Archives mensuelles : mars 2011

Un article sur les gaz de schistes (dans Charlie-Hebdo)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Il va de soi que ma pensée est du côté des martyrs japonais. Je vous signale néanmoins un article que j’ai écrit cette semaine dans Charlie-Hebdo, consacré aux gaz de schistes. J’y parle des liens ébouriffants entre Nicolas Sarkozy et deux acteurs industriels majeurs du dossier : Paul Desmarais (senior) et Albert Frère. Je sais que beaucoup d’entre vous ont juré et craché qu’on ne leur ferait plus acheter ce journal. Ma foi. En tout cas, que l’on sache toute au moins que M.Philippe Val n’a plus aucun rapport d’aucune sorte avec l’hebdomadaire

Adresse aux fripouilles qui nous gouvernent (sur le nucléaire)

Je ne peux rien dire qui soit adapté à l’impensable. Je souffre. Réellement. Presque à chaque instant, je pense à ceux de là-bas. Au Japon. Aux massacrés, aux victimes perpétuelles de ce crime perpétuel qu’est le nucléaire. Ce que je peux écrire, c’est que les choses ne seront plus jamais comme avant. Ni pour moi, ni pour quantité d’autres habitants de cette terre. Je n’oublierai jamais. Je ne pardonnerai jamais. Je maudirai jusqu’à ma dernière seconde tous ceux qui ont entraîné les hommes dans ce si grand malheur.

En tout cas, tâchons de nous souvenir ensemble que le petit peuple des écologistes a eu historiquement raison. Oui, relevons la tête. Nous avons eu raison contre cette infernale coalition des grands ingénieurs et des petits politiciens. Raison quand André Giraud, ingénieur des Mines, ministre de l’Industrie sous Giscard et ministre de la Défense sous Chirac – en 1986 – voulait bâtir en France une « Shell de l’atome ». Il y est parvenu. Nous avons EDF et Areva, qui ne sont évidemment pas réformables. Le seul destin que des hommes puissent leur souhaiter, c’est la mort.

Lisez avec moi ce texte de 1973, rédigé par des scientifiques du mouvement Pugwash, et que je retrouve dans un livre paru en 1975, L’Escroquerie nucléaire (Stock) : « Les problèmes non encore résolus de la gestion des déchets et les problèmes, peut-être insolubles, qui concernent les dégagements catastrophiques de radioactivité et le détournement d’explosifs nucléaires, se combinent pour susciter de graves appréhensions, parfaitement justifiées, sur la rapide croissance de l’énergie nucléaire qui est prévue un peu partout. La sagesse d’une telle croissance doit sérieusement être mise en question dès maintenant ».

Dites-moi : qui a eu raison ? Eux, ou nous ? Giscard, Chirac, Mitterrand, Rocard, Marchais, et leurs pitoyables successeurs ? Ou bien les écologistes ? Qui a raison aujourd’hui ? Ceux qui pleurent de compassion et de rage, ou Sarkozy, prêt à vendre du nucléaire à toutes les brutes de la planète ? Je me répète, jusqu’au radotage : il faut se révolter.

Putain, ces gens me rendent malade (sur le nucléaire)

Je manque affreusement de mots pour dire le dégoût que m’inspirent nos politiciens. Je parle bien entendu du désastre nucléaire en cours, qui me mène chaque quart d’heure au bord des larmes. Oui, sincèrement, j’ai envie de pleurer. Et qu’on ne me vienne surtout pas m’emmerder avec cette antienne du « tous pourris », censée écarter la critique radicale de ce monde exténué, et d’ailleurs perdu. Avant d’être pourris – et certains le sont, plus nombreux qu’on ne l’écrit -, ces gens sont des imbéciles. De purs connards, qui ne comprennent rien, et d’ailleurs s’en foutent, car leur intérêt d’individus dérisoires est ailleurs. En février 2007, tant Ségolène Royal que Nicolas Sarkozy, alors candidats à l’élection présidentielle, répondirent n’importe quoi à une question du journaliste de RMC Jean-Jacques Bourdin. Et la question était tout de même de savoir le nombre de sous-marins d’attaque nucléaires dont disposait alors la France. Misère ! Sarkozy montra au passage, pour faire le compte, qu’il ignorait tout des différences entre musulmans sunnites et musulmans chiites, clé pourtant, parmi quelques autres, de la situation politique mondiale. Il n’y a rien à attendre. Il faut renverser, et refonder.

À propos de l’horreur nucléaire japonaise, je dois confesser que j’ai en moi des pulsions extrêmes. Ce n’est pas la gloire, mais c’est un fait. Jack Lang, désastreux personnage entre tous, sur LCI :« Un peu de calme, un peu de responsabilité, c’est un sujet trop grave pour que ce soit source d’affrontements entre politiciens (…) L’énergie nucléaire est une énergie pacifique, une énergie non polluante, une énergie qui représente pour l’économie française, je crois, 30% de son énergie, on ne va pas d’un coup d’aile ou d’un coup de main écarter cette source d’énergie ». Comment réussir à dire autant de conneries en si peu de phrases ? J’avoue ne pas le savoir. J’aimerais mieux que Lang explique dans quelles conditions sa femme Monique a pu être salariée par la Lyonnaise des Eaux, et pour quoi. Et pourquoi Google garde-t-il si peu de traces de cet événement pourtant si éclairant.

Côté droit, l’ancien ingénieur agronome Pierre Méhaignerie, ancien ministre UMP, vient de déclarer des choses qui lui ressemblent, et ce n’est pas un compliment. Sur le Talk Orange/Le Figaro : «Un référendum n’aboutirait pas à grand-chose parce qu’à un problème complexe, on ne peut pas répondre par une réponse simple ». Et j’arrête là, car je veux dormir un peu cette nuit. Aucun, aucun politicien de droite ou de gauche ne peut nous aider dans cette tache historique : abattre les féodalités de l’énergie, abattre le corps des ingénieurs de Mines, sortir du nucléaire, imposer à l’industrie des process qui divisent par cinq la consommation unitaire d’énergie.

Il est clair à mes yeux que le moment arrive de sortir à l’air libre. Et d’agir. Nous nous le devons. Nous le devons à nos enfants. Nous le devons au Japon crucifié. Nous le devons à l’humanité.

Un grand rassemblement cet été (sur l’énergie)

Je ne sais si cette idée aboutira, mais nous sommes quelques-uns à en discuter. Il s’agirait d’organiser cet été un très grand rassemblement – 100 000, 200 000, 300 000 personnes ? – à la fois festif et infiniment sérieux. Centré sur la question des gaz de schistes, ce rendez-vous s’ouvrirait, par force, à la tragédie du nucléaire et aux questions de l’énergie en France. Il serait, il pourrait devenir la pierre de touche d’un immense débat national sur l’énergie. Pas les conneries habituelles de la Commission nationale du débat public (CNDP). Non, non ! Bien plutôt l’irruption de la société dans le lieu décisif où se prennent en son nom les décisions les plus folles.

Ce rassemblement serait mondial, et inviterait à la fois des Chinois et des Africains, des Latinos, des Européens de partout. On y dirait enfin, ensemble et dans la liberté, ce dont nous avons besoin. Quels sont nos vrais besoins énergétiques, et comment nous entendons les satisfaire. Sans le nucléaire, cette industrie atroce, insupportable, folle et criminelle. Sans les combustibles fossiles qui sont en train de ruiner l’équilibre climatique. La voie est étroite ? Elle l’est. On ne la distingue pas même. Mais c’est la seule que je suis capable d’entrevoir. Si vous adhérez à ce projet, je vous en prie, réagissez. Car pour l’heure, il est dans les limbes. Il ne peut advenir qu’avec vous, il ne peut se produire que si nous nous y mettons tous ensemble. Merde aux tenants de la mort industrielle ! Merde au nucléaire et à ses sbires !

Pendant ce temps, EDF (sur le nucléaire)

Je fais comme tout le monde, j’essaie en ce samedi matin d’en savoir plus sur le tremblement de terre au Japon, qui semble réserver de très mauvaises surprises nucléaires. Je clique, je vais regarder la presse, étrangère ou française. Tout à l’heure, parcourant un article du Point sur le sujet, une publicité s’est surimposée à l’écran. Cela arrive de plus en plus souvent, car cette industrie du mensonge est partout. Mais cette fois, j’ai eu un sursaut, car la pub était en faveur d’EDF. EDF !

On ne peut faire revivre l’esprit qui a présidé à la naissance de ce monstre, en février 1946. On appliquait alors le programme de nationalisations du Conseil national de la résistance (CNR), et l’heure était à l’illusion lyrique. La nation enfin rassemblée autour de nobles objectifs avait un vital besoin d’énergie, et cette dernière ne pouvait plus être soumise à l’intérêt privé. 64 ans plus tard, la boîte est entre les mains de Proglio, proche de Sarkozy comme tant d’autres, et des grands ingénieurs d’État. Une gigantesque alliance entre les staliniens – car le PCF et la CGT sont indissociables de l’histoire d’EDF -, l’État et les ingénieurs a conduit à la confiscation généralisée. Quel bilan !

Oui, le débat sur l’énergie a été confisqué par ces gens, et nous n’avons pas eu notre mot à dire. Nous sommes face à une industrie électronucléaire surpuissante, et bien entendu irresponsable. Qui paierait les dégâts si demain un tiers de notre pays devenait inhabitable ? La catastrophe est impossible tant qu’elle ne s’est pas produite, pour reprendre la forte pensée de Jean-Pierre Dupuy. Mais si elle advient, elle le devient rétrospectivement. Elle était possible, puisqu’elle s’est produite, et nous sommes tous morts vitrifiés.

Amis lecteurs de Planète sans visa, je ne voudrais pas me montrer trop solennel, mais dans le même temps, nous avons besoin de sérieux, et d’engagement. Je crois que nous devons faire le serment, alors que s’effondre au Japon une centrale nucléaire, de ne plus jamais lâcher ceux qui ont décidé à notre place. Que ce soit sur le nucléaire ou les gaz de schistes, une oligarchie entend trancher, et imposer. Ce sont nos adversaires. Il faut les combattre sans plus hésiter. Et il faut vaincre, je n’ai pas peur de ce mot guerrier. La priorité des priorités est d’arracher un vaste débat public, étendu sur des mois, qui nous permette de répondre à une question clé. La voici : quels sont nos vrais besoins énergétiques ? Comment diviser par trois ou quatre la consommation par habitant ? Je me répète : faisons serment.