins de matières premières qu’un vélo) en ville. ça vous va comme « visa écolo » ?

  46. mais ce qu’il manque c’est un PEUPLE, sans diplome, ni master mais avec SA culture; et le peuple est zombifié par la société de consommation et ses sirènes fort séduisantes postées partout sur le territoire et dans leur domicile via la télé; quant aux paysans (petits) il n’y en a presque plus, en France.

  47. Olivier (Objectif Terre des Hommes, Il y a, etc.)

    (Vous avez raison, la liberté de changer de pseudo à volonté en cours de discussion, sans en informer les gens avec qui on discute, la liberté de parler depuis un non-lieu, une non-identité, et de répandre ainsi la bonne parole, cette liberté me paraît fondamentale, à défendre d’urgence et absolument)

    C’est drôle, ce besoin de donner des gages, et académiques encore. Et en effet vous en donnez : vous confirmez par là votre attachement naïf (autrement, comment pourriez-vous penser que ces pauvres choses vont me faire juger différemment les idées que vous avancez ?) à des valeurs et à une idéologie qui ont eu (brièvement et très fragmentairement) leur rôle positif, certes, mais qui aujourd’hui nous mènent à notre perte et à celle du monde sur lequel, malheureusement, nous régnons.
    J’ai eu la curiosité d’aller sur votre blog, et j’ai été tout à fait consternée de voir que c’est une citation de Kennedy qui accueille les visiteurs. Kennedy ! L’homme de la nouvelle frontière !
    Mais enfin c’est cohérent avec votre propos : quelqu’un qui se réfère, dans sa démarche écologiste, à cette vision de l’homme comme éternel conquérant, que voulez-vous, ça me désole. Réellement : il y a contradiction dans les termes. Comme m’ont désolée les propos caricaturaux tenus ou cités sur le même blog (où on ne sait d’ailleurs pas qui parle, ce qui là aussi est cohérent avec ce que j’ai aperçu ici-même de votre démarche – mais je n’ai pas forcément assez cherché).

  48. @ Valérie,
    Je suis désolé, j’avais décidé de signer « Objectif Terre des Hommes » car le pseudo « Il y a » était pas facile à lire.
    Mais c’est Fabrice qui m’a demandé de changer à nouveau de pseudo, et c’est vrai que cela fait baeucoup, je suis d’accord ! Je signe donc à présent « Olivier (Objectif Terre des Hommes) » précisément afin que les interlocuteurs identifient sans problème, et à l’évidence cela fonctionne à vous lire.

    Focaliser sur les personnes, s’attaquer aux personnes, juger les gens, cela ne sert à rien valérie. Seul le débat d’idée est intéressant.
    Vous n’appréciez pas l’écologie progressiste en phase avec la philosophie des lumières (philosophie de Bertrand Piccard: « l’esprit de pionnier », avec Solar Impulse). Vous en avez bien entendu le droit, mais pourquoi s’en prendre aux personnes, aux individus qui ont une autre vision que l’écologie consevatrice que vous défendez ? N’est-ce pas suffisant de présenter les arguments an faveur de cette écologie anti-lumières ?

    « L’écologie : un refus des Lumières ? »
    http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/l%E2%80%99ecologie-un-refus-des-lumieres/2630

  49. olivier, la « fuite »… je ne fuis pas, juste je te dis que c’est pas tes références philosophiques qui vont me clouer le bec, parce qu’elles me laissent absolument indifférente, il faut autre chose pour me fasciner(bon je ment, je ne suis pas indifférent, j’ai quand même une réaction de mépris). L’usage de non que le paradigme commun a rendu illustre n’a d’autres buts que cela. Discuter avec leibniz ou un autre tocard immoral de la chrétienté du XV-XVIIIs ne m’intéresse pas, il y a tellement de gens plus intéressant en d’autres espaces et d’autres temps…

    discuter, c’est juste aligner des mots pour flatter l’égo, je ne crois pas du tout aux vertus du débats philosophique… je ne crois même pas en la philo-philosophante… ni en la science…

    Je ne crois même pas en la discussion avec toi, ni avec tes congénères, d’ailleurs, ça ne m’intéresse pas! Quel est l’intérêt de discuter avec des gens ancrées dans leurs stupides certitudes?
    Les autres te répondent parce qu’ils croient aux vertus de tout ce cirque, qui n’est pas prêt de se terminer…

    Trouves moi autre choses!

  50. Mes idées, c’est moi, vos idées c’est vous, j’en ai par-dessus la tête de cette pseudo accusation de « s’attaquer aux personnes », je ne vous connais pas, comment m’attaquerais-je à vous ? Je vous juge sur vos propos, et je reconnais chez vous ces gens qui passent leur temps à venir provoquer les autres en alternant arguments fallacieux, mauvaise foi, et pure bêtise, puis en se posant en donneurs de leçons quand les autres, en face, s’énervent. Je crois avoir toute légitimité à m’énerver, et je sais que vous avez le sourire, oui, donc je vous laisse faire joujou avec ceux qui ont assez de patience, mais personnellement j’ai mieux à faire. J’attendrai que vous vous lassiez un peu pour revenir sur Planète sans Visa avoir de vraies discussions. Bonne journée

  51. A marie.

    Tu peux, Jo, sans être expert ne pas rouler en master et t’intéresser quand même en autodidacte à la culture des peuples dits premiers.

  52. Ce qui précède s’adressait à Olivier, Objectif terre des hommes etc. Et à lui seul. Bien entendu.

  53. @ Winston:
    Encore des attaques visant les personnes, et non les idées. Vous estimez a priori qu’autrui, parcequ’il a une approche différente de la votre, est alors forcément « stupide », « débile », ou est alors de mauvaise foi. Dépourvu d’arguments et rencontrant des difficultés à entrer dans le débat d’idées, vous sombrez alors dans l’invective.
    Bon vent Winston.

  54. Comme une fumée de moquette….
    Vingt diots Savoyardes cuisinées au rouge ! Je…Je…Je…me poêle ! C’est good hein !

  55. Valérie,

    Un grand merci pour cette remarquable clarification a propos du « lobbying » ! (le 20 juin 2012)

    Reconnaissons tout de meme a Olivier que son concept du lobbying s’applique assez bien a ses interventions ici. Il a au moins cette coherence 😉

    Pour ma part, je m’efforce avec vous, d’etre de « Ceux qui se soucient “seulement” du devenir du monde, de sa beauté, des êtres qui l’habitent ».

    Bien amicalement !

  56. « pure bêtise », « mauvaise foi »:
    Valérie,
    A nouveau, vous vous attaquez aux personnes, pas aux idées. Vous considèrez, a priori, que l’écologie progressiste (s’inscrivant dans la philosophie des lumières) est une « menace pour la planète », et que seule l’écologie conservatrice (anti-lumières) est acceptable.
    Vous sombrez donc dans des attaques personnelles, en considèrant que les personnes qui appércient cette approche progressiste sont forcément « de mauvaise foi », ceci par allergie envers la doctrine progressiste.
    Moi je pense que les deux approches sont intéressantes, et qu’il y a un vrai intérêt à un débat raisonné, construit sur le sujet.
    Je vous souhaite néanmoins bon vent.

  57. Merci laurent (oui, je suis encore un peu là).
    Olivier et tutti quanti a quand même réussi à vous faire vous énerver aussi, une performance 🙂 (m’énerver moi, rien de plus facile, mais vous…).
    Bien amicalement aussi, et à bientôt pour de nouvelles aventures

  58. Laurent, vous écrivez:
    « Reconnaissons tout de meme a Olivier que son concept du lobbying s’applique assez bien a ses interventions ici. »

    Tout à fait, je fais du lobbying de mes idées (écologie progressiste), de la même manière que Valérie (et d’autres) fait du lobbying des siennes (écologie conservatrice).

    Les partisans de l’écologie conservatrice cherchent souvent à faire passer les partisans de l’écologie progressiste pour des personnes agissant soit pour le profit, soit par mauvaise foi, soit par aveuglement techno-scientiste, ou alors par « pure bêtise ».

    Je ne pense pas que cela soit une approche construive. Cette approche du rejet tue le débat. « Cachez (voir tuez) ce sein (débat) que je ne saurais voir »

    Une approche intéressante pour progresser dans la réflexion, et de stimuler la pensée créatrice, c’est de faire l’effort mental d’entrer dans la logique d’autrui.

    Concernant l’écologie conservatrice, j’ai pas grande difficulté à y entrer étant donné que c’était ma doctrine il y a 10 ans. C’est d’ailleurs cette connaissance de l’écologie conservatrice qui agace ses partisans, car je vais au coeur des choses. C’est insupportable pour Valérie, elle le dit elle-même. D’où le naufrage dans le mépris de l’individu qui porte les idées, au lieu de s’en prendre aux idées elles-mêmes. Elle souffre terriblement en lisant l’argumentaire des partisans de l’écologie progressiste, cela la « désole ».

  59. Olivier, je crois que personne ici n’a voulu chercher noise a Prigogine ou Bertrand Piccard, ni meme a « l’esprit des lumieres » (meme s’il aurait pourtant besoin d’etre bien depousierre) !

    Pourquoi ne citez-vous pas un autre aviateur : Saint-Exupery ?

    Quand le Petit Prince connait sa rose, il en devient « responsable ».

    Voila en effet n’a rien a voir avec l’idee que l’appel de Heidelberg voulait promouvoir, d’ « equilibrer » les interets du Petit Prince et ceux de la rose !

    Voila un autre rapport a la connaissance, certainement incompatible avec l’esprit de Francis Bacon, mais parfaitement compatible avec la science.

    Et cela nous conduit meme a la philosophie du 20 siecle, qui en effet n’est pas celle de 1850 !!!

    Lisez Derrida sur les animaux… Voila qui (pour ce que j’en ai humblement compris…) ne contredit en rien « l’esprit des lumieres » mais qui lui donne un souffle nouveau !

    Qui n’avance pas recule.

  60. Encore moi : la colère devant le culot de ce monsieur (Olivier etc.) m’empêche de travailler sereinement.

    Lui dire en toute franchise ce qu’on pense de ses propos constitue donc une attaque inacceptable contre sa « personne » (mais où donc commence, où s’arrête une personne ?) ; tandis que lui peut tranquillement écrire, sans me connaître le moins du monde, et manifestement sans avoir même lu mes messages récents, que ma position (qu’il caricature, évidemment) est une position « a priori ».

    A priori !!!!

    Dire à l’autre « je trouve que vos propos frisent la crétinerie », ça c’est une attaque personnelle. C’est très mal, et je suis très méchante. Mais faire fi de l’histoire de l’autre, de toute l’évolution par où est venue sa position, que dis-je faire fi, faire très exactement comme si cette histoire et cette évolution ne pouvaient tout simplement pas exister, ça c’est du « débat raisonné et construit » plein de courtoisie et de respect de l’autre!! Le tout en débarquant comme une fleur sur un blog qu’on n’a manifestement jamais visité.
    Je dois dire que c’est fort.
    Pour arriver et traiter les autres comme s’ils étaient venus à l’existence avant-hier, seulement par la grâce de sa personne, il faut une dose d’autosatisfaction, une imperméabilité au doute et à l’autre, et, je le maintiens, une fatuité peu communes. Et je maintiens aussi que ça suppose une pensée incapable de se penser elle-même, un regard sur le monde incapable d’imaginer le monde hors de ce regard.

    Ma position « a priori », comme ose la qualifier ce monsieur, c’est vingt-cinq ans de vie d’adulte passés à questionner l’héritage des Lumières, avec lequel je suis née et j’ai été formée tout autant que lui (et peut-être beaucoup plus), et à m’en éloigner lentement mais sûrement et, je crois, définitivement.
    Je n’oblige personne à faire la même chose, je ne jette pas la pierre à ceux qui n’ont pas suivi le même chemin, au bout duquel je suis loin d’être arrivée. En revanche, mon poil se hérisse quand des gens qui se piquent de penser – et penser les sujets qui nous occupent demande une vraie pensée, subversive, menaçante, de celles qui ne reculent pas devant leurs propres découvertes, devant ce qui les remet en question – qui croient penser, même, s’appliquent, agrippés à la case départ, les yeux fermés et les oreilles itou, précisément à ne pas penser, ou à cesser de le faire dès que leurs fétiches sont menacés (or toute vraie pensée est une menace), et par-dessus le marché nous expliquent avec condescendance (oh, cet appel au « débat raisonné et construit » !! )ce qu’il faut voir, ce qu’il faut entendre et, bien entendu, ce qu’il (ne) faut (pas) penser.
    Tout au plus veulent-ils plaisamment comparer les « approches », « également intéressantes », comme des amateurs de vins. Comme si l’heure était aux comparaisons gastronomiques.
    Comme le dit (au sujet d’un tout autre désastre) dans « Roger and Me » un type dont je n’ai jamais oublié l’accablement, et en hommage à l’amour fervent des USA que je devine chez notre héros de la pensée non-pensante, « some people know what time it is, some people don’t. »

    Désolée, fallait que ça sorte.

    Je promets de me taire pendant au moins deux jours.

  61. @ Laurent:
    L’Appel d’Heidelberg est dans la lignée de la philosophie d’Ilya Prigogine (La Nouvelle Alliance, 1978), et il fait d’ailleurs partie des 72 prix Nobel co-signataire de l’Appel.

    L’écologie que défendais Prigogine (et les 4000 co-signataires) est l’écologie progressiste (anthropocentrée), et elle s’oppose à l’écologie conservatrice (écolo-scientiste), une écologie qui s’oppose au progrès et qui veut faire de la Terre un musée. Prigogine: « Il nous faut aller au-delà de l’idée de conservation »
    Cet article expose très bien la problématique, les deux courants de pensée: http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/l%E2%80%99ecologie-un-refus-des-lumieres/2630

    L’avion électro-solaire de Bertrand Piccard est une parabole de l’écologie progressiste. L’objectif est de montrer qu’il est possible de faire le tour du monde en avion 100% électro-solaire, alors il est possible de passer aux énergies renouvelables dans les transports terrestres, dans les bâtiments etc.

    @ Valérie: Laurent attaque les idées, c’est très positif comme approche. C’est franchement super quand un intervenant enrichit une discussion de ses idées, c’est à dire tente d’apporter de la valeur ajoutée. Ce qui est nuisible, c’est quand un intervnant sombre dans l’invective, car il n’est alors pas possible de progresser dans un échange.

  62. Valérie a écrit:
    « Ma position “a priori”, c’est 25 ans passés à questionner l’héritage des Lumières »

    @ Laurent:
    Vous vous interrogiez à ce sujet, mais comme vous pouvez maintenant le constater dans le message de Valérie (je la remercie d’avoir précisé sa doctrine), la philosophie des lumières est au coeur du débat relatif à l’Appel d’Heidelberg. (problématique écologie progressiste / écologie conservatrice).

  63. Ecoutez Olivier et tutti quanti : faites ce que vous voulez, MAIS fichez la paix aux oiseaux, aux papillons, aux hannetons, aux bleuets, aux abeilles, aux chouettes, aux renards, aux tigres, au gorilles aux orang outang!aux ruisseaux, aux foréts, aux poissons, aux petits peuples des forêts bref à tout le reste de la « création » qui n’est pas nous nous nous et notre soif inextinguible de je ne sais quoi! que tous deviennet comme TABOUS! ou incontournables et non pas de simples variables d’ajustement!

  64. Olivier, vous etes libre de voir le monde comme vous le souhaitez. Vous posez des mots sans bien les definir ni decrire leur rapport avec la realite observable (et vous ne prenez pas non plus position par rapport aux exemples precis, pris de l’actualite immediate, que j’ai donnes),
    et ensuite vous prenez position dans cet univers que vous avez vous-meme faconne. Libre a vous !

    Je ne vois pas ce que l’article de « respublica », qui brosse un panorama d’approche vaguement sociologique mais completement amateur en guise d’histoire des idees, peut apporter au debat, surtout vu la phrase de conclusion qui vend la meche avec une naivete a faire tomber les bras.

    Personne n’a critique l’avion solaire ici mais si c’est pour croire encore une fois a « l’energie gratuite », au « paradis energetique », alors je vais le faire ici meme !

    Merci on a deja donne ! La fois d’avant, l’abondance infinie ca s’appelait « nucleaire » !

    La pollution informatique, toutes les puces et appareils programmes pour etre desuets en 5 ans ou meme moins, les photopiles en font partie ! C’est bourre de produits toxiques, (y compris les batteries qui ne durent que 3 ans) ca fait une pollution enorme dont on ne sait que faire et qui croit exponentiellement !

    Mais ce qui me fait plus peur encore que la pollution c’est l’enthousiasme benet, la croyance qu’une solution miracle existe et qu’une fois trouvee il suffit de la multiplier.

    Si l’industrie atomique en etait reste a l’echelle de Marie Curie, qui dit que notre connaissance de l’univers serait moindre ? La mecanique quantique s’est faite sans reacteur nucleaire ! Il y aurait bien quelques fous pour dessiner des avions atomiques en nous promettant des voyages gratuits vers les iles des vacances… ou vers la lune… Il suffirait de ne pas trop les ecouter.

  65. @ Marie:
    Entièrement d’accord avec vous: l’objectif est bien un développement durable permettant l’épanouissement de 9 à 10 milliards d’êtres humains en 2050, tout en limitant l’impact de ce développement humain sur l’environnement et la biodiversité en particulier (y compris les bleuets et les tigres, mais pas seulement eux).

    C’est bien parceque c’est cela l’objectif qu’il convient de faire preuve de pragmatisme. Comme le dit si bien Bertrand Piccard: « Personne n’est prêt, même au risque de détruire la planète, à régresser dans son niveau de vie. Puisqu’on ne peut pas changer le caractère de l’être humain, essayons de composer avec son fonctionnement. »

    Il convient donc de développer une écologie pragmatique, opérationnelle, adaptée à l’être humain.

    Les écologistes français lavent-ils leur ligne à la main, ou possèdent-ils une machine à laver ?
    http://www.ted.com/talks/hans_rosling_and_the_magic_washing_machine.html
    (sous-titré en français si nécessaire)

    @ Laurent: je ne partage pas votre avis concernant
    l’article respublica. Mais j’ai déjà passé beaucoup (trop) de temps ici, j’ai du travail, je vous invite à un échange téléphonique (si vous êtes intéressé, envoyez-moi un mail à contact@decouplage.org et je vous indquerai mes coordonnées téléphoniques. Si vous n’êtes pas intéressé alors je vous dit bon vent)

  66. A propos du choix des mots…
    – « Lobby ». Je trouve gonflé de regrouper dans le même vocable des groupes qui font pression pour défendre des intérêts économiques (profits, parts de marché…) et des militants qui défendent l’intérêt général.
    – « Ecologie progressiste et écologie conservatrice ». Je découvre ces expressions et les bras m’en tombent. Le choix des adjectifs est en soi révélateur : progressiste, pour le camp du bien. Mais de quel progrès parle-t-on ? Celui qui prétend ménager la chèvre et le chou, la logique de destruction massive et la vie ? Conservatrice, pour le camp des ringards. Un beau procès d’intention, en somme.
    – « Débat d’idées et attaques personnelles ». Là encore, le bien d’un côté, le mal de l’autre. La frontière est-elle aussi étanche que ça ? Le côté courtois ne dissimule-t-il pas, parfois, une violence d’autant plus forte quelle avance masquée ?
    Frédéric

  67. « ils sont bien moins que des humains! »

    Winston, vos propos sont vraiment en phase avec ceux de Savitri Devi, nazie française et préceptrice influente de Cornelius Castoriadis:

    « Ces pages reflètent l’expérience d’une longue vie dominée par un seul état d’âme — la nostalgie
    de la Perfection originelle — et consacrée à un seul combat : la lutte contre toutes les formes de décadence. Cette lutte, — dans l’esprit de la Tradition éternelle et par conséquent plus qu’humaine (…) »
    http://objectifterre.over-blog.org/article-savitri-devi-ecolo-nazie-francaise-et-preceptrice-influente-de-cornelius-castoriadis-107310175.html

  68. Olivier,

    Je vous publie, mais je vous prie instamment de ne pas abuser. Deux points. Vous accolez sans raison apparente l’adjectif « influente » à préceptrice. Si vous avez des informations fiables, aucun problème. Mais sinon, abstenez-vous !

    Deuxième point. Vous omettez de préciser que c’est grâce à Castoriadis lui-même que l’on sait que sa préceptrice était Savitri Dezi, personnage en effet détestable. Et s’il le fait, outre son honnêteté certaine, c’est qu’il sait, tout comme moi – mais pas comme vous – que nul n’est responsable de son précepteur. De la même manière que nul n’est responsable de ses ascendants.

    En somme, je réclame de votre part un contrôle que, si vous ne l’exercez pas, j’assumerai sans hésiter.

    Fabrice Nicolino

  69. Je n’ai pas la force de frappe d’Olivier (deux blogs, plus du quart des messages sur les deux articles concernant Heidelberg, un CV d’écolo « exemplaire », n’en jetez plus) et je n’envie nullement cela … Je me contenterai de quelques mots. J’avais initialement prévu de répondre sur le fond (sur le scientisme, les Lumières, etc.) mais le dernier post d’Olivier (ainsi que le dernier article sur son blog, je cite : « Sur son blog, Fabrice Nicolino fait la promotion des idées anti-lumières de Cornelius Castoriadis…qui a été formé et fortement influencé par l’écolo-nazie Maximiani Portas (qui a choisi de prendre ensuite un nom hindou, Savitri Devi…) ») me révulse profondément et je ne vois plus aucun intérêt à discuter à partir du moment où les principes élémentaires de l’éthique et du débat rationnel sont bafoués. Cela en dit long sur notre triste époque, où l’internet vient renforcer l’irresponsabilité, le narcissisme, la frénésie du clavier et du copier coller et la fébrilité (n’oublions pas que le premier réflexe d’Olivier a été de soupçonner Fabrice de censurer son premier message sans être capable d’imaginer que la machine attendait l’aval de notre modérateur qui, comme la plupart d’entre nous, sauf Olivier semble-t-il, ne passe pas son temps derrière son écran …).
    Quelques mots donc. Que l’on puisse, à la faveur de quelques clics sauvages sur le net, bien à l’abri derrière son clavier, accuser de nazisme un homme qui l’a combattu à ses risques et périls pendant la seconde guerre mondiale (en compagnie de Kostas Axelos et d’Agis Spinas – allez chercher M. Olivier et calomniez encore si vous l’osez), tout comme il a combattu le capitalisme, le stalinisme, les régimes oligarchiques et toutes les formes d’imposture intellectuelle, combats menés au nom du meilleur de ce que fut l’héritage des Lumières, vraiment, voilà qui est le comble de l’ignominie !!!

  70. Pour Olivier, etc.

    Je découvre ce que m’apprend Leyla. Poursuivant dans cette si mauvaise manière du double – triple, quadruple ? – discours, vous m’attaquez sur votre site sans, bien entendu, oser le faire ici. Et je vous dis tout net que cela suffit. Je refuse de cautionner plus avant votre façon si singulière de penser la discussion. Vous avez eu toute liberté d’exprimer votre point de vue, mais à toute chose, il y a une limite. Elle est atteinte sur Planète sans visa. Allez exercer vos talents calomniateurs là où ils seront appréciés.

    Fabrice Nicolino

  71. Une fois n’est pas coutume, en m’attardant sur le net suite à mon commentaire précédent, j’ai pu voir à quel point la frénésie du clavier pouvait être dévastatrice.
    Il serait peu charitable de s’attarder sur le cas d’Olivier (chacun peut aller voir sur place : http://objectifterre.over-blog.org/article-savitri-devi-ecolo-nazie-francaise-et-preceptrice-influente-de-cornelius-castoriadis-107310175.html) qui manie les amalgames, les contrevérités, les approximations et la calomnie avec un art consommé de la mauvaise foi en images et en couleurs …
    On notera simplement que les masques tombent : Olivier avait semble-t-il des comptes à régler avec Fabrice (je le cite : « Vous avez censuré mon commentaire, et vous osez venir jouer à l' »écolo » courageux, vous qui n’hésitez pas à agresser lâchement mon amie Diane Szynkier du Ministère de l’environnement, ainsi que l’Avocat Arnaud Gossement, un vrai écologiste humaniste. Votre attitude est pitoyable et vous seriez bien inspiré, par simple soucis d’honnêteté intellectuelle, de rebaptiser votre blog « Planète sous visa écolo-conservateur » – même source). Mais si, au passage, dans les dommages collatéraux de ses opérations de « lobbying » – de son propre aveu (art du rapports de force où tous les moyens sont bons …), Olivier a dû violer et la vérité la plus élémentaire et la décence ordinaire, voilà qui ne doit selon lui attrister que les esprits chagrins ou hystériques (je veux croire que même les amis humanistes dont se réclame Olivier s’attristeront de ses méthodes honteuses). Visiblement, le débat rationnel sans aménité n’est pas du goût de tout le monde : dès lors que des certitudes bien ancrées et des intérêts bien lourds sont en jeu, on s’en sort par la calomnie et la bêtise. La chose, pour n’être pas nouvelle, n’en reste pas moins affligeante. Faut-il rappeler que les Lumières, qu’Olivier prétend défendre, à l’image d’un Voltaire ou d’un Rousseau, savaient débattre et ferrailler contre les imposteurs de leurs temps, avec un ton et une ironie qui les faisaient passer pour de terribles « agresseurs » et « autoritaires » de la part de ceux qui ne savaient comment répondre ? Il est bien triste de voir Prigogine, scientifique majeur en effet (ce qui n’empêche en rien l’aveuglement politique et le scientisme – une discussion sereine et rationnelle permettrait de distinguer clairement science et scientisme …), être défendu par un tel individu …

    Mais si l’on veut dépasser la basse polémique,
    ce qui demanderait en revanche du temps et du boulot, c’est de dénoncer et démonter les ravages d’un certain nombre d’ouvrages (à commencer par celui de Ferry en 1992) qui veulent faire croire que l’écologie se partage en deux courants opposés : une bonne écologie, humaniste, rationnelle et tout et tout, et de l’autre une très vilaine écologie, irrationnelle, conservatrice et pout tout dire fasciste et même nazie … Je crois que ce qui est évacué par cette « diversion » (on voit quels intérêts elle peut servir …) c’est une toute autre opposition : celle entre l’environnementalisme (avec différentes variantes, mais qui ne veut pas remettre fondamentalement en cause le capitalisme et les régimes oligarchiques dans lesquels nous sommes, seulement les « réformer » – via des ministères et des grands « sommets », via le capitalisme vert ou bien via le « Green Deal » …) et l’écologie radicale (qui part du postulat que l’état des choses doit être radicalement transformé et qui peut se séparer au moins entre une écologie dite « profonde », surtout éthique je dirais, et une écologie « sociale » ou mieux inscrite dans le grand mouvement d’émancipation et d’autonomie). J’avais ici proposer de discuter notamment à partir du livre Ecologie sociale et écologie profonde en débat (débat entre Murray Bookchin et Dave Foreman) où ces distinctions sont proposées et qui part d’un coup de gueule de Bookchin par rapport aux dérives de certains écolos américains. Car(mais cela n’a rien à voir avec les amalgames d’un Olivier ou d’un Luc Ferry), il y a en effet des dérives et des récupérations autoritaires de l’écologie. Il serait bon de mettre un certain nombre de choses à plat. Mais il est tard, ce sera pour une autre fois.

  72. je suis d’accord avec Leyla. Malheureusement Olivier represente un cas de moins en moins rare, typique des gens nourris aux medias (surtout audiovisuels) qui n’ont plus le temps de lire des livres, encorer moins de penser, et a qui la « puissance de feu » d’internet, a l’image des gamins a qui on fait faire des « projets » sur leur ordinateur a base d’images glanees sur le net et juxtaposees, donne l’illusion de la substance. Son ignorance et son culot me desarment, malgre sa hargne et son racisme a peine voile… J’espere qu’il prendra un jour le temps de connaitre les gens qu’il insulte de maniere si legere, de Castoriadis aux Bouddhistes, en passant par les Bishnoi… Et meme Prigogine, dont ca m’etonnerait qu’il l’ait lu…

    Sinon, il est normal et sain qu’il y ait des debats vigoureux sur l’ecologie. Comme a la pointe d’une pousse fraiche, ou la seve prend forme avec une substance toujours nouvelle, prenant appui sur la tige, qui est le rejet, le residu d’un effort appartenant deja au passe.

    Si l’ecologie se pose des questions de plus en plus difficiles c’est la preuve qu’elle a fait du chemin. Si le capitalisme est devenu « plus ecologique que moi tu meures » c’est la preuve eclatante (et amere) du succes de l’ecologie, qui est condamnee a se depasser.

    « Que faire? La revolution. La vraie. Pas l’anticapitaliste, qui ne fait que deplacer les contradictions a l’interieur du systeme technocrassique. La radicale, la totale, l’irrecuperable et l’irreversible. Les rapports d’argent sont une forme des rapports de force. On supprime les rapports d’argent, il ne reste que les rapports de force. C’est pire. Il faut ruser. Il faut faire la revolution sans passer par la force, sans passer par la victoire (oh ! que ce sera penible, ca!), la faire en douce, gentiment, avec le sourire, avec des fleurs, pour le plaisir. – restant sans cesse en-dessous du seuil de fascisation. Sinon, on y passera tous. »

    Pierre Fournier, Charlie Hebdo No. 13, 15 Fevrier 1971 (reproduit dans « Fournier precurseur de l’ecologie » p. 188)

  73. http://www.gillesclement.com/fichiers/_copylefttextes_70146_alternative-ambiante.pdf

    lire ce livre de Gilles Clément : l’alternative ambiante (en copyleft)dont voici une partie de l’ extrait renvoie à la logique instillée par Olivier et bien d’autres (le grand penseur Jules Ferry etc..y doit aussi figurer le grand pascal bruckner).
    II – Comment se débarrasser de l’écologie
    Cette importance et cette profondeur –utiles à la création d’un véritable projet
    politique- n’ont pas échappé à certains observateurs, à certains détracteurs. Pour sauver le marché consumériste il faut anéantir la pensée écologiste.
    Deux campagnes d’influence
    oeuvrent dans cette direction sans parvenir complètement à annihiler le sentiment d’une
    urgence écologique . Sentiment partagé dans l’impuissance par une humanité contemplative
    de son propre désastre. La première consiste à ériger l’écologiste en ayatollah en se référant à
    la deep ecology (écologie radicale) qui prône la rigueur. Luc Ferry y verra une dérive puriste
    fascisante, insistant sur le fait que le mouvement écologiste né en Allemagne, n’a pas été

    combattu par Hitler, au contraire. La seconde, plus habituelle, consiste à tourner l’écologiste
    en être inconséquent, ridicule, incapable d’aborder les réalités économiques et sociales.
    Seule la troisième campagne –en pleine action à l’heure où j’écris- se rend maître du
    projet d’éradication de l’écologie en tant que processus gestionnaire de la planète. Après avoir
    été tournée en ridicule, assimilée à un délire de poètes infantiles ou à celui de dangereux
    sectaires, l’écologie –que l’on pourrait croire enfin sortie d’un long isolement- subit l’ultime
    assaut de ses détracteurs : la récupération.
    Comment se débarrasser d’une vérité gênante, intrusive et récurrente, contraire à
    toutes les options de la croissance ? Peut-on, par ailleurs, contredire les constats de la science,
    maintes fois vérifiés –sur le réchauffement planétaire, la perte de diversité ou tout autre bilan relevant de la seule observation- sans se discréditer et perdre la face ? Comment faire taire le discours de l’opposant au système productiviste supposé régler tous les problèmes de
    l’humanité sinon en l’absorbant dans le système lui-même pour le faire disparaître à tout
    jamais ?

  74. Hitler baisait-il? mangeait-il? ch…t-il? rotait-il? etc.. je crois bien que oui, cela veut-il dire que ces fonctions soient entachées à jamais de vilénie nazi? et pourquoi se borner pour argumenter à son seul supposé « végétarianisme »? et amour des bêtes?

  75. Laurent : « J’espere qu’il prendra un jour le temps de connaitre les gens qu’il insulte de maniere si legere »

    Je reconnais bien là votre optimisme. Hélas, dans ce cas très précis, je ne le partage pas.

    Laurent encore : « Il a l’air tres bien ce texte de Gilles Clement. Il merite une serieuse lecture. Merci Marie ! »

    Bien d’accord. Le vôtre est très bien aussi.

  76. Post-scriptum… Plus teigneux que je ne pensais, Mr. Olivier repond aux commentaires que j’ai fait sur son blog mais sans les publier, inaugurant ainsi une forme originale de censure… Plutot que de gacher de l’espace ici en reproduisant des commentaires qui ne concernent que lui, voici quelques pensees qui m’ont nourries et qui me paraissent etre des antidotes a la pensee d’un Luc Ferry, dont je commence a comprendre qu’il y a un rapport etroit entre son livre sur l’ecologie et celui sur l’esthetique, et dont notre Olivier semble avoir decide de se faire un petit soldat. Il est d’ailleurs tres interessant de constater qu’il y a depuis une decennie un regain d’interet pour Schiller (livre de Gayatri Chakraborty Spivak – Education esthetique a l’ere de la mondialisation – et plusieurs articles et theses en sciences humaines)

    Voici donc quelques citations qui remettent en cause radicalement la tentative de definir l’homme comme une dichotomie entre nature et culture (pour prendre une terminologie moderne, mais au fond l’idee est la meme) :

    « Qui maintenant interrogerait un homme véritable qui là opère à partir de son propre fond : Pourquoi opères-tu ton oeuvre ?, devrait-il répondre de façon juste il ne dirait rien d’autre que : J’opère pour la raison que j’opère. »

    Maitre Eckhart, Sermon 5 b
    Traduction de G. Jarczyk et P.-J. Labarrière

    « L’homme ne joue que là où dans la pleine acceptation de ce mot il est homme, et il n’est tout à fait homme que là où il joue »

    Schiller, lettres sur l’education esthetique de l’homme

    « L’esprit de vérité peut résider dans la science à la condition que le mobile du savant soit l’amour de l’objet qui est la matière de son étude. Cet objet, c’est l’univers dans lequel nous vivons. Que peut-on aimer en lui, sinon sa beauté ? La vraie définition de la science, c’est qu’elle est l’étude de la beauté du monde. »

    « Quand ce qui est en question est le bien, la beauté est une preuve rigoureuse et certaine ; et même il ne peut y en avoir aucune autre. Il est absolument impossible qu’il y en ait aucune autre. »

    Simone Weil, L’enracinement, prelude a une declaration des devoirs de l’homme

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