Trois mots de Charles Jacquier

Amis et lecteurs, je ne vais pas tarder à venir vous embêter pour vous parler de ce si beau climat politique. Mais avant cela, je suis en dette auprès de Charles Jacquier, un éditeur que je n’ai jamais rencontré, mais que j’ai découvert lorsqu’il publiait de merveilleux textes de Victor Serge aux éditions Agone, quittées depuis. Il travaille maintenant, entre autres, pour les très remarquables éditions Libertalia. Je lui avais promis de passer ici une note de lecture qu’il a consacrée à un auteur hautement recommandable, Jacques Yonnet, et à son livre sur les bistrots de Paris, Troquets de Paris (L’Échappée). Cher Charles, c’est à vous :

 

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Résistant durant la Seconde Guerre mondiale, écrivain, peintre, dessinateur, chroniqueur, ami de nombreux écrivains, de Robert Desnos à André Salmon, en passant par Francis Carco, Paul Fort, Robert Giraud ou Pierre Mac Orlan, Jacques Yonnet (1915-1974) avait manifestement plusieurs cordes à son arc. Mais préférant sans nul doute le comptoir des bistrots à la postérité littéraire, il n’était connu jusqu’alors que pour son chef d’œuvre Rue des maléfices (1e édition en 1954 sous le titre de Enchantements de Paris), illustré de photos de Robert Doisneau et considéré par Raymond Queneau et quelques autres comme l’un des meilleurs livres écrit sur le Paris des clochards et des marginaux des années 1940.

En 1961, Yonnet fut invité à écrire une chronique hebdomadaire dans L’Auvergnat de Paris auquel il collabora jusqu’à sa mort. De ces centaines d’articles, les éditeurs livrent un florilège d’une soixantaine d’entre eux, imprimé, comme il se doit, couleur lie de vin et agrémentés de dessins de l’auteur, aussi remarquables que ses textes. Ceux-ci sont judicieusement présentés par quartiers de prédilection de l’écrivain, de la Cité et des Halles jusqu’à Montmartre et aux Buttes-Chaumont en passant par le Marais, la rue Mouffetard, etc. Pour chacun d’entre eux, le don de conteur de Yonnet fait merveille pour évoquer, à travers tel ou tel troquet, les grandes et surtout les petites histoires du Paris populaire dans de constants aller-retours virtuoses entre les sujets et les époques, mais revenant, in fine, au comptoir pour s’y délecter non seulement de bon vin mais aussi de ce « quotidien défoulement de la conscience populaire » dans ce « vivant et permanent conservatoire […] de la tradition orale française » qu’est le bistrot. Yonnet fut aussi l’observateur inquiet et le dénonciateur indigné de « l’assassinat de Paris » dont Louis Chevalier fut l’implacable chroniqueur.

Et, comme au comptoir, on aimerait poursuivre le débat à ce sujet avec les éditeurs qui considèrent avec un optimisme certain que « Paris n’est pas mort »… Alors, entamons la discussion et concluons avec l’auteur : « A la bonne vôtre ! ».

Charles Jacquier

2 réflexions sur « Trois mots de Charles Jacquier »

  1. Je ne connaissais meme pas le nom de Jacques Yonnet… Pourtant les idees avec lesquelles il a vecu semblent bien reelles, en tout cas semblent avoir existe maintenant qu’elles ont pratiquement disparu, a bien des gens. Indication que ce livre sort probablement a point nomme!

  2. Oula! Je me relis et n’arrive meme pas a comprendre ce que j’ai ecris. Je suis desole! Tout ce que j’ai voulu dire c’est que Jacques Yonnet semble avoir ete un chouette et interessant bonhomme.

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