Le grand bastringue du Medad (Borloo as a guest star)

Avis navré : cet article ne contient aucune allusion aux prouesses sexuelles de qui que ce soit. Mais faut pas croire, je pourrais.

Cette fois, attention les yeux, et défense de rire avant d’avoir arrêté de pouffer. L’État accouche d’un nouveau bébé joufflu à souhait : le ministère de l’Écologie, de l’Aménagement et du Développement durables (Medad). Je sais, c’est moins distrayant que les aventures pénibuildées de N et C (le mystère ne nuit pas à l’amour). L’intitulé complet du Medad est un peu étouffe-chrétien, mais quand on aime autant que moi les structures officielles et les hiérarchies, on est assurément comblé. Je le suis. Pas nécessairement de la façon souhaitée par le grand réformateur, tant pis.

Bon, je vais essayer de vous expliquer. Le Medad regroupe désormais en son sein 35 directions centrales d’administration, réparties auparavant dans plusieurs ministères distincts. Celui de l’Écologie, bien sûr, mais aussi celui de l’Équipement, des Transports et de l’Industrie. Ah la belle idée ! Enfin, enfin, l’écologie est prise au sérieux et prend sa place dans un ensemble cohérent. Qu’elle soit prise au sérieux ne souffre pas discussion – en fait, elle inquiète, elle gêne -, mais quant à occuper la place qu’elle mérite, tu r’passeras d’main, t’auras des berlouffes.

Cette dernière expression ch’ti – du Nord – était utilisée dans mon enfance, et on voit bien ce qu’elle veut dire : polope, balpeau, que dalle. Et voici pourquoi. Historiquement, l’ossature administrative de la France, au plan technique, repose sur trois grands corps d’ingénieurs d’État. J’ai nommé : les Mines, les Ponts et Chaussées, le Génie rural et les eaux et forêts (Gref). Beaucoup de ces ingénieurs intègrent les écoles liées à leur spécialisation après être passés par Polytechnique. C’est à eux et à quelques autres que Pierre Bourdieu pensait en forgeant il y a vingt ans l’expression Noblesse d’État.

Détaillons. Les Mines ? L’idée d’un corps spécifique est né au milieu du XVIIIème siècle, parce que la France manquait de grands gestionnaires et techniciens pour gérer les mines et la métallurgie. L’école des Mines a finalement ouvert ses portes en 1783. Tout au long de son existence, le corps des Mines a été au service de l’industrie et du ravage concomitant, étendant sans cesse son empire sur la machine, les machines, la vitesse, la puissance matérielle. Les Mines sont consubstantiels à la destruction écologique de notre petit pays.

Les Ponts et Chaussées ? L’acte de naissance remonte à 1716, et devait permettre – et a permis – le percement d’un réseau routier national. L’école a curieusement été ouverte un peu plus tard, en 1747. Les canaux, les barrages, mais aussi, plus récemment, les châteaux d’eau et les ronds-points, c’est eux. Les autoroutes qui lacèrent et morcellent à jamais des ensembles écologiques cohérents, aussi.

Le Génie rural ? En cherchant bien, ses premiers pas remontent à 1291 et à Philippe le Bel, inventeur des « maîtres des eaux et forêts ». Les ingénieurs du Gref, après la Seconde guerre mondiale, ont assuré la mise en oeuvre de la disparition de la paysannerie en France, et le remodelage radical du paysage et de la nature ordinaire. Le maïs, le remembrement, l’arasement des talus boisés et des haies, la transformation de la forêt en objet industriel, le « recalibrage » des ruisseaux et rivières, le drainage des zones humides leur doivent beaucoup.

Ces trois corps d’ingénieurs, l’aurez-vous remarqué ?, ont survécu à tout. Aux révolutions, aux guerres, aux changements de régime, aux plus brutales secousses sociales. Combien sont-ils au total ? Je n’ai pas le chiffre actuel sous la main, mais nous ne devons pas avoir plus de 2 000 grands ingénieurs en activité. Or ils tiennent des parts essentielles de la réalité, et ils exercent par la force des choses un monopole de l’expertise technique en France. Les conséquences en sont immenses. Quand on lance Superphénix, c’est parce que trois d’entre eux ont signé un rapport disant à quel point ce projet propulserait la France dans un avenir (ir)radieux. De même pour le canal Rhin-Rhône. Ou la dévastation de la Bretagne. Ou l’ouverture de décharges aussi exemplaires que celle de Montchanin. La liste n’a pas de point final.

Ces ingénieurs, dont le savoir technique peut être impressionnant – pas toujours -, commandent à la France, et à ses politiques. Un ministre passe et fait des risettes. Eux restent, et tracent les plans. Bien entendu, et ce n’est pas même une critique, seulement un constat, ils estiment être mieux armés que quiconque pour décider. En notre nom. À notre place. Voir la différence de moins en moins évidente, mais tout de même, entre oligarchie et démocratie. Il est vrai qu’ils savent que tout passe, et qu’ils demeurent.

Il y a de cela quinze ans, j’ai longuement rencontré Jacques Bourdillon, qui venait juste de quitter le service de l’État. J’avais rendez-vous avec lui dans des bureaux de la rue du Général-Camou, tout proches de la Tour-Eiffel, à Paris. Ingénieur général des Ponts et Chaussées, Bourdillon venait de prendre une retraite – publique – méritée, mais c’était pour mieux commencer une nouvelle vie dans le privé. Je fais durer le suspense, je suis sadique. Juste avant de quitter le ministère de l’Équipement et des Transports, notre ingénieur avait laissé un immense cadeau appelé : « Les réseaux de transport français face à l’Europe ».

L’heure était grave, vous pouvez m’en croire. Car la France était – en 1991 – menacée de marginalisation économique. Pardi ! L’Allemagne, l’Angleterre, le Bénélux, le nord de l’Italie même nous taillaient des croupières, creusant un insupportable retard sur nous. Par chance, Bourdillon veillant sur notre sort, il y avait des solutions. Il suffisait d’investir massivement dans de nouvelles infrastructures – ponts, ports, routes, rocades et autoroutes – et nous reprendrions sûrement la main. Combien ? Oh, pas tant : 1560 milliards de francs en quinze ans, soit plus de 100 milliards par an. Soit 15,38 milliards d’euros. Par an. Une paille. Où travaillait donc Jacques Bourdillon, en ce jour de gloire où je le visitai ? Plutôt, pour qui ? Scetauroute, bureau d’études commun à toutes les sociétés d’autoroute. Ne pas chercher le mal à tout prix. L’intérêt privé, l’intérêt commun, c’est tout un. Pour un Jacques Bourdillon en tout cas.

Revenons-en aux oignons du Medad. Le ridicule ministère de l’Écologie de papa est en train de sombrer sans gloire. Le plus drôle, dans un certain sens, c’est que la plupart de ses dignitaires appartenaient déjà à l’élite des trois corps. Lesquels se partageaient depuis des lustres, à l’ancienne, en féodaux, les postes de responsabilité dépendant du ministère, comme par exemple la direction des grandes agences régionales de l’eau. Néanmoins, et c’est l’évidence, il n’avait pas de moyens. Nul doute qu’il en aura dans l’avenir, mais ces moyens-là, venus de l’extérieur, sont à l’opposé de toute idée de préservation. Ils sont exclusivement au service de la croissance et de l’industrie. Ses tenants, éduqués dans des écoles où l’écologie est considérée comme un frein et parfois un obscurantisme, vivant par ailleurs en cercle fermé depuis des générations, vont tout dévorer, avant de digérer, en grands fauves qu’ils sont.

On en reparlera, croyez-moi. Mais d’ores et déjà, sachez que la microscopique Inspection générale de l’Environnement (30 personnes), qui rassemblait les hauts fonctionnaires de l’Écologie, souvent éclopés, disparaît. Elle sera intégrée au Conseil général des Ponts et Chaussées – une sorte de Comité central -, fort lui de 400 membres. Chemin faisant, les 35 directions regroupées dont je vous parlais en préambule, disparaissent aussi, refondues en 5. Simplification ? Amélioration de l’efficacité ? Encore quelques jours, et le Père Noël passera par le trou de la serrure, malgré sa bedaine. Non, sans rire, c’est assez moche.

Moche, car sont refondues trois directions centrales du défunt ministère, qui avaient tout de même quelque sens, malgré leur faiblesse historique. Un, la Direction de la nature et du paysage (DNP). Deux, la Direction de la prévention des pollutions et des risques (DPPR). Trois, la Direction de l’eau. Faut-il ajouter un dessin ? L’eau, la nature, la prévention seront au sens premier sous-traités. Les directions décentralisées de l’Environnement – les Diren – rejoindront de leur côté les Drire, les anciennes directions de l’Industrie. En un très bref résumé, on offre sur un plateau, à des ogres, deux ou trois morceaux de viande fraîche. Ce que j’appelle un face-à-face équilibré.

Évidemment, un tel bouleversement ruine à l’avance les chances – inexistantes, selon moi – du Grenelle de l’Environnement. Je précise : si j’avais cru à cette mise en scène, une telle réforme, régressive, m’aurait contraint à modifier mon discours public. Et c’est à cela, exactement à cela, que j’invite l’Alliance pour la planète, la Fondation Hulot, France Nature Environnement et tous autres. Ouvrez les yeux et fermez la télé de Son Altesse Sérénissime. Ouvrez les yeux, et parlez enfin pour dire quelque chose. Dans le cas contraire, que je n’espère nullement, il faudra bien se poser de nouvelles questions.

31 réflexions sur « Le grand bastringue du Medad (Borloo as a guest star) »

  1. Merci M. Nicolino d’occuper un peu de place dans l’immense espace disponible de mon cerveau.
    Je suis assis sur le muret qui longe la voie ferrée où le train qui va s’écraser sur le mur va finir par passer… je ne suis pas dans le train mais comme les autres, j’irai m’écraser sur le mur, happé par l’appel d’air cyclonique de ce train fou qui finira par passer !

    aahh… le bon temps où nous vivions sous la tente du côté de Serre de la Fare, tout au bord d’un fleuve à peine né, lui aussi menacé par les grands corps d’ingénieurs de l’époque… là ils ont perdu mais ailleurs ?

  2. ma qué cé compliqué ! vive la simplicité volontaire ;o)

    berlouffe = chiffon, guenille .. . il y a la foire à la berlouffe une fois par an dans une ville dech’nord Wattrelos, c’est une braderie.
    et la réorganisation de ce medad m’a l’air une belle foire .

  3. je cours, je dois ratrapper le retard d’hier .ca ne me surprend en rien puisque c’est dans la logique des plans du gouvernement actuel.je cours ramasser et sauver les miettes, en attendant le grand mouvement de la révolution verte…(on peut rêver, sinon, comment tenir ?).

  4. Une preuve de plus que nous sommes en pseudo-démocratie. Fabrice, c’est vraiment une oligarchie (ou une ploutocratie, faut voir), y’a pas de doute.
    Et vous n’avez même pas mentionné la partie immergée de l’iceberg qu’est la filère nucléaire.

    Castoriadis montrait que le politicien fait appel à l’expert qui va dans le sens qui intéresse le premier.
    Nous avons ici un bel exemple de cercle vicieux : ces corps d’ingénieurs (tous, en fait, j’en suis, j’ai constaté la domination de cette même idéologie) proposent à la classe politique un paradigme (l’aliénation de la biosphère) qui la séduit, y voyant quelque intérêt; celle-ci offre à ces techniciens des places de choix permettant la réalisation de cette idéologie et la perpétuation de la séduction sans aucune critique possible. (NB je n’ai pas lu Bourdieu, je précise au cas où le le plagie)

    Je pense que les situations où trois personnes décident d’un projet majeur (exemple de soupièrephénix) sont inhérentes aux sociétés techniques comme la nôtre. De ce fait, de telles sociétés ne sont pas viables. Nous allons mal finir. Et encore plus vite en travaillant plus.

  5. Fab,

    T’as oublié l’autre machin aux ordres qu’est le corps des Enarques….

    C’est vraiment fatiguant de voir 63 millions de cobayes sous la férule expérimentale de mecs (et de nanas) surdoues à 20 ans ou bossant comme des malades, mais recrutés sur le seul critère de leur formatage comme le sont les bestiaux des foirailles d’antan.(Et ensuite supposés compétents à vie, alors que les entreprises que certains défendent encore ici n’en croient pas un mot donc virent les taches qui font trop de conneries)

    Quelle aptitude humaine ont-ils pour imaginer le monde ds lequel il va falloir vivre de gré ou de force? Aucune! Zéro pointé! la classe vide et la tête totalement creuse sur ces questions.

    Si au moins les sciences humaines étaient des sciences, peut-être serait-il alors possible de leur montrer par  » a+b  » qu’il est possible de faire autrement, mais ce n’est même pas le cas. Et quand çà l’est (je vais pas vous redonner les reférences, c’est un truc tellement sophistiqué épistémologiquement que) la plus part callent devant l’obstacle.

    Je ne vois pourtant pas d’autre solution « raisonnable » pour faire le partage des opinions fondées sur du vent.

    Les décisions à venir seront supposées morales et pas seulement des choix économiques entre deux options +ou- rentables….

  6. Et puis Sciences-Po, et puis les MBA, et puis SUP_machin…, et puis ENS_chose…, et puis…

    La notation des écoles (groupes des diplômes) ne suivrait-elle pas finalement l’ordre de responsabilité dans la destruction de la biosphère ?

  7. les décisions à venir seront suposées morales et pas seulement des choix économiques entre deux options plus ou moins rentables . C’est même à rendre obligatoire , le plus vite serait le mieux .

  8. Au secours, on n’aura pas assez de notre vie pour dénoncer, refuser, bagarrer. Ils courent plus vite que nous, non? Et ils entraînent les foules. C’est à peine croyable, c’est monstrueux. Un petit Mai 2008… enfin, un gros, un énorme, une révolution, sinon…

  9. Etant employé par le MEDAD je vous confirme que celui-ci n’est peuplé que d’agents dont la culture écologique est proche de 0 mais on va changer les ampoules dans les bureaux…

  10. Je partage votre impatience, mais rarement les révolutionnaires se sont posés la question de la légitimité du pouvoir. C’est pourtant bien cette question qu’il faut affronter, non?

    Paradoxe: cette question éloigne de l’idée de la violence pour y parvenir, ou de concevoir le pouvoir comme un pouvoir puissance.

    Bénédicte, avant de rendre ma proposition obligatoire, il faut que tu saches que la morale que je préconise est sans obligation ni sanction!

    Bon, comment on fait alors avec cet autre paradoxe supplémentaire? La non promotion à des postes de responsablité sur autrui n’est pas une sanction. Cà veut dire qu’il faut que tu prennes ma conception politico-morale comme en creux, en négatif; ce qui devrait être obligatoire est la non promotion des inaptes. Du coup tu vas me dire comment on les reconnait? Par le même processus que celui qu’il faut progressivement instituer, à savoir des Codes qui, tout en laissant chacun libre, permettent cependant qd même de reconnaitre ceux qui sont incapables d’autocontrole moral. Tu me répondras: c’est encore un serpent qui se mord la queue. Certes mais ni plus ni moins que la circularité ds laquelle on est: pouvoir-puissance -repression sur fond de production-consommation; la différence qd ^m tient au fait qu’une des spirales entraine ds la violence et l’autre….. ds la vertu…. non obligatoire…

  11. nous sommes d’accord , et la question de la légimité du pouvoir, je me la pose jour et nuit …comment passer d’une oligarchie à la (rêvons en grand) démocratie ? Obligatoire soutend système juridique clairement défini ayant pleine capacité d’actions (donc tout à construire) . une démocratie ne serait exister sans cela .bien en tout cas qu’il existe des tentatives de noyautages ..

  12. A cyclo ecolo et Fabrice
    La France est petite. Bien que n’ayant pas participé à la lutte contre le projet de barrage à Chadron, j’ai passé beaucoup de vacances de mon enfance dans ce joli coin dont mes grands-parents maternels étaient originaires. Je suis trés heureux de pouvoir encore y pecher et m’y baigner en comtemplant les magnifiques gorges de la Loire.
    Merci à ceux qui ont empéché la destruction

  13. Un autre point de vue, de l’intérieur du ministère de l’environnement (bien que très loin des élites et des ministères). Il y a heureusement aussi de nombreuses personnes très compétentes dans ces services et très engagées. Mais c’est un fait que nous héritons aussi de sérieux boulets du fait même du mode de promotion de nos élites. Pour les IGREF (Ingénieurs du genie rural des eaux et forêts les plans de carrière passent par les DDA (directions départementales de l’Agriculture) ou les postes à responsabilité à l’ONF. Les postes à l’environnement ne sont pas vraiment des promotions, c’est même là que sont dirigés les ingénieurs dont tous les services cherchent à se débarrasser. Au mieux les postes à l’environnement sont perçus comme des passages obligés pour gravir les marches de carrières plus ambitieuses; avec comme ligne de conduite « ne pas faire de vagues » pour ne pas compromettre sa carrière. Çà n’incite guère aux décisions courageuses.
    Autres aspects de ces élites rappelons que pendant des années, ingénieurs de l’équipement de l’agriculture et autres corps percevaient une prime annuelle (non négligeable de plusieurs dizaine de milliers de francs) au pro rata des travaux réalisés. D’où l’incitation à toujours plus de routes, plus de pistes forestières, plus d’aménagements agricoles, drainages etc…Ce système n’existe plus mais il a généré une culture tenace de l’aménagement à outrance.

  14. ça rapelle d’autres primes, agricoles ,remises sur le tapis bruxellois parait-il dans quelques mois…on en revient toujours à ces vieilles décisions d’après-guerre qui ont aider aussi à la création de nouveaux petits empires . Pourquoi ferions nous autrement puisque ça demeure rentable pour certains?

  15. Benedicte,

    Sous-jacent à notre discussion, il y a aussi tt l’arrière plan philosophique que j’ai jeté par la fenêtre, sans parler des conceptions sociologiques ou psychanalytiques.

    Pour les philosophes, la morale est cette affaire personnelle où chacun éprouve ces deux sentiments si particuliers que sont la honte et la culpabilité; l’éthique est cette codification + ou – aveugle des bonnes moeurs, que j’ai rebaptisée au sens nietzchéen moraline! Et tous les philosophes ne sont pas d’accord sur cette répartition…

    Pour les sociologues qui n’envisagent les choses que du point de vue du collectif, ils naviguent à vue sur ce qui fait lien social, sans voir qu’une part importante de la question se joue d’abord en nous, en nous faisant précisément tenir sur le fil entre les pathologies du social (perversions et psychoses)

    Avec les psychanalystes (sortes de confesseurs modernes), s’introduit ce concept si particulier d’inconscient, et donc duquel il faut déduire que le ‘moi’ ne contrôle en fait pas grand chose! Dur à admettre pour les rationnalistes positivistes. Dur à admettre également pour les politiques qui veulent tirer les ficelles des comportements. Enigme redoutable pour les écologistes qui veulent promouvoir la frugalité.

    Comment faire passer le fil ds le chas de l’aiguille sans avaler le chameau? Le risque le plus grand reste d’être CONTRE-DEPENDANT, c’est à dire finalement de vouloir reprendre à l’envers l’argumentation de ceux qui manipulent les désirs-envies pour en faire des pulsions d’achat via du temps de cerveau disponible, donc au contraire en cherchant par la porte ou par la fenêtre à faire passer l’information juste, vraie, qui permettra aux braves gens de prendre les bonnes décisions supposée morales.

    Tu vois bien qu’il y a derrière toute cette problèmatique des comportements, un tas de questions fondamentales concernant la conception que les différents décideurs et à différents niveaux, se font de l’homme. Je considère que c’est à ce niveau que se joue l’essentiel de la bataille écologique ds la mesure où elle conditionne l’accès aux stratégies, aux moyens etc

    Or, comment compter sur la philosophie qd les sciences avancent à une vitesse effarente – depuis La Renaissance les philosophes sont tjs en retard d’un train ? Comment compter sur les sociologues positivistes des tas (d’Etat?) qui font le jeu des puissants et donc ne revolutionneront rien pour mieux conserver leurs petit jobs tranquilles sans rien piper aux pathologies de la socialité? Comment rendre opératoire un concept comme l’inconscient noyé ds une pratique, qui elle a des effets mais, dont la théorie fait en interne l’objet de controverses insolubles.

    Bref où est l’Einstein des sciences humaines capable de remettre chacun à sa juste place en réarticulant correctement les pièces d’un puzzle qui n’est jamais aussi que nous-mêmes avec nos contradictions, nos compromis etc (j’ai pas écrit compromissions)?

    Je t’ai donné plusieurs fois des références. Et je veux bien admettre que ce n’est pas une théorie facile à digérer, mais je ne vois pas comment on va pouvoir s’en passer pour être offensif sans déclencher de conflits inutiles.

    Là où l’inconscient freudien et surtout lacannien fait une jolie salade composée immangeable avec du langage, du social (ben oui, le coup du transfert…) et du désir; la Tdm fait 3 – en réalité 4 si on prend ici l’acte manqué donc la prise en compte de notre faculté technico-industrielle – plans de rationnalité autonomisables avec chacun leur propre dialectique, permettant ainsi d’expliciter, là où l’animal n’a que des fonctions, notre émérgeance à des facultés dont une part nous échappe (inconsciente, ds la nouvelle épistémologie: implicite) pour n’en voir que le phénomènologiquement observable.

    Du coup, nous sommes plus à même de commencer à comprendre l’interférence de la socialité et du droit (sociologie et axiologies dialectiques) ds un sens* ou ds l’autre**, et en remettant le foutu concept de valeur à sa juste place: éthologique.((*= Du sociologique vers l’axiologique, soit la codification à laquelle procède plus ou moins consciemment le politique, mais codification de quoi? de valeurs? et on avance tjs pas en humanité! codification de processus ‘inconscients’ où se jouent les sentiemnts de honte et de culpabilité? Ds l’idéal, c’est çà, mais tu vois aussi où je met les pieds! (c’est explosif!).**= transfert, qd l’humain jauge implicitementlois codes rapports à l’autre etc, donc un transfert au sens psy mais élargi)).

    Voilà, on ne sortira pas de la contre dépendance, sans un énorme effort, et de réflexion et de construction des applications de ces modèles théoriques. Du coup tu vois aussi que pour moi la démocratie, ce n’est vraiment que le moins pire et encore je ne suis même pas sûr, vu que les opinions sont d’abord des trucs manipulés par des mises en phase avec nos intérets (qui ne sont pas des décisions morales) des lobbies, des contre lobbies etc

  16. la volonté d’améliorer l’espèce humaine…est -ce-qu’on a cette omnipotence ?Aujourd’hui, l’homme est face à lui-même, tu as raison, on avance toujours pas en humanité, mais ça me parait assez improbable de codifier dans son ensemble la variété à laquelle nous appartenons afin d’obtenir les progrès dont tu parles, et même ce peut-être dangereux car forcemment réducteur, ne laissant par exemple aucune place à la mutation : nous faisons partie de la nature imprévisible !L’ancêtre de la baleine était bien un petit mamifère…et je suis certaine qu’à l’heure actuelle l’homme est en train de subir un ensemble de mutations d’ordre chimique avec tout ce que cela peut entraîner sur le psychologique, le dépassement de soi (car il s’agit de dépassement, pas en sortant d’une contre-dépendance, mais en l’assummant). Pour moi, l’humanité passera ou cassera, entrainant avec elle ou non ce qui l’entoure, j’avance avec ma part d’universalité et tout ce qui fait le reste de ce que je suis, je ne puis rien faire d’autre et je le sais, et cela ne m’effraie nullement : c’est ma condition d’être vivant, locataire de la terre .Une prise de conscience universelle n’appartient à aucun de nous en propre, elle est le résultat du dépassement de chacun .C’est la liberté de chacun.

  17. Améliorer l’espèce humaine? non, çà ne fait pas partie des projets, y voir un peu plus clair ds l’éducation, oui.

    Pour ramer sur les questions de ce qui se révèlera codifiable avec la précision que je cherche, je peux te garantir que très peu de situations pourront s’y prêter.(Un des obstacles et pas le moindre tient au fait que les individus doivent être et rester libres… ce qui est qd ^m une garantie non négligeable)

    Par contre là où j’avais envie de hurler mais c’est un peu tard, c’était de voir des démocrates se faire représenter par un double désintoxiqué du W…

    Là où j’ai encore envie d’hurler, c’est de voir l’importance accordée au concept de « valeur », en soumettant ce qui se trouve pris ds cette fonction naturelle (de valorisation) à l’approbation d’un vote démocratique alors que c’est une fonction partagée avec les animaux qui nous fait échapper à l’indifférence! En fait entre l’envie d’hurler ou être mort de rire, çà ne dépend que du contexte…

    Tu mets cependant indirectement le doigt sur un truc pas simple que je vais traduire par: « de quel droit, une mise en situation codifiée de façon scientifique deviendrait-elle indéboulonnable par quelque procédure démocratique que ce soit? » De ce qu’il deviendrait illégitime d’y toucher sans la remplacer par une autre ayant les mêmes effets. Est-ce que tu oserais toucher au « tu ne tueras pas »? Non bien sûr et toi ds la foulée de me répondre: Il y a une dimension prophétique dans cette codification qui se dit aussi assurée d’elle même! Oui et non. Oui si les interlocuteurs ne font pas eux-mêmes l’effort de se mettre en phase avec la théorie sous-jacente qui n’a rien de mythique ni de révélée. Non, car en dehors de l’explicitation structurale qu’une telle mise en situation codifiée permet d’atteindre, les détails pratiques supposent, eux, un accord ou un consensus politique.

    Si tu piges le raisonnement çà veux simplement dire qu’avec d’autres outils qu’A. Einstein, on se promène ds la théorie pour jouer avec des trucs impalpables, ayant des effets concrets. Exemple sans les détails: là où les démocrates d’un ‘pouvoir puissance’ s’assurent d’un résultat équivalent en y mettant le paquet côté contrôles sans qu’on soit assuré qu’il ne faille pas contrôler les contrôleurs etc ds une régression à l’infini ( soit la preuve indirecte que la légitimité comme le droit d’ailleurs n’ont pas trouvé de fondement – au moins théorique – en dehors des ref dont je parle parfois), je te garantis que j’obtiens les mêmes résultats sans déployer les muscles du zèle, et jusqu’à restructurer les fameux trois principes de l’écologie, à savoir les pp du pollueur-payeur, de prévention et de précaution.

    Bref je reviens en conclusion à mon message précedent, qu’on en aie conscience ou pas, on balade tjs une certaine idée de l’homme. Le mieux n’est-il pas alors que ce soit le plus explicite possible?

  18. Eugène, je suppose qu’il est très difficile de faire autrement que de livrer ici un concentré de concepts hautement actif. Pas évident de posséder tous les éléments d’entrée.

    Mais d’un autre côté, si ça se trouve : avec ça, par simple résonnance acoustique de proximité (c’est à dire entamer la conversation), tu peux tuer l’étron et toute sa clique par apoplexie (déstructuration sans contact des neuronnes et cellules gliales 😉 ).

  19. miaou,

    Merci pour le rappel à l’ordre humoristique. La difficulté de faire simple provient juste du fait que contrairement aux apparences, il n’y a rien de directement positif observable dans l’humain, sauf à se faire de éthologue. Or c’est bien ce réductionnisme qui rend notre « réalité » insupportable et dont il faut sortir, par exemple
    avec « les fondements des sciences humaines de Jean-Claude Quentel (Eres, 2007); bon courage et bon voyage ds le jargon dont je te rappelle qd même que les concepts introduits ds une épistémologie certes complexe ne le sontque pour rendre compte des pathologies. En regard dis moi un peu à quoi peu bien rimer, par exemple, une sociologie incapable d’expliciter en quoi déraillent les fous? C’est ce que j’appelle une sociologie des tas, ou des stat si tu préfères…

  20. Folie au sens du rapport à l’autre totalement perturbé dans les psychoses (schizophrenie paranoïa etc) dans les perversions (sadomasochisme, exhibitionnisme-voyeurisme etc).

    Or, qu’est sensée faire la sociologie sinon nous expliquer à nous mêmes ces rapports à l’autre et à autrui, combien même sont-ils perturbés; surtout même s’ils sont perturbés, pour ainsi valider l’explication fournie. Que ds ces cas la question de la thérapie soit une urgence devant la soufrance, certes, mais expliques moi aussi comment on va agir (socialement)avec efficacité sur ces soufrances si on ne comprends pas ce qu’on fait?

    La dernière question vaut aussi bien pour les socio-positivistes qui encombrent les marches du temple et n’ont tjs rien pipé à ce qui fait lien social, alors même qu’ils nous abreuvent de statistiques, d’analyses de terrain, sans même s’intéresser aux questions ci-dessus des pathologies de la personne!

    « remarque annexe »: nous devons être a peu près l’un et l’autre être de cette génération qui dans la fin des années 70 faisait le bonheur des éditeurs de sciences humaines. Qu’est-ce qui révolutionné ce champ depuis cette époque? Rien en dehors des ref que je donne. Quelle est cette deshérence qui gagne ce milieu professionnel? rien de perceptible MEDIATIQUEMENT ne parait pouvoir réveiller les esprits anesthésiés sous le libéralisme qui semble vouloir privilégier le cognitivisme et compagnie. Bref, le balancier parti du structuralisme (trop formel) des sixties est dans l’autre extremité positiviste qui arrange bien les manipulateurs, les économiscistes, les néolibéraux etc. Le balancier repartira ds l’autre sens? surement mais ce mouvement est fatigant et ne mène en fait nulle part. Ce qu’il faut piger, c’est le rapport dialectique en nous entre 1)le naturel, 2)le formel ou structural, 3)le phénomènologiquement observable ou ‘positivable; sans rester piégé dans l’un des pôles!

    Bon, sans doute que je suis en train de te causer d’un truc à peu près équivalent à la recherche fondamentale en physique quantique et relativiste, mais vu les urgences écologiques où nous sommes, les obstacles, les impasses, les illusions qui font perdre du temps alors que c’est l’homme (la femme, bref l’humain) qui est la cause des désordres, ce ne peut être que lui qui doit faire l’objet de l’explication la plus cohérente (scientifiquement falsifiable!) possible si on veut agir avec pertinence.

    Clin d’oeil: N’est-ce pas la plus grande folie que l’homme puisse faire que de détruire jusqu’à ses conditions d’existence sur terre? rien que cette dernière remarque justifierait à elle seule de s’intéresser à ta courte question!

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