Badinter, Chevènement, Juppé et Rocard au service du scientisme

Le texte qui suit est tiré du quotidien Libération de ce matin, le 15 octobre 2013. C’est une perle, et c’est pourquoi je le publie de nouveau sur Planète sans visa. De quoi parle-t-il ? De la peur. De la peur et du désarroi que ressentent une poignée de vieux scientistes – Badinter, 85 ans; Chevènement, 74 ans; Juppé, 68 ans; Rocard, 83 ans – face à une réalité fantasmatique. Ne nous attardons pas sur le grotesque, si évident. Parlant de science, ces gens n’expriment que des émotions et des impressions. La critique de la science serait inquiétante, et les scientifiques seraient attaqués de plus en plus souvent. Où sont les faits ? Nulle part.

 Non, passons sur ce qui n’est que détail. En revanche, et sur le fond, il faut s’attarder. Car ces grands idiots ne voient pas même cette évidence que la science n’a jamais connu pareille « liberté ». Les pouvoirs politiques, à mesure que se renforce l’industrialisation du monde, lâchent toujours plus la bride aux chercheurs, pensant avec une naïveté grandissante qu’ils finiront bien par trouver des solutions aux problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, notons que les chercheurs et applicateurs techniques nous ont apporté sans que nous n’ayons rien demandé l’atome et la possibilité d’en finir avec l’espèce ; l’industrie chimique de la synthèse et les pesticides, accompagnés d’un empoisonnement désormais planétaire ; les nanotechnologies ; les abatteuses d’arbres, capables de couper, ébrancher et billonner un tronc en moins d’une minute ; des filets dérivants en nylon de 100 kilomètres de long, etc. Et quand j’écris etc., je veux réellement dire et cætera, sûr que vous complèterez jusqu’à demain matin cette liste sans fin.

Non, vraiment, ce sont des idiots. Et il m’est plaisant de compter parmi eux Robert Badinter, désastreuse icône de la gauche bien-élevée, au motif qu’il aura incarné l’abolition de la peine de mort chez nous en 1981, mesure décidée au Venezuela dès 1863, 120 ans plus tôt. La mémoire est une folle dame. Qui sait ou se souvient que Robert Badinter passa une bonne part de sa vie professionnelle à défendre des patrons ? Et notamment dans la sinistre affaire du talc Morhange (ici) ? Quant aux autres, faut-il insister ? Chevènement, grand homme miniature qui voulait rompre avec le capitalisme en 100 jours, entre mai et juillet 1981, et qui termine aujourd’hui sénateur. Juppé, qui a rêvé toute sa vie d’être président, et qui n’aura fait que Premier ministre droit dans ses bottes. Rocard, 100 fois humilié et ridiculisé par Mitterrand, incapable de construire autre chose que des châteaux de cartes. Bah !

 La bande des Quatre nous raconte une histoire totalement imaginaire à laquelle elle croit sans nul doute. Le débat sur la science et la technique est truqué et rendu inutile par les chefferies administratives qui l’organisent. Mais cela ne suffit pas à nos maîtres. Ils voudraient que cessent la mise en cause et la critique. Ils voudraient pouvoir continuer sans limite aucune, jusqu’à la fin des fins, qui semble s’approcher de plus en plus. Ils ne voient pas même qu’ils réclament la dictature, l’effacement du dissensus par l’intervention de l’État. Vu d’ici, cela fait furieusement penser à un paratotalitarisme.

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La tribune de Libération

La France a, plus que jamais, besoin de scientifiques et techniciens

Nous assistons à une évolution  inquiétante des relations entre la société française et les  sciences et  techniques. Des minorités constituées autour d’un rejet de celles-ci tentent d’imposer peu à peu leur loi et  d’interdire progressivement tout débat sérieux et toute expression publique des scientifiques qui ne partagent pas leurs opinions. L’impossibilité de tenir un débat public libre sur le site de stockage des déchets de la CIGEO (Le site souterrain de stockage des déchets hautement radioactifs proposé par l’ANDRA) est l’exemple le plus récent de cette atmosphère et de ces pratiques d’intimidation, qui spéculent sur la faiblesse des pouvoirs publics et des élus.

De plus en plus de scientifiques sont pris à partie personnellement s’ils osent aborder publiquement et de façon non idéologique, des questions portant sur les OGM, les ondes électromagnétiques, les nanotechnologies, le nucléaire, le gaz de schistes….Il devient difficile de recruter des étudiants dans les disciplines  concernées (physique, biologie, chimie, géologie). Les organismes de recherche ont ainsi été conduits à donner une forte priorité aux études portant sur les risques, même ténus, de telle ou telle technique, mettant ainsi à mal leur potentiel de compréhension et d’innovation. Or  c’est bien la science et la technologie qui, à travers la mise au point de nouveaux procédés et dispositifs, sontde nature à améliorer les conditions de vie des hommes et de protéger l’environnement.

La France est dans une situation difficile du fait de sa perte de compétitivité au niveau européen comme mondial. Comment  imaginer que nous puissions remonter la pente sans innover? Comment innover si la liberté de créer est constamment remise en cause et si la méfiance envers les chercheurs et les inventeurs est  généralisée, alors que l’on pourrait, au contraire, s’attendre à voir encourager nos champions ? Il ne s’agit pas de donner le pouvoir aux scientifiques mais de donner aux pouvoirs publics et à nos concitoyens les éléments nécessaires à la prise de décision.

Nous appelons donc solennellement les médias et les femmes et hommes politiques à exiger  que les débats publics vraiment ouverts et contradictoires puissent avoir lieu sans être entravés par des minorités bruyantes et, parfois provocantes, voire violentes. Il est indispensable que les scientifiques et ingénieurs puissent s’exprimer et être écoutés  dans leur rôle d’expertise. L’existence même de la démocratie est menacée si elle n’est plus capable d’entendre des expertises, même  contraires à la pensée dominante.

 Robert Badinter, ancien Ministre, ancien Président du Conseil Constitutionnel

Jean Pierre Chevènement, ancien Ministre de la Recherche et de la Technologie, ancien Ministre de la Recherche et de  l’Industrie, ancien Ministre de l’Education Nationale

Alain Juppé, ancien Premier Ministre

Michel Rocard, ancien Premier Ministre

31 réflexions sur « Badinter, Chevènement, Juppé et Rocard au service du scientisme »

  1. Franchement ? Ces vieux cons n’ont plus rien à dire et ne suscitent que la pitié… laissons les gagatiser en paix et surtout, entre eux.
    Leur vie entière a abouti à la crise écologique et ils ne la voient même pas… responsabilité écrasante pour ces quatre politicards en bout de course. Et quelle misérable et honteuse course !

  2. Jacques Ellul, pourfendeur impitoyable de la Grande Machine à conquérir le bonheur et à détruire le monde — inventée par le Bourgeois, installée par l’État et sans cesse sophistiquée depuis par le Technicien — cite dans un livre publié la même année (Métamorphose du bourgeois) cette perle, extraite du discours d’ouverture de l’Assemblée nationale, le 3 avril 1967 :

    « L’homme se sauvera par l’humanisme grâce auquel sera maîtrisée l’énergie atomique. »

    Ce doit être ça, la continuité républicaine.

  3. « Il ne s’agit pas de donner le pouvoir aux scientifiques mais de donner aux pouvoirs publics et à nos concitoyens les éléments nécessaires à la prise de décision. »

    Si ça, ce n’est pas se foutre de la gueule du monde ! Aujourd’hui, ce ne sont certes pas les citoyens qui délibèrent et décident, et c’est bien là le (ou un des) problème(s). En revanche, les « pouvoirs publics » soutiennent et promeuvent « l’innovation » comme alpha et oméga d’un « progrès », que rien – ou si peu – n’entrave. La « pensée dominante » est, contrairement à ce que prétend cette tribune manipulatrice, très largement technoscientiste. La mise en scène médiatique de pseudos-débats où les « opposants » sont systématiquement brocardés et repeints en hommes des cavernes inaptes à apprécier les bienfaits du Progrès n’a d’autre objet que d’entretenir l’illusion démocratique tandis que se poursuit la marche vers l’abîme. Le seul et dérisoire frein tient dans le « principe de précaution » dont la définition « constitutionnelle » le vide littéralement de son sens, en le soumettant au mieux à des « mesures proportionnées et provisoires ». Avec une hauteur de vue sans commune mesure comparée aux élucubrations de ce quartet incongru, Castoriadis parlait du concept grec de « phronesis », cette « prudence » dont il constatait qu’elle avait désormais été oubliée par l’humanité. Ces messieurs feraient bien de le relire, ça décrasse les neurones.

    En voyant le titre de cette tribune sur le site de Libé, j’avais préféré passer mon chemin. J’avais bien fait : ‘y’a pas à dire, ça m’énerve.

  4. « Nous appelons donc solennellement les médias et les femmes et hommes politiques à exiger que les débats publics vraiment ouverts et contradictoires puissent avoir lieu sans être entravés par des minorités bruyantes et, parfois provocantes, voire violentes. Il est indispensable que les scientifiques et ingénieurs puissent s’exprimer et être écoutés dans leur rôle d’expertise. L’existence même de la démocratie est menacée si elle n’est plus capable d’entendre des expertises, même contraires à la pensée dominante. »

    Si je suis bien, les minorités (bruyantes, provocantes et violentes) illustrent la pensée dominante … brillant raisonnement !

  5. Ah ! ah! excellent !
    Loiseau, complètement d’accord avec vous.
    On dirait que cette tribune n’a été écrite qu’en réaction à cette réunion publique de Bure qui a tourné court;
    Comme quoi cela les soucie de voir une montée un peu plus musclée de l’opposition au nucléaire.
    Donc , il faut aller dans ce sens, faire avorter systématiquement tous leurs soi-disants débats « citoyens » !
    Qu’ils parlent de perte de démocratie lors de ces débats,qu’ils parlent de  » donner aux pouvoirs publics et à nos concitoyens les éléments nécessaires à la prise de décision. »(heureusement que les citoyens ne les attendent pas pour obtenir ces éléments !), non, franchement, ces quatre là ne sont que des embobineurs, des charlatans,des salauds, et je suis polie.
    Ils savent exactement dans quel état est la démocratie aujourd’hui,et ils osent nous faire croire qu’elle se porte mal à cause d’éléments perturbateurs…Mais c’est eux qui l’on foutue en l’air!

  6. (Après lecture un peu plus attentive du texte des quatre barbons et de leurs dix ou douze petits nègres)

    Hé ben.
    Même en étant depuis très longtemps sans la moindre illusion sur le rôle et le niveau de cette presse et de ce « personnel » politique, je peine à comprendre comment un pareil ramassis d’inepties, de faussetés, de contradictions criantes, de clichés éculés, d’imbécillités massives, de glissements et d’approximations sémantiques, le tout du niveau rédactionnel d’une mauvaise copie de lycéen, prétentieux en plus — bref, comment un « texte » pareil peut être tranquillement publié par un soi-disant grand quotidien.
    Sachant que ce n’est pas l’exception, mais la règle (voir la récente tribune de Bruckner, du même niveau).
    Il faut croire que j’ai encore pris du retard sur la dégringolade, à force de détourner les yeux.

    Que des gens estimables continuent de lire ce quotidien et les autres, et de les prendre au sérieux, et d’aller voter, voilà le plus fou et le plus tragique.

    Mais bien sûr ce n’est pas fou du tout, c’est la cohérence même.

    Époque vertigineuse.

  7. Mais de quels champions parlent-ils ? Des champions de l’agroécologie ?!
    C’est gonflé de dire que la pensée dominante est celle des opposants à ce que certains au nom de la science, de la croissance et de la compétitivité veulent faire passer en force! Curieuse inversion.

    Concernant ce quatuor De Gaulle avait raison :  » la vieillesse est un naufrage » !!! même pour l’icône, qui n’a que peu de sens de la justice sur ces questions.

  8. Avez-vous bien lu ? Ne faut-il pas les prendre aux mots ? Car ils souhaitent un vrai débat, ouvert et contradictoire. Mais c’est encore des scientifiques qui ont en premier remis en cause leurs sciences, ce n’est pas madame Michu qui préfère mettre son ligne dans sa machine à laver plutôt que d’aller au lavoir avec son savon de Marseille. Alors de quoi parlons-nous, de qui parlons-nous ? C’est bien le docteur Belpomme qui allerte sur les pesticides, c’est l’OMS qui confirme que les particules de diesel sont hautement cancérigène, pas des hurluberlus. Fabrice, peut-être pourrais-tu actionner le droit de réponse pour expliquer cela, et qu’il n’est en rien question de détruire la science, mais plutôt de la réorienter vers la vie et non la mort. D’ailleurs il faudrait leur suggérer de lire Capitalisme et pulsion de mort de Gilles Dostaler et Bernard Maris (livre de poche Pluriel.

  9. « Il est indispensable que les scientifiques et ingénieurs puissent s’exprimer et être écoutés ».

    Hi hi hi. Je suis moi-même scientifique et ingénieur. Pourtant, je vomis ce texte, et la généralité qu’ils font : les scientifiques et ingénieurs seraient pour le « progrès » tel qu’ils l’entendent, et donc ceux qui sont contre ne sont ni scientifiques ni ingénieurs, et même n’y connaissent rien.

    En fait, évidemment, de nombreux ingénieurs et scientifiques sont contre leurs idées, mais ils se garderaient bien de l’évoquer en parlant des minorités « bruyantes » (Ne manquait que « et odorantes » en clin d’oeil à Chirac)

  10. Badinter, femme (?), actionnaire aussi, chez ? Publicis, ou Nestlé ?
    J’sais plus.
    Comme elle a vomi sur les femmes allaitant leurs enfants. Au nom de la ? science ?

  11. « la science n’a jamais connu pareille « liberté » »
    Je pense au contraire qu’elle n’a jamais été aussi entravée, elle est aux mains des marchés financiers, des lobbies. La recherche fondamentale au service du bien commun n’existe plus, elle n’a plus les moyens financier d’exister, elle est remplacée par « l’innovation ».

  12. « perte de compétitivité »
    tout est dit pour illustrer
    encore cette idée darwinienne de compétition
    schéma de pensée colonialiste et obsolète;
    fonctionnalité de-us produite/pensée /améliorée par l’usage connaissent pas;
    symbiose ,commensalisme, réseau trophique etc.
    100 ans de données nouvelles à rajouter à leur data système…

  13. Dans leur cas, on ne peut pas parler de naufrage lié à la vieillesse, mais d’un aveuglement et d’une naïveté, remontant au début de leur carrière voire à plus loin.

    PS Je croyais Juppé plus vieux.

  14. Avant de débattre il faudrait s’entendre sur ce que recouvre le mot « scientifique ».
    Apprenti sorcier de l’atome (vilain !)ou climatologue gieco-compatible (pas vilain !)

  15. Le texte vaut son pesant de cacahuetes en sous-entendus et malentendus. Il faudrait inverser le rapport qu’il fait entre les mots qu’il assemble et les exemples qu’il donne, pour commencer a faire sens.

    En revanche, les commentaires sont tres interessants. Celui de Fabrice d’abord:

    « De quoi parle-t-il ? De la peur. »

    Ensuite, la contradiction tres significative relevee par Philippe (la peur s’accompagne typiquement de nervosite):

    « Si je suis bien, les minorités (bruyantes, provocantes et violentes) illustrent la pensée dominante … brillant raisonnement ! »

    Et enfin la reponse la plus evidente: « Les prendre au mot » comme dit Luline, auquel « un cailloux parmi d’autres caillous » ajoute l’exemple le plus cruel:

    « Fukushima a plus besoin que jamais de scientifiques et de techniciens… »

    Pourquoi Francois Hollande et Luc Ourcel ne sont-ils pas a Fukushima? Sarkozy et Lauvergeon s’y etaient precipites en Avril 2011 pour envoyer un message qui parait de plus en plus fumeux et de plus en plus honteux au fur et a mesure que le temps passe. Pourquoi Juppe, Badinter, Chevenement, Rocard, ne vont-ils pas a Fukushima?

    Un homme politique qui n’a pas compris que l’avenir du nucleaire se joue a Fukushima, en 2013 plus encore qu’en 2011 ne connait rien a la technique et a la science, et n’est qu’un clown mediatique. Il y a des clowns vieillissants.

  16. Un autre article par un clown mediatique, Stephane Foucart, qui essaye, pas tres adroitement, de graver dans le marbre de nos memoires que Gilles-Eric Seralini n’aurait pas du tout demontre que les OGM sont des poisons, mais aurait au contraire fait une experience originale, hideuse et inutile sur des rats:

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/10/17/ogm-que-reste-t-il-de-l-affaire-seralini_3497027_3232.html

    Ce qui heurte ces mercenaires du pouvoir, c’est qu’il y ait encore quelques scientifiques non seulement honnetes mais courageux, et que le public, nous tous, avons compris par nous-memes que les rats, c’est nous tous.

  17. Ah, les beaux vieux apôtres de la compétitivité, dont 3 n’ont rien fait d’autre de leur existence que vivre (grassement) aux dépens de l’Etat, sans jamais se frotter à la concurrence et aux difficultés du privé!!! Quel culot, quelle arrogance, quel mépris dans cette soi-disant leçon de morale délivrée par des professeurs rétrogrades dont l’un était, finalement il n’y a pas si longtemps, condamné par la justice pour un délit grave. Pour le quatrième larron, dont j’ai longtemps admiré les qualités d’avocat et d’adversaire convaincu de la peine de mort, je préfère mettre son ralliement honteux sur le compte du gâtisme, plutôt que d’imaginer qu’il a consciemment participé à l’écriture de ce texte pitoyable, qui ne mérite même pas la contradiction.

  18. Ceci dit j’ai quand meme un vrai respect pour Michel Rocard, pour avoir mis l’Etat au service de la paix en Nouvelle-Caledonie en 1988, au contraire de ses predecesseurs qui mettaient paresseusement de l’huile sur le feu, pour avoir ose s’elever l’annee derniere contre le projet d’usage « tactique » des bombes atomiques contre l’Iran et au Moyen-Orient, et aussi pour Jean-Pierre Chevenement, qui etait bien seul pour oser dire non a la premiere guerre du Golfe, a une epoque ou presque tout le monde (meme moi et je le regrette!) etait pour. Donc le mot « clown » que j’emploie vise leur texte, plus que leurs auteurs, et n’etait peut-etre pas le mot le plus approprie…

  19. C’est vraiment Luline qui a le mieux resume la situation: il faut les prendre au mot!

    La science mais aussi la technique est de plus en plus infeodee a l’argent. Le pouvoir, la corruption, l’autorite rituelle, la bureaucratie, les campagnes mediatiques soumettent de plus en plus les disciplines scientifiques et techniques.

    Independance et ethique font de plus en plus figure de gros mots, et sont places en opposition a la soi-disant « necessite » du profit.

    Jusqu’a une amie qui avant-hier, voyait comme une evidence son destin de technocrate comme la « necessite », selon elle, de concilier « faire de l’argent » tout en « evitant que les peuples crevent de faim »… Par quel etrange tour de pensee en sommes-nous venus a opposer, comme une evidence, la prosperite economique et eviter les famines???

    Par quelle etrange a-priori metaphysique (ou religieux?) en sommes-nous venus a accepter comme un axiome fondamental une idee qui au fond n’est apparue que tout recemment, avec Malthus?

    Il faut re-conquerir la science et la technique, qui sont aujourd’hui menacees de ruine par la dictature de l’economisme.

    Il faut redonner a ces disciplines leur dignite, en leur redonnant leur droit inalienable a l’ethique non soumise a la rentabilite.

  20. Il est consternant de constater le mépris, voire les injures prononcées envers les 4 auteurs de cet article qui est pourtant plein de vérités. Mais toutes les vérités ne font pas plaisir à entendre Les français doivent atterrir et comprendre que le monde bouge et que nos concurrents investissent beaucoup plus que nous dans la recherche publique et privée. Si nos chercheurs partent à l’étranger, c’est parcequ’ils sont mieux considérés. Sans innovations, nos entreprises ne peuvent pas être compétitives. Mais ce mot semble complétement étranger à nos commentateurs.

  21. Pas de « débat libre » à Bure?! Où est donc le « débat libre » sur le nucléaire en France?

    Sur les « débats libres » organisés par EdF, le CEA et l’Etat français, je vous recommande

    Sezin Topçu, « La France nucléaire. L’art de gouverner une technologie contestée », éd. du seuil, 2013.

  22. « Si nos chercheurs partent à l’étranger, c’est parcequ’ils sont mieux considérés. »

    Voila une evidence, de meme que si des chercheurs etrangers viennent en France, c’est aussi parcequ’ils sont mieux consideres!

    Mais regardons de plus pres:

    Quand un chercheur Francais va travailler aux Etats-Unis, c’est « la fuite des cerveaux » n’est-ce pas, et tout le monde en parle.

    Quand Luc Montagnier va travailler en Chine, c’est « un perdant qui ne merite plus de financement en France va se refugier chez les mediocres »… (C’est l’essentiel du billet de Sylvestre Huet sur Montagnier dans son blog)

    D’autre part notre quarteron de scientistes ne mentionne AUCUNEMENT le manque d’investissements dans la recherche, il denonce le fait que des « minorites exprimant la pensee majoritaire » (quel humour!) mettent a mal la democratie ET la recherche…

    Oui, il y a de telles « minorites » non-democratiques, elles controlent non seulement le financement de la recherche mais aussi les medias, scientifiques et grand public, mais ces « minorites » qui se croient « majoritaires », notre quarteron de scientistes n’en parle pas!

    Comment la France a-t-elle traite Jacques Benveniste, Luc Montagnier, comment traite-t-elle Seralini?

    Oui nous vous prenons au mot messieurs! Ou va la recherche en France???

  23. Rocard, Chevenement, Badinter et Juppe ne comprennent evidemment rien a ce dont ils parlent!

    En tout cas on dira que c’est du moins l’hypothese charitable!

    Aucun n’a une experience professionelle de la science, de la technique ou de la recherche.

    En revanche, ces quatre personnages n’ont certainement pas ete choisis par hasard, car les trois premiers representent, de par leur carriere, la gauche « institutionelle » et raide du cou, et le troisieme, collaborateur enthousiaste de la guerre coloniale et ethnico-religieuse au Proche-Orient, represente aussi une certaine « autorite » conservatrice.

    En fait le message de ce texte c’est: « Il y a encore trop de liberte et trop de democratie dans la recherche en France »!

    Le message c’est la defense des institutions non-democratiques, de « l’establishment », contre la recherche encore trop libre!

    Il y a des chercheurs inventifs comme Gilles-Eric Seralini qui sont suffisament habiles pour financer une recherche de deux ans (c’est pas rien!) allant a l’encontre de l’interet conjoint de l’Etat et de l’industrie! Et qui tient bon face aux attaques des medias! (de la « presse du regime » dirait-on ailleurs).

    Tout ca ne vas pas du tout, et on risque fort de se retrouver tres bientot en France comme aux Etats-Unis, ou les etudiants avec 10 ans d’emprunt sur le dos, et 30% de la population sous le seuil de pauvrete, ne risqueront certainement pas de s’amuser a faire de la recherche dans des domaines qui ne plaisent pas au pouvoir.

    Il y avait une Amerique legendaire, celle des annees 1960-70, rebelle, inventive, libre. Toutes les innovations intellectuelles et techniques sur lesquelles nous vivons aujourd’hui viennent de cette epoque. Aujourd’hui l’Amerique est morte et pauvre.

    Et notre quarteron de scientistes, missione par un groupe d’interet « qui voit un peu plus loin », prepare le terrain pour une « normalisation » du meme ordre en France!

  24. @ gilook

    Cet article dans lequel vous prétendez trouver des « vérités » ne fait que vanter les délires d’une civilisation absurde qui n’aura réussi qu’à s’autodétruire et peut être notre planète avec. Continuer à faire appel à la technique, à la science et la course au profit pour nous sortir de l’impasse dans laquelle elles nous ont amené, rend les auteurs de cette encyclique aussi grotesques que les diafoirus du « Malade imaginaire ».

    « Ne comptez pas sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre… »

    Albert Einstein.

  25. « La civilisation des machines exige de vous une discipline chaque jour plus stricte. Elle l’exige au nom du Progrès. La civilisation des machines est elle-même une machine, dont tous les mouvements doivent être de plus en plus parfaitement synchronisés. La Technique prétendra tôt ou tard former des collaborateurs acquis corps et âme à son Principe, c’est-à-dire qui accepteront sans discussion inutile sa conception de l’ordre, de la vie, ses Raisons de Vivre. Dans un monde tout entier voué à l’Efficience, au Rendement, n’importe-t-il pas que chaque citoyen, dès sa naissance, soit consacré aux mêmes dieux ? (…) L’Etat technique n’aura demain qu’un seul ennemi : « l’homme qui ne fait pas comme tout le monde » – ou encore : « l’homme qui a du temps à perdre » – ou plus simplement : « l’homme qui croit à autre chose que la Technique »

    Georges Bernanos, 1945, La France contre les robots

  26. réponse de quelques scientifiques à cette prise de position
    « Ce texte très bref [cosigné par Robert Badinter, Jean-Pierre Chevènement, Alain Juppé et Michel Rocard] aborde deux thèmes importants. Le premier concerne le développement de l’innovation dans des domaines controversés (OGM, ondes électromagnétiques, nanotechnologies, nucléaire, gaz de schistes). On comprend bien que les auteurs admettent mal la critique du développement de ces techniques – qui s’est pourtant dans plusieurs cas avérée judicieuse – et font l’apologie du scientifique traitant de ces questions «non idéologiquement», ce qui sous-entend que les critiques sont, elles, idéologiques. Et pourtant, plus d’un siècle de développement scientifique et technique nous a montré que si ce développement a permis dans certains domaines d’améliorer les conditions de vie des hommes et l’environnement, l’inverse s’est malheureusement manifesté largement dans de nombreux domaines (biodiversité, climat, pollutions atmosphériques et marines, accidents technologiques…). La nécessité du contrôle de la société sur ces développements est aujourd’hui une évidence.
    Cela nous conduit au deuxième thème : le débat citoyen sur des projets de grande ampleur. Pour illustrer leur propos, les auteurs prennent pour exemple l’incapacité dans laquelle se trouve aujourd’hui la Commission nationale du débat public (CNDP), de mener à bien le débat prévu par la loi sur l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, le projet CIGEO. Incapacité que nous regrettons tout autant qu’eux puisque nous sommes impliqués en tant qu’experts et scientifiques dans ce débat à la demande expresse des pouvoirs publics. Nous avons accepté et assumé cette responsabilité, tout en soulignant les limites de ce qui jusqu’ici a constitué une phase d’information contradictoire via des vidéos en ligne mais en aucune façon un débat avec les publics concernés permettant de recueillir leurs avis et leurs désirs. Nous avons jugé que, malgré les difficultés, la CNDP pouvait être un instrument du débat citoyen, à condition que les autorités décisionnelles en tiennent compte.
    Plutôt que de stigmatiser des «minorités» refusant et empêchant le débat en séances publiques qui «spéculeraient sur la faiblesse des pouvoirs publics et des élus», il serait peut-être plus judicieux et utile d’essayer de comprendre les raisons qui les conduisent à ces réactions.
    La loi de 1991 sur les déchets avait prévu plusieurs dispositions dont la recherche de trois sites de laboratoires souterrains susceptibles d’accueillir ces déchets. Très vite les pouvoirs publics ont réduit leur ambition à un seul site, dans l’argile à Bure, et progressivement fait entendre que c’était le meilleur, puisque c’était le seul! Quatorze ans plus tard, la CNDP organisait un débat public sur la question des déchets nucléaires pour éclairer les choix parlementaires d’une future loi. Ce débat citoyen, conduit de l’avis de tous de façon exemplaire, y compris au niveau local, faisait en particulier émerger un concept entièrement nouveau, celui d’«entreposage pérenne». Il s’agissait d’entreposer les déchets en question de façon pérenne dans des conditions qui autorisent leur examen périodique, par exemple tous les 30 ou 50 ans, la remise en état de leurs emballages de protection, leur recyclage éventuel si des progrès technologiques le permettaient : cette stratégie s’appuyant plus sur la confiance dans la société et le progrès technique que dans la géologie a rencontré l’approbation d’une majorité des citoyens participant au débat.
    Mais, sous la triple pression d’ingénieurs enfermés dans leurs certitudes techniques, d’une industrie nucléaire et de pouvoirs publics anxieux d’en finir avec l’incertitude sur l’avenir des déchets nucléaires, la loi de 2006 qui a suivi ce débat n’a pas tenu compte des apports originaux de ce débat.
    Non seulement les riverains apprenaient que le site de Bure, doté jusque-là d’un «laboratoire de recherche» par les pouvoirs publics devenait sans débat le site officiel futur d’enfouissement des déchets, contrairement à tous les engagements pris, mais la notion d’entreposage pérenne disparaissait totalement au profit d’une «réversibilité pour 100 ans» dont le contenu s’avérait pour le moins flou, voire cosmétique. Ajoutons qu’une expérience passée, déjà dans le domaine du nucléaire, a beaucoup joué pour expliquer les réticences actuelles : en 2006, la CNDP lançait un débat sur l’opportunité de construire un EPR de Flamanville, alors que la décision était déjà prise par le gouvernement.
    C’est dans ce contexte de frustration que la CNDP décidait conformément à la loi de procéder à un débat sur le projet d’enfouissement des déchets de Bure, le projet CIGEO. Pas question d’autres solutions. Pas question non plus d’attendre les deux ou trois mois nécessaires pour profiter des conclusions du débat national sur la transition énergétique lancé par le Président de la République pour mener ce débat en pleine connaissance de cause. L’urgence d’une décision s’imposait pour une installation qui devrait ouvrir ses portes en 2025 et fermer définitivement en 2130. Comment s’étonner alors de voir un certain nombre de nos concitoyens se rebeller devant ce qu’ils considéraient comme un piège.
    Regretter l’absence de débat démocratique ne suffit pas. Encore faut-il en créer les conditions, en ne soumettant pas les citoyens à des faits accomplis, en reconnaissant à sa juste valeur l’intelligence collective.
    Exiger comme le proclament les auteurs de cette tribune que «les débats publics vraiment ouverts et contradictoires puissent avoir lieu sans être entravés par des minorités bruyantes et, parfois provocantes, voire violentes» sans songer un instant à s’interroger sur les conditions préalables à la sérénité de ces débats, c’est choisir la stigmatisation hâtive d’une nébuleuse d’opposants et justifier d’avance l’usage de la force, comme méthode d’exercice de la démocratie. Il est vrai que «l’existence même de la démocratie est menacée si elle n’est plus capable d’entendre des expertises, même contraires à la pensée dominante» comme l’affirment nos auteurs, en insistant significativement sur le «même contraires» pour montrer leur largeur d’esprit.
    Mais il est surtout vrai que l’exercice de la démocratie impose que les attendus, le calendrier et le périmètre même des débats ne soient pas déjà complètement ficelés, imposés par la puissance publique et les lobbies, comme c’est trop souvent le cas dans notre pays.
    Signataires: Jean-Marie Brom, docteur ès Sciences en physique, Directeur de Recherches au CNRS, ancien membre du Comité de Surveillance de la Centrale Nucléaire de Fessenheim ; Benjamin Dessus, ancien directeur de programmes interdisciplinaires au CNRS, président de Global Chance ; Bernard Laponche, docteur ès sciences en physique, ancien directeur général de l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie; Monique Sené, chercheur honoraire CNRS, docteur ès sciences en physique, présidente du GSIEN ; Raymond Sené, chercheur honoraire CNRS en physique nucléaire, docteur ès sciences en physique, ancien membre du Comité Scientifique de l’Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire .
    Par un collectif de chercheurs « 

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