Jusqu’où ira Montebourg (sur les mines) ?

Arnaud Montebourg, aile gauche du parti au pouvoir, ministre sordide. Politicien jusqu’aux ongles, sans morale, sans parole aucune. Pendant la campagne de la présidentielle, en 2012, il écrivait sur son blog – tout a disparu, vous pensez bien -, ainsi que le rappelle le quotidien L’Humanité du 12 juillet 2013, que l’exploitation des gaz de schiste présentait des « risques écologiques démesurés » et qu’elle aurait un « impact considérable en terme de réchauffement climatique ».

Il ajoutait que l’’indépendance énergétique « ne doit pas se faire au prix de catastrophes environnementales », avant de conclure : « La France doit aujourd’hui repenser sa politique énergétique. Il ne s’agit pourtant pas de s’engager tête baissée dans des alternatives plus risquées et plus polluantes, mais de réfléchir à un véritable plan d’essor des énergies renouvelables, afin de limiter notre dépendance énergétique et d’instaurer un véritable développement durable ».

Sitôt en place, sitôt ministre, il oubliait tout, devenant chaque jour un peu plus un militant pro-gaz de schiste, jusqu’au ridicule. Il poursuit sur la même voie, et vient d’annoncer la création patriotarde d’une Compagnie nationale des mines (ici), chargée de prospecter en France au sens très large – la métropole, mais aussi des territoires volés jadis, comme la Guyane -, dans l’espoir d’y trouver de l’or, du lithium, peut-être bien du charbon, car Montebourg se contrefout bien sûr du dérèglement climatique. Ce qui compte, c’est lui.

Ainsi que le note fort justement un communiqué des Amis de la Terre, « Réouverture de mines en métropole et en outre-mer, accaparement des ressources des pays du Sud, cette compagnie nationale des mines ne sera en fait qu’un nouveau bras armé d’une politique qui est menée depuis des décennies au travers des multinationales françaises. L’État est en effet actionnaire d’Areva  et d’Eramet, dont les activités font des ravages dans le monde depuis trop longtemps ».

Je vous le dis comme je le pense, c’est abominable. Je ne vois décidément pas quel accommodement envisager avec de tels adversaires. Mais ne sont-ils pas plutôt des ennemis ?

19 réflexions sur « Jusqu’où ira Montebourg (sur les mines) ? »

  1. Coucou,

    Merci Fabrice. Merci a tous.

    Pardon!
    C’est coincé.
    Je n’arrive pas a sortir les mots.
    Les mots justes.

    🙂

    Grosses bises a tous,

  2. A propos de fuite en avant techno-scientiste, mais aussi d’avions et de chambardement climatique, retrouvé hier Les Héraclides, un texte d’actualité vieux de presque cinquante ans signé Giono :

    « Je veux bien que tout soit science, et qu’on rejette comme vêtements inutiles ce qui gêne (soi-disant) pour courir plus vite, même nus, vers le but. Est-on sûr qu’un beau jour nous n’aurons pas un besoin vital de tout ce qui nous tenait chaud ? On fait des ingénieurs à tour de bras. Il n’y a pas une tribune qui ne proclame l’éminence des pays à forte densité de mathématiciens, chimistes, physiciens. On se consacre à l’huile de naphte comme jadis on se consacrait à Dieu. Toute une jeunesse s’enfonce dans la science sans être prévenue que, là aussi elle s’enfonce dans une forêt de symboles. On n’a pas besoin d’aller très loin pour trouver au détour d’une formule l’endroit à partir duquel le chiffre tremble comme le mirage dans l’air brûlant des déserts.
    Certes les grands savants, les aristocrates (et il y en a beaucoup en Russie) sont formés par la poétique de la science, mais les autres ? Les « juste-milieux » ? Je me méfie de ce qui est assuré de quelque chose. Or, ce qu’on proclame de tout côté, c’est la certitude : on ne croit plus à rien mais on croit que deux et deux font quatre, et en prenant pied là-dessus on s’élance. « Et on va loin, me répond l’agrégé, on ira dans la lune, on ira dans Mars ! »
    Quarante jours de pluies continuelles et voilà un grand pays civilisé réduit à la misère, et à la mort.
    Il a beau être couvert d’écoles, les fleuves débordent, les routes s’effondrent, les voix ferrées sont emportées, les maisons fondent comme du sucre, les épidémies déciment les populations, les boues empuantissent l’atmosphère, le cheptel crève. Il pleut, simplement : on n’y peut rien. Le vent souffle à 200 kilomètres à l’heure pendant une demi-journée, les morts s’accumulent. Faites souffler ce vent pendant un mois et tout est perdu. Un simple orage, décuplez-le : quelles sont nos ressources ? (…)
    Notre mémoire est courte. A une certaine époque, qui de mémoire de fusée interplanétaire est hier, les glaciers des Alpes jetaient directement des icebergs dans la Méditerranée, le Rhône avait la largeur de trois Amazones, etc, etc. Dans des changements de cet ordre que ferions-nous avec notre pauvre petite science d’homme, y comprise la bombe atomique, ce qui y a conduit et ce qui en vient ?
    Je ne veux pas dire que nous ne soyons rien ; je veux dire que nous ne sommes pas tout. Je ne prétends pas qu’il n’est pas beau de passer du bœuf mérovingien à l’avion supersonique, mais je ne vois pas tous les problèmes humains résolus par cette progression, même si elle continue, même si elle s’exalte : qu’une légitime fierté nous anime, je le trouve logique, qu’une bouffissure d’orgueil nous déforme, non. D’autant que la fin où l’on va n’est peut-être pas celle qu’on se prépare. (…)
    On voit bien ce que nous voudrions trouver : le moyen de devenir dieu, sans rien abandonner de la matière. Devenir Dieu, c’est facile : il faut cesser d’être homme. Il n’y a pas de dieu sur la terre, et il n’y en aura jamais. Ce n’est pas avec des avions, pour supersoniques qu’ils soient, ou avec des fusées, ni avec des cabrioles autour de la terre qu’on le devient. (…)
    Quel monde affreux celui dans lequel nous aurions voix au chapitre. Heureusement, notre temps est mesuré, nos forces aussi, même multipliées par nos ruses, nous n’avons qu’une certitude : notre fin. Les comptes seraient-ils longs de plusieurs kilomètres, il faudra toujours sauter le pas. La science peut reculer les bornes, les déplacer, pas les abolir.
    Un jour viendra où nous serons comme les descendants d’Héraclès, faibles, désespérés et groupés en suppliants autour de l’autel de la pitié. »

  3. C’est dommage qu’il ait supprimé ce site, Montebourg. Parce qu’il n’y a pas que son texte sur les gaz de schiste qui, lu maintenant, fait vomir. Sa Lettre à Martine et François vaut elle aussi son pesant de cacahuètes : http://web.archive.org/web/20130512124546/http://www.arnaudmontebourg2012.fr/content/lettre-martine-aubry-et-francois-hollande

    Sinon : plein accord avec ce que vous écrivez sur NDDL. Encore que j’ai toujours du mal avec les zozos du Black Bloc, mais tout de même : la violence c’est Ayrault, c’est le préfet, c’est les flics. La violence de cet aéroport, la violence contre la Terre et contre les hommes…

  4. Bonsoir Fabrice et tous les autres bien sûr,

    Tu (si je peux me permettre !) devrais aller voir le dernier film de Jim Jarmusch. A moins que tu ne l’ai déjà vu… Pour ce vampire dandy-Rock du vingt et unième siècle, nous, les humains, sommes des Zombis !… Ce qui le rend nostalgique et suicidaire…. C’est délicieux, lent, beau et ça ne manque ni d’humour ni de références historiques (au sens large)… On peu s’y retrouver. J’espère que tu ne m’en voudras pas et que tu apprécieras cette intrusion cinéphile. Bonne nuit à vous tous. Marilyne

  5. René, vous avez vu combien Montebourg à lui seul rend intemporelle et définitive la lettre d’Élisée Reclus sur le vote et les politiciens (mise en lien par vous ici même, il y a longtemps )?

  6. Comme René, je veux remercier Valérie qui m’a fait découvrir cette face de Giono que je ne connaissais pas, j’espère que les Héraclides est facile à trouver en librairie. Au sujet de la critique du technicisme, et de la grande misère de sa diffusion, je reviens de Pessac, où à la médiathèque qui porte son nom, on ne trouve même pas tous les ouvrages de Jacques Ellul, (sans parler de l’ignorance de son oeuvre de la part des personnels de la bibliothèque, qui savent tout juste qu’il vivait dans leur commune).

  7. Bonsoir Anne-Lise

    Je ne suis pas sûre que le livre soit facile à trouver en librairie, mais enfin il doit se trouver, puisque je l’ai. Dans une édition truffée de fautes, mais bon…

    Ellul inconnu à Pessac… Et puis, le premier moment d’étonnement passé, on se dit : bah, après tout, pourquoi le lirait-on davantage là-bas qu’ailleurs ?

    En tout cas les gens de PMO, eux, l’ont lu, ça c’est sûr, et mieux encore.

    Je suis très heureuse d’avoir pu partager Giono — qui manque tant — avec vous, et avec René.

    Bonne lecture (si vous le trouvez)

    Valérie

  8. A Anne-Lise,

    On peut trouver à coup sûr « Les Héraclides » en allant sur les sites de livres d’occasion tels Chapitre.com, Gibert Joseph. com ou bien AbeBooks.fr . Bien que, pour ma part, je préfère m’adresser aux librairies indépendantes pour me procurer des livres, il est des situations où le recours à la vente en ligne est inévitable.

  9. Anne-Lise, René,

    J’ai acheté ce livre je ne sais plus où, sans doute en librairie d’occasion, en 2008. Je viens de vérifier : il est « épuisé ».
    J’ignorais son existence, à l’époque. C’est un recueil d’articles parus dans la presse pendant les dix dernières années de la vie de Giono (1960-70), rassemblés et parus sous le titre Les Héraclides (qui est celui du texte que j’ai cité)aux éditions Quatuor.
    Dans une veine très proche (beaucoup de textes à thématique quasi écologique, datant de 1966-70, où ce souci hantait Giono de plus en plus), il y a aussi « La chasse au bonheur », trouvable en folio Gallimard.

  10. Pour le plaisir, et presque au hasard, ces extraits du texte « L’an deux mille », dans La chasse au bonheur :

    « Les gens qui nous régissent à coups de technique sont pleins de sollicitude. Ils vont nous faire des paysages. Jusqu’ici nous nous contentions, au petit bonheur la chance, de la nature des choses, on va désormais l’organiser. Il y a un plan : « une prospective des paysages (je n’invente rien) avec un praticien du paysage, un plasticien et coloriste conseiller d’ambiance visuelle (je continue à ne rien inventer) et des quantités de fonctionnaires syndiqués (avec droit de grève) sans autre spécialité que de « fonctionner » par excellence. »

    Une autre façon de portraiturer la Machine.

  11. http://bit.ly/1FS3AS6
    Pouvez vous deonner un coup de pouce a la petition ci-dessous
    http://bit.ly/1FS3AS6
    SIGNEZ, DIFFUSEZ, AVANT QU’IL SOIT TROP TARD.
    Des centaines , des milliers peut-être de mines dans le monde, maintenant en Europe, et partout en France: un ultime viol qu’on nous présente comme « Développement Durable »!!!
    Du cuivre, du tungstene, du nickel….de L’OR!
    Et puis, un nouvel “Imperatif Strategique” qui détrône le roi pétrole: Le bien nommé métal “Terre Rare” (*), que l’on trouve dans les portables, les ordinateurs, les Eoliennes…
    Ces impératifs demandent que nous arrachions à la terre, coûte que coûte et en un éclair à l’échelle de la Terre primordiale, tout ce qu’il y reste encore.
    Dans dix, vingt ans il ne restera rien que la terre (et la mer!), empoisonnés, là où était notre vraie richesse, notre patrimoine naturel. Que ferons nous alors? Que feront nos enfants? Certes ils n’auront plus de portables. Ils n’auront plus rien, que la “Terre brûlée”.
    Et puis, plus immédiatement , pourquoi, nous , ceux qui sont directement dans le collimateur, verrions nos beaux “pays”, ce qu’il en reste encore, dévastés, morts sous ces assauts, au nom finalement d’une vaste spéculation financière aux ramifications obscures.
    That global campaign is now launched everywhere, and in particular in my beautiful , fragile “pays” of Bretagne.
    We have to stop this blind madness. Now.
    There ARE other ways.
    http://www.earthisland.org/journal/index.php/elist/eListRead/us_mines_are_causing_water_pollution_that_will_last_for_centuries_says

    http://www.midilibre.fr/2015/03/02/salsigne-l-exemple-de-ce-qu-il-ne-faut-pas-faire,1129991.php

    (*)https://www.youtube.com/watch?v=npK-lGXF1Sc

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