François Mitterrand, grand homme de droite (et de poche)

Mise en garde : le texte qui suit est long. Fait aggravant, il parle de François Mitterrand, trente ans après un orage parisien qui ne laissa que quelques gouttes sur le pavé

Appelons cela un interlude, entre deux cris contre l’état de notre planète. Mais au fait, les amis, si l’état de notre humanité n’était pas ce qu’il est, en serait-on à ce point de déréliction écologique ? Je m’autorise trois mots sur notre grand homme de poche, François Mitterrand. Il y a trente ans, donc, il remportait l’élection présidentielle au nom du parti socialiste, et promettait de rompre avec le capitalisme. Mais vite, hein ? Il ne fallait pas traîner. Aux oublieux, à ceux qui étaient trop jeunes, je dédie ce court passage tiré d’un document officiel du parti socialiste. Il est consacré à une sorte de congrès tenu à Alfortville (Val-de-Marne) quelques mois avant mai 1981.

Cet extrait fait partie d’un texte écrit en 2006, en une époque bien plus calme pour nos Excellences de gauche, et son ton en est singulièrement adouci. Voici : « Divisé en trois parties – comprendre, vouloir, agir – le projet socialiste doit orienter l’action des socialistes pour les années 80. Rupture avec le capitalisme et stratégie d’union de la gauche, volonté de s’affranchir de la logique du marché et des contraintes extérieures, affirmation de la souveraineté nationale face au processus d’intégration européenne et à la puissance américaine, le texte soumis aux militants est marqué par le volontarisme politique et économique ; il réunit 96 % des suffrages ». En 1980, les mots réellement prononcés étaient de feu. Il s’agissait de faire rendre gorge aux capitalistes, rien de moins.

Longtemps après le roi du Tibet

Or donc, il s’agissait bel et bien de changer le monde. Ce qui n’a pas été fait, à moins qu’on l’ait caché à tous. Je sais que de nombreux lecteurs de Planète sans visa conservent pour Mitterrand les yeux de Chimène. Et moi ? Euh, non. Lorsque la discussion roule sur ces années-là en présence de femmes et d’hommes de gauche, la première et souvent la seule chose qu’ils trouvent à dire, c’est : « Oui, mais quand même, l’abolition de la peine de mort ». Et, bien que je sois poli, et que je tâche alors de détourner la conversation, je dois dire qu’intérieurement, je rigole. Ou bien je bous, selon. L’abolition de la peine de mort eût pu être décidée longtemps avant, et l’aura été sous toutes sortes de régimes. Elle avait été décidée il y a plus de 13 siècles au Tibet, sous le règne de l’excellent roi Songtsen Gampo. Le Venezuela l’avait inscrit dans sa Constitution en … 1864. Alors bon, Mitterrand n’aura fait que suivre un mouvement historique. Et c’est tout. Nous, les Français, avons bel et bien cette fâcheuse tendance à croire que nous inspirons la terre entière. Même lorsque nous arrivons parmi les derniers.

Mitterrand avait en tout cas d’affreuses raisons personnelles pour abolir. Car comme le rappelle le livre – que j’ai lu – signé par François Malye et Benjamin Stora (François Mitterrand et la guerre d’Algérie, Calmann-Lévy, 2010), il avait du sang sur les mains. Devenu ministre de la Justice et garde des Sceaux en février 1956, il le restera jusqu’au 21 mais 1957. Et pendant ce temps, sous sa responsabilité écrasante, 45 militants de la cause algérienne ont été guillotinés, dont le communiste Fernand Iveton. Je vous le dis, je n’aurais pas aimé être Missak Manouchian en 1944, avec un Mitterrand au pouvoir. Tiens, au fait, n’a-t-il pas été ami jusqu’à son assassinat – en 1993 – avec ce cher René Bousquet, l’un des plus hauts responsables de la police fasciste du régime de Pétain ? Si.

Sur cette photo prise à Marseille en 1943, Bousquet a vraiment l’air très malheureux de la présence nazie en France. Où en étais-je ? L’Algérie. Un jour, Michel Rocard accusa Mitterrand, en public, d’être un assassin. Et il avait bien entendu raison. Ce qui ne l’empêcha nullement de devenir son Premier ministre, car la carrière, mon Dieu, c’est la carrière. Question d’une rare absurdité, d’autant qu’elle plonge au plus profond de cette aventure : Mitterrand était-il de gauche ? Je vous vois frétiller, car il y a de quoi. Mitterrand a été toute sa vie un homme de droite, et l’aura à peine caché. Les sots, les pauvres sots sont ceux qui ont cru autre chose, et ne veulent à aucun prix qu’on ose s’attaquer à leur idole de pacotille.

Un militant d’extrême-droite

Reprenons en quelques phases. Avant guerre – Mitterrand est né en 1916 -, il est un militant d’extrême droite. Sans doute pas un activiste, quoique, mais en tout cas, ce qu’on pourrait appeler sans excès un fasciste. Le 1er février 1935, il participe à une manifestation de petites crapules pour protester contre l’installation de médecins étrangers en France. Aux cris de « La France aux Français » et « Non à l’invasion métèque ». Ce n’est pas un gosse, il va avoir vingt ans. Autour de l’internat des Pères maristes – 104, rue de Vaugirard, à Paris -, où Mitterrand habite alors, la canaille fasciste est omniprésente. Mitterrand noue des liens de franche amitié avec des responsables de la Cagoule, parmi lesquels Eugène Deloncle, Gabriel Jeantet ou Simon Arbellot. Or la Cagoule est une société secrète antisémite, très proche des militaires, qui entend bien abattre par la force et le complot la « Gueuse », comme ils appellent la République. Un coup d’État sera déjoué de justesse en 1937, et l’on retrouvera beaucoup de ces chers anges aux côtés des nazis, quelques années plus tard. Un détail : l’un des hommes de main de la Cagoule, Jean Filliol, assassinera en 1937 les frères Rosselli, opposants à Benito Mussolini. Sur commande du dictateur romain.

Dans ces conditions, Mitterrand pouvait-il devenir le grand résistant antifasciste qu’une vulgaire propagande ne cesse de nous vendre ? Voyez à quoi je suis rendu : j’en doute. J’en doute d’autant plus fort que Mitterrand a été avant tout un maréchaliste convaincu. Un homme de Vichy. Je ne peux tout raconter, vous seriez lassé. Mitterrand sera décoré de l’ordre de la Francisque par Pétain lui-même, en mars ou avril 1943. Un Pétain qu’il admire alors de toutes ses belles forces, comme l’attestent des lettres d’époque, signées de sa main. Il va jusqu’à se féliciter de la création du Service d’ordre légionnaire (SOL) de Darnand, ancien de la Cagoule, qui deviendra la Milice, chère au cœur de tous les démocrates. Extrait du serment des volontaires du SOL : « Je jure de lutter contre la démocratie, la lèpre juive et la dissidence gaulliste ».

Ensuite, Mitterrand serait devenu résistant. Quand ? En toute certitude, après les premières lourdes défaites de l’armée nazie. Probablement dans la deuxième moitié de 1943. Je ne vais pas jouer au devin, mais je crois profondément que son choix fut alors opportuniste. Au reste, il ne faut pas exagérer ce que les mitterrandistes de toujours ont présenté comme autant d’actions de gloire. Mitterrand n’est pas Jean Moulin. Mitterrand ne figurait pas sur l’Affiche rouge, car sur cette affiche de 23 héros assassinés par les nazis, il n’y avait que des métèques, engeance que notre Mitterrand national n’aimait guère. Des Espingouins. Des Ritals. Des Polaks. Des Arméniens. Et parmi eux – pouah ! -, des juifs.

Une seule et même obsession

J’insulte ? En effet, j’insulte. Ceux de l’Affiche rouge sont de mon sang. À la sortie de la guerre, un Mitterrand tout ripoliné devient dès 1944 une sorte de ministre des Anciens combattants. Il est aussi copain avec un autre grand résistant, un certain Jacques Foccart, qui sera le suprême Manitou de la Françafrique. Formidable. Peu après, il donnera un témoignage décisif qui sauve Eugène Schueller, financier de la Cagoule avant guerre, et fondateur de l’Oréal, la belle entreprise de madame Bettencourt, je n’y peux rien. Il a 28 ans et va bientôt obtenir ce qu’on appelle aujourd’hui un « emploi fictif » dans le vaste empire L’Oréal. Ô beauté des cieux. Parallèlement, Mitterrand sera 12 fois ministre jusqu’en 1957. Un record fabuleux. Pendant ces années, la France s’honore de vastes massacres à Madagascar, en Indochine, en Algérie. Ailleurs. Mitterrand n’a qu’une obsession, la même qui court tout au long de sa vie : le pouvoir. Pour lui. Il tente à de nombreuses reprises de devenir Président du Conseil, le poste le plus haut sous la Quatrième République. Mais il échoue et, pis que tout, un revenant lui barre la route de la victoire : De Gaulle, qui revient au sommet en 1958 et sera bientôt président, élu pour comble au suffrage universel.

Pendant toutes ces années, son arme politique s’appelle l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), formée en 1945, et dont il sera le chef après 1950. Ne pas se laisser impressionner par l’étiquette. L’UDSR aura été un parti de notables. De notables de droite. Mitterrand y prend le pouvoir après des manœuvres qui rappellent fort sa prise de pouvoir sur le parti socialiste en 1971. Cette courte citation d’un excellent article de l’universitaire Éric Duhamel (Pleven et Mitterrand) : contrairement à Pleven « François Mitterrand, en revanche, s’appuie sur une poignée d’hommes qu’il a connus avant la guerre et une cohorte rencontrée sous l’Occupation. Par l’intermédiaire des associations de PG [ prisonniers de guerre], tous ces hommes sont capables dans chaque département de recruter ceux de leurs camarades qui sont prêts à faire un bout de chemin avec “François” ». C’est de cette époque que date l’amitié indéfectible qui réunit Roland Dumas – député UDSR en 1956 -, notre grand moraliste à bottines, et Mitterrand. C’est à peu près de ce temps-là que datent les liens plus qu’étranges noués avec François de Grossouvre, retrouvé mort d’une balle dans la tête à l’Élysée en 1994. À peu près, car au fond, qui le sait ? Le sûr, c’est que De Grossouvre a été membre du Service d’ordre légionnaire (SOL) de Vichy déjà nommé. Le sûr, c’est qu’il a joué un rôle important dans la création en France de réseaux politico-militaires imaginés après-guerre par les Américains. Ce qu’on a appelé en Italie Gladio, et dont le rôle dans la stratégie de la tension et les attentats des années 70 du siècle passé est certain. Le sûr, c’est qu’il aura été, une fois Mitterrand élu président en 1981, le gardien de tous les secrets. Dont beaucoup, selon moi, demeurent inconnus.

Prise de pouvoir au parti socialiste

Je vous sens perdus, et j’en suis désolé. Il me faut aller plus vite, car je rédige ce texte le 9 mai 2011 au soir, et je tiens à ce qu’il soit en ligne le 10, notre grand anniversaire national. De Gaulle. Un De Gaulle terrible, qui bouche les allées du pouvoir pendant des années. Mitterrand en sera l’opposant en chef. De gauche ? Voyons donc ! En 1965, entre les deux tours de la présidentielle, il recevra l’étrange appui de l’avocat fasciste Tixier-Vignancour,  qui avait obtenu 1 253 958 voix au premier tour. Au nom de quoi ? Tixier-Vignancour avait en tout cas, bien entendu, été vichyste pendant la guerre. Le reste ? Après avoir tenté l’impossible pour revenir dans le jeu, notamment en mai 1968, où il se brûla les ailes, Mitterrand a compris l’essentiel. S’il veut gagner – c’est la seule chose qui compte -, il doit représenter la gauche. Toute la gauche, y compris ces communistes qu’il vomit depuis sa jeunesse, et dont il ne cessera, avec un magnifique succès, d’attaquer les positions de pouvoir, jusqu’à les réduire au rang de supplétifs.

Comment faire ? D’abord, comme avec l’UDSR de 1950, s’emparer d’une structure. Ce sera le parti socialiste, en voie de pure et simple disparition en 1970, après de calamiteux résultats en 1969. Au congrès d’Épinay, en 1971, par la ruse, toutes les ruses, Mitterrand s’empare d’un parti dont il n’est même pas membre ! Grâce, entre autres, au concours empressé d’un certain Jean-Pierre Chevènement, dont vous aurez du mal, même en cherchant, à retrouver qu’il fut officier d’active pendant la guerre d’Algérie, et partisan assumé de l’Algérie française. La suite vous est connue dans les grandes lignes. La saison, qui dure dix ans, est aux grands discours. Mitterrand, homme de droite, devient un expert de l’emphase « gauchiste », bien meilleur à ce jeu que le pauvre Guy Mollet de jadis, qui nous a pourtant légué l’expression « mollettiste », désignant ceux qui parlent d’une manière et agissent d’une autre.

Dans les conditions décrites plus haut, il était fatal que Mitterrand ne fasse rien de ce qu’il avait promis. La gauche au pouvoir ne décréta pas la mobilisation générale pour les banlieues, mais la mobilisation générale de Julien Dray et Harlem Désir. Elle ne combattit pas le capitalisme, mais tout au contraire, réhabilita l’exploitation et donc les exploiteurs, Tapie en tête. Vous vous souvenez, n’est-ce pas ? Il faut dire qu’avec un Attali dans le bureau d’en face, ce ne dut pas être si difficile. Elle déplia le tapis rouge pour Berlusconi, à qui l’on refila une chaîne de télé, la défunte 5. Elle statufia Jacques Séguéla, fondateur de l’agence de pub Euro RSCG, qui conseille aujourd’hui aussi bien DSK que les industriels des gaz de schistes, sans oublier, jusqu’à certain changement, Laurent Gbagbo. Elle coucha avec le fric et la corruption.

« Dites-moi, où est le pouvoir ? » (air connu)

Trente ans plus tard, c’est oublié. L’ombre bienfaisante de Mitterrand câline candidats et futurs électeurs. Hélas, je n’ai plus le temps – et vous, je l’espère, plus la patience – de vous dire en détail pourquoi une génération entière s’est elle-même fourvoyée de la sorte. Et pourquoi la suivante est prête à recommencer. Cela a à voir, selon moi, avec l’une des faces les mieux cachées de la réalité. Cette soumission à l’autorité si bien analysée par Stanley Milgram. Il faut du chef. Il faut de l’admiration. Et donc de l’aveuglement. Et donc de la connerie à tous les étages. Rien ne changera jamais vraiment tant que ce phénomène sera à ce point dominant. Oh, je ne pense pas qu’on puisse balayer une telle invariance psychique en soufflant dessus, certainement pas. Mais je suis bien convaincu que nous serons perpétuellement défaits si nous ne sommes pas capables d’analyser et de critiquer sans relâche la notion même de pouvoir. Et ce lien maudit qui pousse des millions d’êtres à croire n’importe quelle promesse, sourire aux lèvres et yeux embués.

Allez, une conclusion. Mitterrand et la crise écologique. Il s’en cognait d’autant plus qu’il n’avait strictement rien remarqué. Et ne venez pas me dire que c’est une question d’âge ! Le vieux Dumont était né, lui, en 1904, douze ans avant Mitterrand. Et il avait 70 ans en 1974, quand au même moment Mitterrand promettait la Lune aux crédules pour pouvoir s’y installer un jour en leur marchant dessus. Jacques Ellul était né quatre ans avant Mitterrand. Cornelius Castoriadis était né six ans après Mitterrand. André Gorz était né sept ans après Mitterrand. Ivan Illich était né dix ans après Mitterrand. Alors non, ne me parlez pas d’âge ou de génération. Mitterrand est l’archétype de l’homme ignorant, et qui lisait pourtant des livres. Philistins, petits marquis d’ici ou d’ailleurs, idiots savants de toute nature ne cesseront jamais de vanter sa culture. Mais quelle était-elle, dites-moi ? Un homme qui entendait mener la France aura passé son existence sans dire un mot sur la crise de la vie sur terre. Contemporain de l’événement le plus foudroyant de l’histoire des hommes, il n’en aura rien su. Comment appelle-t-on cela, par chez vous ?

Ce que j’ai voté en 1981 ? Mitterrand. Mais je jure qu’il s’agissait d’un vote contre Giscard. J’avais la naïveté de croire qu’une victoire de la gauche ouvrirait un espace neuf à la liberté de tous. Si c’était à refaire, j’irais plutôt regarder le soleil se lever. Puis le soleil se coucher. Et entre-temps, je sais que je ne mettrais pas le pied dans un bureau de vote.

47 réflexions sur « François Mitterrand, grand homme de droite (et de poche) »

  1. La proposition de loi contre le gaz de schiste est examinée ce mardi à l’Assemblée Nationale. À l’extérieur est prévue une manifestation. Le collectif ardéchois a affrété un car pour y participer, tandis que des rassemblements sont prévus devant les permanences parlementaires dans la Drôme. 1Contre une technique

    La proposition de loi de l’UMP, dont le député ardéchois Jean-Claude Flory est signataire, n’est pas à proprement parler contre les gaz non conventionnels. Le titre du texte est explicite : “Interdire l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique et abroger les permis exclusifs de recherches comportant des projets ayant recours à cette technique”.

  2. Salut Fabrice et à tous

    Je n’ai qu’un souvenir, celui de la joie du peuple de gauche…
    Dès l’année d’après nous vimes apparaitre les déçus du socialisme…

    A cette époque le combat était nucléaire et je me suis engueulé avec de nombreux « socialistes » qui croyaient que Mitterrand qui avait signé la pétition antinucléaire tiendrait parole…

    Ce changement de cap apparent a ôté bien des forces au mouvement…

    Depuis nous avons fait du chemin et ce n’est pas DSK qui nous arrêtera.

    Un mouvement populaire n’a d’armes que s’il touche au portefeuille, les barrages routiers, les grèves générales, la paralysie des raffineries, le blocage des ports.
    Aujourd’hui ce sont des femmes et des hommes d’un certain age qui portent le mécontentement, des humains matures dans la force de l’age et de l’expérience, plus des gamins qui ne savent rien de la vie… Cela change la donne !

    Enfin, peut-être…

  3. Mitterrand homme de droite ? Assurément et toute sa carrière est bien là pour le prouver. En tout cas merci d’avoir mis en lumière quelques unes des nombreuses compromissions du « grand homme ». Pour ma part je n’ai voté qu’une seule fois ce fut en 1970 pour René Dumont. Meric aussi à Gorz,Illich, Ellul, Castoriadis.

  4. Bah, moi aussi j’ai voté Mitterrand en 1981. Sans trop d’illusions, mais quand même, peut-on s’empêcher d’espérer? Surtout, un énorme « Que se vayan, todos », qu’ils s’en aillent, tous ces salopards qui nous bouffaient la vie.

    Trente ans après… les revoilà, en pire. Les dahus de droite, les dahus de gauche, tout ça tourne en rond, et contrairement à la légende qui juge leur accouplement impossible ou en tous cas acrobatique, se reproduit allègrement.

  5. J’avais 34 ans en 1981. J’ai voté Mitterrand pour me débarrasser de la droite ,de ce qu’elle représente, le fric, la corruption, le mépris et tout le reste.
    Trente ans plus tard, je sais qu’il fallait d’abord voter Mitterrand pour nous débarrasser de la droite mais qu’il aurait fallu aussi, dès après, nous débarrasser de Mitterrand pour imposer une démocratie dans ce pays. J’ai compris que n’avions fait qu’une partie du travail en remplaçant les princes par des marquis.
    Dans un an, je suggère d’emprunter ce seul chemin qui vaille désormais, pour moi : nous débarrasser de la droite par le bulletin de vote puis du parti socialiste par une révolution démocratique pour imposer l’écologie radicale.

  6. ce que je me demande ? Qui peut avancer en général dans la vie sans se compromettre, meme s’il s’appelle gudule ou tartempion? certes plus ou moins bien sur..alors en politique? sera flingué à la première occasion par les « ZAUTRES » et restera SEUL; à moins d’avoir un côté dictatiorial; mais çà ne va pas non plus; ex Chavez qui a nationalisé toutes les compagniess pétrolières sur son sol sans aucun compromis et qui vient d’augmenter les salaires de 25 p. cent.

  7. Les politiciens sont les politiciens.

    Et à ce propos, j’apprends que E. Joly et N. Hulot seront présents aujourd’hui devant l’Assemblée avec les hardis manifestants contre les GdS. Maintenant, c’est clair. Voilà donc le but de toute cette manoeuvre. Voilà pourquoi depuis le début certains brident et empêchent les gens de se trouver, pour empêcher que ce mouvement devienne la « révolte populaire » qu’il pourrait être. Voilà pourquoi il était si important que nous allions jouer les pom-pom girls démocratiques devant leur Assemblée.

    Pour le garder dans la maison de poupée cauchemardesque de l’idéologie « citoyenne ».

    Parce que tout simplement J. Bové est député européen Europe Ecologie-Les Verts. Parce que personne n’est autre chose que sa fonction. Un préfet est un préfet, un policier un policier, un ministre un ministre, ou en tout cas ils agissent en tout point comme si c’était le cas, et ça suffit.

    Je le dis clairement : nous ne supportons plus ces puantes manoeuvres électoralistes qui se font sur notre dos. Nous sommes opposés à l’exploitation des GdS, nous. Ces gens-là nous empêchent de nous battre, et se servent de la mobilisation pour exister médiatiquement. C’est leur métier. Ils nous garderont dans le bourbier politico-juridique dans lequel ils pataugent eux avec délices jusqu’à ce que l’exploitation se fasse.

    A moins que nous ne réussissions à nous trouver et à nous réapproprier ce mouvement en cours de confiscation.

    gasbull@voila.fr

  8. Bonjour,
    J’avais 9 ans en 1981 – petite-fille de Ritals qui croyaient que les cocos mangeaient les p’tits zenfants et qui ne votaient plus et, pour l’autre moitié de l’arbre, descendante de droitiers français aggravés. J’avais juste une vieille tante socialiste super. Et moi j’étais heureuse de cette élection, je m’en souviens encore, la justice et la paix étaient là… Je me sentais seule… multiples engueulades à la maison… 20 ans après ? Chez nous des droitiers sont devenus gauchers, tout le monde est conscient de la crise globale, les gauchers d’origine à l’idole déboulonnée de votent plus, ne savent plus quel journal lire et essaient de faire quelque chose, les droitiers eux votent et attendent. Bref, il y a le maquis, et le reste…
    C’est qui Stanley Milgram ?
    Saludos !

  9. On prête à Mitterand cette phrase: « L’écologie, c’est comme l’acné, c’est une maladie de jeunesse ».

    Aujourd’hui, les mêmes nous disent que « L’écologie, c’est un luxe de pays riche ».

    Pas étonnant qu’avec de tels phares de la pensée, on fasse … naufrage.

    MH

  10. Bonjour Fabrice,

    J’avais 11 ans. Je ne savais pas trop ce que ça représentait alors. Depuis, je comprends pourquoi je n’ai jamais voté socialiste, pensant que c’était une peu comme la droite, mais avec de gros morceaux d’hypocrisie et de cynisme.
    Effectivement, il y a eu du bon, mais aussi un paquet de sales trucs. Bref, une utilisation normale du pouvoir.
    @Peska : c’est peut-être cela qu’il faut faire. Je pense néanmoins que ce doit être difficile de virer quelqu’un du pouvoir, qu’il soit de gauche ou de droite. Ils s’y accrochent comme des coquillage à leur rocher.

  11. François Mitterrand, en grand humaniste néocolonial que l’on sait, a dit aussi en des termes choisis, cette phrase (puante) pleine de condescendance ordinaire occidentale en parlant de l’ethnocide programmé et soutenu par la France :

    « Dans ces pays-là, un génocide, ce n’est pas trop important » (1).

    Ah! Qu’en termes galants ces choses-là sont mises! (2)

    Chapeau (en feutre poil avec bord relevé) l’altruiste !

    note:
    1 : rapporté par un proche, Patrick de Saint-Exupéry dans le Figaro du 12.01.98.

    http://www.congopage.com/1994-Le-Genocide-Rwandais-Pas-Trop

    2: Molière, Le Misanthrope (1666), I, 2, Philinte

  12. Oups ! dans ma note (1), on peut penser que le proche en question à qui Mitterrand a fait cette confidence « -Dans ces pays-là, un génocide, ce n’est pas trop important »- est Patrick de Saint-Exupéry.

    Le journaliste Patrick de Saint-Exupéry est seulement celui qui a rapporté cela au Figaro.

    Je m’excuse de cette bourde.

  13. @Gedeon

    Entièrement d’accord, « ils » feront tout pour garder le pouvoir et continuer à nous amuser. Mais nous sommes les premiers fautifs car par paresse et/ou conditionnement nous leur avons délégué (moi aussi même si je suis abstentionniste depuis près de 40 ans) le pouvoir de diriger notre vie. Il n’y a pas d’autre solution que de le leur reprendre mais bien évidemment cela ne pourra se faire que comme dans les pays arabes : dans la rue, mais pas dans des cortèges autorisés par la préfecture. Il ne faut surtout pas s’attendre à ce qu »ils » approuvent d’emblée notre volonté de les foutre dehors, alors les risques y compris physiques il faudra bien les prendre. Aucune autre solution n’existe et certes pas celle des urnes.

  14. Tout à fait d’accord avec le point de vue de Gédéon.

    Pour en revenir au sujet du jour, rappelons cette phrase, mémorable elle aussi, prononcée par François Mitterrand au congrès d’Epinay :

    « Celui qui n’accepte pas la rupture, celui qui ne consent pas à la rupture avec l’ordre établi, politique, cela va de soi, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, il ne peut pas être adhérent du Parti socialiste. »

  15. Vieux reflexe Français, voter droite/centre et soutenir une contestation intelligente à gauche.
    On eu ni l’un, ni l’autre.

    Note amère = pour l’écologie, je suis devenu très circonspect dès la guignolisation de René Dumont ( Le circus de débarquer à vélo sur la Larzac), là aussi me suis dit  » mauvaise limonade »et ensuite la dilution dans tout ce qui était « alter », défendre la qualité et la joie de vivre c’est affaire sérieuse et pau se passer de drelock et de chichon.. ( hum, je vais facher,là…)
    Bref, je si partage pas le boutisme de Fabrice, mais respecte en lui l’indignation et l’énergie, je fait le même constat.

  16. Étrange concert, si peu structuré. Il est toujours facile de faire la critique d’un homme, qui certes à beaucoup de défaut, mais a su mener la gauche au pouvoir, et il n’y a pas que la peine de mort, il y a bien d’autres points possitifs, mais depuis, dix ans de droite qui détricote lentement mais sûrement les bases de notre organisation démocratique à la Française où il faisait bon vivre. Maintenant, la révolution vous dites, n’oubliez pas les retours de bâtons du style dictature. La bonne voie, c’est les urnes. René Dumont n’a fait de 1,32% des voix. Personnes pour ainsi dire n’étaient vraiment écologistes, sinon quelques marginaux; alors regardant plutôt l’avenir, sachons être les premiers à vivre sobrement, à mettre des hommes dans notre panthéon comme Saint François d’Assise, Ghandi, Lanza del Vasto, Pierre Rabhi. J’aurai préféré la candidature d’Yves Cochet, mais entre Eva Joly et Nicolas Hulot, j’hésite encore. Nous verrons.
    Sachez qu’il est très difficile d’être un juste en politique, et vous pouvez vous présenter, mais avec un vrai programme, et là que c’est difficile. Tim Jackson, Edgar Morin ont des bonnes idées, reste à les concrétiser. Nous somme englué dans le pétrole, le charbon, le gaz et le nucléaire jusqu’au cou.
    Souhaitons bonne chance à nos enfants, les moins de 25 ans dont l’avenir s’écrit plutôt en noir qu’en bleu.

  17. « Celui qui n’accepte pas la rupture, celui qui ne consent pas à la rupture avec l’ordre établi, politique, cela va de soi, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, il ne peut pas être adhérent du Parti socialiste. »
    version rouge de « travailler plus pour gagner plus!  »
    et bien il était sincère à ce moment-là, non? comediante qui voulait parvenir sincérement à emporter l’adhésion en meme temps que les suffrages des idiots utiles; idem madame Morize; jr vois qu’elle s’est servi ce matin des gaz de schistes pour canarder Monsieur B. çà tombe bien électioralement parlant, pourquoi ne l’a t’elle pas fait auparavant? en tout cas chapeau ! elle a fait de deux pierres un coup! nous ne sommes pas à l’église et je note que les gens il faut toujours les manipuler sinon vous n’arrivez à rien!
    « Le Prince étudie diverses questions relatives au pouvoir politique. Or le peuple a une grande importance selon Machiavel car c’est de lui que naissent la majorité des problèmes du prince.

    Nous ne sommes donc pas étonnés de retrouver une analyse de l’Homme en soit, qui se traduit par l’établissement de différentes règles tout au long du livre, règle qui semble avoir une valeur générale.
    Dans le chap. 6 par exemple, Machiavel établit que les hommes ne défendent que ce dont ils tirent avantage. Il nous dit aussi qu’ils sont ennemis « des entreprises où l’on voit de la difficulté » (chap. 10).
    Plus loin, au chap. 15, pour justifier la cruauté du prince, il prône que la majorité des hommes ne sont pas bons par nature et que l’homme qui se voudrait bon, irait directement à sa perte.
    Au chap. 18, il montre que la plupart des hommes sont naïfs, influençables et versatiles, et qu’il est donc aisé de les manipuler.
    Machiavel explique aussi (chap. 25) que les hommes n’ont pour fins que gloire et richesse, et que c’est là la manière de les contenter.

    c’est vieux, mais çà tient la route.

  18. Se débarrasser de la droite D’ABORD puis lutter ENSUITE pour la société qu’on veut vraiment ?

    Quelle perte de temps !

    Et puis, rappelons-nous ce qui s’est passé en 81 : nombre de luttes se sont tout simplement cassé la gueule car il était de bon ton alors de la fermer (sa gueule) pour laisser sa chance au gouvernement, lui laisser le temps de faire des réformes. Bref, on ne pouvait plus critiquer.

    81 marqua la fin de la chaude et enivrante période de contestation des années 60 et 70. Par auto-censure.

    Le soir du 10 mai 81, j’étais tout étonnée de voir tant de copains (dont la plupart n’avaient pas voté, d’ailleurs) si contents du résultat. Je me sentais toute bête avec mes « Mais tu sais bien que ça ne va rien changer ! » Je n’avais pas voté, bien sûr. Je n’étais d’ailleurs pas inscrite. J’avais 23 ans.

  19. J’avais 10 ans et je n’ai compris que le beau sourrir de mon père devant toutes les têtes déçues, voir effrayées du reste de la famille… puis je suis reparti jouer…

  20. Par révolte, on peut souvent entendre des choses fort différentes. Le « il faut que ça change » de l’homme de la rue renvoie la plupart du temps à une revendication financière : volonté de gagner plus ou de trouver des produits de consommation (nourriture, chaussures de marque, écrans plats…) moins chers. Toujours moins chers.
    Volonté de vivre mieux ; ô combien respectable, certes, mais dans quel but ? Celui de consommer plus pour alimenter la Bête. Celui de s’enrichir en participant à la destruction du monde.
    On est très loin d’une révolte écologiste de sauvegarde de la Vie. Cette dernière me semble nécessiter un niveau de conscience et de connaissances qui n’ont rien à voir avec le schéma révolutionnaire revendicatif.
    Une véritable révolution écologiste n’est possible que si l’on en vient à considérer que la défense de la Vie prime sur celle du Capital. Préférer sauvegarder une belle vallée plutôt que de voir y construire une route.
    Or là on voit bien que les arguments ne peuvent être que moraux, ou spirituels : je préfère défendre ma vallée enchantée car, pour moi, la Vie a une primauté ontologique sur la mort, pour reprendre les mots de Fabrice. Il faudrait, en quelque sorte, que l’Occident redécouvre une pensée animiste originelle qu’il semble avoir définitivement perdue : je ne peux pas violer la Terre, l’air et l’eau, car ces derniers sont sacrés, de toute éternité.

  21. Devant l’Assemblée et les caméras, J. Bové s’énerve : « Aucun camion ne passera sur nos territoires pour installer des puits : au mieux, ils auront les pneus dégonflés, au pire, carrément démontés. »

    Sauf que la « radicalité », ça ne consiste pas à crever des pneus, mais à cesser le dialogue avec les institutions, et pas lorsqu’il y aura des camions, mais dès maintenant, afin justement qu’il n’y ait PAS de camions. Parce que quand il seront là, ça sera déjà à moitié perdu.

    Et aussi parce que lorsque les « responsables » des collectifs contre les GdS se seront bien mouillés avec lesdites institutions, lorsqu’ils seront devenus « interlocuteurs » sur le sujet avec les préfets, les miniers, la DREAL et que sais-je, ce sont ces responsables citoyens qui nous empêcheront de crever les pneus. Simplement parce que ça sera devenu leur rôle.

    Et il y aura toujours un amendement à attendre, la révision d’un projet x ou y, une énième commission fantôme… Les recours ne seront jamais épuisés : nous le serons avant eux.

    Et qu’on ne me dise pas que c’est compliqué et qu’on ne sait pas quoi faire. Qu’il n’y a rien entre le Grand Soir et l’apathie citoyenne.

    Si les gens qui étaient aujourd’hui devant l’Assemblée (je parle des gens, pas des politiques) étaient allés occuper le siège de Total à la Défense, ne serait-ce que quelques heures, pas pour les interpeller ou les questionner mais simplemement pour leur dire : « Nous savons ce que vous voulez faire et nous ne vous laisserons pas le faire » et encore plus simplement « Vous voulez venir chez nous, alors nous venons chez vous », on aurait peut-être fait un petit pas pour sortir de l’abstraction citoyenniste.

    Ca n’est pas si compliqué qu’on veut bien nous le faire croire.

    Désolé, ça n’a rien à voir avec le sujet, je sais, mais il fallait quand même que je le dise.

  22. Je viens de finir Qui a tué l écologie? Je ne comprend pas les gérémiades des « vrais » militants qui ne sont pas du tout visés bien au contraire, pour le reste c est une vraie enquète, claire et nette, sans appel bien documentée et très sympa à lire. Effectivement ce n est pas en baguenodant avec les industries planétaires que l on va sauver le monde…

  23. Merci pour ce salutaire rappel sur la crapulerie mitterandienne … avec en contrepoint, heureusement, les dignes noms de Réne DUMONT, Cornélius CASTORIADIS, Ivan ILITCH et Jacques ELLUL. Merci !

  24. En 81 j’avais 15 ans, et cet homme, ce président, ne m’inspirait déjà pas confiance… Quant à ses successeurs, ce fut de pire en pire.

    Avons-nous touché le fond avec l’actuel? Pas si sûr, si l’on croît encore une foi à un homme ou à une femme providentiel et tout puissant de ses pacotilles qui quelque soit ses convictions et sa véritable nature n’aura d’autre choix que de se soumettre et se démettre de ses engagements. Tout au plus, ne resterons que quelques miettes pour le bon peuple!

    Quelle connerie cette oligarchie pseudo-démocratique!!!
    Y aura-t-il un salut pour nos 3 si belles devises?
    En tous cas, ce salut commencerait par une indispensable libéralisation de la conscience générale. L’aventure vertueuse suivrait ensuite… J’aime profondément les utopies.

  25. La porte à droite
    On m’a dit tes idées ne sont plus à la mode
    Quand on veut gouverner ce n’est pas si commode
    Il faut évidemment s’adapter au terrain
    Mettre jour après jour un peu d’eau dans son vin

    On m’a dit dans la jungle il faut qu’on se débrouille
    On est bien obligé d’avaler des magouilles
    De laisser dans un coin les projets trop coûteux
    On va pas tout rater pour des canards boiteux

    La porte du bonheur est une porte étroite
    On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite
    Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun
    D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un

    On m’a dit qu’il fallait prêcher le sacrifice
    A ceux qui n’ont pas pu s’ouvrir un compte en Suisse
    Qu’il fallait balayer tous nos vieux préjugés
    Et que ceux qui travaillent étaient privilégiés

    On m’a dit tu comprends tes idées archaïques
    Ne feront qu’aggraver la crise économique
    Ainsi la liberté dans un monde plus juste
    Fait partie des slogans qui sont un peu vétustes

    La porte du bonheur est une porte étroite
    On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite
    Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun
    D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un

    Puis d’autres sont venus beaucoup moins présentables
    Qui parlaient de la France en tapant sur la table
    Qui disaient faut changer c’est la loi du pendule
    On va pour commencer supprimer la pilule

    Ensuite il faudra bien flytoxer la vermine
    Rétablir la morale avec la guillotine
    Et pi gn’a qu’à virer les mauvais syndicats
    Pour conserver celui qui plaît au patronat

    La porte du bonheur est une porte étroite
    On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite
    Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun
    D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un

    Ils ont dit qu’il fallait se montrer réaliste
    Qu’il y avait du bon dans les journaux racistes
    Qu’il fallait nettoyer ce cher et vieux pays
    Si l’on ne voulait pas qu’il devienne un gourbi

    Dois-je vous l’avouer ces propos me renversent
    Quand je vais boire un verre au café du commerce
    Parfois je crois revoir sur du papier jauni
    La photo de Pétain dans mon verr’ de Vichy

    La porte du bonheur est une porte étroite
    Qu’on ne me dise plus que c’est la porte à droite
    Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun
    D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un

    La porte à droite Jean Ferrat 1985

  26. ok, ce n’est pas en « baguenaudant avec les industriels, » mais on fait comment avec ces gens maitres du jeu? vous étes prêts à rompre? à créer une ville à part? un monde à part? avec d’autres gens, tous spontanément vertueux, bien sur, loin des industriels? et de la masse des gens qui marchent avec eux? vous étes prets à mettre un paquet d’argent si vous étes très très riche dans une télévision qui diffuserait une autre info; une guerre des ondes?
    Tant qu’on passe à la télé, à la radio, sur l’internet « bobo » on reste dans le système industriel au sens large, qui est bien assez puissant pour récupérer tout çà, voire meme pour en profiter ; tous ces messages se noyent dans la masse du reste..et tant qu’on ne menace, ni les tireurs de ficelle, ni les valeurs de base..! ainsi bp semble vouloir continuer de plus belle à forer en eau profonde, et il n’est pas le seul! on fait quoi pour l’en empêcher? pourtant marée noire du mexique?
    Rappel la loi du 1er juillet 1976 dit en son article 1er: « La protection des espaces naturels et des paysages, la préservation des espèces animales et végétales, le maintien des équilibres biologiques auquels ils pmarticipent et la protection des ressources naturelles contre toutes les causes de dégradation qui les menacent, sont d’intérêt général
    Il est du devoir de chacun de veiller à la sauvegarde du patrimoine naturel dans lequel il vit »
    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006068553&dateTexte=20110511

  27. L’individu a toujours besoin, qu’il s’en rende compte ou pas , qu’il l’avoue ou non, de croire en l’humanité à travers des humains choisis. Et les groupes humains ont besoin de personnes qui incarnent le combat qu’ils voudraient mener, puisque tout est lutte en ce bas monde. On ne sait plus quel vocable choisir pour désigner la perle désirée tant les connotations de chacun des mots possibles donnent envie de fuir : « guide », « leader », « petit père »… Combien de dégâts quand individuellement ou collectivement on s’est trompé dans nos choix (pour les démocraties) ou que certains se sont imposés à une place qui n’aurait jamais dû être la leur.!
    Ce qui est incroyable avec Mitterand, c’est que ses côtés noirs n’étaient pas si difficiles à discerner et pourtant ses tromperies, même grossières, ont fonctionné. Il n’avait même pas besoin de feindre un minimum de conviction dans la voix quand il mentait pour que ça marche. Il est pour moi un être répugnant, comme nombre de ceux qui comme lui se sont auto proclamés “défenseurs des valeurs humanistes” tout en passant leur temps assis dessus. Pour une telle attitude, Brel dit “qui pissent comme je pleure”, c’est plus juste.

  28. L’évocation de ce dix mai 81 nous a donné, évidemment, à tous l’envie de parler de nos souvenirs personnels d’autant qu’ils en disent beaucoup, en fait, sur ce qui s’est joué alors (ce sourire du père de DD… la joie qu’on a tous eue – même moi – à voir perdre les ennemis de 68).

    Mais pour revenir au texte de Fabrice, c’est vraiment une mine de renseignements, qu’il faut garder très précieusement !

    Je me risque à une question un peu personnelle à Gédéon, dans la mesure où il renvoie à l’adresse gasbull@voilà.fr :
    le texte « Scénario pour un gazage programmé » est-il collectif ? Fait par les membres d’un collectif anti-gaz de schiste ? Je l’ai trouvé sur le site du Jura Libertaire mais comme il n’est pas signé…

    Bravo en tout cas pour l’analyse !

  29. Précision au cas où: ça fait partie de la condition humaine de se tromper et je ne songe pas une seconde à me situer au- dessus. Je ne comprends pas comment les légendes autour de Miterrand tiennent aussi longtemps chez certains.
    Merci pour votre travail, Fabrice.

  30. Oui, Jacques Ellul…

    « Nous assistons au développement de l’illusion de l’homme politique qui croît maîtriser la machine de l’Etat, qui croît prendre des décisions politiques toujours efficaces, alors qu’il se trouve de plus en plus impuissant en face de la rigueur croissante des appareils étatiques. […] Réciproquement, paraît l’illusion du citoyen, qui vivant encore sur l’idéologie de la souveraineté populaire et des constitutions démocratiques, croît pouvoir contrôler la politique, l’orienter, participer à la fonction politique, alors que tout au plus il contrôle des hommes politiques sans pouvoir réel – et s’engage, sur cette double illusion, un dialogue d’impuissants ».

    Jacques Ellul, L’illusion politique.

  31. Merci à toi de rafraichir le devoir de mémoire 🙂
    Comme toi Fabrice, en 81, j’ai voté pour Mit…..désolé, avec le recule, ça me fout la gerbe !
    D’aucuns, ici sur le blog, utilisent le slogan: « que se vayan todos ! »
    Si vous croyez « qu’ils » partirons d’eux même, doigt dans l’oeil !
    Ils n’en sortiront, qu’à la force des baïonnettes 🙂
    Pour ce qui est des urnes, allez allumer un cierge, ce sera tout aussi efficace 🙂

  32. En 1981, j’étais petit mais j’ai vu mes parents et mes voisins danser dans la rue. Puis la désillusion…

    C’était à prévoir. Le pouvoir depuis des siècles est détenu par les opportunistes, les menteurs, les voleurs. En fait, dans nos sociétés occidentales, il y a beaucoup trop d’égo.

    Personnellement, je suis comme Patrice, j’ai cessé de voter et de croire dans ces mascarades. Je n’écoute même pas les résultats des soirs d’élections. Ca ne m’intéresse pas.

    Bien sûr, on dira qu’il faut « faire barrage à la droite ». Oui, mais avec quoi? Le PS? Pffff? Les verts?Pffff.
    Mieux vaut aller regarder le soleil se lever et se coucher. C’est plus reposant.

  33. Tout a fait d’accord avec toi Gédéon ! La gesticulation de « nos verts-écolos » ne sert à rien, ne compte à présent que l’action !

  34. Je fait un rectificatif de mon commentaire précédent sur cette article-ci: http://www.lesoir.be/actualite/monde/2011-05-11/plus-d-un-milliard-de-tonnes-de-nourriture-gaspillees-chaque-annee-839464.php

    Ce qui me désole le plus c’est le traitement de cette info. On explique que ce sont les consommateurs et les magasins occidentaux qui gaspillent le plus…C’est vrai mais est-ce si simple!
    Pas un mot sur les quottas; les agriculteurs qui jettent parce que leur marchandises n’est pas calibrées pour la vente; ceux qui arrêtent leur culture en cours de route; ou tuent leur animaux pour ne pas vendre à perte…

    Les dates de péremption et les gens emprisonnés pour s’être servi dans des poubelles.

    Ensuite l’explication niaise sur pourquoi les gens meurent de faim : »parce que les techniques utilisées ne sont pas assez moderne. »
    Pas un mot sur les gens qui sont dépossédés de leur terre; par exemple avec le réchauffement climatique, la salinisation des terres cultivable; les gens qui spéculent sur l’achat de terre pour des investisseurs; etc

    D’un côté des vilains qui jettent trop; et d’un autres côtés des « mal modernisé »…

    Non finalement c’est la connerie qui tuent; la connerie de ne pas informer sur un système qui détruit nos sols et entraîne une gaspillage inimaginable. Donner une info comme ça où rien faire; c’est la même chose.

  35. J’ai voté Mitterrand . Je me suis réjouis en 81 avec l’enthousiasme de la jeunesses et tout ce que la provocation a parfois de délicieux et d’éphémère… Giscard valait-il mieux à cette époque ? Soyons honnête une réélection de Giscard aurait sans doute changé le sort des cinq condamnés à mort qui attendaient dans les prisons françaises de connaître la décision finale du futur président . L’élection de Mitterrand aura sans nul doute été leur planche de salut la plus sûre . Ce ne fut pas le cas hélas , lors de la guerre d’indépendance de l’Algérie , des Algériens et Français qui pour raison d’Etat furent envoyés à la guillotine sur signature de Mitterrand et dans certains dossiers au mépris des droits élémentaires de la défense et des droits de l’homme … Mitterrand a été toute sa vie hanté par la mort , les cimetières sont les lieux qu’il visita le plus , sa réflexion sur les forces telluriques , la puissance de l’esprit , le sens de la vie et l’au-delà alimentaient en permanence sa pensée et ses réflexions . Il me plait à penser que ces Algériens guillotinés ont pesé lourdement tout au long de sa vie sur la conscience de F.Mitterrand . Cet épisode tragique de l’histoire est à mon sens le plus grand et le principal grief que l’on puisse faire à l’homme d’Etat qu’il fut … Il me semble qu’il y a eu en 81 un élan vers plus de liberté individuelle et vers plus d’expression artistique et culturelle . Les radios libres ont été les premiers médias où les gens loin de la pensée unique ont pu s’exprimer et s’affirmer , même si ça n’empêchait pas les manipulations . Je reconnais par ailleurs bien volontiers que tout n’a pas été rose , loin de là !
    Si c’était à refaire , en 81 je revoterais Mitterrand surtout pour les cinq condamnés à mort des geoles françaises et en 88 , j’irais à la pêche ou en montagne au Pays de l’ours pour lequel Mitterrand s’exprima en faveur de sa sauvegarde mais ne leva jamais le petit doigt pour faire quoi que ce soit de concret .

  36. J’étais en amphi le 11 mais 1981 et évoquant cette victoire de la gauche avec note Professeur, communiste celui-ci dit : « Le plus dur reste à faire ». En effet, le PCF et bien d’autres à gauche du PS savait qui était Mitterrand, homme de droite avéré dans sa jeunesse (voire de l’extrème).

    N’oublions tout de même pas que, excepté sur les affaires de politiques étrangères et de défense, c’est le chef de gouvernement et la majorité présidentielle qui proposent et votent les lois. N’oublions donc pas que durant les premières années, le programme commun (PG) fût appliqué. En particulier la nationalisation du système bancaire et autres entreprises en février 1982. N’oublions pas que le PS a été contraint au Programme commun par l’audience électorale d’alors du PCF. Si le PS est revenu à sa tendance naturelle d’avant 1972, c’est de la principale responsabilité des électeurs. Ces derniers ont en effet commencé à préferer le PS boudant le PC, qui portait la lourde responsabilité de soutenir les pays dits « socialistes » en en masquant la réalité (le comble symoblique : G. Marchais passant ses vacances en compagnie d’un certain génie des carpates « ou encore le « bilan globalement positifs de ces pays » !!!!). La responsabilité n’incombe donc pas au PS qui « naturellement » est plutôt économiquement « à droite ». Cela les électeurs, même peu avertis, le savaient et n’ont pas réagi électoralement ou dans la rue, après le virage à droite du PS.

  37. Hello,

    Je n’y connais pas grand chose en politique, mais ils nous mène en bateau depuis longtemps. Peu importe, gauche, droite, centre, vert, qu’y a t’il de changé depuis des lustres.

    Combien dorment encore dehors?
    Combien n’ont pas assez pour nourrir?
    Combien sont la précarité?
    Etc …

    Chiottes, alors! En France, nous sommes en France! Un pays soit disant démocratique et civilisé! Le premier des combats en tant que pays des droits de l’homme, était de faire en sorte que toute cette misère ne soit plus. Ils parlent de mondialisation, et ne sont pas même capables de balayer devant leur portes! Faut cesser! Coment voulez vous faire confiance a des zigotos pareils?

    Bien a vous, Léa.

  38. @ Eva,

    Stanley Milgram?

    Un mec (psychosociologue et expérimentateur) qui a eu l’idée délirante ou géniale de faire jouer deux groupes l’un contre l’autre sous l’autorité d’un chef en blouse blanche.
    Le jeu consiste à envoyer des décharges électriques de plus en plus intenses aux cobayes pour voir jusqu’à quel voltage ils vont supporter la douleur, hurler, s’évanouir, voire rendre l’âme.
    En fait, l’expérience porte sur le degré d’obéissance au chef pour ceux qui jouent avec la gégène, les autres, de l’autre groupe, complices du monsieur en blouses blanche (uniforme de l’autorité scientifique)simulent la douleur et plus, à partir des informations qu’ils connaissent du voltage employé par leur bourreau.

    Bilan? La pluspart des ‘expérimentateurs’ envoient progressivement la sauce sans se poser de questions, certains demanderont au monsieur en blouse blanche si c’est bien raisonnable quand même mais devant son assentiment, poursuivront vers encore plus de suplice.
    Un pourcentage infime prend le chef pour un malade et abandonne l’expérimentation.
    Répétée sous de nombreuses variantes, l’expérience donne toujours les mêmes résultats!

    Voilà je pense où Fabrice voulait en venir: c’est plus confortable d’obéir à un chef quoi qu’il demande – même la torture – que d’assumer soi-même ses décisions (morales) par un jugement fondé; et c’est malheureusement dans ce monde et avec de tels concitoyens qu’il faut agir (politiquement)…

    Combien la France comptait-elle de résistants un mois après le 18 Juin 1940? C de Gaulle avait un mot très parlant pour qualifier les Français: des veaux

    Où est l’innomable aujourd’hui? Chez les décideurs et ceux qui les suivent sur la seule ligne des choix intéressés mais incapables de décision morale, qui peut consister à dire non à des avantages financiers par exemple.

    Quand je vois la puissance de travail de Fabrice, ne doutes pas un instant Eva qu’il est dans ce dernier cas!

  39. je suis un lecteur fidèle de tes publications et je suis régulièrement l’émission « Terre à Terre » à France-Culture. Tu parles que le titre de ton bouquin: « Qui a tué l’écologie après le fiasco du grenelle de l’environnement où l’entreprise n’était que de phagocyter les écolos qui ont pignon sur rue pour s’assurer un matelas électoral, m’a tout de suite interpellé. Je suis très ému que tu m’aies compté parmi ceux qui modestement contribuent à faire avancer la prise de conscience « écolo » pas seulement en paroles mais en actes de résistances aux projets destructeurs des bases de la vie. j’ai écrit un témoignage sur mon temps passé au chevet de la Haute-Vallée de la Loire menacée par le barrage de Serre de la Fare. J’ai précieusement archivé ton très beau texte: « jamais sans la Loire… » Je t’envoie des nouvelles de « Champs Bourray ». J’ai comme chaque printemps toujours beaucoup de plaisir à observer l’arrivée des premières hirondelles des rochers qui préparent leurs nids sur la falaise de granite rose bien exposée Sud où les traces de loutres ne manquent pas à l’appel, en même temps que fleurit le Lys martagon. Ma satisfaction première depuis toutes ces années passées à militer pour préserver les derniers fleuves libres, est que je n’ai pas dégouté ma fille Émilie de la Loire. (Nos enfants n’ont pas nécessairement l’obligation de suivre les idées de leurs parents.) Je lui ai dédié mon témoignage et l’expo photos qui l’accompagne. J’ai toujours en mémoire ton soutien à notre lutte par ce beau cliché dans notre cuisine de fortune, en compagnie d’Hélène occupante fidèle de tous les instants. Ma première limite militante cependant à toujours de ne jamais mettre en danger ma fille. Entre parents responsables, nous avons toujours à l’association, ça va de soi, une pensée essentielle pour les générations futures
    Bises Micheloutre

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