Un éditorial imbécile du journal Le Monde

Vous lirez, après mon commentaire, un éditorial étincelant du quotidien dit de référence – en France -, c’est-à-dire Le Monde. Bien que le cadre ancien ait disparu, bien que la presse ne soit plus ce qu’elle a été, ce journal demeure celui qu’il faut prétendre lire lorsqu’on est responsable de quelque chose. Que l’on soit député ou ministre, haut-fonctionnaire ou journaliste bien sûr, habitué du Cac 40 ou syndicaliste, il convient, assez souvent encore, d’avoir Le Monde sous le bras, si possible une à deux heures après sa sortie des presses, si l’on habite Paris du moins.

Cet éditorial du Monde date du 7 mai, et il est d’une connerie confondante. Entendons-nous : depuis la lecture il y a bien quinze ans du livre d’Howard Gardner, Les intelligences multiples (Retz), je ne crois plus à ce qu’on m’avait seriné avec tant d’application. Disons que je ne crois plus à l’intelligence, car cette imagination sociale désigne en fait une forme particulière, que Gardner nomme fort justement, à mon avis, l’intelligence logico-mathématique. Celle des longues études et des brillants diplômes, celle du pouvoir, celle de la « réussite ». Les autres formes, pourtant fabuleuses, de savoir vivre, comme la capacité à se comprendre soi-même, à comprendre les autres, à se mouvoir, à changer la matière avec un marteau et un burin, tout cela n’existe pratiquement pas aux yeux aveugles de la société officielle.

Reprenons. Quand j’écris que le texte du Monde est d’une stupidité confondante, je sais que c’est cruel pour son auteur, homme ou femme. Seulement, je ne désigne pas une personne, mais un texte. Celui – ou celle – qui l’a écrit est peut-être bien très intelligent, dans le sens donné par Gardner, mêlant à des doses diverses et complémentaires, plusieurs variétés des sept formes d’intelligence qu’il avait définies au début des années 80. Reste que cet éditorial est en tout point ridicule. Car que dit-il, avec cette dose de componction qu’on trouvait jadis dans chaque livraison du quotidien ? Que les activités humaines – en l’occurrence l’industrialisation de la planète entière – nous ont fait changer d’ère géologique. Et je ne parle pas là de cette invention langagière, défendue notamment par le prix Nobel de chimie Paul Crutzen, connue sous le nom d’Anthropocène, époque succédant à l’Holocène, et créée comme son nom le suggère par l’Homme.

Non, Le Monde parle d’un retour climatique hypothétique à l’ère du Pliocène, qui s’étend, selon les chiffrages couramment admis, de 5,33 millions d’années en arrière à 2, 58 millions d’années. « Ce mois-ci, dit le texte, la concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère devrait, pour la première fois depuis quelques millions d’années, dépasser le seuil de 400 parties par million (ppm) dans l’hémisphère Nord ». À ce stade franchement délirant – nous serions donc les contemporains d’un événement jamais vu depuis l’apparition de l’Homme -, de deux choses l’une. Ou cette perspective est sérieuse et crédible, ou elle ne l’est pas.

Si elle ne l’est pas, Le Monde ne vaut pas mieux que Le Journal de Mickey. Mais si elle l’est, voici bien l’un des textes les plus ineptes de ces derniers temps. En effet, la simple logique voudrait alors que l’on trace quelques traits entre l’organisation économique et politique du monde et cette incroyable – qui peut le croire vraiment ? – tragédie qui nous rapproche certainement du pire. Si l’on écrit que le climat n’a jamais changé aussi vite, si l’on assure que « les fenêtres d’action se ferment peu à peu », alors il faut décréter la mobilisation générale. Car d’évidence, même si elle n’est pas déclarée, c’est tout de même la guerre.

Pas pour Le Monde, qui se contente d’insupportables palinodies. Je cite : « La question climatique pèse – et pèsera, plus encore, demain – sur la dégradation économique mondiale ». C’est grotesque. On parle d’un événement cataclysmique, et l’on en retient qu’il aura des effets sur la « dégradation économique mondiale ». En somme, on évoque le Pliocène pour mieux souligner les affres des sociétés riches du Nord au cours des prochains mois, ou années. Ma foi, quel tableau ! Quelle faillite de la pensée !

J’ajoute, comme je l’ai déjà écrit ici, que les pages Planète du Monde viennent de disparaître en tant qu’espace d’information distinct des autres. J’ajoute qu’exactement au même moment, la nouvelle direction du Monde a lancé un cahier quotidien appelé « Le Monde éco&entreprise ». On y vante, comme vous pouvez l’imaginer, l’entreprise, les fusions et acquisitions, les nanotechnologies, les forages pétroliers, demain les gaz de schiste et fatalement donc, la destruction de tout.

On ne saurait mieux résumer la régression en cours : d’une main on se libère des pages traitant – plus ou moins bien, souvent mal – de la crise écologique; de l’autre, on ouvre un vaste et précieux territoire « à un système de développement fondé sur la combustion des ressources fossiles et reposant sur les idées du XIXe siècle ». Je crois pouvoir écrire que je préfère encore de francs négationnistes de la crise climatique. Car il est reposant, car il est nécessaire de reconnaître adversaires ou ennemis. En revanche, il est épuisant de croiser à chaque coin de rue tant de mascarade, où le matois se cache derrière le jocrisse. Revenons-en à l’essentiel. En 2010, alors qu’il était en faillite, Le Monde a été racheté par trois capitalistes dont la fortune repose précisément sur le désastre.

Pierre Bergé, 120 millions d’euros de fortune personnelle.

Xavier Niel, 6,6 milliards de dollars de fortune personnelle (selon Forbes).

Matthieu Pigasse est directeur général délégué de la banque Lazard, après avoir été membre de cabinets ministériels auprès de DSK et Fabius.

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Changement climatique : retour au pliocène ?

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LE MONDE | 07.05.2013 à 12h08 • Mis à jour le 07.05.2013 à 15h40

 

Une centrale électrique à Venise, en juillet 2010.

Une centrale électrique à Venise, en juillet 2010. | REUTERS/ALESSANDRO GAROFALO

Indifférent aux controverses ou à l’embarras qu’il suscite, le changement climatique de notre planète poursuit son cours, inexorablement. Ce mois-ci, la concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère devrait, pour la première fois depuis quelques millions d’années, dépasser le seuil de 400 parties par million (ppm) dans l’hémisphère Nord.

Pour être symbolique, ce cap n’en est pas moins alarmant. Il nous rappelle que, du fait des activités humaines, le climat terrestre s’altère à une vitesse sans équivalent dans l’histoire de notre espèce. Quelques jalons permettent de fixer les idées : les premiers fossiles d’humains anatomiquement modernes (Homo sapiens) sont vieux de quelque 200 000 ans, mais il faut remonter au début du pliocène, il y a plusieurs millions d’années, lorsque aucun être du genre Homo n’arpentait la surface du globe, pour retrouver de tels niveaux de CO2 dans l’atmosphère.

Les effets de cette mutation sur le changement climatique sont bel et bien tangibles : élévation du niveau des océans, destruction d’écosystèmes d’intérêt économique, augmentation de la fréquence et de la gravité des événements extrêmes – par exemple la récente sécheresse qui a frappé l’Amérique du Nord ou l’ouragan Sandy, qui, à l’automne 2012, a ravagé New York et la Côte est des Etats-Unis.

La communauté scientifique compétente prêche dans le désert depuis de nombreuses années. Elle est unanime. Elle ne cesse de prévenir des graves dangers qu’il y a à ignorer la science et à s’en remettre aveuglément à un système de développement fondé sur la combustion des ressources fossiles et reposant sur les idées du XIXe siècle – lorsque le monde paraissait encore infini au petit milliard d’êtres humains qui le peuplait.

Les fenêtres d’action se ferment peu à peu. Le seuil de stabilité climatique à très long terme, situé à 350 ppm par certains climatologues parmi les plus galonnés, est déjà loin derrière nous. Il a été franchi peu avant 1990. Quant à l’objectif de limiter à 2 °C le réchauffement d’ici à la fin du siècle, il est déjà presque intenable.

Que risque-t-on ? L’altération du climat est souvent perçue en termes de désagréments individuels. Le risque va bien au-delà. La question climatique pèse – et pèsera, plus encore, demain – sur la dégradation économique mondiale. Car, à l’heure où il est fortement question de dettes en tout genre, il faut le rappeler : le développement économique actuel ne se poursuit qu’en contractant une dette énorme vis-à-vis du système climatique.

Ce n’est pas une dette financière, mais géophysique. La première est contractée entre des hommes ou des institutions. Elle peut se renégocier, elle peut être annulée, le créancier peut toujours passer l’éponge.

La seconde est plus dangereuse : elle est contractée avec un monstre froid gouverné par les seules lois de la nature – la Terre. Nous n’aurons d’autre choix que de la rembourser, avec ce désagrément supplémentaire que personne n’a, aujourd’hui, la moindre certitude sur le taux de l’emprunt. La communauté internationale serait bien avisée de ne pas feindre de l’ignorer.

47 réflexions sur « Un éditorial imbécile du journal Le Monde »

  1. Concernant le nouveau supplément « Eco-entreprises » du Monde, ajouter qu’il suscite une hilarité générale, de par son indigence crasse, du Figaro aux Echos, et plus grave encore d’Atlantico au prochain quotidien de Beytout, tout attaché à la reconquête libérale des aficionados du Triangle d’Or d’Arcachon.

    Et de fait ledit supplément est encore pire que l’ex-Monde entreprises du Lundi, c’est sire…

  2. Non seulement, cet édito ne remet pas en cause le système à l’origine de la catastrophe, mais en plus, il s’inquiète de la « dégradation économique mondiale ».
    Quoi de plus logique, dans ces conditions, que les pages Planète disparaissent et soient de fait remplacées par un cahier quotidien à la gloire du saccage industriel ?
    Le problème, c’est la solution, en somme.

  3. J’ai lu cet édito le 7 mai et j’ai moi aussi ragé quand j’ai lu que le problème du climat se résumait un peu à son impact économique. Merci d’avoir développé, insisté et prouvé combien Le Monde se fourvoie un fois de plus.
    En faisant cela, tu traces aussi un chemin. Voilà aussi à quoi (nous) sert « Planète sans visa »: il nous donne des forces 😉

  4. Je dois être encore plus idiot que l’auteur(e) de cet article mais je comprends ce qui y écrit par : « la dette économique n’est rien en comparaison de celle vis-à-vis de notre planète. Préoccupons-nous en d’avantage »

    Et cette simple comparaison de vous énerver parce qu’il/elle ne s’est pas engagé(e) par la suite dans un pamphlet anti-capitaliste. Au point d’y préférer les thèses climato-négationnistes.

    Alors l’idiot que je suis s’est demandé si votre autre façon de voir la même chose n’était tout simplement pas le nom donné au manichéisme.

  5. Et en plus, ce brillant édito n’est même pas signé…

    Je vais reprendre de ce pas ma lecture du hors-série de Charlie que j’ai acheté ce matin.

  6. on a tous a peux prés la même intelligences,sauf quelque cas ,c’est a dire que l’on a peu d’intelligence,sinon le parcoure aurait été différent je pense!

  7. Et pendant ce temps en Afrique du Sud les Africains se demandent comment il vont pouvoir pousser à fond le potentiel de croissance et de développement du continent, plus d electricité plus de routes plus de voitures plus d immeubles plus de banques moins d arbres moins d animaux le monde est fou

  8. Une des rares chose géniale que j ai appris dans ma vie, nottement avec un buschman du bostwana, c était pas à l école c comment faire du feu avec n importe quoi, de naturel bien sur, par tous les temps c pour moi le must de l intelligence

  9. Il y a un vrai probleme de langage… Ce langage qui a été corrompu depuis si longtemps par le capitalisme… Et comme on pense avec les mots, plus personne ne peut penser la revolte, l’alternative… Quand le capitalisme s’appelle developpement, quand l’exploitation s’appelle partenariat, quand l’école garantie la formation des elites des grandes ecoles (de commerce desormais) et quand les médias aux journaleux recrutés dans le moule de cette novlangue, de cette pensée triomphante, l’injustice faite au monde et à sa population est perçue et pensée comme naturellle…
    C’est avec les mots que l’on pense, quand les mots ont disparus, la pensée n’existe plus… Oui Orwell a tout vu de ce que l’on vit…

    Nous reste Franck Lepage (entre autres… ouf)

    http://www.youtube.com/watch?v=Bd0BHbAjIms

    et là pour une soirée entière : http://www.youtube.com/watch?v=96-8F7CZ_AU

  10. Je rejoins un peu le commentaire de Thomas. J’ai lu l’article du monde en premier, et le commentaire de Fabrice ensuite et mon premier sentiment est le suivant: ne se trompe-t-on pas « d’adversaire » -puisqu’il faut les identifier- en vouant aux gémonies un article qui, somme toute, défend la cause écologique?
    Je trouve regrettable que Fabrice et d’autres compères commentateurs ne retiennent qu’une phrase de l’article concernant la « dégradation » de l’économie…
    Pourquoi ne pas relever les termes lourds de sens aux yeux du public ET de la commuanauté scientifique (dont je fais partie) tels que la « gravité des événements extrêmes », le « montre froid », le « désagrément supplémentaire » ou encore ce « climat terrestre [qui] s’altère à une vitesse sans équivalent » et une « communauté scientifique compétente [qui] prêche dans le désert »

    La question qi me tarraude est la suivante: peut-on attendre plus d’un journalisme non expert en la matière?
    Les véritables adversaires ne sont pas ceux qui font des approximations pour vulgariser la crise écologique désastreuse que nous vivons. Ce sont ceux qui suppriment les cahiers spécialisés en question, ceux qui nomment des ministres de l’environnements sortis de polytechnique ou de l’ENA, ceux qui coupent les budgets de la recherche.

  11. Choucroutman,
    Bien d’accord avec vous, on pense avec des mots et quand ces mots sont colonisés par le capitalisme (et plus profondément encore, le système technicien, parce qu’un régime étatiste peut être parfaitement nuisible), on ne pense pas, on récite un catéchisme.
    Franck Lepage décrypte admirablement l’art de ne rien dire avec quelques mots clés, qui ouvrent des portes ouvertes sur l’abime d’une pensée morte.
    Pire, cette novlangue empêche de pense, voire d’agir. Elle manipule, elle nous ferait désirer la protection rassurante d’une tyrannie technocratique d’Etat.
    C’est en cela que les négationnistes du climat francs du collier sont préférables aux imposteurs qui avancent masqués, pour répondre à Thomas. La duperie ajoute un degré supplémentaire au mal qui nous ronge, elle endort et elle perpétue le désastre peut-être plus efficacement et plus durablement que les francs du collier.

    Dans le langage du Monde, il faut tout rapporter à des chiffres, des données monétaires. Le réel n’est compréhensible qu’à travers la langue de la finance. Dette, renégocier, créancier, taux de l’emprunt, rembourser… Pas étonnant que la terre soit comparée à un monstre froid. Quel mépris, quelle misère de « l’intelligence logico-mathématique ».
    Dans ces conditions, « l’injustice faite au monde et à sa population est perçue et pensée comme naturelle ». C’est exactement ça, oui.

  12. Fabrice, tu continues ce blog ? Alors un grand Merci, car aujourd’hui, grâce à Choucroutman (un alsacien ?)j’ai découvert Franck Lepage.

    Et puis une bonne nouvelle :des formations sur les intelligences multiples arrivent dans les écoles !
    Les professeurs sont priés de prendre en compte la diversité des intelligences , et donc des comportements de leurs élèves.

    Quant à l’article du Monde, je le trouve plutôt clair et explicite. Pour parler au public du Monde, il faut des propos mesurés, comme les gens biens éduqués savent les comprendre.Il ne faut pas les brusquer,ni trop les affoler ! sinon, tu passes tout de suite pour un agitateur, un dangereux individu à éviter. Le ton est vraiment très bien, il les laisse libres de leur conclusion.
    Et puis, un journaliste doit rester neutre n’est-ce pas ?

  13. Le bout de phrase le plus ambigu et terriblement inquiétant, n’est peut être pas celui que Fabrice a cité. Il me semble que : « destruction d’écosystèmes d’intérêt économique, » est encore plus grave. Mais bon, l’horreur est humaine !.

  14. « C’est en cela que les négationnistes du climat francs du collier sont préférables aux imposteurs qui avancent masqués, pour répondre à Thomas. La duperie ajoute un degré supplémentaire au mal qui nous ronge, elle endort et elle perpétue le désastre peut-être plus efficacement et plus durablement que les francs du collier. »

    La duperie c’est de rappeler que lorsque la situation économique se dégrade, la question écologique passe par dessus bord ? Parce que ça ne dit rien d’autre que ça dans l’article. Et à la phrase d’après on peut lire : « le développement économique actuel ne se poursuit qu’en contractant une dette énorme vis-à-vis du système climatique. »

    « Pas étonnant que la terre soit comparée à un monstre froid ».

    L’expression est au contraire très bien choisie. Elle restera froid face à nos théories et ce qui devra arriver sera forcément monstrueux. Le contraire de l’économie qui ne vit que par croyance et le stimulus et peut maintenir ainsi une illusion de bien-être pendant des siècles.

  15. groumpf, faut pas confondre monthly average, weekly average et daily average.
    Mais il est vrai que ce qui devrait être retenu, ce sont les valeurs corrigées de l’effet du cycle saisonnier. Ce qui donne à la louche 400 ppm pour dans deux ans. Ce qui ne change pas grand-chose.

  16. Bien sûr, de prime abord, cet article semble puant car il n’aborde les conséquences du réchauffement climatique que du seul point de vue économique (« écosystèmes d’intérêt économique, augmentation … des événements extrêmes » – « La question climatique pèse … sur la dégradation économique mondiale » – « monstre froid »).

    Mais n’est-ce pas, hélas, le seul langage que les décideurs politiques et économiques sont capables de comprendre. Les p’tits zoziaux, la faune, la flore, l’environnement, la biodiversité, les écosystèmes, ils n’en ont définitivement et résolument rien à cirer. Ils sont totalement incapables de comprendre que l’avenir de l’humanité en dépend étroitement. Ou plus exactement, il se moque tout autant de l’humanité qui n’est que le support de leur pouvoir politique et économique. En revanche, s’ils commencent à trembler pour ce pouvoir et pour leurs très chers bénéfices et dividendes, cela pourrait les inciter à limiter les dégâts.

    Ceci ne changerait rien sur le fond mais pourrait retarder la catastrophe, si tant est que ce soit encore possible. Ce serait toujours ça de pris pour espérer pouvoir faire changer d’orientation. Imposer un nouveau paradigme nécessite du temps et tout sursis serait bon à prendre. Alors, oui, c’est déplorable mais si une « sainte pétoche » peut se substituer aux certitudes chez nos « élites », ce sera un premier pas. Il restera à faire … tout le reste mais peut-être en ayant le temps de le faire.

  17. Lundi 13 mai 2013 :

    Seuil de CO2 : le monde dans une nouvelle zone de danger.

    Le monde est entré dans une nouvelle zone de danger avec une concentration de CO2 mesurée au-delà des 400 parties par millions (PPM), seuil inégalé depuis des millions d’années, a alerté lundi la responsable climat de l’Onu, Christiana Figueres.

    Avec 400 ppm de CO2 dans l’atmosphère, nous avons dépassé un seuil historique et nous sommes entrés dans une nouvelle zone de danger, a déclaré Mme Figueres dans un communiqué daté de Bonn (Allemagne), reçu à Paris.

    Le monde doit se réveiller et prendre note de ce que cela signifie pour la sécurité des hommes, leur bien-être et le développement économique.

    Estimant qu’il y a toujours une chance d’échapper aux pires effets du changement climatique, la grande ordonnatrice des négociations onusiennes sur le climat a appelé la communauté internationale à apporter une réponse politique qui relève vraiment le défi.

    L’observatoire référence installé sur le volcan de Mauna Loa, à Hawaï, a enregistré jeudi dernier une concentration de CO2 de 400,03 PPM, selon l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).

    Il s’agit d’une mesure ponctuelle et non d’une moyenne annuelle, qui sera néanmoins atteinte, mais ce seuil symbolique est le signe que la planète est lancée sur la trajectoire d’un réchauffement inquiétant.

    L’objectif fixé par la communauté internationale en 2009 est de contenir le réchauffement à +2°C par rapport aux niveaux pré-industriels, seuil au-delà duquel les scientifiques mettent en garde contre un emballement du système climatique avec son cortège d’événements extrêmes.

    Or avec une moyenne annuelle de 400 PPM de CO2, le réchauffement attendu est d’au moins 2,4°C, selon le dernier rapport des experts de l’ONU sur le climat (Giec).

    Et les perspectives sont sombres : les émissions de CO2 dans l’atmosphère ne cessent d’augmenter et si la tendance se poursuit, la hausse du thermomètre devrait être de 3 à 5 °C.

    http://www.romandie.com/news/n/_Seuil_de_CO2__le_monde_dans_une_nouvelle_zone_de_danger_98130520131255.asp

  18. bonjour

    je ne suis sûr, à mon humble avis, que « l’intelligence logico-mathématique » soit le seul coupable. L’appât du gain et les volontés d' »être le chef » ne sont pas loin …

  19. Ouf ! La NOAA corrige : non plus 400,03 ppm, mais 399,89 ppm. Le seuil journalistique n’a pas été dépassé. Ce sera pour l’an prochain.

  20. Urgence à Belo Monte, il faut stopper cette construction folle d’un barrage entrainant la destruction de 700km²de forêt amazonienne, doublé d’un énième génocide. GDF-Suez est dans le coup.
    +
    Déclaration officielle des indigènes des fleuves Xingu et Tapajós

    http://zad.nadir.org/spip.php?article1617

  21. A écouter sur le site reporterre : lien entre changement climatique et guerre par François Gemenne

    http://www.reporterre.net/IMG/mp3/Gemenne2012.mp3

    Il est plus que temps de ne plus rien laisser passer… On ne pourra pas dire que l’on ne savait pas.
    Et surtout mettons nous tous en cohérence entre nos paroles et nos actes. C’est la seule vraie force.

  22. Bien d’accord avec Fly, le bout de phrase m’a fait également sursauté. Il montre à quel point ces gens sont « dans » la vision économiste et à quelle distance intersidérale notre société est de ce qu’il faudrait tenter de faire pour espérer encore éviter un chaos.
    Cette mainmise du tout-économique encore corroborée par le reportage diffusé sur Arte hier soir http://www.arte.tv/guide/fr/046346-000/la-fausse-promesse-d-une-energie-propre

  23. ESSAI DE PEUPLIERS TRANSGENIQUES DE L’INRA,
    HORS CHAMP …… REGLEMENTAIRE

    Le 6 mai dernier,le gouvernement a lancé une consultation publique sur internet (1) portant sur une demande de renouvellement d’autorisation de l’essai de peupliers transgéniques à l’unité de l’INRA d’Ardon (45).
    Cette demande de prolongation est sans objet dans la mesure où d’un point de vue réglementaire l’essai est terminé depuis fin décembre 2012 .
    La Direction Régionale de l’Agriculture et des Forêts de la Région Centre a informé Loiret sans OGM que l’essai était toujours en cours.
    Nous avons demandé aux pouvoirs publics qu’il soit instamment mis terme à cet essai en conformité avec les dispositions prévues dans l’autorisation ministérielle 07/015 du 17 septembre 2007.
    Le rôle des autorités est de faire respecter la réglementation et l’INRA n’est pas au dessus de celle-ci.

    Orléans,
    le 12 mai 2013

    Loiret sans OGM

    (1) http://ogm.gouv.fr/spip.php?article59

  24. 6 jours sans articles ?!? je commence à m’inquiéter quant au devenir de votre blog fantastique. J’espère de tout coeur qu’il durera longtemps, car les gens comme vous sont si rares. Je comprends aussi la dureté de la tache et le temps que vous devez y consacrer. Mais vous m’avez ouvert les yeux sur tellement de sujets vitaux, fait découvrir tellement d’associations et structures militantes, de gens qui informe de ce qu’est véritablement notre monde d’aujourd’hui. Vous avez aiguisez mon esprit critique au point de ne plus supporter aucun média, sauf exception quand même. Je regarde quand même la télé et après les guignols, je zappe sur Pujadas pour continuer la rigolade …. mais de plus en plus jaune. J’espère très sincèrement encore lire de très nombreux articles avant la révolution.
    Cordialement.

  25. J’ai lu juste avant-hier un texte dont certains passages eclairent d’un jour interessant l’editorial du monde:

    « Le capitalisme a désintégré à son profit tout ce qui subsistait de liens sociaux, il se lance maintenant dans leur reconstruction à neuf sur ses propres bases. La sociabilité métropolitaine actuelle en est l’incubatrice. De la même façon, il a ravagé les mondes naturels et se lance à présent dans la folle idée de les reconstituer comme autant d’environnements contrôlés, dotés des capteurs adéquats. À cette nouvelle humanité correspond une nouvelle économie, qui voudrait n’être plus une sphère séparée de l’existence mais son tissu, qui voudrait être la matière des rapports humains ; une nouvelle définition du travail comme travail sur soi, et du Capital comme capital humain ; une nouvelle idée de la production comme production de biens relationnels, et de la consommation comme consommation de situations ; et surtout une nouvelle idée de la valeur qui embrasserait toutes les qualités des êtres. Cette «bioéconomie» en gestation conçoit la planète comme un système fermé à gérer, et prétend poser les bases d’une science qui intégrerait tous les paramètres de la vie. Une telle science pourrait nous faire regretter un jour le bon temps des indices trompeurs où l’on prétendait mesurer le bonheur du peuple à la croissance du PIB, mais où au moins personne n’y croyait. »

    L’insurrection qui vient, pp. 56-57, La fabrique éditions, 2007

    Definir la planete comme un « monstre froid » qu’il nous faudrait « gerer » comme une machine detraquee, (une de plus…) cette idee folle semble bien venir des devots de « l’economisme », cette religion d’autant plus puissante qu’on fait mine de l’ignorer, et qu’elle s’ignore elle-meme.

    (Notez que je ne suis pas du tout d’accord avec la desinvolture soignee avec laquelle les « redacteurs » de « l’insurrection qui vient » legitiment la violence non-etatique, comme si elle etait plus vertueuse que l’autre, mais a part ce gros probleme, ce texte profond a beaucoup de qualites)

  26. La sécurité, concept révolutionnaire ?

    Dans une interview dans Good News Tab du 19 Avril 2013, Debal Deb résume en quelques mots simples pourquoi il faut défendre de toutes nos forces ce qui reste de semences traditionnelles :

    « Chaque année des milliards de dollars sont dépensés pour développer de nouvelles variétés de riz transgéniques qui seraient prétendument résistantes aux inondations, aux insectes nuisibles ou enrichies en fer. Cela témoigne de la manière dont l’empire industriel gaspille l’argent public pour réinventer la roue »

    « Il existe un grand nombre de variétés de riz traditionnelles qui tolèrent la sécheresse, les inondations ou la salinité. Il y a aussi beaucoup de variétés de récoltes qui résistent aux nuisibles ou aux maladies. Il y a des dizaines de variétés de récoltes – y compris des récoltes alimentaires non cultivées – qui sont extraordinairement riches en vitamines et minéraux. Une politique agricole raisonnable devrait rendre ces récoltes utiles facilement accessibles aux pauvres »

    « Les récoltes résistant aux herbicides sont promues pour améliorer la vente de l’’herbicide spécifique (comme Roundup) fabrique par la même entreprise. Ainsi, le fermier est dépendant de l’entreprise à la fois pour l’herbicide et pour les semences résistantes à l’herbicide. Et ces « affaires voraces » sont menées au nom de la « sécurité alimentaire ».

    « Les semences traditionnelles ont aussi porté des fruits après que le cyclone Aila balaya les Sundarbans et rendit salins d’un jour à l’autre des milliers d’hectares. En même temps que très peu de variétés locales, quelques fermiers traditionnels ont semé trois variétés de riz résistant à la salinité qui leur furent distribuées par Dr. Deb, et furent les seules à fournir une récolte l’hiver suivant ».

    « Sur la raison pour laquelle la culture des variétés traditionnelles est souvent découragée, Dr. Deb dit, « les récoltes traditionnelles ne laissent aucune possibilité aux affaires protégées par brevets ou au contrôle monopolistique des semences. Les variétés traditionnelles, conservées à la ferme, n’engendrent pas de profit pour les investisseurs, pour l’empire industriel ni pour la croissance du Produit National Brut. Et, par conséquent, le système d’agriculture traditionnel est souvent surnommé « arriéré », « anti-développement » – même lorsqu’il garantit la sécurité alimentaire ».

    http://www.cintdis.org/images/PDF/gnt-2013.pdf

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    Depuis 1997, sur sa ferme minuscule, Debal Deb et son assistant Dulal Bhattacharya sauvegardent, documentent et conservent les variétés de riz traditionnelles, en préservant leur pureté génétique. Aujourd’hui, la banque de semences Vrihi met 920 variétés de riz à la disposition des fermiers, chacune avec des caractéristiques uniques. 920 variétés c’est peu en rapport des 3000 a 4000 qui existent peut-être encore, et cela peu paraitre dérisoire en rapport des 115 000 (cent quinze mille) qui étaient encore cultivées il y a seulement 40 ans, mais c’est une responsabilité énorme pour un deux hommes, sans aucun moyen autre que les honoraires de consultant de Debal Deb, dans l’indifférence et l’hostilité constantes de l’Etat et des investisseurs, et c’est peut être, avec la poignée de personnes dans le monde qui font ce travail, tout ce qu’il reste d’espoir à nos enfants de manger demain.

    http://www.cintdis.org/vrihi

  27. Le Monde, à part pousser les lecteurs (le peu qui lui reste)à voter FN en les exaspérant par ses partis pris idéologiques et l

  28. Le Monde, à part pousser les lecteurs (le peu qui lui reste)à voter FN en les exaspérant par ses partis pris idéologiques, ses dénis de réalité reflète la médiocrité des journalistes actuels.

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