Sur quatre experts (Radanne, Kastler, Sadones, Rousseau)

Je connais mal le philosophe Paul Ricoeur, mais je l’aime tout de même. Ainsi va l’esprit. Un entretien avec lui, paru dans un journal en 1991, avait attiré mon regard. Je ne me souviens plus que de cet extrait : « Les experts n’en savent pas plus que chacun d’entre nous ». Et si c’était vrai ?

Je ne souhaite me faire que de vrais amis, ce qui mène parfois, mais pas toujours, à la solitude. Et en abordant la très délicate question de l’expertise et de la spécialisation, je risque bien de fermer à jamais certaines portes. Mais j’ai promis ici, au début de ce blog en août 2007, de rester au plus près de la liberté que la vie me concède. Et donc, en avant.

Trois noms pour rendre concret mon propos. Trois noms d’experts dans le domaine fort vaste de l’écologie. Je le précise pour garder une chance de serrer quelques mains, j’estime sincèrement les deux derniers de la liste. Mais pas le premier, que voici. Je vous ai déjà parlé de Radanne. Cet expert « vert » de l’énergie a un passé irréprochable et un présent détestable. Après avoir dirigé l’Ademe grâce à Dominique Voynet, alors ministre de l’Environnement de Jospin, il continue sa route en conseillant notamment les grands patrons. Je doute que cela soit pour des prunes, mais passons. Oui, passons, car je m’en fous. La question est de savoir quels conseils il donne.

Eh bien, la question est réglée : il apprend comment poursuivre le plus longtemps possible la dévastation du monde. Il y a quelques jours à peine, j’ai lu les propos de Rajendra Pachauri, Nobel de la paix et patron du Giec, ce grand machin scientifique qui travaille sur la crise climatique. Eh bien, Pachauri, Indien de l’Inde, disait entre autres ceci à propos de la voiture Tata Nano : « Cette voiture tient du cauchemar, syndrome du fiasco des politiques de transport public. Les pays en développement ou émergents sont imprégnés par les images de prospérité des pays riches ».

On s’en souvient peut-être, la Nano devrait coûter 1700 euros à l’achat, et donc envahir les rues et les têtes du continent asiatique, Inde en tête. Pour commencer. Ce pauvre – mais non, pauvre, il ne l’est pas – Pierre Radanne s’est publiquement et plusieurs fois félicité de cette terrible innovation, qui rapproche un peu plus la planète de la vraie tragédie. Des experts comme lui, je le dis, le monde n’en a pas besoin.

Autre personne digne d’intérêt : Guy Kastler. Je l’ai croisé plus d’une fois, et je lui reconnais sans détour un savoir incomparable en matière d’OGM. Paysan, écologiste, gros travailleur, intelligent et minutieux, il est l’homme des dossiers, et a rendu de grands services à la cause, comme on n’ose plus écrire. Néanmoins, la place qu’il a prise me dérange, car elle échappe désormais à la critique. Membre de la Confédération paysanne, responsable du beau réseau Semences paysannes, il a représenté les Amis de la terre au funeste Grenelle de l’Environnement.

Et l’ennui, qui n’est pas encore un drame, c’est que Kastler pense savoir mieux que quiconque. Notamment sur le dossier des OGM. D’un côté, c’est probablement vrai, mais de l’autre – voir Ricoeur supra -, c’est certainement faux. Il y a environ deux mois, un bon ami m’a demandé de signer une pétition simplement et radicalement anti-OGM, ce que j’ai fait. Et il m’a raconté que Guy Kastler faisait son possible pour que la direction de Nature et progrès – grande association bio -, dont il est très proche, n’ajoute sa signature au bas du texte. Pourquoi ? Parce qu’il avait passé des semaines à travailler sur des amendements et des formulations à placer dans le projet de loi promis au Grenelle par Borloo and co. Pensait-il que l’UMP allair suivre ses conseils avisés ?

D’un côté, je comprends Kastler, qui a cru de bonne foi qu’on pouvait obtenir enfin quelque chose, en étant un meilleur lobby que celui d’en face. Mais je conteste radicalement sa façon de faire. Car sa légitimité vient du mouvement, non l’inverse. Et la bataille contre les OGM n’est pas technique, on s’en serait rendu compte. Elle est politique et morale. Kastler, parce que le mouvement, il est vrai, l’a laissé faire, occupe désormais un territoire qui ne devrait pas pouvoir être le sien. Mais qui l’est.

Troisième exemple : Patrick Sadones. J’espère qu’il me pardonnera, car j’apprécie au plus haut point sa rigueur et sa ténacité. Ingénieur agronome normand, conseil de la Condéfération paysanne, Sadones est devenu un véritable contre-expert dans le domaine des biocarburants, qui me tient à coeur. Il a dépiauté des milliers de pages, assisté à un nombre incalculable de réunions où je serais mort d’ennui. Chemin faisant, il a détruit avec brio l’argumentaire des promoteurs des biocarburants, à commencer par l’étude biaisée réalisée à la demande de l’Ademe – de Pierre Radanne, soit dit en passant – en 2002.

Formidable ? Presque. Au passage, Sadones a versé dans la « technicisation » de la question des biocarburants. Comme si, au fond, tout cela n’était qu’une question de débat entre pairs. Comme s’il s’agissait d’une joute où le meilleur des dossiers finirait fatalement par l’emporter. On sent – je sens – chez lui la fierté, justifiée, d’en savoir davantage que la plupart de ses interlocuteurs. Mais aussi, et cela me désole, l’idée que les biocarburants pourraient éventuellement trouver leur place si leur bilan énergétique était aussi fameux que le prétendent les marchands. Et là, je le dis franchement, je ne le suis plus. Du tout. Du tout.

Ai-je fini ? Eh bien non, finalement, car un quatrième personnage m’est venu en tête tandis que je vous écrivais. Il s’appelle Bernard Rousseau, et c’est une personnalité de la protection de la nature. Car ce chercheur au CNRS a longtemps présidé France Nature Environnement (FNE), qui regroupe environ 3 000 associations locales et des fédérations régionales comme Alsace Nature, Bretagne Vivante – dont je suis membre -, ou encore la Frapna.

J’ai connu Bernard Rousseau il y a vingt ans, quand commençait le grand combat contre les barages sur la Loire et certains de ses affluents. Nous avons été proches quelque temps, au point que nous avons campé ensemble dans les gorges de l’Allier sauvage. Bernard est un pêcheur à la mouche étonnant, et moi, je le regardais lancer sa soie comme on sème aux quatre vents. C’était magnifique.

Ensuite ? Bernard a toujours combattu pour des rivières vivantes, et il a mis son grand savoir technique et scientifique au service de la bagarre sur la Loire. Il y a fait un travail crucial de démontage de la logique des aménageurs fous, exprimant fort bien une autre rationalité. Et là-dessus, le temps a passé, et là-dessus nous nous sommes perdus de vue.

Il devenait un président. D’abord de l’association Nature-Centre, à Orléans, puis de la grande FNE, comme j’ai dit. Mais sans seulement s’en douter, il était aussi passé à côté de l’essentiel. Selon moi, cela va sans dire. Intégré, « institutionnalisé » sans qu’il y ait eu besoin de le forcer, Bernard Rousseau était devenu un interlocuteur convenable, apprécié de tous les services de l’État. Un alibi ? Il me faudrait y réfléchir, je ne veux pas régler la question ici.

En tout cas, un excellent invité permanent pour toutes discussions officielles. Parallèlement, il se séparait, plutôt mal, de certains des militants les plus en vue de la mobilisation contre les barrages. Il les critiquait durement, il moquait leur incapacité à défier les experts de l’autre camp sur leur terrain même. Car lui savait.

Et il avait raison, certes. Il en savait plus que quiconque. Mais il avait totalement perdu de vue le coeur de l’affaire : sans la mobilisation populaire lancée au Puy-en-Velay en 1988, rien ne serait jamais arrivé. Sans l’occupation des berges de la Loire pendant cinq ans, sans les folkloriques et merveilleux individus que j’ai déjà évoqués ici, le grand fleuve serait aujourd’hui barré, et tué. Voilà ce qu’on appelle la politique vivante et la pratique intelligente du rapport de forces. Toutes choses que n’a jamais comprises Bernard Rousseau. La surprenante victoire de la Loire aurait sans doute pu se passer de lui, malgré ses grandes et indiscutables qualités. Mais certainement pas de Martin Arnould, Régine Linossier, Roberto Epple ou Michel Soupet.

Voici l’heure de ma conclusion. Ouf, n’est-ce pas ? Les experts ont leur rôle et leur importance. Mais lorsqu’ils échappent au mouvement qui les a faits rois, il est temps de sonner le tocsin. Cette autonomisation de l’expertise, ces autoproclamations sans contrôle, cette absence de saine critique sont un signe de grave faiblesse. Ne nous y trompons pas, rien de cela ne pourrait se produire si le mouvement écologiste était fort, puissant, conquérant.

Je n’accablerai donc pas les experts dont je viens de parler, à la notable exception de Radanne, qui a choisi une voie indigne. Les autres sont le signe que la maturation n’est pas là. Que beaucoup d’efforts restent à accomplir pour bâtir un mouvement digne de ce nom, où le point de vue technique resterait à son rang. Et même si je ne veux vexer personne, je dois l’écrire : ce rang est subalterne. Subalterne et subordonné à une vision plus globale. Guidée donc par des impératifs qui s’imposeraient à tous les individus et à leurs rêves personnels. Encore un effort.

16 réflexions sur « Sur quatre experts (Radanne, Kastler, Sadones, Rousseau) »

  1. Tout à fait d’accord sur l’analyse: effectivement, ces perversions risqueraient moins de se produire si le mouvement écologique était suffisamment fort, conquérant, mais aussi rassembleur. Son problème-ou sa force- c’est qu’il l’est sur le terrain. Ainsi, je reviens d’une journée avec la LPO et des gens admirables par leur militantisme, leur connaissance et leur attentive présence à la nature.
    Mais l’écologie peine à fédérer à un plus haut niveau tout en gardant sa crédibilité, sans se laisser happer par le jeu de dupes du système.
    Tout cela, c’est de la haute voltige, la marche sur un fil. Seuls des esprits purs peuvent traverser tout cela sans se renier. Mais vous en êtes! Alors l’espoir demeure!

  2. Pourquoi les experts ont-ils une telle place dans nos sociétés ? Parce que la plupart des choix politiques ne sont pas présentés comme tels, mais comme des nécessité « techniques », « économiques » ou autres. « On peut pas faire autrement », « C’est le progrès »… Le débat démocratique est ainsi systématiquement courcircuité.

    Donc dans le meilleur des cas, il y a parfois discussion d’experts…

    Les experts ne m’intéressent que pour décoder une décision et démontrer que le choix n’est pas technique, mais justement politique.

    Patrick Sadonnes est précieux sur les agrocarburants. Il a démonté point par point les arguments des pro-agrocarburants. Mais comment les décisions ont-elles pu être prises sur la base de dossiers aussi bidonnés ? Parce que la technique n’était qu’un écran de fumée et que derrière on voulait imposer politiquement les agrocarburants, quel que soit leur bilan.

    Le dossier des agrocarburants n’est pas un dossier technique, mais un dossier politique et nous n’avons moins besoin d’arguments techniques que d’un rapport de force politique en notre faveur.

    Il faut sortir du débat technocrates verts contre technocrates gris et redonner le débat aux citoyens (quand ils le veulent)

    Si Pierre Radanne se fourvoie, c’est bien triste.

    Pour Guy Kastler, je ne suis pas d’accord avec toi Fabrice, mais tu le sais. Il n’est pas seul. C’est quelqu’un qui respecte les décisions collectives, qui s’y soumet, qui sait rendre des comptes, qui travaille à la mise en place de réseaux, de collectifs. Tout l’inverse de l’expert, justement.

    Qu’il ait refusé de signer une initiative dont on ne sait d’où elle vient. C’est son droit. Je préfère un Guy Kastler qui n’a pas signé, mais qui continue à lutter pour empêcher les OGM en France que quelqu’un qui a signé et estime que son devoir de citoyen s’arrête là.

    La radicalité est souvent modeste.

    amitiés

    MH

  3. Pour Mathieu,

    Il est bien possible que je me trompe sur Guy Kastler. Ce ne serait ni la première ni la dernière fois. Mais je (re)dis qu’il a d’énormes qualités qui ont servi au mouvement écologiste. S’il a, comme je pense, franchi à l’occasion une ligne imaginaire, c’est notre responsabilité collective qui serait en cause. Je tiens à le répéter, car je le pense. J’ai voulu illustrer un problème général, en composant un bouquet de quatre personnes que je ne mets nullement sur le même plan. Sadones est un homme précieux, j’en suis on ne peut plus d’accord. Et Radanne est ailleurs, je n’y insiste pas.

    Amitiés,

    Fabrice Nicolino

  4. C’est bien parce que j’essaye de garder l’esprit critique, même (surtout ?) par rapport aux gens que j’aime bien que je… t’applique ce principe.

    Sinon, ton texte touche un point extrêment sensible pour les écologistes et je dirais même que pour moi, c’est souvent la ligne de fracture.

    Quand un dirigeant d’une grande association française m’explique qu’un des enjeux majeurs du Grenelle, c’est « la reconnaissance du statut de partenaires environnementaux des associations », la ligne blanche est franchie…

    Le pouvoir sait aussi choisir ses experts « verts »… Quelques places dans des Commissions Bidule, quelques subventions, une place dans l’avion pour Bali…

    Ce besoin de reconnaissance qui pervertit tant de gens valeureux !

    amitiés

    MH

  5. Il me semble que vous posez un problème plus vaste.Jusqu’où l’écologie, la vraie, est-elle compatible avec la politique. La seconde n’est faite que de compromis, de plus en plus lourds en montant dans la hiérarchie. L’écologie, la vraie,celle que l’on expérimente sur le terrain, ne peut se solder que par la mort du vivant si le compromis est trop lourd. Et les politiques ne démissionent même plus. Alors…

  6. Bonjour,

    Bien que je partage beaucoup de vos indignations et combats, je trouve vos propos outranciers et intolérants, et ça me gêne beaucoup !!

    En gros, vous considérez que si des personnes ne sont plus d’accord avec vous à 100%, ils ont « trahi ». C’est un mode pensée totalitaire.

    Vous vous focalisez sur la dimension « d’expert » des personnes citées, mais c’est un faux problème. Aucun d’entre eux (sauf sans doute Pierre Radanne) n’a revendiqué d’être un « expert ». Par ex. Guy Kastler ne le fait parfois que pour bousculer la définition du terme et pour affirmer qu’un paysan est autant expert qu’un chercheur. Mais franchement, ils ne se revendiquent pas comme tels, et je ne vois pas vraiment pourquoi VOUS vous focalisez là-dessus – sauf pour donner une sorte de légitimité malsaine à votre papier ?

    En fait, vous niez la légitimité de points de vue nuancés et différents au sein d’un même combat. Cette démarche me choque, elle a détruit des amis dont l’engagement de toute une vie a été nié et insulté par des penseurs « puristes » qui ne voulaient pas comprendre les nuances et les différences de point de vue. Humainement, c’est dégueulasse.

    Or, les différences de point de vue sont un ENRICHISSEMENT, car ils permettent de porter le fer dans différents lieux, de se compléter, de s’épauler, de se succéder… Ainsi la lutte pour amender la loi OGM est complémentaire à celle des faucheurs (et ce sont parfois les mêmes personnes…). La seule condition est que les uns et les autres gardent conscience de leur combat commun. Que ceux qui travaillent sur la loi ne la pensent pas « bonne » si leurs amendements sont repris – elle sera juste un peu moins mauvaise.

    Lorsque les plus « puristes » tapent sur les plus « pragmatiques », ils tendent à les pousser hors du combat commun … et ainsi ils affaiblissent ledit combat. De plus ils poussent parfois lesdits pragmatiques à s’isoler des puristes, ce qui réduit le nécessaire échange permanent entre les deux points de vue (et l’absence de cet échange peut conduire les pragmatiques à perdre de vue l’exigence de fond initiale : nous n’avons rien à y gagner !!!, à part l’expression perverse d’un nihilisme du genre « je l’avais bien dit, c’est un traître »).

    Bref, votre démarche me déçoit. Elle est triste, négative et surtout peu respectueuse de l’humain. Ne vous en déplaise, certains peuvent être en désaccord avec vous sans être des traîtres à la cause – et même parfois se révéler à la longue les meilleurs défenseurs de la cause…

    Cordialement,

    Jacques

  7. Bonjour,

    Un complément ou une précision sur l’exemple cité à propos de Guy Kastler : une pétition « simplement et radicalement anti-OGM » peut être totalement à côté de la plaque voire dangereuse. Je ne sais pas de laquelle vous parlez, mais si c’est le type de texte pondu par Kokopelli et réclamant la liberté absolue d’échanger les semences, franchement c’est vous qui êtes un « traitre à la cause » et pas Guy Kastler :-). Car ce type de pétition réclame rien de moins que le « libéralisme intégral » en matière de semence… Le libéralisme intégral, sans aucune régulation collective par les communautés paysannes, sans aucune garantie contre la spoliation des paysans du tiers-monde, sans aucun respect pour la vie humaine en société, vous ne croyez pas que c’est largement incompatible avec une démarche écologique ???
    Il est probable que si Guy a refusé de signer cette pétition c’est à cause de son contenu, et sûrement pas à cause de sa démarche parallèle pour amender la loi. Je le connais trop bien pour imaginer une seule seconde qu’il ait été aussi mesquin. En revanche, je connais des gens au sein de Kokopelli qui aimeraient bien « l’abattre » et qui ont déjà lancé sur lui des rumeurs dégueulasses.
    C’est triste, c’est mesquin, de voir des personnes qui devraient partager leur combat se taper dessus. Mais en l’occurrence, ici Guy Kastler est la victime d’un règlement de compte nauséabond et sûrement pas un traître, ni le responsable du conflit.
    Et si vous l’appeliez au téléphone pour connaître « de première main » la raison pour laquelle il a poussé Nature & Progrès à ne pas cautionner cette pétition ? Ne serait-ce pas plus simple et plus sérieux que les supputations de deuxième main ?

    Cordialement,

    Jacques

  8. Pour Jacques,

    Je suis désolé d’être brutal, mais soit vous m’avez mal lu – ce qui peut arriver à tout le monde -, soit – et ce serait plus grave – vous ne savez pas lire. Car je n’ai jamais dit ou seulement pensé en termes de traîtrise. Traîtrise à quoi ?
    Je vois surtout que vous avez de l’estime pour Kastler, ce qui est bien votre droit. N’ai-je pas écrit moi-même exactement la même chose ?
    Ce que vous ne semblez pas comprendre, c’est la nécessité de la critique, jusques et y compris vis-à-vis de personnes dont on se sent proche. Pensez-vous que la crise dans laquelle nous sommes plongés pourra nous éviter de bien plus pénibles remises en cause ?
    Je revendique le droit permanent à la critique de tous et de chacun et le reconnais aussi, évidemment, à mon endroit. Mais je dois vous dire que je n’apprécie pas certains de vos propos, qui montrent combien vous traitez à la légère certains principes de base. Totalitaire, dites-vous ? Mais où avez-vous appris le sens des mots ?

    Le texte que j’ai écrit, et dont j’assume chaque mot, est vif mais respectueux pour qui mérite mon respect. À savoir, en cette occurrence, Kastler, Sadones et Rousseau.Je n’en dirai pas autant de vous tant que vous n’aurez pas retiré ce mot imbécile autant que déplacé.

    Fabrice Nicolino

  9. Bonsoir,

    Je ne sais pas si la totalité de notre échange mérite d’être publié … mais je vous réponds par le canal que je connais : ce formulaire.

    Peut-être ai-je été un peu brutal dans mon premier message – tout comme vous l’avez été dans votre billet, non ?

    Je ne sais pas si votre analyse relève « dans le fond » de la logique d’une pensée totalitaire comme je l’exprime – et je ne demande qu’à être démenti ! Mais, si l’on laisse provisoirement de côté « votre pensée », je maintiens ma critique virulente de la logique de certains militants qui consiste à attaquer ceux qui ne pensent pas « entièrement » comme eux.

    J’ai croisé hélas à plusieurs reprises cette démarche. J’ai pu constater à quel point ceux qui l’adoptent fonctionnent sur le mode du « procès d’intention » (genre : « si Kastler n’a pas voulu que Nature & Progrès ne signe la pétition, c’est sûrement parce qu’il est corrompu moralement par son rôle valorisant d’expert auprès du Parlement » … sans même arriver à imaginer qu’il a peut-être une AUTRE raison pour ce refus, et que cette raison est peut-être une BONNE raison – ici encore je ne dis pas que c’est votre pensée, je reformule volontairement selon ce qu’un adepte de la « pensée totalitaire » affirmerait, à partir de l’exemple de votre billet). J’ai pu voir à quel point cette démarche est « imbécile autant que déplacée ». J’ai pu voir surtout à quel point elle est humainement violente. Je vais être clair : j’ai vu mon père et un ami en mourir. Je pèse mes mots.
    Rien ne peut excuser de remettre en question l’honnêteté morale et la droiture de gens qui ont consacré leur vie à faire avancer nos causes écologistes et humaines. Rien ne peut justifier qu’un homme, quel qu’il soit, s’érige en juge suprême de la cause écologiste (ou d’une autre, car c’est surtout à l’extrême-gauche qu’on rencontre cette démarche). Oui, j’affirme et je peux développer exemples à l’appui que lorsqu’on attaque plus violemment ceux qui défendent la même cause que nous avec un autre point de vue … que ceux qui la combattent, alors on est exactement dans une démarche de « pensée totalitaire ». Et qu’elle est imbécile sur le fond, et meurtrière dans ses effets sur autrui.
    J’entends que vous respectez les experts de votre billets (sauf un). Mais je vous encourage à prendre garde au ton que vous employez et aux fondements de vos critiques. Et puis ce que vous écrivez sur Radanne est d’une violence sur le fond !.. N’allez pas dire que vous n’utilisez pas d’insultes : il est des ellipses bien plus cruelles que les mots, et vous l’attaquez de façon très raisonnée et consciente. Critiquez-le, bien sûr. Considérez-le comme un adversaire si vous voulez. Mais là, franchement… Les allusions à l’argent, les insinuations répétées en opposition aux trois autres… N’allez pas ensuite hypocritement me demander « où j’ai appris le sens des mots », ça devient de la langue de bois, indigne de vous.

    Cordialement quand même, car tout ça ne mérite pas plus qu’une petite prise de bec amicale (je l’espère du moins),

    Jacques

  10. Pour Jacques,

    Restons-en là. Mais sachez que je maintiens mon propos à votre encontre, car je sais raisonnablement le sens des mots, et pour moi, vous avez franchi une ligne. Vous en remettez une couche en prétendant que j’aurai lié le refus de Kastler de signer une pétition et son inconcevable – pour moi – corruption morale. Relisez, bon sang ! Je n’ai JAMAIS écrit cela. Vous tirez cette grave accusation de votre propre esprit, et pas du mien.

    Fabrice Nicolino

  11. Bonjour,

    Désolé de passer par cet échange public, mais je tiens tout de même à lever un malentendu : même si dans mon premier message j’émettais une inquiétude quant à votre démarche, ce n’étais pas ce que je disais dans celui qui a suivi votre réponse.

    J’insiste là-dessus : l’exemple que j’ai pris à propos de Guy Kastler était destiné à illustrer ce que j’appelle la pensée totalitaire (= « si tu n’es pas d’accord avec moi à 100% alors tu es un adversaire et tu es un traître »). C’était pour expliciter la démarche que je combats (et dont vous sembliez contester l’existence en me déniant la légitimité de parler de « totalitarisme »), pas pour vous attaquer personnellement.

    En d’autres termes, je souhaitais expliquer pourquoi le terme de « totalitarisme intellectuel » peut être fondé, au sein d’une certaine extrême-gauche et de quelques écologistes ultra. Mais en aucune manière je ne prétendais que vous en faisiez partie. Autrement dit, je n’ai jamais prétendu que VOUS ayez parlé de corruption morale. A mon tour de vous inviter à me relire, saperlipopette !
    En revanche, je sais trop bien que certains militants intolérants ont cette attitude. Et je voulais vous alerter sur le danger de la conforter.

    Mais un échange en « réaction » sur un blog est trop laconique et simplificateur pour permettre d’être assez précis, nuancé et explicite (tout comme un « billet » de blog est également trop laconique pour cela). Merci d’essayer de comprendre ce que ma réaction exprime, elle n’a rien à voir avec une accusation d’insulte ou je ne sais quoi – et elle n’est pas une simple réaction épidermique irréfléchie, j’ai hélas trop vécu d’expériences militantes et humaines pour parler à la légère.

    Cordialement,

    Jacques

  12. J’avoue comprendre le trouble de jacques (point de soupir , môssieur !). bien-sûr, critiques et totalitarisme n’ont rien de commun . mais la critique est-elle toujours constructive ? franchement je me suis posé la question à la lecture de ce billet .

  13. précision : mon ton peut paraitre sec, comme je l’ai souvent remarqué , mais mon état d’esprit est bienveillant .

  14. Je connais Radanne et Rousseau et on ne peut trouver leurs caractères plus différent! L’un est imbu de sa petite personne l’autre est modeste et efficace: son combat pour la Loire en est l’illustration.
    Je suis frappé par le ton résolument optimiste de Radanne (cf la conférence avec N. Stern et L. Tubiana-une autre vedette celle-là- à Sc-Po l’anée dernière)depuis qu’il gagne sa croute comme consultant: celà lui ote toute crédibilité à la différence d’un Jancovici qui ne varietur continue d’assener quels que soient ses clients des vérités climatiques peu optimistes

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