Ces eucalyptus qui ressemblent aux pins du Morvan (apologue)

L’industrie contre la vie. L’industrie contre la nature. L’industrie contre les hommes. Voici un exemple de plus, d’une limpidité telle qu’elle n’échappera – je l’espère – à personne. Au Kenya, comme dans tant d’autres pays malmenés par la destruction à travers l’économie, le gouvernement a lancé il y a des dizaines d’années une politique imbécile de plantation massive d’eucalyptus. Je n’ai rien, a priori, contre ces arbres. En Australie et en Tasmanie, où ils sont nés, où ils se sont développés sans nous pendant des centaines de milliers d’années, ils peuvent être magnifiques, inoubliables.

Mais l’esprit de conquête, d’aventure et de lucre les a transportés en seulement deux siècles d’un bout à l’autre de la terre. Quel est le pays du monde qui n’a pas sa plantation d’eucalyptus ? Les plus modernes sont transgéniques, et servent de matière première aux biocarburants, je veux dire aux nécrocarburants. Revenons au Kenya, où les sécheresses se multiplient. Depuis une dizaine d’années, la catastrophe se rapproche (ici). Mais qui se souciait de l’eau en 1970 ?

Des subventions ont donc été accordées – et du fric très probablement détourné – pour que les rives des fleuves et rivières soient couvertes de grands eucalyptus. Comme certains pins chez nous, ces arbres poussent vite et donnent du bois en quantité. Mais, comme nos peupliers, ils pompent de manière démentielle dans les rivières et les nappes. Sur fond de sécheresse biblique, le gouvernement kenyan vient donc d’ordonner de couper les eucalyptus du centre Kenya qui se trouvent près de sources d’eau (ici). Wangari Maathai, prix Nobel de la paix, est entrée dans le débat, estimant que ces arbres qui menacent la biodiversité ont été plantés au Kenya « pour des raisons commerciales ». Dis-moi, ma chère Lulu d’Autun, cela ne te rappelle rien ? Morvan-Kenya, n’est-ce pas le même combat ?

Allez, je me sauve, on m’attend pour France-Culture.

12 réflexions sur « Ces eucalyptus qui ressemblent aux pins du Morvan (apologue) »

  1. cher Fabrice, si tu n’oublie pas le Morvan, lui ne t’oublie pas non plus . Oui Morvan Kenya même combat. Et pourtant à entendre les discours sur les forêts Françaises tout va bien, nous avons du bois, du bois , oui mais quel bois . Douglas plantés en monocultures tous coupés en me^me temps avec des engins qui tassent le sol, à l’âge de 40 ans pour faire de la pâte à papier et maintenant des plaquettes forestières malgré l’appauvrissement des sols ( nous en sommes pas contre le bois énergie mais en fonction des possibilités de mobilisation du bois et non de la demande des industries ). Ici on perçoit une prise de conscience des structures sur les alternatives à ces méthodes destructrices qui de plus n’ont rien d’économique sauf les investisseurs, mais comment faire que le discours devienne réalité sur le terrain lorsque les politiques sont d’une incohérence totale, parlant de biodiversité, de gestion durable et appelant le propriétaire à couper coûte que coûte ( plan de Mr Sarkosy ), laissant les petits propriétaire démunis pour valoriser leur patrimoine. Tous les outils, charte, Grenelle seront vains si enfin il n’y a pas un sursaut pour dire que la nature et la biodiversité sont le plus bel avenir économique de la planète . mais ne baissons pas les bras. je signale aux lecteurs un site extraordinaire d’un propriétaire forestier dans les Landes qui avec des fiches techniques , des chiffres, démontre que la gestion proche de la nature ça marche , idem pour le GFSFM où nous allons bientôt acheter notre 7 ie forêt . Fabrice si tu peux écrire sur ce que les décideurs appellent gestion durable de la forêt, je n’ai à ce jour pas eu de réponse à cette question : édifiant . A bientôt Fabrice Pijouls. com – autun.morvan.ecolog.free

  2. Non quoi; là je viens de finir le chapitre sur le soja…Et je sais qu’ils encourage aux usine de cogénérations…Pellets pas cher pour le Nord planter massivemment dans le sud…

    Je déprime un peu là 🙂

  3. Hors sujet, pardon, mais je voulais vous faire partager une petite remarque entendue ce midi dans un reportage sur les viticulteurs qui se mettent au bio. Un producteur a dit grosso modo, « nous devons redevenir des paysans ». Il me semble que ce monsieur a tout compris.

  4. Il est inadmisible que l’on plante un arbre pour le mettre directement dans le feu sans d’abord le former pour produire du bois d’oeuvre.

    l’arbre devient alors un agrocarburant.
    Les dernières prairies humides risquent d’être plantées en boisements de saules avec une coupe tous les sept ans.
    On oublie aussi que l’arbre participe largement aux besoins alimentaires des hommes mais aussi des animaux des insectes.
    La monoculture en est dépouvue.
    Ces fruitiers fournissent également des bois d’oeuvre comme le chataignier, merisier mais aussi des fruitiers précieux comme le cormier l’alisier.

  5. Les couper ne suffira pas… En Estremadur, au confluent du Tage et du Tietar, Franco avait fait planter des hectares et des hectares d’eucalyptus. Depuis une quinzaine d’années, ce lieu magnifique (qui est devenu en 1979 un parc national, celui de Monfragüe) fait l’objet d’un gigantesque arrachage des arbres. C’est très compliqué d’éradiquer les eucalyptus, parce qu’ils sont bien adaptés à la survie en terrain très chauds. Ils ont plusieurs façon de survivre, et notamment des graines qui ne s’ouvrent qu’après avoir explosé dans des incendies… Ce chantier monumental (arrachage et brûlage d’énormes souches) s’accompagne d’un lent et rigoureux replantage de chênes lièges et chênes verts. En dix ans, les petits arbres sont toujours des petits arbres, un peu moins petits quand même… Le parc est un paradis pour ornitho.

  6. Il y a quand même de très beaux douglas dans le morvan. J’ai souvenir il y a peu d’être aller chez une amie à Anost, une dame charmante qui possède environ 30 ha de chênaie hêtraie superbe ; à côté de ça elle possédait une petite parcelle d’1 ha qu’elle avait fait planter en douglas ; celle-ci a été ravagée par des ennemis locaux du douglas (pratique courante dans la région d’Anost), depuis ce jour j’ai une méfiance totale envers ceux qui sont près à détruire les arbres sous prétexte de protection de la forêt. Je peux vous dire que si on les avait chopé ceux là on les aurait raccompagner par la peau des couilles! Ce dont le Morvan a besoin ; c’est de diversité mais surement pas de destruction du douglas, essence vraiment magnifique: « le roi des pins »

  7. en réponse tardive à JOJO. Puisque vous ne les connaissez pas comment pouvez-vous dire qu’ils prétextent la protection de la forêt ? c’est trop facile de mettre tout sur le dos des écolos, mais vraiment on a autre chose à faire qu’à courir la forêt pour détruire un hectare de douglas . Je connais bien ANost , beaucoup d’habitants et je n’ai jamais entendu parler de pratiques de destructions sur cette commune . Le douglas roi des pin !!!! sauf lorsqu’on le coupe à 40 ans et qu’il est tout juste bon à faire du bois de trituration pour le papier ou du bois de chauffage .

  8. La solution a la déforestation pour le papier: le Chanvre !
    Le Cannabis produit 4,5 fois plus de fibres par ha (15 t de matière sèche par ha) que les arbres et comme il pousse rapidement il produit aussi plus vite, en effet, 1 hectare de Chanvre produit en 140 jours autant de papier qu’un hectare d’arbre en 20 ans. La fibre de chanvre peut être recyclée plus de fois que celle du bois. Le papier de chanvre ne demande pas de blanchiment chloré car la cellulose ne contient pas de lignine, qui fait jaunir le papier.
    En plus les longues racines oxygènent le sol et le rende plus fertile aprés la récolte et puis évitent les mouvements de terrain !

  9. Le Chanvre, quelle merveilleuse idée : trop simple, trop bonne, trop belle pour être sérieusement considérée jusqu’ici… peut-être aussi parce que c’est une cousine de l’ortie, elle aussi mise au rencart comme une vilaine sauvage, malgré ses excellents usages fertilisants et nutritifs ?
    Cultivé depuis le néolithique, le chanvre était avec le lin la grande plante textile en Europe avant l’importation du coton exotique et l’invention des synthétiques, au temps de la marine à voile… Sa culture rustique sans pesticides et sa grande polyvalence – papier, textile, huile, isolation, construction, alimentation, cosmétique, etc 😉 en font une solution idéale à de multiples problèmes. Une réhabilitation à grande échelle de cette plante traditionnelle rendraient aux paysages une part de leur aspect d’antan -d’où tant de chennevières et canebières du nord au sud de la France…
    cf: http://fr.wikipedia.org/wiki/Chanvre

  10. En tant que menuisier j’ai besoin d’un peu de matière première pour fabriquer mes menuiserie, alors voila comment je procède je met le bois qu’il faut et la meilleur métode pour que ça dure le plus long temps possible, tandis que l’industriel met le moins de marchandise possible pour le vendre au moins 7 a 8 fois pour la vie entière d’un ménage le résultat est que l’on pompe la nature un maximum pour rentabiliser le mauvais travail de l’industriel, sans compté ce qui passe dans la chaudière.

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