Un reportage d’Hervé Kempf (sur Notre-Dame-des-Landes)

Je vous invite à découvrir le beau travail que le journaliste Hervé Kempf consacre à la grande bagarre de Notre-Dame-des-Landes. Hervé travaille au Monde, mais il signe d’autres papiers sur le site qu’il a créé, Reporterre. Un mot personnel : je connais Hervé depuis le numéro 1 du défunt journal Reporterre, en 1988. Je ne sais pourquoi il m’avait demandé un feuillet ou deux sur le chant des oiseaux. Je lui avais en tout cas remis un bien mauvais articulet. Pour le reste, je crois pouvoir dire, avec joie, qu’il est un ami.

J’espère que vous êtes bien arrivés à Notre-Dame-des-Landes, ce lieu dont parleront plus tard les petits-enfants de ce monde.

Pour lire le texte d’Hervé Kempf : http://www.reporterre.net/spip.php?article3490

38 réflexions sur « Un reportage d’Hervé Kempf (sur Notre-Dame-des-Landes) »

  1. Merci. Grand Merci. Pour les petits. Tous les enfants.

    Hors sujet. Tout est dit dans la dernière phrase. ^^

    OGM: Séralini publie une liste de soutien de 193 scientifiques internationaux.

    CAEN – L’organisme de recherche sur les OGM dont le professeur Gilles-Eric Séralini est un membre-clé, le Criigen, a publié vendredi dans un communiqué une liste d’environ 190 noms de scientifiques internationaux de 33 pays qui apportent leur soutien à l’étude controversée du chercheur.

    Ces personnes ont témoigné de leur soutien à l’étude en envoyant une lettre souvent très argumentée, soit au CRIIGEN, soit directement à la revue scientifique qui a publié l’étude sur le maïs NK603 et le RoundUp, affirme l’organisme, dont l’eurodéputée Corinne Lepage est présidente d’honneur.

    En pièce jointe du communiqué envoyé par courriel, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen) publie un document intitulé soutien au Pr Séralini: 193 signataires de 33 pays suivi d’une liste de noms et de centres de recherche.

    Ces soutiens s’ajoutent, écrit le CRIIGEN dans son communiqué, à celui de 140 scientifiques de France, en faisant allusion au texte publié par lemonde.fr intitulé Science et conscience. L’AFP a relevé quatre noms en commun.

    Les signataires du texte publié par lemonde.fr dont j’ai été l’initiateur mais dont plusieurs paragraphes ne sont pas de moi, désavouent une certaine manière de traiter Séralini. Une minorité de signataires pense que l’étude prouve la toxicité du NK603. Mais tous pensent que la non toxicité des OGM n’est pas prouvée et que les méthodes d’autorisation de mise sur le marché doivent être changées, a nuancé Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, interrogé par l’AFP.

    Il y a aussi des gens qui ont participé à la rédaction mais n’ont pas signé par crainte de conséquence pour leur carrière. J’ai moi-même conseillé à des gens qui attendaient un poste de ne pas signer, a ajouté M. Gouyon.

    ———

    Grosses bises.

  2. NDL : Déclaration pour le moins alambiquée d’EELV (ou comment devenir maître es langue de bois pour conserver coûte que coûte des strapontins au gouvernement)

    « Nous ne manifestons pas contre le Premier ministre ni le gouvernement, c’est le contraire », a assuré samedi le secrétaire national d’Europe-Ecologie Les Verts, Pascal Durand, lors de la manifestation contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.

    Magnifique, non ?

  3. Je ne pouvais être à NDDL aujourd’hui, mais je suis de tout coeur, même s’ils ne sont pas toujours de « mon bord », avec ceux qui y sont.

    Le combat pour que prenne fin le saccage dans ce pays de la beauté et de la vie sauvage et paysanne, l’étalement urbain irréfléchi et jamais ralenti, la fuite en avant dans les projets et méga-projets inutiles, prétentieux, ruineux, et superfétatoires, caractéristiques de cette pratique politique transcourants mais qu’il est désormais convenu d’appeler régional-socialisme, construit sur le consensus d’intérêts qui sont tous les mêmes car ils ne dépassent jamais l’horizon d’une carrière dans la politique, la fonction publique, ou l’industrie du béton, ce combat là, il se joue dans le bocage nantais.
    Il aurait pu être conduit à son terme dans les vallées alpines contre Lyon-Turin, dans le bocage mayennais contre la LGV Bretagne-Pays de Loire c’eût été plus fort encore — mais l’opinion n’est pas prête.

    Ce point de résistance a l’importance historique des grandes batailles de l’histoire.

  4. Bonsoir,

    Mobilisation massive à Notre-Dame-des-Landes contre l’Ayraultport

    NOTRE-DAME-DES-LANDES (France / Loire-Atlantique) – Drapeaux au vent, nez rouges de clown, personnalités de gauche et polémique politique: les opposants au projet d’aéroport de Nantes ont réussi leur pari en mobilisant samedi à Notre-Dames-des-Landes plusieurs milliers de sympathisants.

    Sous la pluie, un cortège très dense rassemblant des manifestants de tous âges, s’étendait sur au moins 5 kilomètres afin de dénoncer l’Ayraultport, le projet cher au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes. Vinci dégage, résistance et sabotage, criaient les contestataires en référence au groupe de BTP qui a obtenu pour 55 ans la concession de l’aéroport.

    L’Acipa, une des principales associations hostiles au projet, a revendiqué 40.000 personnes. La préfecture de Loire-Atlantique a calculé 13.500 personnes sur place et s’est félicitée dans un communiqué que la manifestation se soit déroulée sans incident et sans débordement, à l’exception de la dégradation d’un véhicule de presse.

    Derrière une grande banderole: Contre l’aéroport et son monde seule la lutte décolle, les manifestants ont gagné une zone boisée dans laquelle ils ont édifié un chapiteau censé abriter les opposants, expulsés le mois dernier par les forces de l’ordre. La préfecture a répété que ces constructions avaient vocation à disparaître.

    Il y a énormément de monde, peut-être 20.000 personnes, peut-être 30.000 (…) en tout cas, ça va être une date qui va marquer, a assuré l’altermondialiste José Bové à l’AFP, dans le cortège qui était précédé par la brigade des clowns.

    Alors que la nuit commençait à tomber sur le bocage, les manifestants se disaient décidés à maintenir la pression. Gardarem Notre-Dame-des-Landes, pouvait-on lire sur une pancarte évoquant la mobilisation au Larzac dans les années 70.

    Le projet est absurde

    ———————-

    Hollande, touche pas à Notre-Dame-des-Landes, proclamait une banderole brandie par certains manifestants, alors que d’autres lançaient le changement c’est maintenant, l’aéroport c’est jamais.

    Parmi les personnalités politiques présentes, Jean-Luc Mélenchon a estimé que François Hollande et Jean-Marc Ayrault commettaient une lourde erreur en cherchant à imposer le projet d’aéroport. Le projet est absurde, a estimé le coprésident du Parti de gauche. Il y a un choix dicté par le nouveau gouvernement, qui est le choix du rapport de force brutal et violent, a-t-il dénoncé.

    Vendredi, François Hollande a mis en garde les opposants au projet. Je respecte le droit de manifestation et je fais en sorte que tous les recours puissent être traités par une justice indépendante, a déclaré le président. Mais, en même temps, a-t-il ajouté, il y a aussi la force du droit et la primauté de la volonté, non seulement de l’Etat mais aussi des élus, et au-delà même des alternances politiques.

    Prenant le relais, Harlem Désir, premier secrétaire du PS, a affirmé samedi qu’un parti de la majorité gouvernementale ne devrait pas s’impliquer dans des manifestations qui prennent pour cible le Premier ministre, à propos de l’opposition au projet des écologistes d’EELV, pourtant membres de l’exécutif.

    En réponse, le secrétaire national d’Europe-Ecologie Les Verts, Pascal Durand, a assuré dans le cortège que nous ne manifestons pas contre le Premier ministre ni le gouvernement, c’est le contraire. Nous manifestons pour que le gouvernement respecte les engagements de changement qu’il a pris devant les Français et les Françaises.

    Le projet est destiné à remplacer l’actuel aéroport de Nantes à partir de 2017.

    Dans un communiqué, des élus socialistes locaux favorables au projet ont assuré qu’ils ne se laisseraient pas des Bové, Joly ou Mélenchon mettre en cause le développement de ce territoire. Nous ne sommes pas le Larzac. Il ne s’agit pas d’implanter un camp militaire, mais de transférer un équipement qui permettra la création de milliers d’emplois, ont-ils fait valoir.

    La préfecture a déploré les propos intolérables tenus sur France 3 par une opposante qui aurait incité à commettre des actions de sabotage et de destructions de matériels. Ces propos seront signalés au procureur de la République de Nantes, a averti la préfecture.

    Ailleurs en France, entre 100 et 200 personnes se sont rassemblées à Lille pour protester contre le projet, en constituant un tapis de terre et de feuilles mortes à l’entrée d’un parking Vinci.

    17 novembre 2012 17h26

  5. Sancho,

    Pardon, pour le bis. 🙂

    Y’a cela aussi.

    « Dans un communiqué, des élus socialistes locaux favorables au projet ont assuré qu’ils ne se laisseraient pas des Bové, Joly ou Mélenchon mettre en cause le développement de ce territoire. Nous ne sommes pas le Larzac. Il ne s’agit pas d’implanter un camp militaire, mais de transférer un équipement qui permettra la création de milliers d’emplois, ont-ils fait valoir. »

    Avec la crise financière qui nous colle aux basques … Les emplois seront le plus important.

    Bien a vous,

  6. Les socialistes sont des [bip] de dictateurs avec leur aéroport à la con. de Ayrault à Hollande en passant par Désir, troupeau d’abrutis arcboutés sur des décisions unitalérales.
    Vivement qu’on les foute dehors!!!

    Ils baissent dans les sondages de popularité, inventent des taxes tous les jours, les remettent en cause le lendemain et les ressortent les surlendemain. Rarement vu un tas d’incapables dans leur genre. Même Sarko qui était déjà pas beau à voir et à subir me paraissait mieux.

    Ce n’est pas le parti socialiste qui est au pouvoir, c’est le parti FISCALlSTE.

  7. De retour de Notre-Dame-des-Landes, quelques mots à chaud.

    Pour venir jusqu’ici, il faut rouler des heures entières, sillonner des contrées hérissées de pylônes et d’antennes, de tours où l’on vit séquestré, d’enseignes commerciales, de bagnes industriels, d’élevages où les animaux n’ont jamais vu ni la lumière du jour ni l’herbe des prairies, parcourir des campagnes sans un arbre, des voies rapides où meurent des renards écrasés… Traversée d’un monde où la laideur est omniprésente sans être vue vraiment.

    Et voilà que le nom est indiqué à 2,5 km, ce nom tant lu, tant entendu, ces dernières semaines : Notre-Dame-des-Landes.
    Une file de voiture devant, derrière, des hommes, des femmes, par centaines, par milliers, par dizaines de milliers ! Un long ruban d’humains dont on ne voit ni le début ni la fin, des visages que l’on cherche, des amis que l’on retrouve, certains de son village voisin, d’autres venus des pays basques, d’Allemagne, de l’Aude, elles ont roulé toute la nuit, ils ont le regard en sommeil, mais ils sont là, elles arpentent les longues rues qui conduisent au monde à reconstruire, entre deux remorques chargées de poutres, de palettes et de paille, ce sont des rues étroites au bord desquelles grandissent des arbres et plus l’on s’approche de la zone à défendre, plus les arbres sont immenses.
    Il y a ce chêne au tronc sans aucune branche à la base et dont on dirait que la tête a été coupée, ses branches s’envolent vers le ciel en décrivant des arabesques. Il y a des châtaigniers aussi, des haies de noisetiers et l’on devine des chants d’oiseaux les matins d’avril.

    On fait une pause, enfin, pour manger un peu sur le bas-côté dans l’herbe mouillée, avant de reprendre la marche, et voilà la vache rit où des amis du bocage ont déposé des pommiers et des poiriers à planter, il faut encore marcher pour arriver au lieu à rebâtir, on s’assied, courbatu, une voix au loin trace un chemin, des applaudissements rythment les discours, l’après-midi s’étire.

    On se remet en route pour rejoindre les cars, les voitures, on aperçoit un panneau de bois sur lequel quelqu’un a écrit : « Pas besoin d’aéroport pour s’envoyer en l’air ».
    On remarque des tracteurs par centaines garés dans un champ, un écriteau : « Ces tracteurs sont des armes » et on les imagine faisant blocage à la laideur qui gagne, au monde suffocant où l’on croit respirer alors que l’on étouffe, où l’on pense se nourrir alors que l’on survit sous perfusion.

    On repart avec l’image de cette nature en sursis, cependant que les phares des voitures dessinent un ruban qui n’en finit pas et de nouveau les enseignes lumineuses, les campagnes sans un arbre, les voies rapides où meurent des renards écrasés…
    On se dit qu’il ne faut pas en rester là, qu’il y va de la vie, de la nôtre, de toutes les autres.
    Frédéric

  8. Frédéric Wolf,

    De nouveau, un pur bonheur. Que chacun se sente libre d’exprimer ici son voyage à NDDL. Je vous embrasse, vous et tous les autres.

    Fabrice Nicolino

  9. Plusieurs dizaines de milliers de gens pour défendre un coin de nature, c´est très chouette. Mais ce qui l´est moins, ce sont les milliers de voitures, c´est même un peu paradoxal. Les trains n´existent pas ?
    Bilan carbone de cette journée ?

  10. vous etes un optimiste, vous pensez qu’il y aura des « petits enfant »,si ceci advenait,je crains que ces derniers ne fassent pas mieux que leurs glorieux ainés.

  11. Quel bonheur d’avoir partagé ce grand moment de convivialité, de solidarité, avec cette incroyable quantité de résistants ! PArès 400km de route depuis l’Essonne, à quelques km du but, la file de voitures et le long moment pour approcher le village de NDDL étaient un plaisir. Pour une fois, heureux de faire la queue ! Autre exception, nous étions bien content de voir tous ces agriculteurs et leurs centaines de tracteurs, même si nombre d’entre eux ne soignent pas bien leur terre en conventionnel…
    Une fois arrivés sur le site de réoccupation, nous fîmes bientôt demi-tour, histoire de ne pas subir les prises de paroles de certains politiques que nous vomissons (lesquels ne vomissons nous pas d’ailleurs?)
    NDDL est une lutte emblématique, il fallait y être ! C’était magnifique. Et c’est bien loin d’être fini…

  12. Réponse à Martine
    Pour manifester à Paris, oui, il y a des trains qui peuvent converger de partout. Pour manifester à Notre-Dame-des-Landes, il y a une gare à Rennes et une autre à Nantes. Dans les villes, il y a des collectifs qui réservent des bus, prennent des inscriptions, mais les bus se remplissent et on n’a pas troip de mal à se retrouver à 5 pour une voiture. Il y a aussi tous ceux qui ne peuvent pas s’adapter aux horaires des bus (enfants, travail, etc.), parce qu’un bus qui part d’une ville du grand ouest à 7 heures du matin avec un chauffeur et qui arrive vers 11h 30 à son parking définitif à 6 km de NdL devra attendre 21h30 (les 9 heures de repos légal écoulées) pour quitter ledit parking et aller prendre des manifestant qui attendent dans la nuit et qui seront déposés vers une heure du matin près d’une voiture qui les ramènera chez eux, parfois à une heure de route de là… C’est ça aussi le concret d’un rassemblement et chacun a fait de son mieux pour dire avec un peu de C0² et beaucoup de conviction qu’il était contre cet aéroport(à ma connaissance, personne n’est venu en jet). Oui, ce fut un grand bonheur de se retrouver dans la grande fourmilière humaine qui avait investi le bocage. Oui, cela valait le détour et un peu de CO².

  13. On veut pas être aménagés !
    ON NE VEUT PAS ETRE AMENAGES.

    SCOT, HUB (là, je ne connais l’othographe de ce sigle salopard de merdre), en finir, en finir avec toutes ces hydres terrifiantes et déshumanisantes, dénaturantes, traitres jusqu’au bout des papiers…

    J’avais aussi peur de la foule dans le bocage, tout en l’espérant de tout mon coeur. Le piétinement, les dégradations du beau troupeau plein de vigueur… Quelques vers de terre que j’aime tant, sûrement, beaucoup de huppes de graminées. Des moteurs aussi, crachant. On s’en sort toujours si mal avec nos irrésitibles contradictions, mais il me semble que le compte est tellement honorable, là ! OUI !

    Pas d’encadrement fliqué (en costume officiel du moins) en notable bonheur.

    Très dur pour un petit garçon de 5 ans et demi ?

    Beaucoup de marche, beaucoup de marche, et encore davantage, puisque qu’il fallut s’arrêter bien avant le bourg de Notre-Dame, et les 11 heures amplement sonnées, faute aux bouchons (depuis la nationale, épisodiquement, et finalement). Le visage blême, et les gambettes flageolantes de l’enfant sur le chemin du retour(et moi, je ne dis – presque – rien, mais 20 kg qui se trémoussent dans le bras de temps en temps, ça dévisse la colonne).

    Prêt à y retourner ! Avec drapeau breton et tinya ! me dit mon petit O. Un drapeau nature et Bretagne ! Eunn douar pour moi !

    La marche sur les petites routes, le grand champ d’accueil. Cette lucide et campée Marie. Et même une remorque de tracteur avec des Bordelais ivres de conscience de classe* pour revenir prendre son car plein de vapeurs humaines.

    (Perso : conscience d’autre chose à activer pour moi. Y a pas que Marx dans la vie, dixit le génial Cornelius : après et maintenant)

    A bientôt !

  14. Mille émotions contradictoires m’ont traversée pendant cette journée du 17.

    Je pars « harnachée » (au cas où…) : lunettes de plongée, masque, jus de citron…

    Levée à l’aube, je rejoins les copains sur une aire de co-voiturage où nous montons dans un car, loué pour l’occasion. Je suis très tendue parce que j’ai envie de cette manif depuis qu’elle est annoncée… Le car est très en retard et la pluie bat tout ce qu’elle peut.

    À 11 h 10, la pluie a cessé et nous ne sommes plus qu’à quelques kilomètres de Notre-Dame-des-Landes. Les bouchons commencent. Vouah ! Impressionnant. Des gendarmes sur le bord de la route. Certains commencent à fantasmer sur des contrôles, des tentatives de blocage des cars… Agitation.
    Finalement, on nous lâche à 2,5 km du village.
    Quelle joie de sentir mes pattes à nouveau posées sur le sol et Notre-Dame-des-Landes à portée… Je prends la route d’un pas très vif et bientôt franchis le panneau d’entrée dans Notre-Dame-des-Landes.

    J’essaie d’ouvrir plus grand mes yeux. Je voudrais tout enregistrer.

    Dans la manifestation, une chose me frappe tout de suite : plein de drapeaux, malgré les demandes des zadistes. Pas de grande banderole d’Europe Écologie mais leurs militants ont tous des petits drapeaux verts à la main. À côté de moi, quelqu’un dit « Ils n’ont pas peur, quand même… ». « Pas peur et pas honte », je réponds.
    Hélas, ils ne se sont pas groupés et on les retrouve un peu partout dispersés dans la manifestation, ce qui fait qu’il est difficile de s’en dissocier. Un peu de colère.

    Plus loin, plein de jeunes dansent en scandant « Oui ! » en ouvrant bras et corps vers le ciel, puis « Non ! » en fermant les épaules et en baissant le nez. Ils ont l’air franchement heureux, d’ailleurs tout le monde sourit autour d’eux, même ceux qui ne dansent pas. J’oublie les politiciens. Je réalise que nous sommes très très nombreux. Peut-être qu’enfin il se passe vraiment quelque chose, ce quelque chose qui m’habite depuis quarante ans. Les larmes me viennent aux yeux.

    Beaucoup de Bretons dans la manif, me semble-t-il. Non, je ne dis pas ça parce que… Non non… Des militants scandent : « À Plogoff comme au Carnet, nous avons toujours gagné ! » et, plus loin, sur un grand panneau, on lit : Non à l’aéroport du « Grand Ouest », ici on est en Bretagne !
    Ça me plaît bien. J’ai toujours eu horreur de l’expression « Grand Ouest » qui a tout de la bureaucratie et pas grand-chose de la vie.

    La vie, elle est à La Vache Rit. Malgré la foule, peu propice à la perception fine des ambiances, j’ai l’impression de sentir un peu de ce que vivent les zadistes : leur communauté, leur solidarité et aussi, sans doute parfois, leurs engueulades. Mille et un petits mots sur les murs, éternels rappels à l’auto-discipline « Si tu laisses traîner tes affaires… On est prié de… » Et aussi :
    De ce lieu, tu pars
    A dit le petit chef
    Je veux enfer
    Mon Ayraultport
    L’élu si fier

    Dans le ciel, un avion passe. Quelqu’un dit : « Mais il n’y a pas d’aéroport ici ! Comment tu vas faire ? Tu vas rester là-haut. T’es foutu, mon gars ! »

    Je n’étais pas seulement venue pour manifester. Je voulais rencontrer des zadistes, prendre des contacts. Mais ce n’était pas la bonne occasion. Il aurait fallu venir plus tôt, repartir plus tard. Saloperie de travail salarié. Je reviendrai autrement. En attendant, faire des choses chez soi. C’est bien pour ça qu’on est en train de mettre en place un comité de soutien, ici. Un de plus. Mais, en attendant, quelle frustration !

    Tiens, un type porte une pancarte : « Ne votez plus ! »
    Je rencontre, moi aussi, le type de Frédéric, avec son « Pas besoin d’aéroport pour s’envoyer en l’air » et j’ai bien envie (car c’est vrai, n’est-ce pas ?), de lui lancer un coup d’oeil complice mais (l’as-tu remarqué, Frédéric ?), il tient, dans l’autre main, le fameux petit drapeau d’EELV, alors je m’abstiens.

    Sur le chemin du retour, des jeunes gars lancent de la terre aux militants d’Europe-Ecologie qui passent : “ On va voir s’ils l’aiment, la terre qu’ils prétendent défendre ! ”. Pas que de la gentillesse, dans cette manifestation que les médias qualifient de bon enfant. À côté de moi, quelqu’un de l’ACIPA tient un discours bien sage.
    Il y a plusieurs mondes dans cette lutte.

    On est près des cars. C’est le moment du départ. Une copine vit mal le retour au calme : « Je me sens drôle. On vient de quitter tous ces paysans. On criait. On était bien et maintenant … ». On reviendra, ma belle. On reviendra.

  15. Rien à ajouter aux récits divers qui, assemblés, superposés, rendent très bien ce que fut cette journée. Journée dont, étrangement, je me souviens déjà comme inondée de soleil alors qu’on n’en a pas eu un rayon. Ceci suffit, je crois, à la décrire.

    Juste ceci, qui en partant nous tracassait : cette forêt, si belle hier avec ses couleurs de flamme dans le crachin, c’est elle qui est désignée comme prochaine victime, et ce dès le mois de décembre. Si on est cohérents il faudra revenir, être nombreux pour empêcher le massacre. Or tout le monde ne le pourra pas. Mes compagnons de car et moi-même sommes rentrées contents mais moulus : 800 km aller et autant retour, on ne fera pas ça tous les mois, il faut être clairs, et les organisations qui nous ont aidé à payer le car et ainsi à limiter les frais ne le feront pas chaque fois non plus. J’espère donc qu’une dynamique a été lancée et qu’on sera assez nombreux, de plus en plus nombreux, pour se passer le relais. C’est le sentiment que j’avais hier, dans l’euphorie, mais c’était dans l’euphorie. J’espère qu’il va se confirmer dans le réel.

  16. No problemo…. d’autres qui n’étaient pas la hier suivront et prendront la releve , à condition de maintenir la flamme allumée et un site comme celui-ci avec un veilleur de la nuit comme F.Nicolino….no problemo!!

  17. Jeanne,
    Quand je suis passé à côté de l’écriteau « Pas besoin d’aéroport pour s’envoyer en l’air », il était posé au sol. Personne pour le brandir de la main droite et pour arborer le drapeau EELV de la main gauche. Ainsi, j’ai pu sourire tranquillement.
    Par contre, un peu plus tard, un panneau citait une phrase d’anthologie :
    « Je le dis les yeux dans les yeux, l’accord de 2012 avec le PS, s’ils ne lâchent pas sur Notre-Dame-des-Landes, ce sera non. »
    Une déclaration prononcée en 2010 par Duflot. Il faudra s’en souvenir, s’il en est besoin, les dimanches de supercherie électorale.
    « On reviendra ». Oui, sans doute, il le faudra. « Prêt à y retourner ! » comme le souligne Florence, « être nombreux pour empêcher le massacre », comme l’écrit Valérie. Continuer à soutenir les amis du bocage, d’une manière ou d’une autre. Les semaines qui viennent vont être importantes.

  18. Bravo à tous, et merci pour vos témoignages sensibles, j’ai vraiment regretté de ne pouvoir être à vos côtés…

    @ LBL : Il y a quand même des socialistes qui ont plus clairement choisi leur camp. Dommage que ce soit celui du siècle dernier !

  19. Continuer à soutenir celles et ceux qui résistent dans ces prairies humides, donc. Etre les « veilleurs de la nuit », comme l’écrit justement René à propos de Fabrice qui a orienté la lumière vers ce coin de la planète à sauver. C’est une lumière qui compte, infiniment.
    Etre de ceux qui veillent, être de celles qui tiennent les marchands de sommeil à distance, « se passer le relais », ça pourrait être ça aussi, des feux allumés qui se donnent avant que la nuit ne gagne.
    Une bougie qui en allume une autre et puis une autre encore, une flamme qui fait naître d’autres flammes, j’ai bien envie d’y croire.
    Frédéric

  20. Bon reportage en effet, ne lâchons rien, que ce soit pour cet aéroport ou les gaz de schistes, à ce sujet je me méfie des dirigeants capable de faire une concession sur Notre Dame des Landes pour mieux nous entuber sur le nucléaire et les hydrocarbures de schistes. Restons vigilants quoiqu’il arrive.

  21. @ LBL :

    OUPS ! Après relecture de mon dernier message, je viens de m’apercevoir que j’ai confondu EELV et le PS. Mes excuses pour ce lapsus révélateur …

    @ Fabrice : Cette belle journée de samedi me rappelle une superbe idée que tu avais lancée il y a quelques mois. Celle d’un grande marche pour l’EAU. 😉

  22. Juste quelques pensées qui me viennent à l’esprit après cette belle manif:
    – il y a quelques jours, je me faisais cette réflexion: mais comment c’était « avant » (pas si longtemps en fait, disons 30 ans)lorsqu’on avait froid bien plus souvent qu’aujourd’hui (je devrais dire « je » car je me me considère assez nanti, qu’on devait souvent attendre, que tout n’arrivait pas tout cuit: je ne me souviens pas avoir entendu beaucoup les gens se plaindre…et en tout cas lorsque j’étais malheureux ce n’était pas pour ces motifs; eh bien j’ai retrouvé un peu de cela ce week-end: la fatigue, l’inconfort, le froid, l’attente, mais ressentis de façon naturelle; et je crois que c’est ce qui en partie fait tenir ces opposants magnifiques de courage: ressentir d’exister, et la solidarité naturelle qui va avec. Et cet après-midi, un peu de jardin, un peu de vélo dans la campagne malgré la fatigue…la sérénité. Mais quand allons nous cesser d’appeler « vie » cet univers virtuel de consommation et de confort, de safisfaction des moindres désirs d’enfants gâtés, qui anesthésie tout. Voilà ce que m’inspire NDLL, qui n’est autre que le nième projet de la mortification de la nature et des hommes.

  23. Merci beaucoup M. Nicolino, à présent que j’ai vu la beauté éternelle de ce bocage, c’est devenu un supplice de penser qu’il va être entièrement bétonné.

    Et de penser à ces jeunes qui sont les seuls à nous proposer un avenir heureux et qui tienne la route, ce qui leur vaut d’être traités comme les plus dangereuses personnes de France.

    J’ai reçu une info selon laquelle le gendre de Jean-Marc Ayrault serait employé chez Vinci. Pourriez-vous faire des recherches?

    Merci beaucoup.

  24. 16h, ce dimanche. Mon fils, qui m’accompagnait hier à Notre Dame des landes, est entrain de jouer dans sa chambre et je peux entendre « Vinci, dehors, l’aéroport, on n’en veut pas! Des légumes, pas du bitume !» dans des styles musicaux variés. Avant cela, il exprimait quelques ressentis.
    Notre première grande manifestation : impressionnés, intimidés même.
    Je souris le cœur ému aux souvenirs de cette journée, à la longue marche en bottes, à l’impressionnante organisation, à cette lutte essentielle,à cette foule.
    Je contemple la nature qui s’offre à nous de pas en pas , découvre le bocage, salue les arbres debout, fiers résistants de ce vaste lieu depuis des lustres et je ne peux imaginer le pire, non, c’est impossible ! Ils ne peuvent pas faire ça !
    Je danse à l’approche de la Batucada, les légumes picotés de mon bonnet attirent la sympathie des uns et des autres qui demandent « mais c’est quelle matière ?…. », les liens se tissent, à pas cadencés, les regards se croisent, complices, les sourires s’enlacent.
    J’aperçois même avant que le cortège ne s’élance du village une adhérente de la biocoop d’Alès dans le Gard, que j’ai quitté depuis peu, et qui a roulé 9h30 en voiture avec 2 acolytes, le coffre rempli de victuailles et petit matériel. J’en suis retournée à l’extrême.
    Et durant la marche joyeuse aux ambiances bigarrées mon fils me ramène régulièrement à la réalité «  maman, j’ai des ampoules aux pieds, j’en ai marre ! Viens vite, il y a un cadavre de chien dans le fossé plein de vers, plus loin c’était un rat mort dans la flaque d’ un champ et puis longue pause pour se reposer et recherche d’un morceau de bois pour faire un porte drapeau avec le foulard….. » C’était ça aussi ce rassemblement, le rassemblement de la vie, pour la vie, avec la vie.
    Nos Lumières illuminent le bocage, c’est beau à voir !

    Déjà le temps du retour ; l’ambiance brumeuse s’intensifie, la lumière d’automne pâlit et la cornemuse, malgré ses railleries dues à l’humidité, enfin je suppose, ne cesse de cadencer avec joie nos pas fatigués. Plus nous nous éloignons de la zone de réoccupation, plus mon cœur se serre.
    Je ressens un sentiment qui me met mal à l’aise : celui d’avoir fait beaucoup et si peu à la fois.
    J’aimerais tant pouvoir m’installer quelques jours, rester au cœur de cette magnifique résistance ; j’ai un sentiment de pas assez, tout simplement.
    Tous dans la voiture. Et voilà que nous entonnons un répertoire de chansons très éclectiques, heureux de ce qui s’est partagé aujourd’hui, heureux d’être ensemble, à cet instant.

    Mardi prochain, une opération d’expulsion s’en vient. Nous serons tous loin alors, oui, certains d’entre-nous reviendront dès que nécessaire, de nouvelles forces vives prendront la relève.
    Ce cortège du 17 ne doit cesser de résonner dans ce bocage afin de porter avec force la vie qui l’habite et qui lutte pour sa survie.

    No pasaran, no pasaran, no pasaran !!!!!!

    Cathou

  25. La région est belle et rare puisque le bocage a déjà été détruit à peu près partout en France
    Je n’arrive pas à comprendre leur logique, qui non seulement détruira ce très belle endroit, mais qui, d’un puits de carbone deviendra un producteur de carbone et autre saloperie. Faut il qu’il soit égoïste et bornés, ou alors n’ont ils pas les mêmes infos que nous ces foutus politiques.
    En fait, est il utile de lutter contre cette abomination, alors que des millions de gens ne rêvent que de partir au bout du monde????
    Mais oui j’y retournerai, et j’essaierai d’entrainer de nouvelles personnes avec moi.
    Les autres pouvant signer la pétition de ACIPA.
    Merci Fabrice de secouer le cocotier!!!
    Pour continuer sur la connerie des capitalistes, il me plairai bien d’avoir ton avis sur l’entourloupe (et je reste poli) que représente à mes yeux « la ruche qui dit oui ».

  26. Bonjour à tous,

    Aujourd’hui, j’ai acheté Charlie Hebdo. Il y a le reportage de Fabrice. Mais je me suis étranglé à la lecture d’un tout petit texte qui n’a rien à voir, en apparence. Celui de D’Antonio Fischetti. Les critiques détaillées de Pièces et main d’oeuvre contre les nano-technologies sont balayées en deux coups de cuiller à pot. En raccourci mais à peine, leur opposition serait absurde, ils seraient à la limite de la paranoïa et leurs ancêtres auraient pu s’opposer à l’invention de la roue au motif qu’elle favoriserait l’esclavage.
    Alors que des micropuces dans le cerveau humain offrent des perspectives médicales énormes. Lutter contre la maladie de Parkinson, aider les tétraplégiques. Qui pourrait s’opposer à cela?

    Voila. La messe est dite. Qui pourrait s’opposer à cela??

    C’est un texte très bref, et donc comme souvent très riche de sous-entedus. Il contient tout entier un monde sans avenir qui se construit néamoins chaque jour, degré par degré.

    D’où peut venir son assurance que je crois sincère? Comment faire pour parler de la peur que m’inspire ces propos? A quoi bon en parler? A qui? A Fischetti? Il a pourtant écrit des bouquins fabuleux. Mais comment lui dire?

    Pourquoi ne lit-on pas lui et moi la même chose dans les textes de PMO? Commen s’est-il posé cette question qui lui paraît clore toute discussion? Pense-t-il réellement que personne doté d’un cerveau en état de marche ne saurait s’opposer à cela? Que voit-il dans Cela? Pourquoi ne pense-t-il pas qu’on peut ne pas voir des risques de dérive, ni même une dérive, avec ce que cela suppose d’écart par rapport à une normalité, mais un monde invivable?

    A. Fischetti ne parle qu’en son nom, à vrai dire. Je lirai probablement ses futurs livres avec plaisir. Mais il est tout le monde. Il pourrait donner son article à n’importe quel journal. Il est une bonne partie des gens qui nous entourent et qui sont nos amis. Il réfléchit. Il regarde. Mais ses yeux sont fermés à ce qui moi me révolte avec l’évidence d’une nausée.

    Je suis désemparé. Avancer des faits, des informations? Ca ne marche pas. Sur les forums de discussion que j’ai pu parcourir, toujours le même mélange d’infos et d’invectives. Au final, rien. En discutant avec d’autres personnes, rien ne peut briser la carapace que je ne comprends pas. Et pourtant, Clinatec est si peu de choses en regard des sentiments plus profonds encore que m’inspire la vie des hommes aujourd’hui, même sans puce dans le cerveau. Mais là, autant vaudrait que je me mette une plume dans le cul pour aller tenir une conférence au collège de France.

    Comment faire pour tout doucement faire partager des sentiments? Impossible de faire revivre ce qui nous définit. Mais tout aussi impossible de voir ce mur infranchissable qui nous sépare sans le détester. Ce mur qui malgré tous les moments qu’on vit joyeusement avec nos amis est en train de nous enfermer dans une prison parfaite, Fischetti et moi compris.

  27. Fabrice,

    J’espère ne pas m’être mal fait comprendre.
    Loin de moi l’idée de venir vous reprocher quoique ce soit au sujet de ce qui s’écrit dans Charlie Hebdo. Au contraire, continuez d’y écrire tant que vous le pouvez. C’est précisément là que le monde a besoin de vous.

    Mes questions n’avaient en fait rien à voir avec Charlie Hebdo. Ni PMO. Mais à l’impossibilité de communiquer avec ceux qui ne voient pas les choses comme moi, comme vous, ou comme nombre des lecteurs de votre site. Alors que c’est sans doute essentiel.

  28. Karl,

    Mais non, rassurez-vous, il n’y a pas de souci. Vos questions me semblent on ne peut plus légitimes. J’ai écrit d’une manière trop sèche pour la raison que je cours d’un bord à l’autre de ma vie. Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  29. Karl,
    Je n’ai pas lu Charlie Hebdo et je ne connais pas Antonio Fischetti, je ne me prononcerai donc pas sur cet article auquel vous faites référence, ni sur son auteur.
    Mais ce que vous écrivez correspond à ce que je ressens. Le discours de PMO, ultra-minoritaire, est d’une lucidité lumineuse.
    En caricaturant à peine, les nouvelles technologies prétendent nous guérir de maladies qu’elles contribuent à développer ; elles affirment résoudre des maux qu’elles créent ou qu’elles amplifient.
    Balayer les dangers d’un revers de main relève davantage de la croyance que de la science.
    Quant au meilleur des mondes d’une post-humanité augmentée, débarrassée de ses failles humaines, nous y plongeons comme on se noie.
    Il s’agit bien d’un « mur qui nous sépare » de plus en plus de la modernité et de ses apôtres, oui. Cette « difficulté à communiquer » avec la plupart de mes semblables si dissemblables, je la ressens depuis bien longtemps, depuis toujours, je crois. C’est probablement le revers d’être différent. Je crois qu’avec le temps, je m’y suis habitué, pour ma part. Et cette solitude m’est devenue presque vitale.
    Ce qui me blesse n’est pas cette difficulté, en soi, à se comprendre les uns les autres. Ce qui me désespère, je crois, c’est de voir le si peu d’attention portée au respect de la vie, le si peu de force des mots pour toucher vraiment l’âme des gens. Peut-on construire un bouclier avec juste des mots qui protègeraient les êtres auxquels on tient, qu’ils soient humains ou non humains ? Sans doute qu’il faut aussi des actes, des preuves. Et la conscience toujours présente, que toute tentative peut être vaine.
    Alors, de temps en temps, lorsqu’il m’arrive de croiser des frères ou des sœurs de pensée, cette rencontre n’en a que plus de valeur.
    Pour le reste, que faire d’autre que d’essayer d’être soi-même pleinement, d’être dans sa singularité la plus profonde ? Sans doute la meilleure façon d’être dans l’universel et d’établir des liens qui ne soient pas factices.
    Frédéric

  30. Bonsoir,

    Merci a toutes et tous pour ces merveilleux récits. Vous êtes des amours. 🙂

    A quand une mobilisation d’une telle ampleur pour les enfants de Gaza, pour les enfants violentés, les enfants mourrant de faim?

    Je sais! Nul ne peux mener plusieurs combats a la fois …

    Je sors!

    Bien a vous,

  31. Karl,

    J’apprécie vos interrogations et conçois votre profond malaise aux limites de l’angoisse, que je crois partager. Toute remarque de naïveté et de malentendu acceptée par avance, voici ce que les échanges autour de votre première note m’inspire.

    Je trouve un réconfort et surtout beaucoup de puissance dans la lecture de Cornelius Castoriadis (visée sociale), et plus encore, en Gunther ANDERS. Je n’ai encore lu que : Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse, mais cet homme nous devance dans la lucidité, et lourd de toute son expérience humaine, franchit toutes les limites de la bien-séance, et se moque, avec des arguments de poids, de la pensée classique, aussi intelligente (et applaudie) est-elle.

    Les outils et notions intellectuels contemporains me paraissent totalement défaillants aujourd’hui pour trouver un sens et une force collective convaincants. Et, hélas, exceptés les penseurs cités précédemment (auxquels j’ajoute Annie Le Brun, tant elle m’est personnelle), je n’arrive pas à adhérer, ni même à lire vraiment, bien des propositions écologistes (aussi et surtout peut-être parce qu’elles misent sur un humanisme, voire un sentimentalisme, inappropriés face aux succès de la société de consommation bureaucratico-technologique – c’est mon regard – et pire encore, quand elles ne reprennent pas, finalement, bien des modes technologico-bureaucratiques en cours…).

    PMO abattu en quelques mots, par quelqu’un qui serait brillant ? Il y a sûrement là un terreau critique pour élaborer la pensée (et sans doute largement liée à l’émotion, au vécu – selon mes propres vues) qui me paraît manquante aujourd’hui, et à construire urgemment.

    Que le site de Fabrice Nicolino y participe, pour moi, serait une joie, et s’avère désormais une attente.

    Nota : La pensée bio-dynamique (à partir de Rudolf Steiner), la permaculture sont, en ce qui me concerne encore, des sources de premier plan. Les éditions de L’Encyclopédie des nuisances sont une autre bibliothèque de référence (attitude assez frontale face aux problématiques, toutefois).

    Dans la logique de ces dernières sources, dans l’espoir de suite encore, et parce que j’y trouve de l’essentiel super-fertile : de quelques lois universelles ?

    Je me suis prise d’intérêt pour un site de refondation de l’homéopathie pour les francophones, récemment, que j’ai déjà relayé ici : Planète-homéo (là où j’ai d’ailleurs pu lire avec effroi que si l’allopathie continue à convaincre les patients, ou les futurs patients, en masse, quels que soient les moyens de conviction de la masse mise en place, la sélection naturelle, dans sa version la plus terrible, est attendue sans ménagement – ce qui rejoint l’alarmisme total d’Anders) : ceci pour dire en substance qu’il est probable qu’il existe certaines lois universelles, connues dans leurs effets, si elles sont encore assez mal maîtrisées pour ne pas dire ignorées par les théories et les savoirs sophistiqués humains.

    Ces lois, simples, en petit nombre, reprises ici ou là, et qui prennent de plus en plus d’importance dans ma conception du monde à force d’évidence, pourraient-elles aussi nous aider à renforcer nos êtres, à étayer nos convictions écologiques et convaincre beaucoup d’autres…. (?)

    En homéopathie, écouter le docteur Broussalian est du petit lait pour moi quand il rappelle la seule loi « connue » (disons repérée) de guérison par consommation de substances.
    Et, si cela marche, nous n’y comprenons RIEN ! Avis à la superbe occidentale (ce qui n’enlève rien à l’approche rationnelle, en passant – expérimentale notamment).

    http://planete-homeo.org/school/forum/0-presentation-des-10-piliers-de-l-homeopathie-t272.html#p1781

    Mes propos trouveront-ils écho ? Je l’aimerais tant.

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