Un discours d’anthologie (Notre-Dame-des-Landes à Rennes)

Samedi passé, manifestation de soutien aux combattants de Notre-Dame-des-Landes, à Rennes. Voici le texte qui a été lu au nom des habitants de la ZAD. Zad pour Zone d’aménagement différé, dans la langue orwellienne de Vinci le bétonneur et du parti socialiste son acolyte. Zad pour Zone à défendre dans la bouche de nos amis du bocage. Lisez et n’oubliez pas : LE 17 NOVEMBRE, IL FAUT Y ÊTRE !

Amis d’ici, amis d’ailleurs,

Quelque chose est en train de se passer à Notre-Dame des Landes. Quelque chose qui les dépasse, ces Césars de pacotille, le préfet Mr Delaverné comme le premier ministre, Jean Marc Ayrault.

Les machines détruisent, les flics gazent, expulsent, frappent, et arrêtent… mais la lutte se renforce ! Le temps de la négociation, des accords, des compromis et des petits jeux électoralistes est révolu. Le temps de la division, savamment orchestré, entre habitants et paysans, entre squatteurs et « militants historiques », entre « gens du cru » et étrangers, est derrière nous. Aujourd’hui, nous faisons bloc ! Toutes les tactiques se complètent pour s’opposer aux expulsions, aux destructions et aux débuts des travaux. L’aéroport n’est plus seulement un projet, une abstraction, un monstre de papier qu’on attaque à coup de contre-expertise. C’est une réalité humaine et matérielle : C’est nos voisins poussés au départ par Vinci/ AGO… C’est les maisons et le cabanes détruites au tractopelle… C’est nos ami-e-s jetés des arbres, à la rue, à l’arbitraire de la justice… C’est le renforcement de l’occupation militaire du territoire. Mais c’est surtout la lutte qui prend un sens et une ampleur nouvelle. C’est surtout les actes de résistance et toutes les solidarités qui s’expriment ici comme ailleurs.

Dans le bocage avec celles et ceux qui s’organisent : rassemblements, manifs, défense des lieux de vie, ouverture de maisons, occupation de routes, défense de la forêt, cantines collectives, assemblées, ravitaillement, reconstruction…Les habitats sont détruits mais les habitants sont encore là. Et tant que nous sommes là, il faut qu’ils comprennent que les travaux du barreau routier (prévu pour février 2013) et la destruction de la forêt de Rohanne (prévue en décembre 2012) ne pourront pas commencer ! Le 17 novembre pour la manif de réoccupation, soyons nombreux-euses sur le terrain pour leur montrer qu’on reste et que nous reconstruirons plus vite qu’ils ne détruisent. La lutte se diffuse au delà de la Zone à Défendre, avec la création de collectifs contre l’aéroport et son monde, avec le foisonnement de gestes solidaires.

Contre Vinci et le parti socialiste, contre tous les projets d’aménagement du territoire… De la prise d’antenne sauvage au rassemblement public, du sabotage au défilé de tracteurs, du concert de soutien au parking Vinci perturbé….Plus la lutte se renforce sur le terrain, plus elle se répand , et plus la possibilité de l’arrêt immédiat du projet d’aéroport se rapproche ! Le mouvement s’élargit, de Val de Suza à NDDL, pour contrer tous les Césars qui veulent aménager nos territoires et nos vies, continuons de construire de multiples foyers de résistance irréductible. A Vinci qui nous dit Dégage,on aménage, nous répondons que nous ne partirons pas comme ça et que nous résisterons partout ici comme ailleurs.

Les habitants de la ZAD

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INFOS SUPPLÉMENTAIRES ET PRATIQUES

- Cet appel à réoccupation a été lancé par le réseau Reclaim The Fields et des occupant.e.s de la ZAD qui avaient occupé des terres en friche avec plus d’un millier de personnes en mai 2012 pour y implanter la ferme maraîchère « Le Sabot » . Nous invitons aujourd’hui tous les groupes qui le souhaitent à relayer cette initiative et à rejoindre l’organisation du 17 novembre.

- Au-delà d’une manifestation, il s’agit avant tout d’une action collective qui gagnera en puissance avec une présence longue et active du plus grand nombre. Prévoyez d’être là pendant le week-end et plus si possible pour amorcer l’occupation, continuer les constructions, les défendre, et en faire émerger des idées pour la suite.

- Amenez des outils et matériaux divers et variés, des bleus de travail, du son, des créations loufoques, des radios portatives, des tartes à partager et une détermination sans faille.

- Il sera possible d’arriver dès la veille. Un espace de campement sera annoncé dans les jours précédant la manifestation.

- Vu l’énergie nécessaire à la résistance aux expulsions d’ici là et l’épuisement conséquent pour les occupant-e-s, la réussite de cette manifestation dépend de manière cruciale de l’implication des collectifs et individu-e-s solidaires partout ailleurs. Nous appelons à ce que s’organisent des réunions publiques, relais d’information et co-voiturages dans chaque bourg en vue du 17 novembre.

- Des affiches et tracts photocopiables sont disponibles sur le site ou en format papier sur nantes (B17) ou sur la ZAD (Vache-rit). Tout soutien financier est le bienvenu (par chèque à l’ordre de “Vivre sans aéroport”, La Primaudière 44130 NDDL ; par virement : 20041 01011 1162852D32 36)

Comme la situation change chaque jour, guettez régulièrement les infos sur le site : http://zad.nadir.org/

En vue du 17 novembre, on cherche des poutres, matériaux de construction et d’escalade, cuisines collectives, chapiteaux, musiciens, batukadas, cabanes en kit, outils, tracteurs….

Pour tout échange, coup de mains, relais, propositions : reclaimthezad@riseup.net

16 réflexions sur « Un discours d’anthologie (Notre-Dame-des-Landes à Rennes) »

  1. 3 000 personnes à Rennes, 1 500 à Paris, un peu partout en France, les rues se couvrent de monde, de cris et de banderoles, un peu partout, des départs groupés s’organisent pour le 17, pour rebâtir un bout du monde que d’autres veulent détruire, les accapareurs de la terre nourricière, les maniaques du bitume, les psychopathes de la croissance.
    Des milliers de gens relaient l’information, protestent, refusent de laisser faire, s’emparent de la question, sans étiquettes politiques le plus souvent.
    Qu’un ministre voit « l’ultra-gauche » aux commandes de cette réaction populaire en dit long sur la cécité des gens d’en haut. Ces gens-là vivent sur un nuage et ne voient du monde qu’un reflet de leur carrière. Les arbres et les potagers, la terre où nait la vie, ils les piétinent. Ne comptent pour eux que leurs rêves de grandeur. Tout ce qui gêne les machines à détruire la vie doit être anéanti. A Notre-Dame-des-Landes comme dans bien d’autres endroits.
    Reconstruire un lieu où vivre et non mourir, c’est un enjeu majeur, le 17. Et tous les jours pour celles et ceux qui résistent sur place et qui forcent le respect.
    Frédéric

  2. La gauche qui agite l’épouvantail de « l’ultra gauche », ah, c’est de mieux en mieux, de plus en plus farcesque, on se croirait à l’opérette. Qu’est-ce qu’on rigole dans ce pays.
    Si ça continue comme ça il y en a peut-être qui vont y voir un peu plus clair, qui sait ?
    Et puis « l’ultra gauche » ça nous change de l’épouvantail Front National (qui au moins, existe un peu, lui).

    La suite, la suite!

  3. La ZAD.
    L´Azad.
    Azad signifie libre, indépendant, dans la langue kurde, en farsi (persan), en arménien occidental, en ourdou et aussi en hindi.
    Un beau symbole.

  4. Paimpol, mardi matin
    – Bonjour, contre le projet d’aéroport au nord de Nantes…
    Posté aux avant-gardes de la grande place du marché, je suis venu avec trois acolytes décidés à en découdre. Je commence mon laïus, armé de mes tracts et de mon attirail d’homme-sandwich. Ça va rameuter, c’est moi qui vous le dis.
    – J’ai pas le temps.
    J’ai juste le temps de m’écarter pour ne pas finir écrasé. Trop compétitif pour moi, celui-là. Je vais me recentrer sur des gens moins pressés.
    – Bonjour, contre le projet d’aéroport au nord de Nantes…
    – Je suis trop vieux
    – Bonjour, contre le projet d’aéroport au nord de Nantes…
    Pas de réponse. Un sourd, probablement. Il y a un sourd sur ce marché et c’est moi qui tombe dessus. C’est pas gagné. Je crois que je vais arrêter avec les vieux. Allez, encore un essai. Celui-là a l’air d’avoir une bonne bouille.
    – Tu parles si je suis d’accord avec toi. J’ai été anarcho-syndicaliste…
    Et nous voilà embringués dans les années de jeunesse, un bon paquet de souvenirs et une poignée de main en guise de fraternisation.
    Une femme qui semble ouverte.
    – Ma fille est de Nantes, elle sera là samedi.
    Tiens, mais je le connais celui-là.
    – Hubert, comment ça va ?
    Un vieil ami jardinier, on prend des nouvelles de nos légumes, qu’est ce que ça a donné, tes butternut… ? Et on se quitte par un cri du cœur : Des légumes, pas d’bitume !
    – Bonjour, contre le projet d’aéroport au nord de Nantes…
    – Je suis pour !
    – Heu… Pour ceux qui luttent contre l’aéroport ?
    – Je suis pour l’aéroport. Ça fera de l’emploi et la Bretagne en a besoin pour se développer.
    Deux secondes d’hésitation. J’embraye :
    – Vous avez raison. Y a pas assez de béton et pis ça manque de CO2, et pis y a trop d’argent public, on sait plus quoi en faire…
    Le mec se tire en remuant la tête. Ecœuré.
    – Bonjour, contre le projet d’aéroport au nord de Nantes…
    – J’suis pas d’ici.
    – J’suis avec vous.
    – J’suis solidaire, mais bon, samedi, ça va pas être possible.
    – Bonjour, contre le projet d’aéroport au nord de Nantes…
    – J’aimerais bien venir samedi, mais je n’ai pas de voiture.
    – Pas de problème, y a un car et du covoiturage…
    – Bonjour, contre le projet d’aéroport au nord de Nantes…
    Je le sentais, celui-là. Pourquoi je suis allé vers lui ?
    – Je vais vous expliquer. Cet aéroport est important pour trois raisons…
    Le voilà parti dans un topo avec des chiffres et tout ce qu’il faut pour vous embrouiller. Il m’explique très calmement que je n’ai pas tout compris et que c’est logique, le monde est complexe, il nous faut des experts pour percevoir les enjeux économiques et sociaux. Il a dû faire l’ENA ou Polytechnique, quel gaspillage de cervelle, je me dis en l’écoutant. Je lui explique à mon tour qu’il n’a pas tout compris, mais que c’est logique… Dialogue de sourds.
    Deux heures et demi plus tard, on rend notre tablier d’hommes et de femmes-sandwich. Il est midi sonné et nous aussi, on l’est un peu, sonnés.
    Demain, marché de Tréguier. On y croit…
    Frédéric

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