Archives mensuelles : novembre 2014

Derrière Sivens, ceux qui décident

Cet article a été publié par Charlie Hebdo le 5 novembre 2014
Faudrait voir à comprendre. Qui « pense » les barrages, les ponts, les routes, le nucléaire, le remembrement ? Perpétuellement les mêmes, depuis plus de deux siècles.

On va essayer de faire court, mais le fond de l’affaire mérite un livre. Ce qui s’est passé autour de ce putain de barrage de Sivens se produit chaque jour ou presque, d’un bout à l’autre de la France, de la ferme des « 1 000 vaches » à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en passant par des milliers de projets publics ou parapublics conçus dans l’opacité la plus totale. Pourquoi, chers amis les aveugles ? Mettons de côté l’imbécillité coutumière des collectivités locales, qui versent faute d’idées dans le clientélisme. À Sivens, il s’est agi pour les socialos en place d’arroser quelques paysans intensifs et de faire travailler des boîtes de BTP locales. Il y a toujours une raison, aussi merdique soit-elle.

Mais derrière, il y a des dossiers biaisés, des choix controuvés, des prises de décision dissimulées sous l’apparence de la froide technique. Pour mieux comprendre, deux exemples. Exceptionnellement, l’auteur de ce papier va utiliser le je, car c’est à moi que cela est arrivé. En 1991, préparant un livre, je décide de rencontrer un Ingénieur général des Ponts et Chaussées, Jacques Bourdillon. Ce monsieur venait d’écrire, sous l’autorité du ministère de l’Équipement auquel il appartenait un rapport renversant intitulé : « Les réseaux de transport français face à l’Europe ».

Selon lui, pour éviter un déclin sinon inévitable, il fallait investir 1560 milliards de francs – 340 milliards d’euros en valeur 2013 – en quinze ans, soit plus de cent milliards de francs par an. Cette manne colossale se traduirait par d’innombrables infrastructures : ponts, routes, autoroutes. Comme j’étais époustouflé, j’ai décidé d’aller voir ce monsieur Bourdillon, mais, crotte, il venait de prendre sa retraite de haut fonctionnaire, et il avait donc quitté le ministère. Je l’ai retrouvé rue du Général Camou, à Paris, travaillant pour Scetauroute, bureau d’études commun à toutes les sociétés d’autoroute. Vous faut-il un paquet cadeau ?

L’année suivante -, 1992 -, j’interrogeai pour le même livre un ingénieur du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM). Il était rigolard, il me demandait pourquoi il n’y avait pas de châteaux d’eau en Angleterre. Ben oui, pourquoi ? Les ingénieurs des Ponts gagnaient chez nous – légalement, mais discrètement – des « rémunérations accessoires », primes épouvantables accordées en fonction du volume de travaux effectués sous leur contrôle. En somme, plus on construisait en France de châteaux d’eau, plus ces grands ingénieurs empochaient. Sauf qu’il y avait des châteaux d’eau partout. Par quoi les remplacer ? Alors le type du BRGM a explosé de rire, me disant ensuite, à peu près textuellement : « Regardez ce qui va se passer dans les prochaines années. La France va être saisie d’un prurit de ronds-points ». Et il avait raison. On en aurait des milliers, et les ingénieurs des Ponts rempliraient ainsi leurs bas de laine.

Trois corps de cette « noblesse d’État » décrite en 1989 par Bourdieu tiennent le pays via un monopole de l’expertise technique : les Mines, les Ponts et Chaussées et réunis avec eux depuis 2009, le Génie rural et les eaux et forêts. Et cela dure depuis plus de 200 ans. Le nucléaire, les autoroutes, les villes nouvelles, le remembrement, le « recalibrage » des ruisseaux et rivières, les barrages, c’est eux. Tout, rigoureusement tout passe par eux.

Même le barrage de Sivens ? Même. Formés dans un cadre aujourd’hui ringardissime – une rivière, c’est un tuyau, une forêt, c’est une monoculture, une centrale nucléaire, c’est la puissance nationale -, on les trouve par exemple, côté pile, à la direction départementale de l’agriculture du Tarn et du Tarn-et-Garonne, où une partie du projet Sivens a été « pensé ». Et bien sûr à la surpuissante Agence de l’eau Adour-Garonne, dont le directeur, Laurent Bergeot, est ingénieur général des Mines. Le plus rigolo : les signataires du rapport contestant en partie Sivens (1) sont deux ingénieurs des Ponts et des eaux et forêts.

Ces gens sont des dialecticiens capables de proposer à tout moment, en fonction de leur intérêt, la thèse et son antithèse. Mais on n’a pas la place de continuer, dommage.

(1) http://www.tarn.gouv.fr/expertise-du-projet-de-barrage-de-a2986.html

La Chine au bord du collapsus

Je retrouve par hasard un papier paru en juillet 2002 dans l’hebdomadaire Politis. Il y a donc plus de douze ans. Si j’ai décidé de le publier à nouveau ce 10 novembre 2014, c’est qu’il me semble illustrer un point important : les écologistes ont raison, mais nul ne sait quand ils auront raison. Des générations d’imprécateurs et de lanceurs d’alerte se sont succédé, qui annonçaient le pire, souvent pour demain matin. À l’échelle du temps, ils étaient dans le vrai, mais on les a moqués, car ils ne sont ni ne seront jamais d’impeccables Pythonisses.

Les humains vivent dans leur temps si bref. La crise écologique se déroule selon un calendrier tout différent, d’évidence plus long, et les calendriers des uns et des autres ne coïncident pas. Il est certain – il était certain en 2002 – que la Chine vit un krach écologique qui conduit ce pays à sa ruine. Mais les artifices techniques et financiers masquent encore pour quelques saisons, du moins pour les grands aveugles nous gouvernent si mal, les effets du drame en cours. C’est en pensant à cela qu’on peut lire avec certain intérêt ce qui suit.

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Tout va pour le mieux en Chine, où la croissance atteint encore 7% par an. La bagnole individuelle triomphe, Shanghaï passera bientôt devant Hong-Kong, et l’Occident y vend centrales nucléaires et bonnes céréales. Mais le krach écologique menace pourtant : le désert est aux portes de Pékin, les villes manquent d’eau, la crise agricole semble sans issue.

Longbaoshan, un village de 700 habitants situé à 70 km au nord-ouest de Pékin, est désormais célèbre dans toute la Chine. Une dune de sable s’en approche à la vitesse fulgurante de 8 à 9 mètres par an, et n’en est plus qu’à une soixantaine de mètres. L’avancée du désert et les tempêtes de sable sont devenus des sujets de conversation obsédants, jusque dans la presse officielle. Pour cause : chaque printemps, Pékin devient jaune, rouge, orange, au point parfois que la circulation s’arrête et que les piétons ne peuvent plus avancer que masqués. Ce smog surchargé de particules vient tout droit de Mongolie intérieure, et il fait trembler les bureaucrates, qui en arrivent à craindre pour les Jeux Olympiques, prévus en 2008.

Que se passe-t-il ? On le sait parfaitement : la déforestation massive, le surpâturage, la surexploitation des sols et un usage devenu fou de l’eau changent la Chine en un grand pays malade. 2,7 millions de km2 – cinq fois la France ! – sont d’ores et déjà désertiques, dont 1,74 million seraient d’origine humaine, et au moins 3 500 km2 de plus le deviennent chaque année. Lester Brown, l’ancien président du World Watch Institute, était sur place fin mai, et ses conclusions sont rafraîchissantes en diable. Selon lui, si l’on ne trouve pas le moyen de lutter contre les tempêtes de sable, des dizaines de millions de Chinois pourraient, à terme, devenir des réfugiés écologiques.

Si cela doit se produire, ils ne seront pas seuls. L’absurde, le démentiel chantier du barrage des Trois Gorges, sur le fleuve Yangtsé (centre) doit chasser, selon des chiffres officiels sans doute sous-évalués, 1,1 million de villageois et créer d’ici 2009 un lac de retenue de…600 km de long. On épuiserait le lecteur à détailler la folie écologique de cette aventure hors-normes. Deux mots, tout de même : les autorités chinoises admettent que 4,4 milliards de mètres cubes d’eaux usées, 6,68 millions de tonnes d’ordures ménagères et près de 10 millions de tonnes de déchets industriels sont déversés chaque année dans le Yangtsé, à l’amont du projet de barrage. Dans ces conditions, l’accumulation de sédiments largement toxiques, à l’arrière de la digue géante, ne pourra que transformer la retenue d’eau en un cloaque. Le poids de l’eau contre l’ouvrage pose un autre problème redoutable. Cet hiver, une centaine d’experts chinois et taïwanais réunis sur le site des Trois Gorges ont conclu leurs travaux en affirmant que la masse de l’eau pourrait provoquer des séismes allant jusqu’à 5,5 sur l’échelle de Richter.

Mais Pékin s’en moque. Mais Shanghai la miraculeuse, qui est en train, avec ses centaines de gratte-ciel, d’éclipser Hong-Kong, a trop besoin d’électricité pour allumer ses paillettes. Un nouveau barrage vient d’être lancé dans le sud-ouest du pays, sur la rivière Hongshui, qui sera, triomphe l’agence de presse officielle Chine nouvelle, « le plus grand de Chine et d’Asie après le projet des Trois Gorges du Yangtsé ». Plus de trois milliards de dollars d’investissement, et un nouveau saccage géant.

Ce n’est que trop clair : la Chine est en train de sacrifier aux mirages du développement la presque totalité de ses grands cours d’eau. En vain ou presque, car les besoins sont désormais démentiels. Sur les 640 plus grandes villes chinoises, 300 connaissent des pénuries d’eau, dont 100 très graves. Pékin n’y échappe pas et le gouvernement a été obligé en catastrophe d’annoncer 3 milliards de dollars d’investissement pour tenter de trouver une solution. L’un des deux grands réservoirs qui alimente la ville en eau potable est fermé pour cause de pollution depuis…1997, et les nappes phréatiques sont surexploitées au point que les quartiers de l’est se sont enfoncés, par un phénomène de dépression, de 70 cm en quarante ans. L’an dernier, la revue Zuojia Wenzhai faisait même état d’un projet de déménagement de Pékin vers des cieux plus cléments !

Et l’on pourrait, et l’on devrait tout passer en revue. La pollution de l’air ? Elle est hors-contrôle. Les villes chinoises, empuanties par la combustion de charbon et la circulation automobile, sont parmi les plus gravement atteintes dans le monde. A Shanghai, entre 65% et 100% des enfants – ! -, selon les quartiers, ont des niveaux de plomb dans le sang supérieurs aux normes américaines. Et malgré les proclamations des autorités, la situation ne peut que se détériorer. Il y a environ 1,7 millions de voitures individuelles à Pékin, mais la ville prévoit qu’elles seront au moins 3 millions en 2008. Au niveau national, c’est encore plus incroyable : le nombre d’automobiles devrait être, d’ici 2020, de 13 à 22 fois ce qu’il était en 1998. Oh, ça va être beau !

D’ailleurs, ça l’est déjà. La ville industrielle de Lanzhou, dans le nord-ouest de la Chine, a carrément décidé l’an passé d’ouvrir une échancrure dans l’une des montagnes qui l’entourent. Vous avez bien lu : on va percer un vaste trou au sommet d’une montagne pour y faire passer un peu d’air. C’est, affirme la municipalité, le seul moyen de soulager les 2,5 millions d’habitants, dont beaucoup ne se déplacent plus qu’avec un masque. Commentaire d’un responsable local : « Lanzhou, c’est comme une pièce dans laquelle on fume et qui n’a ni portes ni fenêtres. »

Une telle soif de consommation, on s’en doute, n’est guère favorable à la nature sauvage. En Chine même, des espèces emblématiques comme le panda ou le dauphin de rivière vivent leurs dernières saisons, du moins en liberté. Le tigre, l’ours, utilisés et martyrisés par la pharmacopée chinoise, ne valent guère mieux, et même les serpents – 43, sur les 209 recensés – sont menacés. Mais les besoins chinois sont tels que toute l’Asie, et notamment ses dernières forêts tropicales, est dévastée pour satisfaire ce que nos libéraux appellent un « marché émergent ». Pékin a ainsi multiplié ses importations de bois provenant de Papouasie Nouvelle-Guinée par 12 en seulement 6 ans.

L’extraordinaire croissance chinoise, redescendue –  7% tout de même en 2001 – après voir dépassé les 10% annuels, n’est évidemment ni durable ni souhaitable. Elle nous est simplement nécessaire pour qu’Areva – notre nouveau monstre national – puisse continuer à vendre sur place ses centrales nucléaires, pour qu’Alstom installe davantage de turbines géantes, comme celles des Trois Gorges, pour que Renault-Nissan et PSA poursuivent leur belle expansion, pour que nos productions agricoles, dopées par les pesticides et les subventions, inondent le prodigieux marché chinois. Arrêtons-nous sur ce dernier point. A l’automne 1995, le si peu regretté Philippe Vasseur, alors ministre de l’Agriculture, déclarait sans rire à la radio : « La Chine va devenir le premier importateur mondial de céréales. Il faut être sur place, il faut y être, c’est notre chance ! »

Le comble, c’est qu’il avait raison, au moins sur un point : la Chine sera le plus grand importateur de céréales, probablement même de l’histoire humaine. Les raisons en sont multiples. D’abord, l’irrigation, qui est l’une des clés de la productivité agricole, ne pourra jamais suivre le rythme actuel. Tant les cours d’eau que les nappes – par ailleurs, on l’a vu, très pollués -, sont d’ores et déjà surexploités. Les surfaces globales ensuite, déjà fort réduites en Chine, diminuent à grande vitesse, à cause de l’érosion – 37% des sols sont touchés – et de l’explosion des infrastructures – villes, routes, industries -, qui dévorent sans relâche les meilleures terres. Près de 620 000 hectares, selon des chiffres officiels, ont disparu en 2001.

Mais par un paradoxe réellement saisissant, le pire n’est peut-être pas là. L’augmentation du niveau de vie moyen, impressionnante depuis vingt ans, risque de déstabiliser à terme, et dans des proportions géantes, le marché mondial des céréales, clé évident de notre avenir commun. Comment ? Lester Brown, qui fut agronome, a tenté en 1995 dans un livre très dérangeant, Who will feed China ? (Qui nourrira la Chine ?) de montrer ce que pourrait donner, sur fond de croissance, le changement de régime alimentaire des Chinois. Fatalement, ils mangent et mangeront toujours plus de viande et d’œufs, boiront davantage de bière, etc. Or, ils sont 1,3 milliard et sont chaque année 13 millions de plus. Et, rappelle Brown, « produire » une tonne de poulet coûte deux tonnes de céréales, et quatre pour le même poids de porc. Le résultat de tout cela à l’horizon 2030 ? La Chine serait obligée d’importer entre 200 et 369 millions de tonnes de céréales chaque année. Bien plus, en toute hypothèse, que ne pourrait en offrir le marché mondial.

La Chine sera-t-elle le premier pays à connaître un collapsus écologique, qui en entraînerait fatalement d’autres ? C’est désormais ce qu’on est en droit de craindre, et qu’il faudrait éviter à tout prix. A tout prix. Mais comment arrêter une telle mécanique ?

L’émotion doit-elle conduire le monde (à propos du Loup) ?

C’est le délire. Je l’avais prévu, mais j’en reste cloué sur place, et bientôt sur la porte de grange de tous les tueurs de France et de Navarre. Notre pays se rejoue une scène déjà maintes et maintes fois montée : la mort du Loup. Tel maire de la Meuse (ici) offre 2 000 euros pour la capture d’un loup. Telle FDSEA – la structure départementale du syndic(at) de faillite appelé FNSEA – propose 1 000 euros à qui butera une malbête sur le territoire historique du Gévaudan (ici). Tel Laurent Wauquiez – insupportable roitelet du Puy-en-Velay, inqualifiable freluquet – piétine le droit européen (ici) sans s’attirer la moindre critique, osant même ces mots : « On n’acceptera pas que les bobos parisiens nous expliquent comment on doit vivre chez nous. Il y a eu des assouplissements pour l’abattage du loup mais ce n’est pas à la hauteur. Il continue de se développer. On demande une évolution de la règlementation européenne. A nos territoires de fixer les règles en la matière. »

Un si gentil voyage de presse

Le Loup est une nouvelle fois menacé de mort. Présent pendant des centaines de milliers d’années dans ce territoire présomptueusement appelé la France, il n’y aurait plus sa place. Qui le dit ? La droite rance, certes oui, de laquelle il n’y a jamais rien eu à attendre. Mais aussi – à quoi bon se taire ? – la plus grande partie de la gauche. Celle du pouvoir, bien entendu, qui ne cesse de mentir et de se ridiculiser, Ségolène Royal en tête (ici). Mais aussi l’essentiel de cette gauche dite altermondialiste, environnementaliste et le plus souvent sympathique. Je range dans cette catégorie un peu fourre-tout des gens comme José Bové ou encore la Confédération paysanne. Je précise : environnementaliste, et donc nullement écologiste.

La Confédération paysanne, très remontée contre le Loup, a organisé en septembre un voyage de presse auprès de certains de ses membres, éleveurs de brebis des Alpes ou des pré-Alpes. J’ai noté, mais cela n’a rien d’exhaustif, des articles dans Libération (ici) ou encore Politis (Voir l’article au bas de la page). Je connais les deux auteurs et j’entretiens avec Patrick Piro, de Politis, des relations espacées, mais très amicales. Ce n’est pas trahir un secret qu’ils sont tous deux des « altermondialistes ». Mais tous deux insistent pourtant sur l’impossibilité d’une coexistence entre pastoralisme et grands prédateurs, en l’occurrence le Loup. J’ajoute que j’ai perdu, irrémédiablement je crois, le lien d’amitié établi il y a une dizaine d’années avec une journaliste de radio bien connue des milieux alters. Jusqu’ici, elle avait toujours soutenu et défendu mon travail. Et puis, tout soudain, plus un mot. Mon dernier livre, pourtant au centre de ses préoccupations ? Silence total, silence de mort.

Coincé au fin fond de la vallée

Je n’ai pas de certitude, mais par recoupements, et grâce à des amis communs, il m’est revenu que mes prises de position en faveur du Loup (ici) lui restaient en travers de la gorge, elle qui est liée au monde des éleveurs. J’aurais aimé une explication, mais je ne l’ai pas eue. Est-ce que je regrette ? Son attitude, certainement, mais pas la mienne. Que non. J’ai pris une position mûrement réfléchie, et je ne vois pas que je puisse en changer de sitôt. Avant de dire un mot sur le fond, une anecdote. Il y a une dizaine d’années, j’étais en reportage dans les Pyrénées pour le magazine Terre Sauvage. Le sujet ? L’Ours, autre magnifique mal-aimé. La Confédération paysanne – déjà – était très majoritairement contre. Dans l’Ariège, où je me trouvais, il n’y avait qu’une poignée de valeureux, plaidant pour une « cohabitation pastorale ». Je me devais d’aller interroger ceux qui refusaient dans les alpages la présence du Moussu, ce Monsieur-Ours, comme il a été si longtemps appelé dans les hautes vallées.

Un samedi après-midi, je téléphonai à un éleveur de brebis installé au-dessus d’Ax-les-Thermes, membre de la Confédération paysanne, néo-rural ainsi qu’on désigne ces anciens jeunes venus des villes après le grand ébranlement de 68. Nous prîmes rendez-vous chez lui pour le lendemain dimanche, au matin, et j’arrivai tranquillement, ravi par la beauté des lieux, oubliés au fin fond d’une vallée perdue. J’arrêtai ma voiture, l’éleveur vint m’accueillir, mais sans me dire qu’à l’intérieur, il y avait un comité d’accueil, et quel ! Une dizaine d’éleveurs avait fait le déplacement, et je dois dire qu’ils étaient très énervés, énervés contre moi. J’avoue que je ne compris pas, mais comme j’ai connu divers moments de haute tension dans ma vie, je compris vite qu’un mot de travers pouvait faire valser les tables et le journaliste que j’étais. Je commencai donc un discours « diplomatique », sans voir tout d’abord que le maître de maison se rapprochait d’une table portant un fax, car on était encore à l’heure du fax.

Qui veut donc d’un pacte national ?

Je continuai à parler, étalant mon empathie et ma compassion pour le sort des éleveurs et le malheur des brebis éviscérées, et ce n’était au fond pas difficile, car je ne jouais pas. J’étais sincère. Mais j’entendis tout à coup, dans la pièce, à haute voix, les premières lignes d’une chronique que je reconnus aussitôt. Malédiction ! Le fax avait chauffé et fait atterrir chez mon éleveur la copie de ce texte, paru deux ou trois ans avant, dans lequel je moquais ouvertement la Confédération paysanne et son refus de défendre les ours et les loups. Aïe ! Aïe, aïe, aïe ! Pour être franc, je me vis assez mal barré. Je m’en sortis je ne sais plus comment, mais je me revois commenter des photos de brebis éventrées en promettant d’en parler dès le début de mon reportage.

Et je le fis, car je suis et demeure SENSIBLE à la souffrance réelle que peuvent avoir des éleveurs dont les troupeaux sont régulièrement visités par des loups ou des ours. Ce n’est pas un rôle de composition. Il faut tenir compte de cette dimension psychologique si pesante, et ouvrir une discussion de longue durée, conduisant, ainsi que je j’ai écrit tant de fois, à un pacte national entre la société et les éleveurs. Si la première veut vraiment – et il faudra bien le prouver – des loups et des ours, alors elle doit trouver les mots et moyens pour montrer sa sincérité aux seconds.

Le degré zéro de la réflexion

Même si nous en arrivons là un jour, cela n’effacera pas la peine, le découragement, la colère de cette (petite) fraction des éleveurs qui aiment réellement la montagne, la campagne, leurs bêtes. Et c’est à ce moment-là que je me désigne à mon tour comme une cible, car voici : l’émotion n’est heureusement pas tout. Je comprends ainsi celui qui a envie de buter le salopard qui a tué son épouse ou violé son gosse. Et je comprendrais même celui qui passerait à l’acte. Mais par chance, la société s’interpose par la loi, et refuse la peine de mort. Il en va de même pour toutes les questions, aussi dérangeantes soient-elles. Prétendre régler le sort du sauvage – je parle du vrai sauvage, celui qui dérange les activités humaines – en s’appuyant sur la seule émotion de quelques acteurs en effet victimes, c’est le degré zéro de la politique.

Il est effarant que des supposés altermondialistes veuillent fonder un point de vue général sur des phénomènes de cette nature. Au passage, il est marquant de voir l’union nationale réalisée sur le dos de la Bête. Si les esprits fonctionnaient normalement, il est certain qu’un José Bové et tant d’autres s’interrogeraient davantage sur cette quasi-unanimité, qui relie les plus obtus de nos contemporains – ceux par exemple qui ont tabassé à Nantes de pauvres ragondins (ici) et ceux qui affirment vouloir régler les si graves problèmes de l’humanité.

Le spectre de notre mort

C’est finalement simple : j’affirme qu’il existe en la matière un principe supérieur, dans le cadre duquel tout doit être pensé. Et ce principe, c’est celui de la biodiversité. J’en ai tant marre, des proclamations, des conférences et des larmes de crocodile. Mais tant ! Nous vivons la sixième crise d’extinction des espèces dans l’histoire de la vie sur Terre, qui a commencé voici 4,6 milliards d’années, d’après ce qu’on peut en savoir. La crise précédente, il y a 65 millions d’années, a emporté les dinosaures et des milliers d’autres espèces. Peut-être celle-ci, directement reliée aux activités humaines, sera-t-elle pire. Un tel événement, pratiquement inconcevable, devrait être à l’arrière-plan de la totalité des décisions publiques. Il devrait évidemment obliger tous les éradicateurs du Loup à repenser leurs folles entreprises, et à les remiser. Au lieu de quoi l’on assiste à une frénétique danse du scalp autour d’une poignée d’animaux miraculeusement revenus chez nous.

Ce retour pourrait être vu comme un cadeau des cieux. Sur le papier au moins, il nous offre la liberté de nous comporter d’une façon moins barbare que nos ancêtres. Tout au contraire, il libère chez les humains de droite et de gauche le même fond angoissant, qui n’est autre que la détestation de la vraie nature et du vrai sauvage. Hypocrites de tout bord, arrêtez vos faux-semblants. Puisque vous refusez la présence de 300 animaux dans un pays qui regorge de chevreuils, de chamois, de cerfs, de sangliers et de marcassins, osez aller jusqu’au bout. Il faut en appeler à la mort des éléphants, qui détruisent tant de cultures précieuses pour les paysans pauvres d’Afrique. Et à celle du tigre. Et à celle de ces requins qui croquent parfois une jambe de surfer. Et à celle des innombrables animaux qui ne demandent qu’à vivre, quand nous préférons les savoir dans la cire ou la paille, au Muséum.

Ennemis du Loup, de l’Ours, du Lynx, pourquoi ne pas avouer ? Vous nous préparez un monde où les hommes seront seuls présents, seuls survivants, juste avant qu’ils ne se jettent les uns sur les autres. Ennemis du sauvage, vous incarnez notre mort à tous.

——————–Le papier de Patrick Piro dans Politis
Par Patrick Piro – 18 septembre 2014
Ils vivent avec l’angoisse du loup

Alors que l’animal gagne de nouveaux territoires, la multiplication des attaques sur les troupeaux rend impossible sa cohabitation avec le pastoralisme, juge la Confédération paysanne.

Elle a mis un peu de temps à parler de son cas, comme si elle doutait de sa légitimité. Ses collègues éleveurs, autour de la table, possèdent à peine quelques centaines de brebis – « et en bio, bien sûr ! ». Son troupeau a culminé à 2 500 bêtes, « et nous achetons le fourrage sur le marché conventionnel ». Membre de la Confédération paysanne, Claire Giordan a accepté de témoigner, lors d’un voyage de presse organisé dans les Alpes par le syndicat, afin d’expliciter son hostilité envers la présence du loup dans les zones de pâturage. Fille d’éleveur transhumant, la jeune femme de 31 ans est installée avec son mari dans la vallée de la Roya, en zone « cœur » du parc national du Mercantour (Alpes-Maritimes).

Le loup a toujours empoisonné sa vie professionnelle. Éradiqué de France dans les années 1930, l’animal y est réapparu au début des années 1990, dans le Mercantour, via l’Italie. Cet été, Claire Giordan et son mari ont encore connu quatre attaques. Chaque fois, ce sont plusieurs brebis blessées ou tuées, sauf s’ils parviennent à effaroucher les prédateurs. « On se lève jusqu’à six fois la nuit, dès que l’on perçoit des mouvements suspects dans le troupeau. On voit des traces presque tous les jours. On déjeune, on dîne, on vit “loup”. Nous passons notre temps au cul du troupeau, à compter les bêtes, c’est obsessionnel… » Son mari passe tout son temps sur l’exploitation. La bergerie, à une heure de piste, est désormais clôturée, fenêtres fermées même en été. « On a peur que le loup saute à l’intérieur. Car il suffit de s’absenter une demi-heure… Mon mari a le fusil en permanence. » Il y a quelques semaines, un voisin a connu un petit relâchement à l’heure du regroupement des bêtes. Quelques-unes sont restées à l’extérieur de la clôture : 98 brebis tuées.

Alain Barban, berger depuis vingt-cinq ans dans les Hautes-Alpes, est estomaqué par le témoignage de la jeune femme. « Qui accepterait aujourd’hui de telles conditions de travail ? C’est une régression sociale. Et vous arrivez à en “sulfater” ? » Oui, souffle-t-elle à voix basse. Pas de noms ni de chiffres : les tirs sont interdits en zone cœur des parcs nationaux. Mais cette réalité est connue jusqu’au sommet de l’administration. Laurent Pinatel, porte-parole de Confédération paysanne, fait état d’une rencontre avec Stéphane Le Foll, le 30 juin. « “On sait qu’il s’en braconne, et ce n’est pas plus mal”, nous a dit le ministre de l’Agriculture. »


Des agressions en hausse

Qualifié de « conquérant », le loup, réapparu en France il y a deux décennies, est aujourd’hui présent de manière permanente ou occasionnelle dans près de 30 départements, principalement dans les zones montagneuses (Alpes, Jura, Vosges, Massif central). Estimée à 300 individus, sa population est en croissance de 20 % par an. L’espèce reste cependant classée parmi les « vulnérables », strictement protégée dans l’Union européenne par la Convention de Berne (1979) et la directive Habitat. Des dérogations sont cependant possibles en cas de dégâts importants sur les élevages. Ainsi la France a-t-elle autorisé, pour 2014, l’abattage de 24 à 36 loups : le bilan officiel des victimes, qui constatait une quasi-stabilisation l’an dernier, est reparti à la hausse en 2014, avec 4 900 animaux d’élevages tués fin août contre 4 000 un an plus tôt. La France consacre près de 10 millions d’euros par an aux mesures de protection des éleveurs.

Alain Barban, lui, vient de connaître son baptême du loup avec trois attaques en cinq jours début juillet. Il garde 1 500 moutons sur les alpages de la Lavigne, dans le Valgaudemar, en zone cœur du parc national des Écrins, pour le compte d’un groupement pastoral. Bilan : 22 brebis tuées et 19 disparues. Un berger voisin a relevé 120 bêtes tuées : affolées par une attaque, elles ont chuté au pied d’une barre rocheuse. S’agissait-il de loups isolés ou d’une meute en quête d’installation et susceptible de harceler le troupeau des mois durant ? Après constat de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), Alain Barban a eu droit, outre une indemnisation, à l’affectation d’un aide-berger. « Le plus dur, c’est de ne pas savoir si le loup est parti. Alors il faut rester vigilant… » Pour la première fois depuis septembre, les deux hommes ont pourtant laissé le troupeau pour descendre présenter leur témoignage au refuge du Clot. Alain Barban reste pondéré. « Je pense qu’il sera impossible de se débarrasser du loup, il faudra accepter un peu de casse de temps à autre. Mais il faut remettre des bergers auprès des troupeaux. »
La première mesure consiste à regrouper les moutons chaque nuit au sein d’un parc monté avec quelques centaines de mètres de filets mis sous tension électrique. Mais, dans son alpage, exigu comme c’est fréquent à ces hauteurs, impossible de créer un « couchage » unique pour les bêtes. Combien de bergers de plus faudrait-il ? Même la présence de patous, chiens massifs dressés pour affronter les loups, ne réduirait guère cette vulnérabilité. Quant aux battues d’effarouchement, dont celle qui a soulevé un tollé début juillet chez les écologistes pour avoir été menée en zone cœur du parc  [1], elles font sourire sur place : « On ne fait que déplacer le problème chez les voisins. » Idem pour la possibilité « expérimentale » de tirer les loups lors de battues de chasse classiques, octroyée par un arrêté ministériel d’août. « Quand on voit le taux d’échec des battues spécifiquement organisées pour “prélever” des individus… »

La vie se complique encore plus pour les éleveurs qui gardent eux-mêmes leurs bêtes, confrontés à des bouleversements dans leurs pratiques. Alors qu’ils ne montaient visiter leur troupeau qu’une fois par semaine sur l’estive, ce qui leur laissait du temps pour d’autres tâches, ils n’ont d’autre choix que d’opter pour une garde permanente, comme le couple Giordan, ou bien de parquer le troupeau à demeure sur l’exploitation, renonçant aux riches pâturages d’altitude. « Encore faut-il qu’il y ait suffisamment de surface disponible dans les vallées, très sèches en été », commente Julien Bellon, éleveur à la Chapelle-en-Valgaudemar. Ses moutons sont gardés par Amélie Moncombe, qui croise les doigts : pas d’attaques à ce jour. « Je m’y prépare. Le relief de mon alpage permet de regrouper toutes les bêtes la nuit. » Mais à quoi bon, sans patou (son patron est réticent à cause des touristes) et sans parc (la terre, trop grasse, devient vite un bourbier où les moutons attrapent le piétin, maladie contagieuse qui les fait boiter) ?

« J’ai tiré, c’était ça ou le RMI »
Autant de dilemmes désormais archivés pour Thomas Vernay. Jeune éleveur de chèvres cachemire à Glandage, commune de 100 habitants dans la vallée de la Vière, sur les hauteurs de la Drôme, il a jeté l’éponge en 2012. Deux ans plus tôt, une meute  [2] s’était installée sur les flancs boisés des Bois noirs. À la première attaque, il ramasse 23 carcasses, qu’il faut parfois dénicher dans la forêt, sous 48 heures pour toucher l’indemnisation – notamment la tête quand elle a été séparée du corps, avec la boucle d’identification. « C’est indescriptible. » L’estive est à cinq kilomètres du village, des tours de surveillance sont organisés avec les agents de l’ONCFS. Échec.

« En raison de contraintes de budget, ils partaient à 3 heures du matin. Les loups attaquaient ensuite. On n’a pas droit à la moindre erreur. La pression était si forte qu’on a décidé de redescendre sur l’exploitation. » Parc, clôtures électriques et acquisition de deux chiens bergers d’Anatolie : les dommages régressent. « Mais, en 2012, l’enfer de nouveau… » Car le loup est habile, et son mode opératoire s’est adapté : les meutes affolent le troupeau, qui finit par faire exploser le parc, et c’est l’attaque. Les chiens n’interviennent pas, dressés pour rester dans l’enceinte par mesure de sécurité pour les promeneurs. Le populaire patou, parfois difficile à contrôler, fait d’ailleurs l’objet de controverse dans le monde ovin. Plusieurs bergers sont sous le coup de plaintes de la part de promeneurs mordus, le chien ayant jugé le troupeau menacé par leur présence. Venu au métier par vocation, Thomas Vernay abandonne, à bout. Il est aujourd’hui animateur national sur le dossier loup à la Confédération paysanne.

« Nous n’étions pas prêts. Nous pensions que le loup s’attaquait aux gros troupeaux des éleveurs industriels des Alpes-Maritimes. J’ai cru possible la cohabitation, je n’y crois plus. » Son voisin, Philippe Faure, résiste encore, passé de 500 à 250 brebis pour mieux gérer les agressions. « J’ai abandonné l’estive, je les rentre toutes les nuits. » Et surtout, il a tiré. Évasif : « J’en ai eu… un certain nombre. La tranquillité est revenue. C’était ça ou le RMI. » Dans la Drôme, en 2013, 80 % des attaques ont eu lieu dans les exploitations même. Dans les Alpes-Maritimes, elles sont toutes intervenues sur des troupeaux respectant les mesures de protection préconisées – parcs de nuit électrifiés, aides-berger, chiens de garde, tirs d’effarouchement, voire de défense (sous condition), etc. « Le bilan est clair, ça ne marche pas, la cohabitation entre le pastoralisme et le loup est impossible », conclut Olivier Bel, éleveur à La Roche-des-Arnauds (Hautes-Alpes) et responsable de la communication sur le loup à la Confédération paysanne.

Le syndicat, longtemps en proie à des divergences internes sur le sujet, a décidé de mener campagne pour réclamer le démantèlement des lois conférant au loup un statut d’espèce menacée en Europe, afin de donner les moyens aux pouvoirs publics de maîtriser réellement son expansion – tirs sans quota (y compris dans les parcs nationaux), piégeage, destruction de meutes, etc. « Et ce n’est pas aux éleveurs de régler le problème, aujourd’hui tenus de se transformer en dresseurs de chien de défense ou de passer le permis de port d’arme. Car enfin, à quoi riment les plans de sauvetage de la filière ovine, dans les conditions actuelles ? Si l’on ne veut plus du pastoralisme en France, qu’on le dise clairement ! D’une certaine façon, le loup sert les intérêts de l’agro-industrie, promotrice de l’élevage hors-sol. »

« Je suis écolo, moi ! »
La Confédération paysanne, partenaire de mouvements sociaux et écologistes sur de nombreux terrains – lutte contre les OGM ou le productivisme, pour la souveraineté alimentaire et l’agroécologie, etc. –, veut tenter de les gagner à la cause du pastoralisme. « Cette pratique a façonné les paysages depuis des siècles, des études ont montré qu’elle contribue à la richesse des espèces vivantes. Pourquoi le loup est-il considéré comme un emblème de la biodiversité ? », interroge Olivier Bel. Des échanges pourraient avoir lieu avec la fédération France nature environnement, moins radicale que d’autres associations naturalistes sur ce brûlant dossier. Leur« incompréhension » fait bouillir Fanny Métrat, qui a choisi, à 20 ans, « de faire bergère plutôt qu’histoire de l’art ». À 32 ans, elle élève ses moutons à Antraigue-sur-Volane (Ardèche), où elle a connu une première attaque de loups cet été. « Si nous arrêtons, il n’y a plus de pâture dans la commune, nous sommes les derniers. Je suis fatiguée de me faire traiter d’intégriste par les environnementalistes et par la gauche en général, comme si nous étions des gros bourrins. Car je suis écolo, moi ! Le manque de solidarité, y compris au sein de la Confédération paysanne, c’est ça qui nous fait le plus mal. »

[1] Voir Politis du 24 juillet.

[2] Soit en général sept ou huit loups.

Si ça vous dit (une vidéo de Mediapart)

En passant, en courant même : j’ai répondu aux questions de Mediapart à propos de mon livre Une empoisonnement universel (comment les produits chimiques ont envahi la planète), paru aux éditions Les Liens qui libèrent (LLL). Si cela vous tente, c’est ici. Je vous avoue que je déteste me voir. Je crois que j’ai un grave problème avec mon image – rires préenregistrés -, mais le vrai drame, c’est que c’est elle. Cette image, c’est moi.

Il n’est pas interdit, il est fortement recommandé de continuer à parler de mon livre partout où cela semble possible.

Qui se soucie des ragondins ?

Vous allez lire l’info ci-dessous, et regarder la vidéo sans doute. Comment insulter dignement ces salopards ? Spontanément, on a envie de dire : les porcs ! Mais les porcs sont des animaux merveilleux, et ce serait les offenser sans bonne raison. Les pauvres types qui ont foutu le souk dans Nantes en ont bien entendu le droit, à la différence des zadistes. Mais regardez le plaisir que ces mecs prennent à tataner des ragondins. Et leurs t-shirts payés par la FNSEA, qui dit : “Laissez-nous produire”. Certains disaient tranquillement aux témoins : “Les ragondins, c’est comme Ségolène Royal, c’est des nuisibles”.

Je ne crois pas que cela soit anecdotique. Je sens – j’espère me tromper – monter une grande vague régressive, qui s’apprête à déferler sur les défenseurs de la vie sur Terre. Nous tous, en somme. Serrons les rangs, car le vent glacial va bientôt souffler. Désolé.

Ragondins maltraités : l’étrange et cruelle manif des agriculteurs [VIDÉO]

Ragondins maltraités : l'étrange et cruelle manif des agriculteurs [VIDÉO]

A Nantes et Angers, les agriculteurs en colère ont « lâché » des dizaines de ragondins devant des bâtiments administratifs, avec de nombreux gestes de maltraitance envers ces « nuisibles ». Le but, symboliser les « nuisibles » du gouvernement.

[Mis à jour le 6 novembre 2014 à 11h31] Les agriculteurs manifestaient ce mercredi leur « ras-le-bol » dans plusieurs grandes villes de France contre les réglementations, notamment environnementales, qui les étouffent, en plein débat sur le barrage de Sivens, grand pourvoyeur en eau espéré par les agriculteurs du Tarn. Une mobilisation qui, comme d’habitude, devait marquer les esprits à grands coups de fumier déposé et de légumes pourris déversés par milliers devant les bâtiments symbolisant le pouvoir. Mais certains agriculteurs, comme à Nantes, ont carrément choisi de se défouler sur des animaux. Dans la capitale de la Loire-Atlantique, des agriculteurs ont lâché des ragondins devant la préfecture. Une espèce protégée depuis juillet 2013.

Une vidéo, postée sur YouTube par Télénantes (voir ici), montre ces quelques personnes amenant des ragondins dans des chariots de supermarché et lançant leurs occupants dans un enclos dont les barreaux sont trop large pour eux. Pour les contenir, les coups de pieds commencent à pleuvoir, puis un manifestant se saisit d’une bombe de peinture rouge et badigeonne plusieurs animaux. Les quelques minutes de ce reportage se terminent sur l’image d’un ragondin écrasé, probablement par un véhicule agricole, et sur les propos d’un agriculteur se vantant d’avoir rossé un des animaux. La question de la maltraitance des bêtes, posée par le journaliste, sera éludée. Un agriculteur, lui, politise l’usage des animaux à la fin de cette séquence de cruauté assez choquante : « Les ragondins, c’est comme Ségolène Royal, c’est des nuisibles ! »

Ragondins : des « actes de cruauté » dénoncés

D’autres slogans comme « l’escrologie nous protège », « Ségolène tu nous emmerde » ont été entendus selon l’AFP qui rapporte par ailleurs que des animaux morts ont été jetés par les agriculteurs sur des tas de déchets agricoles déversés devant la préfecture. Parmi eux, des ragondins encore une fois, mais aussi le cadavre d’un sanglier.

Les réactions sont vives sur les réseaux sociaux depuis la mise en ligne de la vidéo. La Fondation Brigitte Bardot a d’ores et déjà indiqué qu’elle allait porter plainte « contre les actes de cruauté perpétrés aujourd’hui à Nantes lors de cette manifestation ». L’association compare les agriculteurs à des « casseurs » et elle appelle le gouvernement a « faire preuve d’une très grande fermeté face au comportement inacceptable de cette Fédération qui se sent, depuis trop longtemps déjà, au-dessus des lois ». La FNSEA, Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, est nommément visée dans les propos de la Fondation.

———————-Une autre histoire sinistre

Communiqué de presse, le 4 novembre 2014

Ils chassent des sangliers en enclos avec des chiens de combat : l’administration n’y trouve rien à redire !

Les 1er et 2 novembre derniers, des chasseurs se sont fait plaisir en contemplant la lente agonie des sangliers coincés dans des enclos et jetés en pâture à des dogues argentins. Avertie, l’administration est restée MUETTE ! L’ASPAS porte plainte pour chasse illégale et acte de cruauté.

Les faits se sont déroulés dans le Var, à Signes (83), au sein d’un établissement spécialisé dans l’élevage de chiens et dans les chasses commerciales en parc clos. Les responsables organisent depuis plusieurs années des concours où des meutes de dogues argentins sont lâchées à la poursuite de sangliers captifs.

Ces chiens de groupe 2 (type molossoïde) sont connus pour la puissance de leurs mâchoires, pour leur mordant et pour leur ténacité. Leur utilisation dans un tel mode de mise à mort est totalement illégale.

Avertie de l’organisation prochaine d’un tel concours, l’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages) avait alerté les différents services de l’État qui n’ont pas jugé utile de faire cesser cette barbarie.

L’ASPAS porte donc plainte contre X, ce jour, devant le tribunal de grande instance de Toulon pour ces faits qui constituent les infractions de :
– Chasse avec mode prohibé.
– Sévices graves, actes de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité.

En effet, les risques de souffrance profonde et de longues agonies concernent autant les chiens que les sangliers. De telles fêtes sanglantes ont donc encore lieu aujourd’hui, près de chez nous. L’ASPAS entend mettre au grand jour de telles pratiques afin de les arrêter définitivement. Avec ou sans l’administration.

Des vidéos et photographies de ces chasses sont aisément accessibles en tapant « dogue argentin chasse sanglier » sur un moteur de recherche web. Par respect des droits d’auteurs, nous ne sommes pas en mesure de vous fournir ces visuels.

Contacts presse :

Marc Giraud, Vice-Président de l’ASPAS
Service juridique de l’ASPAS

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