Nous en sommes donc là (une photo de presse)

Ce n’est qu’un signe parmi des milliards d’autres. Le signe en tout cas que l’esprit public se contente d’inepties. De billevesées, sornettes et coquecigrues, qu’on pardonne mon usage des synonymes. Alors même que la pensée vive devrait se concentrer sur l’essentiel, et cet essentiel ne saurait être autre chose que la crise écologique, elle se perd dans les sables du désert de l’intelligence. Regardez, oui regardez bien la photo ci-dessous, tirée d’un article de Libération de ce 12 juillet 2012.

Ce journal, né en 1973, avait alors pour bannière : « Peuple, prends la parole et garde-la ». Aujourd’hui, voici comment débute l’article qui accompagne la photo : « Qu’on se le dise: Jean-François Copé a déjeuné hier avec Nicolas Sarkozy. Opportunément alerté, un photographe de l’AFP a surpris le secrétaire général de l’UMP sur le chemin de ce rendez-vous, auquel s’était joint Brice Hortefeux, gardien du temple sarkozyste ».

Un journaliste professionnel de l’AFP a donc, sur ordre bien sûr, attendu Copé sur un trottoir parisien, après arrangement avec son staff pour régler les questions d’horaire. La photo publiée aurait pu être prise deux ans avant, cinq ans plus tard, sans que rien n’en soit changé. Elle dit à la perfection le vide dans lequel nous acceptons tous de vivre. Jusqu’à cette fausse distance prise par le journaliste de Libération, qui tente sans y parvenir de nous faire croire qu’il n’est pas dupe. Eh si ! il l’est. Il est la dupe que l’on espérait, et il nous prend du même coup pour ses pigeons. En quoi il a raison.

Attention les yeux : le 14 juillet, dans le cadre de l’entretien télévisé coutumier du président de la République, il est question que François Hollande aborde la question du tweet que sa nana, Valérie Trierweiler a envoyé en juin au candidat « dissident » de La Rochelle, Olivier Forlani. Je n’en dors plus. La photo :

Le patron de l'UMP Jean-Francois Copé en route pour son déjeuner avec Nicolas Sarkozy, le 12 juillet 2012, à Paris.

Le patron de l’UMP Jean-Francois Copé en route pour son déjeuner avec Nicolas Sarkozy, le 12 juillet 2012, à Paris. (Photo PIERRE VERDY.AFP)

17 réflexions sur « Nous en sommes donc là (une photo de presse) »

  1. On connaissait la tectonique des plaques, ces continents qui se font la malle. Tout cela est calculé, suivi, répertorié sous la rubrique « Dérive des continents ».
    Avec les médias modernes, avec cette photo de Libé et tout le reste dont on nous abreuve à longueur de colonnes et d’écrans, il nous faut d’urgence créer un concept nouveau : La dérive des incontinents. Tant d’images et de mots pour tant d’insignifiance, c’est plus du journalisme ni de la politique, c’est de l’incontinence verbale. Une sorte de gastro des chiens de garde médiatiques, un tango des prostates dansé par l’oligarchie en place.
    Pendant que la clique des têtes à claques pérore et joue de l’épaule pour être au milieu de la photo, il y a tous ceux qu’on n’entend pas, ceux qui meurent en silence d’un cancer du monde moderne, ceux dont le cerveau ne respire plus à cause des ondes, ceux qui alertent sans concession sur le chaos écologique qui se joue là, sous nos yeux qui ne savent plus voir, qui ne veulent pas voir.
    Pendant que les incontinents se répandent, le niveau des océans monte et moi, de voir ça, je déborde.
    Excusez pour le style un peu enlevé, je n’ai pas pu me retenir.
    Frédéric

  2. J’ai peut être l’esprit tordu, mais y a t il un rapport avec l’article précédent sur l’abattage des nuisibles????
    Mais non c’est une blague, mais c’est quand la révolution?

  3. et meme Cope qui n’essaie meme pas de nous faire croire qu’il n’est pas dupe, et laisse voir sa satisfaction d’avoir fait deplacer une equipe qui mettra sa photo qui ne veut rien dire dans un journal… Mais Liberation est quand meme un des journaux dans lesquels il y a le moins d’informations substantielles, le moins de choses a lire !

  4. A Kudankulam en Inde la lutte continue contre la centrale nucleaire.

    Selon le Deccan Herald,

    La Commission Nationale des Droits de l’Homme (NHRC)demande au ministere de l’interieur de lui soumettre un rapport pour expliquer comment le gouvernement peut envoyer ses psychiatres (de l’Institut National de la Sante Mentale et des Neurosciences – NIMHANS) pour « traiter » les opposants a la centrale de Kudankulam.

    « Le gouvernement central aurait decide d’utiliser des psychiatres pour donner une therapie psycho-sociale aux contestataires de la centrale nucleaire de Kudankulam. Cela semble etre une barriere a la liberte de parole et d’expression », a dit la division legale de la NHRC dans une reponse ecrite.

    http://www.deccanherald.com/content/263219/report-sought-psychiatrists-use-suppress.html

    Pour un bref resume de la contestation a Kudankulam:

    http://www.dianuke.org/koodankulam-diary-part-ii-anatomy-of-the-struggle/

    http://www.dianuke.org/the-silent-and-telling-emergency-in-india/

  5. Fabrice
    la cause est entendue. Il me semble inutile de perdre notre temps à pointer les erreurs des journalistes, ou plutôt le manque de conscience professionnelle qui devraient les inciter à la prudence et à la vérification de leurs informations.
    Puis-je revenir sur le cas PSA. Frédéric Saint-Geours était ce matin sur France Inter. Il s’est défendu comme un beau diable, mais personne, je dis bien personne n’a soulevé la réorientation de nos outils industriels. Sans que ce soit la panacé, PSA pourrait faire des bus plus modernes, des wagons de train (en tout genre)dont on a besoin si on veut développer les transports en commun. Il est certain que rares sont ceux qui ont une réflexion écologique de long terme. Inutile de demander aux Français d’aider l’industrie automobile, car il y a déjà un trop plein de voiture dans nos pays européens, et sauf à vendre aux pays pauvres nos vieilles voitures, on ne vendra pas plus de neuves dans nos pays.
    Et puis, et écho à Bianca, peut-être qu’une partie des terrains de PSA pourraient redevenir agricole (osons pour des agrocarburant, hi, hi, hi)
    bonne journée à tous

  6. robert ménard en parle très bien des journalistes et de leur manque de curiosité; lui qui a été boycotté pour avoir osé être libre dans ses réflexions et ses questions ; c’est que la voie est étroite et bien balisée! on peut dire çà, mais surtout pas çà sinon…! toute la cléricature intellectuelle du moment qui te tombe dessus! en gros il faut ronronner dans le sens du vent dominant comme tout le monde et là super! aucun problème.

  7. Viennent de dérouler les renoncotres déconnomiques, et un écho à cet article et à certains commentaires :

    http://www.livestream.com/lateleduplateau/video?clipId=pla_e1d9fffe-bf92-4066-a75c-bb77ac091e7d&utm_source=lsplayer&utm_medium=ui-comment-text&utm_campaign=lateleduplateau&utm_content=lateleduplateau

    Contrairement au titre, Frédéric Lordon traite autant des journalistes que de la zone euro… Libération en prend pour son grade. Guy Hocquenghem (Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary (1986) m’avait déjà filé la nausée… Laurent Mauduit, « insider » selon Lordon, dont les profits peuvent être démultipliés à agiter le drapeau à la marge, toute notorité acquise, est l’un des thèmes abordés.

    Le tableau est complété par l’intervention de Renaud Lambert (l’intervenant de droite, à la fin, décrivant la situation des pigistes désormais majoritaires en inscription au métier – autant dire des serviteurs, les abois sont « sympas »).

    http://www.livestream.com/lateleduplateau/video?clipId=pla_05d2b3ef-c48f-451c-9ea7-7fd2de71b4e0&utm_source=lslibrary&utm_medium=ui-thumb

    Si l’on a un peu de temps encore : Inside job. Les financiers, certes, mais aussi la corruption des « experts », profs en université et consultants privés grassement payés (université privées aussi, ah, réjouissons-nous que le conflit d’intérêt soit peut-être moindre). Le plus frappant à mes yeux, c’est le sentiment d’impunité qui semble prévaloir chez les « magnats sachants » interrogés (et l’interdiction du sujet qui suit rapidement, brutale : pas si net alors, pépères ?)…

    http://nemesistv.info/video/8SUK8NRRW1G2/Inside-Job-VOSTFR
    (par le blog du plan C)

    Difficulté à comprendre le conflit d’intérêt : première interrogation personnelle.
    Pratique tous azimuts : tout bénéfice…

    J’ai constaté la chose dans mon métier : même phénomène de (soi-disant ?) incompréhension du problème, et de pratique allègre. Mais cela arrange le client ! Vient chercher la complication (car des textes de loi existent encore) ! Car un seul ou peu d’intervenants. Suivi, sérieux. Eradication des conflits, certes (et profits matériels faciles donc).

    Toujours avec les déconnomistes, Hervé Kempf, avec un accent un peu désespéré pour la raison donnée ci-après (solutions offertes avec l’analyse) : un monde de corruption que le nôtre ? UN MONDE MAFIEUX.

    http://www.livestream.com/lateleduplateau/video?clipId=pla_aa28df28-5818-4398-ae05-2fe5f9dd57a5&utm_source=lslibrary&utm_medium=ui-thumb

    Ceci m’amène à réagir à d’autres billets de Planète sans visa récents. De l’expert, ou de celui qui sait et critique et ne propose pas de solution, a contrario.

    Si l’on défend a minima (et c’est le discours qui caractérise notre société encore, quoique la réalité me semble ridiculiser assez radicalement ces principes) une société de la division des tâches au nom de la compétence et du bien commun (efficacité – bon « professionnel » au service) et la démocratie tendance égalitaire (en droits au moins / choix décisifs opérés par la collectivité) – ce qui n’est pas forcément mon cas, de défendre cette société : problématique de la division du travail, de la compétence – qui me défrisent de plus en plus, entre autres, tandis qu’une démocratie par élaboration collective des solutions me paraît elle démocratique, au lieu de seule validation de solutions proposées par quelque-uns, « triés », sélectionnés pour leurs sur-qualité et efficience, des « sur-hommes » en fait, à n’en pas douter, accompagnés de quelques « sur-femmes » comme notre ministre « augmentée » de la recherche – arf, arf) – : un scientifique, une personne bien informé-e doit-il / elle proposer des pistes, avancer ses solutions ?

    Aujourd’hui on en arrive à ce qu’un employé n’ait le droit de se mettre en grève que s’il a lui aussi des solutions dans la poche (après avoir vu sa vie professionnelle réduite à la subordination, le subordonné devrait en savoir autant que le subordonnant – quand je dis « ridiculiser les principes ») ! Un vrai scientique, en plus de toujours circonscrire son domaine de connaissance et définir la portée LIMITEE de son propos a généralement l’éthique de se taire quant aux extensions sociales de son savoir, plus encore sur ce qu’il FAUT faire (à supposer que son objet relève du problème, ce qui m’apparaît comme une dérive de notre rapport au savoir aujourd’hui : faits affublés de valeur, moralisés, positifs ou négatifs, etc… De la « science appliquée » sans doute, du problème à la solution, tout en un, plus de faits, ni de connaissance réels. Tout cela n’est pas limpide pour moi, si cela me tracasse, pardonnez-moi toutes mes parenthèses, et sans doute mon manque de clarté).

    Donner son avis, ses idées reste la richesse et la vitalité de chacun, et j’aimerais tant que chacun ait son mot à dire et son pouvoir d’agir, éclairé par des connaissances réellement rationnelles (dépouillées un temps de leur subjectivité, la tâche étant peut-être bien impossible, donc). J’ai parfois l’impression que nous en sommes si loin, avec un conditionnement tel que même la connaissance de soi, de ses propres besoins (fondamentaux, plus encore ) est impossible, sans parler d’une difficulté incroyable à réfléchir avec les autres (écouter, débattre, CHANGER d’AVIS), puis à faire et construire collectivement (ne serait-ce qu’à deux personnes). Mais quand on conduit une bagnole avec un téléphone dans les deux oreilles, sait-on même où en est ?

    Ceci étant mon type de soin quotidien (voir aussi les liens donnés sur le site relayé) : bolée d’air nécessaire, l’odeur des marais. http://natureprimordiale.org/

  8. Marrant, on ne parle pas de la photo elle-même. Or le visage de ce type est glaçant. Un masque qui a collé à la chair. Une grimace qui veut se faire passer pour un visage. Rarement un politique a porté ainsi sur lui les stigmates du mensonge.
    Quant au garde du corps, il glace d’une autre manière.

  9. Vous avez raison Valérie, et je me suis aussi fait la même réflexion. Le visage de Copé est sinistre, dépourvu de vie, figé comme celui d´une momie.
    En le voyant, on finirait même par trouver la tronche de Sarkozy empreinte de bonhommie 🙂 !!!

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