Archives mensuelles : septembre 2009

Avis à une armée de connards (sur le Jatropha)

Il y a deux ans, j’ai publié un pamphlet contre les biocarburants, La faim, la bagnole, le blé et nous, chez Fayard. Je crois avoir pensé que le mouvement écologiste s’emparerait d’une question que je juge ontologique, sacrée. On sait le principe général : faire rouler des engins mécaniques en transformant des plantes alimentaires. Dans un monde qui compte un milliard d’affamés chroniques. Quelques salopards de toujours avaient donc lancé cette nouvelle industrie criminelle, utilisant pour leur seul profit des dizaines de millions d’hectares de terres agricoles ou arrachées aux forêts tropicales.

Le mouvement écologiste s’est totalement désintéressé du sujet, malgré tous les éléments que moi et quelques autres avions pu réunir. Pendant des mois, à la radio, dans des journaux, au cours de conférences, j’ai dû batailler contre tantôt des imbéciles et des dupes, tantôt de vrais cyniques, pour faire admettre l’évidence qu’on ne peut en aucun cas détourner un centimètre carré de terre cultivable au profit de la bagnole.

Parmi mes contradicteurs, certains n’hésitaient pas à me lancer à la face l’exemple merveilleux du Jatropha, une plante originaire d’Amérique latine, et qui allait révolutionner le monde de l’énergie. Habituée des zones arides, acclimatée déjà en Asie  et en Afrique, elle allait permettre à des communautés locales d’utiliser des surfaces impropres à toute culture, puis de gagner beaucoup d’argent grâce à l’exportation de cet or vert. Car, vous l’aviez compris, le Jatropha peut servir à fabriquer un carburant automobile.

Moi, dans mon livre, je disais qu’on ne tarderait pas à reparler du Jatropha, et cela n’a pas manqué. Mais j’ajoutais ce détail qui n’en est pas un. Au Brésil, le petit nom de Jatropha phyllacantha n’est autre que favela. Oui, la plante miraculeuse des margoulins porte le nom des bidonvilles locaux. Intéressant, n’est-ce pas ? La grande association humanitaire Swissaid, créée en 1948, a eu la fâcheuse idée d’aller voir au Mozambique ce que donnait la culture du Jatropha (ici)

Tout le papier – en français – vaut d’être lu. Mais voici quelques citations de l’une des responsables de Swissaid, Tina Goethe, qui n’appellent pas le moindre commentaire. « Contrairement à ce qui avait été affirmé au départ, la plante du Jatropha est sujette à des maladies phytosanitaires et partant, sa culture requiert d’importantes quantités d’eau, d’engrais et de pesticides ». « Les défenseurs de la culture de cette noix soutiennent que la plante peut être cultivée en terres semi-arides. Mais en réalité, le Jatropha se développe de préférence sur des surfaces cultivables. Ce transfert se fait au détriment des ressources alimentaires ». Et la conclusion du rapport de Swissaid note sans précaution inutile : « Il est démontré qu’au Mozambique, le Jatropha entrave le développement agricole durable ».

Si vous saviez pourtant combien de gens m’ont jeté à la face, depuis deux ans, le nom de cette plante  ! Parmi eux, une flopée de journalistes. Je ne sais que trop qu’ils sont déjà passés à d’autres imbécillités. Il n’empêche. Ma rage impuissante contre l’infamie des biocarburants est intacte. Et honte sur tous ceux qui continuent à se taire.

À propos de Jean-Paul Besset (as a guest star)

Je me permets de recopier ici ce que j’ai écrit en commentaire d’un précédent papier. Des lecteurs constatent, à raison, que je n’ai pas parlé de Jean-Paul Besset qui accompagnait pourtant Cécile Duflot à l’Élysée, pour un passionnant échange, inoubliable à n’en pas douter, sur la taxe carbone. En effet, je n’ai pas évoqué Besset. Quand j’écrivais mon petit mot, il était question qu’il ne se rende pas à l’Élysée. Mais, bien entendu, ce n’est pas ma réponse. Ma réponse est double. Un, Jean-Paul est un vieil ami, que j’aime comme tel. Deux, cela ne m’empêche pas de contester radicalement sa position politique. Elle me navre d’autant plus que, depuis vingt ans, nous avons eu assez d’échanges privés pour remplir trois livres. Et je ne me souviens pas de désaccord, en tout cas sur le constat.

Mais il a décidé pourtant de faire partie d’une coalition rassemblant Cohn-Bendit et Bové, Jadot et lui-même, pour mener une bataille qui n’a, à mes yeux, pas le moindre sens. Au-delà de ce que je pense de tel ou tel – et franchement, Cohn-Bendit, non, non, non ! -, je vois bien que le rassemblement Europe-Écologie est celui de l’abandon. Celui de l’acceptation, attristée chez Jean-Paul, de la destruction accélérée du monde. Ce n’est pas parce que la situation semble désespérée qu’il faut baisser les bras. Tout au contraire, il faut se lever. Avec des mots nouveaux. Avec des actes neufs.

Bref, et en deux mots : rupture, résistance. Rupture avec des structures – les Verts, cette démocratie-là – qui ont failli. Résistance, mais réelle, c’est-à-dire morale, contre les fossoyeurs de la vie, qui sont dans tout l’arc politique actuel. Programme fou ? Oui da. Fou. Mais je suis en train de relire la très belle biographie en trois volumes que Jean Lacouture a consacrée au général Charles de Gaulle. Cet homme de cinquante ans – en 1940 – a brûlé tous ses vaisseaux, encouru une peine de mort décrétée par Vichy, accepté volens nolens la saisie de tous ses biens au nom d’une idée supérieure. Disons-le : au nom d’une vision. Une vision – la France éternelle – qui n’est certes pas la mienne, dois-je le préciser ?

Mais une vision. Une hauteur. Un sursaut décisif, qui marque de manière indélébile le terrain politique dérisoire où tant s’agitent absolument en vain. On aura compris que je ne serais pas allé serrer la louche de Sarkozy. On aura compris depuis des lustres – je l’espère en tout cas – que je le tiens pour le boutiquier d’un monde en perdition. Il nous cherche une boîte de haricots verts dans son arrière-boutique tandis que flambe le quartier, et la ville, et le pays, et le continent, et le monde et ce qui le contient.

Pourquoi diable, Jean-Paul, faire semblant de rien ?

L’atèle à ma tata fait des siennes (pour de vrai)

Pour Chanee et Kellia

Vous n’avez pas nécessairement suivi les aventures de ma tata Thérèse à moi, que je garantis authentiques à 100 % et plus. Le dernier épisode remonte, je le dis pour les braves, au 23 novembre 2008 (ici). Avec elle, le temps ne passe pas, c’est réellement un cas étrange. Presque un an ! Presque un an, et elle est toujours aussi vivante. Ma tata a moi a beau être morte depuis un petit moment, je pense à elle tout le temps. Des morts comme elle, la vie en redemande, elle n’en aura jamais assez.

Mais de quel atèle parle-t-on ?

Ma tata, j’ai déjà raconté tout ça, habitait rue Larrey, dans une HLM riquiqui de Paris dont les fenêtres – les siennes en tout cas – donnaient sur le jardin de la Grande Mosquée. Des fois, on voyait des gens marcher dedans, avec de grands habits blancs. On aurait dit un pays chaud, je me demande s’il n’y avait pas des orangers. Sûrement. Ou alors des citronniers. Chez tata, quand on n’était pas sur le balcon à appeler les pigeons, il fallait toujours se serrer contre une table ou un meuble, même quand on était petit comme moi, car elle habitait dans un mouchoir, un mouchoir rempli d’oiseaux et de bêtes étranges venues du monde entier.

Du coup, un jour, j’ai rencontré l’atèle. C’est un singe, je précise pour les nigaudons. Un singe d’Amérique du sud qu’on appelle le singe-araignée. Il y en a des tas de sortes, mais le mien était tout noir, plus grand que moi quand il dépliait sa longue carcasse, mais il ne le faisait jamais. L’atèle vivait courbé comme un vieux saule pleureur. Le plus magnifique de tout, c’était ses gants de cuir noir plissé. On aurait juré qu’il venait de les enfiler pour nous recevoir. Ce singe aimait la visite, au moins pendant les premières années de sa vie de prisonnier. Je le voyais comme cela. Comme le prisonnier d’une princesse des animaux. La cage est si dorée que, si on ne fait pas gaffe, on ne voit plus les barreaux. Mais l’atèle n’oubliait pas. Quand il me regardait jusqu’au fond de l’oeil, je voyais le désert de Gobi et des milliers de larmes.

Comment avait-il atterri chez ma tata ? Elle l’avait récupéré chez un type qui n’en voulait plus. Une de ces braves personnes qui jouent avec les bêtes avant de les jeter à la poubelle. Au début, chez tata, il vivait plus ou moins dehors. Elle se moquait des crottes et des pipis. Si. D’ailleurs, pour être honnête jusqu’au bout, ma tata a fait dame pipi dans un de ces bistrots où on joue aux courses. Il fallait une énergie mortelle. Elle l’avait.

Le singe aimait bien les enfants. Je le prenais contre moi, et il m’embrassait à sa manière, entourant ses deux bras de géant autour de mon cou. Moi, je lui prenais la main, et je regardais son gant. Qui n’a pas vu une main d’atèle a perdu sa vie, et je m’y connais dans ce domaine. En temps ordinaire, le singe se promenait à peu près à sa guise. À peu près. Quand tata partait, par précaution, elle enfermait l’atèle dans une cage où l’animal se morfondait à vue de nez. Affreux.

Et c’est comme ça qu’un jour, tata est partie faire des commissions. Le reste, je le tiens d’elle. Je ne l’ai pas vu, mais je SAIS que c’est vrai, parce qu’elle était incapable de nous raconter des salades. La réalité était toujours plus folle que la plus folle des inventions. Donc, un matin, tata part et enferme l’atèle dans sa cage. Et dégringole les quatre étages, direction le marché de la rue Mouffetard. Sauf qu’elle avait mal refermé la cage de l’atèle. La suite ne peut qu’être reconstituée. Un, il ouvre la porte, descend par terre et commence à faire le con. Je vois très bien. Deux, il cherche une vraie distraction, qui lui ferait des souvenirs. Trois, il fait la chasse aux autres animaux de ma tata.

Ici, comme on dit, une incise. À ce moment précis de sa vie, je ne sais plus ce que comptait la ménagerie de ma tata. Disons quatre chiens, huit chats, deux fennecs, entre 100 et 200 oiseaux, entre 50 et 150 hamsters – elle revendait les petits sur les quais -, le perroquet Coco, le singe, un faisan. Ce n’est pas un inventaire, juste une évocation. Je sais bien que j’en oublie. Trois donc, il fait la chasse aux animaux. Les chiens aboient, les chats sautent sur les meubles le poil tout hérissé, les fennecs se planquent sous le buffet de la cuisine, Coco appelle la police en imitant la voix de ma tante, les hamsters quittent prudemment leur roue éternelle et se mettent à l’abri dans leur casemate de contreplaqué.

Quatre, l’atèle se redresse une fois pour toutes. Spartacus ! La révolte des esclaves ! Tout le pouvoir aux animaux ! La liberté ou la mort ! En avant comme avant ! L’atèle décide tout seul une évasion de masse en plein Paris. Je dis bien de masse, car ce singe était visiblement généreux et n’entendait pas s’enfuir tout seul. Cinq, il rassemble ses troupes dans le minuscule couloir de l’entrée de tata, et il ouvre la porte palière. Comment ? J’en sais rien du tout. Peut-être que ma tata ne l’avait pas claquée convenablement. Peut-être que l’atèle était serrurier.

Où en étais-je ? Six, il ouvre la porte, et libère d’un coup les chats, les chiens et les fennecs. Au moins. Et puis, montrant par là qu’il n’a aucune intention de revenir, d’un geste théâtral et splendide, il franchit le seuil en dernier et claque la porte derrière lui. La cavale n’a pas duré aussi longtemps qu’il l’avait peut-être imaginée. La suite, telle que racontée par ma tata, est la suivante. Une voisine, qui remontait avec un cabas chargé, a entendu des bruits ahurissants dans la cage d’escalier, et vu fondre sur elle une armée libératrice composée de chats, et de chiens, et de fennecs, suivie du général Atèle en personne, poussant quelques cris d’encouragement. La voisine serait tombée comme une masse, victime d’un malaise cardiaque (bénin).

Ainsi échoua l’une des plus courageuses tentatives de libération du règne animal entreprises sur le sol de Paris. Je raconterai un autre jour – quand il fera beau – ce qu’est devenu ce singe héroïque. De toute façon, il est comme ma tata. Immortel.

La taxe carbone, Cécile Duflot et notre petit renard national

Je ris tout seul, alors que ce n’est pas drôle du tout. La FNSEA ne veut pas. Nan ! Le président de notre si magnifique syndicat agricole, Jean-Michel Lemétayer, a prévenu tout net : «On ne peut imaginer se voir charger la barque par une taxe supplémentaire carbone» (ici). Un autre syndicat agricole, plus agressivement de droite encore, la Coordination rurale, a même  estimé, par la voix de son président François Lucas : «L’agriculture française n’a pas à rougir de son bilan en termes de carbone par rapport à tous les autres secteurs d’activité, car c’est la seule qui, grâce à la fonction essentielle de la photosynthèse, absorbe du CO2 et rejette de l’oxygène». Je n’ai pas le temps de détailler cette loufoquerie, mais je puis affirmer sans crainte de démenti que ce monsieur Lucas devrait réviser ses fiches avant de causer.

Continuons à rire, ça ne peut faire de mal. Notre gouvernement chéri a fixé la taxe carbone à 14 euros par tonne de combustible fossile consommé. Si j’ai bien compris, car je ne suis sûr de rien. Le certain, c’est que ce pauvre monsieur Rocard, candidat désormais à tous les honneurs sarkozyens, avait suggéré – oui, il dirigeait une commission sur le sujet –  32 euros. Tout le monde s’en fiche, vous pensez bien. Rocard ne sait rigoureusement rien de ces questions (ici) de climat, et son nouveau maître de l’Élysée pas davantage. Il n’empêche : 14 euros. Deux fois moins que ce que proposait la commission Rocard. Pardonnez le mot : une pignolade.

Aujourd’hui même, la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, doit rencontrer Sarkozy pour parler avec lui de cette fameuse taxe ridicule. Je ne connais pas cette personne. Mais je vois comme tout le monde qu’elle est lancée dans la politicaillerie habituelle. Elle a intérêt, dans la perspective des régionales de 2010, à ménager le président tout en accablant les socialistes. Quel beau programme ! Tout cela est si crépusculaire, sur le fond, que je poursuis sans faiblir mon grand rire intérieur. Pour finir, John Leslie Prescott.

Qui est-il ? Un travailliste anglais, doté d’un titre honorifique qui n’a jamais servi : celui de vice-premier ministre (Deputy Prime Minister). Il l’a d’ailleurs abandonné quand Gordon Brown a pris la suite de Blair. Pourquoi parler de ce véritable inconnu ? À cause d’un article (ici) du quotidien anglais The Independent. Prescott a joué un rôle important dans la signature du protocole de Kyoto, en 1997, et il est au centre des négociations en cours, qui préparent le grand rendez-vous de Copenhague sur le climat, en décembre. Homme-clé du Conseil de l’Europe, du moins sur ces questions, il donné à The Independent un entretien décoiffant. Selon lui, la situation est très mauvaise. Très.

En deux mots, sans accord de la Chine et de l’Inde, Copenhague sera un terrible échec. Or ces deux géants réclament des engagements très contraignants de la part des pays du Nord. Lesquels pourraient – pourraient – peut-être accepter une réduction de leurs émissions de 30 % d’ici 2020 et de 80 % d’ici 2050. Cela, bien entendu, c’est le scénario rose. Car le Japon, par exemple, et les États-Unis d’Obama d’ailleurs, sont fort loin de ces chiffres.

Admettons pourtant. Admettons ce premier miracle. Il  ne suffira pas. Prescott prévient que l’Inde et la Chine ne bougeront que si le Nord accepte de baisser ses émissions de 40 % d’ici 2020 et de 90 % d’ici 2050. A-t-il tort, raison ? Il est en tout cas sérieux. Ceux qui ne le sont pas, mais alors pas du tout, s’appellent Fillon, Rocard, Sarkozy, Lemétayer et tous autres du même acabit. Auxquels il faut hélas rajouter Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, qui songe à devenir – m’assure-t-on – présidente de la région Ile-de-France en 2010 à la place de Jean-Paul Huchon, le socialiste jadis porteur de serviette de Rocard.

Qu’il soit dit, au moins ici, que le parti des Verts, au lieu de renverser la table pour cause d’urgence écologique absolue, préfère s’y asseoir. Pour y discutailler. Pour y préparer je ne sais quelle opération Élections. J’oubliais : il n’y aura pas de taxe carbone sur l’électricité. Qui est en France, on le sait, d’origine essentiellement nucléaire. Ce qui est imparable. Le nucléaire ne fait que vitrifier des régions entières pour des siècles ou des millénaires. Aucune raison dans ces conditions d’embêter nos futurs clients.

De si beaux morceaux (sur les animaux et leur usage)

Je serai bref, non pour la raison que j’aurai cessé d’être bavard, mais parce que sono nei guai, comme on dit ailleurs. Dans les ennuis et même les emmerdes informatiques. Un technicien de France Telecom doit passer jeudi à la maison, c’est vous dire. Mais sera-ce bien un homme de France Telecom ? Le trouble est si grand qu’il serait aisé d’imaginer une coalition des services du monde entier, NSA, DIA, CIA, DGSE et FSB contre moi.

Je crois plutôt qu’il me faut maudire le lien que j’ai créé avec la machine. Bon. Michèle Scharapan, inlassable avocate des animaux, attire mon attention sur une histoire bien folle (ici). L’Europe, vous le savez peut-être, a lancé le programme Reach, censé faire le ménage dans les dizaines de milliers d’assemblages chimiques qui font de notre monde un lieu d’empoisonnement universel. J’ai fait la critique plusieurs fois de cette mise en scène sponsorisée par l’industrie chimique, et je n’y reviens pas.

Reste que pour arriver à la conclusion de Reach, il est bien possible que 54 millions d’animaux soient sacrifiés dans les laboratoires rutilants de la «science» au cours des dix prochaines années. Jusqu’ici, on pensait qu’il suffirait d’en zigouiller 2,5 millions. Je ferai trois brefs commentaires. Un, ce programme admet, de fait, l’extrême dangerosité de la situation présente. Il FAUT tuer des animaux pour éventuellement sauver des hommes. Deux, ce nouvel holocauste est à coup certain le signe d’un dérèglement en profondeur de notre espèce. Mutatis mutandis, j’y vois la poursuite des sacrifices de l’Antiquité, quand les humains tremblaient de peur devant les dieux. La science – ce qu’elle est devenue – et son alliée indéfectible appelée technologie ne sont-ils pas les Zeus et Poséidon de notre temps ?

Troisième et dernier point : les animaux sont vraiment devenus des choses. Des meubles. Des objets. Des marchandises qu’on entasse dans le noir, qu’on tire, qu’on pousse, qu’on éventre, qu’on découpe, qu’on dévore. Et sur lesquels il est licite de se livrer à toutes les expériences jugées nécessaires. La France massacre chaque année plus d’un milliard d’animaux pour notre seule nourriture. Je vous préviens que vous n’avez pas fini de m’entendre, car je sors le 30 septembre un livre dont le titre est BIDOCHE. Et le sous-titre : L’industrie de la viande menace le monde. Je serais étonné que tout le monde soit content.