Archives mensuelles : mars 2011

Si vous voulez réécouter la radio publique

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Je ne connaissais ni Bernard Thomasson ni Régis Picart, de France-Info. Ce dernier est rédacteur-en-chef, et le premier, qui m’a reçu en direct à 12h45, adjoint. Je dois dire qu’ils ont été sympathiques au possible, ouverts, et que nous avons pu, hors antenne, mener une discussion qui m’a semblé de qualité. J’espère qu’ils pensent de même. En tout cas, sans chichis, je les remercie. Voici l’adresse où l’on peut réécouter ce passage : France-Info.

Concernant Là-bas si j’y suis, l’émission de Daniel Mermet diffusée elle aussi ce mercredi 23 mars 2011, on peut réécouter ici, au moins pour quelques jours. Salut ! L’émission avec Mermet

On peut aussi trouver l’émission ici : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2139

Chez Mermet et sur France Info

Il est temps que ce mardi s’achève, parce que je suis simplement crevé. Cela arrive. Je voulais dire à ceux qui en auront le loisir qu’ils peuvent m’écouter demain mercredi 23 mars à 12h45 sur France-Info. Et à partir de 15 heures sur France-Inter, dans l’émission de Daniel Mermet, Là-bas si j’y suis. Vous me ferez peut-être le plaisir d’un commentaire.

Là-dessus, dormir.

Vadrot versus Nicolino (sur RFI)

Bon. Un débat. Je profite de la très provisoire accalmie sur le front nucléaire pour vous adresser le son d’un débat entre Claude-Marie Vadrot et moi-même. Vadrot a longtemps été président (contesté, par moi et quelques autres) d’une association dont je suis membre, les Journalistes pour la nature et l’écologie (JNE). Le 16 mars, jour de sortie de mon livre Qui a tué l’écologie ?, aux éditions LLL, Jean-François Cadet m’avait invité sur l’antenne de RFI pour un débat.

Restait à trouver un adversaire. Plusieurs ayant préféré un autre air que celui de la radio, c’est Vadrot qui s’y est collé. Journaliste à Politis et chroniqueur à Mediapart, Vadrot appartient au monde de l’écologie officielle, celle que je rejette avec force. Lui fallait-il pour autant dire de pareilles sottises ? Vous jugerez. Moi, je trouve pathétique qu’un journaliste « écolo » – je n’appartiens pas au cercle, par Dieu – ose prétendre que le passé ne compte pas. Ose prétendre que tout s’arrange – voyez la Seine, dixit Vadrot – sauf la biodiversité. Ose prétendre que j’ai insulté des milliers de militants quand je n’ai fait que conspuer une camarilla de petits chefs.

Mais il est vrai que, contrairement à ce qu’il prétend à l’antenne, Vadrot n’a pas lu mon livre. Tous les journalistes font de même. Presque tous. Je sais des exceptions.

L’émission dure un peu moins de 20 minutes. Salut ! Sur RFI

Pièces et main-d’œuvre (sur le nucléaire)

Ce qui suit est un texte du collectif grenoblois Pièce et main-d’œuvre (PMO). Les gens qui s’en occupent sont des critiques véritables du monde, et cela se sent et se ressent. J’aime beaucoup leur prose. Non seulement ils écrivent bien, mais également juste. Allez donc faire un tour sur leur site : http://www.piecesetmaindoeuvre.com

On vous l’avait bien dit

« L’apocalypse » en cours au Japon est tout sauf inattendue et imprévue. On peut en dire comme de bien d’autres malheurs : vous en savez déjà suffisamment, nous aussi. Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut, ce qui nous manque, c’est le courage d’admettre ce qui nous arrive et d’en tirer enfin les conséquences. Voici cinquante ans que nous vous mettons en garde, nous, prophètes de malheur, oiseaux de mauvais augure, cassandres, obscurantistes, rabat-joie, écolos rétrogrades, punitifs, intégristes, ayatollah verts, anarchistes irresponsables, baba cool…

Cinquante ans que vous nous invitez à retourner vivre dans une caverne d’Ardèche, vêtus de peaux de bêtes, éclairés à la bougie et nourris de lait de chèvre. Vous n’avez jamais eu le temps ni l’envie de vous opposer au nucléaire. Vous n’avez jamais manifesté, pas même contre SuperPhénix à Malville en 1977. À Grenoble, vous vous êtes accommodés des années durant de la présence de trois réacteurs nucléaires en zone urbaine (Siloë, Siloette, Institut Laue Langevin). Votre mode de vie n’est pas négociable. Vous vous éclairez au nucléaire, à en tuer l’obscurité nocturne dans les villes ; vous  vous chauffez au nucléaire ; vous produisez et consommez au nucléaire ; vous vous connectez au nucléaire ; vous vous déplacez au nucléaire (TGV, voitures électriques) ; vous travaillez pour le nucléaire et vos emplois valent plus que vos vies. Vous votez pour le nucléaire, vous élisez maire de Grenoble Hubert Dubedout, Michel Destot, ingénieurs du Commissariat à l’énergie atomique, et bien d’autres de leurs semblables dans la cuvette.

Vous vivez par le nucléaire, il n’est que trop normal que vous mourriez par le nucléaire ; lentement à coup de cancers disséminés dans l’environnement ; brutalement quand « l’accident qu’on ne pouvait pas prévoir » fait enfin sauter Bugey, Cruas, le Tricastin ou l’une des 58 centrales qui vérolent le pays le plus nucléarisé du monde. Jamais vous ne vous y êtes opposés. Le nucléaire paie la taxe professionnelle, vos piscines municipales, vos salles polyvalentes, vos cours de tennis. Vous l’avez choisi. Vous l’avez mérité. Pas de jérémiades le jour où vous devrez bondir avec toute votre famille dans votre voiture pour fuir une zone irradiée et bouclée par l’armée. Ne nous parlez pas de vos enfants, des générations futures, de leur avenir, de « développement durable » et « d’énergies alternatives ». Toute votre existence prouve assez que vous vous moquez de ces mots creux.

Que si ces lignes vous scandalisent, joignez le geste à la parole et prouvez enfin par vos actes que vous n’êtes pas complices du sort qu’on vous fait. Mais comment le croire. Vous en savez suffisamment, nous aussi. Mais qu’à cela ne tienne, on va faire semblant encore une fois. On va encore une fois faire comme s’il vous manquait les informations et les idées pour vous faire une opinion et agir en conséquence. Et vous pourrez toujours nous renvoyer dans nos cavernes d’Ardèche.

Tandis que fondent les réacteurs nucléaires à Fukushima, experts et décideurs s’empoignent sur les avantages  comparatifs entre désastre nucléaire, climatique (pétrole, charbon, gaz de schiste) et alternatif (photovoltaïque,  éolien). Et chacun de nier l’évidence : il n’y a pas de survie à long terme pour les goinfres. La course à la croissance nous condamne, et ceux qui placent l’économie, l’emploi et l’argent avant la vie sont coupables. Les victimes de Tchernobyl, de Fukushima et des prochaines catastrophes sont victimes de la voracité, que les technocrates dissimulent sous l’impératif de l’innovation. C’est un ingénieur nucléaire qui le dit : « A travers elle (NDR : l’innovation) apparaît le développement des activités économiques qui génère lui-même des emplois pour l’ensemble de nos concitoyens. Il y a là une véritable mine d’or, prenons-en conscience. » Ainsi parle Michel Destot, maire CEA-PS de Grenoble, toujours prompt à louer la dernière « révolution technologique majeure porteuse de nombreuses promesses pour notre santé, notre qualité de vie, l’avenir environnemental de la planète », et qui n’a pas trouvé le temps, cinq jours après le début de la catastrophe nucléaire japonaise, de commenter cette expérience scientifique à ciel ouvert. Mercredi 16 mars 2011, son blog titre en une sur la « 9e édition des Trophées des sports ».

En janvier 2007, Pièces et main d’œuvre publiait « Minatec survolté, énergie engouffrée », texte qui soulignait l’un des innombrables mensonges des nécrotechnologies. L’industrie high-tech n’est pas plus propre ou « économe » que la métallurgie ou la pétrochimie. L’ouverture de Minatec fait bondir la consommation électrique de Grenoble de 17,6 %. Pour répondre aux besoins énergétiques des labos de nanotechnologies (vous savez, ces technologies qui nous sauveront de la catastrophe écologique), Gaz et Electricité de Grenoble a crée un nouveau poste d’alimentation délivrant « une puissance exceptionnelle de 70 mégawatts » (GEG Infos, 2006).

Du côté de la « Silicon Valley grenobloise », à Crolles, l’Alliance STMicroelectronics/IBM et son usine à puces  électroniques engloutissaient 370 millions de kWh en 2008, contre 320 en 2004, soit une augmentation de 16 %  en quatre ans. François Brottes, député-maire de Crolles, à propos de la rénovation d’un poste de transformation  électrique 225 000 volts dans le Grésivaudan : « C’est vital sur notre territoire, où beaucoup d’emplois dépendent d’un approvisionnement en énergie sûr et continu. Si le fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics a choisi de s’implanter à Crolles, c’est parce que nous avons pu lui apporter des garanties sur la fourniture d’électricité. » Comme pour l’eau, faut-il le rappeler.

La « révolution industrielle » des nanotechnologies exige toujours plus d’énergie, pour faire tourner les « fab » de nanomatériaux et de puces électroniques. Pire, elle crée un monde encore plus vorace en électricité. Comment  croyez-vous que fonctionnent les gadgets que vous accumulez sur injonction publicitaire, par peur de rater la dernière vague du progrès ? Votre portable, votre ordinateur, votre lecteur DVD, votre écran plat, votre box Internet, votre lecteur MP3, votre tablette numérique, votre machin à lire des « livres électroniques », à quoi tournent-ils ? Cette quincaillerie moderne et tellement pratique nous précipite dans l’abîme – carbonique ou nucléaire. Écoutez cet expert de la Direction régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE Rhône-Alpes) : « On ne pourra jamais répondre aux besoins actuels avec ces énergies alternatives ».

La vie numérique et connectée que nous vendent Minatec, Minalogic et les boîtes pour lesquelles travaillent les ingénieurs grenoblois contient, parmi ses multiples promesses, celle des futures catastrophes nucléaires. Voyez plutôt :

> chaque recherche sur Google brûle autant qu’une ampoule basse consommation pendant une heure.

> les technologies de l’information et de la communication (TIC) gaspillent 13,5 % de la consommation électrique française (soit 58,5 TWh) ; les téléviseurs à écran plat et leurs périphériques (décodeurs, équipement TNT) constituent le coût le plus important. Avec un taux de croissance moyen de 10 %, les TIC pèseront pour 20 % de la consommation d’électricité française dès 2012 – soient 9 centrales nucléaires.

> la consommation d’électricité dans le secteur résidentiel de l’Union européenne a crû ces dernières années à un rythme comparable à celui du PIB global (10,8 %). Cette demande croissante est due à l’usage généralisé d’appareils comme le lave-vaisselle, le sèche-linge, le climatiseur, l’ordinateur personnel, et à l’essor de l’électronique grand public et des équipements informatiques et de communication – décodeurs, lecteurs de DVD, équipements à haut débit et téléphones sans fil (source : Reuters).

> en 2006 les « datacenters » (qui hébergent des serveurs informatiques et équipements de télécommunications) aux Etats-Unis ont consommé 61 milliards de kWh – l’équivalent de la consommation du Royaume-Uni en deux mois – soit deux fois plus que cinq ans plus tôt.

> selon un chercheur de l’université de Dresde, Internet consommera dans 25 ans autant d’électricité que l’humanité en 2008 (source : www.dotgreen.fr). Les technologies numériques tuent ces jours-ci au Japon. Ceux qui vous disent qu’on peut à l’infini augmenter la production et la consommation, le pillage des ressources naturelles, la pollution du milieu naturel, sont des criminels qui vous mentent et nient la réalité. Les limites de la Terre s’imposent à nous et nous imposent des choix. Ce n’est pas grave. Nous n’avons pas besoin d’objets « intelligents ». Nous avons besoin d’être intelligents, de déchirer le voile de la propagande techno-scientiste, de refuser la consommation meurtrière et abrutissante, de jouir de notre existence de Terriens.

La vie est tout ce que nous avons. Ce n’est pas parce qu’EDF, Areva et le CEA nous détruisent que nous devons être leurs complices. Débranchons-nous.

Pièces et main d’œuvre
Grenoble, le 16 mars 2011

Et les piscines de La Hague (sur le nucléaire)?

La tragédie continue, ce samedi 19 mars 2011 au matin. Un câble électrique, branché au réacteur n°2 de Fukushima, pourrait permettre de rétablir une partie de l’électricité, de manière à relancer le système de pompage de l’eau destinée à refroidir les monstres échappés de l’enclos. On se croirait dans les Shadoks, cette série télévisée que je regardais quand j’étais gosse. Je rappelle pour les jeunes que ces personnages animés passaient un temps considérable à pomper. Si je me souviens bien, on ne savait plus très bien pourquoi. Mais on pompait. Pour détendre un peu cette sinistre atmosphère, un florilège de citations tirées de cet univers foutraque.

1 : « Ce n’est qu’en essayant continuellement que l’on finit par réussir. Autrement dit : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. »

2 : « Il vaut mieux pomper d’arrache-pied même s’il ne se passe rien que risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas. »

3 : « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. »

4 : « Je pompe donc je suis. »

5 : « Quand on ne sait pas où on va, il faut y aller… et le plus vite possible ! »

Comme je n’entends pas vous laisser le sourire aux lèvres, je vous glisse ci-dessous le texte d’une dépêche de l’AFP. Que naisse, que renaisse en France un vrai mouvement antinucléaire, capable de poser toutes les questions. Dont celle des piscines non couvertes de La Hague. Non couvertes, mais chauffées. Pardi.

La sûreté des piscines de combustible nucléaire en question après Fukushima

CAEN – La catastrophe de Fukushima pose la question de la sûreté des piscines à combustibles nucléaires usagés, qui ne sont jamais pourvues d’enceintes de confinement, y compris à l’usine Areva de la Hague, ou d’énormes quantités de matière radioactives sont entreposées. « La sûreté des piscines, c’est “la” question après Fukushima. Aucune au monde n’est protégée par une enceinte de confinement » de la radioactivité, comme c’est le cas pour les réacteurs, souligne le physicien David Boilley, président de l’Association pour le contrôle de la radioactivité de l’Ouest.

A Fukushima, les Japonais se battent pour éviter que les combustibles des piscines des réacteurs 3 et 4 n’émergent de l’eau dont le niveau baisse en raison de l’évaporation, liée à la panne des systèmes de refroidissement. Si le combustible dégradé se retrouvait à l’air libre, le rayonnement pourrait être tel qu’il risquerait d’interdire l’accès au site, où plusieurs autres réacteurs sont dans une situation critique.

Toutes les centrales nucléaires du monde disposent d’une piscine destinée à recueillir les combustibles irradiés. Mais l’usine de retraitement d’Areva à la Hague, l’un des plus gros entrepôts de matière radioactive au monde, préoccupe particulièrement les écologistes, à commencer par Yannick Rousselet, chargé des questions nucléaire de Greenpeace France. « Soixante des 74 tonnes environs de plutonium recensées en France se trouvent à La Hague », affirme-t-il. Toutefois, nuance Monique Sené, chercheuse au CNRS et co-fondatrice du Groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN), la nature des combustibles diffère de ceux d’une centrale. « On aurait plus de temps pour agir à La Hague que pour les piscines de réacteurs car les combustibles y sont moins chauds. Mais si on échoue, c’est plus grave », souligne cette scientifique.

Seul pays à produire plus de la moitié de son électricité (75%) avec le nucléaire, la France concentre la majeure partie de ses combustibles usagés dans les 48.000 m3 d’eau des piscines de la Hague, où travaillent 5.000 personnes. Celle du réacteur 4 de Fukushima ne fait que 1.000 m3. En 2001, un rapport du cabinet Wise au Parlement européen évaluait à « 67 fois Tchernobyl » les conséquences d’un attentat contre le site. Cela « semble exagéré », avait alors commenté l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Areva relativise aujourd’hui toute comparaison avec le drame de Fukushima. « Nos combustibles ont passé un à deux ans dans les piscines des centrales avant d’arriver à La Hague. Ils sont dix fois moins chauds que ceux de Fukushima », argumente le directeur de la communication de l’usine, Christophe Neugnot. Aussi, en cas de panne totale des systèmes de refroidissement et de secours, « il faudrait au moins une semaine » pour que les combustibles commencent à émerger, assure Areva qui souligne disposer d’une réserve de 250.000 m3 d’eau. Le site, juché à 180 m d’altitude, est à l’abri d’un tsunami et le risque sismique, modéré, a été pris en compte, selon cette source. Pour Mme Sené et M. Rousselet, le site n’est toutefois pas à l’abri d’une déficience technique et peut être exposé à une attaque terroriste.

Après le 11-Septembre, des lance-missiles avaient été positionnés autour de l’usine pour parer à une éventuelle attaque aérienne. Ce dispositif avait toutefois été rapidement levé, « le temps pour les militaires de prouver que si un gros porteur se déroute, un avion de chasse aurait vite fait » de l’intercepter, selon l’ASN.

(©AFP / 19 mars 2011 09h34)