Clearly not sexy (un rapport de l’Agence internationale de l’énergie)

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) est une organisation fondée dans le cadre de la très libérale OCDE en 1974. Ce n’est donc pas ma tasse de thé favorite, mais il se trouve que chaque année, l’AIE pond un rapport sur l’état de l’énergie dans le monde. En anglais, bien sûr. Qui fait autorité, on se doute. Je n’ai pas lu le rapport 2010, que d’ailleurs presque personne n’a encore eu entre les mains. Il en coûte une somme, d’ailleurs. Mais les journalistes se contentent le plus souvent des communiqués de presse et des résumés. J’ai honte, mais je confesse que cela m’arrive. Pardi.

Cessons de causer. Je voulais attirer votre attention sur deux ou trois points. Un, le rapport 2010 dit sans détour, mais dans la langue diplomatique obligée néanmoins, que le monde ne parviendra pas à éviter une débâcle sur le front de la crise climatique. Le fiasco de la conférence de Copenhague, en décembre de l’an dernier, en annonce d’autres. Rien n’est fait, et probablement rien de sérieux ne sera fait. Rappelons que l’objectif – non contraignant – était de limiter la hausse de la température moyenne de la terre à 2 degrés à l’horizon 2030. Traduction par l’AIE : « Si les pays donnent prudemment suite à ces engagements [de Copenhague], la demande grandissante de combustibles fossiles continue d’accroître les émissions de CO2 liées à l’énergie pendant toute la période considérée. Il serait alors impossible d’atteindre l’objectif de 2°C ».

Ben dans ce cas, cela semble plié, car les prévisions de l’AIE indiquent que la consommation d’énergie dans le monde devrait augmenter de 36 % entre 2008 et 2035. Alors qu’il faudrait diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 dans notre propre pays (ici). Toutes les politiques menées dans le monde entier, même celle que prône le héros planétaire Jean-Luc Mélenchon, sont à juger à cette aune. On voit. D’après les ingénieux ingénieurs de l’AIE, la conférence de Copenhague nous aurait coûté – ces imbéciles transforment tout en money – 1 000 milliards de dollars (ici). Tendez vos sébiles, et comptez vos pièces de cinq centimes.

Autre intérêt du rapport de l’AIE : les « gaz non conventionnels » vont connaître un « âge d’or ». Texto. Un « âge d’or ». Sous cette goûteuse appellation se cachent – bien mal – les sables bitumineux du Canada et de Madagascar. Mais surtout les gaz de schiste dont je vous rebats les oreilles depuis quelque temps. Ils arrivent. Ils déferlent. Ils vont relancer massivement la machine à détruire le climat et le monde (ici). Mais on s’en fout, hein ?

22 réflexions sur « Clearly not sexy (un rapport de l’Agence internationale de l’énergie) »

  1. il n’y a donc aucunes solutions tant que ces imbeciles(soyons polis) seront au pouvoir autant dire que nous sommes fichus.

    au secours… Pour plaisanter avec mes enfants, je leurs dis toujous vite que les extras terrestres (des gentils bien sur) viennent sauver les gentils comme nous. Mais vous comprendrez bien que c’est un reve et rien qu’un rêve.

    sophie

  2. Un petit extrait de l’article auquel tu nous renvoies, Fabrice :

    (…) Si l’on veut que les ENR (énergies renouvelables) produisent, par exemple, autant d’électricité que les centrales au charbon, en 2035 (30 % environ), il faudra investir 5.700 milliards $ (4.104 milliards €) au cours des 25 prochaines années : 18 années de subventions aux « fossiles » ! (…)

    Ces chiffres, si vertigineux qu’ils paraissent, ne correspondent-ils pas à environ 4 fois la somme dégagée il y a quelques mois, et ce en quelques semaines, pour sauver les banques de la faillite ?

  3. En fait c est pire que prévu, la disparition du pétrole nous aurais obligé à refaire du vélo et marcher à pied et vivre dans du torchi mais hélas on va creuver empoisonés mais on sera sauvé, c cool…

  4. Hier soir, l’excellent Christian Vélot donnait une conférence à Saint-Etienne. Quelques trois cents personnes étaient là pour en savoir plus sur les OGM.

    Des techniques transgéniques utilisées depuis trois décennies pour la production d’insuline à celles qui transforment une plante en usine à pesticides, ou lui confèrent la propriété de résister aux assauts des herbicides les plus virulents, son exposé clair et pédagogique nous a permis de comprendre toutes les subtilités d’un sujet difficile.

    Avec un humour cinglant et une énergie communicative, il vous emmène au coeur de l’ADN tel un Jules Verne du XXI ème siècle. Si par chance, il passait près de chez vous, ne laissez pas passer l’occasion d’aller l’écouter.

    Pour ceux qui habitent la capitale ou les environs, il intervient régulièrement dans le cadre de « Sciences Citoyennes » ou du CRIIGEN. Pour les autres, n’hésitez pas à lire son bouquin « OGM, tout s’explique », vous y trouverez tout ce vous voulez savoir sur le sujet…

  5. Attention ! Un Claude Allègre peut en cacher un autre.

    Bjoern Lomborg, climatologue suédois, nous assure que les hommes peuvent sans problème s’adapter au réchauffement qui les attend. Un film controversé, sorti aux Etats Unis, surfe sur cette théorie bienvenue pour les gros pollueurs de la planète. Son titre : « Cool it ».

    Cela me rappelle une petite blague qui circulait il y a quelques années. L’histoire d’un mec qui vient de sauter du toit d’un immeuble de 20 étages. Arrivé au 4ème, un homme à une fenêtre lui demande s’il peut l’aider.
    Le mec qui chute lui répond « Non merci, jusque là, tout va bien ! »

    http://www.maxisciences.com/cool-it/cool-it-un-documentaire-qui-prone-l-039a-apaisement-face-a-la-menace-climatique_art10374.html

  6. Rapport de la FAO

    EXAMEN DES RÉSIDUS DE PESTICIDES PRÉSENTS DANS L’ALIMENTATION HUMAINE ET ANIMALE (Point 6 de l’ordre du jour)

    Captane Carbaryl Chlorfenvinphos Chlormequat Diazinon Dicofol Diméthoate Endosulfan Éthoxyquine Fenthion Folpet Lindane Mevinphos Omethoate Ortho-Phenylphenol Parathion Phosalone Quintozène Thiabendazole Carbendazime Disulfoton Thiometon Chinemethionat Chlorothalonil Chlorpyrifos-Methyle Carbofuran Méthamidophos Phosmet Dithiocarbamates Éthéphon Iprodione Phorate Guazatine Aldicarbe Cyperméthrine Phenthoate Azocyclotin Deltaméthrine Phoxime Carbosulfan Cyfluthrine Glyphosate Oxydéméton-Méthyle Abamectine Bifenthrine Myclobutanil Cléthodim Tébuconazole Haloxyfop Tébufénozide Fenbuconazole Acide Aminométhylphosphonique

    Comme dirait Pierre Rhabi, maintenant, lorsqu’on se met à table, plutôt que « Bon Appétit ! », on devrait se dire « Bonne chance ! »

  7. Autant pour moi, Bigfoot ! En effet, il est bien danois.

    Par contre, le site Maxisciences le qualifie bien de climatologue. Il est quoi, cet homme pour le moins optimiste ?

  8. Bonsoir,

    Le nouveau parti écologiste français s’appellera « Europe écologie-Les Verts », ont décidé samedi les délégués réunis à Lyon.

    Un petit papier en perspective?Bien mordant?

    Bon samedi-dimanche,gros bisous,Léa.

    🙂

  9. c’est à désespérer parfois en apprenant les conneries que certains, dans les hautes sphères, des soit disant spécialistes… sont capables de balancer, et que d’autres sont capables d’avaler…

    quant à la nourriture.. comme tu dis Sancho…bonne chance… tout à fait ça…

  10. A propos de Bjorn Lomborg, statisticien et non climatologue (ça m’apprendra à recopier sans discernement les articles de Maxisciences…)

    Le statisticien danois Bjorn Lomborg rompt avec les climatosceptiques et défend la recherche dans les énergies vertes. Le statisticien danois Bjorn Lomborg, 45 ans, a connu la notoriété mondiale en 2001 avec son livre The Skeptical Environmentalist (L’Ecologiste sceptique, Le Cherche Midi, 2004).

    Cet ouvrage entendait démontrer que nombre de problèmes environnementaux – dont le changement climatique – étaient exagérés. Ses thèses ont été combattues par de nombreux écologistes et scientifiques, mais soutenues par des personnalités comme Claude Allègre, qui a préfacé la traduction française de l’ouvrage.

    (source : Hervé Kempf, Le Monde 14 sept. 2010 )

    Le journal « the Guardian » a fait sa une le 30 aout 2010 sur lui car il a radicalement changé son point de vue et déclare à présent « que le réchauffement climatique est un problème majeur qui menace le monde » alors qu’il annonçait préparer un ouvrage sur le sujet.

    (source : Wikipédia)

  11. Sancho,

    J’ai traité le cas Lomborg sans doute cinq ou six fois. Ce faussaire est un faussaire. Je n’ai pas forcément raison, mais en tapant sur Lomborg sur le moteur de recherche interne à Planète sans visa, on obtient 7 articles. Bon. J’ai rien dit.

    Fabrice Nicolino

  12. @ Fabrice, @ tous,

    Décidément sur ce coup là, j’ai tout faux depuis le début. Je n’ai visiblement pas lu tous les posts de Fabrice ou j’en ai oublié certains en route…

    Promis, juré, je vais essayer d’être plus vigilant à l’avenir.

    Bien à vous.

    Sancho

  13. http://www.rue89.com/node/175865

    Villepin a raconté une histoire sidérante sur Sarkozy. […] A une époque, Sarkozy l’avait invité. Il était déjà chef de l’Etat parce qu’il était question de choisir son Premier ministre.
    Sarkozy aurait dit [à Villepin] : “Finalement, j’ai eu un labrador, et les labradors, ça joue au mâle dominant et vraiment, il faut pas deux mâles dominants. Donc je vais prendre Fillon comme Premier ministre.”

    Villepin lui aurait dit : “Mais vous avez fait quoi de ce labrador ? ”

    Et Sarko dit : “Je l’ai fait piquer”. » (Voir la vidéo)

  14. Désolée mais je ne comprends pas la position de ces articles sur les gaz de schiste. Fabrice, tu dis toi même que l’info vient de sources ultra-pro du discours dominant sur l’énergie, discours qui consiste à dire essentiellement : il n’y a aucun problème, on continue comme avant.
    Bien sûr, ces gaz vont être développés mais à des prix très élevés et probablement pendant qq années seulement. Exactement comme pour les sables bitumeux. Ils assureront un pourcentage extrêmement faible de notre approvisionnement énergétique. Seul le pétrole peut alimenter le mode et le niveau de consommation dans lequel les pays riches sont enferrés. Bien évidemment, les agences gouvernementales et autres le savent car s’il y avait vraiment « mieux » que le pétrole, il y a longtemps qu’ils seraient dessus 24/24.

    Il me semble que le décryptage à faire serait plutôt : ça arrive, c’est le nouveau joujou énergétique, ça ne va pas améliorer les choses c’est entendu, raison de plus pour vous concentrer activement sur toutes les autres alternatives énergétiques. Pas celles présentées par le greenwashing, non les autres, toutes les autres qui permettent l’autonomie. Même si pour beaucoup on est encore au stade expérimental (voir par exemple Tamera au Portugal : http://www.solarpowervillage.info/, ce qui se fait depuis longtemps à Auroville ou les machines de Scheffler qui alimentent des cantines et autres en Inde) et que les gouvernements s’y intéressent peu, reste aux citoyens à s’y intéresser, eux.

    Le problème avec l’énergie c’est qu’elle est au cœur du problème actuel (un des cœurs disons) mais complètement impalpable. C’est un peu comme l’oxygène, ou la confiance. Quand il y en a tout va bien, quand ça manque on étouffe. On est très habitués à un certain type d’accès à l’énergie : à domicile et sans se poser de questions. La nourriture, la pollution, les transports, la corruption, tout le monde peut à un moment ou un autre les évaluer concrètement dans le quotidien. Pour les catastrophes naturelles, les disparitions d’espèces et les lointaines misères, des reportages réguliers nous informent d’une manière ou d’une autre. Pour l’énergie c’est plus subtile, moins visible. Un reportage sur l’énergie… tout le monde ferme le poste, passe à autre chose, survole l’article. Tant qu’il y a des caches-misères comme toutes ces « nouvelles sources d’énergie » qu’on nous annonce tous les 2 ans dans la lignée exact de tous les nouveaux gadgets, on ne pourra pas percevoir le déclin, et tant que tout peut fonctionner comme si de rien n’était, rien ne sera profondément remis en question.

    Une source sur ça, The Oil Drum : http://www.theoildrum.com/node/7102

  15. Ma chère Eva,

    Je ne suis malheureusement pas d’accord avec toi.Il ne s’agit pas d’un joujou, mais d’une perspective très concrète de relancer la machine. On parle pour les gaz de schiste de 4 fois les réserves conventionnelles connues. Et on peut également obtenir du pétrole à partir de ces mêmes schistes http://www.enerzine.com/10/6903+les-schistes-bitumineux—l-avenir-du-petrole+.html. Ne parle-t-on pas de 2500 milliards de barils de réserves ? Même si c’est exagéré, il s’agit d’une révolution. D’une formidable révolution régressive. Désolé.

    Fabrice Nicolino

  16. Fabrice, je crois que des phrases comme « 4 fois les réserves conventionnelles connues » ne veulent pas dire grand-chose puisque les difficultés d’extraction et de traitement des non-conventionnelles sont immenses. « 2500 milliards barils de réserve » certes mais de quoi ? D’un pétrole non-abouti qu’il va falloir raffiner – ce que nous ne savons pas encore faire sans atteindre des coûts pharamineux. La rentabilité des gisements de pétrole non conventionnel est incertaine, car la quantité d’énergie nécessaire à leur extraction est plus importante. Et comment donc sont faites ces estimations ?
    L’article d’Enerzine que tu m’indiques me semble assez mesuré car le conditionnel y est employé et, à part les 3 sites Brésil, Estonie, Chine, tout est à l’état de projet. Ils iront vite, certes, mais ils n’iront pas bien loin en terme d’années cela dit, bien entendu, je ne suis pas plus devin-e que toi en la matière. Saludos.

  17. Eva,

    Cela, bien sûr. Nous sommes bien d’accord. L’incertitude règne, et la manipulation, dans le domaine si particulier du pétrole – et du gaz – est de règle. Car qui tient des « réserves », fussent-elles follement surestimées, tient du même coup du pouvoir. L’Arabie Saoudite truande ses données depuis des lustres, au vu et au su des spécialistes, car elle veut continuer à jouer le rôle géostratégique qui est le sien.

    Mais, chère Eva, l’important me semble ailleurs. L’annonce, les annonces concernant les gaz de schistes et les gaz de pétrole sont comme un baume pour les « développementistes » fous du monde entier. Elles sont pour eux – industriels, politiques, lobbies en tout genre – que l’on peut continuer. Que l’on va continuer. Et cela, crois-moi, est une exécrable nouvelle planétaire.
    ¡ Nos vemos !

    Fabrice Nicolino

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