Sur Philippe Martin, ministre de l’Écologie (une suite)

Permettez-moi d’en avoir un peu marre. J’ai écrit ici un papier sur le nouveau ministre de l’Écologie Philippe Martin, et l’on me tombe dessus avec des arguments de plus en plus étranges. Voilà, d’après un dernier commentaire, que Martin serait mon « vieil ami », etc. C’est ridicule, et si je prends le soin d’écrire ici, c’est dans l’espoir fou d’éviter ce genre de malentendus. Peine perdue.

Je vous prie donc de relire ce que j’ai écrit et dont je ne retire pas un mot. J’ai eu l’occasion de voir une personne – Philippe Martin -,  œuvrer, et j’en ai tiré la conclusion qu’il était une bonne personne. Et pour le reste, j’ai indiqué qu’il avait le choix entre une mission ministérielle ordinaire, qui le conduirait à l’oubli le plus rapide, et une voie infiniment plus étroite qui ferait de lui « l’un des quelques lumignons au milieu de la grande nuit où nous sommes ». Le tout est bardé de conditionnels, pour la raison simple que « le seul sujet qui intéresse est de savoir ce qu’il fera ». Oui, pardonnez mon pédantisme, mais c’est du futur. Du futur accolé à des conditionnels. Je souhaite donc qu’on me lâche la grappe.

Pour le reste, quoi ? J’aime les animaux, je n’aime pas la chasse, je déteste la corrida. L’agriculture industrielle me semble un désastre d’une nature si complexe, et si complète que je sais ne pas être capable d’en faire le tour. Elle marque sans l’ombre d’un doute l’affaissement d’une civilisation, la nôtre. Quand je pense à l’arrivée des tracteurs et des pesticides, il me vient souvent l’image du formidable historien que fut Fernand Braudel. Dans L’identité de la France, il note ceci : « Le chambardement de la France paysanne est, à mes yeux, le spectacle qui l’emporte sur tous les autres, dans la France d’hier et, plus encore, d’aujourd’hui », ajoutant : « La population a lâché pied, laissant tout en place, comme on évacue en temps de guerre une position que l’on ne peut plus tenir ».

Tels sont mes sentiments personnels. Ceux qui me lisent le savent bien. Ceux qui me découvrent ne devraient pas avoir grand mal à l’apprendre. Mais je crois que l’on a tort de remplacer la raison par l’émotion. On peut très bien être contre la corrida et le foie gras et être un gros con. Non ? Je sais des fascistes bon teint qui se feraient tuer pour leur toutou, leur âne ou leur perroquet. Je sais également d’authentiques militants de la vie, des écologistes donc, qui n’ont aucune relation personnelle à la nature. Notez que cela me stupéfie, mais cela existe.

Je ne crois évidemment pas que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, tellement chargé de suffisance et de sottise, se transformera sous nos yeux en une unité de combat écologiste. Mais je pense, mais j’espère qu’une personne authentique peut entrouvrir une lucarne. Écrivant cela, j’ignore évidemment si Philippe Martin sera cette personne, comme j’ignore quelle serait la taille de cette très éventuelle lucarne. Je suggère simplement d’attendre un peu, ce que nous ferons de toute façon.

25 réflexions sur « Sur Philippe Martin, ministre de l’Écologie (une suite) »

  1. Bonjour, Fabrice
    J’ai entendu que N-Hulot , avait effectuer une mission pour le président F-H, sur les éléphants d’Afrique, et que D-Batho allait se rapproché de la fondation Hulot.
    Elle parle du lobbys de l’industries, mais elle indique rien sur les cadeaux fait aux chasseurs, que la france est poursuivi (loup), etc.
    http://www.delphine-batho.fr/

    Bon weedk end Fabrice un ami.

  2. Fabrice,

    « On peut très bien être contre la corrida et le foie gras et être un gros con. Non ? »

    J’ai probablement la même réponse que toi !

    Par contre s’il fallait disserter sur la proposition suivante :
    « On peut très bien être pour la corrida, le gavage des oies et la chasse et être un mec respectable, non ?  »

    Là, nos avis, toujours probablement, divergeraient !
    Mais je te lâche la grappe puisque telle est ta demande.
    cordialement

  3. Quand on vire une ministre comme Batho qui n’était pas vraiment très radicale, on peut sans se tromper se dire que le successeur sera encore plus pantin qu’il ne faut pour ne rien faire. Pourquoi ds apotres de la croissance éternelle nommerait-il un homme capable de les emmerder dans des décisions?

    Soyons un peu réaliste. Martin, pas la peine d’attendre pour voir: c’est le pantin qui suit le pantin en attendant d’avoir un pantin qui le suivra.

    Son parcours d’ailleurs n’a strictement rien de virulent. Il ressemble à n’importe quel politique. Beaucoup de paroles, un acte bien, 50 actes inutiles. Des exemples comme Martin, la politique en est plein. Fabrice, tu le sais sans doute mieux que moi.

  4. Je ne pensais pas mêler ma voix à celle des nombreux commentaires sur le sujet. Manque de temps et de choses claires à exprimer.
    Je n’ai aucune sympathie pour les idées et les pratiques de torture animale et je me méfie également des procureurs d’un jour, des jugements binaires sur ce qu’est ou n’est pas une belle âme humaine, sur ses devenirs possibles.
    Je n’ai aucune illusion non plus sur ce que pourra initier le nouveau ministre. Je n’écris pas cela en raison de ce qu’il est ou de ce qu’il n’est pas. C’est un désenchantement profond sur ce qu’il est possible de changer vraiment au sein d’un pouvoir et d’une société qui font une religion du « progrès » et de la fuite en avant.
    Et je n’ai aucune certitude quant à ce qu’il pourra dire, faire ou ne pas faire, quant à la portée possible de ses paroles et de ses actes. Mais je n’espère plus. J’ai cessé d’espérer.

    Tout est devenu d’une complexité qui me sidère. Et chacun, chacune, parcourons un chemin. Si l’on pouvait juger un être à travers une grille de bons et de mauvais points certifiés bio-écolos, ce serait tellement facile, tellement rassurant sur soi, forcément du bon côté.
    J’ai cette tendance aussi, parfois, à m’agacer des positions de certain(e)s, à manquer de tolérance, de patience, à penser que le combat n’est digne d’être mené que par des esprits purs. Et je regarde un peu en arrière, sur celui que j’étais il y a 15 ans, sur ce que je suis devenu, sur les évolutions qui pourraient être les miennes… Cette introspection incite à une certaine indulgence, une qualité que j’ai à travailler, ô combien.

    Nous sommes bien seuls, à porter cette exigence de transformation du monde dans tous les domaines, y compris dans nos propres vies. A chaque fois qu’une parole ouvre une brèche, je m’en réjouis ou je m’en désole, c’est selon mes humeurs, selon la sincérité du propos, selon le contexte. Mais je suis sûr au moins d’une chose : c’est que nous aurons besoin de ces paroles et de ces actes pour avancer.
    Le poids du monde à inventer écrasera nos épaules si nous ne parvenons pas à le porter avec d’autres, même si nous ne partageons pas tout, même si nous n’en sommes pas au même stade, même si la lutte nous semble désespérée.
    Essayons, au moins.

  5. Votre message ressemble plus à des condoléances qu’à un encouragement. »Pauvre Martin, mais bonne chance quand méme ».

  6. Bonjour Fabrice
    J’ai apprécié la réponse que tu as apporté aux premiers commentaires du précédent article, dans laquelle tu parles des « cahiers de Saint Lambert ».
    Même si j’ai peu d’illusions, je suis content de voir qu’il existe dans le milieu militant des gens qui tiennent ce discours.
    Comme si on n’était moins radical parce qu’on refuse la posture du mec lucide à qui on ne la fait pas. Comme si on n’était pas, toujours, et pour de bonnes raisons, le connard d’un autre.
    Merci pour ton travail sur ce site, et ailleurs.
    C’est difficilement mesurable, mais je pense que c’est important.
    Guillaume

  7. On peut être quelqu’un et avoir été un autre, heureusement pour moi d’ailleurs, qu’est-ce que j’ai pu être con. Le pardon et l’oubli, c’est une notion qui se perd hélas avec ce p….. de cyber espace, où tout est gravé pour l’éternité. De plus en plus nous nous comportons comme de vulgaires agents de la hainessa, « il a fait ci, il a dit cela ».

  8. Frederic, J’abonde dans votre sens, les choses les plus importantes ne sont pas toujours « des choses claires a exprimer »! Mais votre precieux commentaire arrive a etre a la fois subtil et tres clair!

    Florence dans un commentaire precedent pose le probleme de la competence. Ca a souvent ete observe que notre systeme de selection choisit souvent les pires et pas les meilleurs. Et la question est complexe, car parfois les gens apprennent reellement, se montrent (contre toute attente) a la hauteur de leur tache. Mais c’est vrai que cela arrive plus rarement lorsque quelqu’un a ete « dument selectionne », ou autrement dit lorsque la personne est encouragee a se prevaloir d’une « superiorite officielle », et plus souvent lorsque, au contraire, la personne se trouve en quelque sorte « acculee » par les circonstances de la vie a accepter une responsabilite, et meme en etant incertaine de sa propre competence, ne se derobe pas.

    Car plus que jamais, « ce ne sont pas les titres qui honorent les hommes, mais les hommes qui honorent les titres » (Machiavel)

    Ne pas se derober, tenir le terrain…

    Vocabulaire militaire, comme la belle citation de Fernand Braudel que nous donne Fabrice!

  9. A Fabrice.

    Ferrailler…ferrailler encore et encore pour tenter de convaincre à changer de comportement – ne serai-ce que sur le terrier – est autrement difficile.

    Courage !

  10. Cher Monsieur Nicolino,
    Je prends connaissance de votre deuxième article sur Ph. Martin, « bonne personne », on ne saura jamais pourquoi.
    Qu’il y ait des « cons », comme vous dites? sous toutes les bannières est un fait entendu.Qu’un fasciste puisse se faire tuer pour SON toutou ou SON âne (c’est moi qui met les majuscules), admettons.
    Cela ne fait en aucun cas de Martin « une bonne personne ».Et il me semble hautement improbable qu’un fasciste et/ou un pervers authentique éprouve de la compassion et du respect pour le « vivant ».
    Vous avez l’art, et je vous lis et apprécie depuis longtemps, de ménager habilement la chèvre et le chou, sous le prétexte de la complexité des personnes et des institutions.Mais on ne peut pas EN MEME TEMPS, déclarer « je n’aime pas la chasse, je déteste la corrida » et décréter « bonne personne » un cumulard Secrétaire du groupe « chasse et territoires » à l’Assemblée nationale,qui dilapide l’argent du contribuable en n’ayant rien de mieux à foutre qu’à participer au « Groupe d’étude sur la tauromachie » dans cette même assemblée et qui ose se pavaner sur les gradins de la honte pour voir torturer un herbivore et jouir de son anéantissement, comme une vulgaire Bachelot au moment de la canicule meurtrière de 2003.
    Il serait urgent d’en finir avec ces paradoxes insupportables.
    Pour les personnes intéressées, voici un excellent portrait de Martin sur le site :
    http://www:politique-animaux.fr/philippe-martin
    ou Martin par lui-même.

    Bien cordialement.

  11. José Bové, mis en lien par Marieline:

    « Les accusations de Delphine Batho sont graves. J’appelle à la création d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les conflits d’intérêts entre l’appareil d’Etat et les entreprises de l’énergie. »

    Moi aussi, je crois que l’idée est bonne. Indépendamment de ce qu’on peut penser de Delphine Batho, de José Bové, de Philippe Martin et de bien d’autres.

    Pourquoi ne pas prendre l’habitude de juger des idées (sont-elles ou non utiles, produiront-elles ou non des effets souhaitables?), au lieu d’essayer obstinément de juger les gens, et de vouloir qu’ils soient tout blancs, et tout noirs dès lors qu’ils ne sont pas tout blancs.

    Un mec qui est contre les gaz de schistes et pour le foie gras, on peut s’allier avec lui contre les gaz de schistes. Un autre, qui serait contre le foie gras et pour les gaz de schistes, ma foi, on ferait le contraire.

    Il ne s’agit pas d’un procès en béatification.

  12. Roland P,

    Vous avez bien le droit, la preuve. Mais j’avoue ne pas comprendre. J’ai eu l’occasion de croiser la route de Philippe Martin, j’en ai conclu que c’était une bonne personne, et pour le reste, j’ai déjà tout expliqué, ici ou là. Si vous ne ressentez pas que, chez la plupart des individus, il existe une marge, et que cette marge peut s’appeler l’espoir, que puis-je, sérieusement, vous dire ?

    Quant à cette fable de ménager la chèvre et le chou, alors là, franchement, ça me souffle. Vous êtes bien sûr de vous adresser à la bonne personne ?

    Bien cordialement, de même.

    Fabrice Nicolino

  13. Bonjour,

    J’ai lu l’article de José Bové et je pense aussi qu’il faut s’intéresser de près aux raisons de l’éviction de Batho.

    Si tu pouvais te pencher sur cet évènement potentiellement important si c’est bien l’industrie qui vire les ministres, ça serait très intéressant. Sûrement plus que de parler de la « bonté » supposée d’un ministre baillonné et assis sur un siège éjectable.

  14. En même temps, ce n’est pas une nouveauté, que l’industrie vire les ministres. Pas besoin de chercher bien loin, c’est ainsi que Batho avait obtenu son poste.

  15. ben oui hélas,les raccourcis sont toujours très vite faits, les étiquetages en masse aussi, c’est tellement plus facile

    il y a aussi ceux qui ne savent pas voir en gris, car heureusement tout n’est pas totalement noir et malheureusement tout n’est pas totalement blanc

    il est difficile quand on est si radical de changer ou de voir les nuances…

    mais la plus grande majorité aura compris le sens de l’article, c’est ce qu’il faut se dire 😉

  16. josé bové (écolo..)aussi n’est pas contre le fait de tuer les loups ; n’est pas contre les corridas..cohn bendit a bien dit que l’écologie ce n’était pas « les petits oiseaux »
    un écolo de mes connaissances mangeaient l’autre jour saucisse d’industrie et frites à l’huile de palme…un autre des petits pois en boite d’industrie et du vin chimique pas grave tout cela dans le fond une fois que l’on a compris que ce « mouvement » totalement hétéroclite offrait aussi à certains une façon de grimper dans la société..donc les loups auront été exterminés; certes mais voiture de fonction, rémunération et accès au blabla tour seront toujours là pour un moment ; d’autres places seront prises et pour çà il faut ménager chèvre et chou…par contre ne plus rêver à un quelconque grand soir! et laisser chacun manger et penser ce qu’il veut..

  17. Un dossier délétère entre les mains du nouveau ministre de l’écologie : la position de la France en faveur de la surpêche, les subventions françaises dépassant le chiffre d’affaires généré par le secteur de la pêche selon la Cour des Comptes :
    http://bloomassociation.org/hollande-sarkozy-complices-sur-la-peche

    Philippe Martin a déclaré :
    « Sur moi, il n’y a qu’un seul lobby qui a de l’influence, c’est celui de l’intérêt général et des générations futures »
    A suivre…

  18. Arf !

    A Nadège et peut-être…Marie.

    Etiquetage en noir et blanc.

    Contrastes et densités à la place des couleurs…ou en voir de toutes les couleurs en contraste et en densité ?

    😀

  19. Bonjour,

    Monsieur Martin est le roi des paradeurs.

    Il est partout où il faut être vu, toujours souriant, et toujours propre sur lui…

    Mais de le voir ministre de l’écologie, c’est une très mauvaise farce….

    Je suis gersois et j’ai la haine. Car on autorise une décharge dégueulasse à Pavie (à quelques km du conseil général où Monsieur Martin à son joli bureau très propre)

    Ce département est, ou été je sais plus, un pays vert où le bon vivre est culture.

    Aujourd’hui, beaucoup de gersois sont des gros pourris et viole la nature en jetant de tout partout.
    On casse les burnes aux agriculteurs pour diminuer leurs impacts sur l’écologie, on a beau dire que ceux sont des pollueurs, se qui est en partie vrai, mais ils sont surtout – pour les nouvelles générations responsables – de véritable biologiste qui gérent au mieux les produits qui apportent à leurs cultures (car c’est pas donné c’est connerie !)
    Et à côté de ça, des « ministériables de l’écologie » autorisent des décharges. On aurait pu croire quelque chose de presque propre. Un incinérateur ? produire de l’énergie avec des déchets ? trier et recycler ?? un truc intelligent, qui améliore, qui soit écolo quoi ! A la place de ça : un méga site d’enfouissement… gerbant…

    C’est un scandale de foutre un type comme ça ministre de l’écologie.

    Si un jour je suis élu dans mon département, je lance une pétition pour renommer cette décharge la MARTIN GALE, juste pour le fun !

    J’ai dit

Répondre à Olivier Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *