Archives mensuelles : juin 2009

Leçon de géographie chinoise (et de morale)

Un journaliste peut-il devenir un épidémiologiste ? Peut-il se transformer en un lanceur d’alerte scientifique de premier rang ? La réponse est oui. Et le nom du gagnant est Deng Fei. Ce Chinois vient de publier dans une revue de Hong-Kong, Fenghuang Zhoukan, une série de données tristement passionnantes. Dans un premier temps, il a épluché systématiquement la presse officielle de son pays. Je n’ose imaginer l’ennui.

Mais il est vrai que les journaux d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier, et que des moments de vérité y surgissent fatalement. Que cherchait-il ? Des liens possibles entre dégradation des conditions écologiques locales et apparition de cas de cancers (ici, lire le petit article nommé Cancer Villages in China). Réussite complète, si j’ose écrire, dans un rayon de 50 km autour de Pékin. Mais chemin faisant, Deng Fei décide de mener son enquête à l’échelle de la Chine entière. C’est ce travail-là qui circule, relayé par un internaute qui en a fait une carte aux normes internationales de l’inévitable Google.

On a beau savoir, c’est stupéfiant. Je ne vous donne ci-dessous qu’un aperçu, mais sachez que certains cas ont été décrits en français ici. Chacun mériterait une enquête internationale, qui ne viendra jamais, on s’en doute. Prenez l’exemple du village de Guanshan Qiao, dans la province du Jiangxi. Depuis des lustres, six fours à chaux fonctionnant au charbon envoient jour et nuit des particules de cendres sur les potagers, dont la production s’est effondrée. Même lorsqu’il pleut, le dessus des feuilles est couvert d’une pellicule blanche. Les cancers ont explosé.

Dans le village de Yinggehai, 118 habitants sont morts d’une manière étrange en dix ans. La proximité d’une gigantesque décharge pourrait bien être l’explication.

Dans le village de Shangba, les canards qui plongent dans l’eau rougeâtre des mares meurent en quelques heures. Des activités minières sans contrôle, et surtout leurs énormes déchets pollués,  ont changé le lieu en un dépotoir. Les habitants souffrent de maladies de peau et du foie, du cancer aussi, bien entendu.

Dans le village de  Huangmengying, une centaine de personnes sont mortes de cancer entre 1990 et 2004, soit près de la moitié de tous les décès. La rivière locale est un égout. Certains habitants achètent de l’eau (un peu plus) potable.

Vous imaginez bien que la liste est sans fin. J’ai sur ma table, au moment où je vous parle, un livre d’une immense valeur, Le rapport Campbell. Publié par un éditeur québécois, Ariane, il est passé inaperçu au moment de sa sortie française en 2008. Quel dommage ! Car T. Colin Campbell est probablement l’un des meilleurs nutritionnistes vivants, et dans ce livre, il nous offre le cadeau d’une vie de recherche. Campbell a mené en Chine, dans les années 70 et 80, la plus vaste étude nutritionnelle jamais conduite. Avec le concours de l’université Cornell et de l’Académie chinoise de médecine préventive.

Concernant le cancer, le travail de Campbell et de ses amis est inouï. D’abord par le constat : dans certains cantons, on observe jusqu’à 100 fois plus de cancers que dans d’autres, alors qu’aux États-Unis, les différences d’un État à l’autre varient entre deux et trois fois, au plus. Un tel résultat ne saurait être expliqué en quelques lignes. Disons que la piste du cholestérol sanguin est première. Il est chez les Chinois l’un des précurseurs des maladies dites « occidentales », comme le cancer. Quand son taux passait en moyenne, dans l’immense échantillon chinois, de 170 mg/dl à 90mg/dl, les cancers du foie, du poumon, du cerveau, de l’estomac, de l’œsophage, du sein, du rectum, du côlon, la leucémie infantile, la leucémie adulte baissaient. Or, le taux moyen de cholestérol trouvé au cours de l’étude chinoise était de 127 mg/dl, soit 100 de moins que la moyenne américaine !

Pour comprendre l’importance de ces chiffres, il faut rappeler que longtemps, l’Amérique officielle a proclamé que des problèmes de santé apparaissaient chez l’homme en dessous de 150 mg/dl de cholestérol sanguin. À ce compte-là, 85 % de la population chinoise aurait dû être malade ! Bien entendu, les découvertes de Campbell ne se limitent pas au cholestérol. D’une façon générale, les protéines animales augmentent la présence de cholestérol dans le sang, tandis que celles d’origine végétale la diminuent. D’une manière certaine, les cantons chinois les plus pauvres, consommant beaucoup de végétaux, de fibres alimentaires et peu de gras, comptaient beaucoup moins de maladies cardio-vasculaires, de diabète et de cancers. Mais bien davantage, évidemment, de tuberculoses, de maladies parasitaires, de rhumatismes et de pneumonies.

Pourquoi vous parler de Campbell ? Mais simplement pour faire comprendre ce que veut dire le « développement » foudroyant de la Chine. Ce « développement » aura fait de ce pays l’atelier du monde, capable de sortir pour une bouchée de pain n’importe quel produit que nous achetons ici avec le plaisir de le payer moins cher. En consommant chinois, y compris l’une de ces clés USB dont je me sers, il est indiscutable que nous participons au grand massacre là-bas. Un dernier mot : combien de génuflexions en souvenir de l’esclavage ? Combien de prosternations et d’excuses ? Combien ? Les hommes d’il y a trois siècles avaient pourtant bien peu de moyens et de valeurs à leur disposition pour combattre l’infamie.

Mais nous, qui savons tout ? Mais nous, qui sommes gorgés d’informations sur tout ? Mais nous, qui ne parlons jamais – ou si peu – de ce qui se passe au-delà des marches de notre empire de pacotille ? Ne mériterions-nous pas une leçon ? Une véritable grande leçon de morale humaine ?

À propos du Pérou et sur l’imbécillité d’un président

Au Pérou, dont je vous parlais samedi, la situation est confuse au possible. J’ai utilisé le mot d’armistice entre Indiens et pouvoir liménien, et me demande aujourd’hui s’il n’est pas dépassé. En deux mots : le président en titre, Alan García, a terriblement peur que les oppositions à son pouvoir corrompu ne s’allient derrière les Indiens d’Amazonie, et ne le chassent. D’autant que le président aymara de Bolivie, Evo Morales, intervient dans le grand conflit, apportant un soutien – pour le moment verbal – aux émeutiers de Bagua.

Or donc, Alan García semble prêt à tout, même à me faire rire à distance. Il vient en effet de déclarer les Indiens responsables d’un « génocide de policiers ». Texto : « Lo que hubo fue un genocidio de policías por parte de elementos extremistas que quieren entregarnos a modelos extranjeros de gobierno (ici) ». Je rappelle que ce brave garçon a passé des années à Paris, où il a acheté voici douze années, rue de la Faisanderie, un appartement dont le prix dépassait alors les deux millions de francs.

Une fabuleuse victoire indienne (vive le Pérou libre ! Kawsachun Piruw !)

(Ce texte est long, et rien ne vous oblige. Il tente de mettre en perspective les événements en cours au Pérou. C’est loin ? Oui. Plutôt non, puisque cette histoire nous dit la vérité du monde. Loin de nos petits engouements et passades, des hommes se battent pour de vrai.)

Le sujet n’est peut-être pas affriolant, mais il n’empêche que le Pérou est proche. Et qu’il m’est cher. J’y ai passé un petit temps à des époques si lointaines qu’elles me semblent incertaines. Mais pourtant. C’est à mes yeux l’un des plus beaux pays au monde, dans lequel la vraie nature fait de la résistance, tant bien que mal. On y trouve dans les hauteurs, comme chacun sait, des lamas, des vigognes, des alpagas. Et dans la sombre forêt amazonienne, des caïmans, des jaguars, des centaines d’espèces d’oiseaux et un nombre incalculable d’insectes, parfois et même souvent inconnus des hommes.

Dans ce pays, il ne faut s’étonner de rien. Car même les hommes, même certains hommes sont inconnus de nous. L’an passé, une agence publique brésilienne –  la Fondation nationale de l’Indien (Funai) –  a publié des photos bouleversantes saisies depuis un hélicoptère. On y voit, entre Brésil et Pérou, six huttes et un terrain cultivé, où poussent le manioc et des pommes de terre (ici). Et quelques Indiens qui n’ont jamais eu de contact avec notre monde malade, envoyant des flèches vers le ciel. Cette vision m’habite en profondeur, je n’ai aucune honte à l’écrire. La seule chose que je regrette, c’est que les flèches ne puissent atteindre leur cible, qui est de toute évidence notre être.

Le Pérou est un pays indien. Son nom même viendrait de celui du fleuve Biru, par lequel les funestes Conquistadores s’engouffrèrent en pays inca, voici 500 ans. D’autre sources évoquent l’existence d’un chef  indien applelé Birú, d’où viendrait l’appellation de ce grand pays découpé par les envahisseurs. Le Pérou d’aujourd’hui est un désastre et une honte. Il compterait environ 29 millions d’habitants, dont beaucoup massés le long de la côte. Lima, à elle seule, dépasse les huit millions d’habitants. Combien d’Indiens parmi les Péruviens ? À peu près la moitié, auxquels il faut ajouter presque 40 % de mestizos, des métis de Blancs et d’Indiens. Los descendientes españoles, les descendants d’Espagnols, d’Européens en général, et même de…Japonais n’atteignent pas 15 %. On trouve aussi, dans ce pays martyre de l’histoire, quelques centaines de milliers de Noirs, dont les ancêtres ont été traînés de force sur le continent américain.

Et malgré cela, les Blancs du Pérou continuent, pour beaucoup d’entre eux, d’employer le mot de cholos quand ils parlent des autres, c’est-à-dire de leur peuple. Or cholos, dès l’invasion espagnole, a désigné les chiens bâtards qui traînaient autour des maisons, puis les enfants bâtards nés de père espagnol et de mère indienne, puis par extension tout ce qui n’était pas puro. 87 % de la population péruvienne n’est pas pura. Est-ce le cas d’Alan García Pérez, le président en titre ? La question de sa « race », figurez-vous, est un sujet de conversation. Tandis que certains vantent ses « traits espagnols », d’autres affirment qu’il est tout de même moins blanc que blanc, ce qui cacherait d’anciennes coucheries avec des Indiennes. Ainsi va le monde péruvien.

Quoi qu’il en soit, Alan García, qui a déjà été président entre 1985 et 2000, a ruiné une première fois son pauvre pays, lui laissant une inflation de plus de deux millions de pour cent avant de s’enfuir à Paris. Oui, ce charmant monsieur a vécu de longues années chez nous, où il s’est acheté, sûrement avec son salaire, un appartement de 200 mètres carrés rue de la Faisanderie, dans les quartiers riches de notre capitale. Pendant ce temps, les Indiens quechuas, aymaras, chachapoyas, aguarunas, asháninkas, shipibos, cañaris, mochicas, chimúes, tallanes, tumpis ont continué à trimer, car il faut bien que quelqu’un le fasse.

Depuis juin 2006, malgré les désastres qu’il a causés, García est de nouveau président. Disons pour rester modéré qu’il est vendu corps et âme au libéralisme made in America. C’est d’ailleurs pourquoi il a des ennuis en ce moment. Je vous résume en quelques mots. En parallèle du Traité de libre commerce (TLC) signé avec le gouvernement de W.Bush, García a pris des décrets qui ouvrent l’Amazonie péruvienne – 60 % du territoire – à la propriété privée et aux transnationales forestières, minières et pétrolières (ici). Sans aucune discussion, alors que la loi l’y oblige.

Les Indiens, ces sots, sont aussi des ingrats. Au lieu de préparer leurs baluchons, ils ont commencé à barrer des routes et occuper diverses installations dans le nord-est du pays. Jusqu’à indisposer la patience de monsieur García, qui a envoyé la police. D’où des affrontements terribles dans la petite ville de Bagua, à 1 000 km de Lima. Deux jours de combats – les 5 et 6 juin – ont provoqué la mort de dizaines de personnes. Je gage qu’on ne saura jamais combien. La télévision officielle a tenté une opération usuelle, présentant les Indiens comme des terroristes assoiffés de sang. Et les policiers comme des héros de la nation tout entière.

Là-dessus, les choses se sont encore envenimées après la mise en accusation du chef indien Alberto Pizango, accusé par le pouvoir d’être le « responsable intellectuel » de la violence. Pizango s’est dans un premier temps réfugié à l’ambassade nicaraguayenne de Lima avant de partir à La Paz, en Bolivie, où le président indien Evo Morales lui a accordé le droit d’asile. Et ? Et grosse surprise :  Alan García a pris peur, au point de suspendre le décret le plus controversé. Ce n’est qu’une halte, bien entendu. Un armistice dans une guerre totale entre la vie et la mort, nous en sommes bien d’accord, n’est-ce pas ? Il reste que ce samedi 13 juin 2009 en restera illuminé chez moi.

Oui, je pense autant qu’il m’est possible aux émeutiers de Bagua et d’ailleurs. Et même s’ils devaient perdre la partie, j’aimerais leur dire – mais comment ? – qu’ils nous montrent la seule voie praticable. Je veux dire la révolte. La vraie. La seule. Celle qui s’achève par la victoire. Ou une défaite qui annonce d’autres soulèvements. Je sais bien que notre France abreuvée, saoulée d’objets et de publicité, tourneboulée par les dérisoires événements électoraux de dimanche dernier, dort à poings fermés. Mais tous ne sont pas couchés. Je vous salue ! Je vous salue sans savoir quoi faire de plus, pour le moment du moins. Je vous salue, frères indiens. Parmi les quelques mots quechuas que je traîne dans ma besace, il y a warak’ay, qui signifie jeter une pierre avec une fronde. Et kawsachun sikllakay, qui pourrait vouloir dire Vive la beauté ! J’emploie le conditionnel, car je n’ai jamais prononcé ces mots. Peut-être quelqu’un en saura-t-il plus que moi ? Et surtout pas de malentendu : je sais parfaitement qu’il existe des dizaines de peuples indiens au Pérou. Les Quechuas ne sont pas en première ligne cette fois. Mais demain ? Je sens, je suis même sûr que nous nous retrouverons sur le chemin de sikllakay.

En défense des semences (enfin une réunion utile ?)

Que souffle enfin le vent de l’optimisme ! Mais avant ce plaisir rare, un peu d’ennui quand même. En 2001, les États membres de la FAO – grosse bureaucratie mondiale chargée de l’alimentation et de l’agriculture – se mettent d’accord sur un Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (Tirpaa). En effet, cela commence très mal.

Ce Tirpaa a pourtant le noble objectif de « préserver la biodiversité des semences agricoles “pour une agriculture durable et pour la sécurité alimentaire” (ici) ». La plupart d’entre vous, je pense, savent que l’extraordinaire richesse des plantes cultivées par l’homme pendant des milliers d’années a disparu. Il n’en reste que ce que l’agriculture industrielle tolère encore. L’Inde du passé cultivait, ainsi, probablement, plusieurs dizaines de milliers de variétés de riz, adaptées au moindre relief, au plus discret microclimat, aux plus petites variations du sol. Un tel trésor, au service de l’alimentation, paraissait un réservoir sans fin dans lequel puiser pour de nouvelles et fructueuses sélections.

Je vous épargne le couplet sur les transnationales, qui s’emparent sous nos yeux du bien le plus précieux, c’est-à-dire les semences. Par bonheur, la résistance existe, menée en France par d’authentiques combattants, comme Guy Kastler. Ce dernier note, à propos du Tirpaa : « Il a été adopté par les Etats membres de la FAO en 2001 et est entré en vigueur en 2004 après ratification par une centaine d’Etats (les Etats-Unis ne l’ont pas ratifié). Il vise, selon son texte, à soutenir la conservation ex-situ (dans les banques de gènes) et in-situ (dans les champs) de la biodiversité cultivée, y compris par la reconnaissance de la contribution des agriculteurs et de leurs droits qui en découlent à conserver, ressemer, protéger et vendre leurs semences ».

Trop beau pour être vrai ? Un peu. Une réunion de ce fameux Traité international vient de se terminer à Carthage (Tunisie). 2009 est et sera une année déterminante à bien des égards. En novembre, Rome accueille un sommet sur la sécurité alimentaire et en décembre, Copenhague sera la capitale du dérèglement climatique. Il va de soi que le combat pour les semences est crucial à la fois pour nourrir les hommes et les préserver – si peu que ce soit – du changement climatique en cours. Or jusqu’à la fin de la réunion de Carthage, la discussion a été très dure, frôlant plusieurs fois le blocage complet. Car ne croyez pas qu’il suffise d’un traité pour changer quoi que ce soit. Voyez plutôt le sort du protocole signé à Kyoto en 1997. Un traité n’est jamais qu’un point le long d’une ligne sans fin. Et donc, Carthage. Et donc des empoignades.

Je viens de recevoir un communiqué de Via Campesina, organisation internationale de paysans, très active à Carthage. Son titre porte un point d’interrogation qui n’enlève pas grand chose à sa force : « Un pas considérable vers un véritable engagement de la FAO en faveur des droits des paysans ? ». Il semble bien que, pour une fois, les intérêts les plus mercantiles aient dû reculer. Il semble bien que les États aient enfin considéré la question de la souveraineté alimentaire, qui passe par le droit de disposer librement des semences. D’après Via Campesina, la réunion serait tombée d’accord sur deux points clés. Le premier : « Encourager les pays membres à examiner toutes les mesures affectant les droits des paysans et supprimer les barrières empêchant les agriculteurs de stocker, échanger ou vendre leurs semences ». Le second : « Impliquer les agriculteurs à part entière au sein d’ateliers régionaux et/ou nationaux portant sur l’application des droits des paysans et rendre compte de cette dernière lors de la prochaine réunion du Traité sur les semences, qui aura lieu dans environ 18 mois ».

Je dois avouer que ces paroles ne sont pas très rigolotes. Mais elles sont chargées du poids si lourd de la vie. Et de la mort. Une paysanne brésilienne présente à Carthage, Soniamara Maranho, a trouvé le mot juste en s’adressant à la docte assemblée des bureaucrates de la FAO : « Nous reviendrons ».  Oui, nous reviendrons. Nous y reviendrons.

Et blablabla and so on and so forth (la taxe carbone)

Vous voyez bien que, chaque jour, je pourrais faire le même numéro. Je vous jure que je vais changer de sujet et parler dès la prochaine fois d’autre chose. Mais ce soir encore, le foutage de gueule à quoi nous nous condamnons – par notre incapacité collective – me monte au cerveau. Vous le savez comme moi, la taxe carbone, présentée il y a deux ans comme le cœur du Grenelle de l’Environnement, est repoussée aux Calendes grecques (ici).

Les calendes. Le mot pourrait remonter jusqu’aux si anciens Étrusques, ce qui expliquerait au passage la présence de la lettre k dans l’expression romaine Ad kalendas graecas. Les Romains, en effet, utilsaient peu de mots latins contenant la lettre k, à laquelle ils préférèrent vite le c. Et les rares qui en contiennent sont semble-t-il d’origine étrangère. Quoi qu’il en soit, les calendes correspondaient dans la Rome antique à un jour bien précis, celui qui ouvre chaque mois nouveau. Par exemple le premier de Maius ou d’Aprilis ou de September.

Le jour des calendes romaines, figurez-vous que les débiteurs de toute sorte devaient payer ce qu’ils devaient. Les dettes inscrites dans les calendaria – sortes de livres de comptes – devaient être honorées. Mais pourquoi parle-t-on aujourd’hui de calendes grecques ? Simplement pour la raison que la Grèce de Platon et de Socrate n’a jamais connu de calendes. Envoyer quoi que ce soit aux calendes grecques est donc le meilleur moyen de ne jamais payer ses dettes. Très exactement ce que fait le gouvernement de messieurs Sarkozy et Borloo en proposant un grotesque Livre blanc sur la taxe carbone, qui sera suivi de réunions d’experts et de « conférences de consensus » avant d’être examiné de près en 2011, à la veille d’élections présidentielles délicates. Tout cela est on ne peut plus crédible.

Comme est crédible la présence de Michel Rocard, ci-devant ponte socialiste, qui aura décidément tout raté, jusqu’à sa sortie. Quel (vague) souvenir gardera-t-on du vieux monsieur ? Probablement qu’il servit de paillasse à Mitterrand. Peut-être qu’il s’agita en vain pendant une trentaine d’années, avec quelques autres qui lui ressemblaient tant. C’est tout de même bien peu. Je ne sais si vous êtes au courant, mais monsieur Sarkozy a décidé de faire de Rocard un président. Si. Président du machin qui permettra de jeter aux oubliettes toute idée d’une vraie réforme écologique de la fiscalité. Et il a accepté. Lui, Rocard. Par Dieu ! La vieillesse est bel et bien un naufrage.