La Stampa sauve l’honneur de la presse française (le cas Schmidheiny)

Grand merci à Marie, fidélissime lectrice de Planète sans visa. Elle envoie le lien suivant, vers le quotidien italien La Stampa. L’article ci-dessous évoque la personne détestable de Stephan Schmidheiny, dont j’ai eu l’occasion de parler plus d’une fois ici, et notamment et . En deux mots, ce copieux salaud, héritier de l’empire Eternit – l’amiante – a été condamné en février 2012 à 16 ans de taule par le tribunal italien de Turin. Il a été jugé coupable de la mort de plusieurs milliers de prolos travaillant dans ses usines et alentour. Mais bien avant cela,  Schmidheiny avait refait sa vie en Amérique latine, devenant, par la grâce de chirurgiens esthétiques d’aujourd’hui – les agences de com’ – un « philanthrope écolo». Cet invraisemblable Janus a été l’un des principaux organisateurs du Sommet de la terre de Rio, en 1992. Il sera présent à coup sûr dans les coulisses – au moins- de celui de 2012, qui s’ouvre dans quelques jours. N’est-il pas président d’honneur du World Business Council for Sustainable Development, ou WBCSD ?

L’article de La Stampa rappelle qu’une pétition, que j’ai relayée, réclame que Schmidheiny soit déclaré persona non grata à Rio. Rêvons. Et il précise : « Compare al fianco di Clinton nel ruolo di consigliere, va all’Onu e in Vaticano (…) In Europa stringe la mano a tutti i potenti, fra cui non manca l’allora commissario europeo Romano Prodi ». Ce qui veut dire que celui que le magazine Forbes présente comme le Bill Gates suisse « apparaît aux côtés de Clinton dans le rôle de conseiller, va à l’Onu comme au Vatican, serre la main de tous les puissants, parmi lesquels celui qui était encore Commissaire européen, Romano Prodi ».

Quand vous verrez – bientôt – les images de Rio 2012, pensez à ce type et au système qui le protège. Pensez aux morts. Pensez à Brice Lalonde, organisateur officiel de la conférence, qui laisse une place de choix à Schmidheiny. Ainsi va le monde réel, et pas autrement. À ma connaissance, aucune association écologiste officielle française n’a seulement évoqué le nom de Schmidheiny. Certaines, il est vrai, lèchent directement le cul de gens comme lui. Et les autres ont opportunément la mémoire qui flanche.

Cronache

04/06/2012 – il caso

Ambiente, appello contro Mr. Eternit « Non deve partecipare al vertice »

ALBERTO GAINO

«Ci rivolgiamo alle Nazioni Unite, alle autorità internazionali, ai capi di stato e di governo, alla presidente del Brasile Dilma Rousseff, affinché dichiarino Stephan Schmidheiny “persona non gradita” alla Conferenza di “Rio + 20”, organizzata dall’Onu sullo sviluppo sostenibile in programma a Rio dal 20 al 22 giugno».

Rimbalza nella Rete l’appello di Abrea, l’associazione brasiliana degli esposti all’amianto, vittime anche dell’Eternit locale, sino al 1998 controllata da Schmidheiny. In Italia la petizione è stata sottoscritta dall’Associazione dei familiari delle vittime di Casale Monferrato, da numerose altre, da sindacati e scienziati come l’epidemiologo Benedetto Terracini. Stupisce che si debba ricordare niente meno che alle Nazioni Unite: «Schmidheiny è stato condannato per aver causato un disastro ambientale, e per questo dovrebbe essergli vietata la partecipazione a questa importante riunione che preparerà un piano e discuterà di come proteggere il futuro della Terra».

La singolarità della situazione corrisponde alla singolarità della figura del sessantacinquenne Stephan Schmidheiny, perfetto per il ruolo di Giano bifronte del nostro tempo. Così lo descrivono gli autori dell’appello al segretario Onu Ban Ki-moon: «Schmidheiny è uno dei fondatori del World Business Council for Sustainable Development. E’ pure un benefattore, il filantropo che ha creato la Fondazione Avina per sostenere progetti ambientali e sociali in America Latina».

«Ma è anche l’ex proprietario dell’Eternit, la multinazionale produttrice di amianto-cemento e il 13 febbraio scorso il Tribunale di Torino (Italia) l’ha condannato a 16 anni di carcere per aver provocato – ripetono quelli dell’Abrea per mettere bene in chiaro l’informazione apparsa approssimativa nella Rete, vedi Wikipedia – un disastro ambientale doloso permanente e per omissione volontaria di cautele antinfortunistiche. Se fossero state attuate, tali misure avrebbero potuto proteggere le vite dei lavoratori e della popolazione locale dai ben noti rischi di morte derivanti dall’esposizione all’amianto. Minerale cancerogeno e, secondo l’Organizzazione mondiale della sanità, responsabile della morte di oltre 107 mila persone l’anno».

Apparentemente quest’uomo, che la rivista americana Forbes ha definito il Bill Gates svizzero, ha vissuto due esistenze. A 25 anni eredita una delle due galline dalle uova d’oro che hanno immensamente arricchito la sua famiglia: l’Eternit. Al fratello Thomas, invece, va il colosso del cemento, l’Holcim. Stephan fa sostenere ad agiografi e avvocati di aver cercato di innovare con forti investimenti e nuove tecnologie la tradizionale produzione di manufatti Eternit contenendone la pericolosità. Ma nel 1972, quando il controllo azionario della multinazionale passa dai belgi a lui, non mette assolutamente al bando la crocidolite (l’amianto blu, il più pericoloso) che negli stabilimenti italiani di Casale Monferrato e Bagnoli continuerà ad essere utilizzata sino alla chiusura, quasi quindici anni dopo. Il 1992 è l’anno della svolta: in Italia si mette finalmente al bando l’amianto, e a Rio, per il primo «Vertice della Terra» sull’ambiente da salvare, Stephan Schmidheiny si presenta come l’«eroe» dello sviluppo sostenibile.

Ha raccolto decine di grandi industriali dietro le sue convinzioni, lo si conosce come il produttore degli Swatch e uno dei grandi soci del colosso bancario Ubs. L’Eternit è un mondo a parte, «svaporato» o quasi nei progetti di riforestazione, di sostegno alle culture, di filantropia terzomondista. Gli assegnano grappoli di lauree ad honorem come guru dell’ambiente, compare al fianco di Clinton nel ruolo di consigliere, va all’Onu e in Vaticano a sostenere le ottime ragioni della green economy. In Europa stringe la mano a tutti i potenti, fra cui non manca l’allora commissario europeo Romano Prodi.

Finché non gli piomba in testa la tegola del processo torinese, attesa e temuta a tal punto che da un decennio aveva fatto spiare il magistrato Raffaele Guariniello e speso milioni nella strategia della greenwashing. Fernanda Giannesi, piccolo eppure irriducibile ispettore del lavoro brasiliano, gliel’ha rovesciata addosso per attribuirgli una particolare abilità nella disinformazione e nell’ambiguità. Tuttora Schmidheiny preferisce versare «liberalità» alle vittime Eternit (in cambio però del ritiro delle querele) anziché i risarcimenti decisi dai giudici.

Ci-dessous, une traduction proposée par Flore. Merci à elle.

Schmidheiny, condamné à 16 années de prison pour les milliers de victimes, sera présent à Rio.
ALBERTO GAINO

«Nous nous adressons aux Nations Unies, aux autorités internationales, aux chefs d’état et de gouvernement, à la présidente du Brésil Dilma Rousseff, pour que Stephan Schmidheiny soit déclaré “persona non grata” à la Conférence de “Rio + 20”, organisée par l’Onu, sur le thème développement durable, programmée à Rio du 20 au 22 Juin».

L’appel de l’ABREA, l’association brésilienne des personnes exposées à l’amiante, également victimes de l’Eternit local, administrée par Schmidheiny jusqu’en 1998, se propage sur le Net. En Italie la pétition a été signée par l’Association des familles de victimes de Casale Monferrato, et par beaucoup d’autres, par des syndicats, par des scientifiques comme l’épidémiologiste Benedetto Terracini. Étonnant qu’il faille rappeler à rien moins que les Nations Unies ceci : «Schmidheiny a été condamné pour avoir causé un désastre environnemental, et pour ça il devrait lui être interdit de participer à cette importante réunion où il s’agit de discuter et de préparer un plan sur comment protéger le futur de la Terre».

La singularité de la situation correspond à la singularité du personnage même de Stephan Schmidheiny , âgé de 65 ans, parfait dans le rôle d’une personne ambiguë typique de notre époque. Les auteurs de l’appel lancé au secrétaire de l’Onu Ban Ki-moon le décrivent ainsi : «Schmidheiny est l’un des fondateurs du World Business Council for Sustainable Development. Également un bienfaiteur, le philanthrope qui a crée la Fondation Avina pour soutenir des projets environnementalistes et sociaux en Amérique Latine».

«Mais il est aussi l’ex propriétaire d’Eternit, la multinationale productrice d’amiante-ciment et le 13 février dernier le Tribunal de Turin (Italie) l’a condamné à 16 ans de prison pour avoir provoqué – ceux de l’ABREA le répètent pour que les choses soient bien claires car l’information apparaît approximative sur le Net, voyez Wikipedia – un désastre environnemental criminel et permanent par omission volontaire de mesures de précaution contre les accidents. Si elles avaient été prises, de telles mesures auraient pu protéger la vie des travailleurs et des populations locales des risques de mort, bien connus, liés à l’exposition à l’amiante. Minéral cancérogène, selon l’Oms, responsable de la mort de plus de 107 000 personnes par an ».

Apparemment, cet homme, que la revue américaine Forbes définit comme le Bill Gates suisse, a vécu deux existences. A 25 ans, il a hérité de l’une des deux poules aux oeufs d’or qui ont immensément enrichi sa famille : l’Eternit. Tandis que son frère Thomas a reçu le colosse du ciment, l’Holcim. Stephan fait plaider à ses biographes et à ses avocats d’avoir cherché à innover avec de gros investissements et de nouvelles technologies la production traditionnelle de l’usine Eternit pour en limiter la dangerosité.

Mais en 1972, quand le contrôle des actions de la multinationale passe des belges à lui, il ne mets pas au ban la crocidolite (l’amiante bleu, le plus dangereux) qui dans les établissements italiens de Casale Monferrato et de Bagnoli continueront à être utilisés jusqu’à la fermeture, quasiment 15 ans après. 1992 est l’année du virage : en Italie c’est le bannissement de l’amiante, et à Rio pour le premier « Sommet de la Terre» sur la sauvegarde de l’environnement, Stephan Schmidheiny se présente comme le «héros» du développement durable.

Il a rassemblé des dizaines de grands industriels derrière ses convictions, là il se distingue comme le producteur des Swatch et l’un des plus grands actionnaires du géant bancaire Ubs. L’Eternit est un monde à part, «évaporé» ou quasi, dans des projets de reforestation, de soutien à la culture, de philanthropie tiers-mondiste. On lui attribue tout un tas de diplômes ad honorem comme gourou de l’environnement, il brille aux cotés de Clinton dans le rôle de conseiller, va à l’Onu et au Vatican défendre les excellentes raisons d’une économie verte. En Europe, il serre la main de tous les puissants, parmi les quels ne manque pas le président de la commission européenne de l’époque Romano Prodi.

Tant que la tuile du procès de Turin ne lui plombe pas la tête, il attend et il a peur à tel point qu’il avait fait espionner le magistrat Raffaele Guariniello et qu’il a dépensé des millions pour sa stratégie de greenwashing. Fernanda Giannesi, petite mais irréductible inspectrice du travail brésilienne lui a attribué une particulière habileté dans la désinformation et aussi dans l’ambiguïté.

Schmidheiny préfère toujours verser des «libéralités» (dons) aux victimes d’Eternit ( en échange toutefois du retrait des plaintes) au lieu des réparations décidées par la justice.

8 réflexions sur « La Stampa sauve l’honneur de la presse française (le cas Schmidheiny) »

  1. Lipietz, Lalonde, Schmidheiny,EELV,…avec des défenseurs de ce calibre l’écologie n’a pas besoin d’ennemis.

  2. Qu’une telle chose soir possible, ça me dépasse. Che vergogna !

    version française du texte ci dessus :

    Schmidheiny, condamné à 16 années de prison pour les milliers de victimes, sera présent à Rio.
    ALBERTO GAINO
    «Nous nous adressons aux Nations Unies, aux autorités internationales, aux chefs d’état et de gouvernement, à la présidente du Brésil Dilma Rousseff, pour que Stephan Schmidheiny soit déclaré “persona non grata” à la Conférence de “Rio + 20”, organisée par l’Onu, sur le thème développement durable, programmée à Rio du 20 au 22 Juin».
    L’appel de l’ABREA, l’association brésilienne des personnes exposées à l’amiante, également victimes de l’Eternit local, administrée par Schmidheiny jusqu’en 1998, se propage sur le Net. En Italie la pétition a été signée par l’Association des familles de victimes de Casale Monferrato, et par beaucoup d’autres, par des maires, par des scientifiques comme l’épidémiologiste Benedetto Terracini. Étonnant qu’il faille rappeler à rien moins que les Nations Unies ceci : «Schmidheiny a été condamné pour avoir causé un désastre environnemental, et pour ça il devrait lui être interdit de participer à cette importante réunion où il s’agit de discuter et de préparer un plan sur comment protéger le futur de la Terre».
    La singularité de la situation correspond à la singularité du personnage même de Stephan Schmidheiny , âgé de 65 ans, parfait dans le rôle d’une personne ambiguë typique de notre époque. Les auteurs de l’appel lancé au secrétaire de l’Onu Ban Ki-moon le décrivent ainsi : «Schmidheiny est l’un des fondateurs du World Business Council for Sustainable Development. Également un bienfaiteur, le philanthrope qui a crée la Fondation Avina pour soutenir des projets environnementalistes et sociaux en Amérique Latine».
    «Mais il est aussi l’ex propriétaire d’Eternit, la multinationale productrice d’amiante-ciment et le 13 février dernier le Tribunal de Turin (Italie) l’a condamné à 16 ans de prison pour avoir provoqué – ceux de l’ABREA le répètent pour que les choses soient bien claires car l’information apparaît approximative sur le Net, voyez Wikipedia – un désastre environnemental criminel et permanent par omission volontaire de mesures de précaution contre les accidents. Si elles avaient été prises, de telles mesures auraient pu protéger la vie des travailleurs et des populations locales des risques de mort, bien connus, liés à l’exposition à l’amiante. Minéral cancérogène, selon l’Oms, responsable de la mort de plus de 107 000 personnes par an ».
    Apparentement, cet homme, que la revue américaine Forbes définit comme le Bill Gates suisse, a vécu deux existences. A 25 ans, il a hérité de l’une des deux poules aux oeufs d’or qui ont immensément enrichi sa famille : l’Eternit. Tandis que son frère Thomas a reçu le colosse du ciment, l’Holcim. Stephan fait plaider à ses biographes et à ses avocats d’avoir cherché à innover avec de gros investissements et de nouvelles technologies la production traditionnelle de l’usine Eternit pour en limiter la dangerosité.
    Mais en 1972, quand le contrôle des actions de la multinationale passe des belges à lui, il ne mets pas au ban la crocidolite (l’amiante bleu, le plus dangereux) qui dans les établissements italiens de Casale Monferrato et de Bagnoli continueront à être utilisés jusqu’à la fermeture, quasiment 15 ans après. 1992 est l’année du virage : en Italie c’est le bannissement de l’amiante, et à Rio pour le premier « Sommet de la Terre» sur la sauvegarde de l’environnement, Stephan Schmidheiny se présente comme le «héros» du développement durable.
    Il a rassemblé des dizaines de grands industriels derrière ses convictions, là il se distingue comme le producteur des Swatch et l’un des plus grands actionnaires du géant bancaire Ubs.
    L’Eternit est un monde à part, «évaporé» ou quasi, dans des projets de reforestation, de soutien à la culture, de philanthropie tiers-mondiste. On lui attribue tout un tas de diplômes ad honorem comme gourou de l’environnement, il brille aux cotés de Clinton dans le rôle de conseiller, va à l’Onu et au Vatican défendre les excellentes raisons d’une économie verte.
    En Europe, il serre la main de tous les puissants, parmi les quels ne manque pas le président de la commission européenne de l’époque Romano Prodi.
    Tant que le tuile du procès de Turin ne lui plombe pas la tête, il attend et il a peur à tel point qu’il avait fait espionner le magistrat Raffaele Guariniello et qu’il a dépensé des millions pour sa stratégie de greenwashing. Fernanda Giannesi, petite mais irréductible inspectrice du travail brésilienne lui a attribué une particulière habileté dans la désinformation et aussi dans l’ambiguïté.
    Schmidheiny préfère toujours verser des «libéralités» (dons) aux victimes d’Eternit ( en échange toutefois du retrait des plaintes) au lieu des réparations décidées par la justice.

  3. je me suis aperçue trop tard que dans la traduction j’ai mis « maires » au lieu de « syndicats », concernant ceux qui ont signés la pétition
    Et puis c’est : « apparemment » cet homme…etc

    Si vous pouvez corriger, merci 🙂

  4. @wuwei

    Mettre sur le même plan Schmidheiny, Lalonde, Lipietz et EELV relève de la confusion mentale.
    Autant j’adhère à ce que dit sur le premier Fabrice Nicolino, autant je tique sur les reproches faits à Lalonde: il n’est pas le Deus ex machina de Rio +20, simplement un acteur bien placé qui essaye de faire en sorte que ce sommet ne se transforme pas en déroute de l’écologie internationale. Brice L. a des états de service, lui contrairement à Lipietz qui est un pur discoureur troskard ou EELV qui enfume les électeurs pensant voter écolo!!

  5. @ Salin
    Vous parlez bien du Lalonde faisant la navette de la « gauche » à la droite afin d’obtenir postes et prébendes qui vont avec ? Celui qui s’est associé en 1997 au parti de Madelin grand prêtre du libéralisme à tout crin ? Ce n’est pas parce que dans son jeune temps, comme beaucoup de ses congénères il eut semble-t-il une passion réelle pour l’écologie qu’il faille oublier ce qui a suivi. Vous parliez de confusion…

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