Archives mensuelles : mai 2011

Une première traduction del manifiesto de los indignados

Je crois de plus en plus qu’il suffit de demander. Une heure après avoir mis en ligne le manifeste (en anglais) de Los indignados de Madrid, mon cher Jean-Paul Brodier, de Metz, m’envoie une traduction parfaite de ce texte. Jean-Paul, merci beaucoup, et belle journée à toi.

Mais n’oublions pas qu’il reste à traduire las propuestas, les propositions en espagnol. ¡ Adelante !

Traduction du Manifeste de la Puerta del Sol (par Jean-Paul Brodier)

Nous sommes des gens ordinaires. Nous sommes comme vous : des gens qui se lèvent chaque matin pour étudier, travailler ou trouver un emploi, des gens qui ont une famille et des amis. Des gens qui travaillent dur pour procurer un avenir meilleur à ceux qui les entourent.

Certains parmi nous se considèrent progressistes, d’autres conservateurs. Certains parmi nous sont croyants, d’autres non. Certains parmi nous ont des idéologies bien définies, d’autres sont apolitiques, mais nous sommes tous inquiets et en colère au sujet du paysage politique, économique et social que nous voyons autour de nous : corruption parmi les politiciens, les hommes d’affaires et les banquiers qui nous laissent sans recours et sans voix.

Cette situation est devenue la norme, une souffrance quotidienne, sans espoir. Mais si nous assemblons nos forces, nous pouvons la changer. Il est temps de changer les choses, temps de construire ensemble une meilleure société. C’est pourquoi nous affirmons fortement que les priorités de toute société avancée doivent être le progrès, la solidarité, la liberté de la culture, la durabilité et le développement, le bien-être et le bonheur des peuples.

Voici des vérités inaliénables auxquelles nous devrions nous attacher dans notre société : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation à la vie politique, à la liberté du développement personnel, les droits des consommateurs pour une vie heureuse et en bonne santé.

L’état actuel de notre gouvernement et de notre système économique ne se soucie pas de ces droits et de beaucoup de façons s’oppose au progrès humain.

La démocratie appartient au peuple (demos = peuple, kratos = force), cela signifie que le gouvernement est composé par chacun de nous. Toutefois, en Espagne, la majorité de la classe politique ne nous écoute même pas. Les politiciens devraient porter notre voix aux institutions, permettre la participation des citoyens à la politique par des canaux directs qui apportent les plus grands bénéfices à l’ensemble de la société et non pas s’enrichir et prospérer à nos dépens, à l’écoute exclusive de la dictature des principales puissances économiques, ni les maintenir au pouvoir dans un bipartisme conduit par les acronymes inamovibles PP & PSOE.

L’appétit de puissance et d’accumulation de quelques-uns crée les inégalités, les tensions et les injustices, lesquelles conduisent à la violence, que nous rejetons. Le modèle économique anti-naturel et obsolète pousse la machine sociale dans une spirale de croissance qui la consume elle-même, enrichit quelques-uns et plonge les autres dans la pauvreté. Jusqu’à l’effondrement.

L’intention et l’objet du système actuel est l’accumulation d’argent, sans égard pour l’efficacité ni le bien-être de la société. Gaspillage des ressources, destruction de la planète, création de chômage et de consommateurs malheureux.

Les citoyens sont les rouages d’une machine conçue pour enrichir une minorité qui ne tient pas compte de nos besoins. Nous sommes anonymes, mais sans nous rien de cela n’existerait, parce que nous sommes les moteurs du monde.

Si, en tant que société, nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une économie abstraite, qui ne restitue jamais les bénéfices à la majorité, alors nous pouvons mettre fin aux mauvais traitements dont nous souffrons tous.

Il faut une révolution éthique. Au lieu de placer l’argent au-dessus des êtres humains, nous le remettrons à notre service. Nous sommes des gens, pas des produits. Je ne suis pas le produit de ce que j’achète, pourquoi je l’achète et à qui je l’achète.

Pour tout ce qui précède, je suis indigné.
Je pense que je peux le changer.
Je pense que je peux aider.
Je sais qu’ensemble nous pouvons. Je pense que je peux aider.

Je sais qu’ensemble nous pouvons.

El manifiesto de los indignados (Espagne)

Je l’ai déjà écrit : je me sens spontanément proche des jeunes et bien moins jeunes qui occupent la Puerta del Sol, cette place de Madrid. Certes, j’aurais infiniment préféré qu’ils mettent au premier plan la crise écologique, à quoi tout est subordonné. Ce n’est pas le cas. Ils n’en parlent même pas. Par ailleurs, les mesures proposées sont fort éloignées de ce que j’imagine pour ma part. Pour rester poli. Mais il demeure que j’applaudis ce mouvement clair et vivifiant. Je vous mets ci-dessous deux textes sans traduction. Le premier en espagnol, qui rassemble les propositions de Los indignados. Le second, en anglais, est un manifeste.

Si je ne traduis pas, c’est simplement parce que je n’ai pas le temps. J’espère qu’une amie lectrice – un ami lecteur – de Planète sans visa, proposera rapidement une traduction, que je mettrai aussitôt en ligne. Voici l’adresse du mouvement : http://www.democraciarealya.es

D’abord donc, les propositions.

Estas son algunas de las medidas que, en cuanto ciudadanos, consideramos esenciales para la regeneración de nuestro sistema político y económico. ¡Opina sobre las mismas y propón las tuyas en el foro!

 

1. ELIMINACIÓN DE LOS PRIVILEGIOS DE LA CLASE POLÍTICA:

  • Control estricto del absentismo de los cargos electos en sus respectivos puestos. Sanciones específicas por dejación de funciones.
  • Supresión de los privilegios en el pago de impuestos, los años de cotización y el monto de las pensiones. Equiparación del salario de los representantes electos al salario medio español más las dietas necesarias indispensables para el ejercicio de sus funciones.
  • Eliminación de la inmunidad asociada al cargo. Imprescriptibilidad de los delitos de corrupción.
  • Publicación obligatoria del patrimonio de todos los cargos públicos.
  • Reducción de los cargos de libre designación.

2. CONTRA EL DESEMPLEO:

  • Reparto del trabajo fomentando las reducciones de jornada y la conciliación laboral hasta acabar con el desempleo estructural (es decir, hasta que el desempleo descienda por debajo del 5%).
  • Jubilación a los 65 y ningún aumento de la edad de jubilación hasta acabar con el desempleo juvenil.
  • Bonificaciones para aquellas empresas con menos de un 10% de contratación temporal.
  • Seguridad en el empleo: imposibilidad de despidos colectivos o por causas objetivas en las grandes empresas mientras haya beneficios, fiscalización a las grandes empresas para asegurar que no cubren con trabajadores temporales empleos que podrían ser fijos.
  • Restablecimiento del subsidio de 426€ para todos los parados de larga duración.

3. DERECHO A LA VIVIENDA:

  • Expropiación por el Estado de las viviendas construidas en stock que no se han vendido para colocarlas en el mercado en régimen de alquiler protegido.
  • Ayudas al alquiler para jóvenes y todas aquellas personas de bajos recursos.
  • Que se permita la dación en pago de las viviendas para cancelar las hipotecas.

4. SERVICIOS PÚBLICOS DE CALIDAD:

  • Supresión de gastos inútiles en las Administraciones Públicas y establecimiento de un control independiente de presupuestos y gastos.
  • Contratación de personal sanitario hasta acabar con las listas de espera.
  • Contratación de profesorado para garantizar la ratio de alumnos por aula, los grupos de desdoble y los grupos de apoyo.
  • Reducción del coste de matrícula en toda la educación universitaria, equiparando el precio de los posgrados al de los grados.
  • Financiación pública de la investigación para garantizar su independencia.
  • Transporte público barato, de calidad y ecológicamente sostenible: restablecimiento de los trenes que se están sustituyendo por el AVE con los precios originarios, abaratamiento de los abonos de transporte, restricción del tráfico rodado privado en el centro de las ciudades, construcción de carriles bici.
  • Recursos sociales locales: aplicación efectiva de la Ley de Dependencia, redes de cuidadores locales municipales, servicios locales de mediación y tutelaje.

5. CONTROL DE LAS ENTIDADES BANCARIAS:

  • Prohibición de cualquier tipo de rescate o inyección de capital a entidades bancarias: aquellas entidades en dificultades deben quebrar o ser nacionalizadas para constituir una banca pública bajo control social.
  • Elevación de los impuestos a la banca de manera directamente proporcional al gasto social ocasionado por la crisis generada por su mala gestión.
  • Devolución a las arcas públicas por parte de los bancos de todo capital público aportado.
  • Prohibición de inversión de bancos españoles en paraísos fiscales.
  • Regulación de sanciones a los movimientos especulativos y a la mala praxis bancaria.

6. FISCALIDAD:

  • Aumento del tipo impositivo a las grandes fortunas y entidades bancarias.
  • Eliminación de las SICAV.
  • Recuperación del Impuesto sobre el Patrimonio.
  • Control real y efectivo del fraude fiscal y de la fuga de capitales a paraísos fiscales.
  • Promoción a nivel internacional de la adopción de una tasa a las transacciones internacionales (tasa Tobin).

7. LIBERTADES CIUDADANAS Y DEMOCRACIA PARTICIPATIVA:

  • No al control de internet. Abolición de la Ley Sinde.
  • Protección de la libertad de información y del periodismo de investigación.
  • Referéndums obligatorios y vinculantes para las cuestiones de gran calado que modifican las condiciones de vida de los ciudadanos.
  • Referéndums obligatorios para toda introducción de medidas dictadas desde la Unión Europea.
  • Modificación de la Ley Electoral para garantizar un sistema auténticamente representativo y proporcional que no discrimine a ninguna fuerza política ni voluntad social, donde el voto en blanco y el voto nulo también tengan su representación en el legislativo.
  • Independencia del Poder Judicial: reforma de la figura del Ministerio Fiscal para garantizar su independencia, no al nombramiento de miembros del Tribunal Constitucional y del Consejo General del Poder Judicial por parte del Poder Ejecutivo.
  • Establecimiento de mecanismos efectivos que garanticen la democracia interna en los partidos políticos.

8. REDUCCIÓN DEL GASTO MILITAR

Et voici le manifeste :

We are ordinary people. We are like you: people, who get up every morning to study, work or find a job, people who have family and friends. People, who work hard every day to provide a better future for those around.

Some of us consider ourselves progressive, others conservative. Some of us are believers, some not. Some of us have clearly defined ideologies, others are apolitical, but we are all concerned and angry about the political, economic, and social outlook which we see around us: corruption among politicians, businessmen, bankers, leaving us helpless, without a voice.
This situation has become normal, a daily suffering, without hope. But if we join forces, we can change it. It’s time to change things, time to build a better society together. Therefore, we strongly argue that:

  • The priorities of any advanced society must be equality, progress, solidarity, freedom of culture, sustainability and development, welfare and people’s happiness.
  • These are inalienable truths that we should abide by in our society: the right to housing, employment, culture, health, education, political participation, free personal development, and consumer rights for a healthy and happy life.
  • The current status of our government and economic system does not take care of these rights, and in many ways is an obstacle to human progress.
  • Democracy belongs to the people (demos = people, krátos = government) which means that government is made of every one of us. However, in Spain most of the political class does not even listen to us. Politicians should be bringing our voice to the institutions, facilitating the political participation of citizens through direct channels that provide the greatest benefit to the wider society, not to get rich and prosper at our expense, attending only to the dictatorship of major economic powers and holding them in power through a bipartidism headed by the immovable acronym PP & PSOE.
  • Lust for power and its accumulation in only a few; create inequality, tension and injustice, which leads to violence, which we reject. The obsolete and unnatural economic model fuels the social machinery in a growing spiral that consumes itself by enriching a few and sends into poverty the rest. Until the collapse.
  • The will and purpose of the current system is the accumulation of money, not regarding efficiency and the welfare of society. Wasting resources, destroying the planet, creating unemployment and unhappy consumers.
  • Citizens are the gears of a machine designed to enrich a minority which does not regard our needs. We are anonymous, but without us none of this would exist, because we move the world.
  • If as a society we learn to not trust our future to an abstract economy, which never returns benefits for the most, we can eliminate the abuse that we are all suffering.
  • We need an ethical revolution. Instead of placing money above human beings, we shall put it back to our service. We are people, not products. I am not a product of what I buy, why I buy and who I buy from.

For all of the above, I am outraged.
I think I can change it.
I think I can help.
I know that together we can.I think I can help.

I know that together we can.

Bis repetita chez les puissants (DSK, Aubry, Lagarde)

Le Fonds monétaire international (FMI) est l’une des structures de base de ce monde à la dérive. Il intervient sans cesse dans la politique des États. Contre les peuples et des services publics souvent en déroute. Pour le marché, pour la liberté du renard libre dans le poulailler libre [avec mes excuses pour le renard, que j’adore dans la réalité]. Une morale plus proche du sens commun nous ferait voir le FMI pour ce qu’il est : une structure criminelle au service des maîtres de la planète.

Mais ce serait trop simple. DSK en a été le directeur général jusqu’aux menus désagréments que l’on sait, grâce à Nicolas Sarkozy, qui avait mis tout le poids de la France officielle à la fin de l’été 2007 pour que le poste échût au grand socialiste. Par la faute d’une petite femme de chambre venue des hauts plateaux de Guinée, un malheureux traîne désormais sa richesse entre quatre murs, lestée d’un collier électronique.

La farce est-elle terminée ? Elle ne fait que commencer. Notre grande socialiste nationale – amie des patrons, comme DSK, amie d’Alain Minc, comme DSK – Martine Aubry se déclare en faveur d’une candidature de madame Lagarde, actuelle ministre de l’Économie, au poste de directrice générale du FMI, comme vous verrez plus bas. Le miroir inversé de 2007. C’est splendide, cela dit tout de la réalité des relations entre  « opposants » politiques.

Rappelons trois choses. La première, c’est que la politique de Sarkozy, c’est tout de même bien un peu Lagarde. On suggère donc qu’elle aille faire de même à Washington. La deuxième, c’est que madame Lagarde a joué un rôle confus, et très contesté, dans le règlement du litige financier opposant Tapie au défunt Crédit Lyonnais dans le cadre de la vente Adidas. La France a filé 285 millions d’euros à Nanard, qui n’iront ni aux banlieues, ni à la biodiversité. Madame Lagarde a-t-elle été coupable « d’abus d’autorité »,  comme certains l’en accusent ? Ce serait grave. On verra. La troisième en tout cas mérite de sortir de la naphtaline.

Nous sommes le 10 juillet 2007, et tandis que Nicolas Sarkozy s’active dans les coulisses au grand bénéfice de DSK, madame Lagarde est à la tribune de l’Assemblée nationale. Voici un extrait de ce qu’elle y déclare : « Que de détours pour dire une chose au fond si simple : il faut que le travail paye. Mais c’est une vieille habitude nationale : la France est un pays qui pense. Il n’y a guère une idéologie dont nous n’avons fait la théorie. Nous possédons dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé maintenant. Retroussons nos manches ».

C’est cette brave personne qu’Aubry, bientôt candidate à l’élection présidentielle, veut voir à la tête du FMI. Je pense pour ma part aux milliers de jeunes et moins jeunes de la place Puerta del Sol, à Madrid (ici), qui envoient se faire foutre le (très) grand socialiste espagnol José Luis Rodríguez Zapatero. Je pense, je pense vraiment et sincèrement à Nafissatou Diallo, retrouvée tremblante, terrorisée et vomissante dans les couloirs de l’hôtel Sofitel de New York. L’innombrable légion des salauds n’est pas près de rendre des comptes. Ou si ?

 

AUBRY SE PRONONCE EN FAVEUR D’UNE CANDIDATURE DE LAGARDE AU FMI

PARIS (Reuters) – Plusieurs responsables français, y compris la socialiste Martine Aubry, se sont prononcés dimanche en faveur d’une candidature de Christine Lagarde à la direction générale du Fonds monétaire international.

Londres et Berlin ont, entre autres, déjà apporté leur soutien à la ministre française de l’Economie et des Finances pour prendre le poste laissé vacant par Dominique Strauss-Kahn, accusé d’agression sexuelle aux Etats-Unis. Le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, a salué en Christine Lagarde « une femme respectable » bien que membre d’un gouvernement dont elle désapprouve la politique économique.

« Ce serait bien que ce soit la France qui ait ce poste et je crois que madame Lagarde, au-delà des divergences que l’on peut avoir (…), est une femme respectable », a-t-elle déclaré sur France 2. « Si l’Europe peut avoir ce poste et si une Française peut l’obtenir, je crois que ce serait une très bonne chose pour notre pays et pour l’Europe », a-t-elle ajouté.

Pour le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, la politique menée par le FMI est le plus important. « J’ai beaucoup de respect pour Christine Lagarde (mais) la politique que l’on mènera au FMI m’intéresse plus que la personnalité qui la mettra en oeuvre », a-t-il déclaré sur Canal+. Le ministre de l’Intérieur et ancien secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a quant à lui apporté un soutien appuyé à la ministre de l’Economie.

« Christine Lagarde a, à l’évidence, toutes les qualités pour être un excellent directeur général du FMI et je note que beaucoup de pays la soutiennent publiquement », a-t-il déclaré au Grand Rendez-Vous Europe 1-Le Parisien/Aujourd’hui en France. Ni l’Elysée, ni le ministère de l’Economie n’ont pour l’instant commenté une éventuelle candidature de Christine Lagarde à la tête du FMI.

Un rassemblement dans les Cévennes (sur l’énergie)

Bon, ben voilà, il n’y a plus qu’à s’y mettre. Un rassemblement autour des questions d’énergie aura lieu fin août dans les Cévennes. Pour l’instant, Il manque de tout. De bénévoles. De fric. Et même d’idées. Autrement dit, c’est à vous. Je vous transmets bien volontiers l’appel.

ENERGIES POUR LA PLANÈTE

CONVERGENCE CITOYENNE POUR UNE TRANSITION ENERGÉTIQUE

Cévennes – 26-27 & 28 août 2011

À l’initiative de la Coordination nationale des collectifs contre le gaz de schiste, en partenariat avec les réseaux militants nationaux et internationaux, luttant pour un autre avenir énergétique.

L’extraction des gaz et pétroles de schiste est un phénomène européen, planétaire. Ces hydrocarbures posent, avec une acuité nouvelle, la question clé de l’énergie: sa production, le niveau de sa consommation, la préservation de l’environnement, de l’eau et du climat.

Le niveau de vie de notre société repose sur une gabegie énergétique et, encore, bon marché. Nos objets, nos projets, nos manières de vivre, de nous chauffer, de nous déplacer, …, imposent une offre perpétuellement croissante, stimulée par des logiques industrielles, financières et politiciennes. Les transnationales de l’énergie spolient les peuples, prennent en otage les générations futures et hypothèquent l’avenir même de l’humanité. Est-ce tenable ? Nous répondons: non.

En outre, l’année 2011 restera, définitivement, marquée par le drame atroce de Fukushima.
Une fenêtre historique s’ouvre. Prenons le pari de nous y engouffrer et de pousser ensemble à l’adoption d’un projet démocratique sur la production énergétique, construit à la fois sur la mobilisation sociale et l’élaboration d’un scénario crédible, qui permettrait d’entrevoir, en même temps, la sortie du nucléaire, la diminution de nos émissions de gaz à effet de serre, assurant collectivement un avenir aux habitants de notre planète.

La bataille contre les gaz et pétroles de schiste trouverait là sa complète cohérence. Autrement, nous n’aurons, demain, aucune crédibilité à refuser près de chez nous ce que nous acceptons, si facilement, loin. Il s’agit d’états généraux citoyens sur la question de nos besoins énergétiques, embrayant sur une sobriété elle-même prélude à un scénario pour l’avenir totalement différent de celui qui nous est promis. Sans entrer dans les détails, nous avons lancé des pistes autour de plusieurs débats débouchant sur une discussion finale et fondatrice.

Les trois jours abriteraient également, parallèlement aux débats « centraux » des tables rondes et forums, au cours desquels les participants pourront s’exprimer. L’aspect festif, bien que secondaire, serait également et heureusement présent.

Afin de mutualiser et démultiplier nos connaissances et idées, la Coordination nationale des collectifs contre le gaz de schiste invite, dès maintenant, les réseaux militants concernés à la rejoindre pour penser et construire le programme de cette convergence citoyenne pour une transition énergétique.

Contact : organisation@nonaugazdeschiste.com

Cela fait du bien d’être d’accord (avec Pierre Rabhi)

J’ai une très profonde affection pour Pierre Rabhi, que je crois être un prophète. Je lui ai dit hier, au cours d’une longue discussion téléphonique. Mais qu’est-ce qu’un prophète ? J’avoue que je ne suis pas sûr de moi. Allons, tentons une définition : il s’agit de quelqu’un qui incarne par sa présence et son souffle un avenir qui n’est pas encore écrit. Qui est possible. Qui est désirable. Qui demeure incertain. Ce n’est évidemment pas un intellectuel. Encore moins un politique. Admettons par commodité qu’il puisse voir mieux que les autres ce qui émerge au loin dans la brume. Admettons. Admettons que Pierre Rabhi voie mieux et plus loin.

Je sais que des propos comme ceux-là ne peuvent qu’irriter ceux d’entre vous qui tiennent fort à leur héritage rationaliste. Je me moquerais d’autant moins d’eux que j’ai longtemps repoussé de toutes mes forces ce qui ne me semblait pas relever de ce que je nommais pompeusement la « raison critique ». Pour éviter un premier malentendu, je précise que je reste profondément attaché à l’examen critique par la raison. Seulement, je sais ou je crois savoir désormais qu’une infinité de choses pourtant bien réelles nous échappent à jamais. L’intelligence humaine est intrinsèquement faible, et plus d’une fois dérisoire.

Mais je me rends compte que je fais comme si chacun connaissait Pierre Rabhi. Et bien entendu, ce n’est pas le cas. Si je devais vous le présenter, mon attachement à sa personne me ferait oublier mes devoirs de rigueur. Je vous conseille donc de lire page de wikipédia à lui consacrée. Nous sommes lui et moi des amis, et j’en suis réellement heureux. D’autant plus que nous sommes le plus souvent d’accord sur l’essentiel. Par quel miracle cet homme né dans une oasis algérienne avant la Seconde Guerre mondiale peut-il être ami avec moi ? Les fois où j’y songe, j’en demeure stupéfait.

Ce qui est sûr, c’est que nos conversations m’aident puissamment à vivre. Je pense qu’il le sait. Hier donc, après que je lui eus dit : « mais Pierre, voyons, la vérité est que tu es un prophète, et voilà tout ! », je lui ai suggéré l’idée d’un Appel mondial, dont il pourrait prendre l’initiative. Un appel ? Mais pour dire quoi, au juste ? Eh bien, le plus simple est tout de même de me citer moi-même. Il m’arrive souvent d’être sinon moqué, du moins interrogé, et vivement. Je me contenterais de critiquer. Je n’aurais jamais la moindre proposition à faire. Franchement, et vous allez comprendre pourquoi, je trouve cela aussi pénible qu’injuste. Voici ce que j’écrivais ici-même le 11 mars 2009:

« J’ai écrit ici, coup sur coup, deux textes qui comptent davantage que d’autres à mes yeux (ici et ici). Je les reprends en quelques phrases. Pour commencer, je crois qu’il n’y a pas pire désordre moral et même mental que le racornissement de l’Occident sur ses biens matériels. C’est bien sûr une infamie, mais c’est aussi une rare stupidité. Car rien n’arrêtera le flot des réfugiés écologiques. Nous y perdrons ce qui reste de notre âme, nous y perdrons aussi le reste.

» Il n’y a rien de plus urgent que de trouver les moyens d’un vrai discours universel, qui relie de façon solide, authentique et sincère, le sort de qui meurt de faim à celui de qui meurt de voracité. Si nous y parvenons, des portes s’ouvriront devant nous. Si nous en restons au cadre de la France, si nous continuons nos défilés Bastille-Nation pour sauver la télévision à écran plasma, nous échouerons, et ce sera le sang rouge des pires batailles.

» Donc, un véritable discours universel. Depuis le temps que je pense à cela, j’ai eu le temps d’assembler quelques pièces du puzzle. En voici trois, qui sont majeures. Un, l’économie de casino qui nous plonge en ce moment dans la crise qu’on sait, cette économie a produit des milliers de milliards de dollars qui ne savent où s’investir. Sur cette planète pourtant dévastée. Deux, il existe dans le monde une force de travail colossale qui n’est pas employée. Combien d’humains au chômage ou en situation de sous-emploi ? Plus d’un milliard, j’en jurerais, bien que ne disposant d’aucune statistique précise. Trois, les écosystèmes naturels sont tous menacés d’effondrement à plus ou moins long terme. Sans eux, ni avenir ni société. Pas même de téléphone portable.

» Je propose donc de réfléchir au lancement d’un nouveau mouvement. Neuf. Audacieux. Utopiste. Fou. Révolutionnaire ô combien. Ce mouvement proclamera l’unité irréfragable du genre humain. Et créera une coordination planétaire entre groupes du Nord et du Sud. Dont le but premier sera de s’emparer, en s’inspirant des méthodes radicales et non-violentes de Gandhi, d’une fraction des richesses financières de la planète. Moi, je n’ai jamais eu peur de l’expropriation. S’il faut dépouiller un Bill Gates de l’argent qu’un système criminel lui a octroyé, je n’y vois pas l’ombre d’un inconvénient. Et des Bill Gates, il y en a des milliers.

» Un mouvement planétaire. Si fort qu’il permettrait la création d’un Fonds mondial, doté de 500 milliards de dollars pour commencer. Juste pour commencer. Cet argent serait bien entendu dévolu, pour l’essentiel, aux communautés locales et paysannes du Sud. Pas pour nous faire plaisir. Pas pour nous rassurer. Pas pour leur faire acheter notre bimbeloterie.

» Non, pas pour cela. Pour que ceux qui n’ont ni travail ni pitance puissent être payés dignement afin de restaurer les écosystèmes dont dépendent si directement leurs vies. Ici une rivière. Là un coteau, une forêt, une mangrove, un banc de corail. Ailleurs une barrière végétale contre l’érosion, la diffusion de connaissances agro-biologiques, ou des travaux de génie écologique.

» Un tel mouvement uni du Nord au Sud changerait, dès ses premiers pas concrets, la face du monde et de la crise écologique. Car il secouerait de fond en comble les pouvoirs corrompus du Sud. Car il redonnerait de l’espoir. Car il montrerait le chemin. Car il nous élèverait tous au-dessus de nous-mêmes. Il n’y a aucun doute que la constitution d’une telle force nous aiderait, lentement mais sûrement, pas après pas,  à susciter de nouveaux enthousiasmes, de nouveaux engagements. La jeunesse du monde, tellement désabusée, y trouverait matière à redresser la tête, et à avancer enfin ».

Je reprends la plume ce 19 mai 2011 pour vous dire que c’est de cela, en résumé, que j’ai parlé hier à Pierre Rabhi. Nul ne sait s’il en sortira quelque chose. Pierre est à ce point absorbé par ses innombrables obligations qu’il ne se sera peut-être agi que d’un sincère échange entre deux amis, un après-midi de printemps. Mais qui connaît à l’avance le destin d’une graine ?