Le voleur et le fourgue (Lula, Sarkozy, 36 Rafale)

Je ne devrais pas me vautrer dans l’autopromotion, mais je suis ainsi fait. Et voici donc un conseil on ne peut plus désintéressé : lisez-moi plus souvent. Il y a presque un an, dans un papier intitulé Isto é o Brasil ! (Lula en plein délire), j’annonçais la vente prochaine d’avions Rafale au Brésil (ici). Je notais au passage cette cruelle évidence : « Lula est donc comme ces lamentables politiciens que nous connaissons tous. Son rêve de bas étage consiste à changer le destin du pays qui l’a élu. De le faire entrer dans le club des cinq ou six pays les plus puissants de la planète. Et d’entrer du même coup dans les livres d’histoire. Sans se demander s’il y aura encore, à l’avenir, des livres d’histoire. Sans se demander s’il y aura encore une histoire ».

Vous le savez donc désormais comme moi : la France de Dassault, celle que je déteste plus qu’aucune autre, vient d’engranger un contrat qui pourrait atteindre 5 milliards d’euros pour 36 Rafale. Le Rafale, ce formidable avion que nul ne nous envie, était jusqu’ici réservé à nos glorieuses armées, celles qui sautent sur les mines des chemins d’Afghanistan. Comme cet avion était indispensable ! Et comme Lula a eu raison de ponctionner ainsi le trésor national brésilien !

À ce stade, je vous l’avoue, j’aimerais qu’une fée aux yeux bleus m’emmène avec elle au pays des elfes. Je marcherais avec délice dans des prés rouges aux fleurs noires, j’embrasserais mes douces voisines, toutes belles à pleurer, et j’irais me baigner nu dans le grand fleuve violine où disparaissent péchés et souffrance. Au lieu de quoi je vous entretiens d’un brigandage de plus, dans cette liste qui n’a évidemment aucune fin.

Brigandage. Bien sûr. Piquer 5 milliards d’euros à l’avenir, aux paysans sans terre, à la forêt amazonienne, aux colibris, aux jaguars, aux tapirs, c’est un vol manifeste. Lula est donc un voleur, et Sarkozy un receleur qui devrait comme il se doit finir en taule. Car qu’est donc un receleur ? Un type – une fille, plus rarement – qui soustrait à la justice des biens qui ont été dérobés. Qui pourrait nier que les Rafale de M. Dassault ont dérobé des ressources destinées au peuple français ? Qui pourrait nier que l’argent public englouti dans ce fiasco gigantesque aurait été mieux utilisé ailleurs ? Mais le droit, et ce n’est pas la première fois que cela lui arrive – ici, rire préenregistré – est en retard sur la marche du monde. Le crime écologique n’est pas punissable.

Comme ma fée aux yeux bleus et mes belles voisines tardent à arriver – espero, j’attends et j’espère -, je me sens obligé de vous délivrer une moins mauvaise nouvelle que l’annonce de la vente de Rafale par Sarkozy-le-fourgue. Sachez-le si vous l’ignorez, ce grand crétin de Lula ne peut se présenter une troisième fois aux élections présidentielles. Or les prochaines auront lieu en octobre 2010. Lula étant sur la touche, il a intronisé – il ne faut surtout pas se gêner – Dilma Rousseff comme successeur. Une femme, qui ferait exactement la même politique.

Ce qui ne serait pas le cas, du moins peut-on l’espérer, de Marina da Silva, ancienne ministre de l’Environnement de Lula. Non seulement elle a quitté son poste avec éclat, mettant en cause notamment la politique officielle vis-à-vis des sans-terre et de la grande forêt, mais elle vient d’annoncer son ralliement au petit parti écologiste. Tout n’est pas fait, mais elle pourrait bien défier Rousseff dans un an (ici). Elle n’a pas que des qualités, comme en témoignent ses graves ambiguïtés sur le darwinisme et ses liens – qui expliquent tout – avec les mouvements évangélistes d’origine protestante.

Elle n’a pas que des qualités, mais à l’inverse de Rousseff, elle n’a pas que des défauts. En conséquence, moi qui ne vote (presque) jamais en France, je me demande quelles démarches accomplir pour voter l’an prochain là-bas. Mais je vois approcher ma bonne fée, et même quelques délicieuses voisines, et je me propose de leur poser la question. À moins qu’elles ne m’en laissent pas le temps. Je les connais, c’est possible.

8 réflexions sur « Le voleur et le fourgue (Lula, Sarkozy, 36 Rafale) »

  1. Depuis hier les médias entonnent en boucle une antienne ultra-positive concernant la possible vente de ces Rafale, qui sont des nécro-technologies quand-même!

    Tout comme lorsqu’ils parlent de « très bons » bénéfices pour les multinationales, d' »excellents » résultats…

    L’opinion est bel et bien fabriquée à force de répéter les choses…

  2. Entièrement d’accord avec vous, Lionel, et c’est même de pire en pire, je trouve. Par exemple, France-info, même à petites doses, me devient insupportable avec tous ces cocoricos nécro-commerciaux et sportifs (comme s’il fallait, pour remonter le soi-disant moral des ménages / troupes, crier régulièrement « vive la France ! », patrie des Droits de qui vous savez – belle illustration au Gabon ces derniers jours…).

  3. France-info pour moi c’est définitivement France-Intox depuis la première guerre du Gofe, celle de 1991 où nos valeureux légionnaires tricolores enterraient des soldats irakiens vivants dans les sables de notre belle « tempête du désert » avec des chars-pelleteuses. Rien ne filtra sur france-Intox bien entendu : nous allions y défenre la démocratie et la liberté du Koweit ! Mitterand était aux commandes. Notre P.S tricolore quoi !
    Quand à Lula, c’est leur PS à eux au Brésil… rien à attendre de lui ni d’eux que de perpétuer un monde en effet nécrophage. Mais une très grande partie de notre gôche nationale soutient pourtant Lula… elle est comme lui.

  4. A P.P. : vous avez raison mais je persiste à dire, hélas, que c’est de pire en pire – un autre exemple dans le domaine de la vulgarisation culturelle : autrefois, c’était « Apostrophes » avec Soljénitsyne (par ex) à une heure raisonnable; aujourd’hui, les émissions dites littéraires sont – au mieux – aux alentours de minuit (comme dirait Thelonious) avec F. Beigbeder…

  5. Excuse-moi Fabrice, mais tu es à côté de la plaque : ce qu’il faut pour qu’on te lise plus souvent, c’est que tu te lances, comme Jacques Attila, dans l’HYPERLIVRE ! Voilà une avancée technologique qu’elle va tout faire péter sur son passage, au moins aussi bien que les Rafale !
    Imagine un peu : une atroce photo de bidoche page xxx, tu approches ton téléphone portable qui scanne le petit carré en bas de la photo, et hop, comme par magie, apparait sur ton écran une vidéo du pays des elfes, avec – c’est l’essentiel pour qu’on te lise plus souvent -, tes voluptueuses voisines se trémoussant dans l’eau (mais pas Marguerite quand même, faut pas pousser). Le seul risque, c’est que Christophe Hondelatte s’y perde un peu : »Mr Nicolino, vous avez écrit un livre très sensuel… Vous pensez donc sérieusement que l’industrie des elfes menace le monde ?.. »

    Eh oui, l’hyperlivre… on se croirait dans un roman de Jasper Fforde – auteur méconnu en France et que je recommande vivement : outre qu’il y est beaucoup question de livres interactifs, on y apprend aussi comment une multinationale parvient à faire manger du pingouin à la planète entière, comment un pays cherche par tous les moyens à se débarrasser de son Excédent de Bêtise (déclarer la guerre à un pays lointain ? l’enfouir dans un pays du sud ?), ou encore comment lors des débats on vote pour le politicien qui a le mieux réussi à esquiver les questions et menti avec le plus de mauvaise foi possible…

    (et pardon pour ce léger hors-sujet !)

  6. Les 5 milliards d’euros piqués à l’avenir, aux paysans sans terre, à la forêt amazonienne, aux colibris, aux jaguars, aux tapirs, n’iront peut-être pas, si j’en crois les dernières informations, dans les poches de Dassault…

  7. le commerce tue les hommes(les plus démunies bien sur),et la planète;et etre attiré par les biens materièls nous rend atroce, égoiste,et alimente ce marché qui dévore la vie au sens premier du terme;En annonçant la vente possible des rafales au brésil,les journaliste avait l’air heureux,comme si le paradis,les elfes,allaient nous prendre la main(faute de prendre cette derniere),et avec fievre et délice,aller la ou tout le monde reve secretement vivre l’amour de la vie,la sublimation de l’égo,enfin ce laisser glisser sans nos modèles de comportements,et nos poids inhérent a ce monde bas,ou les rimes elles memes,ne sont que les répétitions d’un espoir ,qui se s’éveil a la lueur de cette…fée.

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