Hommage (vrai) à Nicolas Sarkozy

Il n’est pas drôle, ce jour où je félicite sincèrement Nicolas Sarkozy. Il n’est pas drôle, mais il m’engage bel et bien. Venu au fort de Douaumont ce 11 novembre 2008, notre président a rendu hommage aux morts de l’insupportable guerre qui a ravagé l’Europe entre 1914 et 1918. Ce grand massacre est le symbole même du désordre mental et spirituel qui rend la crise écologique si difficile à concevoir et à combattre.

Ce n’est pas seulement l’Europe qui a sombré il y a 90 ans, mais une certaine idée de l’homme. La guerre totale lancée en septembre 1914 a été avant tout une folie intégrale, dont nous ne sommes évidemment pas sortis. Je suis donc heureux que Sarkozy ait déclaré ce matin, à propos des 675 fusillés de la guerre, sous l’uniforme, pour cause de désertion, mutinerie ou refus d’obéissance :  « Je penserai à ces hommes dont on avait trop exigé, qu’on avait trop exposés, que parfois des fautes de commandement avaient envoyés au massacre, à ces hommes qui n’ont plus eu la force de se battre ».

Je n’oublie rien de ce que j’ai écrit de Sarkozy. Rien de ce que je pense de lui, que je juge désastreux. Rien, on s’en doute. Mais enfin, ces mots sont bienvenus.

33 réflexions sur « Hommage (vrai) à Nicolas Sarkozy »

  1. Je me suis fait la même réflexion. Notamment quand il a ajouté que les fusillés pour l’exemple, ceux qui refusaient de combattre, n’étaient pas tous des lâches.
    90 ans ont passé et les champs sont dorénavant bien en peine de nous fournir des bleuets, associés au souvenir de la Grande Guerre.

  2. D’accord. Avant d’y aller, mon arrière-grand-père, cordonnier de son état, chantait du matin au soir dans son atelier (en basque, à St-Jean-Pied-de-Port). Au retour, il n’a plus jamais chanté et, en 1923, il s’est jeté da

  3. Ha! Hacène, les belles messicoles (centaurea cyanus je crois?)des champs d’honneur (d’horreur comme auraient pu dire mes grands-pères et leurs compagnons d’infortune, couchés dans ces froides terres du nord loin de leurs collines natales) il m’arrive de penser à eux et aux autres, à ces vies saccagées, à ceux qui ne voulaient pas et ne supportaient pas comme le cordonnier de St-Jean-Pied-de-Port… mais pour cela, je n’ai pas besoin du 11 novembre, de ses commémorations, de ses discours.
    (Dans le fond malgré tout, j’ai bien compris ce que voulait dire Fabrice et aussi le message d’Hacène avec ses fleurs 🙂 ) Bonne soirée à tous.

  4. A bien des occasions, déserter ou désobéir n’a pas voulu dire fausser compagnie, mais bien plutôt tenter de sauver des vies de chaque côté de la ligne, quand bien même ce serait au péril de la sienne. Ceux qu’on a trop souvent raillés mériteraient parfois de biens plus beaux éloges que ces héros de la guerre, qui n’ont parfois eu qu’à appuyer sur le bon bouton au bon moment (même si je n’enlève rien aux vies terribles qu’ils ont menées durant ces périodes).

  5. En meme temps quand on voit l’armée de « pingouins » qu’il y avait à cette cérémonie. Je pense qu’il n’y en avait pas beaucoup de ceux qui vont se galérer dans la bouillasse et la boucherie…

  6. Et oui, j’ai pensé la même chose que toi, Fabrice, de notre pourtant si PETIT (minuscule) « Nicolas »… tout en repensant à notre pauvre « gôche » hélas bien plus timide que lui en la matière dès lors qu’elle est aux « commandes » (je repense aux pincettes de Jospin pour parler de ces mêmes hommes…).
    J’irai bien sur plus loin que Sarko et Jospin réunis :
    Oui, les mutins de 1917 (ces « lâches » dont parle aussi Sarko !!!) sont les (seuls?) vrais héros de cette première boucherie industrielle planétaire, crions le haut et fort !

  7. Ouarf! Avant d’applaudir, un peu de mémoire, (précisément) svp: En novembre 1998, Lionel Jospin (PS), alors Premier ministre, avait estimé que les mutins de 14-18 devaient « réintégrer aujourd’hui, pleinement, notre mémoire collective nationale ». (ce qui est loin d’être une déclaration timide ou  » prise avec des pincettes ») Le 5 novembre 1998: Jospin inaugure sur le plateau de Californie à Craonne ( la sculpture de Haïm Kern, commémorant l’armistice de 1918. Il réhabilite à cette occasion les mutins de la Première guerre mondiale, « fusillés pour l’exemple », « épuisés par des attaques condamnées à l’avance, glissant dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond », et qui « refusèrent d’être des sacrifiés ».Tollé général à Droite. Scandale. On souille le drapeau.
    Alors président du RPR, Nicolas Sarkozy avait estimé que M. Jospin avait voulu « faire un petit clin d’oeil aux pacifistes » alors que la question « mérite mieux qu’un débat facile sur les effets de mode ».
    Il ne s’agit donc d’une ènième manoeuvre de Sarko pour empiéter sur le terrain de la gauche. Et ça ne lui coûte rien, en plus. Entre nous, il n’en pense pas un mot. Bien entendu.

  8. Cher Patric,

    Je pense comme toi qu’il s’en moque. Mais est-ce une raison pour ne pas se féliciter du fait que le représentant de la droite, équivalant à celle, patriotarde, de 1914, rende un hommage à ceux-là, aux nôtres ? Sûrement pas. Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  9. Le problème avec Sarko, c’est qu’il ne pense pas grand-chose de ce qu’il dit, surtout ces derniers temps (en cela bon continuateur du grand Jacques). Cela étant, Fabrice a raison, le peu qui est dit est tout de même dit.

  10. Que ce qui a déja été dit avec force par la gauche il y a dix ans soit redit aujourd’hui par le représentant de la droite – sans que personne ne bronche dans son propre camp – ne relève pas d’une conversion de la droite à l’humanisme et aux valeurs de tolérance. Si elle ne bouge pas c’est qu’elle apprécie la manoeuvre de récupération médiatique par Sarkozy des valeurs de l’adversaire. Il est d’ailleurs significatif de noter qu’aucun de nos journalistes « embedded » n’a rappelé que c’est Jospin qui avait réhabilité publiquement mutins et déserteurs de 14-18. C’est donc pour Sarko une opération de com’ comme d’hab’, préparée par des conseillers en com’, comme d’hab’.Postures et tremblements.
    Sur le reste, la chasse aux enfants dans les écoles continue, les centres de rétention administratifs tournent à plein régime, Hortefeux (à volonté)organise ses humanistes réunions à Vichy, Sarko et consort fustigent les amateurs de désobéissance civile,( des mutins à leur manière, souvent lourdement condamnés) etc. Attendons donc le premier déserteur issu des forces françaises empêtrées en Afghanistan pour connaître le vrai sentiment de la droite au sujet des « pacifistes bêlants « droits-de-l’hommistes » et autres  » gauchistes irresponsables ». Mais on le connait déjà.
    Pace et salute

  11. Vous avez réagi Fabrice de la manière humaine et sensible ( et naturel) qui vous caractérise et qui vous rend si au dessus du lot. C’est un fait. Maintenant je ne peux pas m’empêcher de trouver le mot « hommage » de trop face à cet homme qui n’a, à aucun moment, pensé ce qu’il disait. Contrairement à vous.

  12. Sarko parle, parle, parle et parle encore. Et il en dit tellement qu’) un certain moment, certains se reconnaissent dans ces propos.

    Guerre à la guerre et halte aux paroles des menteurs: que fait-on en Afguanistan, en Afrique et peut-être même ailleurs? Que fait-on sinon des massacres? Et qui est le chef? Sarko le menteur.

    Honte sur eux, et sur nous car on le regarde et on s’endort.
    Rien à faire de son hommage à tous les morts: parole de vipère pour télés propagandistes.

  13. bien des ânes n’attendent que la carotte et la petite tape sur l’épaule.
    sur 15 com. pas un féminin, comme je les comprends.
    la manipulation atteint des sommets radieux, on en parle mais après ? ce monde est fini, ça c’est sur.
    écoute petit homme, écoute ton cœur car depuis longtemps ta tête ne t’appartient plus .

  14. Emile mettant son pilon: La Somme…Bon Dieu de Bon Dieu !!. Céline: Emile, ne jures pas comme ça !. Emile: Oui Céline….Mais Bon Dieu de Bon Dieu !!. Céline: Emile !…Emile: Viens petit, allons chercher des « Pines » (pommes de pins) pour allumer le feu. Céline: Ne rentrez pas trop tard !.

  15. Pour dévier de Sarkozy mais rester sur la première Guerre Mondiale, n’oublions pas qu’elle a légué à l’agriculture le fil barbelé et les engrais : fallait bien recycler les usines après la boucherie, de l’argent avait quand même été investi !! Pour ceux qui l’ignorent, les engrais ont permis de continuer à faire tourner les usines fabricant les explosifs… On trouve toujours des débouchés aux nouveautés qui a priori n’en auraient pas : la guerre, l’agriculture industrielle…

  16. à ce propos, j’embrasse tout le monde, j’ai loupé pleins de textes de fabrice et vos commentaires. Désolée, le temps…..pour faire suite à hacène, je vous informe que le dvd de  » sans terres et sans reproches » est parti pour la fabrication et sera disponible début décembre. la sale guerre et celles qui ont suivi ont des liens très étroits avec la bouffe qu’on mange et nos cancers! il m’est personnellement impossible de faire confiance à des criminels de guerre pour nourrir nos enfants. sinon? ça gaze???? moi je remercie publiquement Fabrice car je ne sais pas si il a bien reçu de mes (bonnes) nouvelles…

  17. S’il s’était agi de moi, j’aurai vite fait le calcul : d’un côté, j’ai toutes les chances d’y laisser ma vie, sinon un bras, sinon au moins ma santé mentale, tout en perdant mon âme à tuer au passage quelques infortunés homologues teutons. De l’autre côté, ma mort est prompte et sûre, et elle démontre la barbarie de mon général plutôt que de faire un meurtrier du pauvre type de la tranchée d’en face.

    Si tous les soldats avaient été mutins, le résultat aurait été le même : la guerre se serait arrêtée faute de combattants, mais sans le saccage et la boucherie.

  18. et oui stan, on est des survivants!!! nos arrières grands -pères et grands-pères en ont bien bavé…gaz moutarde? kicékiki les a fabriqués? ceux qui nous forunissent en malbouffe cancérigène! sympa!!!!!!!!!!!!!!

  19. il y a un livre formidable qui parle, entr’autre de ce sujet (la grande guerre de 1914) et que vous avez sans doute lu : « Les Thibault » de Roger Martin du Gard. (6 ou 7 volumes?).Un livre presqu’initiatique

  20. Monsieur Nicolino,

    Cet « hommage » d’un esprit aussi éclairé que le vôtre à un aussi répugnant personnage fait trembler la raison. Auriez-vous donc perdu le sens des réalités?

  21. Cher F.A Paulus,

    Vous touchez là un point clé, et j’espère que c’est voulu. Je crois que le mot répugnant – et ses nombreux synonymes – a conduit à tant de boucheries entre humains que je conseille pour ma part une certaine prudence dans son usage. Quand on se réclame, et c’est mon cas, d’une vision autre de l’homme que ceux d’en face, qui existent à n’en pas douter, cela commande de traiter les hommes, tous les hommes, comme des hommes.

    Je déteste personnellement Sarkozy, mais c’est un homme. Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  22. Cher Monsieur,

    Une chose est de ne pas dénier sa qualité d’homme à N.S; et une autre, de se rendre complice de ses opérations de propagande. Par quel miracle voyez-vous que ces discours de pure diversion méritent un autre nom? Et quelle estime supplémentaire voudriez-vous que j’accorde à son auteur après qu’il l’a prononcé? Je maintiens donc mon appréciation: ces hommes(pas seulement N.S, évidemment, mais toute sa classe politique), qui semblent avoir fait de l’Amérique de Busch et de la France de Pétain leurs suprêmes références politiques, sont répugnants. Qu’il leur soit permis d’être ce qu’ils veulent à titre privé, soit; mais un peuple libre ne devrait pas même tolérer qu’ils demeurent au pouvoir.

  23. Cher Monsieur,

    Mon commentaire, qui n’était en aucune façon une attaque contre vous, ne voulait pas dire autre chose que ceci: la vérité aurait pu se passer de votre « hommage » à des paroles qui ne pouvaient avoir avoir de finalité que propagandiste. Cela mérite-t-il une dispute? Non, je l’espère.
    Bien à vous,
    F.A.

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