Échappée avec Lucien Pouëdras (par Frédéric Wolff)

L’esprit des landes

J’écris ces lignes parcouru de frissons, comme revenu d’un long voyage. J’ai en moi des images qui m’ensoleillent : les tableaux de Lucien Pouëdras. Une exposition lui est consacrée, ainsi qu’un livre et j’ai le bonheur de les avoir rencontrés.

Ce qu’il peint ? La beauté perdue. Les landes bretonnes avant l’hécatombe agro-industrielle. Les travaux des landes et des champs où chacun, chacune participe à une œuvre commune. Chaque lopin est un émerveillement, à se demander si ces scènes de la vie quotidienne se sont bien déroulées en France ou sur un lointain continent, si elles remontent au Moyen-âge ou au vingtième siècle. Le regard s’arrête sur un pommier chargé de fruits, repart un peu plus haut ; un homme et son cheval travaillent la terre ; sur une autre toile, on fauche l’ajonc et la bruyère, pour en faire des mottes de litière ; sans hâte, deux enfants vont sur un sentier, une femme passe la houe…

La palette des saisons guide mes pas. De l’été à l’automne, de l’hiver au printemps, plusieurs fois, je fais le tour de la salle où sont exposées ces peintures de l’ancien temps. Plus tard, j’ouvre le livre au hasard, je parcours quelques pages et c’est comme faire un tour du monde, c’est comme sentir battre la grande horloge des saisons quand le miracle, c’était de vivre.

Parfois, l’émotion m’emporte et une fenêtre s’ouvre. Il me semble entendre l’angélus, dans les lointains. C’est l’été, la journée va vers sa fin, l’air est encore chaud, il porte des odeurs d’ajonc broyé et de galettes de sarrasin. J’emprunte un chemin de terre, je prends part aux activités du moment, aux côtés des faucheurs de lande, des réparateurs de parapluie. Couper du bois à fagots, mélanger l’ajonc au lierre et au houx pour nourrir les vaches. Et continuer demain. A chaque jour sa peine.

Pas de ciel, dans ces paysages. La lumière vient de la terre et de ses habitants, de tous ses habitants.

« La mémoire des landes », ainsi se nomment cette exposition itinérante et le livre qui l’accompagne, signé Lucien Pouëdras et François de Beaulieu. Mémoire des landes et plus encore, me semble-t-il. C’est un pays que l’on a dans le cœur, dans le ventre et pas seulement dans la mémoire. C’est un pays qui meurt. « Un pays vient de mourir, le mien », écrivait Bernard Charbonneau en 1973, à propos du Béarn. « On pleure les indiens des autres, mais on tue les siens », poursuivait-il dans un livre parfois cité ici et réédité par les éditions du Pas de côté (« Tristes campagnes »). Parler ainsi n’est pas se revendiquer béarnais, breton ou de je ne sais quelle identité régionaliste, pour la simple raison que l’on serait natif ou héritier d’un lieu, qu’en ravi de la crèche, on porterait au pinacle. C’est se sentir partie d’un monde que l’on habite, qui nous habite, un monde où la vie est possible et désirable. Un monde où tous les pays n’en font qu’un seul.

A la vision de cette Bretagne vivante, plusieurs sentiments hésitent en moi : l’éblouissement, la nostalgie et la colère.

Le temps a passé. On n’a plus besoin des chevaux. Les tracteurs les ont remplacés. L’attention portée au terroir a laissé la place à des machines de guerre aux bras métalliques dispersant leurs poisons. Les arbres gênaient le passage, les chemins creux étaient à l’étroit. Effacés du paysage. L’heure est aux zones d’activité, au grand maillage routier et aéroportuaire, aux galeries marchandes où traîner sa fatigue et son désœuvrement. Place aux lotissements clonés avec pelouses tondues à ras où rien n’est plus étranger que la vie. Les animaux qu’on faisait pâturer dans la lande et dans les prairies ? Direction les bagnes aux normes européennes où ils attendent la mort sans jamais voir la lumière du jour ni goûter l’herbe d’un pré. Les paysans ? Du balai, et ceux qui restent sont priés de se soumettre aux grandes firmes de la semence hybride et de la chimie défoliante, avant de disparaître à leur tour, engloutis par une « ferme »-usine de machines animales, par une maladie neuro-dégénérative ou un cancer au terme d’une lente agonie. Les modes de vie au rythme des saisons, la richesse d’une culture vivante, les habitats de toute une faune, une flore… Aux oubliettes. Les fêtes des foins et des moissons, de l’automne et du printemps ? C’était désuet. Place au festif industriel où l’on déambule avec sa puce RFID pour le bon écoulement des flux, mais pas d’inquiétude, on sous-titre en breton.

C’est sans insurrection que le vieux monde a été liquidé. Reddition générale, débâcle en rase campagne. En finir avec le complexe d’être arriéré, de retarder au cadran du siècle… L’injonction a été assimilée, mieux que ça : surpassée. Etre moderne, sésame universel qui nous fait désirer jusqu’à notre propre servitude et nous interdit d’imaginer qu’il en soit autrement.

Dans ces campagnes de l’âge industriel, que reste-t-il à contempler ? Quels parfums respirons-nous ? Tout ça pour quoi ?

Pour nourrir le monde ? Foutaises. Je ne vais pas faire la liste, mais quand même. Aliments appauvris et frelatés, biocides répandus partout dans les sols, dans l’air, dans les eaux, dans tout le monde vivant sans exception, déforestation, confiscation des terres des pauvres où produire le grain pour les animaux et les voitures des riches…

Pour payer moins cher sa pitance, après avoir réglé au passage le prix des maladies, de la dépollution, des subventions ?

A moins que ce ne soit pour embellir les paysages ?

Malgré le désert qui métastase notre ruralité, il reste des îlots. Dans la commune où je vis, un jeune paysan travaille sa terre avec une jument. Un autre s’est fabriqué une roulotte extraordinaire avec du bois récupéré le long des berges. Il arrive que nous nous retrouvions, à trois ou quatre, pour ramasser des fagots de bois mort, pour des après-midi de fanage au râteau, pour une journée rumex dans un champ où pâturent deux chevaux… Il y a des lopins aux couleurs de fleurs et de légumes anciens, des arbres au lichen remarquable. On se fait des festins de confitures, de pestos d’ail des ours, et le caviar d’aubergine, le champagne de sureau, c’est pour bientôt, patience. Des graines passent de mains en mains, des plants voyagent de jardins en jardins. Un copain expérimente une nouvelle recette de bière. On retrouve l’usage de nos mains et leur intelligence ; en un geste, on parcourt plus de mille ans d’histoire. Des arbres sont honorés en silence, juste par un regard d’estime et, parfois, par une étreinte fraternelle. Dans ces moments de communion, s’élève une sensation d’unité profonde, d’une commune présence au monde. Ce qui fait la substance d’une vie.

Par endroits, la mémoire n’est pas perdue. Des oasis fleurissent, des éclats du palimpseste ne se laissent pas effacer par la modernité. Des peintres, des naturalistes, des jardiniers, des journalistes, des zadistes tentent de sauver ce qui peut l’être encore. Des êtres remontent vers les sources premières, relient la disparition des landes à un désastre plus général : celui de l’industrialisation du monde.

Il reste des sentinelles et j’aimerais saluer ici Lucien, François, Catherine, Jean-Yves et tous les anonymes qui, à leur façon, perpétuent l’esprit des landes.

L’esprit des landes : c’est lui, plus que jamais, qu’il nous faut sauvegarder. Faire avec ce que la nature nous offre là où nous vivons, habiter la terre en harmonie, ne pas prendre plus que ce qu’elle peut donner ; d’un sol pauvre, froid et acide, faire un trésor ; composer avec nos limites, se réjouir de chaque moisson et du chemin parcouru, avec d’autres, pour aller jusqu’à elle.

Je sais. Ça ne suffira pas. Mais qu’espérer sans cette exigence ? L’échappée est étroite, de plus en plus. Mais elle n’est pas inaccessible. Nous aurions pu faire autrement. Nourrir sans détruire, c’était possible. Ça l’est encore.

30 réflexions sur « Échappée avec Lucien Pouëdras (par Frédéric Wolff) »

  1. Fabrice, pourquoi n’écris tu quasiment plus sur ton blog ?

    Sans faire injure à quiconque, c’est quand même toi qu’on vient lire ici… Un billet de quelqu’un d’autre exceptionnellement, pourquoi pas, c’est intéressant. Mais moi je veux lire du Nicolino 🙂

  2. Franchement, non ça ne me dérange pas de déguster la prose de Frédéric Wolf.
    Dans ce monde désenchanté, pourquoi refuserions- nous ces parenthèses poétiques et contestataires qui nous sont ici simplement offertes ? Une manière différente de dire les choses, moins abrupte si je puis me permettre, mais tout aussi incisive et juste.
    Pour ma part, j’apprécie toujours ces textes même si je n’ai pas su lire entre les lignes ceux concernant Linky puisque je me suis fait avoir en beauté avec le compteur d’eau. (et bien oui j’ai fait le rapprochement trop tard).
    Bon et puis c’est son blog à Fabrice Nicolino, il y met ce qu’il veut et qui il veut, non ?

  3. Hé bien, ici on commence à trouver tout ça très ennuyeux, pour ne pas dire autre chose.
    Oh! On a rien contre l’expression artistique, ça non…
    Mais on était sur Planète sans visa; on venait s’y nourrir de liens, d’infos et de débats bien trempés. Avec parfois quelques fenêtres plus lyriques, c’était bien aussi.
    Heu mais là…

    On nous montre un papy-peintre sympa et paisible qui peint la campagne-d’avant-les-machines dans sa (grande) maison (apparemment) pas trop dérangée par les dites machines. On me dira que la maison du peintre est menacée elle aussi par l’avancée des machines. Mouais. En attendant papy sifflote, bien installé dans cette forme de confort désormais rare (propriétaire à la campagne), – oui je sais, papy a fait l’Algérie, papy a bossé 40 ans, on connait la chanson, ce confort qu’il n’a assurément pas volé, qu’il mérite comme tout un chacun, c’est un fait.
    Et le peintre, qui peint les cartes postales d’un terroir effacé sous la gomme des technocrates nous dit: «Ah! J’ai vu le monde changer. C’était mieux avant!». La belle affaire.
    Enfin, ça fait un peu le «Vivement dimanche» de l’écologie tout ça. Et puis, disons tout comme ça sort: ça commence à sentir le vieux.

    Qui parle? Peut-être qu’on ferait partie de tous ceux qui moisissent dans une ville, ou plutôt une agglomération – mmm, ça sent bon la prairie et les abeilles.
    Peut-être qu’on seraient bloqués (financièrement et psychologiquement parlant), comme tant et tant, dans une tour ou un immeuble, entre un loyer et un salaire, entre deux lignes de tram, trois arrêts de bus, par-dessus un métro et au-dessous des lignes d’avions.
    Et si on peignait au présent, on ferait des tableaux édifiants de la voisinne qui écoute The Voice à fond, ou une arabesque sur les concerts de portes claquées, à moins que ce ne soit une étude des bacs poubelles malmenés, pour reprendre les sons chers à notre peintre – magnifique!

    Pourtant on aime le vivant. La contemplation des phénomènes naturels, et toutes les saines jouissances qu’y en pleuvent, on en mangerait. Mais le temps n’est plus à baver devant les vitrines d’un monde évanoui. Assez, avec ces attendrissements larmoyants devant un pétale de fleur ou un fagot de bois. Oui, c’est magnifique. Mais l’amour de ce qui reste à sauver, et à faire, et que nous portons en nous est différent: il est farouche et vigoureux. Non, nous ne serons pas ce jardinier souple, lent et sage à demi noyé dans sa permaculture; ni cet agriculteur illuminé tout droit sorti de «Que ma joie demeure». Tout ça nous ennuie, autant que la peinture dont il est question ici.
    Alors, peintres, artistes, de grace, inventez, provoquez: réveillez-nous!

    1. Merci sincèrement de ce commentaire, qui illustre bien la pensée moyenne…

      Effectivement, c’est une armée entière de moisis des villes qui soit s’abrutissent de façon moyenne voire médiocre, soit se sentent investis du combat écologique et ne vivent celui-ci qu’en frissonnant au gré de débats bien trempés au fin fond d’un blog vaguement notifié sur la liste des tendances sectaire… on est des rebelles quoi !

      Une excellente façon au passage de cracher gratuitement sur 2 ou 3, tout en attendant de pied ferme que les autres fassent quelque chose… c’est vrai quoi, les artistes, bougez-vous ! hé ho, la gauche, les politiques, vous devez faire quelque chose ! c’est absolument incroyable le nombre de gens qui ne servent à rien…

      J’ai beau savoir tout çà, je m’émerveille à chaque fois de voir le fossé qui sépare les imbéciles qui font des possibles car ils ne savaient pas que tout le monde disait que ça ne l’était pas, et des lumières de la nation qui se rendent la vie impossible (mais c’est à cause des autres).

      Nous pourrions probablement corréler la hausse du CO2 avec la chute de la poèsie… et malheureusement, la nature ne suit pas nos aliènations… et toute loi humaine qui entend régir les lois de la nature est par définition impossible… la nature est souple, lente et sage… mais elle sait aussi être forte…

      Je connais des gens qui ont arrêté d’accuser, et qui on préféré vivre leur misère dans un petit village plutôt qu’en bas d’une tour… et ils s’en sont trouvés transformés…

      Je connais des gens qui auraient pû (dû?) par leurs études ou leur position sociale occuper de grands postes et faire de prestigieuses carrières dans de grandes et (très) belles entreprises internationales… mais ils ont mis leurs talents dans de petits projets d’artisans, et vivent du travail (et de la peine) de leurs mains…

      Et oui, le grand monstre de la société de l’abondance se débat vigoureusement dans ses dernières luttes… essorer encore plus fort cette terre pour espèrer encore une goutte de ce qui nous donnera l’illusion que rien ne changera… alors oui c’est dur car le monstre souffre et voit sa fin… et le monstre c’est nous.

      Tout ce que nous appelons « nos vies », la possibilité par exemple par millions d’occuper un poste lambda au milieu d’une tour en ville, la possibilité d’être 10 milliards tout simplement comme autre exemple, n’est que le fruit des énergies fossiles… quand le robinet se grippe, la tension monte, les climats se dégradent… on peut se planter des éoliennes jusque sur les fesses que ça ne changera pas grand chose… même si ça aurait été beau (et drôle en plus).

      L’humanité s’est-elle fait dépasser par son propre progrès ? A-t-on la conscience et les possibilités intellectuelles de penser différent ? Nous sommes des humains préhistoriques, qui marchons sur la Lune, certes, mais préhistoriques… notre faim du monde et de la possession nous confrontre à la fin de notre monde… et là, c’est comme si l’humanité se suicidait…

      La poèsie, l’art, la beauté des choses simples peuvent-ils être une façon de bouleverser nos consciences ? Pourquoi pas… alors merci pour le partage de textes qui peuvent nous amener à faire une pause dans ces temps violents car ils nous amènent de fait à réfléchir. Sommes-nous des êtres de combat ? des soumis ? des médiocres ? des petits ? Quels choix avons-nous fait en chacun de nous ? Sommes-nous le changement que nous aimerions voir en ce monde ?

      Merci Fabrice

      Que ma joie demeure !

    2. Ce genre de mépris n’a jamais fait avancer les hommes. Et du mépris à la méprise, il n’y a jamais loin. Il se trouve que Lucien Pouëdras peint dans son appartement parisien avec ce que sa mémoire a retenu de son enfance paysanne. Il offre ainsi à qui veut bien regarder ses toiles une vision qui n’est pas plus passéiste ni moins légitime que le regard nous pouvons porter sur les images de la commune de Paris ou de Barcelone en 1936. Il se trouve que certains peuvent être émus par cette peinture-là. Fabrice en est, lui qui a écrit dans un article pour Reporterre : « Au risque assumé de paraître enthousiaste, on dira de ces scènes du quotidien qu’elles sont géniales. Le jaune d’or voisine avec le bleu d’ardoise, le brun de la tourbe avec le rouge des pommiers, le vert de la haie avec l’argent de la serpe ou de la faucille. Les hommes, les femmes et les enfants sont certes au travail, et l’on imagine aisément qu’il peut être dur. Mais comment dire ? Qu’ils tiennent en main une étrèpe ou une houe, les humains semblent à leur affaire, dans un équilibre qui ne saurait être contrefait. Pouëdras, ou le parfait témoin. » (https://www.reporterre.net/Deux-regards-lumineux-sur-les).
      Il fallait voir aussi l’émotion devant les toiles de Lucien Pouëdras des visiteurs de l’exposition sur les landes présentée à Notre-Dame-des-Landes lors du rassemblement de juillet 2015. Ce genre d’émotion, avec celle qui naît des rencontres, est le meilleur aliment de nos engagements. Pourquoi mépriser ce qui émeut tel ou tel et voir du passéisme dans l’une des formes que peut prendre la beauté du monde et nous donner envie de nous battre encore un peu ?

    3. Hello,

      J’en suis ! Et parfois ce malaise m’envahit…

      Car voilà en partie le problème, c’est que se réveiller, c’est être considéré dans la seconde qui suit comme un terroriste à écouter les Caves-Nazes et autres hurluberlus fonctionnaires experts en assurance verbale ministérielle. L’exploit de l’amalgame-l’air-de-rien entre manif anti loi-travail et le double meurtre à Magnanville en est le dernier exemple en date (https://lundi.am/Sur-l-instrumentalisation-des-vitres-de-l-hopital-Necker-Un-parent).
      Alors c’est soit tout le monde en même temps (on se la fait à la Bruel, dans 10 ans ?), et un cortège de 10000 crs, à la louche, ne pourra rien contre une déferlante a minima de 40 millions d’individus. Même en balançant des grenades de désencerclement par en haut ou par en bas (et je n’oublierai pas de prendre une raquette de tennis ou de badmington pour soigner mon revers),
      soit tout le monde reste encore calfeutré dans son coin (avec un coup de twitt de temps en temps par exemple) à faire quelques réserves de pâtes, le plein de son scooter et regarder les actus façon Soeur Anne en attendant que tout s’écroule pour de bon, flamby et sa fonction compris; il paraît que le climat est déjà en train de nous exterminer, mais comme l’histoire de la grenouille qui ne voit pas le feu au cul de la casserole (sinon elle se serai déjà barrée), personne ne s’en rendrai véritablement compte.

      En attendant, cette belle ruralité ne récolte que ce qu’elle y a semé régulièrement depuis tant de temps : https://reporterre.org/Des-Chinois-achetent-en-France-des-centaines-d-hectares-de-terres-agricoles
      Après tout, finalement, bon débarras: la fnsea n’aura peut-être droit à son siège qu’au parti, en Chine !

        1. Sauf que…

          Une armée qui décide de liquider ses véritables employeurs-payeurs, dont leur propre famille, est une armée qui n’a plus rien à perdre, et cela s’appelle des mercenaires… et une armée de mercenaires, c’est une armée en proie à n’importe quelle autre armée plus ou moins régulière (même n’importe quel citoyen avec tout ce qui peut faire mal), car elle n’aura quasiment aucun autre soutien.

          Bref, même si une moelle épinière suffisait pour faire avancer une armée car il faut maintenant de réelles compétences pour utiliser du « matos », ça se mutine avant de faire un réel massacre.

          Et sinon, sans aller très loin, il n’y a pas besoin d’armée pour flinguer des millions de personnes, de simple chercheurs en microbio et un illuminé peuvent très bien y arriver.

  4. Formidable !
    Ca me fait penser au pendant francais des dessins zappatistes décrivant les paysages agroécologiques du Chiapas.
    Un grand merci F. Nicolino et Frederique Wolf pour ce partage!
    Fabien

  5. magnifique texte !
    merci à Frédéric Wolff et à Fabrice
    on a aussi besoin de poésie et de sensibilité

  6. Merci, merci Fabrice ! Merci pour ta sensibilité, merci pour tes analyses, merci d’essayer de faire prendre conscience à tous ces gens qui ne savent plus voir ni s’émouvoir à la beauté de ce Monde simple et magnifique qu’on assassine jour après jour…MERCI !!!

  7. un grand merci de permettre de connaître Lucien Pouëdras,
    peintre moi même, j’aime beaucoup son travail
    il fait chaud au coeur et à l’esprit, il m’évoque le bon, le beau, le bien, le bio !
    et nous en avons besoin pour nous nettoyer le coeur et la tête des souffrances et des laideurs qui nous entourent, qui ne sont , après tou,t qu’une partie de la vie qui se déroule autour de nous
    si nous créons ce que nous vivons – sinon qui ? quoi ? – nous avons intérêt à nous mettre de bonnes nourritures dans la tête, le coeur et le corps !
    le travail de ce peintre fait partie des bonnes choses de la vie
    alleluya !

  8. oui!

    « c’était possible. Ça l’est encore ».

    Et ce texte est un re-demarrage en beaute apres la longue panne informatique!

    (je viens de remarquer que ce n’etait pas ecrit par Fabrice: Oui, c’est ecrit en haut: « (par Frédéric Wolff) ». Dois-je deguster l’amertume du consommateur dupe, ou bien profiter du plaisir, dites-moi?)

  9. Très beau texte qui en plus a l’élégance de citer Bernard Charbonneau, cet
    écrivain encore trop méconnu, ami intime de Jacques Ellul qui le considérait comme « l’un des auteurs les plus importants de la deuxième moitié du XXe siècle » et à qui il reconnaissait sa dette : « sans lui, je ne serai rien ».
    Nous essayons de faire connaître sa pensée sur ce blog dédié : https://lagrandemue.wordpress.com

  10. Juste pour indiquer que mon post précédent était une réponse à « ronron », mais il doit y avoir encore des soucis de bits et d’octets entre les commentaires…
    salut à tous !

    Quema joie demeure !

    Soyons =
    Beaux
    Intelligents
    Originaux

  11. Très beau texte et merci Fabrice de le partager.

    Depuis un moment je constate effectivement combien « C’était mieux avant ».
    Que Ronron s’ennuie pourquoi pas ?
    Nous n’avons pas tous la même sensibilité.

    Viva la vida !

  12. Les landes bretonnes pour la plupart sont issues des déboisements massifs opérés par les ordres religieux au Moyen-Âge et entretenues par les exploitations successives de générations de paysans. Suite aux révolutions agricoles et industrielles, celles qui n’ont pas été labourées, enrésinées ou bétonnées ont été abandonnées. Livrés à eux-mêmes, ces stades intermédiaires tendent à évoluer, souvent très lentement vu l’appauvrissement des sols, vers des boisements pionniers qui pourraient redonner un jour de belles forêts bien sauvages. Mais c’est sans compter sur de pseudo associations de protection de la nature, plutôt entreprises de gestion de la biodiversité, qui, avec l’argument fallacieux que les milieux ouverts sont plus riches, s’acharnent à lutter contre les processus naturels à grands renforts de subventions publiques toujours, moyens mécaniques souvent et produits chimiques parfois. Alors à mes yeux, l’esprit des landes c’est la volonté absolue de dominer la nature sauvage et cette vision de la Bretagne est mortifère. Gérer tue !

    1. Seulement, les landes existent depuis des milliers d’années (hé oui, les landes intérieures sont nées d’abord des déboisements néolithiques avant que les moines et les aristocrates – ne les oublions pas ceux-là – organisent de nouvelles vagues de défrichement au Moyen-Âge). Une faune et une flore spécifiques s’y est développée et n’existe que quand la fauche et/ou le pâturage maintiennent divers stades de végétation par rotation). Pour quelques centaines d’hectares bénéficiant de ce mode de gestion grâce, quelle horreur, à des financements publics, il en reste quelques milliers (de l’ordre de 30 000 pour toute la Bretagne!) qui évoluent lentement vers des stades pré-forestiers.
      D’accord la végétation d’équilibre sous nos climat serait la chênaie-hêtraie atlantique (encore qu’avec le réchauffement, c’est pas sûr que ça dure). Mais quid des espaces ouverts entretenus par de grands incendies et les troupeaux d’herbivores sauvages qui faisaient que ce paysage forestier n’était pas si fermé que ça?
      Autour de 200 espèces de papillons de nuit sur quelques dizaines d’hectares de lande entretenus mais exempts de tout traitement dans un océan de maïs et de ray-grass, c’est à passer par les pertes et profit de la renaturation ?

    2. quel mépris pour les associations de terrain, Regard sauvage !

      ce ne sont pas des multinationales vertes, (comme celles épinglées par Fabrice dans son livre « qui a tué l’écologie »), employant des étudiants en commerce agressifs dans les rues des grandes villes pour quémander du fric

      ce sont des associations de terrain, faites de bénévoles et de passionnés, hommes et femmes, jeunes et vieux, sans beaucoup d’argent face à l’ampleur de la tâche (les pauvres subventions publiques – en diminution drastique – sont la rétribution d’un travail naturaliste qui devrait être fait par l’état)
      sans elles, il n’y aurait plus de nature vivante ici en Bretagne, mais des marinas, des rocades, des complexes hôteliers partout
      historiquement et par ordre d’arrivée, la LPO, Bretagne vivante, Eaux et rivières de Bretagne, l’ASPAS, font un travail de chaque jour, loin des caméras et du brouhaha de la ville, pour sauver ce qui peut l’être, jour après jour, mètre après mètre
      leur action (à elles et à d’autres) a permis d’échapper à une centrale nucléaire à Plogoff, puis au Carnet
      leur action actuelle les a fait se rejoindre dans le travail remarquable de prospection et d’inventaire des Naturalistes en lutte à Notre Dame des Landes, avec plusieurs recours toujours en cours

      alors s’il-te-plaît ouvre les yeux, enfile tes bottes et viens voir sur le terrain ce qui est fait

  13. Il ne s’agit pas de revenir à la nature qu’il y avait avant, c’est impossible, mais de ne pas l’entretenir selon les préférences de certains (dominants mais dont les arguments scientifiques parfois controversés cachent des croyances dogmatiques souvent avérées) et de la laisser évoluer librement, par principe. L’emprise humaine est déjà omnipotente, n’en rajoutons plus. C’est une question d’humilité. D’ailleurs, comment peut-on encore prétendre pouvoir conserver à moyen et long termes des espèces spécialisées sur des espaces confinés avec les évolutions climatiques en cours ? Certes, une lande à bruyères et ajoncs fauchée et/ou pâturée est sans doute plus riche qu’un champ de maïs ou d’épicéas amendé et/ou traité, mais c’est encore dans les jardins botaniques et les parcs zoologiques que la biodiversité est la plus forte…

    1. Faut pas abuser Regard sauvage… Ou alors c’était de l’humour et je suis passé à côté. Une lande à bruyère atlantique de quelques hectares, dès lors qu’elle se trouve dans un ensemble encore assez étendu, peut héberger entre 150 et plus de 200 espèces différentes de papillons de nuit (c’est dire que l’inventaire des autres invertébrés peut prendre du temps). Combien d’invertébrés dans ton enclos de parc zoologique, espace confiné s’il en est ? Et encore, considérer la biodiversité du seul point de vue du nombre des espèces est bien réducteur. Il faudrait aussi parler de la biodiversité au sein de chaque espèce (génétique), des relations entre les espèces, de la biodiversité des milieux, etc…

  14. @Ronron

    Ne pas oublier aussi que le taulier s’est fait massacrer les jambes par des armes de guerre, et que ça ne doit pas être très facile tous les jours pour avoir l’énergie qui va bien…
    Alors on lui tirera notre chapeau pour être toujours à la barre, même s’il faut changer de quart de temps en temps.

    Sinon l’écologie contemplative et celle, revendicative ou de combat, doivent pouvoir coexister, et même s’alimenter l’une l’autre. Mais je comprends ton amertume de citadin vivant dans ces entassements humains, qui ne sont que le pendant pour notre propre espèce de la ferme des mille vaches. Je tire mon chapeau à ceux qui ont pu s’en extraire, moyennant de gros sacrifices, ce n’est peut-être pas donné à tout le monde. Plus facile pour ceux qui avaient des situations confortables, et qui ont pu faire des réserves avant le grand saut.

    Concernant le fond de cet article, oui pour la beauté, oui pour les idées qu’il véhicule. Néanmoins, ce monde du passé que nous n’avons pas vécu, n’est-il pas idéalisé ? N’est-ce pas sa dureté qui a incité beaucoup de paysans à se jeter corps et biens vers l’agriculture industrielle, tout autant idéalisée à ce moment d’ailleurs ? Et cette haine de la nature sauvage que l’on trouve chez beaucoup trop de ruraux, n’a-t-elle pas pris racine dans ces temps où la dureté de la condition humaine faisait que l’on survivait plus que l’on ne vivait ? Comme pour ces animaux de bât, où il pouvait y avoir le pire comme le meilleur concernant la condition animale. Ne pas oublier aussi que notre grande faune sauvage a subi son processus d’extermination quand les mêmes ont été dotés d’armes à feu.
    Tout resterait à inventer alors, en prenant le meilleur de chaque époque, la permaculture peut-être, avec quelques outils mécaniques, le « juste nécessaire » qui facilite la tâche sans exclure les humains et sans détruire la Nature ? Et laisserait du temps pour voir passer les nuages, la fleur qui pousse, ou les insectes qui vaquent à leur tâche ? Et du temps pour l’éducation, la connaissance, la découverte ? Et permettrait aux acteurs de ces tableaux d’apprécier ces couleurs, et non pas seulement le peintre ?
    Est-ce que j’idéalise moi-aussi ?

  15. @LN66 et PL
    Merci pour votre tempérance et votre capacité à envisager d’autres point de vue.
    PL, oui, je me méfie des passés (ou des futurs) idéalisés, comme notamment on le fait souvent avec le « Moyen-âge », qui d’ailleurs – et c’est peut-être un indice – est tout à tour méprisé (insalubre, cruel, barbare, fanatique, obscur…) ou fêté et admiré (sagesses des moines, paisibles campagnes adossées au château, mansuétude ou courage flamboyant des chevaliers…).

    @sale gosse
    Assez avec votre « vous avez donc besoin des autres pour agir » ! Comme si l’esprit critique impliquait de décider de tout sans aucune inspiration ni influence.
    Vous mélangez peut-être insoumission, ou disons indépendance d’esprit, avec une sorte d’autarcie farouche bien présomptueuse.

    @manu
    Manu, c’est fantastique! On vient d’apprendre que les citadins sont « une armée entière de moisis des villes ». Le reste de votre message est une caricature sans faute sur le thème: « Le rat des villes et le rat des champs ». On a adoré! – même si votre commentaire ne semble pas avoir tout a fait encore les finesses d’un La Fontaine.
    Continuez, la médiocrité fait partie du jardin (ou du square) et nous y rafraîchit.
    Que vos clichés demeurent 🙂

  16. Pour en finir avec ce dialogue de sourd, la gestion de la biodiversité n’est autre que jardinage et élevage d’espèces sauvages. C’est une option subjective pour des intérêts particuliers, en contradiction avec la protection de la nature. Tout naturaliste de terrain sait qu’on ne connaît et ne connaîtra jamais qu’une infime partie des éléments en présence et des relations en action sur un territoire, quel qu’il soit. Alors pourquoi, ou pour qui, en favoriser certains plutôt que d’autres ? La vie est un processus en évolution constante et vouloir le bloquer est mortifère. C’est une façon perfide de tenter de dominer le sauvage, d’imposer sa supposée suprématie au vivant. Pour faire le lien avec l’article d’après, dans ce domaine aussi l’accumulation de richesses au profit de certains nuit à la qualité de vie du plus grand nombre. Vive la simplicité volontaire et la décroissance !

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