Contre l’agroécologie à la sauce Le Foll

Enfin ! Enfin ! Je vous ai déjà raconté (ici) la farce sinistre inventée par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll et ses services. Par un hold-up sur les mots, nos productivistes de toujours tentent de faire avaler ce qu’ils osent nommer l’agroécologie. Qui deviendrait dans leurs mains un simple avatar de l’agriculture industrielle, avec les mêmes acteurs bien sûr, dont la FNSEA au premier rang. Je vous signale d’ailleurs que Xavier Beulin – patron à la fois de la FNSEA et du géant industriel Sofiprotéol – prépare pour le 21 février un grand raout appelé États généraux de l’agriculture (ici). Quatre, peut-être cinq ministres iront comme de juste se prosterner.

Dans ce climat écœurant, il est donc heureux de voir, comme vous lirez ci-dessous, que des associations chères à mon cœur et un syndicat paysan itou commencent à relever la tête. Il était temps. Mais il n’est pas trop tard pour se battre sous notre bannière. Car c’est de cela qu’il s’agit : d’un combat. Et notre drapeau est le plus beau.

Collectif agroécologie


Les organisations signataires de ce communiqué* ont décidé de se constituer en « collectif pour une agroécolgie paysanne ». Ce texte de position est un premier pas. Après l’agriculture biologique, le commerce équitable, l’éco-construction, le projet de société dont est porteur l’agroécologie est lui aussi en train d’ être détourné. Notre collectif ne croit pas que la fuite en avant technicienne puisse répondre aux problématiques environnementales et politiques. Il entend défendre les valeurs et promouvoir les initiatives portées par les paysans, les citoyens, et tout acteur du mouvement social
et dénoncer les fausses solutions. Le présent communiqué marque l’amorce d’un travail de rapprochement, de convergence et d’organisation collective. Le collectif est ouvert à toutes les organisations qui se retrouvent dans cette démarche.

– Pour une agroécologie paysanne –
Nous, mouvements sociaux organisés, associatifs, syndicaux et professionnels, affirmons qu’une agroécologie paysanne existe aujourd’hui en France. Nous sommes obligés de la qualifier d’ « agroécologie paysanne » pour la distinguer de la campagne de communication du Ministère de l’Agriculture qui brandit le drapeau de l’agroécologie dans le seul but de mieux camoufler la fuite en avant de l’agriculture industrielle vers la marchandisation du vivant et la bioéconomie.
En effet, les méthaniseurs industriels qui détournent la production alimentaire au profit de la poursuite du gaspillage énergétique, les semis directs avec l’herbicide Round Up® et les technologies génétiques destinées à breveter les semences sont des supercheries qui sont scandaleusement inscrites sous le vocable agroécologie par ce ministère. Par ailleurs, celui-ci, tout en élaborant la loi d’orientation agricole et en se réclamant de l’agroécologie , est en train de valider une loi sur les propriétés intellectuelles qui élargit, par les brevets sur les marqueurs biochimiques, moléculaires ou génétiques, le pouvoir des transnationales sur tous les domaines du vivant, et interdit les semences paysannes et reproductibles !
L’agroécologie paysanne est avant tout un corpus de pratiques vivantes et de mouvements sociaux avec un objectif politique commun : une agriculture sociale et écologique ancrée dans les territoires.
Elle s’inclut dans un mouvement de transformation sociétale global qui touche tous les secteurs d’activité (énergie, transformation, commerce, transport, habitat, éducation, santé, etc). Nous critiquons l’idéologie productiviste, le modèle agro-industriel et même le concept de développement agricole. Le terme de développement est assimilé à la notion de croissance économique illimitée. Cette notion est antinomique avec le vivant dont le développement n’est pas fait que de croissance, mais est contenu par des équilibres dynamiques complexes à tous les niveaux d’organisation.
Appliqué à l’agriculture, le développement est un mirage entretenu par les intrants pétrochimiques et les subventions. Le projet du ministère français perpétue un modèle agricole industriel où le travail humain est taxé, l’emploi est détruit et les intérêts du capital préservés. L’énergie fossile est subventionnée, les impacts négatifs sont à la charge de la collectivité et les bénéfices sont privatisés. Actuellement, nous avons en France 5 millions de chômeurs, dont des paysans sans terre, et 500 000 agriculteurs.

C’est une situation aberrante dans un contexte de réchauffement climatique qui nécessite une réduction de la consommation des énergies fossiles et une augmentation significative de la population agricole. Or depuis les années 80, il n’y a plus d’augmentation du rendement des cultures mais seulement une augmentation de la consommation des énergies fossiles qui remplacent le travail humain par la mécanisation, l’utilisation croissante des intrants chimiques et l’agrandissement des surfaces des exploitations. Seule aujourd’hui une réinstallation paysanne massive est capable de relever les défis
écologiques, alimentaires et sociaux auxquels nous sommes toutes et tous confrontés.
L’effondrement du modèle agro-industriel breton nous invite à regarder la réalité en face : plutôt que de se mettre la tête dans le sable en attendant le retour d’une croissance inaccessible, face à la crise et à la précarité administrée, nous sommes aujourd’hui arrivés à l’heure des choix fondamentaux. La généralisation d’une agriculture écologique n’est pas hors de portée mais constitue un véritable choix politique allant plus loin que de simples évolutions techniques. L’agroécologie renverse la hiérarchie des savoirs, en remettant en cause un académisme qui oppose savoir-faire et connaissance théorique. Les savoirs scientifiques et techniques ne peuvent être dissociés des savoirs et des pratiques populaires ; ils en sont même l’émanation. Les premiers savoirs agronomiques ont été les savoirs et savoir-faire paysans qui n’ont cessé de s’adapter à leur environnement et aux sociétés. Les pratiques qui se revendiquent de l’agroécologie sont vivantes et au coeur des processus créatifs, culturels et sociaux. En s’opposant à la privatisation du vivant, en revendiquant la réalisation concrète des droits collectifs d’usage des communs, elles combattent un modèle économique dominant fondé sur la primauté du droit de propriété.

L’agroécologie paysanne est avant tout un outil de transformation sociale. Cette conception est partagée avec d’autres organisations paysannes et de la société civile dans le monde et notamment la Via Campesina, dans un projet de société nécessairement basé sur la paysannerie. Nous avançons avec une main tendue vers toutes les personnes qui par leur travail salarié, indépendant ou domestique participent à l’économie réelle. L’objectif est de replacer l’humain et la nature au centre des préoccupations sociétales, de sortir de la dictature de l’argent et de la finance.
Nous continuerons à nous retrouver pour construire les bases de nos actions, pour faire poids contre les tentatives d’encadrer, par le travestissement des mots ou la contrainte réglementaire, les initiatives populaires à finalités sociales et écologiques.

*Organisations membres du collectif :

Logos collectif agroecologie

39 réflexions sur « Contre l’agroécologie à la sauce Le Foll »

  1. Pour moi rien ne peut mieux et plus s’opposer au délire totalitaire du Traité Transatlantique que ce texte-ci. Les deux nouvelles coup sur coup me semblent dessiner le visage de l’avenir, ou plutôt des forces qui vont s’opposer de plus en plus ouvertement désormais.
    Le texte du collectif est le premier, à ma connaissance au moins, dans lequel des organisations étroitement impliquées dans la vie économique se démarquent ouvertement et aussi clairement de l’idéologie du développement. Il marque à mon sens une rupture, la seule porteuse d’espoir. C’est une très grande nouvelle, et elle ne pouvait pas mieux tomber.

  2. Bonjour,

    Merci a tous,

    N’oubliez pas,

    Hollande et Obama célèbrent l' »alliance » franco-américaine.

    François Hollande et Barack Obama célèbrent la coopération diplomatique et économique franco-américaine dans une tribune commune publiée lundi par « Le Monde ». Ce message est donné au premier jour d’une visite d’Etat du président français aux Etats-Unis.

    Conformément aux principes mondialistes , les souverainetés nationales sont diluées dans des accords marchands, financiers, aggravés par des coopérations sécuritaires ( OTAN, accord Swift, de 2010).

    Le Conseil Économique Transatlantique ( CET) permet ainsi à la primauté du droit US de s’imposer à terme, aux normes européennes administratives, judiciaires, sanitaires .

    Bien a vous,

    PS. Qui ira jusqu’au bout de …. son coeur?

  3. Formidable nouvelle qui ne peut que réjouir les n. opposants au fou-projet d’aéroport (Ayraultport) de ND des Landes, qui rassemblent leurs militants le 22 février dans les rues de Nantes !

  4. Si je comprends bien, vous êtes pour le retour à la situation qui prévalait jusqu’à la révolution industrielle, d’un pays comportant 90% de paysans pratiquant une agriculture très extensive, bref un retour au moyen âge? Ou un retour aux champs du type révolution culturelle chinoise ? Au secours! Votre modèle ne peux fonctionner que dans un régime politique de type totalitaire et je ne veux pas vivre dans votre société fasciste écologique !

  5. Gjou,

    Vous aimez bien insulter, c’est cela ? Quel rapport, autre que fantasmatique, entre ce que j’ai écrit et la révolution culturelle chinoise ? Aucun. Vous avez juste envie de déposer une petite crotte, puis de repartir faire la même chose ailleurs. Les discussions menées depuis 2007 sur Planète sans visa méritent un peu mieux que vos élucubrations.

    Fabrice Nicolino

  6. Gjou,

    Et si au lieu de réflexes idiots, pavloviens,ridicules, vous vous offriez le luxe de penser un peu ? Juste un peu ? Une fois dans votre vie ?
    D’imaginer quelque chose qui ait à voir, non avec deux mots que votre inculture connecte avec deux pauvres clichés, mais avec le réel, le réel bien dégueulasse dans lequel nous nous enfonçons un peu plus chaque jour ?
    Par exemple un avenir fait d’autre chose que de la répétition à l’identique d’un passé par définition révolu ou de l’horreur démultipliée du présent ?

    Le refus hystérique de penser et d’imaginer, que vous représentez si bien (c’est-à-dire si banalement), nous conduit tout droit, depuis deux siècles, à la seconde option.
    La première, bien évidemment, est rigoureusement impossible, il suffit de réfléchir honnêtement pendant deux secondes pour le savoir. Mais il est bien commode (et si jouissif)de l’agiter en poussant de grands cris pour éviter de penser.

    Car deux secondes de pensée véritable, c’est encore trop. La haine de la pensée, ou le fascisme ordinaire. Toujours abritée derrière l’accusation de fascisme faite à ceux qui essaient, eux, de penser.
    Rien de nouveau, mais mon Dieu, que c’est accablant.

    Par ailleurs, je vous le demande, en quoi un pays comportant 90% de paysans – des paysans qui n’auront pas grand-chose à voir avec ceux du moyen-âge, y avez-vous songé ? – est-il censé susciter l’effroi ?

    En quoi, bon sang ???

    Vous êtes-vous seulement posé la question à vous-même ? Avez-vous fait un instant l’effort d’imaginer à quoi ça ressemblerait ? Des gens dans les champs au lieu des machines, des voix humaines au lieu des moteurs, des haies et des chemins au lieu des voies rapides et des zones commerciales, des campagnes vivantes au lieu des non-lieux urbanisés, des lotissements-zombies et des mégapoles mortifères, le travail de la terre au lieu du CDD chez Intermarché, il est vrai que c’est à peine soutenable.

    Mais je vous entend déjà parler de Pétain et de pétainisme. Bien sûr. Pavlov, toujours.
    Je perds mon temps, allez.

  7. Gjou,
    Vous n´êtes pas vraiment original(e) avec votre « retour au Moyen-Âge », la rengaine éculée balancée par les gens de votre acabit à la figure de ceux qui se servent de leurs neurones et remettent en question un système mortifère. Changez de disque, c´est lassant !

  8. et la permaculture?
    et les techniques d’agroforesterie?
    et les recherches sur les insectes auxiliaires?
    et l’hortillonnage agro-intensif asiatique?
    etc
    Toutes ces techniques n’ont rien de médiéval: Gjou je vous invite à lire les livres de Marc Dufumier, Francis Hallé , et de bien d’autres personnes fort cultivées et pas du tout obscurantistes.
    Comme dit le proverbe  » le monde est obscur pour qui garde les yeux fermés »

  9. @Gjou Entre le retour au moyen âge et les conséquences dévastatrices d’une industrialisation débridée et d’une économie désastreuse de l’agriculture, il y a une marge.
    Utiliser la mécanisation, la sélection génétique pour diminuer le temps et la pénibilité du travail, oui. Il ne faut pas confondre rendement maximum et rendement optimum.

    Supprimer plus de 90 % des emplois en un demi siècle, maintenir la majorité des paysans dans une situation financière précaire, faire payer les dégâts : pollutions… par autrui, engraisser des parasites (intermédiaires, agrochimie) au détriment du producteur et du consommateur, non.

    Quand à exiger la sortie des traités mortifères antidémocratiques (Lisbonne…) et à empêcher l’instauration du pacte transatlantique qui ne s’attaquera pas qu’à l’agro-alimentaire mais à tous les services, c’est salutaire.

    Une information intéressante sur les conséquences d’untel traité.

    http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-peril-sur-les-normes-sociales-et-environnementales-de-l-europe-2014-01-18

  10. gjou,

    http://www.franceinter.fr/emission-le-79-le-tour-de-france-des-municipales-2#comment-469142 (le texte de Serge Carfantan)

    La moindre des choses serait que nous nous donnions, nous, citoyens – a priori maîtres de la gestion de notre foyer (de nos foyers : de la famille à la planète en passant par la nation), a priori les éléments incontournables de la démocratie (du grec dêmos (« peuple ») et kratos (« pouvoir ») -, la possibilité de choisir si nous voulons produire et consommer de la merde, ou pas. Non ? Actuellement ce n’est pas le cas. Et c’est juste un dogme, une croyance, un enfumage : http://www.franceinter.fr/emission-le-79-emission-speciale-en-direct-de-teheran#comment-469134 (pour toute précision n’hésitez pas, ce sera avec plaisir (le mot est faible !)).

  11. Gjou doit être un gros céréalier de la Beauce. Ces mecs ont peur d’avoir un jour trop de boulot pour leur petits bras…

  12. Valérie,

    Je suis bien d’accord avec vous, merci pour vos propos clairs encourageant la défense de la pensée.

    Cela dit, l’accusation de Pétainisme dégainée de manière automatique à qui voudrait recréer une vie paysanne et critiquer la modernité et l’idéologie de Progrès, l’industrie et le productivisme comme vous la sentez arriver bien justement chez votre interlocuteur, serait il me semble, erronée de son point de vue. Le productivisme agricole et économique est l’héritage de Pétain, contrairement à l’image des Trente Glorieuses, vue comme période paix sociale.

    En effet, malgré des discours idéalisant la Terre, la politique de Vichy fut plutôt de moderniser, centraliser et technocratiser et les Trente Glorieuses en sont les dignes héritières.

    Comme c’est expliqué, dans cet article de la toujours très bonne revue Offensive Libertaire et Sociale :
    http://offensive.samizdat.net/spip.php?article462

  13. A chaque fois, c’est pareil. Le Moyen-âge, etc. On n’a pas eu droit à la bougie, cette fois, c’est déjà ça. Mais au fascisme, tant qu’à faire.
    Du coup, on se sentirait presque obligé de s’excuser. Vous comprenez, l’agro-écologie paysanne, c’est moderne, ça fait appel aux techniques innovantes, c’est une promesse de développement… Comme si notre imaginaire collectif nous empêchait de penser un rapport direct, local et respectueux à la terre, sans la quincaillerie technologique et productiviste du moment. Comme s’il fallait faire moderne à tout prix, sous peine d’être renvoyé dans les siècles où sévissaient la peine et la famine.
    Comme si le retour à la terre était une régression, une infamie.
    Dire que l’emploi ne cesse d’être brandi à longueur de discours. Dire que l’éthique est censée habiter notre monde.
    Il faudrait s’arrêter sur chaque mot, sur ce que nous faisons du monde. Un cimetière déguisé en supermarché.
    Alors oui, l’appel de ce collectif est précieux.
    Qu’avons-nous de plus précieux que la terre ? Quelle activité a plus de sens que de cultiver son champ, son jardin, avec l’attention que l’on doit à chaque vie ici, ailleurs ?

  14. Merci Lionel pour vos précisions. Je ne suis pas spécialiste, et je me doute bien que Pétain se servait surtout du retour à la Terre comme d’une berceuse pour endormir les français. Et il a sûrement joué son rôle dans l’arrivée de la chose — quoi de surprenant, au moment de l’histoire où il se trouvait — mais enfin je crois que le productivisme agricole et économique a des causes multiples et complexes avant Pétain et après lui, et que de toute façon on y aurait eu droit.

    Et aussi ceci, emprunté à Frédéric : « ce que nous faisons du monde. Un cimetière déguisé en supermarché. »
    J’ai regardé hier soir — il n’est jamais trop tard — le film de Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien, et c’est très exactement l’impression écrasante, terrible, qu’il m’a laissée. Sans parler de ces images de zombies obèses dans les rayons d’un supermarché américain, qui en effet résument ce que nous avons fait de nous-mêmes. Des dizaines de milliers d’années d’évolution — ou peut-être des centaines ? Je suis nulle en préhistoire — pour en arriver là…

  15. Bonjour à tous, merci à ceux qui m’ont répondu en argumentant sans insulter, contrairement à l’auteur de l’article qui parle de « crotte » déposée sur son site, « d’élucubrations ».. Bien que n’étant pas du tout d’accord avec ce qui s’écrit ici, j’ai néanmoins lu avec intérêt vos réactions. Mais promis, je ne vous embêterai plus ..

  16. Frederic, vous avez « tape droit sur la tete du clou » (comme disent les Anglais)!

    « Comme si notre imaginaire collectif nous empêchait de penser un rapport direct, local et respectueux à la terre, sans la quincaillerie technologique et productiviste du moment. Comme s’il fallait faire moderne à tout prix, sous peine d’être renvoyé dans les siècles où sévissaient la peine et la famine. »

    En effet, dans notre monde si anxieux de n’etre peut-etre pas completement, « absolument » moderne, subvenir a ses besoins grace au travail de ses propres mains fait de soi un arriere, un miserable perdant, alors qu’un esclave paye a la tache devant son ecran est berce de l’illusion d’etre un pionnier exalte, un decouvreur de nouveaux continents, alors meme qu’il s’enfonce dans ce que Lucien Sfez appelle le « tautisme », et que son esclavage au sens figure le devient de plus en plus au sens propre. Le jour n’est pas loin ou les SDF mourront dans la rue, un iphone5c dans la main.

  17. Gjou,

    Vous êtes du genre comique troupier, et je vous envie donc votre sens de l’humour. Il ne faudrait surtout pas écrire crotte, mais vous auriez le droit de prétendre que je réclame une « société fasciste écologique ». Comme la vie doit être agréable avec vous !

    Fabrice Nicolino

  18. Fabrice, j’ai le goût du débat mais guère celui de la polémique, je vais donc rompre là. Et désolé de vous avoir vexé, ce n’était pas mon intention. j’ai réagi en tirant les conséquences qui me paraissaient logiques (- peut-être à tort- mais pour cela il faudrait argumenter), du fait de prôner un retour à une société rurale. Dans le contexte d’une société libérale ( au sens du respect des libertés individuelles) et démocratique, où chacun peut donc choisir son mode de vie, ça me paraît impossible.. Mais bon , c’est vrai que je ne suis qu’un comique troupier, alors qui suis-je pour penser ça ? cordialement quand même.

  19. Valérie,
    Je suis encore d’accord avec vous, on y aurait eu droit, vu la trajectoire du scientisme depuis deux siècles, l’un des pires dogmes, puisqu’ auto-proclamé ‘chasseur de dogme’.
    Cela dit, cette info permet de ne pas rester sans voix face à quelqu’un qui envoie l’argument « Pétain » lorsque l’on parle sortir du productivisme en voulant recréer une société paysanne : là on peut lui rétorquer : l’héritier de pétain, c’est plutôt l’industriel !

  20. gjou,

    « où chacun peut donc choisir son mode de vie » : c’est faux. Le mode de vie est imposé par l’idéologie au pouvoir, et c’est bien là le drame, et très probablement la cause de la crise actuelle que beaucoup qualifient de crise de civilisation ou des valeurs. Un seul exemple lié à votre commentaire : les petits paysans sont bouffés par les gros.

    Quant à la démocratie, je suis à chaque fois surpris qu’il y ait encore des gens pour croire que nous y sommes.

  21. « gjou » est un sacre farceur!

    « il faudrait argumenter », dit-il…

    « En effet ! » ne peux-t-on que repondre.

    Enfin, « qui est-il pour penser cela »?

    Oui, qui est-il? Un anonyme qui assene de maniere soigneusement calibree, des opinions tranchees, sur un ton agressif et sans aucun argument.

    Un peu leger pour prendre un ton si sentencieux…

  22. Gjou, parmi les nombreuses choses que vous n’avez pas comprises :

    – Fabrice n’est pas l’auteur du texte collectif pour une agroécologie paysanne(les associations signataires sont assez visibles à la fin), mais seulement de la courte introduction dans laquelle il se réjouit de la parution de ce texte.

    – les auteurs du texte n’ont aucunement l’intention de forcer qui que ce soit à « retourner » à une société rurale. Ils invitent simplement à regarder en face l’effondrement du modèle qui est le nôtre, et décrivent, de façon argumentée, ce qu’ils estiment être la seule voie de salut.

    Vos réflexes et vos fantasmes ont fait le reste.
    Je me doute que je ne les arrêterai pas, mais il fallait mettre ces quelques points au clair.

    Bonne continuation

  23. Lionel (pardonnez-moi les petits morceaux, c’est parce que je fais plusieurs choses à la fois),

    ce que vous dites me ramène de façon très précise à une lecture toute récente (que je dois à Marie, ici, sur le blog) : « La France et les robots », de Bernanos (trouvable seulement d’occasion, en poche, car pas réédité — on se demande pourquoi…).
    Bernanos, ardent dans sa foi chrétienne (ici et là quelques traces d’un très ancien antijudaïsme font sursauter), dans son amour de la vie, et dans ses colères, qui a tout de suite compris ce qu’il en était de Vichy, qui abominait ce qui se déroulait sous ses yeux entre 1940 et 45, entre les lignes, pour ainsi dire, de la guerre : l’avènement du règne de la machine, la mise à mort de plusieurs siècles d’une civilisation que les nouveaux maîtres s’emploient à dépeindre comme affreuse et obscure. Gjou nous montre par son exemple combien cette propagande bicentenaire a pénétré profond.
    Le livre (une série de textes, en fait)est de bout en bout d’une acuité et d’une actualité stupéfiantes. L’équivalent pamphétaire du livre de Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme, paru dix ans plus tard. Prophétique, même, si ce n’est qu’il s’est malheureusement complètement trompé sur un point : la France n’aura pas été le rempart qu’il espérait contre les « robots ». Bien au contraire : elle s’est employée depuis à montrer le zèle des convertis.
    Bernanos a eu la chance de mourir sans voir son pays aimé transformé en premier pays nucléaire du monde et couvert de ronds-points paysagers.
    Paix à son âme.

  24. D’abord accuser Fabrice Nicolino de vouloir une « société fasciste écologique », se vexer du mot « crotte », puis écrire « j’ai le goût du débat mais guère celui de la polémique » et enfin « désolé de vous avoir vexé, ce n’était pas mon intention », c’est faire preuve d’un très solide sens de l’humour. Et d’une totale incohérence.

    Que vous confirmez en prétendant que, « dans une société libérale (…) chacun peut choisir son mode de vie ». La gamine Rom qui vient de brûler vive en est la preuve.

    Vous avez raison de remercier ceux qui vous ont répondu sérieusement, en argumentant, car c’était effectivement méritoire. Quoique pas très réaliste, on ne peut pas convaincre des gens comme vous.

  25. Laurent,
    J’ai compris, il n’y a pas si longtemps, l’intelligence des mains, le sens de « subvenir à ses besoins grâce au travail de ses propres mains ».

    Cette illusion d’être « pionnier », auteur de sa vie, grâce aux écrans, nous exposerait au risque d’un nouvel esclavage 2.0, si j’essaie de reformuler et de prolonger votre commentaire. Tout ce qui fait partie du vieux monde ferait figure d’archaïsme et de limite à notre pouvoir. Dans ce contexte, la technologie serait vécue comme une libération.
    Lucien Sfez, que je n’ai pas lu, nous met en garde contre le « tautisme », un mot-valise dont je peine à entrevoir les sens qu’il porte.
    Autisme technologique sans doute, totalitarisme qui ne dit pas son nom peut-être, tautologie numérique et ses répétitions à l’infini, ses copier-coller qui prennent valeur de preuve, de vérité, écran baigné d’ondes où l’on ne contemple rien d’autre que sa propre image, où l’on finit par se noyer, « un iphone5c dans la main »…

  26. Un viticulteur bio, Emmanuel Giboulot, va passer en correctionnelle pour avoir refusé d’empoisonner sa vigne et les vies alentours avec un insecticide. Le dangereux délinquant est coupable de ne pas polluer. Il risque six mois de prison et 30 000 euros d’amende. Sans blague.

    Jusqu’ici, on distribuait des aides directes ou indirectes aux pollueurs. C’était une belle idée, d’ailleurs elle a permis de grandes réalisations, dans les domaines de la destruction des paysages, de l’enlaidissement et de l’empoisonnement général. Grâce à quoi, la France est dans la tête du peloton des fossoyeurs de la vie et elle en est fière.
    Seulement voilà, il est impératif d’innover pour garder son rang. On a eu droit au décret favorisant les porcheries industrielles (plus d’enquête publique et d’étude d’impact au-dessus de 2 000 cochons contre 450 auparavant). On a eu le pacte d’avenir pour la Bretagne, en faveur de l’agro-alimentaire et des subventions à l’exportation…
    Et voilà que la justice s’y met. Parce que, les primes à la pollution, c’est bien gentil, mais ça a ses limites. Désormais, les défenseurs de la vie seront passibles d’amende, voire d’emprisonnement. On progresse.
    Mais rassurons-nous. Nous sommes bel et bien sur la voie d’une « agro-écologie pour la France qui engage tous les acteurs avec une approche globale », dixit le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll.

    Un lien, parmi d’autres ;
    http://www.amisdelaterre.org/Pique-nique-de-soutien-a-Emmanuel.html

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