Planète sans visa l’avait bien dit (sur l’Espagne en ruines)

Cette fois, je ne saurais nier. Oui, ce qui suit est de l’autopromotion. Selon la vieille logique que chacun connaît, si je ne dis pas du bien de moi, qui le fera ? Alain Lipietz, peut-être ? Le fait est, amis de Planète sans visa, que j’ai écrit ici, il y a deux ans, et trois, et quatre, ce qu’il fallait penser du « miracle économique » espagnol. Les banques devraient m’embaucher, elles gagneraient de l’argent.

Plus sérieux : pourquoi personne ne parle ? On va encore nous servir la sauce idéologique selon laquelle les banques voraces seraient coupables. Mais merde, à la fin ! Il est dans la nature de ces entreprises de chercher à faire du blé quel que soient les coûts humain et écologique de leurs opérations. Le problème est ailleurs. Pourquoi cette horrible complicité des classes politiques européennes ? Pourquoi cette affolante propension des peuples à se gaver de biens matériels inutiles, dispendieux, destructeurs de tout ? Les socialos français – ils ne sont pas les seuls – ont ENCENSÉ la politique criminelle de leurs copains espagnols du PSOE. Ils ont applaudi la destruction accélérée du littoral ibérique. Ibérique, car le Portugal est lui aussi concerné. Ayrault, notre Premier ministre, veut à toute force un second aéroport à Nantes, sa ville, au moment où des dizaines d’aéroports espagnols, financés par l’impôt, sombrent dans l’insolvabilité et la ruine.

Je vous en prie ! Assez de jérémiades ! Assez d’explications qui jamais ne rendent compte de rien. Le monde doit changer de base, je crois que cela a déjà été écrit.

Ci-dessous, pour ceux qui veulent voir, de leurs propres yeux éblouis, deux articles anciens de Planète sans visa, et même un troisième. 2010, 2009, 2008 : qui dit mieux ?

Espagne, castagnettes et dominos

Après la Grèce, l’Espagne ? Je n’ai pas le temps, hélas, de rechercher quelques perles égrenées par nos économistes-en-chef, nos politiques princiers, de droite et de gauche bien sûr. Il y a une poignée d’années, l’Espagne était LE modèle que nos élites proposaient à une France jugée malade, en tout cas assoupie. Son taux de croissance faisait chavirer le cœur de tous les abrutis qui croient penser, quand ils ne font que braire. Le problème est que tout reposait sur un château de cartes, un lointain château en Espagne que personne ne possèderait un jour.

La politique criminelle des élites espagnoles tient en peu de mots : corruption de masse, destruction de la nature, délire immobilier. On a détruit là-bas ce qui restait de rivage après la stupéfiante flambée franquiste des années soixante du siècle passé. Et construit, souvent au bord de l’eau, mais aussi dans d’improbables banlieues, des milliers de programmes immobiliers qui jamais ne trouveront acquéreurs. Jamais. Certains sont achevés, mais sans aucune adduction. D’autres sont commencés, et se trouvent à divers stades. Mais le cochon de client s’est évaporé. Il s’agissait d’une chaîne de Ponzi, la même pyramide que celle qui a conduit l’escroc Madoff en taule. Tant que les gogos achètent et que d’autres gogos se lancent à leur suite, tout marche à la perfection. Mais dès que le doute s’installe, c’est l’effondrement.

Cela fait longtemps que j’ennuie mon entourage en répétant que l’Espagne est d’une fragilité de verre. On conspue aujourd’hui les gouvernements grecs dans les rues d’Athènes. Il n’est pas exclu que l’on fasse pire demain avec ceux du Parti populaire (PP) espagnol et du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Car ils ont mené la même politique et créé les conditions du chaos. Je vous, je nous le demande : qui paiera pour ces appartements morts-nés ? Qui paiera le prix de la corruption et de la dévastation écologique ? N’oubliez pas que des banques ont massivement prêté aux margoulins pour faire leurs galipettes monétaires. Je vous l’annonce, pour le cas où vous ne le sauriez pas : celles de France sont plombées par le désastre immobilier espagnol. Pas toutes, non, et pas à la même échelle. Mais si mes informations sont bonnes, on peut s’attendre à des surprises. Et elles seront mauvaises.

Tiens, je vous remets pour le même prix un article de Planète sans visa, qui n’a, après tout, qu’un an. Il renvoie à un article qui en a deux.

Zapatero, Zapatera, socialauds d’Espagne et d’ailleurs

Je souhaite ardemment que personne ne vienne prendre leur défense, ici tout au moins. Car ailleurs, je sais combien ils sont choyés, aimés, cajolés. Madame Ségolène Royal – dite la Zapatera – ne s’est-elle pas excusée il y a quelques jours, au nom de nous tous, auprès de son si cher ami José Luis Rodríguez Zapatero, Premier ministre espagnol en titre ? Ne lui a-t-elle pas demandé de pardonner des propos prêtés à notre Sarkozy national ? Si.

Or que font donc les socialistes espagnols ? Ils détruisent avec frénésie ce qui reste de ce pays de légende. En janvier 2008, avant donc l’annonce de la crise économique que vous savez, j’ai écrit (ici) sur quoi reposait le soi-disant miracle espagnol, avec ces taux de croissance admirés d’un bout à l’autre de notre Europe si malade. Tenez, je me cite : « Du temps de Franco, vieille et sinistre baderne aux ordres du pire, le choix majeur a été de vendre le pays au tourisme de masse. Une aubaine pour les vacanciers français découvrant, dans les années 60, la défunte Costa Brava, puis le reste. Les héritiers du Caudillo, de droite d’abord, puis de gauche, ont poursuivi dans la même direction, toujours plus vite, toujours plus loin. Le Premier ministre en place, José Luis Rodríguez Zapatero, ne cesse de vanter l’état de l’économie espagnole, qui lui devrait tant. Par parenthèses, faut-il rappeler l’enthousiasme de madame Royal chaque fois que quelqu’un l’appelle la Zapatera ? ».

Tout est malheureusement connu, et le Parlement européen lui-même a condamné sans appel des « projets d’urbanisation massive (…) sans rapport avec les véritables besoins des villes et villages concernés », contraires « à la durabilité environnementale » et qui ont des effets « désastreux sur l’identité historique et culturelle » des lieux (www.batiweb.com). Voilà pourquoi, bien qu’aimant l’Espagne et sa langue, je mets rigoureusement dans le même sac le PSOE – parti socialiste au pouvoir – et le PP, ou Parti populaire, de droite. Plutôt, parce que j’aime profondément l’Espagne. Mais vous aurez rectifié de vous-même.

Pourquoi ce rappel ? Mais parce que les socialistes au pouvoir à Madrid s’attaquent aujourd’hui au grand joyau ornithologique de la péninsule, l’Estrémadure. Je connais ce lieu, qui est rude au regard et au corps. Froide l’hiver, brûlante l’été, la région abrite une sorte de savane arborée méditerranéenne, la dehesa. Comme un compromis entre la nature et l’homme, immémorial, sur fond de chênes verts, d’oliviers sauvages, de genêts, d’arbousiers et de troupeaux. C’est aussi le pays des oiseaux. Des grandes outardes. Des vautours fauves, moines, percnoptères. Des grues. Des oies. Des canards. L’Éstrémadure est si pauvre que les bureaucrates madrilènes l’ont laissée en paix, tout occupés qu’ils étaient à ronger les côtes sublimes du pays.

Fini. Le gouvernement vient de décider une série de mesures scélérates au dernier degré. La plus extravagante est peut-être le cadeau fait à une transnationale étasunienne, Florida Power and Light (ici), qui pourra construire deux usines solaires cette année à Casas de Hito, en Estrémadure. 600 millions d’euros d’investissement – on ne sait rien d’autres arrangements éventuels, qui peuvent se produire néanmoins – et 100 emplois à la clé. 100 emplois en échange d’un paradis des oiseaux. En 2007, on a dénombré à Casas de Hito 11 325 grues. Et sept espèces d’oies, et 140 000 canards hivernant à trois kilomètres, sur le lac de barrage de Sierra Brava. Je dois vous avouer que je n’ai pas regardé de près les dangers que feront peser sur les oiseaux sauvages ces installations. Et vous renvoie à une pétition des naturalistes espagnols de SEO (ici). Ils sont déprimés. Moi aussi.

D’autres projets simplement criminels menacent l’Estrémadure. Une raffinerie de pétrole à Tierra de Barros, des centrales électriques, des parcs éoliens lancés dans des conditions douteuses de légalité, et qui sont apparemment dangereux pour des oiseaux comme les vautours. Lesquels sont magnifiques, à la différence de ceux qui traînent dans les bureaux des promoteurs d’Ibérie comme de France.

Je vois bien que naît sous nos yeux encore ébahis un capitalisme vert censé nous clouer le bec. Si vous avez le moindre doute, jetez un œil ici, je crois que nous nous comprendrons. Eh bien ? Au risque flagrant de me répéter, il n’est pas question de considérer ces gens-là, qui incluent évidemment nos socialistes comme de vagues cousins un (long) temps égarés. Ce sont des adversaires. Ce sont des ennemis. Et je vous jure que je les exècre. Zapatero, Zapatera, toutes ces camarillas, tous ces sbires, tous ces fifres et sous-fifres, tous ces petits marquis, ces Dray, Mélenchon, Royal, Hollande, Fabius, Weber, Bartolone, Aubry, Rebsamen, Le Guen, Hamon, Delanoé, Désir, Bloche, ad nauseam. J’ai pris le parti des oiseaux et du vol libre au-dessus des cimes, celui des migrations, celui de Nils Holgersson, celui de la beauté. J’ai pris le parti du soleil, de la lune, de la pluie et des arbres. Et ce n’est pas le leur.

31 réflexions sur « Planète sans visa l’avait bien dit (sur l’Espagne en ruines) »

  1. « Ce qui ne fonctionne plus, c’est l’ « interface » qui se pose entre les hommes et ce qu’ils produisent : l’argent. La crise nous confronte avec le paradoxe fondateur de la société capitaliste : la production des biens et services n’y est pas un but, mais seulement un moyen. Le seul but est la multiplication de l’argent, c’est d’investir un euro pour en tirer deux. »

    Anselm Jappe : L’argent est-il devenu obsolète ?

    Que je vous conseille de lire.

    En effet, L’Espagne est un pays riche (terres, eau, nature) qui produit sans doute plus que sa population n’aurait besoin.
    Mais c’est la forme de vie sociale, notre forme de socialisation cohérée par l’argent, surtout le le travail abstrait, la marchandise et le capital qui empêche l’accès à la production à la culture, aux soins, à l’abri, crée des miséreux à la pelle, et fait plier le pays à sous le joug et la volonté du marché.

    C’est un masochisme historique que la forme de vie dans laquelle on baigne tous, le capitalisme.

    @Fabrice, je suis d’accord avec toi sur la banque/les traders dont la nature est de faire plus d’argent peu importe ce qu’elle détruit et qui sert d’ennemi leurre commun lorsque le peuple gronde et cherche des boucs émissaires.

    Et, à mon sens, c’est parce qu’elles représentent l’accumulation, l’aggrégation de nos milliards de mini irresponsabilités par nos actions de travail (lorsque l’on travaille pour un salaire et pas quand on répare un tuyau chez soi ou qu’on fait du jardin bien évidemment), lorsque l’on confie notre argent ou demandons un prêt.

  2. Ces cas espagnol, grec et ceux qui ne vont pas manquer de suivre illustrent l’enfermenent idéologique dans lequel est le système mondial : il faut de la croissance pour financer les déficits et du déficit pour maintenir la croissance. Politiques et experts, de droite à gauche chantent la même incantation, le même credo : la croissance ! Elle va revenir ! On va la chercher, la décréter, la soutenir. On va même en faire un pacte ! Comment ces gens parés de certitudes et de cravates peuvent-ils présenter une perspective qui est démentie par n’importe quel système élémentaire ?
    Je n’ai pas encore eu connaissance d’un seul système physique fini capable de toujours accélérer. Or, c’est bien ce que nos élites nous proposent. Sans pouffer.
    Vous avez eu raison, Fabrice, sur le cas ibérique, ça fait plaisir pour l’exercice intellectuel. La suite des évènements vous donnera maintes fois l’occasion de vérifier à nouveau que vos nombreuses alertes s’avèrent, vu l’inviabilité du processus dans lequel nous sommes engagés.

    L’ultime, crucial, existentiel questionnement est : comment sort-on de ce fonctionnement d’hyperactivité suicidaire ? La plus élémentaire sagesse commande de se calmer, de freiner, de se poser, en rabaissant fortement notre confort matériel et en adaptant les humains à la nature. Quelques-un(e)s ici le font individuellement, c’est courageux et vénérable. Mais le flot général est impétueux. Comment endiguer la frénésie ?

  3. on est pris dans un tourbillon de croyances. Les adeptes du « progrès », des « Lumières » et de la « raisons » sont les plus fous, obscurantiste et irraisonnables des hommes… sont-ils d’ailleurs toujours des hommes?

  4. tout a fait d’accord,et pour donner une autre idée de la folie actuel.En titre sur les revues scientifiques toujours ce dogme de la croyance au progrer.ex:les progrés de la science nous aidera a vivre mieux.

  5. A tous nos « dirigeants »

    « L’ambition souvent fait accepter les positions les plus basses : c’est ainsi qu’on grimpe dans la même posture que l’on rampe. »

    Jonathan Swift

  6. Bien d’accord avec toi Winston !
    Tu dis que ces hommes n’en sont plus… c’est à peu près ce que penses l’anthropologue Gilbert DURAND de l’homme OCCIDENTAL depuis plusieurs siècles. Selon lui, c’est un homme MU-TI-LE car refusant son rapport unitaire au Monde…
    Voir ici :
    http://www.bifurc.fr
    (lisez dans les colonnes à droite pour en savoir plus, je ne mets pas ce lien pour vendre notre bouquin 😉

  7. Bonsoir,

    Merci Fabrice.

    Visionnaire, vous êtes un visionnaire … Nous allons vous surnommer Barjavel Fabrice. 🙂

    http://www.romandie.com/news/n/_L_etat_de_la_planete_se_degrade_a_grande_vitesse_34060620122011.asp

    http://www.romandie.com/news/n/_La_mort_est_dans_le_pre_documentaire_sur_les_agriculteurs_victimes_des_pesticides_RP_140420121016-23-162333.asp

    http://www.romandie.com/news/n/_Chine_manger_et_respirer_dans_la_crainte52020620120618.asp

    PS. Je remercie le ciel chaque jour de m’avoir mis sur votre bout de chemin. Vous m’avez beaucoup appris. J’y voyais déja un peu clair, mais depuis vous, c’est éblouissant de clarté. Grand Merci a ceux qui commentent, mettent des liens. Ils contribuent aussi a cette ouverture.

    Bien a vous toutes et tous,

  8. Super interessant cher monsieur P.P…. ce qui est intéressant, c’est de remarquer comment la dé-vernacularisation des hommes, pour leur modernisation (en gros, transformer les hommes traditionnels en travailleurs-consommateurs) est vécu comme une mutilation par ceux chez qui ce n’est pas encore aboutit…

    Et ce sont ces hommes « dévernacularisés » qui sont les plus violents et virulents à l’égard des autochtones non modernisés et de la nature…

  9. Depuis plusieurs billets, il m’est quasi-impossible d’envoyer des commentaires. Peut-être sont-ils trop longs ? Madame la ministre de la recherche peut-elle faire quelque chose ? Une prothèse pour moi ?

  10. 1 – Puisque LBL nous ramène au monde agricole en « pleine santé » (et tellement exemplaire de nos fonctionnements), je veux parler un peu d’un article de la revue Biocontact, que l’on m’a indiqué suite à mes propos sur le tabac et la radioactivité des cigarettes – info bien relayée par Fabrice donc, mais que je n’ai creusé (ma pov’tête a son avis fait maintenant et n’en peut davantage supporter, d’autant que tout relève du même m-acab’).
    http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1268

    (Pour info aussi de ce qui s’y passe en terme de foncier : fin d’une ère.

    http://pumi.blog.free.fr/index.php?post/2012/06/04/%22Surviving-progress%22-diffus%C3%A9-mardi-5-juin-sur-Arte)

    Biocontact N° 218, un article signé Alain Tardif.
    Le polonium 210 pointé comme origine de la radioactivité des cigarettes (culture du tabac) entre dans la composition d’engrais phosphatés largement utilisés en France (NPK). Son effet cancérigène (radioactivité) est avéré pour les cigarettes… Il arrose généreusement nos champs, l’intérieur de petites serres. A en bouffer du sexy, du cochon sans doute.

  11. 2 – Autrement et plus généralement à la Grèce et à l’Espagne, et à tous les autres, anciennes victimes et à venir, du FMI et consorts Goldman Sachs, je crois savoir que nombre de banquiers adorent les dettes… et s’amusent comme des fous avec. Parfois, ils perdent – un peu (sur ce qu’ils volaient de toutes manières), mais souvent, ils gagnent aussi beaucoup. Ils gagnent donc, et pis encore que ce que l’on voit.

    Le CADTM est explicatif, le film Debtocraty en dit pas mal…
    http://www.cadtm.org/Francais

    Peut-être : http://pumi.blog.free.fr/index.php?post/2012/06/04/%22Surviving-progress%22-diffus%C3%A9-mardi-5-juin-sur-Arte
    (On le m’a conseillé, je ne l’ai pas vu)

  12. 3 – Et, sans vouloir défendre l’Argent, ce medium absolu contemporain, et absolument nécessaire pour ceux qui vivent en ville, occidentale, du moins, et n’ont accès à rien de vital sans que ce soit monnayé, je veux rappeler que sa création appartient aux banquiers, et n’a rien de public. Le public, le commun, la masse, la plèbe y a accès sous conditions très juteuses pour certains, et asservissantes pour lui ou elle. C’est peut-être le scandale de base, et oublié. Mais c’est vrai aussi que le bien commun, on s’en fout plutôt et assez infiniment.

    Raréfier l’argent pour la masse, c’est un pouvoir extraordinaire. Et tout à fait orchestré, avec sans doute quelques fausses notes, pas ben graves.
    Et, pardon, les politiques, les nôtres, et ceux d’ailleurs, sont très majoritairement des vendus, ou des achetés, je n’en démords plus.

    Que l’argent soit déifié par le plus grand nombre aujourd’hui, avatar du problème sûrement, telle est ma réponse. D’autant que, si l’on écoute Henri Guillemin, ce que j’essaie de faire en ce moment, ne serait-ce qu’en France, l’école – gratuite – de Jules Ferry a introduit ou conforté comme valeur cette « valeur » à l’école (l’avant guerre 14-18), avec celle du travail, de l’obéissance. L’instruction, chouette instruction… On quittait les champs (pas dit qu’on agriculturait sans dégâts non plus).

  13. 4 – Qu’il ne soit pas nécessaire, cet argent : un débat de fond . Très en raccourci, ici, et ayant vécu dans une campagne assez profonde et très familiale, un temps – que je veux oublié, je conserve un grande ambiguïté avec le « petit groupe d’humains » vivant d’échanges locaux, etc. un peu vite montré comme la bouée de notre perdition actuelle. Le fait que je sois une femme n’y est pas pour rien non plus, ma mère peut aussi en témoigner, par le pire. D’ailleurs, les femmes se sont tirées de la cambrousse d’hier dès qu’elles ont pu. Pensée pour Angela Duval au passage.

  14. 5 – Etienne CHOUARD, que j’ai déjà plusieurs fois cité ici, avec au moins un autre commentateur, explique avec brio beaucoup de nos grandes affaires d’argent.

    Il cherche des moyens démocratiques de revoir la société de pair :
    – Constitution – fondamentale ! et axée anti-abus de pouvoir, autant dire au coeur du problème humain, et je me mets dans la soupe – des limites à nos passions
    – tirage au sort des corps exécutants et plus, si efficacité…
    – échelle de décision au plus près des communautés humaines viables et premières. Perso, j’ajouterai : des besoins (que sont nos besoins, vrais, je vous le demande ? Du débat démocratique en prévision, au lieu de produire un tas de « merdres », par exemple).

  15. 6 – Vouloir s’en remettre à chacun et tous, c’est préjuger d’une folie moindre à ces « niveaux » sociaux, ce dont je doute un peu, on l’aura compris. Mais des manières de décider différentes, pour ne pas dire franchement alternatives (tout simplement simples, en fait), pourraient arrêter le train, sans même sonner le sifflet, et refléter un peu de notre modernité, dans le sens le plus beau, s’il existe (je ne suis pas néolithique, je l’avoue).

    7 – Resterait sans doute ce fameux rapport à la Nature qui nous habite depuis la nuit des temps, si j’en crois la lecture d’une petite phrase sur les humains du néolitique « premiers paysans du monde » : la « concurrencer », alors (Louboutin, Gallimard).

    Terrasson, rationalité (de mon c… : je peux expliciter à qui veut par l’objet / sujet, foutus si on s’arrête là, et on s’est arrêté là), voir aussi les recherches de Philippe DESCOLA. Annie Le Brun, Merleau-Ponty pour moi, essentiels.

    8 – Autre problème cardinal à mes yeux, quoique du même tonneau : les relations humaines. On n’est nul, on tape, on crie, on cherche à dominer du plus tortueusement au plus brutal (CNV de Rosenberg, Filliozat, Dumonteil-Kremer, Alice Miller, permaculture…).

    Bref, on peut y croire aussi un peu, et il faut y aller (parfois, selon mon credo, savoir aussi ne rien faire). Liepietz et les autres : je ne prends plus votre train, et j’n’aime pas vos poses, et je me fous de vos stages de jeunesse dont vous faîtes choux gras. Je suis une vache. Ni jérémiades, ni explications partielles ? Dur !

  16. @ Fabrice & co

    « Je vous en prie ! Assez de jérémiades ! Assez d’explications qui jamais ne rendent compte de rien. Le monde doit changer de base, je crois que cela a déjà été écrit. »

    OK! Changer de base, mais laquelle ou lesquelles?

    Paradoxe de ta phrase: la réponse s’y trouve! Rendre compte du RIEN comme principe dialectique contradictoire entre nos fonctions naturelles partagées avec les vertébrés, et la partie observable de nos comportements culturels, sains ou pathologiques.

    Le drame dans l’immédiat tient au fait que les différentes formes de pouvoir sont pratiquement toutes exercées par ceux là même qui ont le moins de pouvoir sur eux-mêmes.

    Lorsque les bases auront changé, on s’apercevra qu’elles ont la même force et la même évidence qu’une religion pour ses croyants dans sa façon d’expliquer MYTHIQUEMENT le RIEN; à la différence près que l’explication de ce même RIEN est cette fois SCIENTIFIQUE, sans que les deux approches puissent être considérées comme opposées ou exclusives l’une de l’autre.(science mythe et poème sont les résultats perceptibles de notre faculté même de langage; dans le premier cas tu adaptes au mieux le langage pour rendre compte du monde, dans le second tu rends le monde conforme aux mots dont tu disposes, et dans le troisième les rimes phonologiques – ou sémiologiques – deviennent la règle du jeu verbal)

    Bref, il s’agit juste d’imaginer des Codes contre lesquels il serait illégitime de se révolter et/ou ne pas adhérer. Le cumul des déviances pour un même individu présentant la même défaillance structurale signant ainsi un même syndrome sous jacent, là où on ne voit que des symptômes…

    Donc à ta phrase citée je rajoute juste: au boulot! (traduction pour tous les lecteurs et pardonnez la forme un peu agressive:
    1- FORMEZ vous, bordel de merde – on ne lutte pas contre des opinions ou des croyances avec d’autres opinions ou croyances. Il faut impérativement faire un pas de plus car:
    2- 99.99% de ce qui se présente à vous comme sciences humaines n’est que de la m…. justement incapable de rendre compte du RIEN de façon pertinente… et vérifiable!)

    Fabrice: Je suis totalement désolé, crois moi, de ne pouvoir t’écrire ici qu’autrement que sous pseudo. Je t’en dis ici suffisament pour que tu percoives en quoi j’attaque ici simultanément les pouvoirs, et civils et religieux.

  17. hahaha, Eugène n’est pas au courant que ces bases existent, que durant tout le XXeme siècle, et en ce début de XXIe, il y a des gens à travers cette planète qui analysent et pensent… certains sont même très connus… comme quoi, on est vraiment dans la religion…

    quand on me parle de « Raison », nettoyé de propre de « croyances » ou des « opinions », s’agissant des sociétés et des groupes humains, je dégaine le sabre et je coupe le serpent venimeux!

  18. je pense toujours aux premiers chrétiens : ils ont voulu changer de base ils ont suivi le Christ, en rompant avec leurs famille et leur quotidien…idem saint françois d’assise..on en est bien loin, nous restons tous à la base des pépères tranquilles dans nos cocons et la famille est la cellule base qui fait marcher bien et mal tout le système.

  19. @ Winston Mc Clellan,

    Gros malin qui croit tout savoir.

    Je fais allusion à la seule théorie scientifique en sciences humaines qui est une théorie de la relativité! La morale, puisqu’au fond du pb, c’est de çà qu’il s’agit, est relative, ne serait-ce que pour un même individu au cours de la journée!

    Sur ce type de question, les difficultés proviennent de ce que 1-la valorisation est une fonction naturelle partagée avec les vertébrés. l’homme ou la femme comme l’enfant peuvent valoriser tout et n’importe quoi. 2-L’humain a cette particularité d’analyser, inconsciemment aurait dit Freud, cette valorisation sans même y penser, et ainsi se distancier du naturel ou du pulsionnel en lui.

    Au bilan: double relativité, des valeurs et de la morale, et à condition qu’il y ait bien morale; ce dont je peux douter de ta part si tu est déjà prêt à sortir ton sabre avant même de t’informer plus avant.

    Oublions cette querelle inutile. Ce dont il s’agit n’est pas d’engager une chasse aux sorcières mais de ne confier de pouvoir qu’à ceux qui l’ont d’abord sur eux même en changeant ainsi les critères de leurs sélection. Ce dernier concept me rapelle que la distinction radicale ci-dessus entre les deux processus, de valorisation et morale, permet ainsi de faire celle entre choix (entre des projets valorisés) et décision (supposée morale donc acceptable sur le long terme et par tous sans soulever l’indignation -allusion aux ‘indignados’ qui ont parfaitement raison de ne pas supporter la dictature des marchés financiers, comme les pseudos théories économiques amorales donc inhumaines. Le jour où une théorie économique sera capable d’intégrer la morale comme condition de l’humanité de l’homme avec des tratégies opératoires, fais moi signe, çà m’intéresse! Dans l’immédiat ce sont bien les malades dévorés par l’ambition et leur [idée du] profit qui sont aux commandes comme au coeur des difficultés.)

    * Si tu as mieux à me proposer que ce que je suggère,j’attends avec impatience de te lire.

  20. Pauvres serpents, venimeux ou non, toujours victimes d´une langue truffée d´expressions injurieuses envers le monde animal !
    Elle est quand même bizarre cette propension de l´homo sapiens à faire endosser tous ses travers aux bêtes qui n´en peuvent mais ! 🙂

  21. Si quelqu’un est intéressé par un des liens que j’ai donné hier (Survivre au progrès), en voici une adresse visible, et que je viens d’utiliser.

    http://videos.arte.tv/fr/videos/survivre_au_progres_extrait_2_-6714740.html

    De la simplicité et de la pertinence à mes yeux, pour l’avoir vu maintenant. Et de la gêne pour ce chiffre de population humaine encore une fois pointé. J’attends toujours celui qui justifiera des morts en masse, suite logique ou presque (commençons par les vrais dépensiers, alors ).

    Y est aussi question de ce désir de bien ou de bon (ici, comme éthique, et comme religieux) qui semble nous avoir quitté avec l’aspiration au mieux (maigre bien devenu hiérarchisable et quantifiable) et le matérialisme (le résultat concret et trébuchant).

    De notre animalité, je retiens personnellement l’attachement, en plus de l’agressivité relevé dans le documentaire. Nous sommes encore des mammifères (Michel Odent), même si notre lait, lui aussi pollué, est devenu inutile, voire dégoûtant…

    Et Lewis Mumford nous rappelle qu’avec les échecs des « civilisations », des groupuscules hérétiques se sont souvent formés au dévalement, généralement en secret.

    Grand salut à tous.

  22. Votre méthode « scientifique » de sciences humaines , toute magique, qui s’applique à tous les animaux, tous les peuples (transculturelle) et à tous les temps (transhistorique), indépendamment des contextes sociaux est époustouflante.

    Cela dit, Eugène, le monde social n’est par définition pas un monde d’individus isolés qui jouent ou calculent au mieux (consciemment ou inconsciemment) avec leur morale, leurs excès en appliquant un schéma a/b = c/d.

    C’est un monde de structure collective, de forme de vie sociale ou collective, déterminé par la façon dont les individus se rapportent les uns aux autres dans l’histoire.

    Il faut historiciser et bien voir que notre forme de médiation sociale -et les formes de consciences qui lui sont rattachées, ou corrélées- est avant tout structurée par le travail et la marchandise et par conséquent le fait de considérer les autres comme un simple moyen d’obtenir ce qu’il ont produit, contre de l’argent, avec lequel ils pourront aussi voir les autres comme des moyens d’obtenir ce qu’ils ne produisent pas.

    Ce n’est pas une question de comportement individuel ou de morale, c’est avant tout une question de structure de la forme de cohésion sociale globale (c’est ça le capitalisme, pas un simple rapport de classes) où prennent place les individus sans l’avoir choisi.

  23. @ Lionel,

    Ce que je propose se joue et se vérifie précisément au niveau structural! A chaque région (continent, état, région, département, ville, rue)de l’adapter à ses particularités, possibilités ou histoire etc; tout comme il est possible que les évolutions fassent qu’une solution particulière à laquelle ma démarche s’applique n’ait plus aucun intérêt.

  24. @ Lionel … suite.

    Si Rio +20 par exemple ne débouchera que sur de la foutaise, c’est précisément parce que les différents intervenants resteront focalisés sur des applications concrètes finissant en conflits d’intérêts donc d’impossibles accords, alors qu’il faut précisément passer au niveau structural, ici éthique.

    Le vivre ensemble n’est durablement possible que par ce qui fait monde commun: langue(s), style(s) et code(s) [les parenthèses pour dire que sur une zone géophysique particulière, ou un état, plusieurs langues peuvent coexister]. Le point fondamental est celui des codes recoupant la double rationalité des deux dialectiques sociologique et axiologique. Qu’est ce qui fait l’unité du peuple juif malgré la diaspora par exemple? la halaka, code (religieux) partagés par tous, tout comme son rejet par un individu signe-signait son exclusion (l’affaire Spinoza).

  25. Eugene, ne prends pas la mouche pour si peux… moi tu vois, je te réponds, mais je suis en vérité indifférent à ta « vanne » d’introduction… je constate juste que tu es contrarié, ce qui signifie que tu crois trop en tes superstitions.

    Je ne m’intéresse pas non plus à ce que tu suggères… juste je regarde le bateau sombrer…

  26. « Ce n’est pas du côté de la dette publique qu’il faut chercher, car la crise qui affecte l’Espagne a été directement provoquée par le secteur privé : le secteur immobilier et le secteur du crédit. »

    in http://www.cadtm.org/Abordant-l-Espagne-le-cyclone

    « Alors que toute l’attention de l’opinion est dirigée vers la dette publique accumulée par les Etats, la source principale de la crise est constituée par l’état des bilans des banques privées (et des grands groupes d’assurances). Elles ont empilé d’énormes montants de dettes |2| afin de financer des opérations à haut risque qui produisent souvent des pertes colossales. De telles pertes surviennent à mesure que des contrats sur des produits structurés et autres actifs toxiques arrivent à échéance (ou « se dénouent », pour utiliser le jargon). »

    « Parmi les 800 banques européennes qui ont emprunté à la BCE ces 1000 milliards d’euros, de nombreuses entités (dont les plus grandes banques) sont de nouveau à cours de liquidités ou le seront bientôt, et elles pressent la BCE de reproduire le même type d’opération de prêts à bas taux (inférieur à l’inflation) et pour une assez longue durée. »

    Histoire de pisser dans un violon, sans doute, et cependant de ne pas lâcher !

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