Sommes-nous réellement en 1788 ? (un mot sur monsieur Mélenchon)

Je viens de lire que monsieur Mélenchon a déclaré au Parisien hier : « La France est en 1788 ». Il faisait allusion à « l’injustice fiscale », à la veille d’une manifestation « pour la révolution fiscale ». Fort bien. La manifestation a été un fiasco, malgré les rodomontades habituelles, mais en vérité, je passe mon tour pour évoquer le sujet de l’impôt, me contentant de dire que la question est un poil plus compliquée que ce que scandent les amis de monsieur Mélenchon, pour lesquels il suffirait bien de taxer le capital.

Une nouvelle nuit du 4 août ?

Oui, je passe mon tour, car ma question de ce dimanche est  : sommes-nous en 1788 ? Un premier commentaire, d’évidence ou presque : lorsque l’on lance pareilles analogies, et Dieu sait que ces dernières sont nombreuses et réitérantes, c’est peut-être bien qu’on ne sait pas inventer autre chose. Monsieur Mélenchon se veut et se croit historien des colères populaires, mais je pense, moi, qu’il se complaît surtout dans de vaines mythologies. À le suivre, il faudrait donc recommencer la prise de la Bastille – ce dimanche, Bercy, siège de l’infâme administration fiscale, aurait fait l’affaire – puis la nuit du 4 août, qui mena comme on ne le sait plus guère, à l’abolition des privilèges et des droits féodaux.

Bon, je vous avoue que je trouve cela un poil ridicule. Non qu’il n’y ait de privilèges. Non qu’il n’y ait des classes sociales. Non qu’il ne faille pourfendre l’injustice, et probablement jusqu’à la fin des temps. Mais simplement parce que les mots employés sont désespérément vides d’un sens qui ferait réellement lever ce qu’on appelait dans mes jeunes années les masses. Celles-ci n’étaient pas ce dimanche avec monsieur Mélenchon, qui n’a reçu – il est important de s’en souvenir – que 8 % des voix des inscrits au premier tour de l’élection présidentielle de 2012. Ce n’est pas rien. C’est même beaucoup, d’un certain point de vue. Mais l’essentiel reste que sur 100 personnes inscrites sur les listes électorales, 92 ne se sont pas reconnus dans monsieur Mélenchon. Or donc, quand ce tribun parle du peuple, de qui parle-t-il au juste ? Cela n’a rien d’anecdotique, croyez-moi. Ou non. Toute l’histoire des avants-gardes autoproclamées regorge d’exemples où le peuple réel ne se montre pas à la hauteur du peuple imaginaire. Et les conséquences peuvent alors être dramatiques.

Et la santé, bordel ?

Et puis ? Je suis infiniment désolé, mais tout ce qui précède n’était que préambule. Voici : où ont-ils donc la tête, ceux qui prétendent changer le monde avec de si vieux clichés ? Comment se fait-il qu’ils soient à ce point aveugles ? Pourquoi diable ne lancent-ils pas des mobilisations sur tant d’autres questions parfaitement ignorées ? Je ne prendrai qu’une de ces dernières : la santé. Il est hélas indiscutable que nous assistons à une dégradation stupéfiante de la santé des humains. Je parle là, et je vous prie de m’en excuser, des pays du Nord, riches, où existent des chiffres, des colonnes de statistiques, des administrations plus ou moins capables d’utiles compilations.

Eh bien que voit-on ? Un cycle historique s’achève. La croyance si agréable dans une augmentation continue de l’espérance de vie n’était donc qu’une chimère, une chimère de plus. Je ne vais pas m’attarder, car un ouvrage, car des ouvrages seraient nécessaire. Cet excellent Claude Aubert a entrouvert la porte il y a quelques années (Espérance de vie, la fin des illusions, Terre Vivante), mais nul doute que nous ne sommes qu’au début d’un complet renversement. Radotons un peu : nul expert d’aucune sorte ne peut savoir combien de temps les jeunes d’aujourd’hui – disons ceux qui ne dépassent pas quarante-cinq ans – vivront. Voyez, ce ne sont pas des devins. Quand ils tracent de jolies courbes, ils ne font jamais qu’extrapoler à partir d’humains qui meurent aujourd’hui, à des âges en effet de plus en plus avancés.

La danse des molécules

C’est bien joli, mais pleinement absurde, car ces humains nés en 1915 ou 1930 ont formé leur cerveau et le réseau si dense des connexions neuronales, ainsi que leur système nerveux central,  dans un temps qui a disparu. Certes, des pollutions existaient déjà, souvent organiques, mais sans cette invasion planétaire, extravagante, délirante même de la chimie de synthèse. Le grand lâcher de molécules n’avait pas commencé. Ces molécules assemblées par l’homme, inconnues de la Création, se comptent aujourd’hui par millions. Je répète : par millions. Les organismes vivants n’ayant jamais eu à connaître, au cours de l’évolution, de matières aussi singulières et paradoxales que les plastiques ou le DDT, le gaz sarin ou le triclosan, subissent une agression à laquelle rien n’a pu les préparer.

Bien que des preuves directes, massives, indiscutables manquent dans de nombreux domaines, une certitude émerge des décombres. Il y a coïncidence entre l’émergence ou la multiplication de pathologies et l’apparition dans tous les milieux de la vie, jusqu’en Arctique, jusque dans le désert de Gobi, jusque dans les fosses du Pacifique, jusque dans la troposphère et même au-dessus d’elle, de produits délétères, dont beaucoup durent et subsistent au-delà des vies humaines. Un sac plastique bien conservé peut tenir des centaines d’années. Encore faut-il ajouter, mais tout est lié, la junk food et ses innombrables additifs chimiques, la junk food et ses graisses, et son sel, et son sucre, et sa merde.

Deux millions d’Ahzeimer

La dégradation de la santé est-elle manifeste ? Voyons. Je ne vous accablerai pas ici de chiffres. Sauf deux. L’incidence des cancers a augmenté de 107,6 % chez l’homme et de 111,4 % chez la femme entre 1980 et 2012. C’est simplement foudroyant, et ne croyez pas ceux qui parlent, l’air apparemment satisfait, de l’augmentation de l’espérance de vie comme principale explication. Elle a sa part dans le phénomène, mais, et je n’y insiste pas, elle n’explique à peu près rien. Et pensez aux maladies neurodégénératives ! Il y a environ un million – 1 000 000 ! – de cas d’Alzheimer en France, et on en attend 2 millions en 2020, dans sept ans. À quoi il faut ajouter une épidémie de diabète – la France compte environ 4 millions de diabétiques -, une épidémie d’obésité – 7 millions – une épidémie d’asthme – 3 millions -, une très étrange multiplication des cas d’autisme. Encore faudrait-il parler de bien d’autres affections, mais je m’arrêterai pour finir sur le « syndrome de dysgénésie testiculaire » qui renvoie à de nombreuses anomalies de la reproduction, dont la diminution du nombre de spermatozoïdes, l’infertilité croissante, l’hypospadias, la cryptorchidie, le cancer des testicules.

D’ores et déjà, l’espérance de vie en bonne santé, ou plutôt l’indicateur appelé Espérance de vie sans incapacité (EVSI), diminue. Et continuera fatalement de le faire. Dans ces conditions, et pour en revenir au point de départ – monsieur Mélenchon et son hasardeuse comparaison avec 1788 -, que faut-il faire ? Mais bien sûr, inventer des formes nouvelles de mobilisation et d’action. Ainsi, à quoi bon défendre la Sécurité sociale – victoire essentielle du peuple – si l’on ne commence pas par comprendre ce qui se passe ? Le déficit de la Sécu, qui finira par tout emporter, est bien davantage une déroute sanitaire qu’une débâcle financière. L’explosion des maladies chroniques et des invalidités creuse la tombe de cette Grande Conquête plus certainement que les dérives des professions médicales, pourtant bien réelles.

Mettre à bas l’édifice social

Alors, plutôt que prétendre cette imbécilité que la France rejouerait 89 et Valmy, pourquoi ne pas parler de la santé de tous et de chacun ? Ici et maintenant ? Une telle attention au neuf conduirait évidemment à détricoter la pelote et à mettre en question la totalité de l’édifice social. On pourrait ainsi, et j’ose dire aisément, s’attaquer à l’organisation même du pouvoir. Aux puissances industrielles, mais aussi administratives, bureaucratiques, politiques. À  la production elle-même. Au sens de la production d’objets. Au sens de la vie elle-même. C’est alors que nous serions enfin « modernes », pour utiliser un mot que je déteste. C’est alors que nous rendrions hommage aux ancêtres, ceux de 89, ceux de 1871, et tous les autres.

Mais la gauche, qu’elle soit celle de monsieur Mélenchon ou d’ailleurs de tout autre,  a d’autres priorités. N’a-t-on pas vu cette fin de semaine l’intronisation de madame Cosse à la tête d’EELV, à raison de sa proximité avec madame Duflot et monsieur Placé ? Je vais vous dire : si je devais faire un absurde rapprochement chronologique, je ne parlerai sûrement pas de 1788. Dans le meilleur des cas, nous cherchons dans la nuit quelques grains et poudres d’espoir, pensant certains matins en avoir empli nos poches. Dans le meilleur des cas, nous sommes en 1750. Il faut (se) parler, évaluer le meilleur de nos récoltes, suggérer les chemins d’apparence impossible. C’est la seule manière de créer ensemble un imaginaire complet, qui détournerait pour de bon des colifichets de toutes sortes qui finiront par nous tuer. À ces conditions, l’été 1789 reviendra peut-être. Peut-être. Mais s’il revient, il ne fait aucun doute que nous ne le reconnaîtrons pas.

19 réflexions sur « Sommes-nous réellement en 1788 ? (un mot sur monsieur Mélenchon) »

  1. c’est curieux, Corinne Lepage dit un peu la même chose que vous dans ses propositions pour un ministère écologiste rénové..

  2. Cette « gauche de la gauche » remâche ses éternelles formules toutes faites comme une méthode coué, pour ne surtout pas remettre en question leurs certitudes arriérées, héritées des Lumières : la croyance en un Progrès éternel, le manichéisme économique et l’inéluctable victoire d’un prolétariat fantasmé…
    Quand on y réfléchit, cette façon d’envisager une telle inertie historique est parfaitement contradictoire avec les principes du matérialisme historique, non ?!
    1788 ou 89, c’était la consécration des Lumières, la matérialisation des Idées. 2013 me semble bien plutôt l’exact inverse(scientisme omniscient, déraison et chaos à tous les étages, effondrement de toutes certitudes) et monsieur Mélenchon s’efforce d' »idéaliser » cette matière peu reluisante…

    Un dernier mot : vu sur un mur parisien une affiche du Mouvement des Jeunes Communistes (où j’ai adhéré un an ou deux, il y a 2 décennies et demi). Le slogan ? « Les jeunes ne lachent rien »….
    Le vide, le chaos….

  3. Bonnes nouvelles sauvant la planète :

    Disparition du racisme. Jusqu’à dix cartouches de clopes achetées à l’Etranger.

    L’égalité pour tous. Echos taxes. Baisse de la TVA sur les bonnets.

    La démocratie par l’élection. Les écolos verts se mettent au boulot.

  4. Melenchon parle de fiscalité c’est un sujet primordiale, indispensable. Pourquoi lui reprocher de le faire ? Il fait de la politique et la politique se repose sur la communication, le suivi des idées du moment. Et cette semaine la place à la fiscalité.
    Ce n’est rien devant l’urgence écologique : je suis entièrement d’accord. Mais comment faire ressortir ce sujet alors que notre oligarchie le bloque de toutes parts ?
    Ne reprochons pas à Mélenchon de ne pas parler d’écologie tous les jours, de la façon dont on souhaiterais qu’il en parle.
    Le problème est ailleurs. tout le système est bloqué, d’en haut et taper sur Mélenchon n’y changera rien.
    C’est un bouc émissaire facile, ca soulage de taper un peu, mais après quoi ?
    Notre société va devoir se transformer, est en train de se transformer tres rapidement, contrainte et forcée. Qu’elle mouvement politique est mur aujourd’hui pour nous accompagner ?
    J’espère qu’il existe déjà, ou qu’il est en train de se former, car 2014 risque de nous faire tanguer énormément. Et il vaudrait mieux que la société France ai des mouvements un peu structurés à ce moment la car ca risque de faire mal.

  5. Mais non, nous ne sommes pas en 1788; à l’époque, pas de surendettement des peuples. Ils étaient trop pauvres pour s’endetter.
    Et, si je puis dire, la faim a fait sortir le loup du bois.
    Aujourd’hui, et pour faire simple, le peuple est tenu en laisse par la maison et la voiture qu’il doit payer. Il mange mal mais suffisamment. On le distrait avec internet, la télé et les nouvelles technologies. Il a chaud grâce au nucléaire. Il n’est plus malade: vive la sécu!
    Alors, une révolution….

  6. Faut vivre dans une mairie géré par ce fameux front de gauche (St Pierre Des Corps (37): les cocos sont au pouvoir depuis des lustres…):
    Ca braille sur les impots mais çà les augmente aussi et puis c’est jamais leur faute à eux, c’est toujours la faute des autres.
    Ca pleure qu’il faudrait de l’argent à donner aux pauvres, à la sécu, aux chomeurs, aux ouvriers, à tout un tas de personnes et d’organismes, mais çà braille aussi pour avoir une deuxième ligne de tramway inutile mais à 400 millions d’euros quand même parce que Tours en a une, alors les cocos aussi, ils en veulent une.
    Bref, ca fait des manifs nationales mais grosso-modo, dans les villes, çà ressemble aux autres. C’est bonnet blanc et blanc bonnet. Mais faut pas le dire trop fort, parce qu’ils vont pas être contents. Ils sont pour le petit peuple, qu’ils disent. Ca les empêche pas de favoriser les dalkia, les veolia, les carrefour et toutes multinationales passant dans le coin. Mais c’est pas de leur faute. Je vous l’ai dit: c’est de la faute aux autres, bref, c’est toujours de la faute à l’état et aux méchantes multinationales.

  7. … Il faut (se) parler … A votre avis, Mr. Nicolino, si c’est le FN qui passe devant tous les autres partis, vu que les oligarques americains ne viendront pas nous « sauver » puisqu’ils sont le catalyseur de sa progression, vous voulez la sauver avec qui votre planète sans visa ? Mélenchon n’est soit pas à votre heure, soit pas crédible, vous pouvez découper toutes les têtes du camp des Républicains de Gauche progressistes partageux modernes (joke) dépassent, ca ne sera pas avec le camp d’en face que cela risque de s’améliorer pour nos matricules et vos idées intéressantes, Monsieur ! 😛
    Vous voudriez que cela soit dans les 92 % des inscrits mais surtout, sans doute, dans les abstentionnistes, le plus grand nombre, que notre salut passe, j’aimerais bien aussi, mais croyez-vous y arriver avant l’heure de notre trépas ? Croyez vous y arriver dans une Europe pré-fascisante dirigée par des Institutions qui n’en ont rien à faire de ce qui ne se monnaye pas ? L’abstention ca vaut combien ? Il y a un choas qui gronde bien pire que le trou de la secu c’est celui de l’abstention générale, voie royale pour la Commission Européenne Libérale et son GMT qui va exacerber la situation merdique actuelle. Nous sommes en 1788, car il nous faut un sur-saut en 2014, il nous faut une bifucartion, la planification de l’écologie de la Terre est l’enjeu n*1, la clé est le passage de ce message, et que ca plaise ici ou non, le fdg et les 4.000.000 millions d’électeurs du Peuple qui l’ont choisi à la dernière présidentielle en sont partie prenante à 100%.

  8. John Moisant: c’est beau de croire au père noël. Lis donc mon commentaire pour te rendre compte que le Front de Gauche, c’est du flan enrobé dans la chantilly communicante.

    Merde alors, le FN monte? Ben oui,normal!! C’est çà les sociétés en déclin. Ca passe part tous les stades et puis, hop, ca disparait.

    D’ailleurs, le front de gauche parle mais ne fait pas. Car dans les mairies où ils ont le pouvoir, on ne voit strictement rien, sauf du copinage.

  9. @John Moisant

    « L’abstention ca vaut combien ? »

    et le vote pour un politicard professionnel miterrandolâtre, productiviste, ayant voté pour Maastricht et qui je vous le rappel était (est) prêt à devenir le premier ministre du capitaine de pédalo ?

  10. « Il faut (se) parler, évaluer le meilleur de nos récoltes, suggérer les chemins d’apparence impossible. C’est la seule manière de créer ensemble un imaginaire complet, qui détournerait pour de bon des colifichets de toutes sortes qui finiront par nous tuer. »

    Magnifique programme!!!

    et quel contraste avec: « Il fait de la politique et la politique se repose sur la communication, le suivi des idées du moment. » Si nous suivons les politiques qui nous suivent, qui sait ou allons, n’est-ce pas?

    Justement, aujourd’hui, etonne par les longs, tres longs articles mettant en cause l’integrite morale et la competence de Gilles-Eric Seralini sur la base de ragots sur sa vie personelle et d’arguments d’autorite, mais sans jamais entrer dans le contenu ni le detail (la palme de la stupidite revient sans doute a Mediapart, celle de la naivete a Huet et a Foucart), Je viens de lire l’article original paru en 2012:

    http://gmoseralini.org/wp-content/uploads/2012/11/GES-final-study-19.9.121.pdf

    ainsi que les reponses aux critiques:

    http://gmoseralini.org/wp-content/uploads/2013/01/Seralinial-AnswersCritics-FCT_2013.pdf

    La lecture desquels me confirme que les sources originales, plus souvent qu’a leur tour, sont plus claires que les commentateurs!!!

    (Et comme la revue du groupe commercial Elsevier (qui en 2009 a vendu une revue « scientifique » tout entiere, avec comite editorial et tout, au groupe pharmaceutique Merck) a « desavoue » l’article, on n’a meme plus de remords a telecharger l’article sans payer!)

  11. Je signale aux aimables commentateurs ci-dessus que l’essentiel du billet parle de la SANTÉ !!!

    …Entre autres du cancer proliférant.
    Il y a bientôt 30 ans ma compagne quadragénaire mourait d’un cancer, décrit alors comme très exceptionnellement passant d’un stade bénin à un cas mortel.
    Depuis lors j’ai croisé bien d’autres cas mortels, à tout âge, très souvent décrits comme « bizarres », « imcompréhensibles »…
    Il y a quelques mois, un très cher ami cinquantenaire et en pleine santé d’athlète, très écolo de mœurs… : une tache au cerveau…

    Je ne sais pas trop pourquoi, à mes 75 ans, je n’ai encore rien de ce côté-là : y a t-il un lien avec ma vie d’ermite (sans télé, bagnole, frigo, etc.) et j’ai peut-être tort d’avoir internet?… en exception à ma règle ?

    Toujours est-il que – à part gros rhumatismes – j’ai encore la santé jusque dedans ma tête, légèrement sujet à des trous de mémoire. Mais j’apprends toujours, dont, par cœur, des poèmes. Antidote à ce monde de fous furieux ou de pantins dérisoires qui se rêvent peut-être en Robespierre réincarné…?
    Un certain Shakespeare (sauf erreur) disait que l’histoire ne repasse pas les plats : ou alors, la première fois en tragédie, la seconde en comédie-farce !

  12. à alain

    Il y a quelques années , à l’occasion des municipales dans une ville de province , je reçois le programme des différents partis . Tous sous la forme d’une feuille format approximativement A4 , sans enveloppe , sauf une sous emballage plastique … J’ouvre la mystérieuse lettre , et je découvre le programme du front de gauche . Je commence à lire . Sans surprise , ça propose de raser gratis , et on va voir ce qu’on va voir , et patati et patata . Et j’arrive aux compagnons de route du fdg , parmi lesquels les  » alter ekolos  » . Vous lisez bien : alter eKolos . A l’époque , c’était la mode de mettre un  » k  » au lieu de  » que  » : frénétik , monik , deux-qui-la-tiennent-trois-qui-la-niK etc … J’aurais eu du mal à laisser passer ce flagrant délit de démagogie (  » salut les d’jeuns ! Nous , c’est l’front d’gauche , on n’est pas des vieux cons , et si on est élus , on vous fera une ristourne sur le chichon ! « ), mais lire un parti se réclamer de la vraie écologie ( pardon , éKologie ) et être le seul à envoyer son programme sous plastique , c’était trop . Quelques respirations abdominales plus tard ( du calme , ne nous fâchons pas , la colère est mauvaise conseillère , et toutes sortes de choses ) , j’envoie un mail où je demande , sur un ton aussi factuel que possible , pourquoi envoyer un programme sous emballage plastique quand on se réclame de l’écologie . Réponse :  » c’est pas not’ faute ! on voulait des enveloppes en papier , mais l’imprimeur n’avait plus que du cellophane !  » . Bis repetita pour la respiration , et je réponds en faisant remarquer que la question est moins celle de la nature de l’emballage que celle de sa nécessité , et qu’ayant visiblement du mal à comprendre cette idée simple , le fdg peut être désormais assuré de ne pas avoir mon suffrage . Piqué au vif , le neuneu contre-attaque en me demandant mes états de service dans la lutte pour préserver Dame Nature . La respiration abdominale n’opérant plus , j’ai préféré ne pas répondre à un partisan de la création d’un abattoir en agglomération pour venir à l’aide de nos braves éleveurs … Je reçois un autre mail , vibrant appel à unir les forces progressistes pour lutter contre les méchants capitalistes qui font qu’à ( pardon , ki font k’a ) nous z’embêter .

    FDG
    Foutage De gueule …

  13. Je tenterais bien une image pour illustrer mon propos. Elle vaut ce qu’elle vaut. Comme toute image, elle a ses limites, mais quand même, elle explique en quoi l’imaginaire de la gauche est à mes yeux une imposture.

    Imaginons des invités autour d’une table. Au centre, un gâteau, objet de toutes les convoitises. Une main invisible procède au partage et à la distribution des parts. Les protestations se multiplient face aux inégalités criantes.
    La droite part du principe que chacun(e) a été servi(e) selon son mérite. La gauche réclame plus de justice sociale. Certains, mollement, d’autres plus véhéments, en appellent à une nuit du 4 août, aux droits de l’homme, à la fin des discriminations, à un autre mode de production du gâteau (nationalisations, économie sociale et solidaire, planification…).
    Tous, de droite ou de gauche, exigent que l’on augmente la taille du gâteau. Les seules divergences portant sur les moyens de parvenir à cette croissance sans limites.
    Personne ne s’intéresse vraiment au point de savoir si le gâteau n’est pas empoisonné. Ou alors du bout des lèvres, pour mettre un peu de vert dans son vain, si je puis dire et écrire ainsi. Certes, on déplore de plus en plus de malades et de morts, mais l’emploi, vous y pensez à l’emploi des producteurs de gâteaux ? Et voyons, le système de santé nous sauvera, grâce aux assurances privées ou à la Sécu qu’il faut sauver en faisant payer le capital.
    Quant aux dégâts collatéraux (la souffrance animale, les paysans chassés de leurs terres, les miséreux survivant avec un dollar par jour…), enfin voyons, nous d’abord ! Notre niveau de vie n’est pas négociable.

    Et voilà que depuis quelques temps, on remet en plus aux invités une part de e-gâteau en trois dimensions, totalement virtuel, mais tellement innovant. La gauche applaudit, demande que tous les moyens soient déployés pour abolir la fracture numérique, clame que la nostalgie du temps passé est réactionnaire, que le temps des bons vieux gâteaux naturels et familiaux est dépassé, qu’il faut vivre avec son époque, arracher les individus à leur terre d’origine, à leur culture, à leurs liens de parenté, transgresser les limites morales, culturelles, anthropologiques… Etre moderne à tout prix, en somme.
    Que ce nouveau gâteau numérique soit à son tour empoisonné, qu’il contribue à détruire des paysages, des vies humaines et non-humaines, qu’il ne soit qu’un ersatz générateur de frustrations, qu’elle importance ? Il est moderne et la religion du progrès nous interdit de le mettre en question.

    On pourrait aborder bien d’autres dimensions du problème. Au fond, sur l’essentiel, droite et gauche s’accordent sur le système en place. Seules de fausses oppositions, des querelles de personnes les distingue finalement. Est-ce étonnant ? Un parti pourrait-il être élu avec un programme posant des limites, déclarant les devoirs de l’homme, remettant en cause le totalitarisme technologique, la toute-puissance industrielle, le consommateur-roi, le tout tout de suite ? Quand bien même, par miracle divin ou par erreur du destin, il serait choisi pour présider à nos destinées, aurait-il les moyens de sa politique ?

    « Se parler, évaluer le meilleur de nos récoltes, suggérer les chemins d’apparence impossible ». Sans doute, oui. Et vivre autrement. Ne pas nous laisser avaler par le système. Essayer.

  14. Je vois une autre différence avec 1788 : je pense qu’aujourd’hui nous avons reconstitué une forme d’union soviétique. Plusieurs indices m’y font songer.

    En effet, l’oligarchie dicte aux États; les institutions politiques ne servent plus qu’à empirer cette situation (pensez à l’AMI et son nouvel avatar le traité transatlantique).
    Dans les Nentreprises privées, au moins les grosses, c’est l’explosion de la bureaucratie, du flicage. C’est la surveillance partout, les grandes zoreilles étatiques, les caméras, les drones, et généralement les robots qui nous scrutent (en particulier pour disséquer les quantités industrielles d’images de vidéo-surveillance). Nous sommes surveillés par des robots, gardés par les flics !! Bref, partout les dirigeants ont piétiné la liberté individuelle, qui était censée être l’avantage comparatif de l’Occident (rires), au profit d’une pseudo sécurité (en fait une sécurité des riches, évidemment).
    C’est la langue de bois généralisée pour tous les acteurs ayant accès aux médias, se déclinant dans le culte de la crôôôôassance comme les nomenklaturistes se gargarisaient du Parti, de Marx, d’Engels, et de prolétariat. Il y a la propagande par la publicité, dont l’industrie vit une vraie course aux armements.
    Il n’y a certes pas de goulag, mais il y a élimination des récalcitrants, comme il y a toujours eu dans la capitalisme, par le chômage, la misère, ou l’interdiction de la mendicité.

    C’est peut-être moins grave que la progression des maladies, mais c’est bloquant. Et si on en est là, c’est que la tension est maximale. On le sait, le système craque de partout.
    On peut certes critiquer le FdG, toute action mérite critique. Mais qui d’autre propose de s’attaquer collectivement aux multinationales, les nouveaux ennemis de la vie ? Et on ne pourra rien changer si on ne les affronte pas.

  15. Sur la multiplication des cas d’autisme : x 50 en 17 ans, ai-je lu quelque part.
    L’environnement toxique est un facteur certain.
    Le fait que l’autisme n’est plus ignoré a eu aussi un effet multiplicateur.
    Un autre : On a ouvert des classes pour enfants autistes, et il y a trop de gens dont l’intérêt est de les remplir, et qui y mettent sans vergogne et impunément des gosses qui n’ont rien à y faire (sans regarder par exemple s’il n’ont pas simplement des bouchons de cérumen dans les oreilles). Il y a aussi les enseignants qui projettent leurs propres insuffisances sur les élèves dont ils ne savent pas s’occuper. Ils n’ont qu’un coup de fil à donner pour s’en débarrasser.
    Comme des nazis, nous fabriquons des enfants formatés. Celui qui est un peu éveillé et créatif est traité à la Ritaline ; celui qui a du retard part en CLIS, parce qu’il n’est pas à l’école pour le rattraper mais pour être évalué.

  16. Ah, j’ai oublié, dans les indices : le brévetage du vivant (et la criminalisation de la réutilisation de semences chez les paysans ou ailleurs); l’inscription du régime économique dans la constitution européenne.
    Quoi d’autre, encore ?
    Franchement, ça commence à faire beaucoup.

  17. Cette hargne anti-Mélenchon dépasse mon entendement, euh, tout ça pour une formule “nous sommes en 1788″ ?

    L’ennemi n°1 qui détruit la planète et assassine l’humanité, c’est le capitalisme non ?

    Je trouve personnellement Mélenchon assez ridicule, et le Mélenchon-bashing ici présent au moins tout aussi ridicule.

  18. Espérance de vie sans incapacité (EVSI), creuserait un trou dans les finances de la chimio-pharmacopée ? travaillons dans ce sens

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