Que s’est-il passé à Nantes ? L’avis de Françoise Verchère

Les lecteurs réguliers de Planète sans visa savent bien que je ne suis pas un ami de Jean-Luc Mélenchon. Oui, d’accord, c’est un euphémisme. Seulement, alerté par un commentateur, Vincent, que je salue au passage, je viens de lire le texte ci-dessous, signé par madame Françoise Verchère, conseillère générale Parti de Gauche de Loire-Atlantique. Demain, je ne serai évidemment plus d’accord avec elle, mais ce soir, je l’applaudis (mais non quand elle jette en pâture à la police les Black Blocs). Les questions qu’elle pose sur les affrontements de Nantes nous remettent les idées en place. Et fort bien. En résumé, y a-t-il eu provocation policière ? C’est bien possible.

J’ai la chance toute relative d’avoir connu dans ma jeunesse d’étonnantes manœuvres policières. Par exemple le 21 juin 1973, lorsque la police du défunt Raymond Marcellin a fait tomber dans un piège deux mille manifestants violents, dont j’étais, qui tentaient d’interdire par la force un meeting fasciste et raciste, quand les immigrés arabes étaient assassinés par dizaines dans notre beau pays civilisé. Ou encore le 23 mars 1979, lorsque la grande marche parisienne des sidérurgistes dégénéra en saccage du quartier de l’Opéra, sous la conduite de flics infiltrés. J’y étais, et j’ai vu de mes yeux la provocation, qui fut confirmée sur place et dans les jours suivants.

Si je vous parle de ces vieux souvenirs, c’est pour rappeler aux jeunes gens qu’on ne doit jamais faire confiance à l’État. Faut-il rappeler l’incroyable montage policier contre  Julien Coupat, Yldune Lévy et ceux de Tarnac ? Je rappelle qu’un certain Alain Bauer, ami parmi les plus proches de Manuel Valls, ministre socialiste de l’Intérieur, était conseiller de Michèle Alliot-Marie quand celle-ci était ministre de l’Intérieur. À ce titre, il a diffusé des rumeurs absurdes sur le soi-disant groupe de Tarnac, qui ont fait le lit de toute l’opération.

Je ne prétends rien au sujet de Nantes, car je ne sais rien. Mais je dis, mais je maintiens que la police française a une longue tradition d’embrouilles et de coups fourrés. Les violences de samedi sont-elle une illustration de ce phénomène ? On verra peut-être. En attendant, lisons ensemble.

  Lettre de Françoise Verchère au Ministre de l’Intérieur

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15 réflexions sur « Que s’est-il passé à Nantes ? L’avis de Françoise Verchère »

  1. + 10. Les provocateurs policiers de VALS étaient à la manoeuvre bien sûr. Et Fabrice n’est pas aussi sectaire qu’on le dit. La preuve. F.Verchère est une chouette nana, une élue probe. Oui c’est rare mais ça existe. L’Ayraultport est l’étendard de tous les vivants qui rejettent un avenir irradié, le bétonnage des zones humides, la destruction des espèces animales protégées, Vinci, la catastrophe nucléaire, l’esclavage salarié, que ce soit chez EasyJet ou dans les abattoirs concentrationnaires, etc. Vive l’écologie politique & radicale, avec ou sans étiquettes.

  2. Salut Fabrice,
    au cas ou tu n’aies pas eu encore connaissance de ce pamphlet, il me semble qu’il peut t’intéresser… voici un article qui le résume : http://www.actu-environnement.com/ae/news/rapport-cgaaer-nourrir-9-milliards-personnes-2050-est-possible-20885.php4#xtor=ES-6
    et le lien de téléchargement du rapport… (ou plus exactement du document de communication) : http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_13083_Ideees_recues_texte_Episode_1_V_13_fev_2014_C_cle89de21.pdf
    Bien à toi (et on lâche rien!).
    Mathieu

  3. Une lettre importante. Espérons qu’elle sera lu par le plus de monde possible. Merci de l’avoir écrit, Madame Verchère.

  4. J’y étais, et je ne peux que cautionner totalement la lettre de Françoise Verchère.
    D’abord sur le nombre de casseurs: j’affirme que, alors que je repartais vers 17h, je suis passé à proximité des affrontements et qu’il n’y avait, à ce moment-là qu’une vingtaine de casseurs face aux policiers.
    Ensuite, sur le fait que le préfet ait fait passer le cortège devant une agence Vinci, symbôle de destruction de NDDL. Une provocation qui, dès le matin, m’avait interpellé.

  5. Je ne suis pas étonné. Fabrice fait appel à ses souvenirs de 1973. Mes souvenirs, bien moins impressionnants en ce sens ( je n’ai jamais fait le coup de poing) datent des années autour de 1955, pendant la guerre d’Algérie, à Lille où on avait évoqué pendant la préparation de la manif qui s’y opposait les techniques des forces de l’ordre pour la faire dériver vers un scénario qui se terminait par l’affrontement et la répression.Ce souvenir m’est revenu le soir du 22 Février dernier pour expliquer l’épisode de casse.
    JP « écolo septuagénaire » selon le camarade (mal)Placé

  6. le préfet réclame ce soir l’évacuation de la ZAD à notre chef de l’état;
    j’aimerais tant qu’ils lisent la lettre de Françoise Verchère et soient touchés

  7. Fabrice vous écrivez « Les violences de samedi sont-elle une illustration de ce phénomène ? On verra peut-être. » Le syndicat ALLIANCE nous apporte des éléments de réponse dans un communiqué  » La délégation générale des CRS d’ALLIANCE Police Nationale pose la question de la bonne coordination des forces spécialisées du maintien
    l’ordre, […] Le saccage de la ville aurait-il pu être évité ? Pour ALLIANCE Police Nationale c’est une évidence vu l’étonnante passivité des ordres reçus, figeant le dispositif policier.
    La haute technicité d’intervention des CRS, les moyens d’intervention de ces forces
    n’ont pas été suffisamment engagés. La consigne générale étant principalement de tenir les positions dédiées. » Source: http://www.alliancepn.fr/crs/tracts-crs/?eID=dam_frontend_push&docID=6989

  8. J’étais à la manif et ce n’était pas la même qu’à la télé.
    Merci pour ce texte de MME Verchère mais je voulais l’envoyer à des convaincus mais le texte est incopiable normalement : sélectionner, copier et coller… impossible et j’ai tourné autour.
    Merci de me dire comment faire !
    Salutations.

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