Ce qu’est une génération politique (un hommage à Pierre Fournier)

Ce long texte a pour moi de l’importance. Mais pour vous ? Nul n’est heureusement obligé de me suivre. Il est clair que la taille de l’objet du délit contredit les usages ordinaires du net, qui se rapprochent comme il se doit de ceux de la télé. On zappe dès qu’un grain de sable se met de la partie. Dès que Michel Drucker annonce sur une autre chaîne l’arrivée de Carla Bruni. J’en suis bien désolé, mais la lecture toute facultative de ce qui suit demande un peu de temps.

Bien entendu, il y a de quoi désespérer. Le dérèglement climatique menace de dislocation nos fragiles digues et barrières politiques et morales. Le monde va réellement mal, plus mal que jamais, semble-t-il. À ce stade, le pire serait de se perdre dans l’un des si nombreux fantasmes mis à disposition par la machine centrale, celle qui produit les images que tant de gens prennent pour la réalité. Il faut, il vaut mieux, je le crois en tout cas, se pencher une fois de plus sur l’histoire.

Je ne sais pas exactement ce qu’est une génération politique, mais je suis sûr que cette notion existe pourtant. Elle n’est qu’une partie de son temps, mais elle l’exprime mieux que bien d’autres définitions. Elle est cette fraction d’un peuple, engagée, qui donne le sentiment, fondé ou non, de donner le la à la société entière. On lui prête le pouvoir d’orienter, d’infléchir au moins, de décider au mieux. De ce point de vue, et pour ne pas remonter à notre cher vieux Mathusalem, la génération politique d’avant 1914 présente un bilan de faillite complet.

Et pourtant ! Le mouvement ouvrier français d’avant la boucherie était contre la guerre, au point d’organiser contre elle, le 16 décembre 1912, une grève générale. La CGT, seul véritable syndicat, alors proche de l’action directe dite syndicaliste-révolutionnaire, proclamait préférer l’insurrection au carnage guerrier. Regardez par vous-même :

Grève générale contre la guerre organisée par la CGT le 16 décembre 1912

De son côté, la gauche officielle – l’Internationale socialiste, dont était membre la SFIO, ancêtre de nos socialistes – avait, dès 1891,  invité « tous les travailleurs à protester, par une agitation incessante, contre toutes les tentatives de guerre ». Certains socialistes, comme Gustave Hervé, appelaient même à la « guerre sociale » contre la bourgeoisie, plutôt que de servir ses intérêts sous l’uniforme. Jaurès, le grand Jaurès, déclarait dans son ultime discours du 25 juillet 1914, peu de temps avant son assassinat : « La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la Russie et la volonté brutale de l’Autriche ont contribué à créer l’état de choses horrible où nous sommes. L’Europe se débat comme dans un cauchemar. Eh bien ! citoyens, dans l’obscurité qui nous environne, dans l’incertitude profonde où nous sommes de ce que sera demain, je ne veux prononcer aucune parole téméraire, j’espère encore malgré tout qu’en raison même de l’énormité du désastre dont nous sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront et que nous n’aurons pas à frémir d’horreur à la pensée du cataclysme qu’entraînerait aujourd’hui pour les hommes une guerre européenne ».

Si vous le permettez, deux choses. La première : alors que la guerre est aux portes, Jaurès n’hésite pas à placer sur le même plan la politique française et les autres. Beau. La seconde : ne se croirait-on pas, au-delà des détails, à Copenhague, au sommet sur le climat ? Quoi qu’il en soit, Jaurès fut, comme on sait, assassiné le 31 juillet 1914, moins d’une semaine après ce discours. À son enterrement le 4 août, qui fut celui d’un monde, le secrétaire de la CGT Léon Jouhaux révéla un formidable revirement, déclarant : « Ce n’est pas la haine du peuple allemand qui nous poussera sur les champs de bataille, c’est la haine de l’impérialisme allemand ».

La messe était tragiquement dite. La CGT se couchait, la SFIO aussi, Gustave Hervé deviendrait un ultranationaliste, et l’Europe mourrait dans les tranchées, préparant malgré elle l’avènement d’un petit caporal nommé Adolf Hitler, et l’autre guerre. Pourquoi remuer de tels souvenirs jaunis ? Parce qu’il le faut bien. La génération politique d’avant 1914 s’est donc montrée incapable de respecter ses engagements prétendument sacrés. Et celle de l’entre-deux-guerres, pourtant née de l’opposition au grand massacre, fut elle incapable de saisir la nature du stalinisme, tache indélébile au front des intellectuels français, et tragiquement impuissante devant la montée du fascisme.

Votez communiste

La toute neuve, à peine sortie de ces catacombes en 1944, ardente, généreuse, résistante, héritait pourtant d’un fardeau insupportable. Celui de la question stalinienne, qu’elle dut, volens nolens, porter sur le dos. À tout prendre, et malgré tant d’erreurs et de fourvoiements, elle me paraît être la moins mauvaise de toutes celles qui occupèrent le temps du siècle passé. Elle ne parvint pas à éviter les guerres coloniales, mais elle mit en musique, tant bien que mal, le programme du Conseil national de la résistance (CNR), qui apparaît, dans la situation où nous sommes plongés en cette fin 2009, un miracle de fermeté et de justice.

La suite est moins agréable. Les résistants prirent de la bedaine, et certains d’entre eux – Robert Lacoste ! – n’hésitèrent pas à couvrir et même encourager la torture de masse contre les Algériens, entre 1954 et 1962. Sous la cendre, une nouvelle génération pointait le nez. Celle des années soixante, avec deux branches principales et des rameaux secondaires. La première des branches majeures s’appelle le gaullisme. Nul n’est tenu de le croire, mais Sarkozy y demeure accroché, vaille que vaille. Car c’est ainsi avec les vieux arbres. Les racines en 1942, de Londres à Paris, la mitraillette Sten en bandoulière. Et les ultimes rejets en 2009, sous les applaudissements conjugués de Jean-Marie Bigard et Mireille Mathieu.

Le gaullisme, donc, et les années soixante. Les technocrates au pouvoir, l’industrialisation d’un pays qui résiste mal au rouleau-compresseur. L’anéantissement des campagnes et la création des cités perdues, de Sarcelles à Montfermeil. Le règne de la bagnole et de la spéculation immobilière. Le triomphe de la chimie de synthèse, l’assassinat de Paris. Pompidou. Giscard. Chirac. Une génération, un nouveau pays.

L’autre branche essentielle n’est autre que celle sur laquelle Mitterrand a fait son nid. Un homme qui a toujours été de droite, d’une droite dure et atlantiste, devient le maître de l’opposition officielle en 1971, au congrès de fondation du parti socialiste, ci-devant SFIO. Tous les autres, pourtant prévenus de ce remarquable sens de l’opportunité en politique, suivent d’un seul mouvement. Pourquoi ? Bonne question. Tous. Jospin, l’adversaire épouvanté de la SFIO du temps de l’Algérie. Rocard, le vibrionnant inventeur d’un parti perpétuellement cocu et cocufiant, le PSU. Chevènement, l’ancien partisan de l’Algérie française, devenu plus stalinien que les staliniens. Estier, l’ami de Moscou. Mauroy, le déjà social-démocrate. Quilès, affûteur de guillotines en carton bouilli. Tous. Sans oublier la phalange des amis de la guerre froide. Les Roland Dumas, les André Rousselet, les Louis Mermaz, cette garde rapprochée qui n’a, elle, jamais eu le moindre doute sur les objectifs réels de Mitterrand.

François Mitterrand (1916-1996)Affiche

 

Arrivée au pouvoir, cette génération politique-là aura fait le contraire de ce qu’elle promettait pourtant. Non seulement elle n’a pas rompu avec le capitalisme, mais elle l’a installé dans le moindre recoin, y compris dans les têtes à priori les plus rétives. Elle a vendu la télé, canonisé Tapie, manipulé le mouvement immigré, et bien entendu fait exploser les inégalités sociales. Sur le plan écologique, inutile même de se fatiguer à écrire, car il n’y a rien à dire. Rien. C’est-à-dire tout : au moment où l’action volontaire et collective nous aurait tant aidés, la gauche regardait à la loupe binoculaire la carte électorale. Quant aux staliniens, déjà profondément social-démocratisés, ils trouvèrent en Mitterrand un maître dans l’art du go. Ils pensaient encercler au moment même où l’autre les enserrait jusqu’à les étouffer. Le 10 mai 1981 ? Un orage sur Paris, suivi de tant d’années d’hiver.

Parlons rameaux et radicelles. Mai 68. Le même arbre, au fond les mêmes bourgeons, mais en musique s’il vous plaît. Le pire : Geismar, Glucksmann, Sollers, July, Kouchner. Tous ayant été staliniens, à des titres divers, tous finissant dans la caricature de leurs caricatures d’il y a quarante ans. Je préfère ne pas même insister. Le meilleur : Krivine, Bensaïd et ces milliers de jeunes qui pensèrent de bonne foi s’attaquer aux bonne causes. Et qui se trompèrent. Sur les causes. Sur les moyens de la confrontation. Quoi qu’il en fût, mai 68 est le rejeton de la culture politique née dans les années 60. De cet après-guerre sans rivages où l’individu imposait d’autant plus facilement ses droits supposés qu’il jouait ainsi le rôle dévolu par la machine. Car ne rêvez pas : la production de masse des objets avait besoin de jeunes gens audacieux, ingénieux, inventifs et même révoltés. Il fallait quelqu’un pour conduire la caravane publicitaire de la marchandise pour tous et pour chacun. Fondamentalement, essentiellement, le capitalisme de 1968, qui l’ignorait bien sûr, avait besoin de changement cosmétique et bruyant. Il en eut pour son compte.

Reste la critique écologiste. Oui, à qui appartient donc celle-là, si elle existe seulement ? Vous allez me trouver bien dur, mais je place sans hésiter le mouvement associatif et le mouvement politique incarné par les Verts dans le même sac, l’attachant à la traîne de 1968. Je crois, sans esprit de provocation, que les deux sont, dans leur plus grande masse, une queue de comète des événements du printemps 68. Avec le recul – je reconnais que tout est bien plus simple avec le recul -, que peut-on dire des associations écologistes et de protection de la nature ? Petit un, elles sont apparues parce qu’une jeunesse combative se mettait enfin de la partie. Auparavant, avant 1968, n’existaient qu’une poussière de sociétés savantes, et qui le seraient restées sans les barricades. Des sociétés savantes. Une poussière.

Petit deux, la jeunesse de 68 se mit à construire des huttes et des niches à partir desquelles, pensait-elle, on pourrait sauver cette nature qu’on savait menacée. Mais la pensée restait prise dans la glu d’un paradigme qui n’a pas dit son dernier mot quarante années plus tard : le progrès. Le développement. Les supermarchés. L’industrie nucléaire. Le produit intérieur brut. La croissance. L’économie. En refusant de sortir du cadre imposé par les droites et les gauches, en refusant d’assumer la rupture avec ce monde, les Frapna, Bretagne Vivante, WWF, Amis de la terre, Greenpeace ont fini par lui donner raison. Ce monde avait raison sur le fond, et ses critiques n’entendaient le réformer qu’à la marge, dans la forme extrême que prenaient les pollutions les plus évidentes, comme les marées noires. Les associations, dès lors, ne pouvaient, tôt ou tard, que se trouver intégrées au processus de la destruction en cours. Elles se croyaient différentes, elles n’étaient – hélas – que complémentaires.

Quant aux Verts, ce mouvement né officiellement en 1984, il est l’héritier en droite ligne d’un des legs les plus détestables de 1968. C’est-à-dire ce mélange d’individualisme petit-bourgeois et d’hédonisme que symbolisent si bien la « bataille » pour le haschisch et celle pour le mariage gay. Je prends la précaution de dire que je suis pour la dépénalisation totale des usages du shit, et que le mariage homo ne me pose pas davantage de problème que l’autre. Je le précise, à toutes fins utiles. Mais pour le reste ! Je sais qu’il existe quantité de militants formidables chez les Verts. Je le sais, car je les ai rencontrés. En nombre. Mais je sais que leur parti n’exprime rien d’autre qu’une douillette contestation franchouillarde du monde réel. J’assume : franchouillarde. Oh certes, vous trouverez toujours un communiqué sous la pile, qui condamne tout ce que vous voulez, et son contraire.

Certes. L’un des derniers que j’ai lus m’a d’autant plus saisi qu’il parlait de viande et de biocarburants, sujets auxquels j’ai consacré deux livres. Que disait le communiqué des Verts du 8 décembre 2009 ? Que « deux dérives doivent être particulièrement combattues pour lutter contre le changement climatique : la surconsommation de viande, d’origine industrielle, et les agrocarburants industriels ». Je devrais m’écrier : hourrah !, car je ne doute pas d’avoir joué mon rôle dans cette tardive prise de conscience. Mais je ne le peux. Car ce communiqué n’est hélas qu’un chiffon de papier. Rien d’autre.

Je sais bien que certains de vous me trouveront plus injuste encore que sévère. À ceux-là, je poserai une question : où sont leurs campagnes ? Où ? Écrire un communiqué prend trois minutes, et démontre aux naïfs que, décidément, rien n’échappe à la sagacité du parti. Mais veuillez plutôt me citer une mobilisation authentique et populaire, depuis vingt-cinq ans que les Verts existent, sur un thème vraiment central. Allez, je vous aide, en vous proposant quelques exemples : l’ours, le climat, le loup, le nucléaire, la maison passive, la surpêche, l’élevage industriel, les biocarburants, l’amiante, la qualité des eaux douces, les pesticides, l’agriculture biologique, la forêt, le Rwanda, le barrage chinois des Trois-Gorges et ses turbines made in France, etc, etc.

Vingt-cinq ans d’existence, des dizaines de millions d’euros dépensés, mais aucun mouvement d’envergure  jamais suscité. Est-ce bien normal, alors que tant de milliers d’heures ont été gaspillées pour des postes, des conflits de personnes, des causes subalternes ? Est-ce bien normal ? Je perdrai mon temps et le vôtre en rappelant tant d’épisodes que nous ne sommes plus que quelques-uns à savoir, et qui ne serviront plus à personne. Mon sentiment peut aisément se résumer : les Verts n’auront servi à rien. À rien d’autre qu’à mimer l’action tout en restant sur place. Ils n’auront pas même été capables de nouer des liens durables avec cette frange d’intellectuels critiques qui ne demandaient que cela. Avez-vous entendu parler d’un seul colloque marquant son temps, qui aurait été organisé par les Verts ? Contemporains de la crise fantastique et oppressante de la vie sur terre, ils n’ont rien su mener, rien su élever, ni su inventer. En revanche, oui, ils ont des sénateurs.

Une autre voie était possible, mais elle n’a pas été suivie. Elle ne fut parcourue que par une poignée de valeureux et d’inconscients. Je mets au premier rang d’entre eux, à jamais, Pierre Fournier l’inflexible. Cet homme unique, né en 1937, mourut hélas très jeune, en 1973. Il avait eu le temps, dans Hara-Kiri hebdo, puis Charlie-Hebdo, dans La Gueule ouverte enfin, de formuler une critique fondamentale de l’industrialisation du monde. Je feuillette en ce moment même Y en a plus pour longtemps, un livre paru après sa mort, qui reprend des articles sélectionnés par l’ami Roland de Miller, oui, celui de la Grande Bibliothèque de l’Écologie.

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Formidable Fournier ! Je vous offre une citation, qui vous fera comprendre qu’il était loisible de se battre autrement qu’il ne fut fait. Mais jugez plutôt : « Autrefois, pour empêcher les rats de bouffer les récoltes, les paysans des Alpes et de Scandinavie se crevaient la paillasse à construire d’admirables petites maisons de madriers empilés, hermétiquement closes d’une architecture aussi parfaite que les habitations japonaises traditionnelles sur lesquelles il fut de mode, il y a dix ans, de se pâmer. Aujourd’hui, ces greniers devenus inutiles sont retapés à mort par des banlieusards qui les aménagent avec goût pour y passer les vacances, et les semences de céréales sont conservées de manière rationnelle par enrobage au méthyl mercure. Lequel, entraîné par les eaux de ruissellement dans les lacs et les mers, se concentre dans le plancton, les coquillages, les crustacés, les petits poissons, les gros poissons, les animaux nourris de farine de poisson, les œufs, le lard et la margarine “végétale” à tel point que la France est obligée d’admettre comme “inoffensive” la dose de 0,7 ppm de mercure dans l’alimentation, dose 15 fois supérieure à celle tolérée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), mais rassurez-vous, les contrôles sont extrêmement sévères et l’on vous jure que cette dose, multipliée par 15, qui couvre largement les besoins de l’industrie française, n’est jamais dépassée ».

Lisez, relisez, et encore une autre fois. Moi, je ne m’en lasse pas. Il existait une autre voie que celle de l’acceptation de l’empoisonnement universel. Qui passait par le combat, ce gros mot qui fait claquer les dents de toutes les rosières de notre mouvement écologiste officiel. Est-il possible d’en sortir ? Est-il encore possible d’imaginer une génération politique autre que toutes celles, si semblables, qui tiennent la parole publique ? Je ne sais, je suis seulement certain que si l’on espère y parvenir, il faudra rompre. Les amarres. Non sans état d’âme, non sans crainte, non sans regret. Mais rompre, oui ! car aucune autre voie ne s’offre à nous. Tenez, encore quelques lignes de Fournier, qui datent, elles, d’avril 1969, dans Hara-Kiri hebdo :

« Pendant qu’on nous amuse avec des guerres et des révolutions qui s’engendrent les unes les autres en répétant toujours la même chose, l’homme est en train, à force d’exploitation technologique incontrôlée, de rendre la terre inhabitable, non seulement pour lui mais pour toutes les formes de vie supérieures qui s’étaient jusqu’alors accommodées de sa présence… Au mois de mai 68, on a cru un instant que les gens allaient devenir intelligents, se mettre à poser des questions, cesser d’avoir honte de leur singularité, cesser de s’en remettre aux spécialistes pour penser à leur place. Et puis la Révolution, renonçant à devenir une Renaissance, est retombée dans l’ornière classique des vieux slogans, s’est faite, sous prétexte d’efficacité, aussi intolérante et bornée que ses adversaires.  »

Fournier, ce frère.

47 réflexions sur « Ce qu’est une génération politique (un hommage à Pierre Fournier) »

  1. voilà un article dur à lire (c’est à dire dur à entendre car il fait mal)
    mais j’aime, tout en me sentant pas bien…

  2. On est secoué par ton article, comme toujours ô combien dérangeant… Mais une autre voie était-elle possible ? dans le contexte de l’époque je ne le crois pas. Quand un pays est à reconstruire, des millions de gens à loger correctement, eh bien on le fait et on continue sur sa lancée… et tant pis pour les sujets qui fâchent, et qui ne font qu’énerver une poignée « ‘d’écolos barbus »… C’est bêtement humain, c’est tout. Tu connais la chanson de Jean Ferrat : « ils quittent un à un leur pays… »
    Qu’était-il possible de faire pour résister à ces sirènes ?

  3. Hélène,

    je ne dis pas, et d’ailleurs je ne pense pas que l’on aurait pu faire autrement. La question que je nous pose est de savoir dans quelle direction aller et dans un deuxième temps d’évaluer nos chances de nous mettre en mouvement. Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

    Ossian,

    Merci.

    Fabrice Nicolino

  4. pour que cela change,il faudrait une prise de conscience qui vise a comprendre que l’on est tous dans le meme bateau(toute les formes de vie),et aller au déla de nos p’tit confort douillet qui nous rend malsain égoiste,et méfiant vis a vis des autres.En somme ce renoncement a ce monde ,ou tout a prix,ou tout est basé sur l’argent se fera plus facilement si les associations,et les politiques puissent changer de conception ,et etre plus incisif,plus courageux;pas gagner,car l’homme a ses habitudes:

  5. Implacable…on dirait Clint Eastwood mâchouillant son cigare juste avant de flinguer. Bon, mais comme d’habitude après t’avoir lu, qu’est ce qu’on fait? Pour en avoir fait un peu et en arriver aux mêmes conclusions que j’écrirai vraiment moins bien, et alors? Cà me casse ton texte, çà me remue, mais il est juste et merde il a raison qu’on a envie de dire, mais çà c’est un peu court je sais bien, quel mouvement? Sais tu? Des fois je pense à Sea Shepherd, mais là ya Paul Watson et suivre un homme charismatique c’est encore un autre problème, c’est encore suivre. Ailleurs, J’y suis allé, plus d’une fois et à chaque fois j’ai vu comment quelques égos bien placés manipulaient de bonnes et jeunes âmes pleine d’ardeur et de foi. Depuis, je me suis plutôt mis en retrait, à l’écart, dans les m^mes coins sauvages qui te parlent, jusq’à cet écran où je te lis, jusqu’à tes mots qui réveillent l’envie, mais quoi donc? En tout cas merci pour le texte, sa longueur et sa consistance

  6. fabrice tu es dure pour certaine association par exemple:le capitaine watson de greenpeace limite par ces actions en pleine mer ,la boucherie a l’encontre des baleines et autre cétacés, aussi sensible ,que certain bipède .et hulot qui par son film et es émissions est je pense sincère et actif.

  7. Lecteur de la gueule ouverte malheureusement disparue, je trouve que son successeur pourrait bien être « La Décroissance ».

  8. La mémoire, c’est aussi cela qui nous est volé par les bateleurs. Moi, je te remercie d’avoir su en restituer un pan aussi considérable dans un texte aussi court !

  9. Vingt-cinq ans d’existence, des dizaines de millions d’euros dépensés, mais aucun mouvement d’envergure jamais suscité. Est-ce bien normal, alors que tant de milliers d’heures ont été gaspillées pour des postes, des conflits de personnes, des causes subalternes ? Est-ce bien normal : Non pas normal temps de temps perdu.Moi même simple citoyen de basse,je voudrais tellement scoué certaines personnes.Alors on ait quoi.

  10. Vingt-cinq ans d’existence, des dizaines de millions d’euros dépensés, mais aucun mouvement d’envergure jamais suscité. Est-ce bien normal, alors que tant de milliers d’heures ont été gaspillées pour des postes, des conflits de personnes, des causes subalternes ? Est-ce bien normal : Non pas normal temps de temps perdu.Moi même simple citoyen de basse,je voudrais tellement scoué certaines personnes.Alors on fait quoi.

  11. Le grand tournant a été l’élection de Mittérand et la chappe de plomb qui est tombée sur la France. Pendant plusieurs années, toute activité syndicale et associative a été totalement anesthésiée, noyautée ou auto-censurée.

    Après, ça a été les années de l’argent fou de l’argent roi, des copains et des coquins, puis la montée du chômage.

    Combien se sont retirés alors, écoeurés, sans que les jeunes d’alors – aujourd’hui âgés de 35/40 ans – ne prennent la relève.

    Quand je relis des textes des années 70, j’y trouve une radicalité, une vitalité et une justesse de nombreuses analyses, impressionantes :
    croissance zéro, critique de la société technicienne, de la société de consommation, du productivisme.

    J’ai envie de dire que tout y était déjà. Mais qui était prêt à les entendre à cette époque ?

    Je pense que les temps changent et qu’une partie grandissante de la génération atuelle est prête à relever ce défi, avec des modes d’intervention et d’action différents.

    J’espère qu’elle sera plus entendue que nous.

    Entendue, oui, car nous sommes un certain nombre à avoir prêché dans le désert – aujourd’hui encore d’aillleurs !! – mais sommes-nous responsables du… désert ?

    Amitiés

    MH

  12. Excellent texte, de bout en bout !
    C’est ce genre de texte qui me fait apprécier ton blog en dépit de certaines divergences de point de vue notamment avec les commentaires ( Végétarisme, Apolitisme, comme l’a écrit Ossian, etc… ).
    Merci !

  13. Manuel,

    Mais pourquoi diable être gêné par la divergence ? Nous avons tous besoin de diverger, j’en suis bien certain. Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

    PS : De diverger, puis de converger.

  14. Mathieu, tu as raison. Je crois qu’on a été anesthésiés pendant toutes ces années. Incapables de penser qu’il pouvait y avoir une quelconque protestation ou critique de cette fuite en avant. Encore eût-il fallu que nous y pensions nous-mêmes, à critiquer quoi que ce soit… On n’avait pas le temps, faut dire !…
    Des jeunes cadres à qui on explique qu’il faut être mobiles, s’adapter, changer de métier, être « nomades » ou je ne sais quelle connerie largement relayée par la pub, la mode, les médias… Pendant qu’on court on ne pense pas.
    Maintenant qu’on s’est un peu arrêtés je crois qu’on se réveille…

  15. Excellent article, comme toujours. Quelle superbe analyse. C’est vrai que je n’ai jamais compris la médiocrité actuelle des « verts » et autresGreenpeace, leur absence d’action et de réflexion globale sur l’écologie.
    Mais avec un peu de recul, c’est vrai que tout s’éclaire ! (merci)

    @Slider : le capitaine Watson, un des cofondateurs de Greenpeace a justement quitté Greenpeace depuis longtemps, les jugeant inefficaces. Il a fondé « Sea Shepherd » et prône le végétalisme pour une défense réellement efficace de la nature dans sa totalité.

  16. Bel historique!… Moi aussi, je me suis abreuvée à ce qu’écrivait Pierre Fournier, j’ai adoré « la Gueule Ouverte ». Nous expérimentions ce que proposaient » les Fiches Ecologiques », « Bambois, la vie verte »… l’essentiel semblait retrouvé.
    Plus grand chose ne s’est ensuite passé, après 81, mais il nous a fallu du temps pour prendre la mesure de ce qui avait été concédé aux puissances d’argent que plus rien ne semble aujourd’hui pouvoir arrêter.
    Oui, la seule solution est de rompre les amarres et ce mouvement est en marche, à l’échelon local,avec ceux qui expérimentent une autre façon de vivre là où ils se trouvent, plutôt que de refaire le monde dans l’idéal,tout en partageant plus largement en réseau. C’est ce qui me paraît différent d’avant et aussi prometteur.
    Il nous faut des passeurs, des penseurs. Là aussi je trouve qu’il y a davantage de pragmatisme. Par exemple chez la philosophe Isabelle Stengers qui, face à la « barbarie qui vient » affûte des armes pour résister aux destructions du capitalisme tout en se gardant d’embellir les luttes à venir: « …ce qui vaut doit être d’abord défini comme vulnérable, ce que seront par définiton les dynamiques de création de savoirs, de luttes et d’expériences qui vont faire réponse à l’intrusion- chacune insuffisante en elle-même mais importante par ses répercussions éventuelles, parce qu’elle peut susciter d’autres créations. »

  17. On a cru que l’on pourrait changer les choses.
    On n’osait pas imaginer que cela irait si vite.
    On passait pour des catastrophistes, activistes.
    En montant un cran au dessus on nous aurait enfermé.
    Je ne suis pas optimiste mais cela va changer obligatoirement.
    A la différence de la crise environnementale dont les effets sont apparement lents progressifs et constants ce qui laissait croire que l’on avait du temps.
    Par contre les crises sanitaires qui arrivent vont provoquer des réactions imprévisibles rapides, cela peut péter à tous moment.
    A la dernière guerre la France était encore rurale et disposait de « circuits cours ».
    Modifier notre alimentation est prioritaire dans un premier temps.
    Pour l’article ce qui est dur c’est de reconnaitre que nous avons perdu et surtout de penser à renoncer.
    Ton article Fabrice est parfaitement de circonstance. C’est le moment ou nous devons nous remettre en question.

  18. Pierre Fournier tout le monde s’en fout. L’important c’est le prix Nobel de la paix et sa fausse croisade écolo;comment l’OMC va pouvoir continuer à déréguler-réguler-enculer les pays pauvres pour les pomper et combien la Chine va nous acheter d’EPR sans explosion sociale.
    Je n’ai jamais connu Pierre personnellement mais à l’époque je peux vous dire que j’ai été très triste comme tous ses amis de Charlie-hebdo,de la gueule ouverte et leurs lecteurs.
    C’était au temps du Larzac des manifs anti-nuclèaire. Je m’en souviens. Les luttes écolos avaient du sens à nos yeux avec ce genre de types, car il était animé d’une telle conviction que nous ne pouvions ne pas adhérer à son combat d’écolo juste car basique.
    Que reste-t-il de tout cela ?
    Cohn Bendit ?
    Merci je n’ai pas faim d’écolo-politico-économico
    spectacle? C’est pour cela que nous parlons très très peu et que nous agissons dans l’individualité la plus totale en pensant à Pierre Fournier de temps en temps. Comme il aurait-été foudroyé une deuxième fois en voyant l’état de la planète et du cerveau humain.

    léonard

  19. Bravo pour votre analyse; ancienne soixante huitarde ayant fait à l’époque un passage chez Krivine and co je suis très déçue de l’absence de dénonciation radicale de notre mode de pensée et de vie par les écologistes officiels. Ce serait pourtant essentiel pour qu’un grand nombre de gens, pourtant conscients de ce qui nous attend, cessent de faire l’autruche en espérant que ça dure le plus longtemps possible comme actuellement .
    Par exemple, j’ai entendu à plusieurs reprises Yves Cochet dire courageusement qu’il faudrait arrêter la croissance de la population humaine par des mesures incitatives, mais je n’ai entendu aucun des verts ou autres écolos reprendre dans les médias ce sujet tabou

  20. Suite de mon mot précédent: je crains que nous soyons en guerre: très schématiquement guerre de ceux qui croient fondamentalement en la croissance, la concurrence à tous crins, l’homme au sommet de l’évolution etc, contre ceux qui pensent symbioses, respect des autres vies, biosphère ou Biogée (cf M Serres).
    Il me semble malheureusement que jusqu’à présent, dans l’histoire humaine, ce sont les premiers qui ont prévalu et qu’ils continuent à dominer; qui ou quoi les arrêtera?

  21. Concernant Yves Cochet, ceux qui critiquent l’idéologie de croissance et la société de croissance (les objecteurs de croissance dont je suis) ont dit clairement qu’ils préféraient un enfant supplémentaire qui ne prendrait pas plus que sa part écologique aux 620 vols Paris New-York à cette naissance serait équivalente.(1)

    Plutôt que « courageux » et « tabou » je dirai que cette prise de position malthusienne est poncive et récurrente et lassante chez certains verts qui s’accommodent bien de l’idéologie de progrès et de l’écologie marchande.

    note :
    (1) : http://www.decroissance.org/ « Les enfants ou les avions »

  22. Pierre Fournier regrettait que le militantisme ai pris le pas sur sa passion, le dessin. Il avait lu « Le printemps silencieux » de Rachel Carson et militait par obligation, pour ne pas laisser le dernier mot aux chimistes de l’agroalimentaire ou aux promoteurs du nucléaire. Avant la gueule ouverte – les premiers numéros étaient sous-titrés « le journal qui annonce la fin du monde » – il y eu ces « Carnets d’avant la fin du monde » édités en 2003 par Buchet-Chastel. Sublime.

  23. Et dire que pas plus tard qu’hier j’expliquais à ma copine que finalement ce n’est pas la méchanceté de quelques uns qui précipitera la fin de notre espèce sur cette belle planête mais bien la bétise et l’ignorance…
    T’es un peu dur Nico au sujet de ceux avant 1914 : tu oublies de parler des grands mouvements du 19eme siècle, des foules, femmes et enfants, en lutte dans la rue, assassinés à bout portant par les versaillais et pas que lors de la commune ! Mais là s’est construit (hugo grand témoin) la suite des lumières malgré le 18 brumaire !
    Trois révolutions écrasées dans le sang : les riches avec l’armée contre les pauvres dans nos rues !
    Il est curieux mais instructif de constater combien la mémoire du 19eme est peu discutée tellement elle ressemble à ce que l’on vit aujourd’hui à l’échelle du monde… Curieux oui, mais encore une affaire de bétise et d’ignorance…
    Oui on va tous mourir avant l’heure du fait de cette bétise crasse et de cette ignorance, mais en attendant on rigole bien avec nos enfants et quand l’heure sera venu du grand sacrifice au moins on pourra dire : « ben nous, les enfants et les amis on s’est un peu battu d’accord mais en tout cas on a bien rigoler et même que on s’est aimé et que c’est ça qui fait tenir l’univers ! A nous les étoiles une fois qu’ici se ne sera plus tenable ! On sera mort mais on bandera encore ! »

    Allez vous reprendrez bien une part de choucroute !

    Merci de ton blog !

  24. 68 me semble avoir été une chance gâchée. La fenêtre des possibilités avait été enfoncée. Le vent d’une certaine forme de liberté l’a aussitôt refermée. Sans que nous eûmes le loisir de nous en rendre compte, trop chloroformé par une ivresse de consommation. Les programmations de nos vies se sont alors accélérées, débranchant nos libre-arbitres, gommant nos temps de cerveau utile. Le piège se referma alors, nous laissant entre la peur de renoncer et une jouissance de l’instant. Adieu les grandes et belles idées. Adieu la renaissance d’une société axée sur la véritable grandeur de l’Homme. Notre meilleure, voire notre seule arme nous a été confisquée : la spiritualité n’est plus en odeur de sainteté. Vilipendée. Montrée du doigt. Ridiculisée. Et nous restons là, dans le brouillard aveuglant de notre consumérisme bafouant tant la nature qui nous héberge que notre la nature divine qui nous fonde. La machine folle qui produit notre jouissance immédiate, fabrique désormais toutes nos peur et semble sceller le destin pitoyable des petits Frankenstein que nous sommes devenus. La solution n’est assurément pas dans le système. Elle est hors du système. Elle passe sans nul conteste par une réappropriation d’une véritable et solide spiritualité. Je ne parle pas de religion, mais de spiritualité. Le système actuel a beau jeu de brouiller les pistes et les cartes pour connoter le terme de « spiritualité » et l’assimiler à toutes les déviances. Forcément, puisqu’il est le seul rempart à même de nous débarrasser de ce vide qui fait de nous des marionnettes consommant les paroles, les idées et les produits générés par un système prétend être le seul à savoir faire notre bonheur. En vérité, non pas tant le nôtre, mais celui d’un petit pourcentage de décideurs qui n’a aucun intérêt que les esprit se désembrument et les coeurs se fortifient.

    Trempons nos âmes, élevons nos esprits et fortifions nos coeurs ! Plus les âmes seront fortes et nombreuses, plus les possibilités d’en finir avec cette civilisation mortifère surgiront en nous et autour de nous.

  25. L’idée a jauni,

    Je suis d’accord, totalement d’accord. Ou nous saurons utiliser la force inouïe de l’esprit, ou nous périrons d’une manière ou d’une autre. La spiritualité est l’énergie renouvelable la plus puissante de toutes. Merci !

    Fabrice Nicolino

  26. @lionel
    Le problème démographique en est bien un. Notre planète reste un espace fini, et toute croissance de consommation d’une ressource finie aboutit à la pénurie.
    La question, qui reste sans réponse, est de savoir quel est le nombre maximum de personnes pour un niveau de vie donnée. Les réponses vont fortement varier en fonction de ce que chacun estime comme étant un bon niveau de vie : nul doute qu’un certain nombre de personnes s’accommoderait de vivre toute leur vie dans un petit appartement dans une tour à manger des algues et que la nature n’existe plus que dans les zoos. Quand d’autres estiment bien dommage de ne pouvoir manger de la viande tous les jours et passer ses week-ends dans des îles paradisiaques abandonnées parce qu’on est trop nombreux pour pouvoir se permettre ce luxe et qu’on n’a pas 6 milliards d’îles sous la main…

    Selon ce qu’on veut, on est en sous-population, ou on a le temps de voir venir. Mais si on estime maintenant avoir le temps, reste que la planète ne peut supporter une croissance démographique infinie, et il y aura toujours une limite, du moins jusqu’à ce qu’on ait les voyages spatiaux et qu’on puisse s’installer un peu partout dans l’univers…

  27. L’idée a jauni 😉 et Fabrice,
    alors là je vous rejoins totalement. On a tellement proclamé : « Dieu est mort » que l’on a tué l’idée de l’élévation de l’esprit…
    A vouloir défendre à tout prix la laïcité (laïcité que je soutiens, bien évidemment) on a confondu religion et obscurantisme, et l’on s’est retrouvé avec de petits bricolages persos, entre astrologie et New Age, ou petits morceaux glanés par-ci par-là et pas trop contraignants…
    La seule et vraie religion est devenue la trilogie : Science – Progrès – Consommation.
    Et gare à ceux qui doutent : l’Inquisition les brûlera sans sommation !

  28. Mouais, je ne suis pas du tout sûr que les croyants de tous poils soient plus soucieux que les autres de la « crise écologique », tant la plupart des religions sont avant tout centrées sur l’Homme – voire l’homme !
    Il reste toujours la possibilité d’un panthéisme qui, évidemment, n’exclurait pas l’être humain…

  29. @Bruno. Bah non, quand même ! Mais comme j’ai une bonne mémoire, je m’en suis souvenu. Ensuite, y a plus qu’à trouver, ce qui n’est pas bien compliqué avec un moteur de recherche et des mots-clefs…

  30. Je n’aime pas quand tu te mets à descendre en flammes tous les mouvements militants en les identifiant à leurs dirigeants. Je trouve ça stérile et faux. Séduisant, car notre désespoir est tel que trouver un coupable, ou encore mieux DES coupables l’apaiserait un peu. Mais foncièrement inutile, ou pire, destructeur.

    Ce qui est passé, c’est passé, et çà, c’est VRAIMENT « écrit », personne ne peut changer le passé. Je trouve complètement vain de s’imaginer que ça aurait pu se passer autrement si les militants d’autrefois avaient été… quoi? plus vertueux? plus lucides? plus combattifs?

    Ils ne l’ont pas été. POINT.

    La question, maintenant, c’est pas de chercher si c’est la faute à Voltaire ou à Rousseau. C’est: que fait-on des leçons du passé, dans quelle direction on cherche? C’est dans la concertation entre les vieux, qui ont vécu tout ça, et qui sont un peu fatigués, et les jeunes qui ont l’énergie mais pas l’expérience que peut se construire l’avenir.

    Qu’il y ait urgence ne change pas au fond de l’affaire: comme en jardinage, il est inutile de tirer sur les légumes pour les faire pousser plus vite. Les vilipender, leur faire honte, ne sert de rien.

  31. Cultive ton jardin,

    Je suis navré de ta lecture de mon texte, mais j’imagine que je n’y peux rien. Je me suis toujours constamment inclus dans les critiques que j’adressais au mouvement écologiste, car j’en fait partie. Et d’un. Je suis bien entendu convaincu que la connaissance du passé, sans oeillères et sans complaisance, est l’une des conditions pour avancer. George Santayana : « Ceux qui ne souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre ». Et de deux. Enfin, je ne souhaite évidemment culpabiliser personne. À quoi bon, au point où nous sommes ? Mais faire appel au sens des responsabilités, alors là, oui. Et de trois.

    S’il est une chose dont je suis certain, c’est qu’il faut sortir la tête de ce qui a été tenté. Tu n’es pas tenue d’être d’accord, et heureusement !

    Fabrice Nicolino

  32. Pour en revenir au début du XXème siècle, en 1906, à Amiens le congrès de la CGT adopte une charte dans laquelle est programmée la disparition du salariat; un siècle après, les syndicats appellent à la mobilisation pour  » une journée mondiale pour le travail décent  » . On mesure l’étendue du chemin parcouru!

    P.S. J’ai envoyé par erreur ce commentaire à la suite du billet précédent.

  33. Fabrice ne glisse pas dans la facilité de te mettre dans le beau du chevalier vert (tout en déniant le prendre). C’est trop facile de critiquer ses voisins les plus proches pour mieux souligner qu’ils n’ont pas leur pureté et leur intelligence. Au fond qu’as tu fait pour l’écologie politique à pars gagner de l’argent en écrivant des bouquins pour des convaincus ?

    Contrairement à ce que tu pense, l’écologie politique sera libertaire ou ne sera pas. Une limitation de l’accapartion des ressources, un indispensable partage plus important des ressources, imposent de telles contraintes aux hommes, par rapport au système économique actuel qu’il sera indispensable de veiller à leurs libertés. Plus la contrainte collective est forte, plus les libertés individuelles devront être protégée. Le libertarisme est le contraire de l’individualisme, et nous sauvera du fascisme vert, menace réelle.

    Sinon je trouve dommage que tu confonde action associative (faire des campagnes, sensisbiliser l’opinion sur des sujets) avec l’action politique (gagner des élections pour mettre en place des politiques publiques). Sur tous ces sujets les verts se battent aux Parlements, dans les collectivités,… où ils sont partout minoritaire. Tu trouveras des exemples partout, si tu prenais la peine de les cherche au lieu de rester dans ta tour d’ivoire.

    PS à Freddi et aux lecteurs de la décroisance : Quant au journal la décroissance le terme qui lui convient le mieux est stalinien. On peut être pour la décroissance et dénoncer ce journal fascisant dans sa capacité à détruire systématiquement tout ce qui n’est pas aussi purement écolo que lui (même Kempf, Cochet et Rahbi ont été vigoureusement dénoncé par ces petits Vychinski). Qu’on m’explique en quoi ce journal est écolo.

  34. Un bon rappel de l’histoire, qui m’a permit de mieux connaître le visionnaire qu’était Pierre Fournier, nécessaire pour ne pas commettre à nouveau les mêmes erreurs.

    Cependant, pour réussir dans l’avenir, n’oublions pas non plus les succès du passé concernant l’écologie (protections réussies de certaines espèces : vautour fauve, début d’une politique d’économie d’énergie dans certaines collectivités…)et des victoires de résistants, tel Georges Guigouin, souvent oubliés des officiels.

    http://209.85.229.132/search?q=cache:p6wZoGnbmZsJ:www.crdp-reims.fr/cddp10/actions/CNRD/2002/Bio.doc+georges+guingouin+biographie&cd=2&hl=fr&ct=clnk&gl=fr

    Pour permettre une prise de conscience efficace de la nécessité de l’écologie, il ne faut pas tomber dans l’intégrisme comme l’on fait auparavant les religieux et les soviètiques.

  35. Bonjour,
    je découvre cet article et je partage aisémment ce qui en ressort!
    Le constat et la critique ne sont pas incompatibles!
    Je ne connais pas très bien toutes ses associations écolos, mais elles ne me plaisent pas trop.
    Aujourd’hui, je ne crois qu’aux actions individuelles, parce que le collectif…c’est pas brillant!
    On nous parle de Coppenague, de tri sélectif (que je pratique depuis 1992), j’en passe et des moins bonnes et que vois-je quand je me ballade en vélo (mais pas seulement), des détritus (bouteilles plastiques, canettes alu, emballages divers…) qui jonchent les bords des routes et fossés et ce partout en France, avec une plus forte concentration à proximité des villes et lieux de vies; mais aussi malheureusement parfois dans des lieux pourtant magnifiques (en pleine nature).
    Au hit-parade des marques de ces emballages (Mac-do, Coca-cola, Quick, Kronnenbourg, Bavaria…), que du bon!
    J’ai quarante années, mon père à fait 1968 (mais il était CRS…), c’est un homme instruit (plus que certains enseignant) et c’est un vrai écolo et ce depuis toujours!
    Alors voilà, pas besoin d’être de la Gôche bien pensante pour respecter l’environnement et pas besoin d’avoir eu une culture familiale revendicative et anti-tout pour être un bon citoyen.
    N’en déplaisent aux anciens de 1968!

    Fabrice, merci pour cette phrase:
    « Mais pourquoi diable être gêné par la divergence ? Nous avons tous besoin de diverger. »

    « L’intellectuel est si souvent un imbécile que nous devrions toujours le tenir pour tel jusqu’à ce qu’il nous ait prouvé le contraire. » (Georges Bernanos, Intellectuel)

  36. je suis de 1953, comme José Bové, Marco Camenish, Bruno Manser, Kris Wood, pour citer d´autres écolos nés cette année-là.(et parfois déjà tués, ou pour Marco libérable en 2018!). En 71 j´avais été enthousiasmé par la manif anti-nucléaire « Bugey-Cobayes » et en juillet 72 je serai avec Pierre Fournier, Emile Prémillieu et Martine Joly à Outrechaise, près d´Ugine, pour créer la Gueule Ouverte dont le premier numéro sortira à l´automne. Je n´étais là que comme un jeune utopiste de 19 ans, en route pour un périple qui me mènera cet été 72 à visiter une quarantaine de communautés écolos-gauchistes… Effet « 68 », je ne suis jamais « entré » dans le système, j`ai vécu en communauté dans les Pyrénées, on m´a déjà mis en prison, et cela ne m´étonnerai pas qu´on m´y remette car je suis définitivement un rebelle et un résistant, de retour de Copenhague et en ce moment au congrès des JUKSS, ces jeunes écolos anars allemands…Depuis plus de 40 ans, j´ ai toujours 20 ans et une rage intacte…

  37. Et un hommage à Émile Prémillieu qui vient de disparaître ? Sans lui, la Gueule ouverte n’aurait peut-être jamais vu le jour, et sans nul doute n’aurait pas survécu bien longtemps à Pierre Fournier.

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