Un silence de mort

Je vous mets un article que j’ai publié dans Charlie, et qui concerne les conditions de sécurité infernales qui sont celles de l’équipe. Je le fais d’une part parce que cela vous concerne aussi, mais également parce que je suis écœuré. Quoi ! nos « intellectuels » – les Debray, Onfray Plenel, Finkielkraut, Todd, Halimi et tant d’autres – se taisent, eux qui aiment tant les parlotes. Et de même nos médiacrates bien à l’abri de leurs rédactions. Et nos politiques, bien sûr, et toutes ces nobles consciences qui n’ont strictement rien à branler de ce que des gens faisant un journal soient menacés de mort au beau milieu de Paris. Beaux parleurs et négateurs de la morale commune la plus élémentaire, je vous exècre.

 

17 réflexions sur « Un silence de mort »

  1. Salut Fabrice,

    Et si les bénéficiaires d’une telle somme décidaient d’investir dans le bio ou d’utiliser cette somme pour rénover leur logis, afin de consommer moins d’énergie pour se chauffer ? Ou de faire des dons à des assos comme Les amis de la Terre ou SOS Méditerranée ?

    Je sais, on peut toujours rêver… Tout comme « Juju ».

    Bonne journée, et prends soin de toi. Bon courage.

    1. Oups, petite erreur technique : ce commentaire était prévu pour ton billet sur Dray.

      Je ne me serai pas permis de commenter aussi légèrement la situation de Charlie ! Quelle honte, effectivement.

  2. je suis abonné à Charlie et je n’avais pas mesuré les conditions terribles de travail que les attentats ont imposées. Je ne sais pas combien de temps vous allez pouvoir supporter une telle pression mais surtout, ne lâchez rien ( je sais, facile à dire quand on n’est pas personnellement touché).
    Le silence de quasiment tous les autres médias, politiques et « intellectuel(le)s » est assourdissant et lourd de conséquences pour la liberté d’expression.
    Alors oui, aujourd’hui plus que jamais, je suis CHARLIE.

  3. Bonsoir Fabrice,

    Pardonne moi, mais je ne trouve pas les mots.

    Sache que je suis de tout coeur avec toi. Ainsi qu’avec tout ceux, celles qui sont privés de liberté, et qui vivent dans la peur.

    Bien à toi,

  4. bonjour à tous

    Charlie, ça fait une vingtaine d’années que je le lis, il y a pour moi un avant et un après 7 janvier 2015. La lecture de ce numéro m’a fait beaucoup de peine. Oui, les conditions de travail sont insupportables et je crains qu’un jour, l’équipe ne jette l’éponge. Et je les comprendrai. Je vous souhaite bon courage, je resterai fidèle quoi qu’il arrive.
    Bien à vous.

  5. Cher Fabrice, merci d’avoir partage cet article avec nous. J’ignorais ces conditions. J’ignorais aussi que Charb, Luz et Riss étaient protégés dès 2012. Tu as bien fait d’écrire cet article. Il pose d’importantes questions pour notre avenir à tous. Je crois que ce que vous vivez à Charlie Hebdo représente notre avenir à tous. Nous pouvons l’ignorer, espérant que ca ne « nous » arrivera pas, mais se voiler la face ne fera qu’aggraver la probabilité. Et puis surtout, on peut protéger les autres, mais pas se protéger soi-même. Ca vaut pour les policiers, en première ligne. Mais je m’interroge quand même sur cet appel explicite et plutôt appuyé au président de la république. Je n’ai aucune raison de penser qu’Emmanuel Macron n’est pas, comme la plupart d’entre nous, dans le fond un brave type, mais en tant que président de la république, n’est-il pas la dernière personne à pouvoir assurer la sécurité de Charlie Hebdo et de tous les journaux en général? Si l’état paye pour la sécurité de quelques personnes, quid des autres collaborateurs? Mais s’il inclue tous les collaborateurs, quid du personnel de nettoyage de l’immeuble, qui on l’a vu en 2015, n’est pas épargné? Et quid des libraires, comme tu l’écris? et quid du facteur, des lecteurs, des voisins? Que peut l’état dans cette situation? N’est-ce pas une demande impossible? Et puis, sans accuser personne (puisque je n’ai aucune raison de soupçonner Macron ni personne en particulier) n’est-il pas paradoxal de demander plus de protection à un gouvernement dont trois membres sont membres du groupe Bilderberg, dont on sait le rôle qu’il a joué dans la « stratégie de la tension » et dans tous les attentats imputés à « l’ultra-gauche » en Europe dans les années 1970, et dont on sait qu’ils ont tous été perpétrés, directement ou indirectement, par les armées secrètes de l’OTAN sous l’égide de « Gladio »? En supposant qu’il veuille vous aider, ce qui n’est pas improbable d’ailleurs, Emmanuel Macron n’est-il pas dans une situation impossible, impotente par construction?

    Je crois au renversement de la situation. On a vu en Syrie que le gouvernement n’a pas protégé la population, mais la population a protégé le gouvernement. S’il y a encore un gouvernement en Syrie aujourd’hui c’est bien parce que la population l’a protégé. On a vécu une situation similaire en France pendant la deuxième guerre mondiale, le gouvernement n’a protégé ni le pays ni les citoyens, mais si la France n’a pas été occupée après la guerre c’est bien parce qu’il y a eu une résistance.

    Je crois que ce que vous vivez à Charlie Hebdo va petit à petit s’étendre à toute la population et à tous les aspects de la vie. En fin de compte notre sécurité dépendra uniquement de cette partie de la vie que nous saurons construire non pas exactement « hors » du système – on n’arrivera bientôt plus du tout à se déconnecter physiquement, nous serons tous surveillés en temps réel par notre portable, et notre mise à mort se fera de plus en plus « en live » sur youtube – mais disons indépendamment du système, ces aspects de la vie qui ne sont pas protégés par le système mais qui, paradoxalement, le protègent, comme les protecteurs du site de Notre-Dame-des-Landes qui ne sont pas protégés mais menacés, parce qu’ils protègent les ressources naturelles qui assurent notre vie à tous y compris la vie du système et la nourriture et la santé de tous y compris des policiers et de leurs enfants et aussi d’Emmanuel Macron.

  6. Si je n’interviens plus ici, je te lis toujours. Mon cher fabrice, je te souhaite du courage, de tenir bon et des jours meilleurs. De grosses bises à toi.

  7. La lecture de cet article m´littéralement atterrée. Lorsque l´on sait que Giscard d´Estaing, Chirac et Sarkozy coûtent à eux trois environ 9,6 millions d´euros par an au contribuable français, que la surveillance de la modeste bicoque de l´inusable VGE engloutit 1,3 millions d´euro chaque année, celle de Chirac 502.407 euros, il y a de quoi avoir la nausée. Après avoir versé des larmes de crocodile, après s´être affiché devant les caméras, les hommes politiques, les intellectuels ont laissé tombé Charlie, une fois de plus. Le prix de la vie humaine est à géométrie variable dans cet Ancien Régime déguisé en république. A nous, simples quidams, de soutenir Charlie en le lisant. Chaque semaine, massivement. Bon sang de bonsoir, combien de personnes de par le monde aimeraient qu´un journal de cette trempe existe dans leur pays ? Faut-il que Charlie disparaisse pour que l´on mesure la chance d´avoir accès à une information honnête, indépendante et d´une grande rigueur intellectuelle ?
    Je souhaite également que vous teniez bon, Fabrice, vous et toute l´équipe, mais pouvons-nous vraiment vous demander un tel sacrifice ? Personnellement, je ne le crois pas. Alors, je vous dirai plutôt de penser à vous et à votre famille. Mais tant que Charlie paraîtra, je lui resterai fidèle.

    PS A propos de NDDL, Macron aurait dit qu´il ne veut plus voir ce « genre de ZAD en France » ! Attention, fini le bordel, la chienlit comme aurait dit le général, c´est qu´on ne rigole plus aujourd´hui, il faut rentrer dans les rangs, illico presto !

  8. Je viens de lire, un peu tard mais il n’est jamais trop tard pour s’instruire, l’essai de Charb, « Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes », et ma foi c’est très bon. Je me demande ce que Charb écrirait et dessinerai aujourd’hui s’il était encore vivant. Son argument commence par une simple question de mots, mais devient très vite plus profond que ça, dans le panorama plutôt large, même si pas tout-à-fait complet, qu’il dresse des « escrocs de l’islamophobie ». Par une tragique coïncidence, l’argument central du livre, terminé deux jours avant son assassinat, est le « terrorisme islamiste ». Charb ne cherche pas les opposants les plus faciles, et il a l’honnêteté de citer « l’excellent journaliste » Alain Gresh, dont le père Henri Curiel a été assassiné par un commando de l’OTAN, comme l’a déclaré sur son lit de mort l’officier français des « forces spéciales » qui a tiré. Mais malheureusement, Charb n’a pas vraiment lu Alain Gresh. Ni la presse Israélienne. Ni Hicham Hamza, ni Gilad Atzmon, Norman Finkielstein, Yeshahyahu Ben Aharon, Edward Saïd, Jacques Derrida… Finalement Charb conclut sa lettre par une sorte de profession de foi, sympathique mais plutôt naïve, par laquelle il affirme que tous les terroristes du XXI siècle sont des gens religieux et qu’il n’y a pas de terroristes athées. C’est bien son droit de croire que les « vrais athées » ne sont pas des terroristes, c’est une prise de position parfaitement défendable, mais hélas l’exact contraire est assez facilement vérifiable: Les terroristes religieux sont rarissimes, ce sont en général des déséquilibrés manipulés, et les terroristes le plus souvent sont bel et bien athées. L’exemple qu’il donne d’Israël et ses « bulldozers tueurs conduits par des extrémistes religieux » est frappant d’ignorance: En Israël, les religieux fondamentalistes refusent le service militaire, et l’armée, les services secrets, les « forces spéciales » (c’est à dire les officiers d’encadrement des terroristes) sont dirigés par des athées, comme dans la plupart des états de la sphère d’influence de l’OTAN. Un professeur d’université canadien et athée, Paul Viminitz, peut faire publier dans une revue à comité de lecture un article de « défense du terrorisme », sans second degré et sans émouvoir personne, à part un de ses étudiants…

    Qu’aurais-fait Charb s’il n’avait pas été assassiné, par les mêmes qui ont assassiné Henri Curiel et Naji al Ali, les quatre-vingt-cinq passagers de la salle d’attente de deuxieme classe de la gare de Bologne, qui armaient et informaient les débiles qui composaient les brigades rouges, action directe et la rote armee fraktion, et qui aujourd’hui arment et informent AQPA, l’etat islamique, et les déséquilibrés qui assassinent les journalistes et les écologistes au Bangladesh et en Inde?

    Charb, trop honnête pour demeurer naïf très longtemps, aurait-il construit un pont entre la tradition française anar-athéiste et ce qui se passe dans le reste du monde? Etait-ce cela que craignaient ses assassins? Je crois que oui. Les terroristes tuent pour le spectacle, mais en bon professionels, ils ne gachent pas les balles. Ils choisissent leurs cibles et font toujours d’une pierre deux coups.

  9. Bonjour Fabrice,

    Je suis abonné à Charlie Hebdo depuis janvier 2015. J’aime beaucoup le journal en général, et j’apprécie plus particulièrement tes articles. Les thèmes, problématiques et priorités que tu mets en avant trouvent vraiment résonance chez moi. Ton ton cru et railleur pimentent le tout. C’est déprimant, à force, de lire continuellement des mauvaises nouvelles d’un peu partout sur Terre, mais il ne faut pas se voiler la face pour autant.

    Je suis navré de ce que tu as enduré et continues à endurer chaque jour. Je n’ai pas l’impression de pouvoir y faire grand-chose, mais je resterai abonné et continuerai à partager tes articles autour de moi quand j’en ai l’occasion, pour essayer d’apporter ma pierre à l’édifice.

    Merci pour tout, et tiens bon !

  10. M. NICOLINO, je ne comprends pas alors les propos que vous avez tenus dans le magazine Causeur, où l’on retrouve M. FINKIELKRAUT et un type des Français de Souche, en faisant l’amalgame une fois de plus entre islam et terroristes.Les victimes d’attentats sont en grande majorité les personnes vivants dans les pays musulmans, mais on s’en fout; cela ne nous regarde pas.

    Il ne doit pas y avoir de demi mesure. Toutes les victimes ont droit à notre respect et tous les musulmans ne sont pas des terroristes en puissance.

    Ce que nous vivons est enfanté par notre prétendue civilisation. Quand nous pillons, nous saccageons, armons des salopards, il ne faut pas s’étonner du résultat.

    D’autre part, les faux culs qui ont défilés après les attentats feraient mieux de fermer leurs grandes gueules.

    1. Cyril,

      Où avez-vous vu que je confondais islam et terroristes. Soit vous avez mal lu – cela arrive à tout le monde -, soit vous mentez. Je préfère la première hypothèse.

      Fabrice Nicolino

  11. A part de très rares cas comme Ravachol ou Ted Kaczynski, les terroristes ont toujours été, de Robespierre aux campagnes d’Indochine, d’Indonésie, d’Afghanistan, d’Irak, de Libye et jusqu’en Syrie et au Yemen, en passant par les gouvernements mis en place par les Etats-Unis en Argentine, au Chili et ailleurs, en passant par les gouvernements de Vichy, stalinien en Russie ou maoiste en Chine, les agents d’un ou de plusieurs états à la supériorité militaire ET culturelle écrasante. Pour la raison simple que cette supériorité culturelle est une condition nécessaire de son efficacité (Et bien sur l’expression « terrorisme d’état » est aussi redondante que « violence par arme » ou « transport par véhicule »).

    Quid de l’expression « terrorisme islamiste »? As-t-elle plus de sens que de parler de « terrorisme christianiste » à propos des conquistadores ou du nazisme? A première vue, bien moins. Car si les autorités chrétiennes furent parfois ambigües ou silencieuses sur ces crimes commis en leur nom (et on se souvient des visites ni secrètes ni meme honteuses de Bush et Blair au Vatican), les autorités de l’islam ont toujours condamné sans réserves Al-Qaeda et « l’état islamique », dont la propagande est propagée par les services occidentaux et israéliens, par des universitaires comme Bernard Lewis, et par des crétins utiles comme Fabius, Nabe ou Zemmour.

    D’où l’importance de faire un effort conscient, soutenu, pour ne pas parler le langage des terroristes. C’est ce langage qui les arme, aussi. Ridiculiser et dénoncer ce langage les désarme. Les militaires se sont déjà alliés aux terroristes, s’ils ne le faisaient pas ils perdraient leurs guerres. Pas trop d’espoir de ce coté-là. Il n’y a plus que nous, les civils, qui pouvons encore les désarmer.

    Mais existe-il des cas ou le « terrorisme » ou l’assassinat est jugé avec sympathie par l’histoire?

    A part Ravachol et Kaczynski, qui sont controversés, il me vient à l’esprit deux cas intéressants par leur aspect consensuel:

    1. La voiture ou l’amiral Carrero Blanco, successeur favori de Franco, a été assassiné est une pièce de musée… au musée militaire de l’Alcazar:

    https://www.escuderia.com/dodge-3700gt-carrero-blanco-finalmente-expuesto/

    2. Le bunker ou Lavrenti Beria, successeur logique de Staline, a été abattu est aujourd’hui une pièce de musée… à l’état-major de l’armée du district de Moscou:

    http://wikimapia.org/3289613/Bunker-where-Lavrentiy-Beria-was-executed

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