Faut-il réellement sauver PSA ?

Ce n’est pas bien drôle, car je m’apprête à parler de la bagnole, ennemie du genre humain et de la vie sur terre, bien au-delà de notre espèce. Je vais même parler de Peugeot et de la France de M.Hollande, mais avant cela, un mot pour détendre l’atmosphère. Je vois que certains continuent de voir des avantages à cette invention des Enfers. Je dois reconnaître que, bien que n’ayant pas d’automobile, je m’en sers à l’occasion. Et l’occasion n’est jamais si loin que cela. Aussi bien, je n’entends pas me complaire dans un exercice de culpabilisation, fût-il tourné contre moi-même. Au fond, la situation est si grave qu’elle mérite davantage que simple flagellation.

J’ai écrit ici plusieurs articles sur le sujet, dont je ne citerai que deux. Le premier racontait une France qui aurait tout misé sur le train il y a cent ans (ici). Comme cela aurait été merveilleux ! J’en ai le frisson rien qu’en y pensant. Nous aurions pu nous passer de l’étalement urbain, de nombre de cancers des bronches, des autoroutes si désespérantes, d’une partie au moins de cette vitesse qui tue l’esprit humain. Dieu ! nous avons échappé à un vrai bonheur.

Le second (ici) évoque une étude apparemment sérieuse de l’été 2009, dont je vous livre ce court résumé : le monde comptait alors 672 millions de bagnoles, mais par la grâce d’une augmentation de 600 % des ventes dans les pays « émergents » d’ici 2018, il pourrait espérer atteindre cette année-là 1,5 milliard d’unités. Nous sommes sur cette route. Bien sûr, cela suppose une apocalypse humaine, géographique et spatiale, sociale, sanitaire, écologique. Complète et totale. Mais qu’importe, franchement, à ceux qui prennent les décisions en notre nom ?

Je serai bien incapable de seulement imaginer, dans les grandes lignes, ce que ce programme de destruction de l’espace, des ressources, de l’avenir signifie. En fait, je crois bien que cet effort d’anticipation dépasse les capacités humaines. Dans le Sud, pour ne regarder que de ce côté, la bagnole individuelle trucide ce qui sert de villes et oppose chaque jour un peu plus, dans une sorte de guerre civile – larvée, pour l’heure – ceux qui tiennent un volant et ceux qui courent derrière. Ces crétins au pouvoir ne semblent pas même imaginer cette évidence qu’une ville a ses limites physiques intrinsèques. Et qu’en y ajoutant chaque jour des milliers de véhicules en plus des autres, il arrive un moment où plus personne ne circule. Je suis injuste : les bureaucrates de Canton, en Chine, viennent de décider de limiter à 120 000 par an le nombre d’immatriculations nouvelles. La ville compte à la louche 2,4 millions de bagnoles, soit 2,5 fois plus qu’il y a cinq ans, avec une croissance annuelle moyenne de 19% (China Business News). Je parie que la mesure ne tiendra pas. Où iraient les millions d’autos produites désormais chaque année en Chine ? Allons, soyons sérieux.

Venons-en à Peugeot PSA. Qui annonce en France une baisse de 13 % de ses ventes mondiales. Préalable plus que probable à un plan de licenciements massifs. Notamment à Aulnay-sous-Bois, où j’ai distribué naguère, sous les coups des staliniens de la CGT et des petites frappes fascistes de la CFT, des tracts appelant à l’unité entre Français et immigrés. Si je note au passage cette anecdote, c’est pour insister sur un point : je souhaite que la vie et le travail des milliers de prolos d’Aulnay soient considérés, respectés et d’une certaine manière protégés.

Mais de quelle manière ? La droite – je ne prends pas la peine de chercher – ne voit qu’une solution : un surcroît de compétitivité qui permettrait à PSA de tailler des croupières aux autres constructeurs. En avant vers le néant, et pied au plancher. La gauche gouvernementale envisage – ce sera peut-être fait dans les prochaines heures – d’accorder des aides publiques à l’entrepreneur privé pour sauver les quelques meubles encore debout. Il faut sauver PSA, car la bagnole, c’est l’économie, et si le chômage étend encore son ombre menaçante, adieu aux élections de 2017. En avant vers le néant, pied au plancher. La gauche mélenchoniste et communiste rappelle les profits passés du groupe automobile, et exige que le pouvoir empêche des « licenciements boursiers » et accorde des « droits nouveaux aux travailleurs dans la gestion de leurs entreprises ». Les écolos officiels d’Europe-Écologie Les Verts se planquent derrière dossiers et maroquins. Pas un ne prend la peine de parler aux prolos de PSA de l’avenir. Il y a des coups de pieds au cul qui se perdent.

Le futur est par définition dans les limbes. Mais qui est écologiste ne peut que constater cette évidence : la bagnole individuelle appartient à un temps du passé, pendant lequel les hommes, en naïfs indécrottables, pensaient le monde sans ses limites. Changer, aussi vite qu’il est possible, de modèle universel de déplacement est d’évidence un impératif catégorique. Je sais bien que cela semble un objectif démesuré, mais sauver les écosystèmes de leur affaissement, aussi. La bagnole n’est simplement pas possible. Ainsi qu’on disait naguère, ainsi que j’ai pu le clamer sur les berges de la Seine au printemps 1972, « la voiture, ça pue, ça pollue et ça rend con ». Comme je n’ai pas changé d’avis, comme au contraire j’ai ajouté quantité d’arguments contre le monstre de métal et de plastique, j’en arrive à me demander si je ne suis pas obsédé sur les bords. Possible.

Mais il y a de quoi. Les sommes démentielles englouties dans la voiture, ses réparations, ses accidents, les routes, les cancers induits, les drames et sacrifices familiaux itou, doivent être réaffectées à la restauration écologique de la planète, de manière à assurer le minimum pour les dix milliards d’humains qui seront là dans quelques années. À moins que nous n’entendions nous débarrasser des surnuméraires ? Les humanistes-droits-de-l’hommistes qui n’abordent pas le sujet me font royalement chier.

Tout le reste est aussi absurde que criminel. Les forces politiques préfèrent leur démagogie et leur stupidité coutumières. Pourtant, PSA pourrait devenir une occasion historique de faire comprendre aux ouvriers de l’automobile que The Times They Are a-Changin’. Que cela plaise ou non, les temps sont bel et bien en train de changer. Il faut enfin dire que les métiers associés à l’automobile sont condamnés par la crise écologique. Sans jeter à la benne les ouvriers, qui ont perdu santé et jeunesse dans les ateliers. J’ai une idée, qui ne vaut peut-être pas tripette, mais qui en tout cas permet d’ouvrir une discussion.

Un, il faut garantir l’avenir professionnel des ouvriers de l’automobile. Sans conditions, par une signature publique qui nous engagerait tous. La France est encore assez riche pour cela. Deux, et pour commencer, il faut fermer l’usine d’Aulnay. D’autres suivront, inéluctablement. Trois, il existe sur place un savoir-faire ouvrier et technicien fabuleux. Et des machines. Quatre, il faut faire de PSA-Aulnay – je continue de prendre Aulnay comme point de départ – un lieu symbolique de notre volonté de changement.

Symbolique, mais aussi réel, matériel. Aulnay pourrait devenir la pierre de fondation d’une industrie de l’énergie renouvelable. Cela vous semble niais ? Poursuivons. L’Allemagne est en train de bâtir des services éoliens et solaires qui font de ce pays – qui sort du nucléaire – un exemple. Je n’oublie pas le reste, vous vous doutez bien. Ni Merkel, ni le reste. Mais en tout cas, l’Allemagne nous montre qu’il n’existe pas un seul chemin. Si la question énergétique est en France aussi taboue, c’est bien sûr à cause de la surpuissance de pouvoirs comme EDF et Areva, qui disposent de clientèles politiques dans les deux camps.

Or, il est facile de faire l’inventaire de certains besoins énergétiques satisfaits en dépit du bon sens. Des particuliers, mais aussi quantité de collectivités – villages et bourgs, petites boîtes, paysans, pêcheurs, etc. – pourraient aisément – non, d’accord, pas aisément – basculer vers un usage raisonnable de formes d’énergie renouvelable. Encore faudrait-il définir un cahier des charges, dessiner des prototypes, essayer, prouver, vendre.

PSA-Aulnay, coincé dans une zone industrielle immonde, pourrait devenir un lieu de réflexion et d’action de valeur mondiale. Certes, pas en un mois, pas en un an, pas même en dix ans peut-être. Mais n’est-il pas essentiel, compte tenu de la merde suffocante où nous sommes plongés, de relever enfin la tête ? D’avoir de l’ambition ? De tenter des coups susceptibles au moins de redonner un peu d’espoir ? Une telle initiative est inconcevable sans un débat social de qualité. Sans un engagement collectif sans faille. Sans la garantie qu’on ne laissera pas tomber les prolos d’Aulnay et d’ailleurs.

Est- ce concevable ? Je ne sais. Les forces politiques, Verts compris, sont en dessous de tout. Si l’on met de côté le friselis à peine perceptible de leurs microscopiques divergences, chacun peut voir ce qui se prépare. Le marché automobile français est dit « mature ». Trop de gens ont trop de bagnoles – une, deux, trois-, souvent récentes, rarement à bout de souffle. Renault importe, ce traître, des voitures low cost assemblées en Roumanie, comme la Logan. Le client devient rare. La seule perspective de relance, c’est la prime à la casse, associée à des modèles nouveaux, que l’industrie du mensonge – la pub – rendra appétissants. Toute la classe politique, malgré ce que certains prétendent, est au fond d’accord avec ce modèle, qui nous condamne tous.

Alors quoi ? Alors, en attendant mieux, parler. Se parler. Réfléchir. Ensuite entraîner. Et ne jamais oublier que nous n’avons rien à attendre de ceux qui dirigent, quelle que soit leur couleur. Tant que la société ne sera pas en mouvement, les castes professionnelles au pouvoir resteront au service de la destruction. C’est l’histoire de la poule et de l’œuf ? En effet. Sommes-nous la poule, sommes-nous l’œuf ? Je m’en fous. J’attends l’omelette.

68 réflexions sur « Faut-il réellement sauver PSA ? »

  1. Bonjour,
    j’aime beaucoup la dernière phrase de G.Monbiot dans un de ces articles récent présenté ici : « Était-ce trop demander aux gouvernements du monde, qui ont accompli des miracles tels que les bombardiers furtifs et la guerre des drones, les marchés mondialisés et les renflouements à coups de milliers de milliards de dollars, que de dépenser, pour sauver notre planète vivante, un dixième de l’énergie et des ressources qu’ils ont consacrées à ces projets ? Il semblerait, hélas, que c’était trop demander. »

    Tout le problème est de vouloir vraiment ce changement, même quand on est pas un « gouvernant ».

  2. « Il n’est pas vrai que nous n’ayons besoin que d’acier bien trempé, d’automobiles, de tracteurs, de frigidaires, d’éclairage électrique, d’autoroutes, de confort scientifique. je sais que tous ces robots facilitent la vie, je m’en sers moi-même abondamment, comme tout le monde. Mais l’homme a besoin aussi de confort spirituel. La beauté est la charpente de son âme. Sans elle, demain, il se suicidera dans les palais de sa vie automatique. »

    jean Giono, La chasse au bonheur (1966-70)

  3. L´Allemagne a décidé de sortir du nucléaire. C´est bien, parce qu´il n´y a pas d´autre voie possible que celle d´abandonner cette industrie criminelle. Mais…, parce qu´il y a un mais, et de taille. La facture d´électricité va prendre de l´embonpoint, et pas qu´un peu. Le magazine allemand « Focus » rapporte une étude du Karlsruher Instituts für Technologie (KIT) selon laquelle le prix du courant pourrait augmenter de 70 % jusqu´en 2025, cela pour la clientèle de la grande industrie. Pour les ménages, qui eux n´ont pas la possibilité d´obtenir des réductions de tarif conséquentes, la facture risque d´être encore plus salée. Voilà quatre ans que je « m´éclaire » au courant propre et je ne voudrais pour rien au monde revenir à celui fourni par les bombes à retardement que sont les centrales nucléaires. Mais ce courant propre coûte plus cher et j´ai vraiment atteint la limite de mes maigres capacités financières. Et nous sommes des millions de foyers dans ce cas. Nous attendons des réponses du monde politique, c´est maintenant à lui de jouer. Certains experts proposent d´ajuster les tarifs en fonction de la quantité d´énergie produite. Les jours de grand vent ou d´ensoleillement intensif, les prix pourraient baisser. Nous sommes certains que d´autres solutions sont possibles que celle de faire porter tout le poids du fardeau aux petits consommateurs.
    Salutations outre-rhénanes 🙂

  4. Bonjour,
    j’aime bien cette phrase de G.Monbiot dans l’article cité sur planète sans visa :
    « Était-ce trop demander aux gouvernements du monde, qui ont accompli des miracles tels que les bombardiers furtifs et la guerre des drones, les marchés mondialisés et les renflouements à coups de milliers de milliards de dollars, que de dépenser, pour sauver notre planète vivante, un dixième de l’énergie et des ressources qu’ils ont consacrées à ces projets ? Il semblerait, hélas, que c’était trop demander. »
    Tout le problème est de vouloir ce changement, même quand on est pas un gouvernant.

  5. Excellent article, fantastiques commentaires… qui se repondent les uns aux autres. Merci Fabrice, Martine et Valerie !

  6. Alerte, les commentaires disparaissent!!
    Où est passée la réponse de Fabrice à Martine ? Et le mot de Laurent que j’ai lu à l’instant ?

  7. « Faut-il réellement sauver PSA? »

    C’est assez incroyable de lire une petite phrase comme celle-là et de réaliser que la marche entière de ce monde du 21ème suffocant y est contenue… et pensée émue pour Monsieur Jean Pain.

  8. Bonjour,

    Ah, la bagnole ! Sans nul doute, c’est en vous lisant il y a déjà plusieurs années que l’impasse m’est apparue évidente. Comme vous le releviez également, me semble-t-il, dans votre ouvrage sur les « biocarburants », André Gorz faisait déjà état de cette impasse en … 1973 !

  9. « Faut-il réellement sauver PSA? »

    C’est assez incroyable de lire dans cette toute petite phrase la marche entière (ou presque) de ce nouveau siècle suffocant…
    D’aussi loin qu’il me souvienne je me revois souffrant de ce terrible mal du voyage automobile, de ces terribles nausées et vomissements dont je pâtissais enfant, la tête baissée entre les sièges de la SIMCA1000 et le museau enfoui dans un sac plastique pendant de longues heures de calvaire. Gerbes prémonitoires sûrement !

  10. A La petite bergère
    « Gerbes prémonitoires », c’est joli, et assez bien vu. (Pour moi c’était pareil, mais en Simca 1100, et puis dans toutes les autres.)

    Hélas, mes gerbes, prémonitoires ou non, ne m’ont pas empêchée de conduire une voiture, je l’avoue. Je m’en sers le moins possible, mais enfin, vivant où je vis, je ne suis pas (encore ?) capable de m’en passer. Loin de là.
    Comment faire ? Le vélo (25 km aller, 25 retour, dans un massif vallonné et venté) ? L’âne ? L’auto-stop ? L’immobilité complète et auto-suffisante ?
    Tuyaux bienvenus si vous en avez…

  11. A la question je répondrai sans hésitation, non ! C’est à dire rien à cirer de la famille Peugeot et des autres actionnaires. Par contre éviter le drame social serait la moindre des choses même si la transition sera difficile. Mais si elle n’est pas effectuée très bientôt ce sera encore plus terrible dans quelques années. Mais ne comptons surtout pas sur les solfériniens pour sortir de cette impasse, ils n’ont comme horizon que la croissance, l’état comme régulateur et le capitalisme pour chapeauter le tout à nous proposer.

  12. Oui moi c’etait la reponse de Fabrice a Martine que je trouvais fantastique, au sens de excellente… Dommage qu’elle ait disparue !

  13. Le conducteur est aveugle, les passagers en état d’ébriété avancée et la voiture accélère, toujours plus, elle écrase tout un monde, personne ne s’en aperçoit, les amortisseurs ont fait de grands progrès, les chocs, les bruits, plus rien n’est perceptible, la clim a remplacé le vent des arbres et des prairies, les écrans ont pris la place des fenêtres ouvertes sur le ciel, des millions d’années partent en fumée, mille ans de chemins creux rayés de la carte, des heures à flâner en cueillant des mûres, les oiseaux pris dans la nuit des marées noires, les enfants morts à la guerre de l’or noir, les poumons des humains noirs de tant d’années de brumes…
    Oui, la voiture est une arme de guerre, celle que l’on conduit, celle que d’autres conduisent pour nous livrer ce que nous ne savons plus produire ici, ce que nous exigeons à contre-saison, ce que nous réclamons toujours moins cher…
    Oui, PSA mérite de renaître à quelque chose qui donne la vie et non la mort, oui ceux qui triment méritent une autre vie que celle des usines à misère.
    Paroles trop rares, y compris chez les écolos, merci Fabrice.
    Je découvre les articles plus anciens sur les trains, ces trains que j’ai aimés dans mes plus jeunes années. Ces trains grâce à qui j’ai découvert Paris et sa banlieue, le soir qui se pose sur les jardins ouvriers, les villes et les prés au commencement du ciel…
    La voiture est passée par là, la tyrannie des Tgv aussi. Parfois des gares abandonnées surgissent au détour d’un chemin, des rails perdus parmi les herbes nous rappellent ce qui aurait pu être.
    Le train est devenu la proie des ondes et des paroles privées dans un espace public, où plus personne n’écoute personne, où plus personne ne regarde personne.
    J’utilise encore la voiture moi aussi, difficile de s’en passer quand les transports en commun font défaut. J’essaie de ne l’utiliser que pour le nécessaire et de consommer le plus local possible. Et j’apprends la vie dans un jardin dont j’aime à faire le tour, mon grand jardin qui est mon tour du monde, j’apprends les mots qui sont des voyages, les plus beaux sans doute, parce qu’on n’en finit jamais et qu’on peut les partager.
    Frédéric

  14. Valérie : à la campagne on ne peut pas se passer de bagnole, sauf à vivre dans un isolement dingue ou à dépendre des autres (et de leurs bagnoles). Je pense qu’il vaut mieux être réaliste sur ce point.
    Moi aussi j’avais le mal de voiture dans l’ami6 des parents surtout sur les routes Vosgiennes et je carburais à la nautamine, mais le mal de voiture est passé en quittant les parents 🙂

  15. Flore
    Merci d’apaiser un peu ma mauvaise conscience. Mais je ne suis pas sûre que nous soyons totalement absouts pour autant : beaucoup sont allés/retournés habiter les campagnes avec la voiture dans la tête, ce qui ne fait que déplacer les problèmes — certains problèmes en tout cas.

    (Ah, les Citroën, pires que tout. La DS de mon grand-père et ses suspensions molles à soulever le coeur…)

    Frédéric
    Le souvenir de ce que nous avons perdu survit encore dans les livres (non jetables). C’est une bien terrible consolation — et pourtant c’en est une. Un peu perverse peut-être, mais sans laquelle je ne pourrais pas tenir, personnellement, devant la perte de tout.
    Deux noms me viennent en vous lisant.
    Les chemins creux : avez-vous lu Gustave Roud ?
    Les voies ferrées et les jardins ouvriers : André Dhôtel. Certains émerveillements de lecture demeurent aussi forts que de vrais souvenirs.

  16. Je ne connais ni Gustave Roud ni André Dhôtel. Quels titres me conseillez-vous ? Ma culture est pleine de trous et ce n’est pas la culture des poireaux qui va arranger ça ! Quoique parfois, je me dis que le jardin me cultive à sa façon. Tout n’est-il pas dans le regard que l’on porte sur la vie proche, dans l’attention (et l’intention) que l‘on met dans chaque geste, du semis au porte-graine, dans ce qui nourrit au sens le plus large ?
    « Certains émerveillements de lecture demeurent aussi forts que de vrais souvenirs. » Oui, je ressens aussi que mettre des mots sur ce qu’on a vécu, perçu, donne une intensité plus forte au réel. Parfois, je vais même jusqu’à penser que ce qui n’a pas été mis en mots n’a pas été pleinement vécu. D’autres fois, je sens plutôt que vivre l’instant en pleine conscience suffit amplement, quand on y parvient ! Question d’humeur.
    Concernant la mauvaise conscience liée à l’usage de la voiture, comment l’éviter (j’allais écrire léviter !) ? En essayant de faire ce que l’on peut sur la durée, en tenant compte de ses limites et de l’usage de la voiture que l’on « sous-traite » ?
    Je précise sur la durée, car j’ai vu des personnes s’installer à la campagne avec de grandes ambitions, renonçant à l’usage de la voiture entre autres, avant d’y revenir pire que tout.
    Question limites, j’essaie de composer avec les miennes. Faire mes déplacements à vélo, connaissant mes fragilités, ne m’entraînerait pas loin. Renoncer à la voiture serait stopper l’activité que j’ai créée, qui me nourrit sans nuisance, hormis celle de la voiture. Ce qui n’est pas rien, mais ce qui est sans doute moins pire que nombre d’activités courantes du coin.
    Question « sous-traitance » de la voiture, j’entends par là des déplacements qu’on ne fait pas soi-même mais que d’autres font pour que nous consommions des produits pas d’ici. Tout ce qui tourne autour de l’autonomie (qui n’exclut pas l’échange, au contraire), la relocalisation, les groupements d’achats… sont des pistes pour réduire l’usage global de la voiture, me semble-t-il, mais vous connaissez déjà tout ça.
    Et la pression sur les décideurs pour développer les transports collectifs, mais on en est bien loin. Quand le prix du carburant sera trente fois plus élevé, peut-être !
    Et peut-être aussi s’inventer ses voyages immobiles ou presque, ce que j’essayais de suggérer dans mon précédent commentaire : un tour du monde que l’on s’offre en faisant le tour de son jardin, un livre pour faire un beau voyage…
    Frédéric

  17. Bonsoir,

    Merci.

    Sauver PSA?

    Il faut aussi savoir être indulgent envers les personnes qui ont besoin d’un moyen de locomotion pour se rendre a leur travail. Avant, tout était a proximité et aller au boulot a pied, en car était fréquent.

    Si PSA ferme, nous aurons droit a la Tata des Indes. Pas mieux! En plus elle est beaucoup moins onéreuse, donc plein de Tata en circulation …

    D’ou que l’on se positionne, la socièté actuelle est ainsi faite pour y entrer un max et surtout pour ne plus pouvoir en sortir. Les « grands » savaient ce qu’ils faisaient, en créant un système de dépendances, ils ne sont pas idiots. Les idiots sont les gens qui suivent, moi y compris, même a une petite échelle.

    Comment faire?

    A moins d’être rentier, ou de bosser a domicile et d’avoir les moyens de faire livrer sur le pas de porte, la voiture personnelle reste pratique. Ne pas en user a tout va, est déja un progrès.

    Je veux bien chercher le Charlie Hebdo a pied, mais pas la bouteille de gaz! 🙂 Faible femme! 🙂

    Je ne prend la voiture que pour le plus neccessaire et je fais tout la même demie journée. Les petites courses locales, les journaux, bisouter ma maman … Pour ce que je fais tout les matins, c’est du co-voiturage. Mais c’est déplacer le problème …

    S’il n’y avait pas ma maman, et le « bien voler » du matin, je pourrais rester des mois sur ma colline. C’est d’un triste pensent ceux de la ville. Croyez vous? 🙂 🙂 🙂 C’est un choix de vie, je peux comprendre qu’il ne convienne pas aux autres. Il est plus difficile a entreprendre et a assumer lorsque l’on des enfants.

    PS. Dans la quatre chevaux de mon papa, c’est ma soeur qui me vomissait dessus.

    Amitiés,

  18. Coucou

    « Oui moi c’etait la reponse de Fabrice a Martine que je trouvais fantastique, au sens de excellente… Dommage qu’elle ait disparue ! »

    Fabrice, vous nous cacher des choses a présent?

    Curieuse … 😉

  19. « Il faut aussi savoir être indulgent envers les personnes qui ont besoin d’un moyen de locomotion pour se rendre a leur travail. Avant, tout était a proximité et aller au boulot a pied, en car était fréquent. »

    Bien sûr LBL, mais tous les conducteurs qui vont au boulot seuls dans leur voiture disent la même chose bien qu’il y ait des car ou des bus vides circulant sur la même route.

    Ils n’ont pas le choix, les horaires ne correspondent pas (ils ne les connaissent pas car ils n’ont jamais fait la démarche), le prix est trop cher (ils n’en ont aucune idée et ne voient même plus le prix exorbitant de la voiture et prennent le prix du billet à l’unité, jamais l’abonnement) et ne remarquent pas que si il y a pas ou peu de transports en commun c’est justement parce que tout le monde a une voiture et déplace plus de 1000kg pour déplacer 80kg.

    La réalité c’est qu’ils ont la flemme de faire 500m/1km à pieds.

    La voiture est un « couloir » aseptisé, cocooné de la porte de la maison jusqu’au travail dans laquelle on croit s’affranchir de ce qui est vu comme des contraintes par le technolibéralisme : porter son propre poids, grelotter ou suer un peu, être avec les autres, risquer de devoir avoir une réelle conversation, pas électronique.

    La voiture étant un marqueur social témoignant de la dévotion, de son sacrifice aux fétiches travail et marchandise, de sa conformité au groupe des consommants, ils n’ont pas envie non plus d’être relégué.

  20. Pour Frédéric Wolff,
    vos premiers mots me font penser à la fin du livre d’Herman Hesse « Siddarta » quand il vit au bord du fleuve avec le passeur et passe ses journées à tirer des enseignements du fleuve.
    Lire des livres tout le monde sait faire mais être en expérience directe avec ce qui est c’est plus « compliqué ». C’est peut-être là pourtant qu’est le véritable changement, quand la mémoire n’intervient plus dans notre vision, quand il y a unité avec ce qui est, quand la solitude disparaît avec l’idée qu’on s’en fait, quand la plénitude est là sans personne pour se l’approprier. Quel bonheur d’être quand la présence se suffit à elle même, sans l’intermédiaire des idées que l’on peut avoir sur la vie ou sur nous-mêmes.

    Ravi de lire ces commentaires, planète sans visa est un des rares blogs ou les commentaires sont aussi intéressants que les billets.

    Bonne journée,
    Mathieu.

  21. Concernant la sacro-sainte bagnole, je crois que l’on touche là à une entité totalement mythique, non négociable.
    Faire du vroum-vroum épidermique, se mouvoir sans attendre vers les attrape-consommateurs ou les lieux d’aisance ludo-touristique, déplacer sa carcasse sans agiter son cholestérol sont des acquis sur lesquel il convient de ne pas revenir. Nous avons été pleinement rassurés sur le sujet durant la campagne présidentielle par notre bon président qui proposait de pousser le volontarisme jusqu’au blocage du prix du carburant. Peu importe qu’il ait été déclaré cancérogène récemment…
    Homo sapiens est bien installé dans la phase automobilus, avant de poursuivre son aliénation dans la version portablus.
    Lorsque la luminosité et le climat le permettent (une quarantaine de fois par an), je parcoure avec joie mes 25 km de trajet domicile-travail à vélo (si, si c’est possible, Valérie). J’aimerais que nous soyions nombreux au point de former des pelotons et de deviser en pédalant au son des oiseaux qui s’éveillent. Malheureusement, mes très nombreux congénères font le même trajet bien seuls dans leur belle bagnole.
    Je fais le malin, mais je suis bien content de réintégrer mon modeste engin à 4 roues lorsque les intempéries jurassiennes se déchainent, ou que j’ai des choses à transporter : dur, la vie à la campagne sans voiture. « L’omelette » de l’organisation de la vie sans bagnole va casser quelques œufs.

  22. Au risque de me faire l’avocat du diable…
    Avez-vous remarqué les voitures neuves sont impossibles à réparer sans passer par le concessionnaire qui détient la « mallette à diagnostiquer les pannes »?
    Ouvrez le capot de ces carrosses au luxe inutile, il y a un second capot de plastique et d’électronique qu’il est impossible d’ouvrir sans outils spéciaux.
    Cette évolution n’est d’ailleurs pas propre à la seule industrie automobile, même les machines de menuiserie récentes sont bourrées d’électronique, et pour les réparer, voire les entretenir correctement, les connaissances en mécanique ne suffisent plus.
    Bref, les constructeurs ne vous vendent plus une machine, vous n’en êtes plus propriétaire; les constructeurs, en les compliquant inutilement vous en concèdent seulement l’usage: pour tout le reste, il faut en passer par eux et leurs « systèmes propriétaires ».
    Il y a de moins en moins de machines simples, et c’est une évolution très inquiétante si l’on veut sortir de la dépendance à la grande industrie. Or, les machines simples (y compris auto et camions, que la traction animale ne peut pas toujours remplacer) sont une des conditions de l’émancipation sociale. En tant que menuisier, je ne suis pas près à revenir au rabot à main, ni a obliger qqun à scier ou raboter des planches à longueur de journée pour que je fasse la partie du boulot la plus intéressante et valorisante.
    Sur ces sujets et quelques autres connexes, je vous recommande Matthew B. Crafoord, Eloge du carburateur, 2010.

  23. Mathieu,
    Merci pour votre commentaire et votre référence que je ne connaissais pas, une de plus à découvrir.
    « Etre en expérience directe avec ce qui est », sans entremise « de la mémoire, des idées », c’est un état que je ressens de temps en temps, de plus en plus. Au jardin, notamment, quand je suis aux côtés d’une planche de carottes à éclaircir, quand je contemple un carré d’herbes et de fleurs sauvages. Dans ces moments-là, il n’est rien d’autre que ce qui est là près de moi. Et moi, je suis tout entier dans ces vies d’herbes et de murmures.
    « Lire des livres tout le monde sait faire », j’en suis de moins en moins sûr. L’agitation continue, le bruit, l’obsession d’être relié en permanence sont autant de freins à la concentration nécessaire à la lecture, j’en ai bien peur. La lecture sur écran aggrave encore cette tendance : on zappe, on picore, on interrompt sa lecture pour ouvrir un message, mettre une musique…
    Mais je cois comprendre ce que vous vouliez dire, au fond : être dans l’unité avec ce qui est, dans sa simplicité, cela ne s’apprend pas comme on apprend à lire, cela se vit dans son être, sans passeur, sans intermédiaire.
    Vous ai-je bien lu ? Quelle est votre expérience de l’unité ?
    Frédéric

  24. Frédéric

    Les livres d’André Dhôtel se fondent tous un peu les uns dans les autres dans ma mémoire, et c’est normal parce que c’est toujours un peu le même qui recommence (et on a grand plaisir à s’y retrouver en terrain familier). Je suis loin de les avoir tous lus (il y en a beaucoup, une belle petite réserve de joie). Quelques-uns cependant émergent : Les premiers temps, Le train du matin, Le ciel du faubourg, Pays natal.
    Pour moi, Dhôtel est une sorte de Giono des Ardennes. Moins profus, moins touffu que lui – Giono s’enivre souvent de sa propre prose, dont il fait absolument ce qu’il veut, Dhôtel est en quelque sorte plus modeste, plus sobre – moins noir aussi, ou descendant moins dans les abîmes de l’âme humaine – et encore, ça reste à discuter – mais la matière de ses romans est la même que celle que travaille Giono : la poésie. Et il y a chez eux le même amour du monde et des êtres – sans la moindre illusion cependant.
    Il y a un livre de Dhôtel qui m’a donné une joie très particulière, et dont je crois pouvoir dire qu’il vous ferait le même effet : c’est La chronique fabuleuse (attention, à ne pas confondre avec La rhétorique fabuleuse, du même Dhôtel, qui m’a totalement assommée). Il y a aussi Retour, dans le genre inclassable.
    Dans sa jeunesse, avant de trouver comment faire de la poésie la matière même de ses romans, il a commis, en admirateur de Rimbaud, un recueil de « poésies » qui s’appelle Le petit livre clair et que je suis heureuse de posséder pour cette phrase pour moi quasi magique :
    « La joie était autour de lui, comme les ailes autour de l’abeille. »
    Ses romans sont pleins de phrase de ce genre, sur lesquelles on rêve pendant des heures. Ce sont presque des prétextes, des écrins pour elles.
    Bon, j’arrête avec Dhôtel (que je n’ai pas lu depuis quelques années).
    Roud : Air de la solitude et Campagne perdue (dans le même recueil, chez l’Age d’Homme). Et le reste, que je n’ai pas encore lu. Je ne vois pas comment vous n’aimeriez pas – mais je peux me tromper.
    Ne vous pressez aucunement, mais si vous les lisez un jour, j’aimerais beaucoup avoir vos impressions (Fabrice vous transmettra mon adresse mail de façon à ce que nous ne parasitions pas trop la ligne 🙂 ).
    Je suis évidemment complètement d’accord avec vous pour émettre de gros doutes (euphémisme) sur le fait que « tout le monde » arrive à lire des livres (et quels livres, d’abord ?). Si seulement c’était vrai, mon Dieu, on n’en serait pas là.
    Désolée pour le « hors sujet », et bonne journée à toutes et tous.
    Valérie

  25. Bertrand, j’ai lu l’éloge du carburateur. Très intéressant sur la notion de travail, mais l’auteur reste un passionné de mécanique et de motos, et une moto, c’est du bruit, parfois beaucoup trop dans les rues et du carburant. Je préfère le vélo, le bus ou le métro (train) pour mes déplacements. Nous pouvons développer la question, aller plus loin dans notre réflexion. Pourquoi fermer PSA ? Comme le dit Fabrice, il y a là des machines, des hommes, pourquoi ne pas les reconvertir dans la fabrication de wagons, de bus… C’est tout l’organisation de notre société qui est à repenser. Et puis, pourquoi privilégier la vitesse (TGV) qui nécessite de grande quantité d’énergie, alors que des trains plus lent font moins de bruit et dépense moins d’énergie. Il y a aussi l’organisation de nos vies. Dans les villes, les hommes vivent beaucoup la nuit, on se rencontre le samedi soir, alors que dans le passer, les repas familiaux, d’amis avaient lieu le dimanche midi. J’ai connu un agriculteur-forêtier qui parcourait quatre vingt km le matin et autant l’après-midi à vélo dans le Jura pour aller manger avec sa grand mère. Et les vélos n’étaient pas les notres. Enfin, « nous avons du pain sur la planche » pour nous adapter aux bouleversements de notre civilisation,et ne croyez pas que ce sera plus facile pour les émergents, car il n’y a rien de plus dur que de sortir la tête de l’eau et d’avoir une main qui vous la replonge aussitôt, car le problème dépasse notre pré-carré.
    Merci à Mathieu, Frédéric et Fabrice

  26. un film de nanni Moretti : « il porta borse », ou le porte serviette. un petit prof de province avec ses problèmes quotidiens : pas d’argent pour restaurer sa maison, sa fiancée travaillant loin et ne pouvant obtenir une mutation.etc..
    il croise un jour le très médiatique ministre Trucmuche (joué par Moretti avec toute l’antipathie et la morgue souhaitées); le dit ministre l’embauche dans son staff rapproché pour écrire ses discours : sa vie change du jour au lendemain: crédits pour la maison, fiancée mutée..
    Avec çà le ministre lui met à disposition une super ferrari : rouge et belle!
    petit à petit le petit prof va découvrir les vilenies cachées derrière toute cette vitrine : des gens laissés pour compte, le ministre caractériel, un poète qui meurt dans la misère ..bref la rupture se consomme entre le ministre et lui, et la dernière scène nocturne du film m’a marquée tant il est rare de voir çà au cinéma : le petit prof et un ami journaliste sont sur une de ces places italiennes autour de la fameuse Ferrari et se mettent ensemble à la détruire à coup de masse; toucher à la voiture (et quelle voiture!) comme çà c’est rare! (rien à voir avec les courses poursuites)

  27. Frédéric,
    d’accord avec vous sur le constat que la lecture est de plus en plus difficile et que la lecture sur écran a amplifié le problème. Je sais aussi qu’il ne suffit pas de savoir lire pour rencontrer un livre.
    Comme vous le dites, l’expérience de soi se fait sans intermédiaire et on est peu préparé à cela dans notre culture. Depuis tout petit on nous enseigne a faire des efforts, à nous inscrire dans un devenir. On a tous passé une vingtaine d’année à peu près à cirer les bancs de l’école avec plus ou moins de succès pour apprendre des choses complexes comme la lecture et l’écriture et se spécialiser dans l’apprentissage d’un travail. Peut-être faut-il passer vingt autres années à tourner le regard à l’intérieur et se consacrer à la connaissance de soi, comme le préconise les traditions orientales. Je crois que la difficulté (pour ne pas dire refus) à changer nos comportements alors qu’on a jamais été autant informé vient du fait qu’on a plus à perdre que notre confort. Qu’il y a une part de nous même à abandonner si l’on veut vraiment « faire du neuf ».

    Concernant l’expérience de l’unité, on ne peut pas trop parler d’une expérience. Car en faire l’expérience c’est déjà être deux. En fait, on peut dire que c’est d’une simplicité extrême, il n’y a qu’à être, à ceci près que plus on cherche à être, moins on est. Et au fond, il n’y a pas vraiment de choses à en dire, c’est la chose la plus intime et à la fois la plus commune. Je crois que c’est la terre des poètes, de l’étonnement scientifique, la source des traditions spirituelles.

    En espérant être clair, merci de cet échange.
    Mathieu.

  28. vous invite à aller regarder l’exposé de Jean-Marc Jancovici :
    http://savoirsenmultimedia.ens.fr/expose.php?id=572

    Exposé fait à École normale supérieure. Il dure deux heures, mais cal vaut la peine d’écouter jusqu’au bout, les questions sont pertinentes. Et même si on est contre le nucléaire, alors que Jancovici est pour, mais il s’explique, son exposé et ses réponses permettent de mieux comprend le problème global qui nous tombe dessus.

  29. @Fabrice, Laurent Fournier, LBL, Azrael, martine, Leyla, valérie Quilis Frédéric Wolf, ours-blanc…

    J’admire votre prose, mais alors je vous plains…car passer autant de temps devant la babasse…chapeau.

    Si on veut “rompre”, il faut souffler un peu. Faire son jardin, etc…
    A la vue de vos commentaires, ça m’étouffe de vous savoir aussi passionnés et aussi assidus à la tâche. J’espère que vous faites encore des rencontres au dehors des blogs…

    En tout cas merci.
    Pierre des Alpes (il fait beau et je vais aller ramasser des framboises, des cassis, des casseilles : ce soir, c’est “confitures”…)

  30. Ben v’là d’la casseille maintenant, l’hybride en F1. Fait rare..hi,hi. Tient pas la route face au cassis pour ne pas dire déconfiture.

  31. Phamb,
    Merci pour votre compassion. L’empathie avec les êtres souffrants devient une qualité très rare. Soyez rassuré toutefois, au moins me concernant : je vais bien.
    Aujourd’hui, j’ai « fait mon jardin », comme vous le suggérez, comme tous les autres jours. Une amie est venue me donner un coup de main, nous avons partagé le repas du midi.
    J’ai téléphoné à une amie qui anime un collectif contre une antenne-relais, nous avons parlé d’idées d’actions locales, partagés entre découragement et colère.
    Ce matin, j’ai aperçu un jeune renard qui avait la couleur du feu, j’ai pensé aux indésirables, à tous ceux qui n’ont pas leur place sur la liste que les humains ont décrétée pour dire qui avait le droit à la vie.
    Voyez, je fais de belles rencontres en dehors de Planète sans visa qui m’apporte bien des réconforts, qui m’aide à découvrir des pensées profondes, des horizons qui agrandissent le mien.
    Bonnes confitures à vous. Ici, les cassis seront bientôt murs, les premières framboises suivront.
    Bien à vous,
    Frédéric

  32. Valérie,
    Merci mille fois pour la sensibilité avec laquelle vous parlez des livres que vous avez aimés. J’ai passé une petite commande auprès de mon libraire préféré. Vivement les jours de pluie qui font aimer les nuages quand un bon livre a pris sa place au creux des mains !
    Frédéric

  33. totalement hors sujet, encore que…il faut bien prendre sa bagnole pour aller à la Prefecture du Lot inscrire sur le registre des Consultations Publiques qu’on est totalement opposé au passage des hélicoptères chargés de saloperies chimiques à pulvériser sur des champs de maïs dont certaines variétés vont servir à confectionner le pop corn.
    les détails dans http://www.lotnature.fr/spip.php?article722
    voir aussi les autres articles de la rubrique Pesticides http://www.lotnature.fr/spip.php?rubrique164
    et merci à Fabrice pour l’hospitalité.

  34. Bonjour à tous,

    Je rejoins un commentaire précédent qui disait qu’il fallait passer plus de temps dans son jardin que devant l’écran, surtout à cette saison !

    Cependant, le sujet m’intéresse. La bagnole, difficile d’y échapper, et encore plus en campagne. Cependant une alternative crédible existe : le vélomobile. Ce vélo caréné ultra aérodynamique procure à son utilisateur la vitesse d’un scooter (bridé quand même)pour un effort raisonnable. Si ce type de machine était assisté électriquement, sa consommation serait l’équivalent de 0.1 litre de gasoil aux 100 km. (à 35 – 40 km/h de moyenne). Le vélomobile ne représente t il pas l’avenir créatif pour se passer de nos voitures ? Moi, j’y crois et je le pratique.

    Sinon, côté voiture, je suis resté en AX diesel. La mienne à près de 300 000 km, consomme toujours aussi peu au regard des autres voitures (3.7 litres / 100 km en moyenne). Je l’utilise quasi exclusivement à pleine charge. Car en campagne, on a certe besoin de se transporter, mais on a surtout besoin de transporter des matériaux pour par exemple construire une maison où comme pour moi s’installer en maraîchage biologique. Le vélomobile me sert pour tout ce qui est administratif. Par exemple, mon cabinet comptable se situe à Nantes, quand j’y vais c’est en vélomobile, environ 55 km avalé en 1h15 à 1h30 selon la forme du moment. Quand je fais cela, je peux réellement me dire que j’ai éviter un trajet en voiture (le mien ou celui de ma comptable qui ne se déplace pas en vélo.). Et j’effectue cette balade deux fois pas an.

    Je dis souvent aux gens que ma tit AX sera ma dernière voiture car une telle voiture bien entretenue peut rouler bien au delà des 600 000 km sans grands frais. Je suis certain de ne jamais atteindre ce kilomètrage car le pic du pétrole me l’interdira mais j’essaie de faire prendre conscience du mal qu’a fait la prime à la casse. On a préférer faire bosser les gars de PSA (syndiqués, regroupés et écoutés) et on a laissé crevé à petit feu tous les vieux mécaniciens (dans les petits garages) qui pouvaient entretenir et faire durer des mécanique fiable.

    Ce qui est sur, et ce qu’il faut retenir de ma démarche, c’est que j’investis le moins d’argent possible dans l’automobile. Je n’ai aucun égo à possèder une belle voiture. C’est même une fierté pour moi d’avoir en apparence la voiture la plus pourrie du parking. Je dis en apparence seulement car mon filtre à air est régulièrement nettoyer et ma voiture ne fume pas, alors que d’autres plus récentes fument déjà.

    Bon, je vous laisse, mes commentaires sont rares à cette saison même si j’aime survoler ce blog. MOn job m’attends dans les champs. Cette saison est vraiment bizarre. On croule sous les fraises et les tomates peinent à mûrir.

    Si vous passez près de chez moi, n’hésitez pas à vous arrêter pour me rencontrer. Je peux même vous accueillir dans le cadre du wwoofing si certains ne savent pas quoi faire cet été.

    Eric Souffleux

  35. Je me permets de transmettre ici un appel qui n’a rien à voir a priori avec l’article sur l’automobile mais qui a quelque chose à voir avec le titre du blog « Planète sans visa » puisque l’auteur de l’appel, Alexei Gusev, fait partie du Cercle Praxis de la Bibliothèque Victor Serge à Moscou. Et puis, dans d’autres commentaires, Martine, Azrael, Olivier et moi, avons discuté droits de l’homme et Russie, à propos de la Syrie … Enfin, en pensant au récent et bel hommage de Fabrice Nicolino à la grande révolte de Kenguir, cela n’est sans doute pas éloigné de ce qui s’écrit ici …
    Alors voici (le site russe est ici :http://www.praxiscenter.ru/, avec une page en français : http://www.praxiscenter.ru/about_us/francais/)
    Appel à la Journée d’action internationale du 26 juillet 2012
    La manifestation du 6 mai 2012 à Moscou s’est révélée une des plus grandes actions de protestation de ces derniers temps. Malgré la campagne officielle de dénigrement contre l’opposition et un certain découragement de la population suite au bilan des élections présidentielles favorable à Poutine, plus de 50 000 personnes sont descendues dans les rues de la capitale russe. Le nombre et la détermination des manifestants ont montré que la vague de contestation débutée en décembre 2011, loin d’être en recul, continue à s’amplifier.
    Et pourtant cette manif ne s’est pas terminée de façon pacifique. Au lieu de maintenir l’ordre public tout en laissant l’action légale se dérouler librement, un cordon de policiers a été mis en place pour empêcher les manifestants de passer, ce qui a artificiellement provoqué une bousculade. Appliquant les consignes reçues des autorités, les forces de l’ordre ont maltraité les gens sans défense, utilisant matraques, armes à impulsion électrique et gaz lacrymogène. Sans aucune explication, les policiers frappaient les manifestants et les jetaient dans les paniers à salade qui les emmenaient aux postes de police. D’après des données indépendantes, plus de 600 personnes ont été arrêtées.
    Le caractère injustifié de cette violence policière est attesté par de nombreuses photos et vidéos, ainsi que par des témoignages et avis médicaux. Pourtant, les gens ont eu beau porter plainte contre le service d’ordre, aucun policier qui avait abusé de ses pouvoirs et fait obstacle à cette manifestation légale n’a été poursuivi en justice.
    Par contre, les autorités ont largement utilisé ces événements pour déclencher une campagne effrénée de répression et de criminalisation de l’opposition russe. Une enquête pénale pour émeute à l’occasion du 6 mai 2012 a été ouverte, alors que les défenseurs des droits de l’homme nient catégoriquement qu’il y ait eu émeute. 11 personnes sont déjà placées en garde à vue, 3 sont assignées à résidence. On les accuse de participation à une émeute et de violence contre des policiers (délits de droit commun). Il s’agit de: Alexandra Doukhanina, Alexandre Kamenski, Andreï Barabanov, Artème Savelov, Vladimir Akimenkov, Denis Loutskevitch, Maria Baronova, Maxime Louzianine, Mikhaïl Kossenko, Oleg Arkhipenkov, Rikhard Sobolev, Stepane Zimine, Fedor Bakhov, Yaroslav Belöoussov.
    Il est déjà hors de doute que les autorités préparent un grand procès politique pour écraser la protestation populaire. D’après le Comité d’enquête fédéral de la police, 160 juges d’instruction ont été chargés de l’enquête et ont interrogé plus de 1250 personnes, ce qui peut entraîner l’arrestation de centaines de personnes. Seules les actions solidaires des milliers des gens qui, dans le monde entier, n’admettent pas l’injustice sont en mesure d’empêcher un pareil scénario!
    Pour obtenir la clôture d’une enquête inique et l’arrêt de la répression d’activités politiques, les militants d’associations civiles, politiques et des droits de l’homme ont créé à Moscou le Comité du 6 mai. Ses membres entretiennent des rapports réguliers avec les avocats des inculpés, diffusent largement l’information et organisent des actions de soutien aux prisonniers politiques.
    Nous appelons tous les gens que révolte l’injustice à participer à une Journée d’action internationale ce 26 juillet. Le sort des dizaines de participants innocents à cette manifestation légale qui sont en prison ou risquent d’y aller dépend de notre solidarité et de notre action commune. Diffusez l’information, organisez des concerts et des rassemblements devant les ambassades russes dans vos villes et pays, envoyez des lettres et pétitions aux autorités russes. L’avenir de la société civile renaissante, le renforcement des bases de la démocratie en Russie dépendent aussi de votre soutien et de votre solidarité avec ceux qui luttent pour les droits de l’homme piétinés par le pouvoir et avec les innocents qui sont jetés en prison ou menacés par les autorités. Ne restons pas isolés, lions-nous les uns aux autres et montrons aux hommes d’État que nous sommes unis pour refuser l’injustice où que ce soit dans le monde!
    L’union c’est la condition de notre victoire.

  36. В компании Electronic Arts продолжают искать интересные маркетинговые ходы, в свете скорого выхода их нового шутера Medal of Honor: Warfighter. Как сообщили в компании, продолжается сотрудничество с известной фирмой SOG, которая выпускает эксклюзивные ножи, инструменты и т.д. После выхода Medal of Honor: Warfighter, все обладатели лицензионной копии игры смогут купить уникальные предметы из MOH. В продаже появятся ножи, топоры и другие предметы экипировки, некоторые виды которых созданы специально для Medal of Honor: Warfighter.
    Подробнее вот там

  37. Fabrice,
    Une idée me vient à propos du devenir de PSA. Pourquoi ne pas écrire une lettre ouverte aux organisations syndicales et, pourquoi pas, à PSA et à l’Etat, reprenant vos propositions ?
    Je retourne à mes bassines, grosse journée de la semaine autour du pain, le levain n’attend pas.
    Frédéric

  38. Sur la bagnole et le reste, très frappée par l’incroyable actualité de ce passage d’Expérience et pauvreté, texte écrit par Walter Benjamin en 1933 :

    « Nous sommes devenus pauvres. Nous avons sacrifié bout après bout le patrimoine de l’humanité ; souvent pour un centième de sa valeur, nous avons dû le mettre en dépôt au mont de piété pour recevoir en échange la petite monnaie de « l’actuel ». La crise économique est au coin de la rue ; derrière elle, une ombre, la guerre qui approche. Se maintenir est devenu aujourd’hui l’affaire de quelques rares puissants qui, Dieu le sait, ne sont pas plus humains que la foule ; le plus souvent, ils sont plus barbares, mais pas de la bonne manière. Les autres, par contre, doivent s’adapter, nouveau commencement, avec peu de chose. Ils ont partie liée aux hommes qui ont fait du renouveau complet leur affaire et l’ont fondé sur l’intelligence et le renoncement. Dans ses édifices, ses images, ses histoires, l’humanité se prépare à survivre, s’il le faut, à la culture. »

  39. Frédéric,

    Merci de votre suggestion, et je dis cela sans ironie. Mais, ayant la longue pratique de ces édifices bureaucratiques, je sais qu’il est inutile de chercher dans cette direction. Ce qui n’empêche pas de faire circuler.

    Je me rends compte que cela sonne étrangement, mais n’oubliez pas qu’une idée, quelle qu’elle soit, n’est recevable que dans le cadre d’une pensée. Cette pensée, pour ce qui concerne les directions syndicales, est à ce point figée dans d’autres références que je renonce. Ne croyez pas que je n’ai pas constamment essayé, par le passé. J’estime avoir le droit de passer mon chemin.

    Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  40. Mr Phamb,

    Vous pourriez être étonné de ce que l’on peut faire en une seule journée. Passionnément. Et tout en y incluant les longues phases de contemplation et le temps passé sur babasse.

    Des amis? C’est quoi? Mon ex a emmené avec lui tout ceux a qui je n’apportait plus rien … selon eux. L’amour d’autrui ne sufffit pas toujours pour contenter.

    Il me reste ceux qui se lèveraient la nuit, sans poser de questions, pour enterrer un cadavre. Ils sont peu, mais de confiance.

    Phamb, hier au soir, omelette aux girolles, et tarte aux myrtilles.

    Vous avez raison en suggèrant que le net est un fil a la patte. L’on y trouve plus de mensonges que de vérités. Phamb, les chaines que j’ai osé rompre, étaient bien plus difficiles que de presser sur un simple bouton.

    🙂

    Belle journée a toues et tous,

  41. Valerie, il est tres troublant ce passage de Walter Benjamin. Parceque si vraiment on pouvait percevoir en 1933 qu’on avait deja sacrifie le « patrimoine de l’Humanite »… Qu’est-ce que c’est aujourd’hui alors ! Sans parler de la guerre qui se rapproche aussi… Ca me rappelle un article recent dans The Hindu qui explique le ralentissement de la croissance en Inde par un ralentissement du gaspillage des ressources naturelles (eau, terre, mineraux, etc.) suite a la montee en puissance des mouvements de resistance populaire et a leurs effets sur la politique. Il dit que la forte croissance des 30 dernieres annees en Inde est due au fait qu’on a « nourri » les « esprits animaux » (Keynesiens) en leur donnant gratis un capital d’une immense valeur.

    En langage simple, la « croissance » des riches a ete alimentee par la destruction de l’environnement naturel du plus grand nombre et leur descente, parfois brutale, dans la misere.

  42. Fabrice,
    Je rejoins votre position sur le fait qu’il n’y ait rien à attendre des structures bureaucratiques et économiques en place et j’imagine que vous avez essayé par le passé.
    Derrière ma suggestion, il y a un autre enjeu auquel je pense : celui de porter ce type d’idée sur la place publique. D’interpeller les structures officielles, de leur demander des comptes sur le devenir du monde. Et surtout et naïvement sans doute, de faire réfléchir autrement une partie, même infime de la population.
    Notez bien qu’en écrivant ces lignes, je reste partagé entre deux sentiments : celui d’essaimer des valeurs qui me tiennent à cœur au-delà du cercle restreint des convaincus et celui d’un questionnement incessant sur le « que faire et comment » au-delà des choix de vie individuelle.
    On rejoint la question de la pensée que vous évoquez, que j’appellerais aussi la conscience. Tant que rien ne bougera sur ce plan, il est vain d’espérer des changements en profondeur, en effet.
    Quand je lis la pensée ô combien lucide et prophétique de Walter Benjamin, citée par Valérie, je ne peux pas m’empêcher d’être frappé par la cécité et l’amnésie de l’être humain. Tous ces écrits, toutes ces mises en garde, pour quoi ?
    Je ferai malgré tout circuler votre proposition dans mon petit cercle de tout ou partie (ou pas du tout) convaincus.
    Frédéric

  43. Lettre à Arnaud Montebourg

    J’apprends que PSA se casse la figure et que vous-même, Arnaud Montebourg, vous aimeriez bien remettre la prime à la casse pour soutenir l’industrie automobile.

    Je suis un ancien employé de l’industrie automobile, viré il y a moins de 2 ans dans des conditions que je ne vous exposerez pas, mais qui maintenant travaille comme technicien cycle.

    Je vous croyais assez intelligent pour avoir remarqué que l’industrie automobile est un énorme moteur du capitalisme sauvage ou financier, que c’est le royaume de la mondialisation, et qu’à chaque fois qu’ils vendent moins de voitures, il y a un politique pour augmenter nos impôts et les donner toujours aux mêmes riches qui vous licencient tout de même à la première occasion qui fera plaisir à l’actionnaire.

    Je croyais que vous aviez vu le film d’Al Gore et que le monde n’était plus comme avant (1).

    Je croyais que vous étiez pour que les choses changent. Je me disais donc qu’on allait avoir de la nouveauté: une prime à l’utilisation du vélo comme on en trouve dans d’autres pays afin de soutenir une mode de vie durable et non-polluant. Je pensais que la gauche était moins bête que la droite qui a inventé la juppette ou la balladurette.

    Me serais-je trompé? Visiblement oui. Il ne suffit pas de voter pour que les choses changent. On change de tête, on voit les mêmes bêtises. Toujours avec nos sous, toujours pour les poches des riches.

    (1) Tiré de votre site: « Pendant longtemps, je n’ai pas cru les défenseurs politiques des espèces en voie de disparition. Et puis j’ai rencontré Al Gore il y a quatre ans. J’étais venu avec un mélange de curiosité et de distance. Je suis ressorti deux heures plus tard bouleversé par sa démonstration et les éléments probants d’inquiétude qu’il déployait sous nos yeux. Cette rencontre a profondément changé le sens de mon engagement public. Je me suis dit que tout dirigeant politique avait le devoir et la responsabilité de mesurer et connaître dans le plus petit détail ces questions nouvelles. Je me suis mis à dévorer les livres qu’autrefois j’aurais négligés – notamment ceux de Lester Brown – et à penser qu’il n’est plus possible de penser l’économie sans l’écologie. »

    source : http://carfree.free.fr/index.php/2012/07/12/lettre-a-arnaud-montebourg/

    ( où cette article est référencé : http://carfree.free.fr/index.php/2012/07/07/faut-il-reellement-sauver-psa/ )

  44. J’ai entendu la fin du téléphone sonne et c’était exaspérant :
    -pas un pour dire que le problème était la voiture, qui loin de créer de l’emploi, en détruit massivement :
    La voiture va avec la grande distribution et la grande distribution fait qu’il n’y a plus de travail près de chez soi.
    La voiture individuelle, c’est un travail à temps plein pour se la payer. Or on est déjà en hyper-surproduction matérielle et service, plus de la moitié de ce que nous produisons va à la poubelle.
    Il ne faut pas produire plus de tout y compris de voitures, mais travailler beaucoup moins…d’urgence ! et se déplacer autrement avec plein de temps libre pour soi et pour les autres dans sa petite vie.

    -pas un pour dire que ces salariés qui, peucheures, risquent de perdre leur emploi sont peut-être actionnaires indirectement via leurs placements dans les banques, ou bien vont détruire d’autres emplois en allant dans les grandes distribution, les discount…

    -Tous pour dire que c’est les patrons qui s’en mettent plein les poches (marxisme traditionnel quand tu nous tiens) et les citoyens qui ne changent pas assez de voiture, utilisent trop les transports en communs.

    -Et viva propaganda ! :
    La recherche et l’innovation c’est le bonheur, si vous ne changez pas de voiture on risque de les arrêter, et La voiture électrique c’est écolo !

    Dommage que PMO n’ait pas appelé au téléphone…

  45. Le problème est que les gouvernements, et les moutons qui ont suivit ont développé le transport routier (camions et voitures) à la place du ferroviaire moins couteux pour le citoyen et l’état (moins d’importations d’hydrocarbures) et plus écologique. Ce qui a profité aux banquiers (crédits voitures, crédits « rond points, contournements » pour les collectivités…), aux constructeurs automobiles et aux pétroliers, organisations qui ont plus de moyens pour financer une campagne électorale que des cheminots.
    Le deuxième problème est que les voitures actuelles ne consomment pas moins qu’il y a 20 ans : volonté des constructeurs de faire plaisir aux pétroliers? abrutissement du con sommateur qui veut du plus puissant? ou les 2 à la fois?

    Depuis deux ans nous travaillant tous les 2 à temps partiel choisi (2/3 temps chacun, 1200 euros mensuels chacun, une voiture en fonction au lieu de 2, 12000 km par an d’économisé, je travaille à 4 km de chez moi au lieu de 45km, et j’y vais à vélo. Bilan : un emploi 2/3 libéré, et autant d’argent disponible à la fin de l’année : baisse des frais de transport; activités, réparations personnelles rendues possibles par plus de disponibilité.

  46. « Au bout de cinq ans, je peux plus me servir de mes mains, j’ai mal aux mains. J’ai un doigt, le gros, j’ai du mal à le bouger.
    J’ai du mal à toucher Dominique le soir, ça me fait mal aux mains. La gamine, quand je la change, je peux pas lui dégrafer ses boutons. T’as envie de pleurer dans ces moments là. (…) J’ai de plus en plus de mal à m’exprimer. Ça aussi, c’est la chaîne. C’est dur, quand t’as pas parlé pendant 9 heures, t’as tellement de choses à dire que t’arrives plus à les dire, que les mots, ils arrivent tous ensemble dans la bouche. Et puis, tu bégayes, tu t’énerves. Tout t’énerve, tout. C’est dur, la chaine, Moi, maintenant, je peux plus y aller, j’ai la trouille d’y aller. C’est pas un manque de volonté, c’est la peur d’y aller, la peur qui me mutile encore davantage, la peur que je puisse plus parler un jour, que je devienne muet. »
    C’est un témoignage extrait d’un documentaire « Attention, danger travail » diffusé en 2003.
    C’est aussi ça, l’univers industriel où l’on sort des voitures à la chaîne. Il ne détruit pas seulement des paysages, des vies humaines et non humaines. Il brise aussi des êtres dans leur chair, dans leur élan de vivre. Un jour, il faudra dire non à ça aussi.
    Frédéric

  47. Lionel,
    Rien d’étonnant à ce que ces questions ne soient pas abordées dans le téléphone sonne, ce genre d’émissions que je n’écoute plus ou juste de temps en temps pour me remémorer sur quelle planète je vis.
    J’ai bien peur que, même si PMO avait réagi, leur parole aurait été inaudible par le grand nombre, parce que trop en décalage avec la pensée dominante ; mais elle aurait fait du bien, sans doute, de même qu’aurait fait du bien le témoignage d’un ouvrier qui aurait dénoncé les ravages de la voiture… Un jour, peut-être.
    Frédéric

  48. @Philou,

    « Le deuxième problème est que les voitures actuelles ne consomment pas moins qu’il y a 20 ans : volonté des constructeurs de faire plaisir aux pétroliers? abrutissement du con sommateur qui veut du plus puissant? ou les 2 à la fois? »

    C’est l’effet rebond. Les moteurs consomment moins mais les voitures sont plus grosses (plus de résistance à l’air) , plus lourdes (ex : les premières 205 pesaient 750k, les 508 pèsent 1 660), ont la clim, de l’électronique etc.

    Sinon nous sommes en phase niveau auto-réduction du temps de travail et voiture.

    Un slogan simple est séducteur que je martèle un peu partout : « Deux travails à plein temps et deux voitures sont équivalents financièrement à 2 mi-temps avec une voiture » (mais incomparables au niveau qualité de vie).

    En plus on paye moins d’impôts et on consomme beaucoup moins, donc la différence d’argent est de moins de 2/3 finalement.

    @frédéric Wolff,

    Moi aussi je ne l’écoute que de temps en temps, en faisant la vaisselle.

  49. Bien sûr qu’il y a un savoir faire des ouvriers de PSA. les rotors d’éolienne ne devraient pas leurs être extra-terrestres ..ni des cars pour les transports en commun ( qui roulent avec le méthane des déchets ). je ne suis expert en rien, mais je suis assez lucide pour imaginer qu’une plates forme d’expertise et prospective avec eux et d’autres, déboucherait sur des propositions intelligentes et réalistes.

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