Socialistes et (surtout) compagnie

Je préfère en rire. Je veux dire que, sérieusement et consciencieusement, j’en rigole. Je le fais parce que je n’y peux rien, et qu’à ce degré de dinguerie, je me laisse aller. Je ne dois pas être le seul à ricaner dans les pires situations, même si, quelquefois, je me surprends moi-même. J’ai (presque) toujours ri au milieu des bourrasques.

De quoi s’agit-il cette fois ? Oh, des socialistes. De leurs histoires. De leurs batailles picrocholines, de leur ridicule ego, de leurs pâles personnes. Je vous l’avoue, je n’en sauve aucun. J’ai déjà parlé ici de DSK, qui a accepté le soutien empressé de Sarkozy pour devenir le patron du Fonds Monétaire International (FMI), agent majeur et planétaire de la destruction du monde.

Les autres ne valent pas mieux. Delanoë a fini par croire qu’il pourrait aussi bien qu’un autre. Et il a raison : aussi bien, pas davantage. Royal, enflammée l’an passé par les compliments grotesques de BHL, devenu le temps de sa campagne un conseiller écouté, tente si j’ai bien compris de prendre la direction du PS. Et quantité d’autres, de Moscovici à ce pauvre Julien Dray, envisagent de lui, de leur disputer le titre. Sur Dray, notons ensemble cette forte sentence par lui prononcée sur RTL, et qui s’adresse à son ancienne grande amie Ségolène Royal : « Quand un pâtissier essaie de monter une pièce montée (…) pour une communion, un mariage, il y a la petite figurine au-dessus, elle est importante. Est-ce que le pâtissier commence à faire la figurine d’abord ? Non, en général, il commence à construire la pyramide. Il associe les choses». Ajoutant finement : « Ce qui est valable en pâtisserie est un peu valable en politique ».

Même à l’aune de l’histoire de leur parti, l’ensemble de ces gens sont des nains de jardin. Car lorsqu’on passe de Jaurès et Blum – et Dieu sait pourtant que je ne fais pas partie du fan club – à cette étonnante médiocrité, il est manifeste qu’on descend rudement. Mais en réalité, il y a pire. Bien pire : il n’y a jamais qu’un fil unique, qui les relie tous, et c’est bien entendu leur aveuglement complet.

Contemporains comme vous et moi d’une crise sans aucun précédent de la vie – du moins depuis l’apparition de l’espèce humaine -, tous ces fiers dirigeants font néanmoins comme si elle n’existait pas. Et en effet, elle n’existe pas pour eux. Par exemple, et ce n’est qu’un exemple, pas un ne se sent concerné par les émeutes de la faim en cours. Pas un ne relie la profonde décadence de l’agriculture industrielle, dont ils sont il est vrai des défenseurs, et cette tragédie insupportable.

La question reste de savoir qui gagnera le prochain congrès, qui défiera donc la droite la prochaine fois, et qui montera au mieux les marches du ridicule pouvoir d’État français. Si on les laissait faire, la vie politique pourrait ainsi durer mille ou dix mille ans sans qu’aucun changement ne se produise jamais.

Est-ce que je les méprise ? Je suis bien obligé de l’avouer : c’est oui. Et c’est grave, car derrière ces personnages de troisième zone se trouve une part notable du peuple auquel j’appartiens. Sans lui, pas d’eux. Même si les relations entre la représentation et les représentés sont complexes, elles renvoient fatalement à une réalité qui m’attriste au plus profond.

Parmi les quelques choses auxquelles je crois pour de bon, cette certitude qu’il faut définitivement tourner le dos à ces formes politiques-là. À la droite bien entendu. Mais tout autant à la gauche, et d’ailleurs à toutes les gauches. Je suis toujours étonné de croiser tant de gens qui oublient que ces mots de gauche et droite ont une histoire. Avec une date de naissance qui sera tôt ou tard rejointe par un acte officiel de décès.

Ce qui ne bouge guère, ce qui doit inspirer aujourd’hui et demain, c’est l’idée de justice, que j’associe volontiers à celle d’égalité fondamentale. Le reste peut bien être balayé. Et le sera, croyez-le ou non. Je gage même qu’on est proche du terme de cette histoire « racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur » mais qui signifie cette chose précise : il est temps qu’elle cesse.

4 réflexions sur « Socialistes et (surtout) compagnie »

  1. La classe politique est à l’image de notre société, ni plus, ni moins. Elle est vide de sens, comme notre société, ni plus, ni moins. Elle est gouvernée par l’égo et la peur, à l’identique de notre société, ni plus, ni moins.

    La situation est dramatiquement cohérente. L’homme est dramatiquement prévisible. La société est dramatiquement formatée pour n’obéir qu’à l’intérêt financier. L’histoire semble dramatiquement écrite.

    A moins que…

    A moins que les « Hommes » ne redécouvrent leur propre essence. Qu’ils réalisent qu’ils valent plus que ce qu’on leur susurre ou assène à longueur de leurs vies dénaturées. Qu’ils ressentent enfin qu’ils sont des êtres merveilleux, dotés d’une âme et d’une spiritualité en quête de développement.

    Notre spiritualité est notre bien le plus précieux. Incomparablement plus important que tous ces artifices qui nous engoncent. Plus que notre bien, notre spiritualité est notre seule et véritable essence. Notre enveloppe est importante mais pas essentielle.

    Un homme politique avait beaucoup compris : le Mahatma Gandhi. Un cas isolé, si l’on se réfère à la liste inépuisable des politicards qui prétendent gérer notre monde. Comment peut-on laisser tant d’incompétents, de criminels, d’imbéciles prendre les commandes des destinées de régions, de pays et de millions de brebis ou de veaux ?

    L’urgence est d’ordre spirituelle. La solution est d’ordre spirituelle. C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne, parce que les prises de consciences peuvent parfois s’opérer en un tournemain. Mauvaise, parce que la spiritualité est suspecte, dénigrée et aura toujours la réputation erronée de ne pas pouvoir remplir des ventres affamés. Alors que précisément, la spiritualité parle d’abord à l’âme des personnes, puis à leur coeur, puis à leur tête pour enfin se concrétiser par des actions et des résultats profitables pour tous.

    Tout est possible. Le pire comme le meilleur. A nous de choisir, en conscience et en écoutant notre âme, notre coeur et l’enfant que nous fûmes.

  2. Sûr que la gauche est désespérante, tout autant que la droite qui elle, fait son « boulot » de droite. J’ai entendu le message de Ken Loach cet hiver qui décrivait bien ce qui nous pendait au nez. Et je vais de la Kolère de Fabrice à l’invitation à la spiritualité d’olivier, tout en n’oubliant pas qu’on a les politiques qu’on mérite tandis qu’ il est tellement confortable de nous gargariser du mot citoyen employé à tout va et qu’il devient inexcusable au regard des braves gens de ne plus vouloir voter? Mais voter pour qui, pour quoi? Pour ceux qui porteront le bâton pour nous battre? J’aime la colère de Fabrice à l’encontre de ceux qui sont encore plus coupables que les autres car ils avaient en charge d ‘imaginer autre chose et de rendre compte de la réalité.

  3. Je viens d’apprendre, il est vrai tardivement, que monsieur le secrétaire général de l’UMP Patrick Devedjian, en tant que président du Conseil général des Hauts de Seine, a fait interdire les OGM dans les cantines de son département. Ce qui ne le dérange pas pour faire voter la loi sur les OGM à l’assemblée.
    Mis à part leurs petits intérêts (mal compris d’ailleurs), les politiques ont-ils une pensée propre et cohérente ? Ou vont-ils simplement dans le sens du vent, très variable selon leurs fonctions (qu’ils cumulent) et le moment ? Comme disait Oscar Wilde, être dans le vent, c’est avoir un destin de feuille morte…
    Cela me rappelle aussi un passage de Dernier des Mohicans, au sujet des blancs : « il est vain d’essayer de vous comprendre, comme il est vain d’essayer d’être compris par vous ».
    J’ai bien peur qu’avec la classe politique, gauche ou droite, ce ne soit toujours qu’un dialogue de sourds…

  4. Mais Hacène, pourquoi les politiciens seraient-ils différents des autres citoyens? Ils ont comme tout un chacun peur de perdre leur boulot qui dépend beaucoup plus des appareils de partis que des électeurs. Et la « charge » qu’ils auraient, selon Philippe, n’est qu’un fantasme, une pub électorale. Si ce n’était pas le cas peu d’entre eux auraient voté la loi sur les ogm. J’ai suivi de près les débats de l’assemblée: tout a été dit, très clairement. Ce n’est pas dans l’intérêt des gens qu’ils représentent que les députés ont voté, mais pour garder leur place dans les partis; ça vous rappelle rien?. Ce mode de fonctionnement a fait son temps: ses limites sont trop évidentes, la chute n’est pas loin. Dictature ou révolution???
    Quand à la question d’Olivier « comment peut-on laisser tant d’incompétents…? », et bien c’est qu’on est assoiffés de rêves et qu’on gobe avec délectation les mirages des professionnels en la matière, tant politiciens que « maîtres » spirituels, dont c’est justement la principale compétence…
    Et si on regardait ça de plus près? Si on en sortait pour de bon, du rêve?

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