Ces si chers clampins de la crise climatique

Paru dans Charlie y a pas si longtemps

La crise climatique s’emballe, et de joyeux lurons continuent d’occuper la scène en brassant du vent avec la bouche et les bras. Pendant ce temps, les scientifiques préviennent que rien ne va plus, ce qui n’empêche pas les préparatifs de la COP22. Déjà 22 ? Déjà.

 

Salut empressé aux branlotins du grand raout appelé Climate Change. Ce « Sommet mondial des acteurs du climat » a rassemblé à Nantes, du 26 au 28 septembre, des héros de l’humanité. Dans le désordre des tribunes, la mairesse socialo de Nantes, Johnanna Roland, le désopilant Ronan Dantec, conseiller écolo de la ville, l’immense Brice Lalonde, la grandiose Laurence Tubiana. Tous d’accord pour un « futur plus solidaire et durable » en compagnie de leurs amis des transnationales. Parmi les sponsors officiels du machin, Air France – à deux pas de Notre-Dame-des-Landes ! -, Veolia et Suez, grands philanthropes de l’eau privatisée, ou encore Bouygues et ERDF. Encore bravo, les comiques associés.

Au fait, cette crise climatique ? Du côté de la propagande, nous volons tous de victoire en victoire grâce à la COP21, où tous les Folleville de la planète se sont copieusement embrassés sur la bouche. Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations unies, vient d’ailleurs de proclamer à New York que l’avenir serait « plus sûr, plus juste et plus prospère », propos qui ressemble étrangement à ceux entendus à Nantes. Pourquoi cet optimisme si réconfortant ? Parce que 31 États ont d’ores et déjà ratifié les beaux engagements de la COP21. Laquelle sera suivie d’une COP22 dès le 7 novembre prochain au Maroc.

Mais est-ce bien sérieux ? Telle est la question que je me propose de traiter en deux coups de cuiller à pot. Quel est le moteur à explosion de la crise climatique ? La production massive d’objets inutiles qu’il faut remplacer au plus vite pour que tourne la machine. Ce qui inclut les télés plasma, les trottinettes électriques, les ordinateurs dernier cri, les bagnoles climatisées avec appareillage électronique de bord permettant de se branler sans ralentir, les vacances à la montagne et à Bali, l’avion pour aller pisser au-dessus de l’Atlantique, les casques pour se tuer l’oreille, la goûteuse nourriture industrielle, etc. Et bien sûr, pour garantir tout cela ici, il faut impérativement envoyer à Pékin, Delhi ou Mexico la même chose, doublée de centrales nucléaires, de turbines géantes pour barrages colossaux, de trains TGV, de champagne et de putes. Non, les putes, ils ont déjà. Au pouvoir.

Nul n’envisage de remettre en cause un modèle si exaltant, et voici pourquoi tous leurs discours ne sont que daube commerciale. Si j’étais le seul à le penser, je me tordrais les mains d’inquiétude, mais les études s’accumulent, qui montrent que c’est encore pire que les prévisions du GIEC. Par exemple, les glaces du Groenland fondent bien plus vite que prévu. Par ailleurs, une réunion scientifique de haut vol vient de se tenir à Oxford, à l’invitation de l’Environmental Change Institute, que je m’empresse de résumer. L’objectif officiel de la COP21 – limiter la hausse de la température « bien en deçà de 2°C par rapport au niveau préindustriel, voire 1,5° » – est ridiculement impossible à atteindre dans le cadre retenu. On aura une augmentation moyenne de 1,5 ° dans une poignée d’années, et la trajectoire – vraiment dans le meilleur des cas, très improbable en l’état – est de trois degrés en moyenne. Et ce chiffre annonce à coup sûr des migrations massives, des guerres, des épidémies, d’innombrables disparitions d’espèces.

Citation très éclairante de Kevin Anderson, du Tyndall Centre for Climate Research, présent à Oxford : « Il y a un risque que [l’objectif officiel] nous détourne de certaines solutions. Le risque est que cela nous pousse vers des solutions de géo-ingénierie, plutôt que de nous inciter à réduire les gaz à effet de serre » en transformant nos économies et nos sources d’énergie.

La géo-ingénierie, voilà l’ennemi ! Incapables de sortir des rails de l’économie et du PIB, nos maîtres provisoires se ruent et se rueront toujours plus sur la pensée magique. Place à la séquestration de carbone ou à la construction de miroirs géants pour renvoyer vers le soleil un peu de ses rayons. Une seule question vraie : comment lutter à mort contre la prolifération d’objets toxiques, nuisibles, et de toute façon émetteurs de gaz à effet de serre ?

11 réflexions sur « Ces si chers clampins de la crise climatique »

  1. Je voulais juste faire ( ou refaire) la promo d’un ouvrage éclairant et salvateur de Paolo SERVIGNE et Raphael STEVEN : « comment tout peut s’effondrer » . En gros , ils nous redonnent espoir en nous démontrant que d’une manière ou d’une autre , la chute est inéluctable .
    http://www.seuil.com/ouvrage/comment-tout-peut-s-effondrer-pablo-servigne/9782021223316
    En supplément gratuit , un article de basta mag :
    http://www.bastamag.net/Ces-dix-lieux-ou-les-consequences-du-changement-climatique-sont-deja#nb9
    Biz à tous

    1. Salut Pascal,
      En effet, il s’agit d’un excellent bouquin sur la collapsologie , science qui analyse les effondrements des sociétés humaines. Le problème désormais est le temps : le temps que le Monde prenne conscience que ses gesticulations ridicules pour sauver la planète grâce au greenwashing ou aux nouvelles technologies ne sont qu’un sparadrap sur une jambe de bois et nos sociétés se seront déjà effondrées entraînant catastrophes écologiques, sociales et bien sûr économiques. Les pantins qui dirigent le Monde n’ont que le mot Croissance à la bouche, nous sommes donc très mal barrés…

  2. Bonjour,
    Il faut effectivement se préparer au choc.
    Je suis depuis quelques mois les écrits et autre confiérences relayée par adrastia.org.
    Hé bien je dois dire que je partage plutôt le pessimisme de feu Frank Fenner il y a quelques temps: on n’a pas un siècle. Et la guerre climatique de Syrie, n’est que le prélude; dans les 5 ans, ça risque de dégénérer plus rapidement sur d’autres fronts.
    Et dire qu’ils savaient ! Il y a 44 ans !

  3. On se prépare, on se prépare, mais comment on fait concrètement. Je lis Planète sans Visa depuis 3 ans maintenant et bien que l’état du monde se dégrade et que je me sente impuissante, maintenant je suis aussi prise de crise d’angoisse. Car si tout est foutu, à quoi bon ? J’essaye de me tourner vers quelques philosophies que se soit, mais les faits sont là. Or cette boule au ventre est insupportable. Je ne pourrais pas vivre avec, même pour attendre le déluge… Je ne cherche pas de solutions miracles, mais si vous avez des lectures à conseiller ou autre, je veux bien…

    1. Lucie , oui je suis comme vous , je suis très angoissée et jai tres peur pour mes enfants et mes petits enfants ( entre 2 et 9 ans ) . J’oscille entre espoir et désespoir , désespoir quand j’entends tous les ravages faits par l’homme et espoir quand je vois toutes les bonnes volontés , les actions de gens formidables comme Valerie Cabanes dont je lis le livre , désespoir de voir les gouvernements agir à l’inverse de ce qu’il faut faire , espoir de voir tous ceux qui luttent contre les projets inutiles .
      Il faut voir le film « demain  » qui est optimiste même si certains aspects sont criticables . Quand on lit « reporterre  » on peut découvrir des choses positives ..
      Je viens de voir le film « avant le déluge  » de Leonardo Di Caprio , qui fait tres peur mais peut ouvrir les yeux de beaucoup de personnes .
      J’essaye d’expliquer autour de moi qu’il ne faut plus manger de viande rouge .
      Je lis le journal mensuel  » L’âge de faire  » qui décrit des actions positives .
      Je pense qu’il faudra voir le dernier film de Marie Monique Robin :  » Qu’est ce qu’on attend  » qui doit être revigorant .
      Voila c’est très difficile d’être conscient de la situation , quand tant de gens font comme si de rien n’était …. Je m’énerve après les gens , je leur dis de ne plus prendre l’avion ….

  4. Se préparer au choc, c’est ce qu’ils veulent tous justement. Que l’être humain s’adapte ou qu’on l’adapte de force. C’est pourquoi nous sommes dans une société de surveillance, de contrôle et maintenant de contrainte.

    L’idéal pour ces énergumènes est Singapour. La smart city où tout sera régenté, rationnalisé, optimisé. Où toute vie sera réglé selon des normes édictées par les technocrates et bureaucrates avec pour finalité la gestion du troupeau humain.

    Le capitalisme, c’est la circulation des flux quels qu’ils soient: ressources humaines, animaux, Vivant en général, information, matières premières, etc… Mais, certains dans le troupeau humain ne sont pas assez rentables pour être fluidifiés; on le voit avec les demandeurs d’asile, les migrants, les exclus (les jeunes de l’apartheid social notamment) et les superflus (car remplacés par les machines ou dont le métier a été numérisé.

    La société du travail ne tolère aucun temps mort, aucune marginalité, aucune autonomie et libre détermination.

    Sans sortir du capitalisme, donc de l’économie, donc du travail abstrait capitaliste (mesuré par al quantité de travail inclus dans une marchandise, de l’ Etat, garant de ce système, du droit, de la démocratie dite représentative, nous ne pourrons changer de société donc de la façon dont nous nous socialisons.

    Ce ne sont pas l’économie circulaire, l’ économie de partage, le capitalisme vert, l’économie immatérielle qui nous permettrons de sortir de l’ornière.

    Car tous ces grands cerveaux n’ont pas compris que ce qui produit de la valeur économique dans le capitalisme, c’est le travail humain vivant. Une machine ne produit pas de valeur, elle transfère simplement la valeur accumulée pour sa fabrication, c’est ce que l’on appelle le travail mort. Or, de nos jours ce travail mort est tellement important que le travail humain n’ arrive plus à compenser la perte de profit.

    C’est pourquoi, le capitalisme a besoin de phagocyter tout ce qu’il peut pour pouvoir s’investir (destructions des services publics et transformation en marchandises de beaucoup d’aspects de notre vie), et il a besoin de plus en plus de travail humain d’où intensification du travail et augmentation de la durée du travail. C’est pourquoi aussi, ceux qui prétendent que ce sont les banquiers et les financiers qui sont responsables n’ont rien compris ou ne veulent pas le dire. En effet, dès la fin des années 60, la production de marchandises n’étaient plus rentables du fait de la révolution de la micro-électronique; d’où la dérégulation des capitaux qui ne pouvaient se rentabiliser dans l’économie nationale et augmentation jusqu’à l’hypertrophie de la sphère des marchandises d’ordre 2, donc de la finance. Si il n’ y avait pas eu cette politique, nous serions depuis longtemps dans la panade. Mais, cette politique qui a été destructrice pour les peuples n’a permis qu’un ajournement des futures crises.

    Le capitalisme, c’est la crise. Cependant, les crises antérieures avaient pu être jugulées par de nouveaux marchés, la relance par l’endettement public et la consommation de masse. Ce n’est plus le cas aujourd’hui étant donné la productivité gigantesque atteinte et que de nouvelles innovations produits ne peut contre balancer. C’est pourquoi, les « décideurs » nous parle que de croissance, d’emploi, d’innovations, de produits à haute valeur ajoutée.

    Le capitalisme est donc dans sa plus parfaite contradiction avec des forces productives immenses don c avec un besoin de travail humain vivant énorme, mais il détruit ce travail humain pour rester compétitif en substituant l’être humain par les machines!

    Ce qui nous raconte que l’on aura un revenu universel grâce au remplacement du travail humain par des machines disent n’importe quoi! Justement, plus il y a de machines, plus l’intensification du travail est importante!

    D’autre part, le revenu universel fait de nous tous des mineurs économiques recevant un pouvoir d’achat pour seulement consommer. Aucune émancipation là-dedans!

  5. Tout est dit. Et pendant ce temps sur TF1, l’offensive annuelle pour conditionner les mômes en futurs consommateurs compulsifs, ou éternels frustrés.

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