Traversée du miroir (ce que pense un ponte de la chasse)

Je remercie Raymond Faure de m’avoir adressé le texte que vous lirez ci-dessous. Qui est signé par le président de la fédération des chasseurs du Pas-de-Calais, Willy Schraen. Je pense que nous tomberons d’accord sur ce point : il est très rare de savoir ce que pensent des personnes à ce point éloignées de soi. Cela n’a pas que du bon, car fatalement, on découvre de l’humanité chez ses pires adversaires. Je pense par exemple à la petite-fille de Le Pen, élue députée il y a quelques semaines. Marion Maréchal-Le Pen, que j’ai par extraordinaire vue à la télé chez un voisin, n’est-elle pas sympathique ?

Je précise que je n’entends pas rapprocher Le Pen et ce monsieur Schraen, que je ne connais pas. Mais sa lettre m’a entraîné fort loin dans l’introspection. Il serait facile de (seulement) rigoler. Ou de pleurer devant sa folle rage contre les si magnifiques cadeaux que nous offre le vivant. Je retiens notamment cet extrait sublime, dans un genre que je préférerais ne pas connaître : « Je  n’accepterai  jamais  cette  situation  et  vous  défendrai  jusqu’à  la  victoire  et  le  retour  de nos nuisibles  dans  notre  liste départementale ». L’expression « nos nuisibles » ne devrait-elle pas entrer dans une anthologie ? Vous connaissez peut-être cette phrase écrite par Spinoza dans une lettre : « Pour moi, ces troubles ne m’incitent ni au rire ni aux pleurs ; plutôt développent-ils en moi le désir de philosopher et de mieux observer la nature humaine ». Ma foi, je suis dans cet état d’esprit : je m’interroge.

Et je m’interroge d’autant plus qu’il faut et faudra toujours cohabiter sur Terre avec des personnes comme Willy Schraen. Lui imagine peut-être d’autres solutions – je l’ignore -, mais moi, je n’en vois qu’une : le partage des lieux et de ce qu’ils recèlent. Peut-être aurez-vous une idée. Que faire ? Quoi faire avec tous les Willy Schraen qui nous entourent ?

Fédération départementale des Chasseurs du Pas-de-Calais

Nuisibles 2012 : l’heure est grave ! 

Chers piégeurs, chers chasseurs,  

Je connais votre attachement à la régulation des espèces nuisibles pour la sauvegarde de nos populations de petits gibiers naturels et vous connaissez mon engagement à défendre cette approche de la chasse,  approche de gestionnaires impliqués, passionnés, travailleurs, responsables de nos territoires du Pas?de?Calais que nous partageons avec beaucoup d’autres départements. C’est  pourquoi  nous  avons  décidé  sur  ce  dossier nuisibles  2012 de  prendre  l’attache  d’une  experte  scientifique pour constituer avec nos personnels un dossier en béton que j’ai porté directement au plus haut.

Mais voilà, après quinze jours de négociations, après de nombreuses garanties données vu notre dossier tant  par  le  cabinet  de  la  ministre  que  par  notre  FNC, voilà  que  ce  lundi,  vers  20  heures,  tombait le  premier  grand  couperet gouvernemental  sur  la  nuque  de  la  chasse  Française  et  Départementale. Nous apprenions  sur  le  site  Internet  du  ministère  de  l’écologie  que  le  putois,  la belette  et  l’étourneau  étaient  retirés  de  la  liste  des  nuisibles  du  Pas  de  Calais.

Le putois et la belette sont d’ailleurs perdus pour tous les départements  de France, en plus d’une réduction  personnalisée à la carte pour certains départements, avec la perte de  la  fouine,  du  renard,  de  la  pie  ou  des  corvidés, selon la décision de notre ministre de l’écologie, Mme Delphine Batho. Après tant  d’efforts  de  notre  part,  tant  de  justifications,  d’explications, comment  ne  pas  être  fou  de  colère,  au  regard  des  dossiers  scientifiques  précis que  nous  avons  présentés.  Comment  ne  pas  ressentir  une  profonde incompréhension pour cette injustice, alors que le tribunal administratif de Lille en  mars  dernier  nous  donnait  raison  au  travers  d’une  jurisprudence inattaquable.

Il  faut malheureusement se rendre à l’évidence, nous ne sommes plus dans la raison  juridique  ou  scientifique.  Nous  sommes  entrés  à  grands  pas dans  une période où la raison d’état, la volonté  politique  d’un gouvernement, est  de  détruire  ou  de  laisser  détruire  par  les  écologistes  au  pouvoir,  la  chasse Française.  La  ministre  avait  déjà  donné  le  ton  en  annonçant  au  dernier  CNCFS sa  volonté  de  fermer  la  chasse  de  la  bernache  du  Canada  dès  le  31  janvier, préparant ainsi le  terrain pour empêcher toute forme de chasse des migrateurs après cette date. Je  vais  d’ailleurs  demander  également  le  compte  rendu détaillé  de  ce  même  CNCFS,  qui  a  vu  à  nouveau  une  certaine  dérive  dans les attitudes d’une  partie  des  personnes  qui  composent  cette  commission.  Si le besoin  devait  s’en  faire  sentir,  je reviendrai  sur  ce  point  dans  les  semaines qui viennent.

Mais ce n’est  pas tout.  Lors de  la dernière  réunion  d’AEWA qui s’est  tenue  il y a quelques  jours  à  la  Rochelle,  quelle  ne  fût  pas  là  aussi  ma  surprise  d’apprendre que  l’ONCFS,  organisme  d’état,  subventionné  en  partie  par  les  chasseurs, a présenté un graphique attestant que la sarcelle d’hiver et le canard siffleur sont en grand danger en Europe. La  possibilité  de  mettre  un  moratoire de fermeture  sur  ces  deux  espèces  avant  la  fin  2013  semble plus  que  jamais d’actualité.

Quand  on  voit  que  nos  dossiers  scientifiques  sur  les  nuisibles  n’ont  même  pas  été  ouverts,  on  ne  se  pose  même  plus  la  question  de  l’orientation  politique  qui est  donnée  à  ces  estimations  de  population.  Il  est  fort  regrettable  que  les données  techniques  fournies  par  les  chasseurs  soient  systématiquement mises de côté.

N’y aurait-il pas un délit de sale gueule contre nos dossiers scientifiques ?

Ne nous voilons pas la face, comme on dit chez nous : « On va prendre cher, très cher ! » Les  écologistes, petit  groupuscule  suivi  par  à  peine  2%  des  votants  aux  dernières  élections, ont  prouvé  toute  leur  emprise  sur  le  gouvernement  actuel. Mais  la  question  demeure  néanmoins  posée,  ont?ils  réellement  eu  besoin de convaincre la nouvelle patronne de l’environnement pour agir de la sorte ?

Ces décisions politiques sont inacceptables et je ne les accepterai jamais.
La  chasse  du  petit  gibier  naturel  est  un  symbole  et  ces  espèces  ont  besoin  de  notre  implication,  voilà  ce  que  nous  entendons  défendre,  voilà peut-être ce qui gêne ! Et bien voilà ce qui va encore plus nous motiver. Qu’allons-nous faire ? Le  ministère  vient  de  mettre  en  place  une  consultation  publique,  via  son  site  internet.  Pour  vous,  il  est  donc  urgent  d’y  répondre  et  de  faire  répondre  un maximum  de  personnes  avec  des  écrits  argumentés  en  utilisant  le  lien  ci?dessous  et  en  vous  inspirant  de  l’argumentaire  qui  vous  est  fourni.  Dire  que l’on  n’est  pas  d’accord c’est bien, mais  sachons aussi  expliquer clairement pourquoi, cd sera encore mieux.

De  mon  côté,  je  suis  déjà  en  train  de  préparer  notre  attaque  au  conseil  d’état, car  notre  cause  est  juste,  et  la  justice  saura  je  l’espère  entendre  et  reconnaître nos  arguments.  La  nuit  du  4  août  1789,  qui  a  vu  la  fin des  privilèges  et  la naissance  d’une chasse  populaire et  rurale,  ne  prendra  pas fin un après midi  de juillet 2012, soyez?en sûr !  Dans  les  jours  qui  viennent,  je  vais  écrire  à  nouveau  au  Président  de  la République  Française,  qui  nous  avait  promis  une  écoute  attentive  aux arguments  scientifiques  de  notre  passion.  J’espère  avoir  enfin  une  réponse  à mes  courriers,  ce  qui  n’a  pour  l’instant  pas  été  le  cas.  Je  lui  rappellerai  notre  solide  dossier,  la  jurisprudence  du  tribunal  administratif,  mais  aussi  le  soutien massif  des  maires  du  Pas?de?Calais,  ainsi  que  celui  de  nos  députés  et  de  nos sénateurs.

Depuis  deux  jours,  le  téléphone  ne  fait  que  sonner,  et  nombreux  sont les  présidents  d’associations  qui  désirent  en  découdre  avec  l’état  à  travers des actions  surmédiatisées  comme  les  manifestations,  par  exemple.  Leurs  collectifs décideront  dans  les  jours  qui  viennent  s’ils  arrêtent rapidement d’une  date  au département, à  la  région,  ou  au  national.   Quoi  qu’il  arrive,  tous  les  élus  de  la fédération  seront  présents  ce  jour là,  unis  pour  défendre  tous  les  chasseurs  et tous  les  modes  de  chasse.  Notre  site  vous  tiendra  bien  sûr  au  courant  des  actions à venir.

Je  compte  sur  vous  pour  vous  investir  dans  cette  action  de  résistance  et  de rébellion  républicaine,  et  sachez  que  je  n’accepterai  jamais  cette  situation  et  vous  défendrai  jusqu’à  la  victoire  et  le  retour  de nos nuisibles  dans  notre  liste départementale.

Au final, j’en appelle également à tous les Présidents des fédérations, ainsi qu’àtous  les  chasseurs  de  France,  afin  qu’ils  nous  rejoignent  dans  ce  combat légitime pour l’unité et la survie de toutes les chasses de France.

Je compte sur vous, amitiés en Saint Hubert. 

WILLY SCHRAEN, Président  des  Chasseurs  du Pas?de?Calais

La consultation publique est disponible à l’adresse ci?dessous :

http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/nuisibles-g2

Proposition de réponse à la Consultation :

Madame la Ministre,

Je soussigné (nom, prénom), gestionnaire et acteur du monde rural, ne donne pas mon accord  pour le projet d’arrêté ministériel concernant le classement des nuisibles car les espèces Putois, Belette et Etourneaux sansonnet ne sont
pas reprises dans le projet d’arrêté alors qu’il est reconnu que ces espèces sont
largement réparties sur le territoire départemental du Pas?de?Calais, qu’elles
causent de nombreux dégâts à la faune sauvage et qu’elles sont vectrices de
maladies. En respect avec ces motifs de classement, je souhaite donc voir le
retour de ces trois espèces dans l’arrêté nuisibles ainsi que le maintien du projet de classement nuisible des espèces de fouine, renard, corbeaux freux,
corneille noire, pie bavarde pour l’ensemble du département du Pas?de?Calais.

La lettre originale est là : courrier-consultation-nuisibles.pdf ukoutletsonline ukoutletsonline

23 réflexions sur « Traversée du miroir (ce que pense un ponte de la chasse) »

  1. Je n’ai pas lu le texte des chasseurs ci-dessus, je le confesse. Pas envie du tout. J’ai juste lu celui de Fabrice.
    Mais des chasseurs, j’en connais de près quelques-uns depuis dix ans. Ils ne sont pas à mettre tous dans le même sac, et je ne me risquerai à aucun jugement simpliste et définitif. Je veux juste rapporter — outre l’usage récurrent de ce mot, les « nuisibles », pour désigner l’ennemi — une phrase qui m’avait un peu éclairée, justement, sur ce qui peut se passer dans la tête de « tous les Willy Schraen qui nous entourent ». Elle est de mon voisin (chasseur de sangliers), qui à propos de je ne sais quelle modification règlementaire dont il était question à l’époque (il y a deux ans), parlait quasiment de révolution(lui qui pour tout le reste conclut d’un fataliste « Qu’est-ce que tu veux, c’est comme ça! »), considérant que le droit à la chasse (droit fondamental de l’Homme s’il en fût — l’Homme avec un grand et GROS H, hein) était menacé :

    « Qu’est-ce qu’on ferait si y avait pas la chasse ? On se ferait chiiier! »

    L’écrit ne rend pas justice au charme de l’oral, c’est dommage. Mais enfin on entrevoit l’essentiel.

  2. Les bras en tombent. Une fois, j’ai entendu un chasseur poète évoquer, ému, la beauté d’un vol de canards dans le ciel rosé de la baie de la Somme à l’aube et son coup de fusil…

  3. merci Fabrice pour cet etonnant et rare document que je fais suivre a tout les concernés,on bataille fort a ce moment pour empecher ces arrêtés iniques qui vont empêcher de faire déclasser ces bêtes de nuisibles a non nuisibles,a quand la fin de la chasse.

  4. Bonsoir,
    je n’ai pas la sagesse de Spinoza et j’ai vraiment très envie de pleurer face à un aussi parfaite négation du vivant ; des gars comme ce monsieur il y a plein ici, aussi sûrs de leur bon droit à dégommer ,traquer , tirer, exterminer tout ce qui bouge en affirmant que c’est bon pour la biodiversité ! je vis dans un pays, le Vercors ou il y a des loups. je vous laisse imaginer les non-débats locaux .
    Hier deux circaètes Jean le Blanc au dessus de la maison nous ont régalés de leur beauté tout au long du repas pris sous le tilleul. merci à eux .

  5. Bonsoir,
    En lisant le texte de ce monsieur,je me demande:mais qui sont vraiment les nuisibles?

    Dans mon tout petit village ,les chasseurs n’hésitent pas à tirer au travers de leur voiture pour être sûrs de ne pas rater leur cible!!!!

    Je ne peux m’empécher de repenser à la Galinette Cendrée…………

  6. Que faire ?

    Ne me voyant pas entrer dans une bijouterie charcuterie en disant bonjour Monsieur le scientifique… un steack siouplé !

    Leur dire et répéter ce qu’ils sont… des assassins.

    Participer contre ces stupidités en rejoignant les assos qui s’engagent pour la protection des « puants » et autres « becs droits ».

  7. « Peut-être aurez-vous une idée. Que faire ? Quoi faire avec tous les Willy Schraen qui nous entourent ? »

    Déjà interdire complètement la chasse/ piégeage et la vente de fusils serait un bon début .. CVN l’argumente très bien mais on semble en être loin quand on voit la chasse au gluau (une joyeuseté du SE de la France) autorisé dans le PN des Calanques

  8. La devise, les glands et le chasseur-piégeur… geais des chênes qui déconnent !

    bof ! moyenne… à mettre dans le quart de réserve.

  9. Je pense que les plus gros nuisibles pour la chasse sont :
    – les mono cultures sur des grandes surfaces > homo capitalus
    – la diminution dramatique des haies depuis 1960 > homo capitalus
    – la segmentation de la nature par une densification du réseau routier > homo bagnolus
    – la pollution par les pesticides et autres « ides » qui affaiblissent les animaux de la chaine alimentaire > homo capitalus
    – l’urbanisation des campagnes > homo bagnolus
    – la concentration des animaux d’élevages vecteurs de maladies > homo capitalus

    C’est bien pratique d’accuser les animaux d’une situation qu’ils subissent. J’ai beaucoup de mal à imaginer un sanglier qui va faire ses courses à Gamme Vert, un loup qui va acheter du royal canin au supermarché ou une belette qui va acheter du pigeonneau chez le boucher du coin.

    PS : Dois je craindre pour ma vie, étant un hérisson, suis je un nuisible exterminateur ?

  10. Voici un courrier de l’ASPAS :

    Il y a quelques jours, nous vous avons demandé d’écrire au Ministère pour vous exprimer contre le nouvel arrêté, qui on le rappelle permettait une destruction injustifiée de nombreuses espèces autochtones (renard, fouine, martre, belette, putois, geai dies chênes, pie bavarde, étourneau sansonnet, corneille noire et corbeau freux).

    Face à une forte mobilisation des chasseurs auprès des parlementaires, et pour que ces derniers n’aient pas qu’un seul écho, nous vous invitons expressément à vous mobiliser en écrivant au Député et au Sénateur de votre département en recopiant, ou en vous inspirant de la lettre ci-dessous et en pièce jointe.

    Voici les liens qui vous aideront à trouver les adresses de ces derniers :

    L’adresse du Député de sa circonscription :

    http://www.assemblee-nationale.fr/14/qui/circonscriptions/index.asp#026

    L’adresse du Sénateur de son département :

    http://www.senat.fr/senateurs/sencir.html

    L’ASPAS, fidèle à ses actions en faveur de la faune sauvage, fera tout son possible pour faire modifier cette nouvelle législation. Mais nous comptons aussi et surtout sur vous, pour réagir dés à présent !!

    Nous comptons sincèrement sur votre mobilisation massive pour écrire au Parlement !

    D’avance merci de votre engagement pour la nature et les animaux sauvages,

    L’équipe de l’ASPAS.

    Modèle de lettre :

    Monsieur/Madame le Député,

    Monsieur/Madame le Sénateur,

    Par un décret du 23 mars 2012 et à la demande des chasseurs, la réglementation relative aux espèces nuisibles a fait l’objet d’une importante refonte. Un projet d’arrêté concernant la destruction de nombreuses espèces autochtones a été mis en consultation publique le 9 juillet.

    Dans ce projet d’arrêté, le classement du putois et de la belette n’est prévu sur aucun des départements, et nous vous félicitons pour cette avancée, qui prend en compte les dernières données et recommandations scientifiques, ainsi que l’abondante jurisprudence sanctionnant systématiquement le classement de ces espèces.

    Cependant, l’état des populations de ces espèces reste inconnu et mériterait de les supprimer totalement de la liste des espèces nuisibles, d’autant que le Putois est en régression au niveau européen, tout comme ses biotopes.

    Il aurait également été possible de se réjouir d’une seconde avancée : la restriction du classement de nos mustélidés dans un rayon de 250 mètres autour de certains bâtiments. Cependant, nous observons que la nature de ces bâtiments n’est pas précisée, et que la superficie choisie reste très importante (plus de 19 hectares autour de chaque bâtiment). Une distance beaucoup plus réduite permettrait de prévenir plus efficacement les dommages et faciliterait le contrôle de la légalité du piégeage.

    Cette disposition est d’ailleurs sans effet, dès lors qu’un arrêté du 3 avril 2012 classe certaines espèces exogènes sur tout le territoire français. Martre, putois, belette, fouine, mais également espèces protégées et animaux domestiques seront nécessairement les victimes collatérales des pièges posés pour ces espèces exogènes.

    Nous sommes également étonnés des régressions importantes qui jalonnent cette décision.

    Le rôle des espèces dans les équilibres biologiques, ainsi que les services écologiques qu’elles procurent ne sont pas pris en compte. D’innombrables données scientifiques ont clairement établi l’utilité des prédateurs naturels dans leur environnement. Ces espèces participent également à la dissémination de la flore par propagation des graines dans leurs excréments ou par la façon de se nourrir. Le Geai des chênes qui joue son rôle dans la biodiversité en propageant les glands de chêne est un parfait exemple de zoochorie.

    Le renard est classé dans la totalité des départements, tout comme les espèces exogènes. Ce classement généralisé ignore encore une fois le problème des prises accidentelles causées notamment par la pose du collet à arrêtoir, dont la loutre peut être victime. Ce classement ignore également le rôle de police sanitaire joué par cet animal, ainsi que les services qu’il rend aux agriculteurs en éliminant de nombreux micro-mammifères ravageurs de récoltes et de cultures. Cette espèce offre une méthode de lutte alternative naturelle et gratuite contre ces rongeurs.

    De plus, le renard, comme le putois, est un prédateur principal du lapin de garenne. Il devrait, dans les zones où ce lagomorphe est classé « nuisible », y avoir un statut « spécial » en tant que collaborateur « à peu de frais ».

    La belette, quant à elle, est le principal prédateur de la taupe (Talpa europaea), espèce souvent indésirable. D’un poids de 65 à 125 grammes, ses proies privilégiées sont le campagnol et le mulot sylvestre.

    Nous vous rappelons également que le renard et les corvidés, classés également dans de très nombreux départements, sont des espèces territoriales. Leur destruction est donc inutile voire contre-productive, puisque les territoires laissés libres par un individu tué sont rapidement recolonisés par un nouvel individu et de nombreux individus éliminés entraînent une augmentation du taux de reproduction. Ces espèces s’auto-régulent et toute intervention extérieure appellera une réponse comportementale qu’il conviendrait de prendre en compte.

    Par ailleurs, nous nous étonnons que des espèces prédatrices peuvent encore faire l’objet de destruction dans le seul but de limiter la prédation qu’elles exercent, qui plus est sur des espèces par ailleurs chassées. Cela revient à nier le rôle de la prédation dans les équilibres d’un milieu. Nous vous rappelons que les études menées dans ce domaine montrent que la limitation des prédateurs n’a aucun impact sur l’état des populations de leurs proies à long terme.

    Les martres, fouines et pies bavardes pourront être détruites sur les territoires où des actions de restauration de populations d’espèces sauvages sont prévues par le schéma départemental de gestion cynégétique. Or ces schémas, rédigés par les chasseurs pour les chasseurs, visent les seules espèces qui présentent un intérêt à leurs yeux. Cela revient donc à privilégier des espèces gibier issues d’élevage, inadaptées à la vie sauvage (et parfois exogènes), aux espèces prédatrices autochtones. La chasse reste un loisir et ne devrait pas primer sur l’intérêt général.

    Le classement de la martre correspond aux zones à tétras. Or, l’impact négatif de cette prédation sur l’état des populations de Tétras-lyre et Grand tétras n’est pas établi. Pour preuve, le Grand tétras n’est plus présent dans les Alpes françaises alors qu’en Suisse, où la martre est protégée, leurs populations sont préservées. De plus, ces espèces restent parallèlement et paradoxalement chassées, comme le dénoncent les associations de protection de la nature depuis de nombreuses années. La gestion de ces tétraonidés en mauvais état de conservation apparaît ainsi de plus en plus partiale et incohérente.

    D’un point de vue purement légal nous nous interrogeons sur la rédaction de ce nouveau texte qui semble imposer la recherche de solutions alternatives à la seule destruction par tir. Or, les directives Oiseaux et Habitats, imposent cette recherche à tous les modes de destruction, et notamment au piégeage.

    Cette réforme aurait également été l’occasion de faire évoluer cette réglementation qui brille par son archaïsme. En particulier, elle aurait été l’occasion d’interdire enfin le déterrage et l’enfumage, pratiques archaïques et barbares, cruelles et dérangeantes pour les espèces, parfois protégées, qui peuvent occuper le même terrier. Souffrances aussi inutiles qu’inacceptables, au nom d’une prétendue nécessaire régulation.

    Enfin, cet arrêté est adopté pour trois ans. Nous soulignons l’incohérence de cette réforme étant donné que, parallèlement, le classement des espèces exogènes et des espèces causant le plus de dégâts (notamment le sanglier) est revu tous les ans.

    Par la présente, nous sollicitons votre bienveillance et vous demandons d’agir auprès du Ministère afin de prendre en compte ces éléments, et d’adapter cette législation aux contraintes de l’agriculture moderne et aux aspirations de la population.

    En vous remerciant, nous vous prions d’agréer, Madame/Monsieur le député/le sénateur, l’expression de nos salutations distinguées,

    Vos nom/prénom/signature

  11. toutes cette énergie pour éliminer,buter des etres vivants(même si cela était justifier,ce que je ne crois pas bien sur),alors que d’autres causes sont infiniment plus crucial,me laisse perplexe ,triste.

  12. Ça me réconcilie avec Delphine Batho. Elle n’est pas si mal pour une socialiste. Au moins elle fait son boulot (et pour le nucléaire ?)

    À quand la protection du Blaireau ? (encore nuisible en France et en Espagne, protégé dans le reste de l’Europe… réintroduit en Belgique, après anéantissement).

  13. Pourquoi ne pas défendre les Poissons aussi ? Sur le plan scientifique, pour ceux qui savent lire des articles en éthologie, je conseille les travaux de L. Sneddon sur les truites. Pourquoi l’aspect purement scientifique et psychologique de la douleur n’est-il pas retenu ? A partir du moment où la perception de la douleur est démontrée comme consciente avec des protocoles solides(chez les Poissons mais aussi chez les Crustacés),la barbarie de ces saligauds bouffeurs de homards et des amoureux de la torture sur Poissons (scilicet les pêcheurs) mériterait autre chose que l’oubli ! Mais beaucoup de prétendus écologistes se goinfrent de crabe et d’écrevisse (et vont s’en lêcher les doigts à Noël)donc silence ! Partialité quand tu nous tiens !

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