Nos amies les bêtes sont-elles des frères ?

Je vois, comme vous je l’espère, que personne ne parle des animaux. Dans cette funeste campagne électorale, du moins. Voilà qu’on polarise l’attention publique pendant quelques mois, prétendant aborder les questions les plus essentielles de l’époque, et voilà qu’on ignore nos frères, les bêtes. C’est étrange. C’est instructif.

J’ai employé le mot frères sans réfléchir, et j’ai eu tort. Car il est tout sauf anodin. D’un côté, il est absurde, car il trace un trait d’égalité entre qui commande, frappe et tue – nous – et qui ne cesse de recevoir le knout – eux. De l’autre, il est juste en ce qu’il exprime mon rêve fou d’un monde réconcilié avec lui-même, laissant à chacun l’espace et le temps nécessaires pour mener une existence digne d’être vécue. Je n’y peux rien : je me sens fraternel avec les animaux, tous les animaux de la création. Et les végétaux, pour sûr. En règle générale, on ne tue pas son frère. Sauf si on s’appelle Caïn, mais on voit les conséquences.

Donc, pas un mot, de la part de nos chers politiciens, sur la barbarie totale infligée à ceux qui nous ont pourtant tout donné. Je parle là des seuls animaux domestiqués par notre noble espèce. Nous butons environ 1 milliard et 100 millions d’individus chaque année en France pour permettre à la Sécurité sociale de faire face aux authentiques épidémies de cancers, maladies cardiovasculaires, diabètes dont notre monde ne saurait désormais se passer. Quand je dis qu’on les bute, c’est qu’on les bute jusqu’au fond des chiottes* que sont nos vastes abattoirs. Et avant cela, bien sûr, l’on nie toute forme de personnalité à ces êtres considérés comme des morceaux, des choses, des amas. En les entassant comme des sacs – non, on ferait plus attention -, en les piquant d’antibiotiques et de tant d’autres produits goûteux, en leur enlevant leurs gosses en fonction des calculs commerciaux, etc.

Nous sommes des barbares, mais comme la version officielle est que la France est un pays cultivé, éduqué, démocrate jusqu’à l’os, emplie jusqu’à la gueule de prétentions universelles, il vaut mieux s’abstenir de parler du sort fait aux bêtes. Pourtant ! Depuis leur domestication, aux origines plus mystérieuses qu’il n’y paraît – qu’on se plonge dans les livres de Jacques Cauvin ! -, les animaux d’élevage ont offert aux sociétés humaines leur peau, leurs plumes et sabots, leur chair, leur extraordinaire présence quotidienne, si nécessaire à notre relatif équilibre. Et que dire de leur force de travail ?

Sans la force contrainte de nos esclaves animaux, aucune civilisation n’aurait émergé. Ni l’Égypte des Pharaons qui vénérait, avec plus de sagesse que nous, le taureau Hap. Ni la Grèce antique et son invention de la démocratie. In fine, le glorieux viaduc de Millau – humour – n’aurait pas même vu le jour. Ils nous ont tout donné, et nous ne cessons pourtant de les martyriser. La dette que nous avons accumulée au fil des millénaires ne sera jamais acquittée, mais au moins, on pourrait commencer à faire les comptes.

Il n’y a pas d’avenir humain sans eux. Sans une radicale transformation de notre attitude à leur égard, qui impose de vrais bouleversements de notre psyché. Ce qui signifie, car il me reste un soupçon de lucidité, qu’un long chemin improbable attend les défenseurs de la vie sur terre pour tous. Il va de soi que le petit espace qu’une main invisible nous a octroyé doit être partagé. Il va de soi que les hommes doivent accepter de reculer là où c’est possible, et de faire place à ce qui n’est pas eux. Pensez qu’un pays comme la France, pour cause de déroute de la civilisation paysanne, dispose désormais, pour la première fois depuis des siècles, de millions d’hectares où les humains ne pénètrent plus guère ! Et pensez que quelques braillards, avec des arguments rationnels à la clé, hurlent à l’idée que 150 loups, peut-être 200, sont enfin revenus au pays après en avoir été chassés par le fusil et le poison ! 150, quand il y avait en France, voici deux siècles, plus de 15 000 loups !

Mais je m’égare, puisque de l’animal domestique, sujet du jour, je suis passé sans prévenir au sublime Canis lupus. Revenons à nos moutons. Où plutôt au cochon. Il y a de cela trois ans – je crois -, je suis allé rendre visite à un éleveur de cochons du côté du cirque de Navacelles, entre Hérault et Gard. Je suis arrivé fort tôt le matin, alors que grondait un formidable tonnerre au-dessus de villages déserts. L’éleveur, Éric Simon, menait son vaste troupeau d’une manière prodigieuse, au milieu d’une garrigue géante. Je l’ai suivi quand il donnait à manger à ses animaux, et j’en avais la chair de poule, au milieu des cochons. Car ces derniers vivaient, tout simplement. Les mères se retiraient dans des abris pour mettre au monde leurs enfants. Les jeunes partaient en bande déconner dans les bois voisins. Un gros verrat prenait son bain de boue dans une sorte de piscine à même le sol. Et chacun gambadait dans le sens qui convenait à son humeur du jour, jusqu’au bout de l’horizon. Je ne suis pas près d’oublier la beauté de ce monde naissant, entre orage et soleil levant.

* Tout le monde ne connaît pas nécessairement l’anecdote : au cours d’une conférence de presse tenue en 1999, Vladimir Poutine avait déclaré qu’il fallait « buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes ».

PS : en complément, je vous suggère de réfléchir à certaines grandes figures inventées par nous pour désigner au fond une seule et même horreur. Nous feignons tous de croire qu’il est sans importance d’attribuer aux animaux nos tares les plus viles. Mais il n’en est évidemment rien. Plutôt que de reconnaître pleinement notre responsabilité, et nos si évidentes limites, nous préférons donc matraquer par les mots ceux qui échappent encore un instant au Grand Massacre. Et cela donne, mais vous complèterez :

La Bête de l’Apocalypse – sept têtes et dix cornes – est le symbole d’un pouvoir exercé par Satan lui-même. Bienvenue en enfer.

La Malbête, qu’on retrouve dans tant de témoignages fiables – ou beaucoup moins – est non seulement le loup sauvage, mais aussi, et finalement, tout ce qu’on redoute affreusement sans nécessairement le voir. Par certains côtés, un synonyme de l’angoisse.

La Bête humaine, formidable roman de Zola, où le mécanicien finit par ne plus faire qu’un avec sa locomotive, sur la ligne Paris-Le Havre. Cette Bête-là est bien proche de l’idée de « progrès » industriel.

La phrase de Brecht : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ». La bête, pour cet écrivain qui finit sa vie en triste stalinien, c’est le fascisme allemand, le nazisme. Mais le fascisme n’est pas une bête. C’est un homme.

76 réflexions sur « Nos amies les bêtes sont-elles des frères ? »

  1. Fabrice, les animaux, c’est quelque chose de trop poignant pour moi pour même arriver à lire votre texte dans le détail. Quant à dire… C’est un des rares sujets sur lesquels je suis presque incapable de m’exprimer. Ce qu’on fait aux animaux…
    Que vous ayez le courage d’en parler est peut-être ce que j’admire le plus chez vous.

  2. Pour prolonger cet article, une pensée de Lyall Watson :
    « Nous sommes frères des plus vieilles roches et cousins des nuages. Nous sommes tous les yeux et les oreilles de la terre, et nos pensées sont les pensées du monde. Nous et notre planète atteignons ensemble la maturité. L’humanité, c’est la nature devenue consciente d’elle-même. Chaque espèce, c’est comme un nouveau regard qui s’ouvre sur la terre. Et notre regard d’homme n’est pas encore le regard total de ce qui est là ».

  3. Au XIX ème siècle, où n’existaient pas les élevages concentrationnaires, ni toutes les expériences et tortures infligées aux animaux, Victor Hugo avait déclaré « L’enfer n’existe pas pour les animaux … ils y sont déjà. »

  4. Pour suivre ton exemple sur le blog de Mélenchon, je suis allé sur le site d’Eva Joly. Il y a une liste de thèmes avec « agriculture » et « environnement », ce qui ne montre pas un grand effort de transversalité et une vision encore très anthropocentrée. Dans l’esprit de ce que tu viens d’écrire, j’ai cherché « poulet » (et vu qu’elle ne veut plus voir « voir les ailes de poulets congelés du groupe Doux inonder les marchés de Bamako »); j’ai cherché « vache » (j’ai trouvé la mention de la « vache folle »), le loup n’est pas mentionné, alors j’ai cherché « biodiversité » et trouvé trois mentions anecdotiques (une lettre au Pdt de la FNSEA parle bien de l’effondrement de la biodiversité mais ça s’arrête là et il n’y a pas trace de son passage au rassemblement organisé par FNE); quant à la « nature », j’ai appris qu’Eva Joly avait fait un « discours très nature ». Bref, hormis les humains, le vivant est bel et bien absent des préoccupations des « écologistes », ce qui est aussi paradoxal (si les mots ont un sens) que désolant (si on songe au reflet que cela donne de l’inconscience générale). Mais on ne baissera pas les bras pour autant.

  5. « Les animaux sont comme des bêtes.
    D’où leur nom.
    Ne possédant pas une intelligence supérieure,ils passent leur temps à faire des bulles ou à jouer dans l’eau au lieu d’aller au bureau. »
    Etonnant non?
    Merci Monsieur Desproges!

  6. Une petite erreur de frappe dans mon commentaire précédent, les extraits ne s’enchaînent pas et sont donc séparés par des points de suspension.
    « Nous sommes frères des plus vieilles roches et cousins des nuages… Nous sommes tous les yeux et les oreilles de la terre, et nos pensées sont les pensées du monde… Nous et notre planète atteignons ensemble la maturité… L’humanité, c’est la nature devenue consciente d’elle-même… Chaque espèce, c’est comme un nouveau regard qui s’ouvre sur la terre. Et notre regard d’homme n’est pas encore le regard total de ce qui est là ».

  7. Hélas, mille fois hélas nous ne paierons jamais notre dette envers eux…

    «Ils sont là, nombreux, variés, infiniment variés, sur la terre, dans les eaux, dans les airs, avec nous et hors de nous, partageant un monde où ils existent depuis plus longtemps et d’où, peut-être, ils vont disparaître, et bientôt pour certains d’entre eux.»
    Jean-Christophe Bailly, Le Versant animal

  8. Fabrice, face a la realite de l’elevage industrielle, ce que tu decris avec ce petit eleveur de cochon, est, de l’ordre du symbole car c’est une forme d’elevage qui reste infime et mineure a l’echelle de la France ou a l’echelle du monde. Qui plus est, une generalisation de ces elevages serait uniquement possible dans la mesure ou les gens accepteraient de ne manger de la viande qu’une fois par semaine, et encore (je dois ajouter que de toute maniere je m’oppose a toute forme d’elevage, mais cela est un autre debat). Etant donne la demande actuelle, nous sommes extremement loin du compte (je ne t’apprends rien). Pour moi, la seule reponse ethiquement coherente que j’ai trouvee il y a maintenant plus de 25 ans pour faire face et resister activement a ce systeme qui exploite et broie des milliards de vie chaque annee, a ete de devenir vegetarien. Je ne vois absolument aucune autre voie si on veut pretendre a une quelconque solidarite avec les animaux non humains. Bien a toi.

  9. La plupart des lecteurs de ce blog savent que notre pauvre humanité n´aurait jamais pu survivre sans le monde animal. « Earthling » est un documentaire qui montre la dépendance de l´homme envers les animaux, le mépris qu´il éprouve pour eux et l´ignominie dont il fait preuve à leur égard.
    Isaac Bashevis Singer, cité dans ce film, écrit :
     »

    veg-tv.info/Earthlings

  10. Pardon, mauvaise manipulation 🙂 Je finis:

    « Aussi souvent que Herman été témoin de l´abattage d´animaux et de poisson, il avait toujours eu la même pensée : dans leur comportement envers les créatures, tous les hommes étaient des nazis ».

    (le film n´est pas fait pour les âmes sensibles. Honnêtement, je n´ai pas tenu plus de dix minutes).

  11. Aucune vraie liberté pour nous, aucun espoir de la fin des hiérarchies sans expulser de nos têtes la croyance en notre supériorité.

    Et la cruauté ? Que dire de la cruauté qui donne vraiment envie de mourir… Valérie, vous n’êtes pas seule, sachez le.

    Ce « billet » là, je me le recopie soigneusement et je me l’encadre !

    Merci, Fabrice.

  12. Décidément c’est une fixation Fabrice ! Tu vas encore être taxé d’anti-mélenchonisme primaire car JLM adore la viande.

  13. Il y a presque deux mille ans, Pline l’Ancien, écrivain naturaliste romain, écrivait déjà dans son encyclopédie intitulée « Histoire naturelle », la phrase suivante :

    « Tous les animaux connaissent ce qui leur est nécessaire, excepté l’homme. »

  14. je suis abonnée à planete sans visa
    vous êtes Fabrice, une des rares personnes que j’apprécie de lire sur les sujets politiques
    MAIS pourquoi n’étes vous pas vegan ????? !!!!!
    ça me désespère tous les jours puisque tous les jours je pense à vous en guettant un nouvel article

  15. Catt,

    Je me suis expliqué autant que je le peux dans mon livre « Bidoche ». Mais en dehors de mon cas personnel – de grâce ! -, qui diable est né végétarien, ou vegan (pour les non-initiés : est vegan qui adopte un mode de vie qui, outre bien sûr le végétarisme, démontre que les hommes peuvent vivre sans exploiter aucune part de l’animal) ? Oui, vous-même que je ne connais pas personnellement, ne l’êtes-vous pas devenue ? Pourquoi ne pas laisser à chacun cette part de liberté que constitue le chemin de nos vies ? Pourquoi ne pas avoir confiance dans le mouvement de la conscience ? Et même s’il est évidemment trop lent ? Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  16. Merci pour ce billet en forme de douloureux et salutaire rappel.

    Pour rebondir sur le passage (ou non) au végétarisme, que ce soit pour des raisons écologiques, sociales, éthiques, spirituelles, sanitaires, ou un peu de tout ça à la fois, une anecdote personnelle : mon ami et moi-même sommes passés directement de l’omnivorisme au végétalisme après visionnage de deux films, un de fiction et un documentaire (Fast Food Nation, et le connu Earthlings, pour ne pas les nommer), et cela faisait suite à la mienne lecture d’un livre, qui exposait clairement et terriblement la situation animale, et qui m’avait enlevé le sommeil pendant trois nuits.

    Ce livre, c’était Bidoche.
    C’était il y a deux ans et demi à peu près.
    Je voudrais dire que je suis heureuse que cet ouvrage n’aie pas fait la promotion du végétarisme, n’aie pas été prosélyte mais se soit concentré sur le contenu de l’information, sur l’état des lieux, les sources, la réalité crue, déjà bien dramatique en elle-même.
    Et cette liberté laissée au lecteur a davantage fait pour mon basculement alimentaire que s’il s’était accompagné d’une injonction, ou de choses de ce genre.

    C’est une bonne chose de laisser la liberté de choix, de pouvoir choisir en conscience, de goûter la saveur et la chance de cette liberté, que nos frères (oui) les animaux non-humains, n’ont pas.
    Même si, quand on se retrouve sur l’autre rive (si vous voulez), * après * le déclic, * après * la rencontre avec le regard de la bête, celui qui ne vous lâche plus une vie durant.
    Même si une fois là on pleure de rage et de frustration et de désespoir, à constater que ça n’avance pas, ou si lentement, que les déclics ne s’enchaînent pas comme ça.
    Même si on voudrait, de toute la force de son âme, que, putain, OUI, tout le monde voie, entende, ressente, percute.
    Même si tout ça.
    C’est important, essentiel, de ne pas (re)devenir comme les bourreaux de la vie globale que nous sommes tous, plus ou moins directement, revenir au stade de dénier le choix à autrui. Dure leçon, que je n’ai pas fini d’apprendre.

    Après, chacun son rythme, et sa solution, et sa position subjective par rapport aux contradictions que nous portons tous (il y a du cochon dans mes pneus de voiture, je le sais et je continue à rouler, pour ne donner qu’un exemple).
    J’ai eu un peu l’occasion depuis deux ans de constater que l’injonction, la pression, voire l’agressivité (fut-elle légitime en un pareil contexte), ne fonctionnent pas et sont même contre-productives. Et que les choix ‘pour faire plaisir aux autres’ ne tiennent pas bien longtemps, alors que les choix faits en conscience se renforcent avec le temps (ai-je l’impression).

    Bon, voilà.
    Je rajoute un lien transmis par mon amie Hélène, lien qui ne porte pas sur les animaux d’élevage mais est quand même un peu dans le sujet ‘quid de l’animal (non humain, donc) dans les discours électoraux ?’.

    L’Alliance AntiCorrida a en effet compilé les positions des différents candidats à la présidentielle :

    http://www.allianceanticorrida.fr/politique.html

    Cela me désole aussi que la question animale ne soit pas abordée, ô combien.
    Et je trouve carrément inexcusable que le parti se disant écologiste passe comme ça au-dessus, ou à côté, plutôt… C’est plus que dommage parce que, par défaut certes, il ne reste à mes yeux que madame Joly pour qui je me sens de voter… Et la position sur la corrida et la chasse à courre ne sont pas du meilleur effet, là, du coup.

    (Pardon de la longueur de la confession !)

  17. mais voyons,l’homme est au bon dieu,et l’animal est la pour servir,et être asservis voyons.quel mépris pour l’homme!!je blague mais c’est néanmoins la pensée occidental et ce depuis longtemps.ce n’est qu’une bête,qu’un chien ,tout le monde l’as entendu.et pourtant personne n’entend ne les entend. nos actes aurons des conséquences,et peut être qu’un jours,des comptes seront a rendre!!

  18. Bonsoir,

    Merci Fabrice.

    Ne sais pas quoi dire … Animaux, enfants, innocents, il y aurait tant a dire …

    « On n’a pas deux cœurs, l’un pour l’homme, l’autre pour l’animal… On a du cœur ou on n’en a pas ».

    Lamartine

    Les animaux ne sont pas des objets.

    Les humains ne savent pas respecter leurs propres frères, comment voulez vous qu’ils respectent les animaux?

    « Sans la force contrainte de nos esclaves animaux, aucune civilisation n’aurait émergé ».

    Si les hommes n’avaient pas la folie des GRANDEURS, les animaux auraient gardés leur liberté. Que ceux qui décident, avec l’aide de leurs boyaux dans la tête, de construire des pyramides, ben … qu’ils le fassent eux même, mais sans se servir de ceux qui ne peuvent dire non.

    Les humains ont des mains, les animaux des pattes.
    Les animaux peuvent se passer des humains.
    Les deux pattes devraient profondément réfléchir a quoi servent vraiment leurs MAINS, descendre du piedestal, créer a hauteur raisonnable, et user de leur huile de coude.

    Bien a vous,

  19. 🙂

    Aimerais tant pouvoir voler
    Pour ne jamais écraser
    Ne mange rien qui bouge
    Laisse au pâturage
    Même la salade jolie
    Entend parfois qui gémit
    Suis pas bien épaisse
    Belle richesse
    Que n’avoir besoin
    De presque plus rien

    Belle fin de semaine a toutes et tous.

  20. Ces bêtes de vieux.
    Donc, pas un mot, de la part de nos chers politiciens, sur la barbarie totale infligée à ceux qui nous ont pourtant tout donné. Je parle là de nos parents devenus inutiles, domestiqués à une indigne fin par notre noble espèce. Nous refoulons des centaines de milliers d’individus chaque année en France pour permettre aux maisons de retraite de profiter de la manne de la Sécurité sociale et de faire face aux authentiques épidémies de cancers, maladies cardiovasculaires, diabètes dont notre monde ne saurait désormais se passer. Quand je dis qu’on les bute, c’est qu’on les bute jusqu’au fond des chiottes* que sont nos vastes oubliettes. Et avant cela, bien sûr, l’on nie toute forme de personnalité à nos vieux,à ces êtres considérés comme des morceaux, des choses, des amas. En les entassant comme des sacs – non, on ferait plus attention -, en les piquant d’antibiotiques et de tant d’autres produits goûteux, en leur enlevant leurs gosses en fonction des calculs commerciaux, etc.
    Fabrice ton texte semble parfait pour définir nos mouroirs qui seront notre prochaine tombe.

    Nous sommes des barbares, mais comme la version officielle est que la France est un pays cultivé, éduqué, démocrate jusqu’à l’os, emplie jusqu’à la gueule de prétentions universelles, il vaut mieux s’abstenir de parler du sort fait aux bêtes

  21. En échange de Rilke que je vais lire, et directement en rapport avec le sujet, je me permets un conseil de lecture. Pardon à ceux qui connaissent déjà.
    Wolf Solent, de John Cowper Powys, un des plus beaux romans en langue anglaise (disons un chef d’oeuvre, pour utiliser un mot que je n’aime guère mais qui a le mérite d’aller vite). Je ne sais pas ce que vaut la traduction en français (chez Gallimard je crois).
    Ce qui est sûr, c’est que le personnage principal ne s’appelle pas Wolf Solent par hasard, qu’il fait des détours pour éviter de passer près des abattoirs, et que, par son intermédiaire, Powys parle magnifiquement de la nature, de la technologie, et de ce que celle-ci est en train de changer à celle-là (le livre date des années 60 si mes souvenirs sont bons).
    Pour achever de vous donner envie (ou pas), je dirais que Wolf Solent, pour moi, c’est le mélange miraculeusement réussi de Shakespeare, de Lewis Carrol et de Virginia Woolf.
    J’envie ceux qui ont la chance de ne pas l’avoir encore lu.
    Merci à Jeanne.

  22. En lisant tes mots Fabrice, je lis ceux d’un frère, qui reconnaît les autres êtres vivants de cette planète comme tels.
    Cette évidence-là , cette sensibilité, cette reconnaissance marginalise parfois à l’extrême, en traversant cette époque. Alors il est bon de lire ces mots, de savoir qu’existent des liens invisibles et indestructibles.
    Je vais voter pour les animaux, pour les plantes, et les pierres, et sur le bulletin , j’inscrirai  » Excusez-nous »

  23. « de millions d’hectares où les humains ne pénètrent plus guère ! »
    Quoi???? Ou ça? L’industrialisation des loisirs est partout!Y compris par DESSUS des derniers coins qui restaient a peu près tranquilles, au dessus des canopées, avec des engins ultra bruyants que sont les paramoteurs.
    Partout, des hordes de randonneurs « nordiques », de coureurs, de vttistes.
    Des humains dans les arbres, les torrents, les rivières.
    Mais on pleure le « manque » d’infrastructures sportives dans les montagnes, les campagnes, les zones humides.On ouvre des sentiers, des pistes cyclables partout pour un « publique » énorme, qui consomme de l’espace comme il consomme le reste

    Des millions d’hectares en moins pour l’agriculture et la faune sauvage, oui, mais pénétrés de toutes parts par les loisirs humains, présentés comme remèdes a la crise et à la désindustrialisation de la France qui engendre des millions d’improductifs avec beaucoup de temps de loisirs.

  24. petite bergère,

    C’est pourtant vrai. Il s’agit d’un paradoxe, compte tenu de l’industrialisation et de l’urbanisation massives, mais c’est un fait. Des millions d’hectares de terres – plus ou moins – marginales se sont embuissonnées, une partie est devenue forêt, et au total, pour la première fois depuis le néolithique, l’homme en France a reculé. Je ne parle pas seulement des fonds de vallée pyrénéennes ou alpines. Dans de nombreuses zones du Massif central et ses contreforts – Cévennes par exemple – et même dans des zones artificialisées comme la forêt landaise, le sauvage réapparaît, et seuls quelques chasseurs – et encore ! – mettent leur pas dans des sentiers fréquentés par l’homme depuis des milliers d’années.
    Bonne nouvelle, et bises.

    Fabrice Nicolino

  25. qui a dit (à peu près): « le degré d’évolution d’une civilisation se mesure à la façon dont elle traite ses animaux » ?

  26. Bonjour,

    Anne,

    On peut juger de la grandeur d’une nation par la façon dont les animaux y sont traités.

    Gandhi

    Fabrice a dit: « qui diable est né végétarien ». Ola! Votre plume a t’elle fourché? 🙂

    Nous naissons, animaux compris, presque tous, végetariens.

    A moins que des mamans complètement tordues ne mettent dans les biberons, de la viande mixé!

    Merci a toutes et tous, pour les liens, et beau commentaires. 😉

    Bises,

  27. Don’t quote Orwell to pigs
    Unless you’re feeling brave.
    They’ll have your guts for garters,
    And help you dig your grave.

    Don’t quote George to piglets
    Unless you want a fight.
    Their mum is watching your bum
    And knows just where to bite.

    Don’t quote Orwell to pigs.
    It really isn’t nice
    To say that they resemble man
    In greed and hate and vice.

    For pigs have pride and honour.
    They’re bright and yes humane.
    If you think you can diss them,
    Then you’d better think again.

  28. Bien que je sois végétalien depuis de nombreuses années, l’excellent livre Bidoche a presque été une révélation pour moi.
    On a beau connaitre un peu les tenants et les aboutissants de ce système, on a du mal à imaginer l’ampleur de ce système de mort.

  29. Pour que les commentaires soient compréhensibles par tous, il serait bien que celles et ceux qui en font passer dans une langue étrangère ( comme c’est le cas pour Alice tout récemment) en assurent la traduction. Les lecteurs de ce blog qui ne sont pas tous polyglottes leur en sauraient gré.

  30. Encore une chose que les medias formatent : Emile Zola seulement connu et porté aux nues pour son « j’accuse » j’ai très rarement entendu que son amour de la justice englobait aussi les bêtes.

    EMILE ZOLA ET L’AMOUR DES BETES

    « L’amour des bêtes est, ainsi que tous les grands sentiments, ridicule et délicieux, plein de démence et de douceur, capable d’extravagances véritables aussi bien que des plus sages, des plus solides volontés « .

    Ainsi s’exprimait Emile Zola dans les quelques pages qu’il consacrait en 1895, à l’amour des bêtes, et qui furent publiées au Figaro….

    Au Cirque d’Hiver invité par la Société protectrice des animaux, …On lui avait demandé de représenter le Ministre de l’Instruction publique. Son discours fut d’une grande simplicité mais ce fut aussi l’occasion pour Zola de déclarer que cette tendresse fraternelle qu’il éprouvait pour les bêtes était née avec lui, qu’il n’avait jamais fait aucun effort pour l’avoir.

     » La vérité, dit-il, est que tout le monde aime les bêtes seulement il y a des gens qui ne savent pas qu’ils les aiment. Vous imaginez-vous la nature sans bêtes, une prairie sans insectes, un bois sans oiseaux, les monts et les plaines sans êtres vivants ? Représentez-vous un instant l’homme seul et, tout de suite quel immense désert, quel silence, quelle immobilité, quelle tristesse affreuse ! Ne vous est-il pas arrivé de traverser quelque lande maudite, d’où la vie des bêtes s’est retirée, où l’on n’entend ni un chant, ni un cri, ni le frôlement d’un corps, ni le palpitement d’une aile ? Quelle désolation, comme le cœur se serre, comme on hâte le pas, comme on se sent mourir d’être seul, de ne plus avoir autour de soi la chaleur des bêtes, l’enveloppement de la famille vivante ! Et qui donc peut dire qu’il n’aime pas les bêtes, puisqu’il a besoin d’elles, pour ne pas se sentir seul terrifié et désespéré ? « .

    Et continuant à développer sa pensée, Zola ajoutait :

     » Aimons-les parce qu’elles sont l’ébauche, le tâtonnement l’essai d’où nous sommes sortis, avec notre perfection relative ; aimons-les parce que s’il y a autre chose en nous, elles n’ont en elles rien qui ne soit nôtre ; aimons-les parce que, comme nous, elles naissent, souffrent et meurent ; aimons-les, parce qu’elles sont nos sœurs cadettes, infirmes et inachevées, sans langage pour dire leurs maux, sans raisonnement pour utiliser leurs dons ; aimons-les parce que nous sommes les plus intelligents, ce qui nous a rendu les plus forts ; aimons-les, au nom de la fraternité et de la justice, pour honorer en elles la création pour respecter l’œuvre de vie et faire triompher notre sang, le sang rouge qui est le même dans leurs veines et dans les nôtres « .

    Le président de la Société, M. UHRICH, le félicita du  » courage  » qu’il montrait en venant à cette séance !

     » Je ne savais pas faire preuve de vaillance « , écrit Zola quelques jours plus tard, dans son article du Figaro,  » car la cause des bêtes pour moi est plus haute, intimement liée à la cause des hommes, à ce point que toute amélioration dans nos rapport avec l’animalité doit marquer à coup sûr un progrès dans le bonheur humain. Si tous les hommes doivent être heureux un jour sur le terre soyez convaincus que toutes les bêtes seront heureuses avec eux « . MERCI Emile, nos écolos qui n’abordent pas du tout le sujet feraient bien de s’en inspirer.
    http://emilezola.free.fr/d_zola%20et%20l%27amour%20des%20betes.htm

  31. Ne parlez pas d’Orwell (aux cochons)
    A moins d’être courageux
    Ils vous transformeront en pâté
    Ou vous finirez au feu

    Ne citez jamais George (aux porcelets)
    Sans testament en ordre
    Leur maman a vos fesses à l’œil
    Et saura où vous mordre

    Ne citez jamais Orwell (aux cochons)
    Ce n’est pas sympathique
    De dire qu’ils nous ressemblent
    En avares et maléfiques

    Car cochons fières et honorables
    Sont bien plus dignes que nous
    Si vous osez les insulter
    Vous devez être un fou

  32. À tous,

    Je me permets d’apporter un éclairage, pour mieux comprendre le texte cité par Alice. En 1945, George Orwell – Glory to him ! – publie un petit roman admirable qui sera traduit deux ans plus tard sous le titre : La ferme des animaux.

    Il s’agit d’une critique courte et géniale de la lutte qui a opposé en URSS Staline et Trotski. Donc une critique du stalinisme. Dans une campagne anglaise, les animaux de la ferme de M. Jones se révoltent et prennent le pouvoir. Deux cochons vont se battre pour diriger cette république des égaux où certains sont nettement moins égaux que d’autres.

    Le cochon Napoleon, qui ne peut jamais avoir tort, c’est Staline. Et Snowball est Trostki. La suite vous appartient. Mais voilà pourquoi il ne faut pas parler d’Orwell aux cochons.

    Fabrice Nicolino

  33. Pour sur la vie sur terre pour les animaux grace a nous humain c est vraiment l enfer, je regardait un film tout bète la semaine dernière, the Hunter, un gars payé pour trouver des traces du dernier Tigre de Tasmanie, éteint depuis les années 1930, c est un film, et j ai lu le carnage qui a permis l extinction de cet animal l humain est tellement désespérant parfois que franchement je pense que nous ne méritons pas de vivre sur cette terre

  34. A Alice,

    Merci pour la traduction.

    A Fabrice,

    Merci pour cette mise au point. Je me doutais un peu, pour avoir lu « La ferme des animaux », de la raison pour laquelle il ne faut pas parler d’Orwell aux cochons.

    René.

  35. Merci, Fabrice.
    En totale phase avec Valérie (1er commentaire) et bien d’autres. Jeudi soir reportage à envoyé spécial intitulé « la viande dans tous ses états » ; impossible pour moi de le voir mais j’entendais vaguement de loin la télé regardée par mon compagnon et il me semble qu’il n’a été question que de l’éventuel danger sanitaire, pas de l’horreur absolue représentée par la plupart des conditions d’abattage, sans parler des élevages ; alerte à la bactérie funeste pour le consommateur mais rien sur les souffrances animales ! Nos sociétés sont bien malades à beaucoup de points de vue. Amicalement

  36. Sans doute moins profond que le roman de George Orwell mais on le lit avec plaisir. Du moins ce fut mon cas:
    « Les Garennes de Watership » de Richard Adams (Watership down).
    Et pour les enfants et les adultes qui se sont gardé une part d´enfance, « Le vent dans les saules » de Kenneth Graham. Formidable.

  37. A Fabienne, à Jeanne, et aux autres,

    A ce point de la discussion quelque chose comme une honnêteté élémentaire me pousse à préciser que j’en suis, sur le point de mon rapport aux animaux une fois devenus viande, là où en est Fabrice (si j’ai bien compris): à savoir qu’il me devient de plus en plus moralement difficile de le faire, mais que je continue de manger de la viande et que, si je parviens un jour à y renoncer(et je sens que j’y viens petit à petit,lentement mais inexorablement), ce sera de toute façon difficile. J’aime profondément les animaux, notre fraternité ne fait aucun doute à mes yeux et n’en a jamais fait, et comme la plupart d’entre nous je serais incapable d’en tuer moi-même ; mais je ne peux pas non plus nier que je suis carnivore et que, bon sang (!), j’aime la viande.
    Je ne vais certes pas vous la raconter, mais beaucoup de choses ont changé dans ma vie depuis quelques années, et parmi elles il y a mon alimentation. Mais ce pas-là – je parle de cesser de manger de la viande – aussi inévitable qu’il soit, je sais qu’il sera long à franchir, et que d’ici là je vais continuer de biaiser et de ne pas affronter un certain nombre de choses, soit parce que trop insupportables (la souffrance animale), soit parce que me mettant trop en contradiction avec moi-même, soit les deux.
    Voilà. Désolée pour l’étalage, mais on dirait que ce blog commence à compter pour moi, et la mise au point m’était devenue nécessaire.
    A bientôt
    Valérie

  38. PS
    Par ailleurs Orwell était très agacé par le végétarisme, je ne sais pas trop pourquoi. C’est un de ses griefs, et on le sent bizarrement important, à l’égard de Gandhi.
    N’en déduisez pas pour autant que je m’abrite derrière Orwell (pour qui j’ai beaucoup d’admiration mais qui peut être très agaçant aussi)…
    Bonne nuit

  39. A Fabrice.

    Il se dit, aussi, que la forêt Française se porte très bien. Pour preuve : sa surface augmente.
    Très bonne  » pub  » pour cette forêt que tout le monde clame gérée et certifiée  » durable  » que l’on met à sac *.
    Si, toi, tu dis en outre que le  » sauvage  » réapparaît, tu y ajoutes ton label.
    Je suis en colère car ce phénomène de  » sauvage  » masque, pour un temps, la catastrophe réelle et quasi irrémédiable.

    * habituellement j’aurais ajouté : ( de pellets )

  40. Fabrice,

    l’homme ne recule jamais, sauf quand il y est vraiment contraint, comme dans certaines contrées d Ukraine et du Japon tristement célèbres.
    Le naturel et le sauvage, aujourd’hui, ça ce vend très très bien. J’en veux pour preuve la politique de « valorisation »des schémas départementaux des espaces naturels sensibles dans un pays qui est la première destination touristique au monde avec 80 millions de visiteurs.
    Tu crois que l’on y construit des autoroutes, des aéroports et des LVG juste pour écraser des chouettes?
    De plus, les muoeurs liés à Internet jettent à la poubelle les cartes IGN, pour laisser place au très puissant Google map. Tu devrais tester par toi-même le service « itinéraire pédestre » dans un secteur que tu connais bien. Tu vas voir, c’est édifiant! Aujourd’hui, n’importe qui peut tracer n’imorte où en quelques clics un itinéraire sur google map. Cet itinéraire sera suivi, au fil des jours, par des milliers de consommateurs d’espace, via leur ipod, même si cet itinéraire passe dans ton jardin. Ceux qui sont victimes de ces malhonnêtetés savent qu’il ne suffit pas de quelques clics et de « signaler le problème à google » pour sortir de ce merdier…

    800 000 visiteurs pour le Parc National des Cévennes en 2006, 1 million en 2010. Combien en 2020?
    Alors bien sur, lane rentre pas dans le

  41. 1000 excuses, je n’ai pas terminé.
    Donc, la fréquentation touristique ne rentre pas dans l’occupation des sols. Mais je ne pense pas que l’on puisse parler de recul!!
    En plus, ce n’est pas à toi, Fabrice, que je vais expliquer que la biodiversité et la vie sauvage ne se contente pas d’ubacs embroussaillés.

    Si au moins une personne ici est préoccupée par ce qui se passe, je joins un excellent rapport sur les impacts des sports natures:
    http://guidesportsnaturemjs.free.fr/CDROM/territoires/departements/07/RapportSENS.pdf

  42. Il m’arrive de manger de la viande, très peu, peu souvent et sélectionnée, autant parce que mon être n’en éprouve plus le besoin que par respect pour les animaux. Par contre en dehors de tout militantisme végétarien il est évident qu’il n’y a rien de comparable entre la viande d’un animal sauvage qui était tué par un chasseur pour qui c’était une question de survie et celle venue d’un de ces élevage concentrationnaire crée par notre civilisation en fin de cycle. Dans le premier cas le rituel, le respect, était présent tout au long de la traque, dans le second cas l’animal n’est qu’une vulgaire marchandise donc quasi mort avant même son abatage. Les effets de l’ingestion de cette bidoche pour notre organisme étant obligatoirement plus que néfaste.

  43. Au sujet d’Orwell, la fin de « La ferme des animaux » est très intéressantes, mais les capitalistes n’en parle pas. En effet à la fin, les animaux « bien éduqués par les stal », sont devenus très « bons marchés » pour travailler à nouveau pour le fermier, les capitalistes. Ce qui illustre avec plus de 50 ans d’avance les délocalisations et le maintien de la dictature dans certains pays (Turkménistan, Biélorussie, Chine…) ou le retour dans d’autres pays (Hongrie…)

  44. Contrairement aux déclarations de certains « bien pensants », celui qui respecte les animaux, respectent aussi généralement les humains, et celui qui torture les animaux est plus susceptible de torturer aussi les humains.

    Même si nous gisons pas directement, revoir nos actions est important, ne pas manger de viande issue d’élevages intensifs, contribue à lutter contre ces élevages concentrationnaires mais aussi à réduire les importations d’huile de palme, de soja et pour certains pays de maïs, ce qui permet aux habitants des régions exportatrices (Amérique Latine, Afrique subsaharienne, Indonésie)d’avoir plus d’aliments à leur disposition, et de lutter contre la déforestation.

  45. Petite Bergère et Stan,

    Désolé, mais j’insiste. Car je parle d’un paradoxe. Dans ce paradoxe figure tout ce que vous dites, et qui est juste. La destruction, le commerce, l’image, le faux. Mais aussi ce que je décris, et que j’ai vu.

    Pendant sept années, et chaque mois, j’ai marché plusieurs jours de suite, seul, dans les coins les plus reculés de la France. Attention ! je n’en fais pas un argument d’autorité, et cela pourrait rester pure subjectivité. Seulement, j’ai lui aussi quantité de choses, y compris sur le plan de l’histoire de notre pays. Et cette fois, je parle en m’appuyant sur des faits.

    Petite Bergère, tu te trompes. Si, l’homme a reculé. Provisoirement peut-être; et bien peu en toute hypothèse. Mais il y a un siècle par exemple, il existait des hommes au travail dans le moindre vallon, jusque dans les hauts pâturages. Et maintenant, pour leur bonheur, ils sont dans des banlieues sordides.

    Leur départ forcé a bel et bien libéré des territoires entiers. Certes, tout n’y est pas beau, mais sauvage ne veut pas dire beau, pas toujours. Sauvage veut dire sauvage. Et par un tour du sort dont je suis incroyablement heureux, des millions d’hectares du territoire français, à des degrés divers, échappent à l’homme davantage que ce ne fut le cas au cours des siècles passés.

    Bon, je vous salue bien tous les deux. Passez un vrai dimanche.

    Fabrice Nicolino

  46. A condition d’être en pleine forme, lire le très bon livre d’Isabelle Saporta : »le livre noir de l’agriculture » je ne l’ai pas encore fini tellement c’est démoralisant. Mais, quand on voit ce que certains hommes sont capables de faire à leurs semblables!!!!

  47. Fabrice a raison, la déprise agro-sylvo-pastorale est un fait, dont les conséquences sont observables sur le terrain. Évidemment, on n’en voit rien en plaine, dans les marais de l’ouest, etc., où au contraire les milieux «  »naturels » » ont plutôt souffert (voir ce lien pour constater le recul des prairies dans le Marais Poitevin -et ça ne s’est pas amélioré depuis). Au contraire, en montagne, on assiste très clairement à ce que l’on nomme une remontée biologique. Une étude diachronique de photographies aériennes le montre sans ambiguïté. Et comme tout ne peut être simple, des dynamiques opposées peuvent se côtoyer, par exemple dans les Vosges du Nord, où la déprise existe, avec d’un côté, par exemple, l’abandon des vieux vergers conquis par la forêt, qui conduit même à un sentiment d’enfermement de la part de certains habitants, et de l’autre, à l’inverse, une pression sylvicole qui ne faiblit pas, au contraire. Dans le cas des Vosges du Nord, heureusement, Jean-Claude Génot veille…

    Une chose est sûre, c’est que cette remontée biologique inquiète tout le monde, même les écolos, qui n’ont décidément pas peur de faire de la protection de l’environnement contre la dynamique naturelle elle-même (or, qu’est-ce que la Nature si ce n’est une dynamique toujours à l’oeuvre ?). On a donc inventé la notion de banalisation, d’uniformisation, de fermeture (brrr, comme les magasins !) des paysages pour avoir une bonne raison de mettre son grain de sel et « maintenir la biodiversité », notion bien pratique en l’occurrence pour raconter n’importe quoi à des gens qui n’y connaissent rien.
    Bon, j’arrête ou je vais en faire une tartine. La déprise est un fait et voir, entre autre, le Pin cembro qui recolonise les pré-bois de mélèzes, c’est tout à fait réjouissant. Surtout quand on sait que le Loup y est…

  48. Il suffirait peut-être de pas grand chose pour voir les animaux tels qu’il sont. Juste un regard un peu plus attentif que d’habitude, comme une vision sans mémoire.
    Une phrase de Christian Bobin en rapport (cité à la louche) : « si les hommes avait le dixième de l’attention qu’à le chat pour le vol de la mouche, le monde serait sauvé ».

    Bon dimanche.

  49. A Hacène.
    « Une chose est sûre, c’est que cette remontée biologique inquiète tout le monde, même les écolos, »
    Etant naturaliste je ne suis inquiet que par l’utilisation détournée de ce fait. Genre Fukushima tout va bien, s’il en était autrement celà se saurait.

  50. merci Fabrice,

    Voilà un article qui me touche énormément.
    Peu savent combien sont douloureuses la vie et la mort des bêtes de rente.
    Seule l’alliance écologique parle des animaux, et seule elle a été présente à la manif anti-corrida à Paris, la semaine dernière.

    7 associations de défense des animaux ont coordonné une manifestation à Nîmes le 24 mars.
    Venez nombreux soutenir les « sans voix ».

    http://www.l214.com/marche-pour-les-animaux-politiques-presidentielles

  51. Stan, je ne vois pas trop ce que tu veux dire, avec cette référence à Fukushima… Je suppose que nous sommes d’accord, au moins dans les grandes largeurs.

    J’en profite pour corriger une faute, un « S » étant passé à la trappe : prés-bois de mélèzes (ce n’est pas un état physionomique précédant la formation arborée, mais un pâturage boisé).

  52. Fabrice,

    Je ne comprend pas cette omerta sur la folie du développement touristique en France.Développement qui passe la vitesse supérieur et qui est en train de tout détruire.
    Je ne comprend pas que l’on puisse d’un côté condamner l’agriculture industrielle et en même temps se réjouir de la disparition de l’agriculture de montagne en ne voyant que le côté « territoire abandonné » permettant de marcher seul.
    Je me permet cette phrase de Ramuz, tirée de l’histoire du soldat, un peu moralisatrice, mais je l’aime bien quand-même:
    « On n’a pas le droit de tout avoir : c’est défendu.
    Un bonheur est tout le bonheur;
    deux, c’est comme s’ils n’existaient plus »

    La culture du monde rural est complètement morte, je ne suis sure qu’il faille s’en réjouir…

    Merci pour le vrai dimanche, mais je fait partie des « ultra-terrestres », je n’ai pas de jour de congé. Incroyable non??

  53. « La culture du monde rural est complètement morte, je ne suis sure qu’il faille s’en réjouir… »

    Non c’est triste! petrini parle de génocide de la cclasse paysanne.

  54. Petite Bergère,

    J’espère qu’il ne s’agit que d’un malentendu. D’abord, où vas-tu chercher qu’il y aurait omerta à propos du désastre planétaire qu’est le tourisme ? Pas ici, en tout cas, je me permets de te rassurer.

    Ensuite, qui s’est réjoui de la disparition de l’agriculture de montagne ? Pas moi, en tout cas.

    Enfin, sache que je tiens l’anéantissement de la civilisation paysanne – qui devait changer, évidemment, et en profondeur, bien entendu – pour l’une des pires régressions de l’histoire humaine. Il est clair que je suis POUR la réinvention d’un monde rural, fait de villages, de fermes et de paysans par millions. Mais cela ne contredit en rien ma défense de l’univers sauvage, bien au contraire ! Comme l’on disait dans mes jeunes années, j’y vois un rapport dialectique et fécond entre l’univers domestiqué, où nous sommes, et le monde intrépide et indompté, dont nous avons désespérément besoin.

    Je te rappelle, chère Petite Bergère, qu’au sommet de la présence humaine sur le territoire rural français – grossièrement, vers 1790-1800, il y avait pourtant des milliers de loups parmi nous. Je sais que tu ne goûtes pas tout à ma fait ma si grande admiration pour ce merveilleux animal, mais pour ma part, je ne souhaite pas vivre sans eux. Et si nous ne pouvons supporter quelques centaines de ces animaux sur 550 000 km2, eh bien, autant dire adieu tout de suite aux tigres, lions, panthères, éléphants, rhinos, hippos, jaguars et quelques milliers d’autres espèces. Autant se dire clairement les choses. La biodiversité, c’est chiant, car terriblement contraignant. Pour nous, qui voulons tout l’espace. Pas pour eux, qui en ont si peu.

    Bises.

    Fabrice Nicolino

  55. Je plussoie au constat de Fabrice, le « naturel » revient faute « d’entretien ». Faute de paysans.
    Les paysans ont été chassés par le système et les entrepreneurs des champs, qui laissent à l’abandon les terres jugées non rentables, point.
    On peut s’en réjouir, un peu, pour la biodiversité… Point.
    En réunion, quand les élus grognent que beaucoup de champs et bois ne sont pas « entretenus » (c’est de plus en plus le cas), et « donc » qu’apparaissent des risques incroyables (vilaines bêtes aujourd’hui vaincues, incendies et j’en passe…), je suis le premier à répondre que c’est une chance pour eux (la biodiversité) et le tourisme vert. trame verte et bleue, bla bla bla, patati patata . Mais la contrepartie est le portage politique d’un autre système économique, fait de petites entités, de proximité et d’autosuffisance locale. Un tourisme vert qui s’entend à pieds ou à vélo, à la découverte d’une faune et d’une flore vivante, dans un pays vivant.
    Et qui aujourd’hui nous propose cela dans son programme ? http://0z.fr/Qs0MF

  56. Hacène.

    Pour Fukushima. A l’inverse, juste une forme que peut prendre l’intox… par le silence. Oui nous sommes d’accord dans les grandes longueurs. On protège tout ou rien (Terrasson). Ainsi que dans les grandes largeurs : si on recrée le « Dodo » d’autres pourront arrêter de veiller. Quant à ce « S » le voilà dans un espace fermé ! 😉

  57. Que dire de la pub « Bravo, le veau ! »

    J’ai honte de faire partie du monde des humains quand j’entends cette pub immonde.

  58. Fabrice,

    Avec un peu de retard, je me permet encore un mot. Je suis la première a me battre pour la faune sauvage. J’aime les loups autant que toi, mais j’y ai été confrontée différemment. Je travaille depuis des années dans le sens d’une interaction positive entre l’homme et la biodiversité et c’est merveilleux de voir que nous, humains, pouvons concrètement apporter des choses à nos frères les animaux. Que dire des ces centaines d’oies bernaches venues de Sibérie qui choisissent de venir pâturer dans le pâturage des mes moutons parce qu’elles y trouvent de la nourriture? Que dire de ces oiseaux devenus très rares un peu partout et qui choisissent de revenir nicher auprès de nous car notre activité recréer un habitat qui leur est favorable? Et ainsi de suite. Ce n’est pas rien, crois-moi.

    Les friches, cela permet surtout de la tranquillité aux animaux. Mais ça ne garanti pas non plus un habitat et de la nourriture. Je veux dire que les friches ne sont pas garantes de biodiversité et que les activités humaines liées à la petite paysannerie, sans pesticides et avec le moins possible de mécanisation sont vraiment, concrètement, bénéfique pour la faune sauvage tout en apportant de l’alimentation pour les humains.Et une bonne alimentation, au bilan carbone bas.

    Quand au tourisme vert dont parle Kerloen, bull shit!! C’est une maintenant catastrophe! Pour la faune sauvage et pour les quelques paysans qui restent dans ce pays et que l’on fout dehors de chez eux pour les remplacer par des pistes cyclables.Ben ouais, on en est là! Ces choses, liées au tourisme vert ou pas vert sont sans fin. Il en faut toujours plus, toujours plus, toujours plus. Quitte à virer les gens de chez eux. c’est abominable de connerie!!!

    La France, avec ses minables 15 jours d’autonomie alimentaire, devrait cesser de tout miser sur le tourisme, c’est vraiment trop dangereux. Cette société exclusivement citadine est stupide et complètement suicidaire.Aujourd’hui, on est pas beaucoup à penser que nous avons réellement besoin des terres agricoles pour nous nourrir et pas pour faire des parcs de loisirs partout. Et quand on prouve que nous pouvons pratiquer une agriculture réellement harmonieuse, s’inscrire dans des écosystèmes de manière à limiter le plus possible les impacts négatifs en produisant au contraire des impacts positifs, c’est à dire autre chose que des millions d’hectares de céréales pour exploitant-trader, ça ne compte absolument pas.Au contraire, on gène.
    Et dans chaque département de ce pays, on devait trouver des mosaïques d’habitats bénéfiques à la faune sauvage, pas juste dans les Cévennes!
    Et puis la nourriture, ça ne tombe pas du ciel. Au vu de l’évolution de l’Europe et du monde,le peuple français devrait sérieusement commencer à se retrousser les manches, s’intéresser aux savoirs faire ruraux que l’on trouve encore de ci de là et apprendre à se baisser pour aimer la terre des campagnes. Franchement, on vous aura prévenu.

  59. Le vivant « évolué » ne se nourrit que de vivant. Le destin du vivant est d’être mangé, qu’il s’agisse d’herbe, de poireau, d’oiseau, de poisson ou de mammifère. On connaît le cas d’éleveurs qui n’ont jamais voulu faire abattre une vache qu’ils aimaient et qui regrettaient de lui avoir rendu ainsi un mauvais service, car le vivant n’a pas un destin à mourir de vieillesse dans son lit, sauf, peut-être l’homme de certaines « civilisations » – donc pas de celles qui balancent à la mer le vieillard attaché dans un kayak avec 3 jours de vivres.
    Le véritable débat est donc de savoir si nous acceptons que le naturel passage de vie à trépas soit effectué dans des conditions « inhumaines ». Pour moi c’est non et voilà pourquoi je refuse toute nourriture provenant de procédés « industriels », favorisant plutôt le maraîcher bio du coin et l’équivalent local de Simon. C’est un choix que tout le monde peut faire sans s’en porter plus mal, au contraire, et pareil pour les animaux !

  60. Allez, même pas peur, je mets les pieds dans le plat (et désolée si le sujet a été abordé entretemps, je n’ai pas le temps de tout lire en ce moment).

    Parce qu’il s’agit avant tout de souffrance animale.

    La fondation 30 millions d’amis nous propose de nous exprimer sur les conditions d’abattage et sur la question de l’étourdissement préalable :
    ( http://www.30millionsdamis.fr/agir-pour-les-animaux/petitions/signer-petition/pour-letourdissement-systematique-des-animaux-de-ferme-avant-leur-abattage-26.html )

    La PMAF s’exprime et agit également :
    ( http://pmaf.org/news/134/86/La-PMAF-a-l-elysee-contre-l-abattage-sans-etourdissement.html )

    La Fondation 30 millions d’amis interpelle par ailleurs les candidats à l’élection présidentielle :
    ( http://www.30millionsdamis.fr/acces-special/actualites/detail/article/4286-la-fondation-interpelle-les-candidats-a-la-presidentielle.html )

  61. Je relis cet article à la veille de l’élection présidentielle, et effectivement, je peux témoigner de mon constat atterrant sur le fait que RIEN n’est dit sur les animaux, à part une micro-action de « 30 Millions d’Amis ». Ce collectif a invité les candidats à s’exprimer concernant leur adhésion à une charte du « droit des animaux » élaborée par « 30 Millions d’Amis ». Poutou répond « OUI » à toutes les propositions », Joly se désole de l’instrumentalisation de ce sujet par la campagne (peut-être aimerait-elle qu’on cesse totalement d’en parler…), et les 2 seuls qui ne fournissent aucune réponse sont… Le Pan et… Mélenchon.
    En attendant, l’éternelle Treblinka continue.

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