L’énigme du Grenelle (extinction de masse)

Où sont-ils passés ? Oui, dites-moi donc où sont passés les matamores d’octobre dernier, ceux qui assuraient qu’une révolution écologique était en cours ? Le 17 avril, et c’est une authentique première, le journal Le Monde s’en prenait enfin sans détour aux biocarburants, dans un éditorial engageant le journal, en page 2. Sous un titre sans équivoque, pour une fois : Les tartuffes de la faim. Je cite: « Les nouvelles habitudes alimentaires des pays émergents, largement importées des pays développés, expliquent en grande partie l’explosion de la demande, et donc les tensions sur les prix. Ce n’est pas la seule raison. La concurrence des biocarburants en est une autre, essentielle. Or les Etats-Unis, si généreux avec le Programme alimentaire mondial, ont confirmé leur volonté de doubler les surfaces déjà très importantes qu’ils consacrent aux biocarburants. Face à l’automobiliste américain, le paysan haïtien ne fait pas le poids. Même chose pour l’Europe ».

Impeccable, si l’on oublie le grand silence qui a précédé. Impeccable. Et là-dessus, hier, notre sémillant, notre excellent Dominique Strauss-Kahn, patron du Fonds monétaire international (FMI) a lui aussi lancé une sorte d’appel, reconnaissant que les biocarburants posent un « problème moral ». Extraordinaire retournement général, dont je suis profondément heureux.

Mais au fait, et nos amis du Grenelle de l’environnement ? Mais si, souvenez-vous, ces grands écologistes qui affirmaient mordicus que rien ne serait jamais plus comme avant. Que le Grenelle était une date, un tournant, l’annonce du grand changement, l’histoire en marche, etc.

Pour ce qui me concerne, je puis vous jurer que j’ai fait tout ce que je pouvais pour secouer les grandes associations écologistes. Il est encore temps de les réunir toutes, et de réclamer de Nicolas Sarkozy, au nom de leur Grenelle commun, une décision simple et efficace. Par exemple, la fin immédiate des subventions publiques françaises à l’industrie criminelle des biocarburants. Ce serait la fin de la filière chez nous, et un coup de tonnerre ailleurs dans le monde.

Au passage, cela serait la preuve expérimentale que les associations écologistes servent à quelque chose. Mais pour l’heure, le silence est complet. Quoi ? On pourrait être écologiste et admettre sans broncher que des hommes meurent de faim pour faire rouler des bagnoles ? Eh bien, qu’on s’explique donc sur le sujet. Et publiquement s’il vous plaît.

10 réflexions sur « L’énigme du Grenelle (extinction de masse) »

  1. Chaque jour, les politicards me dégoutent un peu plus. Le lobby agricole est beaucoup trop puissant en France, il est temps que la démocratie prenne le dessus.

  2. Perdu: animateur télévision à poil raide nommé Nicolas.
    Race: écologiste apolitique.
    Aperçu pour la dernière fois dans émission à grand spectacle nommée :  » grenelle de l’environnement ».
    Si vous le retrouvez, ramenez le vite à ses maîtres, Mme Morizet ou Mr Borloo.
    Récompense: un sac de maïs Bt certifié.

  3. Les agrocarburants posent « un problème moral », mais…seulement « quand ils utilisent des denrées alimentaires ».
    Assorti de cette restriction qui vient l’annihiler « l’appel » de DSK ne laisse rien augurer de bon et il n’y a pas lieu d’en être heureux.
    Quand les cultures d’agrocarburants confisquent les sols, les stérilisent, consomment des quantités d’eau phénoménales c’est autant de moyens d’assurer la subsistance qui sont accaparés et détruits.
    L’agrobusiness, vous l’avez dit et redit Fabrice, tue les écosystèmes et pollue de manière irréversible.
    Le golfe du Mexique, ça n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, déjà passablement asphyxié par les nitrates, est en passe d’être transformé en « zone morte » par la production d’éthanol, donc plus de poissons et autres produits de la mer.(cf.A.Roos dans Le Monde du 13 mars 2008).
    Et ne me dites pas que DSK a seulement en tête la valorisation des déchets agricoles, sa vibrante déclaration ne peut qu’induire en erreur l’opinion publique.

  4. a sandro minimo
    Merci d’avoir retrouvé Nicolas, j’étais inquiet. En effet il durcit sacrément le ton, le gaillard!Survolté, le bougre. C’est ébouriffant, cet interview d’un éternel rebelle… le voilà proche de Besancenot et cohn-bendit, à c’t’heure, notre Indiana jones. Sûr que ça va chauffer, le capitalisme en tremble déjà sur ses bases.
    Tous au abris donc, car revoilà Hulot et va y avoir du sang sur les murs.

  5. Pour savoir si c’est le « vrai » N. H., voyons comment il va réagir au test des OGM, puisqu’il a signé – moi aussi, d’ailleurs – une pétition pour défendre un amendement que les courageux Fillon et Copé se sont empressés de faire réduire à néant.

  6. « Quoi ? On pourrait être écologiste et admettre sans broncher que des hommes meurent de faim pour faire rouler des bagnoles ? Eh bien, qu’on s’explique donc sur le sujet. Et publiquement s’il vous plaît. »
    Bien sur que oui, les grandes ONG écolo sont des pro-décroissance. Le Groupe de Rome, au début des années 70, écrivait qu’il ne fallait pas aider (donc laisser mourir) les pays qui ne pouvaient pas se développer (pèle-mêle : la chine, le brésil, l’inde, le vietnam, l’indonésie, etc etc.). C’est cela la décroissance que beaucoup de militants écologistes prône à tout va. Un génocide.

    Ensuite, je tiens a rappeler qu’il y a encore très peu de temps toutes les ONG (de greepeace au wwf, en passant par les « amis de la terre » et consorts) vantaient à qui voulaient l’entendre que les biocarburants étaient une solution efficace contre les rejets de GES (Gaz à Effet de Serre) et notamment le CO2. Belle arnaque que cela. Mais si l’état et les gouvernements avaient écouté (une fois n’est pas coutume…) leurs scientifiques, ils auraient très vite laissé tomber cette fumisterie et les gens qui la prônait.

  7. « Les nouvelles habitudes alimentaires des pays émergents »

    J’adore la formulation. Eh oui, les citoyens des pays émergents ont désormais la prétention de… se nourrir!

    La prétention seulement, hein, faut pas déconner. Heureusement il s’avère que l’Inde est désormais en retard sur l’Afrique pour ce qui est de nourrir ses ressortissants.

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