Jean-Vincent Placé, François de Rugy et le dégoût de la politique

 Toujours à l’hosto ? Toujours. J’ai retrouvé ici deux amis de Charlie blessés avec moi. Philippe, gravement touché à la mâchoire, et Simon, frappé à la colonne vertébrale, sont bien plus à plaindre que moi. Il est question qu’on boive un verre tous les trois, dans la chambre de Simon. Ce serait bien bon.

Commençons par Placé, qui n’a jamais été écologiste et ne le sera évidemment jamais. Si j’écrivais ce que certains responsables d’EELV m’ont confié parfois sur son compte, on ne le croirait pas. Comme je n’ai pas de moyen de vérifier, je m’abstiens donc, mais j’ai ma petite idée. Commençons par un portrait de lui, paru dans le journal Le Monde du 7 décembre 2011. Un portrait. Il a accepté de recevoir la journaliste Anne-Sophie Mercier, et on peut donc penser qu’il aura souhaité lui proposer un visage disons appétissant. Or, écrit-elle, « Lui-même n’en n’est peut-être pas conscient, mais en deux heures de temps, interrogé sur son parcours et ses passions, il ne parle jamais… écologie ».

Étonnant, ou non ? La suite est presque mieux, car on apprend au passage que ce monsieur est un véritable nationaliste – il dirait sans doute patriote -, qui « doit être le seul membre de la direction d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à avoir le drapeau tricolore dans son bureau, ainsi qu’un coffret contenant un petit soldat représentant Napoléon de retour de l’île d’Elbe ». Ce n’est plus étonnant, mais directement stupéfiant, car enfin, le drapeau ! Pour un écologiste, c’est grotesque. Pour un Placé, c’est de toute beauté. Et Napoléon, en plus. Le délirant conquérant, qui a saigné la France et une partie de l’Europe est donc, pour el Jefe, un beau personnage.

 De profundis pour Margerie

La suite, toujours sur Placé. Nous sommes le 20 octobre 2014, et le patron de Total vient de mourir dans un accident d’avion. Un écologiste comme moi tâche de ne surtout rien oublier des activités criminelles, légales ou non, de Total (ici). Mais Placé ose la phrase incroyable ci-dessous, encore en ligne sur son compte twitter. Un grand capitaine d’industrie, presque un frère de combat. C’est plus inouï encore que scandaleux. Voici :

Hommage à un grand capitaine d’industrie francais très lucide sur la situation de la planète et de l’avenir de l’ humanité

Enfin, pour conclure sur notre grand Manitou, cet extrait d’un sien article paru dans l’édition du 24 décembre 2014 du Nouvel Observateur. Il s’agit d’un hommage appuyé au coureur cycliste Thibaut Pinot. Placé est un fan de cyclisme, et comme je l’ai été entre 9 et 13 ans, je peux comprendre, un tout petit peu comprendre. Mais certainement pas ceci, sous sa plume : « Je connais beaucoup de passionnés de la petite reine. Mais je n’en connais qu’un qui voue un tel culte au tour: Christian Prudhomme, son extraordinaire directeur général, qui met sa gentillesse et son professionnalisme au service de ce , admirable chef d’orchestre de notre Tour de France, sans lequel le Tour ne serait plus le Tour. Vive le Tour et vive la France! Il ne manque plus qu’une victoire finale française… »

Quel commentaire trouver ? L’immonde foire commerciale du Tour, qui caricature les travers les plus terribles de la pub et de la manipulation, est donc un « patrimoine exceptionnel ». Tout le monde sait, et Placé lui-même – évidemment ! – que les 4 000 kilomètres du Tour de France ne peuvent exister sans des cames de plus en plus sophistiquées, qui supposent des dealers, des médecins marrons, des escrocs, des truands, des chantages, de la violence au moins psychologique. Placé s’en fout, car il rêve – décidément, une obsession – de voir flotter l’oriflamme tricolore.

Martin Bouygues est-il bien mort ?

 Voyons maintenant le cas distrayant de François de Rugy, ce député écologiste qui réclame à cor et à cris qu’on vienne à bout – policièrement parlant – des zadistes de Notre-Dame-des-Landes et d’ailleurs (ici).  Je dois avouer que c’est un excellent client de Planète sans visa. L’une de ses dernières facéties m’a fait rire aux éclats, ce qui n’est pas rien. Nous sommes le 28 février 2015 et Martin Bouygues vient de mourir. Un couple d’heures seulement, car la nouvelle, propagée par l’AFP, est fausse.

M. de Rugy, qui est si pressé d’obtenir un poste digne de son dévouement, décide, dans le très court laps de temps imparti, d’imiter grossièrement son chef bien-aimé – ou bien-détesté ? -, Jean-Vincent Placé. Ce dernier pleurait en octobre la mort de Margerie, grand capitaine d’industrie. Eh bien, n’écoutant que son grand cœur tendre, de Rugy écrit sur son compte twitter :

Bon, il est bien amusant, ce cher homme. Mais en réfléchissant, que penser de ce brevet donné à l’un des plus grands bétonneurs de la Terre ? Je dis bien : de la Terre. On doit à Bouygues, entre mille autres belles constructions, un palais des Congrès à Hong Kong, la mosquée Hassan II au Maroc, un complexe immobilier géant au Qatar, et si j’en avais le temps, je vous dirais tout le bien qu’il faut penser du fondateur, Francis, qui prétendait en son temps employer des truands un petit peu tueurs pour impressionner les récalcitrants.

La belle invention pourrie des PPP

Faut-il ajouter un mot sur TF1 Bouygues, cette gigantesque entreprise de décérébration nationale ? Je pense que  vous en avez assez, et je n’y insiste donc pas. Mais monsieur de Rugy voit loin, bien au-delà de ces mesquines considérations morales qui gênent la marche des affaires. Monsieur de Rugy est un grand admirateur des Partenariats-Public-Privé ou PPP pour les intimes. Créés par le mémorable Jean-Pierre Raffarin en 2004, quand cet athlète de la politique était Premier ministre, ils sont très simples à comprendre. Une entreprise, de préférence très grosse, réalise une construction qui intéresse le domaine public. En échange, l’État lui accorde la gestion du machin pendant des décennies et perçoit un loyer annuel.

Les PPP peuvent servir à construire des prisons, des hostos, des équipements militaires, des routes, des lignes de chemin de fer ou des canaux, etc. Le funeste projet d’aéroport Notre-Dame-des-Landes est lui aussi un PPP, imaginé au vaste profit de l’entreprise Vinci. Mais le Bouygues de monsieur de Rugy n’est jamais très loin des contrats, car ils sont juteux. Ainsi du projet nommé le « Pentagone français », qui vise à faire du quartier parisien de Balard un haut lieu de nos vaillantes armées. Bouygues y a gagné un chantier majeur. Je précise, parce que c’est somptueux, qu’une collectivité – l’État et tout autre structure publique – qui s’engage dans un PPP qui s’étend pourtant sur des dizaines d’années, n’a pas le droit de le remettre en question. Faut réfléchir. Faudrait.

Éloge écologiste des transnationales du BTP

Et quand je dis que monsieur de Rugy est un grand admirateur, ce n’est pas moi qui le dis, c’est lui. Dans une vidéo tournée par le très sérieux club PPP (ici) au cours de ses journées de 2012, notre parfait écologiste vante la complémentarité, maître-mot selon lui des relations entre public et privé. Et il affirme nettement la supériorité du privé quand il s’agit de bâtir un équipement public servant à plusieurs fonctions. Selon lui, les élus ne sauraient pas faire. Bouygues ou Eiffage ou Vinci si.

Monsieur de Rugy aurait-t-il été abusé par quelque ami peu regardant ? Ayant découvert la malignité des PPP et leur éminente contribution à la destruction du monde existant, peut-être aura-t-il juré qu’on ne l’y reprendrait plus. Eh bien, à la vérité, non. L’année suivant son passage aux Journées PPP, il donne un entretien au Journal des PPP numéro 23 (octobre 2013). On y taquine de très près le sublime. Comme on lui demande – à lui ! – comment faire évoluer les PPP, il répond aussitôt, avec des trémolos dans la voix qu’on ne peut qu’imaginer : « Il faut tout d’abord dépasser l’idée que privé = profit et profit = de l’argent sur le dos des élus (…) Je pense qu’il n’y a pas de fossé ni de barrière infranchissable entre les élus et les acteurs privés et qu’on peut très bien avoir différentes formes de coopération, en tout cas des projets menés en commun, au service des citoyens ». Rappelons, car c’est le rôle des emmerdeurs : des prisons, des routes et canaux, un ministère de la Défense, Notre-Dame-des-Landes.

Ma foi, qu’en pensez-vous, très sincèrement ? Vous pourrez lire ci-dessous un article – payant – paru sur le site de Mediapart en juin 2014. Nul doute que cela vous fera penser. Placé et de Rugy, grands inspirateurs du dégoût en politique.

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L’ARTICLE DE MEDIAPART

Le grand raout du lobby des partenariats public-privé

|  Par Lucie Delaporte

Le club des PPP a célébré mardi 17 juin les dix ans de l’ordonnance créant les partenariats public-privé. Alors que l’horizon s’obscurcit, l’influent lobby a tenu à raconter la belle épopée de ce « jeune outil de la commande publique » tout en proposant, sobrement, d’en changer le nom.

Il a fallu attendre près de trois longues heures de discours, avant de sabrer le champagne et d’entamer les petits fours. Ce mardi 17 juin, le club des PPP avait mis les petits plats dans les grands pour célébrer les 10 ans de l’ordonnance de 2004 portant création des partenariats public-privé (PPP) au Cercle national des armées, à Paris.

« Dix ans de l’ordonnance des contrats de partenariats, on ne voulait pas manquer la date », lance le maître de cérémonie Marc Teyssier d’Orfeuil, délégué général du club des PPP, attendri devant les dix bougies de ce jeune « outil de la commande publique » qui a permis aux majors du BTP de réaliser de bien belles opérations ces dernières années. Mais lui a aussi valu quelques-uns de ses plus récents scandales : naufrage de l’hôpital francilien (un de nos articles ici), soupçons de corruption dans l’attribution du marché du Pentagone de la défense ou du grand stade de Lille… Sans compter les nombreux rapports de la Cour des comptes soulignant combien les PPP constituent, la plupart du temps, un marché de dupes pour la puissance publique.

Ce jour-là, c’est évidemment une tout autre histoire qu’on se raconte. Celle d’une belle épopée contre l’idéologie et le conservatisme pour faire émerger d’ambitieux projets de travaux publics.

Marc Teyssier d'Orfeuil, délégué général du Club des PPPMarc Teyssier d’Orfeuil, délégué général du Club des PPP

Devant un parterre composé pour l’essentiel de représentants du BTP, mais aussi de quelques élus et de hauts fonctionnaires de Bercy, Marc Teissier d’Orfeuil appelle donc, les unes après les autres, les bonnes fées qui se sont penchées sur le berceau des PPP depuis leur création.

Jérôme Grand d’Esnon, l’un des plus actifs artisans, en coulisse, de la création des contrats de partenariats vient d’abord rappeler combien « à l’époque le projet était connoté idéologiquement » : « Au départ il y avait un contexte très violent, beaucoup d’hostilité de la gauche, il a fallu beaucoup de ténacité. » L’homme, qui fut le secrétaire général de l’association de financement de la campagne de Jacques Chirac en 1995, après avoir été directeur des affaires juridiques de la mairie de Paris à la grande époque des scandales du financement du RPR, a été celui qui a mené à Bercy la réforme des marchés publics dans le gouvernement Raffarin. Il officie désormais comme avocat conseil dans un cabinet d’affaires où il s’occupe notamment des grands contrats publics.

Autre figure inconnue du grand public, mais tout aussi essentielle dans le développement des PPP, Noël de Saint-Pulgent raconte lui aussi la dure bataille qu’il a dû mener pour faire accepter ce nouvel outil de la commande publique à la tête de la MAPP, la mission d’appui des PPP à Bercy, qui depuis l’origine est à la fois chargée de les promouvoir et de statuer sur leur bien-fondé… « Avez-vous senti ce poids de l’idéologie à ce moment-là ? » l’interroge, plein d’empathie, Marc Teyssier d’Orfeuil. « C’est effectivement un débat qui a dérapé. Il y a eu autour des PPP une passion bien française qui nous a beaucoup gênés », admet cet « X Pont » qui avait fait jusqu’alors carrière dans l’assurance et l’organisation d’événement sportifs. Noël de Saint-Pulgent, qui est par ailleurs président de l’association d’entraide des familles nobles de France, souligne aussi combien les décisions successives du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel – qui ont limité leur utilisation – ont été pénalisantes.

Le bilan de ces dix dernières années reste néanmoins positif pour lui. « On n’a pas à rougir de ce qu’on a fait. Il y a très peu d’échecs. Et puis des échecs, il y en a partout, regardez la maîtrise d’ouvrage publique, le Philharmonique ! » souligne-t-il en référence à la laborieuse construction de la salle de philharmonie à la Villette. Pourtant, reconnaît-il, le PPP a toujours mauvaise presse : « Il faut toujours travailler à son acceptabilité politique et sociale, c’est vrai. Même si les choses progressent auprès des vrais gestionnaires de gauche comme de droite d’ailleurs. »

À la tribune, le président du club des PPP – en bon communicant – enfonce le clou sur le ratage de la maîtrise d’œuvre publique. « Le philharmonique, c’est au final 300 % du prix ! L’hôpital francilien, les 80 millions supplémentaires ne représentent que 20 % du coût total. »

François Bergère, ancien directeur de la MAPPFrançois Bergère, ancien directeur de la MAPP

C’est ensuite au tour de François Bergère, autre acteur essentiel du développement des PPP en France, de dresser le bilan de la décennie écoulée. « Quel recul sur dix ans ? On pouvait difficilement aller beaucoup plus vite. » Il faut se pencher de près sur le pedigree de François Bergère pour savourer toute l’ambiguïté de ce « on ». Cet ancien directeur de la Mission d’appui des PPP à Bercy a en effet été un des plus grands lobbyistes des PPP au sein de l’administration. Aujourd’hui, en quittant la MAPP, il retourne à la Cour des comptes, son corps d’origine. Il va rejoindre la chambre chargée de contrôler notamment les sulfureux PPP de l’université de Versailles Saint-Quentin (notre enquête ici)…

L’ancien secrétaire d’État chargé des entreprises et du commerce, Hervé Novelli, qui avait fondé le groupe PPP à l’Assemblée nationale, est ensuite chaleureusement accueilli comme celui qui permit, grâce son projet de loi de 2007, de supprimer un certain nombre d’obstacles au recours aux PPP. Il regrette que l’État comme les collectivités locales soient encore bien timorés sur le sujet et invite à se fixer comme objectif un doublement  du nombre de PPP conclus chaque année : « Il faut passer à l’acte II des contrats de partenariats ! Il faudrait aussi que des gens réfléchissent à nouveau à tout ça », affirme-t-il, déplorant que « l’effervescence intellectuelle autour des PPP (ait) un peu disparu ».

« C’est le moment de mettre le paquet en matière de communication »

Malgré la bonne humeur un peu forcée en ce jour anniversaire, chacun sait dans l’assistance que les perspectives pour les PPP ne sont en réalité guère réjouissantes. « Les beaux jours de l’investissement public sont derrière nous », admet François Bergère. « Nous sommes dans une crise des finances publiques considérable et qui ne va pas aller en s’arrangeant », opine Noël de Saint-Pulgent.

Ce que personne ne dit à la tribune, c’est qu’en dehors d’un sérieux problème d’image, les PPP ont aussi perdu beaucoup de leur attrait auprès de la puissance publique depuis qu’un arrêté de décembre 2010 interdit d’en faire un moyen de masquer son déficit. Depuis cette date, les loyers versés doivent en effet figurer dans les comptes au titre de l’endettement.

« C’est le moment de mettre le paquet en matière de communication », annonce donc plein d’entrain Marc Teyssier d’Orfeuil, qui tutoie tous les parlementaires présents ce jour-là. Il faut dire que ce lobbyiste à la tête de l’agence Com’Publics passe beaucoup de temps auprès d’eux à des titres divers, puisqu’il dirige aussi le club des amis du cochon, le club des voitures écologiques, le club des eaux minérales naturelles…

Pour redorer le blason des PPP, son club a tout prévu. Comme l’acronyme « PPP » commence à sérieusement sentir le soufre, ce jour-là tout le monde semble s’être donné le mot : on ne parle plus que de CP (pour contrat de partenariat).

Le club des PPP a aussi commandé une série de vidéos pour vanter les mérites des PPP, « que vous pourrez présenter à vos prospects », explique le maître de cérémonie. Autant d’outils pour faire la pub des PPP « auprès des acteurs locaux », assure Marc Teyssier d’Orfeuil. Parce que « pour l’État, on s’en chargera ! », assure le lobbyiste qui devait rencontrer le 2 juillet prochain Emmanuel Macron et qui rencontrera sans doute, affirme-t-il, Jean-Pierre Jouyet.

Dans l’une des vidéos présentées, on apprendra de la bouche de Xavier Bezançon, délégué général du syndicat des entreprises de BTP (EGF BTP) – et « auteur d’une thèse sur les PPP » – que les partenariats public-privé ont toujours existé « depuis les Romains en passant par Colbert ». Plus tard, on découvrira en fait que le Stade de France aurait été l’un des premiers PPP, à moins que ce ne soit finalement la Tour Eiffel… Qu’importent ces petites approximations, l’essentiel est de raconter aux « prospects » une belle histoire. Nul besoin, surtout, de trop insister sur le fait que les PPP ont été en réalité calqués sur les PFI (Private finance initiative) britanniques, qui ont connu de tels déboires outre-Manche (corruption, malfaçons, etc.) qu’ils sont aujourd’hui pratiquement à l’arrêt.

Alors que les PPP sont nés sous le gouvernement Raffarin, et se sont réellement envolés sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, le club des PPP a tenu en ce jour anniversaire à montrer qu’il dispose aussi de très bons soutiens à gauche. L’événement était d’ailleurs parrainé par le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg qui, compte tenu de son emploi du temps, n’a pu être présent mais s’est fendu d’une lettre transmise avec l’invitation par le club des PPP à tous les participants.

L’ancien maire socialiste de Grenoble, Michel Destot, ne tarit donc pas d’éloges à la tribune sur cette solution qui constitue selon lui, « une bonne réponse à la complexité ». « C’est même tout simplement du bon sens » dans la mesure où les collectivités territoriales ne peuvent faire face à ces investissements. Pour lui, un des terrains à développer, c’est le PPP dans le cadre de la politique de la ville, « pour raccourcir les délais et pour rapprocher les entreprises de BTP de ces quartiers ». « Mon bilan est qu’on n’a pas été assez allant » finit par reconnaître le député de l’Isère. Mais il en est sûr, comme beaucoup dans l’assemblée : le développement des PPP à l’international est une des conditions du rétablissement de la balance extérieure de la France.

Le député socialiste de Seine-Saint-Denis, Razzy Hamadi, qui était annoncé au programme, n’est finalement pas venu. Cet habitué du club des PPP aurait pu parler du faramineux contrat de PPP de construction de collèges signé par Claude Bartolone dans le département qu’il défend ardemment. En octobre 2013, il participait aux rencontres internationales du PPP, où les participants devaient débourser entre 7 000 et 35 000 euros pour approcher les « élus concernés » (voir la plaquette de présentation de l’événement)…

Razzy Hamadi, député socialiste de Seine-Saint-DenisRazzy Hamadi, député socialiste de Seine-Saint-Denis

Seule note dissonante de l’après-midi, celle, mezzo voce, d’André Chassaigne, le député communiste du Puy-de-Dôme qui joua gentiment sa partition de contradicteur : « Si j’ai bien compris, dans cette assemblée, je suis le méchant. » Un méchant pas trop méchant quand même, puisqu’il affirmera dès le départ connaître assez peu le sujet, auquel, « en tant qu’élu rural », il n’a jamais été confronté. Sans citer aucun exemple précis, il résume rapidement son propos : « Je pense que c’est toujours gagnant d’un côté, pas toujours de l’autre. » Un frisson parcourt bien l’assemblée lorsqu’il plaide pour un pôle public bancaire, mais Marc Teyssier d’Orfeuil reprend vite le micro pour remettre tout cela en perspective : « La vraie question dans ce que tu dis, elle est philosophique, c’est « qu’est-ce que le service public ? ». » Et de plaider pour un État qui arrête de vouloir tout faire et délègue un peu plus aux professionnels.

Pour le final, le club des PPP avait promis une « surprise ». C’est donc à un imitateur d’Alain Souchon que fut confiée la lourde tâche de conclure dans la bonne humeur la rencontre en chantant, sur l’air de la chanson « J’ai dix ans », avec des rimes étudiées : « On essaye d’être innovant/Et que tout le monde soit content…/Si tu nous crois pas, hé, t’as qu’à voir nos PPP ! » Enfin, le buffet était ouvert. Enfin, les cartes de visite allaient pouvoir s’échanger.

35 réflexions sur « Jean-Vincent Placé, François de Rugy et le dégoût de la politique »

  1. alors, Fabrice,
    faites sonner vos verres, avec Philippe ( que je lis avec une immense intensité dans Charlie, dites lui bien, puisque je ne sais pas comment lui écrire) et Simon !
    à vos rétablissement, à la douceur qui réconforte, à la vie et à la résistance des utopies fécondes
    à la mémoire inoubliable de celle et ceux qui vous et nous manquent
    et ne riez pas trop, Philippe Lançon risquerait d’amocher sa belle cicatrisation ;))
    je vous embrasse tous
    et maintenant, je vais lire votre article copieux, à défaut de trinquer avec vous

    tendresse et sourire à vous trois
    tenez, tenez encore
    nous sommes à vos côtés

    FranBoise

  2. Surtout, trinquez bien ! C’est la vie, la vraie !

    Pour le reste… une croix est faite, définitivement sur EELV et même sur Les Verts depuis longtemps. Merci d’y revenir et de donner encore des arguments s’il en fallait.

    Mais qu’attendre de ce parti qui ose écrire noir sur blanc dans son 8 pages de campagne en Ardèche (je ne peux m’empêcher de le rappeler tant j’ai grande honte pour eux !), en exergue car en gras et en rouge dans leur livret pour les dernières élections départementales (dans ma circonscription en plus !) :

    « NON AU LOUP ! Le pastoralisme tel que nous le défendons est incompatible avec la présence du loup sur notre territoire ! La priorité va aux éleveurs ! »

    En plus de leur caractère pitoyable de la part de pseudos-écologistes, que dire de l’imbécilité de tels propos ? (par exemple, le « pastoralisme », etymologiquement et concrètement, c’est le présence du « pâtre »… donc du berger… et cette présence – financée par la collectivité grâce au loup- fait partie des dispositifs permettant la cohabitation avec le loup. Elle permet d’ailleurs de créer des emplois en montagne… comment parler de pastoralisme quand on défend la présence de troupeaux non gardés, sans bergers, dans les montagnes ?).

    ECOLOGIE : la crise écologique est une bombe à retardement qui a commencé à exploser. Elle est double : changement climatique ET EXTINCTION MASSIVE DE LA BIODIVERSITE. Ses dégâts potentiels et durables sont plus graves que ceux des deux guerres mondiales réunies et nous en sommes tous responsables. Comment penser et agir pour se tourner rapidement vers une civilisation durable, respectueuse de tous les Humains et enfin accordée aux écosystèmes ?

  3. Fabrice,
    Malgré la consternation provoquée par la lecture de cet article, vous m´avez fait bien rire par moment.
    Et pourtant j´avais plutôt envie de pleurer, même un imagination débordante ne laisserait pas entrevoir la bêtise et la noirceur des personnages dont vous parlez.
    Nausée profonde !

    Embrassez Philippe et Simon bien fort et trinquez avec eux. Je me réjouis déjà de trouver Charlie demain dans ma boite aux lettres. Et tout en le lisant, je lèverai mon verre à votre santé et à votre courage, à vous tous qui êtes là, et à ceux qui resteront à jamais dans notre souvenir.

  4. C’est bon de te voir la pêche, comme ça.
    À vôtre santé à tous les trois !
    Et vive la kiné Hélène…

  5. A l’Ancien dit : P.P,

    Un peu de chahut.

    « Au jour d’aujourd’hui » cette bombe « écologique » fuse ou fait long feu, au choix, de façon « durable ». Néanmoins nul doute que ça pétera !

    Sérieux.

    Qu’en est-il de l’ASPAS ?

  6. Tout d’abord, bravo pour votre moral d’acier, et que la nature soit généreuse avec vous et vous offre un beau rétablissement, ainsi qu’à vos deux compagnons de Charlie.
    Pour savoir qui des écologistes et d’autres ont voté la loi sur le renseignement, voici le lien du blog Les crises d’Olivier Berruyer
    http://www.les-crises.fr/438-deputes-ont-vote-pour/
    Allez lire aussi l’interview de Pablo Lavigne, à propos de son livre Comment tout peut s’effondrer
    http://www.reporterre.net/Tout-va-s-effondrer-Alors
    Bonne journée à tous

  7. le seul avantage des eelv est d’avoir voté au sénat pour la protection des abeilles et au parlement européen contre la pêche en eaux profondes

  8. Bonjour,
    tout d’abord ravi d’avoir de vos nouvelles après
    la grande tuerie, et j’espère en avoir d’autres
    même si je ne vous connais pas.
    Pour l’écologie malheureusement affligeant, Placé
    à lui seul est un condensé de cette pseudo écologie qui devrait au départ être au-dessus d’un clivage droite-gauche car il y a urgence!

  9. Il y a des voyages qui mesurent la hauteur des dents de ceux qui se les font financer.
    ………………………………………………………

    Le déplacement d’élus écologistes en Israël suscite la polémique au sein d’EELV

    LE MONDE | 07.06.2013 | Par Raphaëlle Besse-Desmoulières

    C’est peu de dire que la direction d’Europe Ecologie-Les Verts a moyennement apprécié l’initiative de ses parlementaires d’accepter l’invitation d’une ONG pro-israélienne de participer à un voyage de quatre jours dans l’Etat hébreu et en Palestine. Le tout sans lui en avoir soufflé mot.
    (…)
    Le voyage est organisé à l’initiative d’Elnet, une ONG française qui oeuvre au rapprochement entre Israël et l’Europe. « Il est naturel de discuter avec des Etats avec lesquels la France entretient de bonnes relations », expliquait avant son départ M. Placé.
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/06/07/le-deplacement-d-elus-ecologistes-en-israel-suscite-la-polemique-au-sein-d-eelv_3426098_823448.html

    Bon rétablissement à vous trois.

  10. « Non, ce n’était pas la liberté que je voulais. Une simple issue ; à droite, à gauche, où que ce fût ; […] »

    Rapport pour une académie, F. Kafka.

    – où ?

  11. Ah c’est sûr que ces deux là détourneraient -pour ne pas dire dégouteraient- de l’écologie même les meilleures volontés ..Hélas je le crains Placé sera sous-ministre . Son rêve absolu même s’il lui faut avaler du ragoût de couleuvres tous les jours.
    Cela dit il a réussi à me faire rire ( jaune ) quand j’ai vu la photo stupide dans Marie-Claire sur laquelle,visiblement content de lui ce qui semble son état permanent , il tenait une poule dans ses bras pour défendre les droits des femmes qui ne lui demandent rien; surtout pas de telles mascarades.
    Courage Fabrice .On vous attend.

  12. Bonsoir Fabrice

    C’est bien que vous vous soyez retrouvé avec Philippe et Simon, bon rétablissement à tous les trois et buvez un bon coup à notre santé.

  13. Comme disait Boris Vian
    « et quand la bombe a explosé de tout ces personnages il n’en est rien resté »
    Portes toi bien Fabrice afin d’aller rendre visite à François 1er écologiste de France qui doit t’attendre.

  14. Bonjour,

    Merci Fabrice, itou autrui,

    Tu savais pas que j’ai la chance d’avoir un chat qui parle. Hein? 😉 😉

    Ben, il m’a dit: punaise ce mec il en a du courage! C’est un type bien, parce qu’il pense aux autres avant de penser a lui. Merci a lui. Pensées profondes et chaudes pour tout ceuxcelles qui ont a subir les douleurs de la vie.

    Sérieux …. et mauvaise langue. Avez vous lu quelques extraits du livre de Placé? Tout est dit en quelques phrase sur la personne. Fat carriériste.

    Merci de tout coeur a Hélène.

    ——-

    Une petite couche en rab,

    « Patrick Albert Moore, canadien né en 1947, de formation scientifique (doctorat en écologie animale2) se présente généralement comme cofondateur – ce que plusieurs contestent 345- et ancien dirigeant de l’ONG Greenpeace, et comme écologue et « environnementaliste » (et non comme écologiste au sens français du terme). Après avoir quitté Greenpeace, et avoir un temps travaillé dans l’entreprise familiale de salmoniculture, il dirige (depuis 1986) un cabinet conseil et de communication sur le thème de l’environnement et du développement durable. Il est devenu depuis cette époque un critique virulent d’une partie des actions de Greenpeace.

    http://www.lepoint.fr/environnement/un-lobbyiste-pro-monsanto-refuse-de-boire-un-herbicide-qu-il-juge-potable-31-03-2015-1917204_1927.php

    Bien a vous toustes,

  15. Fabrice, Planete sans Visa revient en force!!! Merci pour nous, ses lecteurs. Difficile d’etre plus clair que ce que tu ecris, pourtant sans animosite aucune. Bravo.

    J’ai envie de dire aussi, merci a toi, a Simon et Philippe d’etre en vie, d’avoir survecu. Survivre c’est deja resister. Prenez soin de vous.

  16. J’ai rencontre sur un chantier d’hotel un type qui a travaille chez Bouygues dans sa jeunesse. Aujourd’hui il fait des plans de cuisine pour les hotels et restaurants de luxe, une cuisine par jour… Il a reussi sa reconversion! Sa formation initiale? Juriste. Stagiaire chez Bouygues, sans experience aucune du milieu de la construction, n’etant jamais sorti de son pays l’Inde, son boulot pendant 2 ans fut de rediger des contrats de sous-traitance pour des chantiers a travers le monde. Si les batiments de Bouygues sont si pourris, c’est qu’ils sont a l’image des relations humaines de cette entreprise… Employer de jeunes stagiaires etrangers et sans experience, qui n’ont aucun moyen de se rendre compte de ce qu’ils font, et donc manipulables a volonte, pour rediger des contrats deliberement concus pour mettre les sous-traitants en faillite.

    Nul doute qu’avec cette attitude, mettre la planete elle-meme en faillite est le dernier de leurs scrupules.

  17. Merci Fabrice pour ces nouvelles et la présentation de cet article sur le monde merveilleux du B.T.P. Bon rétablissement à vous, Philippe (dont le style et la finesse sont toujours un régal) et Simon !

    Pour revenir à l’univers du B.T.P., je pense qu’il cumule à lui seul beaucoup des excès dont souffre le genre humain en ce moment, à ce titre il est emblématique de tout ce que combat l’écologie (la vraie) depuis longtemps. Le droit du travail a toutes les peines du monde à s’y faire respecter, la main d’oeuvre est souvent corvéable à merci, docile par peur de ne pas pouvoir trouver mieux ailleurs. Sans parler d’un mépris et d’un racisme plus ou moins larvé (« Comment Ça t’as chopé une tendinite en bossant sous tous les temps sur un chantier ? Eh ce serait pas plutôt en grimpant aux arbres pour choper des bananes? » Humour…). Quant au scandale de l’amiante !
    La pratique des PPP montre très bien la collusion quotidienne entre la recherche des profits privés et la défense de l’intérêt général. Elle n’est pas nécessairement nuisible, on constate juste qu’elle montre régulièrement de grandes limites. A ce sujet, je trouve que – pour des néophytes en économie comme moi – le livre de Jean Gadray et Aurore Lalucq ( » Faut-il donner un prix à la nature ? ») est très instructif.

    Bien à vous toutes et tous.

  18. Faites nous rire … croquer nous le portrait de Barbara, la co-présidente du club qui n’entend pas boire que de l’eau du robinet.

  19. Bonjour Fabrice, bonjour aux lectrices et lecteurs du blog,

    Un nouveau mot pour l’écologie ? Je ne sais pas. Sans doute un mot représentant l’exact opposé de ce que l’on peut voir ici : http://www.nucleus-sa.com/accueil/ (site trouvé par hasard sur Google).

  20. Il faudrait quand même que les vaillantes individualités, que tu salues au début, quittent une bonne fois pour toute ce bateau pourri, il s’en ira bien plus vite par le fond.
    Quand le bateau est définitivement naze on le change non ? On se retrousse les manches, des planches, des clous, un marteau, on baptise le rafiot, hisse et haut et on repart.
    C’est pas plus compliqué et ça viendra.

  21. info sur les terres fertiles du coté de MIRAMAS (13) : 40 ha de terres fertiles vont disparaitre sous le béton d’un « village des marques », boutiques zara etc…; le centre ville se meurt aussi! le maire parle d’emplois à venir….!

  22. Pour justifier un PPP la loi oblige à ce que le dossier soit suffisamment complexe pour ne pas pouvoir être géré par la maitrise d’ouvrage publique. On a donc vu des élus mettre en place des projets pharaoniques uniquement pour pouvoir justifier après coup de faire un PPP (ex centre aqualudique pour remplacer une bête piscine municipale trois fois moins cher).

  23. Le tableau de chasse de l´honorable Madame Bravitude de la Turpitude,l´arme de destruction massive en poste au ministère de l´écologie (fauteuil obtenu grâce à ses relations et non pour ses compétences). Cette vilaine personne n´aime pas les animaux sauvages et le leur fait bien sentir. Et ce n´est malheureusement pas la fin.
    http://www.buvettedesalpages.be/loup-tir-de-prelevement/

  24. Je ne remercierai jamais assez EELV de t’avoir redonné la rage d’écrire. Placé est le meilleur punching ball que je connaisse. Il redonnerait des bras à un manchot !

  25. Bonjour Fabrice,

    Mon voisin vient de remuer les foins fauchés hier.
    Je voudrais pouvoir vous envoyer l’odeur entêtante de coumarine qui parfume mes alentours. Les moutons vont apprécier. C’est aussi le grand moment de démarrage des sorties botaniques dans le département
    Je vous souhaite également un bon redémarrage.

  26. Au sujet des « PPP », partenariat public privé ou pour se placé en bonne position, (le jeu de mot était facile), reconnaissons à André Chassaigne de de se poser des questions, le problème c’est que c’était le seul.

  27. Bonjour M. Nicolino,
    Merci pour cet article que je vais partager.
    Je vous souhaite un prompt rétablissement ainsi qu’aux autres victimes de la tuerie de Charlie.
    Bien solidairement
    Jacqueline

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