Je ne devrais pas, je sais. Parler des aventures sexuelles de SAS (Son Altesse Sérénissime) Nicolas 1er et de mademoiselle Carla, cela ne se fait pas. Mais justement, je n’en parlerai pas. En revanche, il n’est pas interdit, sans sombrer dans le voyeurisme, de poser une ou deux questions périphériques. D’abord, sur le lieu où notre maître a daigné convoquer ses domestiques, accessoirement photographes. Peut-être l’ignorez-vous, mais les photos du couple de l’année – ou du siècle, ou de la demi-heure ? je ne sais plus – ont été offertes au peuple en liesse depuis le parc Disneyland, situé en Seine-et-Marne.
J’ai quelque mal à imaginer une adresse plus tragique, en France du moins. La plaine de la Brie, l’une des plus riches au monde, a d’abord été massacrée par l’agriculture industrielle, en grand. Puis est arrivé Laurent Fabius, Premier ministre de la France à l’été 1984, par la grâce du roi François. Nul autre politique de premier plan n’aura davantage aidé au triomphe briard de Walt Disney Productions. Fabius est l’homme de cette monstruosité, au service de l’aliénation de masse et de l’industrie transnationale. Notez avec moi que Fabius est aujourd’hui, comme hier, avant-hier, et pour l’éternité, un écologiste. Si. Puisqu’il le dit.
Disneyland n’est pas seulement le triomphe absolu de la laideur, auquel s’ajoute un immense programme de promotion immobilière. Ce projet inhumain a également stérilisé des milliers et des milliers d’hectares d’une des terres agricoles les plus favorables qui soient. Et dans le monde tel qu’il est désormais, un tel acte porte un nom : il s’agit d’un crime.
Donc, Disney. Sarkozy et Bruni, bras dessus-bras dessous. Pourquoi ce sentiment d’accablement ? Mais parce que notre président démontre une fois de plus, qui semble ne jamais être de trop, qu’il vit dans un temps absolument dérisoire. Plus rien ne compte qui puisse dépasser l’image du jour, effaçant celle de la veille, juste avant d’être balayée à son tour. Nous sommes, lisez ou relisez, dans l’univers abominé de Winston Smith, le héros du 1984 d’Orwell. Personne ne rappellera, car personne ne se souviendra bientôt, que Cécilia était il y a quelques semaines, dans les textes de son cher époux d’alors, C. Pas Cécilia. C. La fleur, la tendre, la belle, l’inoubliable.
La voilà au tombereau, comme un chou-fleur périmé, prête à la décharge. Bien entendu, cela pue, inutile de se le cacher. C’est infâme, indigne d’une relation au cours de laquelle un enfant aura été conçu. Et en nous rendant spectateurs de ce dégoûtant spectacle – il y avait urgence ! Nicolas baise Carla depuis au moins un mois ! -, Sarkozy nous rend fatalement complices.
Cela pue de tous côtés, assurément. Mais en outre, on voit bien, au passage, combien notre président est incapable de seulement effleurer la réalité de la crise écologique. Car cette dernière est complexe, très complexe, planétaire ô combien. Et elle exige de prendre en compte des milliers de paramètres, dont certains nous sont pourtant cachés. Dont certains, non des moindres, impliquent ceux qui nous ont précédés. Dont d’autres concernent ceux qui ne sont pas encore nés. La crise, cette crise commande une énergie intellectuelle et morale qui reste encore à rassembler, si par miracle elle existe quelque part.
Sarkozy n’est lui qu’un pénible bouffon. Un histrion obscène, toujours au bord d’embrasser Jean-Marie Bigard sur la bouche. Il ne peut que passer à côté des questions réelles, et dans ce domaine du moins, il ne nous décevra pas. Avis à tous les couillons, restons poli, qui lui ont décerné un brevet d’honorabilité au cours du désatreux Grenelle de l’Environnement que vous commencez à connaître. À ce propos, je vous signale une analyse d’un véritable écologiste, que je n’ai jamais rencontré, mais que je considère pourtant comme un ami, Christian Berdot (http://www.amisdelaterre.org). Je crains qu’il ne nous reste du pain sur la planche.