Delphine Batho, comique de l’État

Cet article a paru dans l’hebdomadaire Charlie Hebdo, le 10 juillet 2013

La blague est goûteuse, mais il est temps de passer à la suite. Batho se foutait autant de l’écologie que son bon maître François Hollande. Ceux qui tiennent vraiment le secteur restent prudemment dans les coulisses.

Faudrait voir à pas trop déconner. Batho. Pauvre Batho, qui tombe à gauche, en martyr, prétendant avoir été la victime des lobbies industriels. C’est vrai, Hollande ne rêve que gaz de schiste, car il y voit le retour à la croissance. Et pour ce qu’on sait, ça frétille autour de l’Élysée et des industriels concernés, dont Philippe Crouzet, patron de Vallourec. Cette boîte fabrique des tubes sans soudure qui iraient très bien dans des puits de forage made in France. Et comme la tendre épouse de Crouzet est conseillère à l’Élysée, il était tentant pour Batho de sous-entendre un complot contre elle et l’écologie.

Selon les informations de Charlie, tout cela n’est que pipeau. Batho, très proche de Montebourg – grand défenseur du nucléaire et des gaz de schistes – aurait cru, selon l’un des principaux témoins du mélodrame, pouvoir renforcer sa position en poussant sa chansonnette, sans bien mesurer le risque.

Pour ceux qui croient à la pureté de la dame, un coup d’œil sur son itinéraire, archipoliticien. Élevée à la belle école de Julien Dray – à 19 ans, en 1992, elle est propulsée par lui à la vice-présidence de SOS Racisme -, elle se passionne depuis quinze ans pour la police, au point de devenir dès 2004 secrétaire nationale du PS en charge de la sécurité. L’expression « ordre juste », brandie en 2007 par Ségolène Royal, c’est elle. L’encadrement militaire des jeunes voleurs, aussi.

On ne peut raconter, faute de place, par quel micmac elle se retrouve ministre de l’Écologie en juin 2012, mais la chose certaine est que le sujet l’emmerde, d’autant qu’elle n’y connaît que dalle. De très nombreux témoignages la montrent, elle ou ses sous-fifres, incapables de préparer ou tenir telle ou telle réunion technique. Mais surtout, elle aura soutenu du début à la fin la ligne politique d’un gouvernement pour lequel l’écologie n’existe pas.

Prenons des exemples, ce sera plus clair. Comme ces gens s’en foutent, ils s’accrochent à ce qu’ils peuvent, comme la fameuse « transition énergétique », tarte à la crème des réunions interministérielles. Rappelons qu’il s’agit de préparer un monde où le charbon, le gaz, le pétrole laisseraient progressivement la place. En novembre 2012, quand il s’agit de trouver un « comité de pilotage du grand débat », Delphine Batho finit par y placer cinq membres. Deux venus du nucléaire – CEA, Areva -, deux autres dirigeant un Institut payé par Lafarge, Saint-Gobain, Total, Bayer, Vinci, etc., et un petit dernier qui mange dans la main des socialos.

Une Batho réellement courageuse aurait commencé par expliquer que l’administration centrale du ministère de l’Écologie est aux mains de la « noblesse d’État », pour reprendre le mot de Bourdieu. Les vraies orientations, les grandes décisions sont prises par le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF), qui regroupe depuis 2009 les ingénieurs des ponts et chaussées – une institution née en 1716 – et les ingénieurs du génie rural, des eaux et des forêts (IGREF), dont les origines remontent lointaines remontent à Philippe Le Bel.

Les Ponts et le Génie rural sont les responsables directs des grands massacres écologiques perpétrés en France depuis deux siècles. Dont les barrages, les routes et autoroutes, les ports et aéroports, le remembrement, le maïs, l’arasement des talus boisés et des haies, la transformation de la forêt en objet industriel, le drainage des zones humides, sans oublier une partie notable du nucléaire.

Exemple entre cent autres, Christian Leyrit. Ingénieur des Ponts, il est le chef – on parle comme cela – du corps des Ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, mais aussi vice-président du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), qui fait la pluie et le beau temps au ministère de l’Écologie. Le CGEDD est en effet chargé officiellement des audits, du conseil, des expertises, de l’inspection.

Le vrai pouvoir est donc là. Le père Leyrit est, depuis avril 2013, président de la Commission nationale du débat public (CNDP), pot de vaseline destiné à faire avaliser par un « public » présélectionné et préenregistré les aménagements les plus pourraves. Qui l’a nommé à ce poste de grand manipulateur ? Ben oui, la Batho.

10 réflexions sur « Delphine Batho, comique de l’État »

  1. http://www.delphine-batho.fr/2012/05/06/la-victoire/
    Voici se que disait l’ex ministre de l’écologie, elle dit que le lobbys industriel l’ont fait tombée, mais elle oubli le lobby des chasseurs, et de l’agriculture…
    Voici se qu’elle marquais en 2012 aprés les élections.
    Texte : ENFIN LA VICTOIRE !
    Enfin la victoire ! Quelle victoire !

    C’est avec vous, ici à Melle, que je voulais vivre cette émotion, ce moment que nous avons tellement attendu.24 ans que la gauche n’a pas gagné une élection présidentielle. 10 ans que la droite était au pouvoir.

    François Hollande est élu Président de la République.

    C’est la victoire de la justice sur les privilèges, de l’honnêteté sur les mensonges, de l’espoir sur les peurs.

    C’est la victoire des petits, des ouvriers, des salariés, des jeunes, des retraités.

    C’est la victoire du peuple français qui au fond de lui-même a toujours eu soif de justice, d’égalité, de respect.

    C’est la victoire de toute la gauche rassemblée, des écologistes, mais aussi de tous les républicains et des centristes qui ont fait prévaloir dans leur choix l’intérêt général de la France.

    Mais c’est d’abord la victoire d’un homme normal, François Hollande, qui a démontré à chaque étape de cette campagne à quel point il dispose des qualités exceptionnelles nécessaires pour être un bon Président de la République.

    J’ai été très fière d’être la porte parole de François Hollande dans cette campagne rude, où aucun coup ne nous a été épargné.

    Du fond du cœur merci à vous tous, à tous les militants. Cette victoire, c’est la votre ! C’est aussi celle de ceux qui ont partagé nos espoirs, et qui ne sont plus là ce soir pour se réjouir avec nous, je pense bien sûr à Alain Mathieu, mais aussi à Françoise Billy.

    En ce soir de victoire, je veux aussi rendre hommage à Ségolène Royal, parce que c’est elle qui nous a permis en 2007 de franchir la première marche, d’emmener la gauche au second tour de l’élection présidentielle, de laver l’affront du 21 avril 2002. C’était une étape primordiale.

    Ce soir, la France renoue avec son histoire, celle d’une grande Nation éprise de Liberté, d’Egalité et de Fraternité.

    Nous avons conscience de nos responsabilités.

    La tâche historique de François Mitterrand avait été de permettre l’alternance et de faire la démonstration que la gauche pouvait conquérir le pouvoir et gouverner dans la durée.

    La tâche de François Hollande et de notre génération, c’est de réussir le changement. C’est pourquoi cette victoire ne nous donne aucun droit, que des devoirs.

    Les Français attendent des changements rapides dans leur vie quotidienne comme dans la façon d’exercer le pouvoir. Les difficultés considérables nous assaillent, la dette, le chômage. Et nous n’oublions rien des messages qui ont été adressé par les électeurs lors du premier tour, particulièrement dans les territoires ruraux.

    Pour réussir le changement, il faudra rassembler, unir, réconcilier. François Hollande sera le Président de tous les Français.

    Pour réussir le changement, il faudra tenir bon sur l’enjeu décisif : celui de la réorientation de la construction européenne. Tous les peuples d’Europe nous regardent et attendent la France pour sortir de l’impasse de l’austérité.

    Pour réussir le changement, il faudra un gouvernement d’urgence républicaine, un gouvernement de combat contre la crise et d’action immédiate autour des priorités qui ont été celles de notre campagne : le redressement, la justice, l’éducation et l’avenir de la jeunesse, la République exemplaire.

    Mais rien, absolument rien, ne sera possible sans une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale forte, solide et diverse.

    C’est pourquoi mes amis je vous donne rendez-vous très prochainement pour fêter la victoire et lancer notre campagne des élections législatives dans la nouvelle 2ème circonscription des Deux-Sèvres. C’est désormais mon objectif et je compte sur votre soutien.

    Chers amis, profitez de ces instants. Réjouissons-nous !

    A partir de ce soir nous allons écrire ensemble une nouvelle et belle page de l’histoire de France.

  2. @ Biodiversité

    Merci pour l’article qui est un énième aveu de la stupidité des chasseurs : on récompense un tueur de renard en présence d’un éleveur de petit gibier . On veut bien qu’il y ait du petit gibier , pas pour que le renard en fasse son repas , mais pour que le chasseur se distrait en le tuant .

     » « Tous à Paris le 21 septembre prochain pour clamer haut et fort :
    La chasse, y´en a marre  »

    « Le 29 mai dernier, François Hollande accueillit en grande pompe les représentants de la fédération nationale de chasse.
    Réception durant laquelle le Président de la République fut très attentif et réceptif à l´ensemble des requêtes des adeptes de la mort-loisir qui, non contents d´obtenir depuis de nombreuses années des périodes de chasse de plus en plus longues, un nombre d´espèces chassables de plus en plus élevé, la possibilité de se rendre dans les écoles pour véhiculer auprès des plus jeunes l´idée de la nécessité de tuer, la condamnation pénale de tout perturbateur de chasse à courre, veulent désormais être reconnus comme gestionnaires responsables et indispensables de la biodiversité.
    C´est ainsi que, les 20 et 21 septembre prochains, se tiendront des tables rondes au sein du Conseil économique, social et environnemental où, parmi ministres, parlementaires, conseillers, experts, siègeront donc des représentants du lobby cynégétique qui y imposeront, sans peine aucune, leur loisir mortifère comme une pratique saine, nécessaire et respectueuse de l´environnement.
    La Convention Vie et Nature appelle donc ses adhérents, et plus globalement tous les défenseurs du Vivant, à se rassembler le SAMEDI 21 SEPTEMBRE À PARTIR DE 14 HEURES DEVANT LE CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL, PLACE D´IÉNA À PARIS, afin d´y clamer haut et fort que blesser, mutiler, stresser, tuer pour le plaisir des animaux sauvages mais bien plus souvent issus d´élevages, ne sont à aucun moment des pratiques responsables, mais bien des plaisirs malsains d´une minorité qui, sous couvert d´arguments fallacieux et avec la traditionnelle complicité de la classe politique, assure la décadence éthique et écologique de ce pays.
    Soyons donc nombreux à dire oui à la vie, oui aux valeurs partagées par une large majorité que sont l´empathie et la compassion, non à la souffrance, non à la mort et à la jouissance de les infliger. »

    Convention Vie et Nature

  3. A noter que Leyrit a été auditionné par les élus nationaux et qu’ils n’ont rien retrouvé à dire à cette nomination (mazette ils auraient pu réfléchir à une candidature de quelqu’un qui aura été 10 ans directeur des routes!)
    A part ça Batho, cette apparatchik du PS tendance Malek Boutih-Julien Dray est fort heureuse d’être sortie par le haut : elle savait que ces jours étaient comptés tant son incompétence était manifeste.
    Fabrice Nicolino a en tout cas bien compris (c’est pas vraiment le cas de ses confrères-soeurs) qui tenait le manche dans les décisions politiques.
    Intéressant de voir que P.Martin a repris 12 conseillers de Batho (y compris le dr cab) sur 14!!

  4. « C’est la victoire des petits, des ouvriers, des salariés, des jeunes, des retraités. »

    Celle-là, je vais l’imprimer et l’encadrer. Dans un très beau cadre : une perle pareille ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval !

  5. Sur les Augures.

    Si l’on touche à tout, toujours pointer le ridicule – sans colère – et pousser un franc éclat de rire.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *