La mer, l’air et l’eau (vaines pensées)

J’aime Alexandre Dumas à la folie. Je crois avoir lu Le Comte de Monte Cristo quatre ou cinq fois et au moins trois fois Les Trois Mousquetaires et bien d’autres livres encore de lui, qui était pourtant un épouvantable plagiaire. Dumas n’était pas seulement un copieur, mais un industriel de la récupération d’histoires et de textes, qui utilisa au cours de sa vie littéraire, croit-on, au moins une centaine de nègres écumant pour son compte archives et vieilles éditions. Je ne résiste pas à l’envie de vous donner cet extrait de Comment je devins auteur dramatique, en vous priant d’excuser sa longueur :

« Dieu lui-même, lorsqu’il créa l’homme, ne put ou n’osa point l’inventer ; il le fit à son image. C’est ce qui faisait dire à Shakespeare, lorsqu’un critique stupide l’accusait d’avoir pris parfois une scène tout entière dans quelques auteurs contemporains : c’est une fille que j’ai tirée de la mauvaise société pour la faire entrer dans la bonne. C’est ce qui faisait dire encore plus naïvement à Molière : je prends mon bien où je le trouve. Et Shakespeare et Molière avaient raison, car l’homme de génie ne vole pas, il conquiert; il fait de la province qu’il prend une annexe de son empire ; il lui impose ses lois, il la peuple de ses sujets, il étend son sceptre d’or sur elle, et nul n’ose lui dire en voyant son beau royaume : “Cette parcelle de terre ne fait point partie de ton patrimoine”.» Bon, Dumas ne se voyait pas comme un égal parmi les égaux, et je ne peux pas dire que sa vanité me fasse grand plaisir. Je suppose que le personnage est un tout, dont il est difficile d’extraire seulement ce qui me convient.

Je précise encore deux choses. Un, je reste époustouflé par Le Comte de Monte Cristo, qui multiplie toutes les dix pages des coïncidences et des rencontres parfaitement impossibles dans la vie, et presque autant dans un roman. Ce devrait dissuader de continuer, tant les surprises les plus folles sont à chaque tournant, et pourtant l’on marche en exultant. Je marche en exultant. Deux, tout ce qui précède n’a (presque) rien à voir avec ce qui suit et qui justifie un peu que je vous écrive ce dimanche soir. Tout est parti d’un extrait qui trotte souvent dans ma tête, venu du Grand Dictionnaire de Cuisine de Dumas, publié en 1871, en cette si grande année de La Commune, juste après la mort de son auteur. Je cite : « Dans un cabillaud de la plus grosse taille (…), on a trouvé huit millions et demi et jusqu’à neuf millions d’œufs. On a calculé que si aucun accident n’arrêtait l’éclosion de ces œufs et si chaque cabillaud venait à sa grosseur, il ne faudrait que trois ans pour que la mer fût comblée et que l’on pût traverser à pied sec l’Atlantique sur le dos des cabillauds ».

Le cabillaud, je le précise pour ceux qui ne le savent pas, c’est la morue, qui fut à l’origine de tant de fortunes humaines. Et je reprends. Jules Michelet, l’historien bien connu, était un contemporain de Dumas, et il écrivit de son côté, dans le livre  La Mer (1861) : « Dans la nuit de la Saint-Jean (du 24 au 25 juin), cinq minutes après minuit, la grande pêche du hareng s’ouvre dans les mers du Nord (…) Ils montent, ils montent tous d’ensemble, pas un ne reste en arrière. La sociabilité est la loi de cette race; on ne les voit jamais qu’ensemble. Ensemble ils vivent ensevelis aux ténébreuses profondeurs (…) Serrés, pressés, ils ne sont jamais assez près l’un de l’autre (…) Millions de millions, milliards de milliards, qui osera hasarder de deviner le nombre de ces légions ? ».

Pourquoi ces deux courts textes ? Parce qu’ils montrent une évidence : il y a 150 ans, alors que l’espèce humaine occupait le monde depuis des centaines de milliers d’années déjà, nul n’envisageait les limites de l’océan mondial. On pouvait y puiser sans fin pour nourrir les hommes, on n’en viendrait jamais à bout. La pêche industrielle a détruit en moins d’un siècle des équilibres écologiques stables – dynamiques, mais stables – depuis des millions d’années. Et ce qui est vrai de la mer l’est de l’eau, dont notre corps est fait à environ 70 %. À peine si l’idée pourtant réaliste que nous sommes en train de nous attaquer à coup de canons chimiques au cycle de l’eau douce, que l’on croyait pourtant éternel, à peine si cette idée commence à se répandre. L’impératif catégorique serait de briser le cadre des pensées anciennes, et de proclamer qu’il ne faut plus rien polluer. Que l’eau est sacrée. Que celui qui la profane est un criminel des profondeurs. Fuck Off ! Veolia et Suez. Fuck Off ! J’ai encore assez de jus en moi pour rêver d’un monde où les dépollueurs de l’eau auraient disparu.

De la mer, je suis donc passé aux eaux douces, si durement traitées, et je pense maintenant à l’air. Ce dimanche soir, j’apprends que « la région parisienne est en alerte pollution, du fait du taux élevé de particules fines dans l’air ». Je vis dans cette partie du monde, et je sais que certains d’entre nous, parmi les plus faibles, les plus vieux, les plus jeunes, les plus asthmatiques, vont mourir d’avoir été exposés à ces horribles poisons. Et tout le monde le sait. Cela m’amène à rapprocher l’air et le climat des mots écrits par Dumas et Michelet il y a 150 ans. Même à l’époque de la première vague écologiste, celle d’Ivan Illich, celle d’André Gorz, celle de René Dumont – chez nous -, il y a quarante ans, nul (ou presque) ne voyait le climat comme une menace globale.

Nous avons fait de cet auxiliaire premier de la vie un ennemi, peut-être implacable. C’est une nouveauté si radicale que nombre refusent d’y croire. Parmi eux des Allègre, qui ne comptent finalement pas tant que cela à mes yeux. Et puis d’autres, dont je sais la sincérité et la probité, ce qui me navre bien davantage. Où veux-je en venir ? À ce constat mi-rigolard mi-désespéré que l’époque est rude pour les cœurs tendres que nous sommes. On a cru la mer inépuisable : elle se vide chaque jour un peu plus. On a imaginé le cycle de l’eau hors de portée : un nombre croissant de fleuves n’arrivent plus à la mer. On a négligé l’atmosphère et le climat tant qu’on a pu, pour découvrir enfin que nous sommes en train de détruire la régularité du temps et des précipitations, qui a pourtant permis l’éclosion des civilisations d’où nous venons en ligne directe.

Où veux-je en venir ? Nous avons grand intérêt à serrer nos voiles, nous avons grand intérêt à nous regrouper pour nous tenir chaud, car l’heure des tempêtes est devant nous.

20 réflexions sur « La mer, l’air et l’eau (vaines pensées) »

  1. Hello Fabrice,

    c’est chouette ton texte Fabrice, j’en cherche un rayon de soleil afin d’éclairer mon chemin vers l’avenir… et j’en déduis qu’il va être plus que temps de réduire le millier de tête de notre oligarchie régnante !

  2. Voici un joli projet pour nous tenir chaud et se mettre à l’abri des tempêtes :

    Bonjour,
    >
    > Nous venons aujourd’hui solliciter votre appui pour un projet collectif
    > dans lequel nous sommes impliqués depuis plus d’un an.
    >
    > Nous participons activement à la reprise collective d’une grande ferme
    > appelée la Borie-Haute, sur la commune du Vigan dans le Lot,
    > pour y installer des activités professionnelles agricoles et culturelles.
    > http://boriehaute.wordpress.com/ Actuellement ont été retenues les
    > activités de maraîchage (Fanny), d’élevage (Gilles), café culturel (Marie
    > et David),
    > hébergement et activités pédagogiques (Bénédicte et Jean-Luc).
    > Nous étudions des candidatures pour une activité de céréales et
    > panification…
    > D’autres activités pourraient à terme rejoindre aussi ce projet…
    > (artisanat, ateliers d’artistes…)
    >
    > Nous avons œoeuvré pour que les collectivités locales et Terre de Liens se
    > rendent acquéreurs de cette magnifique ferme de 75 hectare
    > pour un prix d’achat de 600 000€.
    > La commune et la communauté de communes ont déjà voté une subvention de
    > participation à l’achat ; la région votera la sienne d’ici l’été 2013.
    > L’association Terre de Liens est leur partenaire pour cet achat et garanti
    > ainsi que cette ferme ne sera plus soumise à la spéculation foncière
    > et sera maintenue dans son activité agricole biologique.
    > http://www.terredeliens.org/spip.php?rubrique119 Les activités
    > professionnelles qui se développeront sur cette ferme seront donc
    > locataires des lieux et pourront ainsi rester pérennes et transmissibles.
    >
    > Pour concrétiser l’achat de cette ferme, Terre de Liens ouvre aujourd’hui
    > une campagne de souscription d’épargne solidaire dédiée à la Borie-Haute,
    > à hauteur de 250 000 €. Vous pouvez maintenant nous soutenir de
    > différentes manières : – en prenant des parts d’épargne solidaire à la
    > « Foncière Terre de Liens » (voir en PJ « Plaquette » et « Promesse d’apport »)
    > – en adhérant à l’association de soutien à cette installation « Entre
    > Causse et Bouriane » (voir en PJ « Adhésion EC§B »)
    > – en diffusant notre appel autour de vous pour communiquer cette campagne
    > de souscription (doc en PJ « Installation collective d’un projet
    > agri-culturel »)
    > – en nous mettant en contact avec des acteurs politiques ou associatifs
    > qui pourraient être intéressés par ce projet et nous apporter leur
    > soutien.
    >
    > Sur cette ferme de la Borie-Haute, nous (Bénédicte et Jean-Luc) sommes
    > porteurs du projet de « Centre Eco-Pédagogique », un accueil touristique
    > avec hébergement,
    > restauration, et activités pédagogiques tous publics.
    > Nous fonctionnerons toute l’année, pour des périodes de séjour et de
    > vacances, mais aussi pour des stages et formations,
    > en proposant des activités pédagogiques autour des questions de
    > préservation de l’environnement, d’éco-construction, d’agriculture bio,
    > mais aussi autour des relations sociales solidaires et conviviales et de
    > la culture au sens large…
    > Vous trouverez en pièce jointe une plaquette de présentation de notre
    > projet de « centre éco-pédagogique ».
    >
    > En restant à votre disposition pour tous renseignements complémentaires,
    > merci de nous faire part de tous vos commentaires et questionnements sur
    > le projet de la Borie-Haute
    > et sur notre campagne de souscription !
    >
    > Bien cordialement,
    >
    > Bénédicte Veilhan et Jean-Luc Chatain
    > 06 78 08 66 01 / 06 12 59 41 01
    >
    >
    >
    >

  3. Bonsoir Fabrice,
    Je ne suis pas allé vérifier si vous avez déjà évoqué cette information -qui à ma connaissance n’a pas fait la Une du 20 Heures, bien que ce soit la plus importante pour l’humanité depuis 55 millions d’années- mais votre billet m’y fait irrésistiblement penser:

    Le Monde – 23/06/2011
    La sévérité du diagnostic est telle qu’il est difficile d’en imaginer les tenants et les aboutissants. Selon un panel d’une trentaine d’experts, réunis mi-avril à l’université d’Oxford (Royaume-Uni) dans un colloque interdisciplinaire, la magnitude des bouleversements qui, du fait des activités humaines, affectent les océans est inédite depuis au moins 55 millions d’années. Et sans doute beaucoup plus.
    Les conclusions du colloque, organisé à l’initiative de deux organismes non gouvernementaux – l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l’International Programme on the State of the Ocean (IPSO) – ont été rendues publiques, mardi 21 juin. Elles feront l’objet d’un rapport agrémenté de recommandations, qui sera prochainement communiqué aux Nations unies.
    L’objectif du rapport – dont l’intégralité n’a pas encore été rendue publique – n’est pas d’apporter des résultats de recherche inédits ou des observations nouvelles. Il est plutôt de synthétiser les travaux récents sur des questions aussi diverses que les changements des paramètres chimiques de l’océan, l’impact des pollutions locales ou globales, de la surpêche, de l’augmentation des températures des eaux de surface, etc.
    Cette synthèse, inédite, offre une photographie globale de l’état des mers du globe, jugé « choquant » par Alex Rogers, directeur scientifique de l’IPSO et professeur de biologie de la conservation à l’université d’Oxford. Si les tendances actuelles se maintiennent, un effondrement des écosystèmes marins à une large échelle est, selon les auteurs, probable d’ici 2020 à 2050. En particulier, les eaux de surface de l’Océan absorbent une part importante des émissions anthropiques de dioxyde de carbone (CO2), ce qui conduit à leur acidification. Celle-ci se produit à une vitesse inédite depuis le maximum thermique du paléocène-eocène, qui, il y a 55 à 56 millions d’années, a connu une extinction de masse.
    Au cours de cette crise biologique, explique Jelle Bijma (Alfred Wegener Institute for Polar and Marine Research) dans une étude de cas annexée au rapport, le cycle du carbone a été perturbé par l’introduction dans l’atmosphère d’environ 2 milliards de tonnes (Gt) de CO2 par an pendant 5 000 à 10 000 ans – les causes de ce bouleversement sont encore débattues. C’est un taux près de quinze fois inférieur aux quelque 30 Gt de CO2 émises aujourd’hui, chaque année, par les activités humaines.
    Les rapporteurs constatent qu’un « trio mortel », bien connu, est à l’oeuvre dans les océans de la planète. Extension des zones anoxiques (privées d’oxygène, souvent par les effluents agricoles), augmentation de la température, accroissement de l’acidité de l’océan : le triptyque qui marque la situation actuelle est analogue à ce qui a prévalu lors de la plupart des cinq précédentes grandes crises biologiques, intervenues au cours des temps géologiques.
    Mais les effets sont plus rapides. Les auteurs notent ainsi qu’en 1998, un unique événement de blanchissement des coraux – vraisemblablement en partie lié à une forte anomalie de température – a conduit à une destruction de 16 % des coraux tropicaux mondiaux. Or ces derniers sont un réservoir crucial de la biodiversité marine.
    Dans la situation présente, les grandes modifications physico-chimiques de l’Océan sont aggravées par le fait que la résilience des écosystèmes marins est mise à mal par la surpêche et la pollution globale des mers. La pêche a ainsi réduit de 90 % certains stocks de poissons tandis qu’au niveau mondial, 63 % des stocks sont surexploités ou déjà sérieusement réduits.
    Quant aux pollutions, les nouvelles études montrent qu’indubitablement les plastiques, les retardateurs de flammes chimiques et les perturbateurs endocriniens se sont fermement installés jusque dans les zones polaires, où les biologistes les retrouvent dans les organes des animaux de ces régions, pourtant éloignées de toute activité industrielle.
    « Lorsque nous considérons les effets cumulés de la manière dont l’humanité agit sur l’Océan, les implications deviennent bien pires que ce que nous avions réalisé individuellement, a déclaré M. Rogers. C’est une situation très sérieuse qui exige une action univoque, à tous les niveaux. » L’ampleur des dégâts observés et le rythme de leur aggravation est, insistent les auteurs, au-delà de tout ce qui avait été précédemment prévu ou anticipé dans la littérature scientifique.
    Le rapport met en avant quelques recommandations-clés : baisse des émissions de dioxyde de carbone, réduction des prélèvements sur les stocks de poissons les plus fragiles, réglementation des activités en haute mer et réduction des rejets chroniques de résidus chimiques dans les océans.
    Stéphane Foucart

    Si je sais bien lire, ce cataclysme absolu est envisagé d’ici 2020 à 2050. Autant dire demain matin. « La mer meurt, et nous regardons ailleurs »?
    En résumé: « le bateau coule normalement ».

  4. Bonjour Fabrice,
    Sujet : le plaisancier est médiatiquement montré du doigt comme le pollueur des mers et océans… ce qui permet à nos intances de créer une nouvelle économie et des emplois (aires de carénage) sur le dos de ces plaisanciers et en plus cela permet médiatiquement de mettre en place « l’ arbre qui cache la forêt » de la réelle pollution de nos activités industrielles, agriculture industrielle, élevages intensifs, centrales d’ épuration etc… Mais chut c’ est interdit d’ en parler, le plaisancier pollue point final !
    Je suis Breton et ancien professionnel du nautisme à la retraite j’ ai essayé d’ alerter nos instances, organisations écolos, zhom politiques locaux sur les conséquences désastreuses sur le plan écologique, comme économique (tourisme en Bretagne et économie de la plaisance) par des décisions soit disant prises pour la protection des mers et océans décisions prises par nos structures étatiques qui ont basé le fonctionnement de ces mesures par le financement par le plaisancier qui comme chacun sait est un homme riche et privilégié… comme les smicars et en Bretagne, et ils sont nombreux à aimer la mer et le bateau ! Il faut savoir que 60% des plaisanciers sont propriétaires de petits bateaux moins de 6m et que la grande majorité de ces gens ont des salaires modestes, et bien on s’ en fou, on leur impose de dépenser annuellement en plus des frais d’entretien, d’ assurance, de place de port ou de mouillage une somme allant de 150 à 600 euros uniquement en frais de manutention pour les obliger à faire sortir leur bateau de l’ eau pour caréner dans les aires de carénage officielles mises en place par des investisseurs privés (subventionnés Wague Bleue) alors qu’ il est tout simplement possible sans aucun frais de manutention donc GRATUIT…(mot interdit en économie)… de déposer son bateau sur une cale immergée aménagée aux normes identiques à l’ autre structure, et cela grâce aux marées, le plaisancier faisant lui même cette manoeuvre… Doit on rappeler à nos hauts fonctionnaires que la Bretagne a la chance d’ être un des rare pays au monde à avoir de magnifiques marées ? Et bien non, ces haut-fonctionnaires ont décidé que non ! Le résultat ne s’ est pas fait attendre très peu de plaisanciers propriétaires de petits bateaux viennent sur ces infrastructures pour riches… et pour cause dépenser bêtement de telles sommes alors que nous sommes en pleine crise économique et qu’ il est possible de caréner son bateau proprement en respectant la mer est révoltant.
    Fabrice toi qui connait bien les organisations écologiques nationales ou internationales peux tu me dire s’ il est normal qu’ aucune d’ entres elles n’ai répondu à mes courriers ? J’ en suis à me poser la question de savoir si elles ne sont pas sous contrôle de l’ état voir même mises en place volontairement pour assurer le fonctionnement de l’ économie du pays ?
    J’ ai lu ton super bouquin « Qui a tué l’ écologie » et je me dis que tu dois bien connaitre ce milieu, est ce que je fabule ou est ce proche de la réalité, qu’ en penses tu ? Merci.

  5. Hervé,

    Je suis pleinement d’accord avec ce que tu dis…mais un peu désarmé pour répondre, en ce moment du moins. Je te conseille d’aller faire un tour sur http://escales.wordpress.com qui est un blog tenu par un grand ami. En te recommandant de moi, demande-lui son avis, et tiens-moi au courant. Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  6. A Castres; patrie de Jean Jaurès, il y avait l’alerte aux particules fines en même temps qu’à Paris. Est-ce à dire que la particule fine se démocratise?

  7. Bonjour

    Le cabillaud de Norvège est aujourd’hui au maximum de pêche durable. Son quota de captures vient d’être passé à 1 million de tonnes, partagées entre Norvège et Russie. Le cabillaud islandais est actuellement sous pêché, à environ 200 000 tonnes, avec un état écologique excellent. Les pêcheurs islandais le capturent moins pour avoir de meilleurs prix. La plie de la mer du Nord est aussi au maximum de la pêche durable. 80 à 90% des espèces atlantiques sont sorties des zones de danger pour entrer dans les zones de pêche durable, mais pas encore au Maximum du durable. Elles sont aussi en voie d’atteindre le maximum durable avec des vitesses variable selon les stocks. Le cabillaud de Terre Neuve est toujours en difficulté. La pêche est faite de diversité. Gardons nous de la peste de la sursimplification, notamment en matière d’indignation.

    En tant qu’auteur de « qui a tué l’écologie », pourriez-vous m’éclairer sur le pourquoi de l’implication des 5 fondations américaines dans le financement des ONG E sur les questions des océans ? Notamment la fondation PEW, qui promeut de façon aussi brillante les intérêts américains de part le monde http://www.pewtrusts.org/news_room_detail.aspx?id=85899385720

    en vous remerciant

  8. j’ai également vu votre commentaire sur les trolls. Je suis consultant privé dans le secteur des pêches et co-auteur des rapports Blue Charity Business, mais non lobbyiste.

    Original du rapport : http://www.peche-dev.org/spip.php?article685 avec un extrait en 10 pages.

    Et sa récente la mise à jour (10 pages également) qui repointe les implications de la Fondation PEW : https://docs.google.com/file/d/0BxjGrIi-a8FZZWFKRk9nam03dDQ/edit?usp=sharing

    Bonne journée à vous.

  9. « Un, je reste époustouflé par Le Comte de Monte Cristo, qui multiplie toutes les dix pages des coïncidences et des rencontres parfaitement impossibles dans la vie, et presque autant dans un roman. Ce devrait dissuader de continuer, tant les surprises les plus folles sont à chaque tournant, et pourtant l’on marche en exultant. Je marche en exultant. »

    Parce que l’horreur est devant, le malheur est déjà contemporain et trop incroyablement invisible pour la majorité, reconnaître que la vie qui va son cours regorge aussi et encore de surprises et de rencontres dignes d’un roman. Je ne crois pas être naïve ni illusionnée. C’est ma force, individuelle. C’est peut-être la nôtre à tous, ici, les mots parfois mésinterprétés.

  10. Je viens de lire une nouvelle très touchante de William Saroyan. C’est l’histoire d’un homme divorcé qui explique à sa fille de six ans que le petit vers dans la pêche qu’il vient de manger, s’appelle Gaston. Sa maison était confortable. Il avait tout. Hors de son noyau, il n’a plus ni feu ni lieu…
    Tout le monde hurle quand il trouve une bête dans une pomme. Tout le monde a envie de l’écraser. Lui, non.
    Je vous laisse découvrir la suite, dans le recueil « Folie dans la famille ».

    J’en parle ici parce qu’une phrase de Fabrice m’a touché et m’a fait entendre des échos :
    « Je vis dans cette partie du monde, et je sais que certains d’entre nous, parmi les plus faibles, les plus vieux, les plus jeunes, les plus asthmatiques, vont mourir d’avoir été exposés à ces horribles poisons. »
    J’ai pensé que nous étions devenus semblables à des vers. Leur destin est le nôtre, ce que suggère la fin de la nouvelle.
    Sur un autre plan que celui évoqué par Saroyan, je prolonge la métaphore… Les fruits qui sont notre maison sont empoisonnés. Et nous n’avons pas d’autre maison.

  11. Oh lala, Alexandre Dumas, encore un que je n’ai pas lu… Sa citation me rappelle notre prof d’archi qui nous disait au debut d’un exercice a faire sur place: « vous avez le droit de copier les uns sur les autres, mais a une condition… de faire mieux que l’original! » Ca m’est toujours reste, et ca m’a decomplexe pour toujours de copier les bonnes idees. Mais ce que j’aime le plus, c’est comment Novalis exprime exactement la meme idee, mais d’un point de vue entierement different: « Incroyable a quel point une idee peut etre tuee, lorsque je lui imprime le sceau de ma propriete, lorsque je la fais mienne ! » (« Fragments », Aubier-Montaigne, citation de memoire)

  12. Merci Florence!

    Nous sommes collectivement comme quelqu’un qui aurait invente la mitrailleuse et qui refuserait de reconnaitre que ce n’est pas un jouet, que ca tue pour de vrai. Nous avons envie de dormir encore, « encore un peu »… envie de croire que si les pesticides ne sont pas interdits ils ne sont pas si mauvais, que « si tout le monde le fait » alors on n’est pas individuellement responsable, que notre argent a la banque ne sert pas a delocaliser la guerre « chez les meteques », que notre systeme s’etant donne la democratie pour ideal ne peut pas faire le mal, pas vraiment, pas pour de vrai… et que la mer est trop grande pour etre foutue en l’air pour de vrai!

    Le probleme n’est pas qu’il y a trop de gens, c’est le contraire: Il n’y a pas assez de gens qui essayent de se reveiller.

  13. Laurent,
    Votre métaphore du sommeil et du déni, me parle bien et, plus encore, votre façon de l’exprimer.
    Il est vrai que regarder la tragédie du réel, cette « heure des tempêtes devant nous » et déjà sur certains d’entre nous, c’est déchirant. Alors on s’invente des excuses, des chimères, on vit dans l’illusion. On croit se protéger et on s’expose un peu plus.
    Ces mitrailleuses que l’on prend pour des jouets sont en train de tout ravager. L’heure du réveil risque d’être brutale. Sera-t-il encore temps ? Y aura-t-il « des surprises et des rencontres dignes d’un roman » comme le suggère Florence ?

  14. Bonsoir,

    Merci a toutes et tous,

    « Y aura-t-il « des surprises et des rencontres dignes d’un roman » comme le suggère Florence ?

    Si,si!
    Soyez bien attentifs aux signes, « cervelles » en mode pause. Sinon cela ne marche pas! 🙂

    Et si nous sommes tous éloignés les uns des autres, c’est qu’il y a une raison. Un gros noyau, bien dense, pleins de bonnes volontés n’arrive qu’a convaincre, a agir autour de son périmètre. Alors que des millions de petits noyaux …

    Bien a vous toutes et tous,

  15. Dans le 3e commentaire, Michel écrit : »Le Monde – 23/06/2011
    La sévérité du diagnostic est telle qu’il est difficile d’en imaginer les tenants et les aboutissants. Selon un panel d’une trentaine d’experts, réunis mi-avril à l’université d’Oxford (Royaume-Uni) dans un colloque interdisciplinaire, la magnitude des bouleversements qui, du fait des activités humaines, affectent les océans est inédite depuis au moins 55 millions d’années. Et sans doute beaucoup plus. »

    J’ajoute deux liens qui chiffrent les effets attendus de l’agression que nous faisons subir à la biosphère, en oubliant que nous devenons l’élément central de cette future biosphère :

    http://www.countercurrents.org/chefurka201109.htm
    (en anglais, mais il suffit de regarder les graphiques si on ne comprend pas)
    Le deuxième, c’est le club de Rome qui confirme son analyse de 1972 :
    http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/080412/1972-2012-le-club-de-rome-confirme-la-date-de-la-catastrophe

  16. Et il y a 70 ans seulement…Hemingway aurait il pût imaginer que son pauvre vieux pêcheur resterait bredouille pour de bon sans même apercevoir un requin décrit comme si nombreux? Aurait-il pût imaginer la disparition du Gulf Stream?
    Il aurait dût rencontrer et écouter sa contemporaine Anita Conti qui parlait déjà de « racleurs des mers » et se démenait pour alerter sur les pratiques de surpêche…

  17. oui, attentifs aux signes … j’ai lu que les citoyens espagnols ont envahi leur assemblée nationale et que leurs députés n’ont pas pu voter une loi inique sur l’expulsion des gens endettés, qu’attendons nous ?

    de toutes façons, « se regrouper et de se tenir chaud » c’est sûr

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