Rendez-vous le 31 mai à Londres !

Hurrah ! Long live Great Britain ! Je vous le dis, et je le clame : longue vie aux héros du Parlement britannique. Mercredi, des activistes sont parvenus à monter sur le toit de ce bâtiment très surveillé sans se faire tirer comme des lapins par les flics du Yard. Premier exploit. Un deuxième aussitôt après : ils ont réussi à déployer deux banderoles majestueuses le long de la façade. Voyez plutôt la tronche des bobbies !
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Le plus drôle, c’est que Gordon Brown, Premier ministre remplaçant de Blair, était en train de parler à ce moment précis dans le bâtiment, devant les députés. Pas content, le monsieur, pas content du tout ! Cette citation en langue originale, qui le prouve : « Decisions in this country should be made in the chamber of this house and not on the roof of this house ». Ce qui signifie que les décisions doivent être prises dans la Chambre, et pas sur le toit (reuters.com). Ah, comme il est rigolo.

Mais le temps passe, et je ne vous ai toujours pas dit de quoi il retourne. Eh bien, le petit groupe du Parlement se fait appeler Plane stupid. Un jeu de mots. En anglais, That’s plain stupid veut dire : c’est complètement idiot. Et plane, bien sûr, c’est l’avion. Or donc, l’avion c’est stupide.

Et j’en suis bien d’accord. C’est stupide et cela devient, sur fond de dérèglement climatique, criminel. Savez-vous que les 16 000 avions commerciaux qui transportent le néant d’un bout à l’autre de la terre émettent autant de gaz carbonique en un an que toutes les activités humaines en Afrique dans le même temps ?

Plane stupid en a autant marre que moi. Un mouvement étonnant et prometteur est en train de naître autour de Londres. Car ceux qui tiennent le manche – c’est de circonstance – là-bas veulent ajouter une troisième piste et un sixième terminal à l’aéroport d’Heathrow. Lequel compte déjà 67 millions de passagers et 471 000 mouvements d’avions par an.

Ce n’est pas assez. Les travaillistes au pouvoir redoutent que la concurrence féroce des autres – Vas-y, Roissy ! – n’empêche Heathrow de profiter du fabuleux essor des échanges avec l’Inde et la Chine. Il faut donc, dans leur esprit entreprenant, une troisième piste. Qui nécessiterait au passage de détruire un village entier et de rendre infernale la vie des habitants de l’ouest londonien, déjà matraqués par le bruit des engins.

Quant au blabla officiel sur « la lutte résolue contre le réchauffement de la planère », à quoi bon se montrer cruel ? Ces gens-là se foutent de tout. Pas seulement de nous. D’eux aussi bien. N’importe. Je pressens qu’il se dessine outre-Manche une mobilisation qui nous concerne tous. Et qui nous réserve des surprises. Voyez plutôt ces photos de refusants. Ne nous annoncent-ils pas le printemps ? Je vous ai parlé ici en décembre de l’aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes (Nantes, cinq minutes d’arrêt). Le maire socialiste de la ville, Jean-Marc Ayrault soutient de toutes ses (petites) forces, bien entendu, de même que la totalité des élites locales. Ah ! que naisse là-bas un mouvement radicalement contre !

Et que se développent ailleurs, à Roissy, à Orly, partout, de vrais mouvements de révolte sans lesquels nous serons complices de ce qui vient, de ce qui est déjà. À l’assaut des parlements ! À l’assaut des Bastille de la consommation et de la croissance ! En avant comme avant !

Je vous confie un projet : le 31 mai, une grande manifestation a lieu à Heathrow, et je compte bien y être (le site de la campagne). No Third Runway ! No Heathrow Expansion ! Pas de troisième piste à Heathrow ! Faites passer, et que la fête commence !

PS : une première version indiquait le 10 mai. Merci à Christine de m’avoir aidé à rectifier. Ce sera donc le 31, et j’ai toujours l’intention d’en être.

19 réflexions sur « Rendez-vous le 31 mai à Londres ! »

  1. Bravo pour ces informations. Mais comment parlez vous donc de langues ? Et encore bravo pour comprendre même nos jeux de mots d’anglophones !
    Plus la gravité de la situation augmente, plus votre ton devient prophétique. Je suis sûre que vous pourriez rassembler autour de vous un mouvement de grande ampleur. Nous avons besoin de gens comme vous qui puisse prendre la parole autrement que sur un blog. N’avez vous jamais pensé à un film ?

  2. je pars demain (souffler !!)on en reparle dans une semaine ? même si je glisse doucement sur la pente « à quoi bon » , l’initiative me plait .

  3. Suzan,

    C’est très gentil, réellement. Mais pour ne rien vous cacher, mes vrais héros, que je ne sors jamais de ma tête, s’opposeraient à tout mouvement intempestif de ma part. C’est un peu obscur, mais je me comprends. Moi, je rêve toujours d’autre chose. C’est dans ma nature : je ne suis pas fait pour l’autorité. Mais bon, rendez-vous à Londres quand même !

    Fabrice Nicolino

  4. se PRIVER de l’avion est le premier, le plus utile des gestes à faire pour prendre sa juste part dans la lutte (sans espoir, mais moralement nécessaire) le réchauffement climatique.

    On peut considérer que l’avion ne représente que 2, 3, ou 5% à terme des émissions de GES. C’est ce que nous rabachent les lobbyistes de l’industrie du transport aérien.

    Il y a une autre manière de voir les choses: c’est la quantité de GES (équivalent carbone) que chaque homme a le droit d’émettre, chaque année, sur une terre à 6,5 milliards d’habitants, et 9 dans une génération. Moins de 500kg aujourd’hui, moins de 300 dans 30 ans. Il y a les consommations diffuses dans toute l’organisation économique et sociale, contre lesquels nous ne pouvons pas grand chose à court terme et sans l’aide de l’Etat et des corps constitués, seuls à même de contribuer à réorganiser le système productif: production, transport dans le système productif. En sus des gains énergétiques auxquels croient surtout les partisans fanatiques de l’économie de marché et de la technologie magique (la totalité du jeu politique représenté), on ne peut pas grand chose pour réduire ces postes, sinon réduire sa consommation matérielle, ce qui est une obligation pour nous occidentaux. (vive la prétendue baisse du pouvoir d’achat! Fabrice, quand mettez-vous votre grain de sel dans ce débat débile qui agite la France?)

    Et puis il y a les postes les plus faciles à éliminer, qui correspondent aux consommations de convenance à très forte intensité énergétique: les déplacements en automobile sur de longue disctances et/ou répétés, la consommation de viande de boeuf, et les déplacements en avion. Je me fie aux calculs de JM Jancovici, dont Fabrice pense ce qu’il pense: selon qu’on prend en compte le kérozène uniquement, ou la totalité des GES liés aux déplacements en avion, il suffit d’un vol transatlantique pour user de son « droit annuel à émettre » (en d’autres termes, un passager d’un paris-NY émet l’équivalent de 500kg de carbone sur ce seul déplacement. Pas l’avion et ses 300 passagers, CHAQUE passager). La quantité de GES émis est plus importante pour les vols courte distance, la phase de décollage étant la plus consommatrice. Où l’on voit que les déplacements en avion sont le poste sur lequel la volonté d’agir donne le résultat le plus important. Il n’est plus acceptable de prendre l’avion. Ni pour aller à Djerba, à Charm-el-Cheikh, à l’ile Maurice ou aux Antilles. Ni pour réussir sa carrière (c’est-à-dire parce que son métier l’exige). Ni pour faire un paris-Tarbes, ou Paris-Aurillac, ou Paris-Rodez « parce qu’il n’y a pas le choix vu qu’il n’y a pas le TGV » — il n’y aura jamais le TGV. Il faut redécouvrir l’incommensurable plaisir de prendre le train à travers les paysages de France. Ni même pour aller découvrir en mode tourisme équitable, la vie des paysans des contreforts de l’Himalaya ou des dogons au Mali. Ou alors on fait une pause dans sa vie, et on part 6 mois, en train, en bateau.

    Il faudrait que le raisonnement sur l’inanité du déplacement en avion sorte du ghetto des activistes environnementaux, sinon cette nécessité sera condamnée par sa propre radicalité.

    Pourtant j’adore les avions. Ce fut la passion de mon adolescence, au point d’en oublier les mésanges.
    Et j’adorais voyager.
    Mais moralement, ce n’est plus possible. Même si ça ne sert à rien.

  5. Géry,

    Nous sommes d’accord. Cela ne sert à rien, mais moralement, ce n’est plus possible. Je vous signale que j’ai déjà parlé plus d’une fois de pouvoir d’achat, ce qui m’a conduit au passage à cesser ma collaboration au journal Politis en 2003. Je vous renvoie ici à deux articles. Le premier : http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=125.

    Le second surtout : http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=126

    Et bien à vous,

    Fabrice Nicolino

    PS : je n’ai (presque) rien contre Jean-Marc Jancovici

  6. @ Fabrice
    De fait, vous en aviez déjà parlé.
    Mais je pense qu’il faut continuer. Parce que l’hystérie consumériste atteint des sommets. La totale, c’est quand « 64% des français » (ou 80%, ou 90%), je ne sais plus, affirment dans un sondage que le P.A. a baissé l’année dernière. La classe politico-médiatique leur a tellement bourré le mou avec ça. Maintenant on va nous faire avaler que les français réclament tous un …. (mince, j’ai failli citer une marque) un hard-discounter en bas de chez eux ou à côté de l’hyper, pour acheter de la bouffe ENCORE plus dégueu qu’à l’hypermarché.

    PS: C’est après avoir lu Jancovici que j’étais disposé à entendre votre radicalité. Mais je comprends que sur le nuc, vous puissiez être en désaccord…

  7. Géry : se priver de l’avion ET LE FAIRE SAVOIR.
    Pareil pour la bagnole : s’en priver, prendre le train, et le faire savoir. C’est plus cher, pas grave, il faut savoir ce qu’on veut.
    À travers la France ou l’Europe, c’est possible. Plus loin, je n’ai pas d’expérience de ce genre à relater.

  8. … et passer pour un fou extrémiste…
    le « droit » au tourisme planétaire est devenu irréfragable. Le pire, c’est que ça peut être tout le contraire de la beaufitude que de s’envoler pour découvrir un pays nouveau, ou de partir un weekend dans une ville d’Europe… Ca n’en est pas moins insoutenable (« unsustainable »).

    Supposons que ce comportement déviant et vertueux soit mis en application par 10, ou même 20% d’une population donnée (ce serait déjà beau) — mettons votre entourage, car il y a des chances que vous apparteniez à une population plus urbaine, plus éduquée, plus riche… et plus mobile que la moyenne de la population française, si vous vous retrouvez sur ce site. Ces 10 à 20% de consommation de déplacements aériens en moins seront compensés, au sens négatif cette fois, en une ou deux années de croissance du TA par l’effet de la diffusion des low costs et de l’expansion continue du tourisme international… dans votre seul entourage.
    Depuis que j’ai fait ma sortie anti-transport aérien dans mon entourage (pourtant argumentée), il y a 6 mois, il y en a eu, des voyages en Inde, en Asie Centrale, au Maroc, au Sénégal, à NY, des weekends à Istanbul, Lisbonne, Prague, Palerme… (tous mes amis se disent de gauche, d’ailleurs. Passons)

  9. Renoncer, à quoi bon…
    Je préfère encore cette infime minorité d’amis ouvertement nihilistes: « évidemment, qu’on le sait, que plusieurs dizaines de % de l’humanité vont être détruits dans les sicèles à venir par la crise écologique mondiale et le changement climatique! Et alors, on s’en tape. On est là pour profiter, on travailler bien assez dur comme ça. » ça a le mérite de la franchise.

  10. qui parle de renoncement ? je préfère parler aux gens d’un nouveau regard sur ce qui les entoure , d’une liberté véritable possible . moi aussi , je l’entend ce langage de bobos : moi j’travaille dur, alors j’ai le droit de profiter de temps en temps . oui, mais profiter de quoi ? Goûter quoi ?  » Le bohneur est un astre volage ….quand on croit qu’il est loin, il est là, tout près de nous , il voyage, il voyage, il voyage… » et si les gens apprenaient à saisir le bohneur au lieu de passer leurs vies à courir après, à travailler plus pour gagner plus ? J’ai adoré voyager , baskets et sac à dos, dormir sous les arbres en Grèce, ect, (parfois je mopntais même dans un train ou un car sans connaitre la destination finale, découverte !) mais lorsque l’on découvre le bohneur et la beauté au pas de sa porte, que tout s’ouvre parce que l’on s’ouvre au monde, ça n’a pas de prix .

  11. J’espère que les adeptes consuméristes d' »après moi, le déluge » n’ont pas d’enfants…
    Cela dit, je suis assez d’accord avec Bénédicte – d’ailleurs, Sénèque l’écrivait déjà : « C’est d’âme qu’il faut changer, non de climat. ».

  12. Tout à fait d’accord. L’aéroport de Genève risque bien d’être aussi agrandi bientôt, et j’espère qu’une contestation se lèvera aussi. J’en serais.

    Reste que, même si je n’ai pris que 2 fois l’avion depuis 10 ans, je suis jeune et je n’ai encore jamais mis les pieds outre-atlantique, jamais vu l’Inde, jamais marché dans les Andes, jamais senti l’odeur des forêts canadiennes, jamais vu de koalas ou de kangourous, jamais goûté une banane vraiment fraîche. J’ai vu un tout petit peu d’Afrique, certes, mais rien de plus.

    Alors, autant je n’ai aucun problème à me passer de viande et de poisson, autant je n’ai aucun problème à me passer de monter dans une voiture, autant j’ai de la peine à promettre que je veux bien mourir sans jamais voir toutes les choses que j’ai citées ci-dessus.

    Cela dit, mon rêve reste la traversée de l’Atlantique en bateau. Un voilier serait génial, mais je n’y connais rien. Et un gros bateau, ça pollue presque autant que l’avion, non?

  13. Je viens de voir ça :

    Internet et le climat

    Selon l’EPA, agence US pour l’environnement (www.energystar.gov) , Internet dans l’ensemble dérègle autant le climat que les transports aériens internationaux. Les mondes virtuels sont hébergés sur des serveurs bien réels et gourmands. Leur consommation équivaut à la consommation de 5% des ménages ou de la totalité des téléviseurs.

    Chaque requête adressée à Google consommerait autant de courant qu’une ampoule économique pendant une heure. Les vesions papier des bottins téléphoniques et autres annuaires permettent donc d’économiser l’énergie.

    Et qu’en est-il de la consommation privée des ordinateurs, de la consommation globale de la téléphonie au moyen de tous les portables?

  14. Juste un petit témoignage au sujet du chemin qu’il reste à faire… Il y a quelques années, j’étais en DEA Environnement. Tronc commun interdisciplinaire, étudiants d’horizons variées, agronomie, histoire, géographie, biologie, … cours tout aussi variés. Premier cours avec une prof de sociologie, qui se présente en parlant un peu d’elle, notamment de son refus complet de la voiture (pas même le permis) et, partant, de sa vie en centre-ville et de son obligation de s’en remettre aux transport en commun. Congruence qui fait chaud au coeur… Mais immédiatement, levée de boucliers de la part d’une bonne partie de l’auditoire : on peut pas vivre comme ça, faut pas refuser un progrès certain, etc. etc. Bref, l’environnement c’est bien, on râle bien sur le comportement des « grands », des industries, les inégalités nord-sud, mais surtout, on ne se remet pas en cause une seconde… Étudiants en environnement !

  15. Géry, de toute façon, si on remet en cause un tant soit peu le système, on passe pour un fou extrémiste. Et en face de ce que doit recevoir Fabrice, ce n’est rien. Alors, autant y aller et mettre des grains de sable. Ce n’est pas encore payable par la prison à perpète (mais ça viendra), alors en avant.

    Sinon je ne comprends pas votre préférence pour vos amis nihilistes. La franchise ne justifie ni n’autorise la position du côté confortable du fusil, c’est à dire de la crosse. De tels propos (les bobos, pas vous) se rapprochent d’une attitude criminelle.

  16. Oui, entièrement d’accord avec miaou pour dire que ces gens-là sont criminels. C’est ce que j’ai voulu dire plus haut en parlant de leurs éventuels enfants dont ils ne se soucient même pas – où en seront-ils dans 40 ans à la vitesse où les choses se dégradent ?

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