Pourquoi le vote est-il une sombre connerie ?

Prévenons gentiment que ce sera un article simpliste. Sur la question climatique, qui devient sous nos yeux une tarte à la crème politicienne. Quelles sont les nouvelles ? 2020 a été probablement l’année la plus chaude depuis…très longtemps, à égalité avec 2016 (1). Mais c’est pire en fait, car en 2020, La Niña, phénomène climatique et océanique provisoire, a refroidi la Terre pendant une courte période. Qui l’établit ? L’Agence onusienne Organisation météorologique mondiale (OMM).

Dans la foulée, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé : « Nous nous acheminons vers une augmentation catastrophique de la température de 3 à 5 degrés au cours du 21ème siècle ». Rappelons que la foutaise acclamée jusque dans les rangs écologistes – les Accords de Paris – prétend toujours maintenir l’augmentation moyenne de la température sous la barre des 2 degrés, et pourquoi pas autour de 1,5 degré. Jo Biden, qui vient de s’installer à la Maison Blanche, réintègre du même coup les États-Unis dans ces accords, sous les nombreux applaudissements de ceux qui firent un triomphe à Daladier à la Toussaint de 1938. N’avait-il pas sauvé la paix en trucidant la Tchécoslovaquie ?

Du côté des combattants, c’est pire. Car des combattants, il n’y en a pas. Sauf à faire entrer dans la catégorie, et de vive force, l’initiative de l’Affaire du Siècle. On le sait, quatre ONG (2) ont lancé une pétition en ligne qui aurait atteint deux millions et demi de signatures. Que réclame-t-elle ? Exactement ceci : « Saisissons la justice pour que la France respecte enfin ses engagements sur le climat ».

Est-ce sérieux ? Oui. Est-ce déplorable ? Oui. Pour commencer, penser que la justice pourrait modifier le cours d’une société – et de quelle manière fondamentale – relève du baroque le plus achevé. Cela ne s’est jamais vu ni ne se verra jamais. Ensuite et sur le fond, il faudrait donc que la France tienne ses promesses, lesquelles sont incluses dans ces Accords de Paris, cette sombre billevesée.

La vérité, dans ce qu’on peut espérer en connaître, est ailleurs. Le climatologue Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat  (GIEC) « Le travail et la vie dehors vont devenir insupportables dans des régions de plus en plus vastes et une part de plus en plus grande de la planète sera inhabitable ». Ipso facto, des centaines de millions d’humains se mettront en route vers les zones les moins insupportables. Pour commencer. Cette perspective n’est pas (tout à fait) certaine, mais elle est (hautement) probable. Dans ces conditions bien sûr, il fau(drai)t rompre radicalement avec ce monde, ses innombrables colifichets, ses portables, ses 5G pour la raison évidente qu’ils sont le moteur de l’emballement climatique.

Si nous étions autrement qu’imbéciles et aveugles volontaires, nous formerions en ce moment même une coalition sans précédent contre la bagnole électrique, qui est infâme moralement, infernale climatiquement, et dont l’essor signifie simplement que nul n’entend changer son mode de vie avant sa mort. Car la bagnole individuelle c’est aussi une vision de l’espace, de la vitesse, du déplacement, des villes, et une contamination du psychisme. Sans compter qu’elle est le prolongement de la domination de ceux qui roulent avec – nous, au Nord – sur ceux qui les regardent passer, fardeau sur les épaules – eux, au Sud.

Et pendant ce temps, tous les journaux parlent du matin au soir de masques, de vaccins, de tests, sans seulement parler des causes profondes et documentées de l’émergence de virus dangereux : la dévastation écologique planétaire. Lisez donc Le Grand Saut (Flammarion), bande d’ignares ! Si nous étions tant soit peu lucides, nous ne voterions plus pour les habituels pantins, qui parlent des miettes de pain sur la table tandis que l’immeuble s’effondre irrémédiablement. Autant dire que nous ne voterions plus du tout. Ce que je fais sans gloire, mais sans aucun sentiment de culpabilité. Que tous les prétendants aillent se faire foutre.

(1) https://public.wmo.int/fr/medias/communiqu%C3%A9s-de-presse/2020-est-l%E2%80%99une-des-trois-ann%C3%A9es-les-plus-chaudes-jamais-enregistr%C3%A9es

(2) Greenpeace, Oxfam-France, la Fondation Hulot, Notre Affaire à tous.

(3) lemonde.fr/planete/article/2021/01/15/il-faut-arreter-cette-machine-infernale-du-rechauffement_6066361_3244.html

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Un certain Robert McNamara, criminel de guerre

Quand vous lirez ces lignes, le procès d’Évry sera peut-être terminé, et comme je n’en connais pas le résultat, passons vite. Une admirable Vietnamienne, Tran To Nga, poursuit les transnationales de l’agrochimie qui ont fabriqué l’Agent orange, dont Monsanto et Dow Chemical. Cet herbicide persistant, épandu par Américains sur la forêt à partir de 1962, a empoisonné des millions de Vietnamiens, et des milliers de gosses naissent encore avec des malformations, cinquante ans après.

Bref, disons deux mots d’un des plus grands salopards de l’histoire récente, l’Américain Robert McNamara. Né en 1916 – et mort en 2019 -, il mène des études, pour partie en philosophie, puis joue un rôle militaire important après 1941. Il est tenu pour le grand stratège du bombardement non-nucléaire de Tokyo, le 10 mars 1945, qui tue en une nuit 100 000 personnes.

Redevenu civil, il dirige Ford, mais quand Kennedy arrive au pouvoir en 1961, il devient secrétaire à la Défense, équivalent de notre ministre des Armées. Au Vietnam, ce criminel de guerre continuera sa route par des bombardements sur les digues le long du Fleuve Rouge, pour noyer les paysans du Nord, lancera plus largement l’opération Rolling Thunder – des bombardements de villes – et bien sûr l’opération Ranch Hand, celle de l’Agent Orange.

En 1971, la publication des Pentagon Papers par le New York Times montre que McNamara savait dès 1966 que la guerre américaine au Vietnam était perdue. Et alors ? Quittant son poste en 1968, notre crapule devient président de la Banque Mondiale, où il poursuit sous d’autres habits sa mission de destruction du monde et de ses écosystèmes.

Mais faut pas croire, cet homme avait aussi une âme. Travaillant il y a dix ans sur un livre, j’ai pu mettre la main sur un document disons discret – et même secret – du WWF, cette si curieuse association « écologiste ». Datant de 1987, intitulé « Le club des 1001 », il dressait la liste des plus grands donateurs du WWF. Et parmi eux, l’ancien dictateur africain Mobutu. Et parmi eux, Robert McNamara.

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Laurent Wauquiez, l’homme qui aime claquer le fric des autres

Y a-t-il politicien plus lamentable que Laurent Wauquiez ? Comme le concours est très relevé, réservons la réponse. Mais enfin, il serait en toute hypothèse sur le podium. Détesté unanimement par son camp – son invraisemblable arrogance passe mal -, il a été président de l’UMP en 2017, et après en avoir été lourdé, il s’est replié sur la présidence du conseil régional AURA, pour Auvergne-Rhône-Alpes.

L’une de ses dernières lubies consiste en une déviation routière entre deux villages de Haute-Loire, Saint Hostien – moins de 750 habitants – et Le Pertuis, moins de 500. Soit 10,5 km qui nécessiteront 13 ouvrages d’art dont un viaduc de 300 mètres de long, Le Roudesse, pour un coût au départ de 260 millions d’euros. Qui paiera ? Le conseil régional de Wauquiez, à hauteur de 198 millions, car dit notre cher ami, « L’État n’a plus d’argent et sans la Région, il n’y aurait pas cette mise à 2×2 voies ». Ajoutant : « C’est un effort énorme de solidarité que fait la Région à l’égard de la Haute-Loire ».

On te croit, mon gars, surtout quand tu prétends que ça diminuera les accidents et que ça rendra la tranquillité aux villages. Ce qui est d’ailleurs vrai, mais qui en France mettrait 260 millions d’euros sur la table pour faire plaisir à 1200 personnes ? L’autre argument de Wauquiez est encore plus drôle : cela ferait gagner du temps. Selon les calculs du quotidien local L’Éveil, entre 2’40 » et 3’50 ». Les travaux sont en cours, les opposants sont sur le pont, Wauquiez se moque d’eux sur tous les tons.

4 réflexions sur « Pourquoi le vote est-il une sombre connerie ? »

  1. Merci pour ces articles. Aujourd’hui nous avons croisé en pleine ville un oiseau que je n’avais jamais vu: un chardonneret. Je juxtapose cette émotion avec celles suscitées par vos écrits. Drôle de monde.

    1. Cher JF,

      Mais moi, je n’ai pas compris ce que vous voulez dire. Que je n’habite pas sur place, et que donc, je ne peux pas comprendre ou me prononcer ? Je vais prendre un exemple extravagant, mais parlant. Quiconque – en tout cas, moi le premier – verrait sa famille touchée par un assassin serait tenté par la vengeance. Mais la société a, malgré la douleur de tel ou tel, le devoir d’exprimer un point de vue général, collectif. Non ? Je sais que des gens souffrent du bruit dans ces villages. Mais qui accepte de faire passer cet intérêt particulier, respectable, avant l’impératif catégorique de sauver partout le vivant, acceptera de proche en proche tout le reste.

      Fabrice Nicolino

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