Borloo dans le rôle du fieffé (voir définition)

Borloo est malin. On ne lui retirera pas cela. Ce ministre de l’Écologie, ancien et toujours grand pote de Nanar Tapie, sait comment profiter des écrans de fumée. L’affaire Bettencourt-Woerth occupant tous les esprits et tous les regards, monsieur se glisse entre deux paravents, masqué, et frappe. Un grand coup, je dois dire. La suite n’est pas de moi, et se décompose en deux parties.

Un, le journal Le Monde écrit ceci en octobre 2007, quand la farce du Grenelle de l’Environnement permet à Borloo de faire le beau : « Première déclaration du ministre de l’écologie lors de l’ouverture des deux journées du Grenelle de l’environnement, mercredi. Le premier ministre, François Fillon, et le ministre de l’écologie, Jean-Louis Borloo, ont ouvert, mercredi 24 octobre, la table-ronde finale du Grenelle de l’environnement, qui doit durer deux jours. A l’ouverture des débats, M. Borloo a annoncé au journal Le Monde la décision d’arrêter la construction d’autoroutes (sauf les contournements de villes) et le lancement d’un programme d’isolation de l’habitat financé à hauteur de 20 milliards d’euros par l’Etat ».

Deux, et cela date de ce 1er juillet 2010, communiqué des associations Agir pour l’environnement et Réseau Action Climat. Vous trouverez sans moi le commentaire adéquat. Ah ! ce qui suit est un copié-collé, et cela vaut le coup, croyez-moi.

Jean-Louis Borloo ministre des autoroutes ?

Paris, le 1er juillet 2010 – Coup sur coup, le ministre de l’Ecologie a annoncé la construction de trois nouvelles autoroutes en France : l’A9bis à Montpellier, la future autoroute entre Castres et Toulouse et la mise en concession de la RN154 entre Orléans et Dreux (Décision parue au JO du 1er juillet 2010). Pour les associations, cette triple décision est le signal d’une relance autoroutière qui ne dit pas son nom.

S’il fallait une preuve supplémentaire de la mort clinique du Grenelle de l’environnement, cette triple décision ministérielle permettrait d’étayer les doutes des acteurs associatifs les plus critiques.

Alors que la loi Grenelle 1 impose à l’Etat de publier, avant la fin 2009 (!), un Schéma national des infrastructures de transport dans lequel tous les projets autoroutiers doivent être évalués à l’aune de critères écologiques, énergétiques et climatiques, le ministère de l’Ecologie se presse d’autoriser de nombreux projets grenello-incompatibles afin d’éviter toute évaluation rigoureuse.

Pour les associations, cet écoulement de bitume aux quatre coins du territoire est un véritable bras d’honneur à toutes celles et ceux qui ont pu croire au Grenelle de l’environnement. Entre le discours du ministre de l’écologie et l’application concrète du ministre des autoroutes, la rupture est désormais largement consommée.

L’incohérence entre le dire et le faire est telle qu’il y a lieu de s’interroger non seulement sur cette soit disant révolution écologique née du Grenelle de l’environnement qui proroge un modèle de développement et un système de transports énergivores mais également sur l’honnêteté d’un processus de concertation présenté comme exemplaire.

29 réflexions sur « Borloo dans le rôle du fieffé (voir définition) »

  1. Voilà tout l’intérêt de mettre des « sauf » et des « SI ».

    Plus de nouvelles autoroutes sauf si utilité publique (DUP, dans le jargon)…

    Réduction de 1/2 des phyto les plus dangereux SI possible…

    Respect des trames vertes et bleues si possible…

    Avec des SI, on mettrai le grenelle en bouteille
    (puis au recyclage)

  2. A cela il est possible de rajouter ceci :

    La “trame verte et bleue”, l’une des mesures phare du Grenelle de l’environnement, destinée à protéger la biodiversité, n’empêchera pas la construction de routes ou de lignes TGV.

    Les députés et les sénateurs réunis en commission mixte paritaire, mercredi 16 juin, afin d’harmoniser leurs positions sur la loi Grenelle 2, ont en effet affaibli le statut juridique de cet outil, qui vise à créer des corridors écologiques reliant les zones protégées. Le texte voté par l’Assemblée nationale prévoyait la “compatibilité” des infrastructures linéaires de l’Etat avec les schémas régionaux de cohérence écologique, déclinaisons locales de la trame. Le texte final stipule qu’elles devront seulement les “prendre en compte”.
    C’est cela oui. D’avance, Merci monsieur les préfets et autres zélés serviteurs de l’application de ces textes ; il y en a tant de ces monsieurs et dames zélites zélés des collectivités acharnés à détruire tout ce qui bouge comme tout le monde! mais attention en costard cravatte!. c’est plus classe!
    Enfin, bon : gouvernement parlement, aménageurs : meme combat.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Fragmentation_%C3%A9copaysag%C3%A8re

    « Pour toutes ces raisons le réseau routier interdit la circulation transversale et longitudinale de nombreuses espèces. Ce faisant, il perturbe fortement les diffusions et les flux naturels de gènes indispensables au fonctionnement normal des écosystèmes. La fragmentation des écosystèmes est également responsable de la perte de diversité génétique : les espèces, confinées dans des habitats de plus en plus restreints sont condamnées à l’endogamie, ce qui provoque des problèmes de consanguinité et de dérive génétique.

    Les réseaux d’infrastructures et l’urbanisation qu’ils encouragent continuent en outre à consommer de l’espace naturel agricole (l’équivalent surface de deux départements serait déjà imperméabilisé et donc transformé en quasi-désert biologique ou espace écologiquement très appauvris en France ; l’imperméabilisation qui présente quelques avantages pratiques à court terme, se paye en sécheresse, en inondation et en érosion, en pollution et en nuisances »

  3. Et encore vous n’avez rien vu. Des nominations au ministère du « développement durable » du béton sont programmées qui auront une signification forte sur les orientations à venir.
    Borloo est un avocat ne l’oublions pas! D’une cause à l’autre…l’important est d’exister!

  4. Fabrice,

    Les qualificatifs qui me viennent à l’esprit sont certes peu nombreux, mais à en choisir un seul j’avoue avoir quelques difficultés.

    René.

  5. @Marie. Du rap spirituel, le Borloo serait en pleine dissonance cognitive s’il l’apprenait.
    Bon, j’espère que c’est pas une découverte pour toi, parce que le lien a déjà été mis en ligne, le 12 mai 2009 !!! 😉

  6. L’A65, entre Langon et Pau (pour relier Pau à Bordeaux) est en train d’être terminée. Décision prise juste après ou pendant le Grenelle…

    Sur une bonne partie du parcours, il y a aujourd’hui à peine 5000 véhicules/jours, soit en gros 100 par heure pour chaque sens, soit en gros 2 par mn…

    Les Gredins de l’Environnement ont déjà frappé.

    Ils continuent ? Serait-ce compulsif ?

    C.

  7. Quand on regarde attentivement la nature des débats concernant l’A 831 (et les projets qui l’ont précédé – voir ici : http://marais-poitevin.org/html/A831.htm), reliant Fontenay-le-Comte (85) à Rochefort (17) à travers le Marais Poitevin, on s’aperçoit qu’à aucun moment n’a été abordé la possibilité de voir les choses un peu différemment, de ne pas penser « tout bagnole ». Pas étonnant, pourrait-on dire. Mais il n’est pas question que des bétonneurs. C’est kif kif pour les collectivités, le ministère de l’environnement…
    Qu’en dit Mme Royale, celle qui prétend avoir sauver le Marais Poitevin ? Elle avait quand même permis que Niort soit contourné par l’est et non l’ouest par l’A31, épargnant ainsi les marais mouillés orientaux. La retournitude de veste lui fait-elle regarder ce nouveau projet avec bienveillance ? Bon pour le développement économique de la région ?! On aurait aimé en tout cas que la LPO ne se compromette pas. C’est raté.

  8. Hacène, j’aime ton post « la douceur dans ce monde de brutes ». quant à la primeur du post de Kenny Arkana? (Quel nom! qui la produit?) on est bien tous d’accord et vive Hacène, notre phare à tous.

    une petite piqure de rappel n’est pas de trop, quand meme.
    je ne l’entends pas très souvent sur les ondes? meme sur radio nova (sauf erreur).
    la marée noire continue (rappel)

  9. @ Hacène, voilà qui est pointé du doigt ….ce n’était donc moi puisque c’était toi ! César, va ! je te poste mes « mercis » et une bise ! sans rire, kenny Arkana m’a permis de parler écologie avec pas mal de jeunes . Par ailleurs, elle me touche beaucoup .

  10. Phare, phare, euh ouais : brillant comme une veilleuse !
    On entend peu KeNy Arkana ? Bien possible, je n’écoute pas de radio musicale ; mais je n’ai pas de mal à le croire.

    @Bénédicte. Après le « Javer » de Fabrice, voici ton « César ». Mazette ! Serait-ce l’escalade ?! Tu quoque ?

  11. Après cette digresssion autour de Keny Arkana et pour en revenir à Borloo, ce fieffé ne limite pas son action aux autoroutes, si l’on en juge par l’amendement présenté et adopté le 7 mai dernier, comme on peut le lire ci-après.

    « Grenelle: le discret amendement qui facilite les rejets radioactifs, par Laure Nouahlat

    Dans le magma d’articles discutés la semaine dernière dans la loi Grenelle 2, l’un d’entre eux a peu fait parler de lui. Il concerne les rejets dans l’environnement des installations nucléaires.
    Cet amendement supprime purement et simplement la procédure d’enquête publique pour toutes les demandes d’augmentation des rejets radioactifs et chimiques et des prélèvements d’eau des installations nucléaires.
     
    Adopté vendredi sans être véritablement discuté, il fait partie des amendements proposés par le gouvernement, «ce qui signifie qu’il a été imposé très discrètement», signale Arnaud Gossement, juriste spécialisé en environnement. Pour lui, ce texte constitue une grave entrave à l’information du public justement.
    En matière nucléaire, une autorisation est nécessaire quand on modifie notablement l’activité de l’installation car celle-ci peut entraîner une augmentation des rejets dans l’environnement. «Or, dans sa formulation, l’amendement dissocie augmentation des rejets et modification de l’activité: plus besoin de modifier son installation pour rejeter plus dans l’environnement, donc plus besoin de mener une enquête publique», explique Arnaud Gossement.
    «Un blanc-seing donné à l’industrie nucléaire»
    «Il suffit désormais de mettre l’information à disposition du public». En effet, pour le gendarme du nucléaire, une installation peut avoir des rejets supérieurs à ceux prévus par les décrets sans qu’on ait modifié notablement son activité, ni doublé la production. «Il existe des cas où on constate des rejets supérieurs de quelques pour-cent, ce qui n’est pas significatif», justifie Julien Collet. Par exemple, quand les installations vieillissent — ce qui est le cas actuellement — ou lorsqu’on charge un combustible plus enrichi…
    Lors de la canicule de 2003, il a également fallu adapter les températures de rejet de l’eau dans les fleuves. Dans ces cas-là, donc, il ne sera plus nécessaire de mener une enquête publique pour obtenir une autorisation. Pour le Réseau Sortir du nucléaire, cela constitue «un blanc-seing donné à l’industrie nucléaire pour accroître discrètement les atteintes à l’environnement et aux êtres vivants, la pollution des milieux naturels et la mise en péril de la biodiversité des milieux aquatiques».
    «L’amendement vise à consulter le public là où on ne le consultait pas, rectifie Julien Collet de l’ASN. Il introduit une information du public quand il n’y a pas de modification notable de l’activité du site.» Certes, mais les décisions seront prises sans enquête publique. C’est là que le bât blesse pour les ONG car l’enquête est garante d’une bonne information du public: elle dure plusieurs mois, elle impose aux exploitants de mettre toutes les informations à disposition du public durant 30 jours, un commissaire-enquêteur est nommé par un tribunal administratif et une étude d’impact accompagne généralement le tout.
    Pourquoi l’ASN a-t-elle besoin d’une procédure plus pratique et plus rapide aujourd’hui? Dans le passé, de nombreuses centrales ont déjà produit des demandes d’autorisation de rejets et de prélèvements (Darpe), de plusieurs milliers de pages, officiellement pour «mettre en conformité les rejets réels des installations et la réglementation». Comprendre que les installations rejettent déjà plus que les réglementations ne les y autorisent. »

  12. @ Hacène, Lapsus calami ! et j’ai fait tellement pire en latin ! (inutile d’ajouter d’autres langues preuves à l’appui, merci !!!)

    @ Léa, merci .

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