Vers une nouvelle révolution verte

Tout change, si vite qu’on ne sait plus quoi penser. J’ai rapporté ailleurs l’une des phrases les plus saisissantes à mon avis du grand historien Fernand Braudel. Dans L’identité de la France, il note ceci : « Le chambardement de la France paysanne est, à mes yeux, le spectacle qui l’emporte sur tous les autres, dans la France d’hier et, plus encore, d’aujourd’hui », ajoutant ces mots terribles : « La population a lâché pied, laissant tout en place, comme on évacue en temps de guerre une position que l’on ne peut plus tenir ».

Ainsi aura disparu la France paysanne, qui était une civilisation stable. Stable ne veut pas dire guillerette, heureuse, généreuse. Stable veut dire stable. Des gens naissaient en sachant que leur travail – un muret de pierres sèches en haut d’une pente – ne prendrait tout son sens que bien plus tard, après la mort en toute hypothèse. Inutile de vous faire le tableau des jours survoltés que nous vivons et plus encore subissons. Il n’y a d’autre règle que l’extrême rapidité et d’autre vision que celle du clip. Clap.

Mais l’agriculture est au fondement de tout, même si nous ne voulons plus en parler. Sans elle, plus aucun projet humain. Or, elle est plus que malade, car elle a pour l’essentiel disparu. Une agriculture devenue industrielle n’est plus une agriculture, c’est une industrie. J’ai été frappé, le mot est bien faible, par la lecture répétée d’un journal inouï, Le Mag Cultures. Il s’agit du « magazine agricole grandes cultures », exprimant la quintessence de ce qu’est devenue notre agriculture aux mains des marchands. Disons-le, c’est de ce point de vue un chef d’oeuvre que je vous invite à lire. Des PDF peuvent être chargés gratuitement (http://www.le-mag.fr).

Ce magazine raconte aussi l’avenir, qui est radieux, qui est sublime. Nous sommes à la veille d’une deuxième révolution verte, d’une réorganisation radicale de l’agriculture mondiale. Encore une. Les marchands anticipent, figurez-vous, à notre notable différence. Ils savent que le pétrole a commencé son chemin de croix, et que toute l’économie d’une industrie fondée sur l’empoisonnement par les pesticides et les engrais en sera affectée.

Ils savent de même que la crise alimentaire et ses spectres hideux menacent l’humanité. Ils savent en outre que la planète est dévastée sur le plan écologique, que l’eau va manquer pour l’irrigation, que les sols meurent, que les surfaces manquent, que la productivité stagne, que la demande de nourriture explose pourtant. La situation ressemble, au premier abord, à quelque quadrature du cercle.

Mais pas pour eux, qui ont l’optimisme – de commande – chevillé au corps. Interrogé par le Mag (n°35, page 19), Michel Griffon, responsable des questions d’agriculture à l’Agence nationale de la recherche (ANR), résume le tout de cette façon : « Pour moi, nous allons vivre rien de moins qu’une nouvelle vague technologique dans l’agriculture ». De cela, nous pouvons être sûrs.

À quoi cela ressemblera-t-il ? Devinez un peu. En 2005, la France officielle a décrété 66 pôles de compétitivité prioritaires sur le territoire, dont 12 concernent l’agriculture et/ou la consommation. Il fallait mieux engager notre pays dans cette guerre de tous contre tous, où il nous faut triompher, ou périr. Ce qui devient passionnant, c’est la manière dont ces pôles, arrosés de subventions, sont intitulés et organisés.

C’est passionnant, il n’y a pas d’autre mot. Je vous donne quelques exemples, dont vous jugerez. Une structure à « vocation mondiale » a ainsi été imaginée dans les Pays de la Loire, chez cet excellent monsieur Fillon. Son nom est à lui seul un programme : Végépolis, mise en scène par le non moins prodigieux Comité interprofessionnel du végétal spécialisé (CIVS). Attention, mastodonte. Végépolis regroupe huit filières : horticulture et maraîchage, arboriculture, semences, viticulture, plantes médicinales et aromatiques, champignons, cidriculture, tabac. Moyens : 500 chercheurs et enseignants-chercheurs, 2 500 étudiants, 25 000 emplois, 4 000 entreprises.

Il n’est pas encore temps d’applaudir. Les autres pôles s’appellent Innoviande, « spécialisé dans les techniques de l’abattage, de la découpe et de la transformation des produits carnés », Pôle européen innovation fruits et légumes, Industries et agroressources, etc. Un petit commentaire sur le dernier nommé, qui entend bien prospérer grâce aux fameux nécrocarburants dont je vous rebats les oreilles depuis la sortie de mon livre sur le sujet. Agroressources, que de crimes ! Dans la novlangue inépuisable de ses promoteurs, ce pôle se concentrera sur les « bioénergies, biomatériaux, biomolécules, ingrédients alimentaires ». J’aime beaucoup les ingrédients alimentaires. Pas vous ?

Bon, croyez-moi, l’agriculture industrielle n’a pas dit son dernier mot. Connectée au boom en cours sur les nécrocarburants, entée sur la florissante industrie des nanotechnologies, elle travaille, vaillamment, à notre bonheur commun. Mais nous ? Je ne vais pas développer ici, mais nous devrions peut-être nous dépêcher un peu plus. Car, comme à notre déplorable habitude, nous nous dispersons, nous nous perdons en route.

En 1999, j’ai eu le tort de croire que naissait quelque chose de neuf autour de José Bové. Ce n’est pas le moment de tirer ici le bilan de cette si décevante aventure. Notez cependant que, pour l’heure, notre mouvement s’est enlisé dans un combat d’arrière-garde contre les OGM. Certains d’entre vous n’apprécieront pas, je le sais, mais telle n’est pas ma vocation de satisfaire tout le monde.

Le combat contre les OGM est nécessaire, mais il est d’arrière-garde. Il vaut mieux le savoir, et le dire. Des centaines, des milliers de valeureux se seront épuisés, en vain. La machine a passé et passera. Tandis que l’adversaire nous tenait dans ce face-à-face devenu stérile, la tragédie planétaire des nécrocarburants avançait sans rencontrer la moindre résistance. Et le Grenelle de l’environnement achevait de transformer ce qui fut une lutte honorable en une comédie de boulevard. Que ceux qui peuvent encore en rire se procurent, quand il sera disponible, le projet de loi sarkozien sur le sujet.

Il existe une autre voie. Je prétends qu’il faut rassembler de toute urgence une coalition encore jamais vue en France. Autour des questions d’alimentation, de consommation et donc d’agriculture. Il faut proclamer que nous souhaitons venir à bout, ni plus ni moins, de l’industrie de l’agriculture. En pointillés, cette coalition existe déjà, autour d’un bloc qui réunirait la Confédération paysanne, les associations écolos de terrain, présentes au Grenelle, des associations de consommateurs, etc.

Certes, un tel rassemblement serait difficile à réunir. Mais on apprend en marchant. Savez-vous que, pour la première fois de son existence, la FAO a reconnu que l’agriculture bio était capable de nourrir le monde entier, à un coût écologique incomparablement moindre ? Voilà la base de la coalition : nous n’avons pas besoin de l’agriculture industrielle. Et nous ne voulons plus de ses produits infâmes. Il est temps de penser à une agriculture de l’avenir, en France pour commencer, qui tourne le dos, radicalement, à ce passé détestable.

Moi, je pense que tout reste possible. Il existe des terres; il existe des hommes et des femmes prêts à s’en occuper; il existe un chômage de masse et un désespoir immense; il existe encore, bien qu’elle soit cachée pour l’heure, une énergie gigantesque. En somme, il n’y a plus qu’à se mettre en mouvement. La voilà, ma (vraie) révolution verte.

32 réflexions sur « Vers une nouvelle révolution verte »

  1. C’est à dire, Fabrice, si j’ai bien lu, que vous proposez de repeupler les campagnes avec les citadins qui n’en peuvent mais ?
    Moi aussi je le pense depuis un certain temps. Ce serait intéressant que vous nous donniez quelques détails « techniques » auxquels vous avez forcément réfléchi.

  2. Je crois que vous avez l’envergure de fédérer un tel projet concret : sûr que les pointillés sont là, les colibris multiples et partout, mais pas assez fédérés pour être entendus. Parce que maintenant il faut crier plus fort après avoir passer des années à penser, oeuvrer, s’informer. Il faut se faire entendre, faire entendre qu’on ne veut pas s’empoisonner, qu’on veut plus de pouvoir de non-achat, plus de temps pour travailler la Terre.

  3. Sans rapport,
    puis-je me permettre de vous signaler les dernières livraisons du Monde 2, qui je crois mériteraient de passer au crible de votre plume sans pitié:
    – il y a qq semaines, un dossier épouvantable sur la « géoingénierie »
    – ce samedi, la fantastique ouverture du passage du nord-ouest et les bons-cadeaux « compensation CO2 »
    Lire des choses pareilles dans des publications qui sont lues par des dizaines de milliers de personnes qui, en tant que décideurs ou élites intello-politico-économiques, vont être nécessairement influencées par des papiers présentant avec tant de candeur ces sujets donne envie d’envoyer en camp de rééducation les journalistes qui s’en rendent coupabbles.
    ce message a le droit de s’autodétruire après lecture.

  4. tout reste possible…ou il y a encore du possible, en se bougeant…assez vite ! en ce qui concerne les luttes d’arrières gardes, pas certaine que les ogm en fassent partie .Car c’est un système, abominable en tous points et bien rodé qui progresse chaque jour
    1- je te vends des semences (appropriation du vivant)
    2- qui supporte mes pesticides (contamination du vivant par OGM et produits fortement dosés en primes)
    3-Si t’es malade , je te soignes (vous saviez que chez Monsanto, on fait aussi dans l’anti-cancereux ?)
    4- j’t’ai bien possédé
    donc une lutte nécessaire comme tu le dis toi-même, Fabrice .
    evidemment, la grosse cerise sur le gâteau , ce sont nos nécrocarburants, on est d’accord .Mais c’est toute une logique de nécroculture contre laquelle on doit lutter, par tous les bouts .Dire « non » une fois pour toute, à l’industrialisation de la mort .

  5. Pour sauver la nature sauvage,promouvoir l’agriculture bio et les utilisations soutenables de la nature, ne faut il pas tout simplement créer une grande association destinée à acheter les terres et à sanctuariser la nature ou ne la louer qu’à des utilisateurs respectueu?

  6. D »accord avec cette manière de voir « la révolution verte ». Je pense que ma façon de me nourire, d’acheter, de refuser l’appellation contrôlée de consommateur, comme par ailleurs dans un feuilleton ancien on dirait « …bonjour chez vous N°6… », équivaut largement à un bulletin de vote. Elle me plait cette idée, cet espoir de fédérer des énergies face à l’inaceptable…

  7. Bon OK, mais en pratique, je fais comment ? Je veux bien devenir peu à peu auto-suffisant, réapprendre à faire de la confiture, boycotter la bouffe industrielle, me chauffer de manière écologique, produire mon énergie, recycler tous mes déchets, mais le terrain où est bâtie ma maison ne fait que 700 m carrés. Si je le laboure pour installer des pompes à chaleur sous chaque massif de fleurs, si je supprime les vieux arbres où nichent plein d’espèces d’oiseaux, (et où qu’ils vont aller, les oiseaux, hein ?) si je plante des récupérateurs de flotte sous toutes les goutières et une forêt d’ éoliennes sur le toit, où pourrais-je trouver de la place pour y mettre des patates et élever un cochon ? Et le tas de fumier, et le garage à vélos, hein, Fabrice, je les met où ?

  8. Ysengrin, tu pointes du doigt un problème interessant et évident .on ne peut construire un monde qui respecte chaque être vivant sans réflexions appronfondies .Il est stupide de couvrir un toit de pavillon des années 70 de panneaux solaires avant de songer à mieux l’isoler .il est stupide de l’isoler avec de la laine de verre quand on a la laine de bois .il est stupide d’utiliser de la laine de bois qui provient de forêt non auto-gérée, ect,ect .mais ce n’est pas impossible , loin de là, et la vie est bien plus facile quand on est rentré dans ce type de logique, plus libre (on ne dépend plus des différents lobbies qui répètent inlassablement via la pub qu’on ne vaut rien sans eux) plus agréable aussi, plus solidaire et donc plus gaie, ect .En pratique, l’auto-suffisance, ça ne me parait pas très interessant, des systèmes solidaires (amap, cigales donc micro-crédits, éthique, ect) c’est une non-coopération joyeuse qui a du poid politiquement et économiquement .le plus simple est deréapprendre à se faire confiance, en soi et ensemble, et vite .

  9. Les pôles de compétition sont d’abord des pôles de corruption active et passive. Il s’agit aussi de corrompre l’esprit des gens qui y travaillent et étudient. De ce point de vue c’est sûrement efficace. Il y a certainement beaucoup de petits et de grands Raffarin et Allègre qui viennent se nourrir dans ces endroits. Pour le reste c’est du flan ce sont des Z.I. quelconques desquelles ne sortira pas grand chose. Les pôles servent à nous faire croire à un dynamisme et une capacité d’innovation qui ne sont en vérité que de façade. Ces pôles excellent surtout dans la normalisation et l’uniformisation de la pensée et de la recherche et ils participent ainsi des tendances totalitaires de cette société.
    Quant au MAGcultures c’est encore une revue qui a les yeux rivés sur les annonceurs, fait par des gens qui n’ont jamais éprouvé le moindre désir de penser par eux mêmes. La presse agricole est une caricature poussée à l’extrême de cette presse qui défend depuis toujours l’état des choses au lieu de l’analyser. Le MAGcultures devrait s’appeler MAGdaube.
    Que dire par rapport aux OGM? Peut-être ceci: Lisez tout ce que vous trouvez sur le net concernant Séralini et les OGM.
    Je suis d’accord pour que nous nous unissions enfin. Mais demandons-nous aussi pourquoi jusqu’ici le citoyen n’a pas rejoint le mouvement. Ne faisons pas l’économie d’une analyse de cette société. Et sachons à qui et à quoi nous avons à faire. Afin de mettre un terme à mes balivernes je vous livre le hit-parade des plus grandes laiteries mondiales pour 2006 (C.A. en Mds €):
    Nestlé CH 14,8
    Lactalis F 8,3
    Danone F 7,9
    Dean Foods USA 7,4
    Arla Foods DK/S 6,9
    Fonterra NZ 6,7
    DFA USA 6,3
    Kraft Foods USA 5,1
    Unilever NL/UK 4,4
    Friesland Foods NL 4,4
    Mangeurs d’immondices de tous le pays unissez-vous!

  10. intéressante l’idée de Bébert le vert. ce serait peut être plus efficace que l’argent de toutes les ONG ou assoc ,pour améliorer l’environnement, aille dans l’achat de terres plutot que dans certains combats.
    mais va en falloir de l’argent pour racheter la france !
    j’ai déjà à ce jour 200 m carrés ;o)) avec la maison dessus. + les 700 d’Ysengrin, nous voila déjà à 900 m carrés.

  11. Pour résumer le constat de Fabrice, le marteau aurait cassé la faucille donc! Mais comment cela a-t-il été possible? Certainement pas par la dénaturation du bon sens paysan, mais par la dispartion pure et simple de cette catégorie sociale, remplacée qu’elle a été par des ingénieurs chercheurs techniciens à l’identique du schéma de l’industrie. L’empirisme a laissé la place à l’analyse scientifique qui elle même a, tout naturellement, fait appel à l’analyse financière le tout sous l’impulsion de nos dirigeants politiques. Comme, je pense, l’article de Fabrice veut le montrer, nous en sommes arrivés au quasi point d’inflexion, à une prise de conscience relayée aussi par le corps médical et ses études épidémiologiques. La question que je me pose ce n’est pas tant quand le cap va être franchi (la démonstration de l’urgence est là) mais quel déclic, quel levier viendra faire basculer les choses. Je ne pense pas que cela puisse venir du dernier bout de la chaine (le consommateur), ni du premier (le producteur), ni de l’intermédiaire (le politique) alors qui?

  12. Il faut comprendre que le discours agronomique est essentiellement idéologique et non pas scientifique. Pour arriver à quelque chose il faut d’abord détricoter ce discours. Ensuite on pourra démontrer de quelle nature est cette agriculture, à quoi elle sert et qui s’en sert à notre désavantage.
    Un consommateur désinfantilisé pourra se manifester, manifester tout court même, boycotter, bloquer……….

  13. Quel déclic ? Je serais tenté de répondre une crise économique d’envergure, comme celle qu’a connue l’Argentine en 2000 – la politique de Menem qui y a conduit présentait pas mal de points communs avec celle de S.P.S. (Sa Petitesse Sérénissime) Zykochar Ier.
    Après la crise, beaucoup d’Argentins se sont mis à cultiver des lopins de tere, simplement parce que c’était leur unique moyen de survie.
    Mais quand je vois ce qu’il en est sept ans après et l’invasion des OGM en Argentine, je suis tenté de répondre: ben, euh… non, c’est pas ça non plus ! Peut-être une multitude de déclics individuels ?
    Personnellement j’ai comme une vague intuition que si ce genre de déclic individuel se produit, il ne pourra pas concerner QUE l’agriculture. Il faudrait déjà chercher si en nous-mêmes ne se cache pas ce que nous dénonçons à l’extérieur : comme disait Vol-Terre, « il faut cultiver notre jardin ». Certains penseront peut-être que je délire, ou que cela n’a rien à voir avec le sujet, mais tant pis : je suis convaincu que l’état actuel du monde extérieur est intimement lié avec l’état de notre monde intérieur.

    Pour dire les choses autrement : l’agriculture, ça concerne essentiellement l’alimentation de nos corps. Mais je n’apprendrai à personne que la musique est aussi une nourriture (de l’âme, ou nourriture spirituelle, comme vous voudrez, peu importe…) Ça peut paraître étonnant, mais pour moi, en tant que musicien, il existe des musiques « bio » et des musiques « ogm » ! Donc j’aimerais trouver le déclic qui aurait pour conséquence À LA FOIS la fin de l’industrie de l’agriculture et l’industrie de la musique « ogm » stéréotypée, clônée, qui contribue à l’abrutissement généralisé ! (si vous voulez des exemples je vous en donnerai volontiers !)

  14. Musique OGM ? Je rigole. La formule est vraiment très bien trouvée, mais par pitié, ne nous donnes pas d’exemples ! On la connait cette musique !

  15. bonjour à tous, avez vous vu le documentaire ‘vu du ciel’ de Yann Arthus bertrand hier soir ?
    sur l’agriculture intensive et ses dégats. Il en arrive à la même conclusion que Fabrice. Arrêter cette agriculture.
    François Veillerette intervenait dans ce reportage.
    Je trouve ça bien que ce documentaire passe en début de soirée, est ce que certaines personnes auront été convaincus ??????? Regardant le forum suite à cette émission, certaines remarques sont désespérantes mais heureusement , pas toutes! Et les indiens ou indonésiens ,vus dans le reportage , qui se battent contre ça, donnent de l’espoir.

  16. Quel déclic?

    Une idée comme çà: pourquoi ne pas faire acheter les terres par des coop qui les reloueraient sous contrat du respect d’une agriculture bio, et ainsi redevenir nous-mêmes les propriétaires-gestionnaires passagers de la terre, donc ainsi à l’abri de toutes formes de reprise de contrôle; par les statuts mêmes de la coop!

    Bon j’ai laché un mot qui fâche: « propriétaire »……………………………………………> capitalisme, et la spirale infernale repart en trombe. Mais une partie de la réponse, sans rentrer ds la discussion commencée avec Bénedicte sur l’autre blog « la faim la bagnole le blé… » (post de Fabrice du 01/12), ne peut que consister soit à casser cette spirale, soit à la remettre sous contrôle.

    Dans l’immédiat, la denière solution me parait difficile ds une économie mondialisée; la solution est donc de la remettre (la spirale) sous contrôle partout où des opportunités se présentent, et l’achat des terres pour les relouer à des agriculteurs bons père de famille à l’égard de la terre mère m’en parait une.

  17. La coopérative, ouarffff !
    Tout le système agricole français(uniquement?) repose sur ce schéma et on voit l’a où cela mène; à l’exploitation de l’homme par l’homme sous couvert de garanties d’écoulement de la production appelées pudiquement des filières. La spirale infernale à laquelle on se doit de rejouter les grossistes, les M.I.N., les platte-formes de la grande distribution et l’Europe agricole est suffisamment bien huilée pour ne pas dérailler. Le salut est à rechercher autre part, désolé.

  18. @ H2O

    Que le principe des coop soit dévoyé par certains acteurs ne veut pas dire qu’il soit mauvais, mais juste qu’il se pervertit par des acteurs qui eux ne peuvent être intéressés que par le profit. D’où les précautions à prendre dès la rédaction des statuts sur l’objet précis que je leur faisais ici envisager.

    Ds ta critique, tu pouvais tout aussi bien prendre les banques, les assurances mutualistes etc que j’aurais encore été d’accord avec toi!

  19. @ Eugène : pour ce qui concerne les banques et les assurances, j’y ai pensé, mais c’est hors sujet!

    @ Carole : j’ai étudié une AMAP en 2006, pour comprendre. Ici (voir carte), en tout cas, c’est un beau jouet pour bobo et ma situation ne me permet pas d’obtenir un ticket d’entrée. Cela n’est pas simple du tout à gérer (achat de foncier, baux de fermage, exploitants, fournisseurs de semences, DSV, Etat (tva, impôts), …) Bref, en final, il faut se professionaliser, donc on retombera forcément dans les même travers. C’est toujours le même schéma, à une échelle moindre. Sur la notion taille d’ailleurs, on m’a appris que plus c’est grand (dans l’agriculture cela s’appelle des GAEC et des GFA), plus cela permet de réduire les coûts, non?…donc in fine les prix de commercialisation, d’accord?
    Voici la carte : http://img98.imageshack.us/img98/7413/screenshotpcabordeaux2wy4.jpg

  20. salut H2O, je cogère une amap sans bobo, désolée ! les intermédiaires sont bénévoles, tout est basé sur de la transparence et de la solidarité, avec des règles énoncées clairement parmis les objets de l’asso .Via l’amap, on travaille avec des producteurs auprès desquels on a souscris des abonnements et que l’on aide (pas encore suffisament à mon gout, mais ça vient !), mais également auprès d’éleveurs, on a aussi réalisé des catalogues de produits en vrac auprès de biocoops , et actuellement, je fais la promotion de bioviva, qui conçoit des jeux éco-citoyens et constructifs à tous points de vue .le tout est régional , nous travaillons aussi sur la projection de documentaires d’info sur l’écologie, d’ateliers pour recréer des liens parents/enfants autours du jeu, plaquette énergies renouvelables,promotions produits équitables et c’est pas fini .ce n’est pas toujours le même schéma, il suffit de réinventer les systèmes, ensembles .Plus c’est proche, plus c’est bio, plus on réduit les coûts, c’est une évidence .

  21. j’ai oublié, le moteur principal qui nous anime ce n’est pas le profit, mais l’assainissement des sols dans notre région .nous faisons aussi beaucoup de trocs entre nous, et je constate que ces systèmes créent des vies de quartiers et meêm de famille, ce qui n’est pas le cas des hypers…

  22. Une AMAP est un concept intéressant, c’est indéniable puisque cela permet de supprimer les intermédiaires, décriés car parasitants le circuit de commercialisation. S’y est greffé la notion de « bio », les guillemets sont là parce que si l’on creuse un peu, dans les chartes, on s’aperçoit que tout n’est pas aussi clean qu’on voudrait nous le laisser entendre (temps de jachère notamment). Mais bon! C’est aussi, en théorie, un moyen de rapprocher géographiquement le producteur du consommateur, ce qui n’est pas le cas de l’exemple que j’ai étudié. Et lorsque Bénédicte parle de transparence, c’est là que j’ai compris que je faisais fausse route : la question des prix pratiqués (et de leurs calculs), des revenus, des charges est tabou! Une AMAP est donc la copie conforme du schéma commercial classique, la contraite d’acheter la production en plus. Maintenant, s’agissant du troc, cela n’est possible qu’au niveau producteur et non si l’on est que consommateur (comme un grand pourcetage d’entre nous, citadins que nous sommes). Pour moi, l’AMAP n’est pas la réponse, elle se contente de surfer sur la vague bio porteuse s’il en est au regard des niveaux de prix (engranger le maximum de pognon dans un minimum de temps). Ce schéma n’est donc pas pérenne.

  23. c’est vrai que nous faisons partie d’une amap à la campagne, ce qui change pas mal la donne. nous avons par exemple tous conscience de ce que représente le travail de la terre puisque nous le pratiquons (un peu) ou nos familles .Le troc est réalisé entre nous tous (potagers, mais aussi tous le reste) .Comme le respect de la terre est le principal aspect, je peux te dire que les agriculteurs en prennent soin (rotation des cultures, engrais vert, repos,ect), et la terre qui s’était appauvrie au fil des années est belle à présent . Il n’y a pas de solution unique, chaque lieu avec les cultures qui lui sont propres (citadinnes, villageoises, populaires,ect) nécessite un type de réponses appropriées, l’amap est une des réponses possibles, mais elle n’est en rien la copie conforme du schéma commercial classique, puisque chacun est acteur dans ce système, consommateurs et producteurs, et rien n’est imposé, mais choisi ensembles . Dans le schéma classique, on pousse le consommateur à une consomation éffrénée sans réflexion, ce qui le pousse assez souvent dans le surendettement .

  24. Bonjour à tous,
    La question de la « réforme agricole » (ou réforme agraire…) passera indiscutablement, selon moi, par une attaque en régle du système agricole dans sa glopbalité : du foncier, aux techniques agronomiques en passant par l’organisation coopérative, l’organisation de la commercialisation et la vie en milieu rural. Le « bio », qui répond aux problématiques (dans l’état des connaissances) de santé publique, de maintien de la fertilité des sols et de lutte contre la pollution massive des nappes fréatiques ne répond malheureusement pas à deux problémes majeurs posés par le système agricole tel qu’il est organisé aujourd’hui : la crise de la biodiversité et la mort du tissu rural. Pour illustrer ces petites « carences » du bio… mais nul ne soit parfait et tout est perfectible, j’en ai bien conscience, il suffit d’imaginer qu’en 2013, la réforme de la PAC accorde des aides financières massives aux producteurs bio (ce qui n’est toujours pas le cas aujourd’hui en comparaison des systèmes « conventionnels » allégrement « soutenus »… y compris pour polluer les nappes…)et diminue drastiquement en contrepartie les aides à la production actuelles dite conventionnelle. La réponse de la profession agricole française « majoritaire » à ces nouvelles régles serait simple et sans équivoque : lobbying auprés du ministère de l’agriculture pour cofinancer la conversion au bio (et les pertes transitoires), invitation massive à la conversion au bio, y compris dans les syndicats majoritaires et autres primo-culteurs, puis effectivement production massive de bio : résultat, la beauce, la champagne crayeuse et autres « déserts biologiques » ou la taille moyenne des exploitations frôle les 300ha seraient effectivement en bio, les parcelles, par soucis d' »optimisation » et de « productivité », conserveraient leur superficie gigantesques, les exploitations agricoles conserveraient également leur superficie, point d’apparition de haies (ou en marge pour le touriste ou dissimuler les énormes silos de stockage de blé, certes bio…), point d’installation de jeunes agriculteurs pour peupler les campagnes, point de retour de l’herbe, des bosquets, et des mares dans des systèmes qui, même en bio, n’en ont pas besoin ni l’obligation (céréaliculture)et in fine : un tissu rural toujours aussi pauvre où 3 ou 4 agriculteurs (ou GAEC) se partage un territoire communal, et ou le milan royal ne trouve toujours pas de gros arbres isolés pour nicher… Mais effectivement, une production massive de nourriture de qualité. Tout cela pour dire que le bio ne peux répondre seul à tous les maux, et surtout pas à ceux de l’accés au foncier, de la diminution de la taille des entités de gestion (dont l’agrandissement est une réelle raison du probléme de biodiversité par simplification paysagère et absence de zones de transition dites écotones ou de corridors écologiques) et des problémes de commercialisation (envoyer du lait, même bio, en belgique et en importer dans le même temps de Belgique en France, exemple réel, ne permet tout de même pas de répondre à la gabegie énergetique générée par l’organisation du/des marché(s) agricoles actuels). L’agriculture « paysanne » (avec structures à tailles humaines, diversifiées et autonomes sur le plan énergétique) me semblerait plus à même de répondre à toutes ces problématiques. Pour autant, elle pourrait être bio… mais pas forcément, et de trés bonne qualité… Pour info, j’ai un ami qui cultive 3ha (poulets, fruits rouges transformés et maraichage) il en vit bien, refuse de se faire labelliser bio mais respecte largement, voir plus (traction animale exclusive) le cahier des charges bio, il voit tous les matins un autour des palombes survoler son exploitation, quelques chardonnerets, des mésanges, et bénéficie du chant printanier des sonneurs à ventre jaunes (amphibien trés rare chez nous) et produit de la nourriture de qualité… Je ne sais pas si un céréalier beauceron converti au bio verrait revenir tant de bestioles… et accepterait de revendre sa moissonneuse batteuse pour quelques chevaux ardennais… et ne parlons pas de ses 300ha si « durement » gagnés par ses anêtres qu’il ne serait pas prêt de céder à un jeune citadin utopiste, sauf à ce que l’état le lui impose… mais autant rêver… Pour finir, je vous livre ici un extrait d’une vieille revue agricole dont je suis friant qui démontre bien que nos questions ne sont pas si récentes et qu’il y a surement à prendre du côté de la paysannerie du début du siècle (tout n’est pas a prendre mais le principe est la…):

    « Un groupe de sénateurs vient de prendre l’initiative d’un projet de loi qui a pour but de limiter le chomage en ramenant les familles d’extraction rurale à la terre, en leur fournissant des facilités pour reprendre des petites propriétés non exploitées, forme de réintegration aux champs.

    Projet louable, à condition que la loi soit rapidement votée et appliquée, à condition aussi que les chomeurs soient d’anciens ruraux, ou fils de ruraux, de préférence pères de famille vivant avec leurs enfants, et qu’ils puissent acquérir de petites propriétés à des conditions avantageuses. Les caisses des crédits agricoles leur consentiraient des prêts à long terme, à taux pouvant descendre jusq’à 2 p 100 pour les familles nombreuses.

    De leur côté, les départements, les communes, avec le concours de la caisse national et des caisses régionales de crédits agricoles, seraient autorisés à acquérir des terrains, à les lotir (côté moins heureux, car les propriétés sont déjà trop morcelés) et à les revendre ensuite aux chômeurs, anciens ruraux.

    Ce projet s’inspire visiblement de l’esprit de la loi du 13 juillet 1918 sur la remise en culture des fermes abandonnées, loi qui fut aussi bienfaisante que discutée. Votée quelques années plus tôt, elle aurait permis de produire plus de blé et de denrées qu’on devait importer à prix d’or, alors que tant de cultivateurs des régions envahies étaient sans emplois.

    Nous avons collaboré à son application pour la partie recherche de fermes libres et placement des agriculteurs. Les 100 millions que les détratcteurs déclaraient en partie sacrifiés sont, à l’heure actuelle, à peu prêt récupérés. »

    Albert MAUMENE, dans « Jardins et Basse cours », N°427, 5 Avril 1932

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