Hors-circuit temporaire

Amis et lecteurs, je suis hors-jeu une huitaine de jours. Les commentaires ne pourront donc pas être publiés pendant ce temps. À bientôt.

25 réflexions sur « Hors-circuit temporaire »

  1. Comme vous allez nous manquer, j’essaie de suivre votre rubrique de Charlie dont je suis fan! mais je n’arrive pas à tout suivre! Et puis, notre association NaturJalles ayant commencé en 2016 un suivi des hirondelles de la commune qui a encore la chance d’avoir une petite colonie d’HR j’ai voulu une exposition qui se tient en ce moment… Elles aussi ne sont pas en bonne posture, à peine un nid su deux occupé, ça y est il n’y a plus d’hirondelles dans Bordeaux! Il suffit d’un petit fait comme par exemple la coupe de 4 marronniers proche d’une petite colonie pour la faire disparaitre, plus le moindre moucheron pour nourrir la nichée…Les hommes sont sont pitié. Si on n’aime pas la biodiversité c’est qu’on n’aime pas le vivant sous toutes ses formes. Cher Fabrice nous vous souhaitons un prompt retour, nous avons besoin de vos coups de gueule! Quel talent! NaturJalles vous embrasse
    Françoise

  2. Bonjour, puisque ce billet n’a pas de sujet, on me pardonnera un hors-sujet?

    Le thème de l’effondrement m’a toujours énervé, j’y voyais ce mythe très catho voire puritain, de la fin du monde, du jugement dernier, etc. qui démobilise et justifie le cynisme, mais depuis que j’ai vu cette vidéo j’aime vraiment beaucoup Pablo Servigne:
    https://www.les-crises.fr/video-pablo-servigne-effondrement-de-la-civilisation-par-thinkerview/

    En dépit de son format lent, ultra-personnalisé et un peu chiant… à regarder quand on a vraiment du temps, car les bons passages, les très très bons passages, sont distribués un petit peu partout tout au long des presque 2 heures…

    Un point sur lequel je ne suis pas d’accord: Le capitalisme a récupéré l’effondrement depuis longtemps. Pour moi c’est depuis que j’ai lu ce qui fonde le capitalisme selon Gilles Deleuze, qui est « le déluge », c’est-à-dire « la hantise de toutes les sociétés qui l’ont précédé », pour d’autres c’est depuis que Lafarge a construit les tunnels de l’etat islamique, pour un ami ingénieur atomique c’est depuis l’invasion de l’Irak au printemps 2003, qui lui a fait perdre sa confiance dans l’énergie nucléaire (cherchez le rapport… Ce n’est pas technique, et c’est très simple!), pour d’autres c’est depuis que Marcel Boiteux directeur d’EdF répondait aux questions précises de Hannes Alfven (prix Nobel de physique) que le risque nucléaire donnait à l’humanité « une liberté plus spirituelle », pour beaucoup d’Indiens c’est depuis les 30 millions de morts des grandes famines qui ont exactement commencé et exactement pris fin avec la colonisation britannique, pour d’autres c’est depuis le penseur Malthus… Effondrement et capitalisme? Mais ils sont dans un rapport mutuel de moyen et de fin!

    En effet, comme répondirent des ingénieurs papetiers à un ami écologiste qui leur demandait comment leur entreprise survivra s’ils ne maintiennent pas les forêts: « Vous croyez que notre seul but dans la vie c’est de faire du papier? »

  3. Laurent, j’ai du mal à te suivre : l’effondrement, celui de la biodiversité, est un fait. Un fait ! Il n’ y strictement rien de judéo-chretien là-dedans, rien ! Hélas si je puis dire. Car le fait est têtu et implacable.
    Et on perd du temps à ergoter là-dessus … moi, c’est cela qui m’énerve plus que tout.

  4. P.P., mais puisque je te dis que finalement j’aime bien l’approche de Servigne, pourquoi ergotes-tu toi-meme?

    Et lorsqu’on parle « d’effondrement » en Occident, on ne parle en general pas de la « biodiversite » mais de « l’effondrement des societes » (un best-seller: « Collapse, how societies choose to fail or succeed ») ou de l’effondrement en general (« Comment tout peut s’effondrer, Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Yves Cochet : Et si notre civilisation s’effondrait »).

    Moi ce qui m’enerve c’est lorsque l’on commet une faute epistemologique grave, qui est l’inversion de la cause et de l’effet, et c’est tres grave car ca nous prive des moyens de reconnaitre nos responsabilites, de penser et d’agir.

    Exemples recents: Lorsqu’on essaye de mettre la guerre de Syrie sur le dos du changement climatique, alors que la guerre (pas seulement celle-la mais toutes les guerres) sont des causes principales du changement climatique!

    Ou lorsque l’on essaye de faire peur avec la fin « prochaine » (et cela c’est bel et bien une tradition non pas judeo-chretienne mais chretienne, en tout cas post-concile de Nicee) dont ca fait presque 2000 ans qu’elle est pour « demain matin », alors que notre societe capitaliste et predatrice tire son energie et sa justification de l’effondrement actif de toutes les autres societes, et des equilibres naturels qu’elles avaient toujours fait prosperer.

    Ou lorsqu’on essaye de nous faite peur avec la « surpopulation » en donnant des exemples… Africains!

    J’aime ce mot de Maitre Ekhart: « Fais exactement ce que tu ferais si n’avais rien a craindre » (je traduis de memoire, approximatif…)

    Bref, tu l’a compris, cher P.P. c’est le mot qui m’enerve, on est bien d’accord sur les idees, ou en tout cas sur les actions!

    1. Cher Laurent,

      Je ne suis pas en mesure de chercher les références de ce que je vais t’écrire, mais sache que c’est solide. Nous nous sommes déjà opposés sur le sujet. Il y a des études, discutables fatalement, qui pointent des liens entre dérèglement climatique et révolte syrienne. Il ne s’agit pas de relations de cause à effet, car chacun sait – chez les gens sérieux – que de tels phénomènes sont d’une rare complexité. Il n’empêche, et il n’y a aucune raison de prétendre qu’on essaie de « mettre sur le dos » du climat la guerre syrienne. Par ailleurs, et il faudra fatalement que je m’y colle en grand, la question démographique est grave, car elle confronte l’humanité aux limites physiques de la planète. Je crois, mon cher Laurent, qu’on peut parfaitement mettre en question les inégalités folles de ce monde malade, et s’interroger quand même sur le nombre d’humains attendus.

      Amitiés,

      Fabrice Nicolino

  5. Cher Fabrice, bien sûr on peut s’interroger, et je n’oserais pas prendre la responsabilité de recommander à quiquonque d’avoir beaucoup d’enfants ni même d’en avoir! Ca ne me regarde pas. Mais j’ai la chance de vivre à Kolkata (densité de population = celle de Paris), dans l’état du Bengale Occidental, qui (comme son autre moitié le Bangladesh) a presque 10 x la densité de population de la France! Et bien: Je ne voudrais pas vivre ailleurs. Mon impression c’est que le surdéveloppement humain compense le sous-développement technique. Encore que le mot technique n’est pas tout-a-fait approprié car la technique inclut le facteur humain. Disons l’intensité humaine compense la raréfaction énergétique et matérielle. C’est aussi de la technique, une orientation différente. Malgré tous les efforts pour « mettre de l’ordre » l’économie d’Asie du Sud dépend du « juggar », de la bidouille géniale, de la tradition vivante, non régulée, j’espère pour toujours non régulable.

    Je prends un plaisir spécial à construire des bâtiments où les 2/3 de la dépense vont dans les salaires, mieux payés que d’habitude, et 1/3 dans les matériaux, qui est l’inverse de la proportion habituelle, avec un coût identique ou inférieur. Et qui ne sont pas « reproductibles », pas « généralisables » (donc pas « durables » diront certains « écolos » pisse-froid). Une goutte d’eau de bidouille dans un océan de bidouille. Jouissance à l’état pur. Donc par mes efforts marginaux, que j’espère irrécupérables, « j’aggrave encore » le facteur humain! Mon matériau c’est les bras et les mains, et l’intelligence qui les anime. Et aussi leur (notre) plaisir, et leur (notre) fierté. Ingrédients indispensables. Ces bras et ces mains ne polluent pas. Seuls l’énergie et les matériaux polluent. Peuvent polluer. Ce n’est pas obligatoire. La concentration d’énergie et la raréfaction humaine polluent, c’est l’argent, non même pas l’argent en tant que tel, mais la concentration d’argent, c’est à dire le pouvoir, qui pollue. Une chose dont il est possible, par des efforts longs et soutenus, de progressivement se passer, en commençant par soi, même si ca prends du temps et qu’on n’y arrivera probablement jamais complètement. En tout cas il y a un chemin devant soi, éclairé d’amour et parsemé de plaisir.

  6. Claude Levi-Strauss en 2009 dans « La difficulté croissante de vivre ensemble »… :

    « La population mondiale comptait à ma naissance 1,5 milliard d’habitants. Quand j’entrai dans la vie active, vers 1930, ce nombre s’élevait à 2 milliards. Il est de 6 milliards aujourd’hui, et il atteindra 9 milliards dans quelques décennies, à croire les prévisions des démographes. Ils nous disent certes que ce dernier chiffre représentera un pic et que la population déclinera ensuite, si rapidement, ajoutent certains, qu’à l’échelle de quelques siècles une menace pèsera sur la survie de notre espèce. De toute façon, elle aura exercé ses ravages sur la diversité non pas seulement culturelle mais aussi biologique en faisant disparaître quantité d’espèces animales et végétales.

    De ces disparitions, l’homme est sans doute l’auteur, mais leurs effets se retournent contre lui. Il n’est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l’explosion démographique et qui – tels ces vers de farine qui s’empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer – se mettrait à se haïr elle-même parce qu’une prescience secrète l’avertit qu’elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l’espace libre, l’eau pure, l’air non pollué.

    Aussi la seule chance offerte à l’humanité serait de reconnaître que, devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d’égalité avec toutes les autres formes de vie qu’elle s’est employée et continue de s’employer à détruire.

    Mais si l’homme possède d’abord des droits au titre d’être vivant, il en résulte que ces droits, reconnus à l’humanité en tant qu’espèce, rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces. Les droits de l’humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l’existence d’autres espèces.

    Le droit à la vie et au libre développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la disparition d’une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre échelle, dans le système de la création.

    Seule cette façon de considérer l’homme pourrait recueillir l’assentiment de toutes les civilisations. La nôtre d’abord, car la conception que je viens d’esquisser fut celle des jurisconsultes romains, pénétrés d’influences stoïciennes, qui définissaient la loi naturelle comme l’ensemble des rapports généraux établis par la nature entre tous les êtres animés pour leur commune conservation; celle aussi des grandes civilisations de l’Orient et de l’Extrême-Orient, inspirées par l’hindouisme et le bouddhisme; celle, enfin, des peuples dits sous-développés, et même des plus humbles d’entre eux, les sociétés sans écriture qu’étudient les ethnologues.

    Par de sages coutumes, que nous aurions tort de reléguer au rang de superstitions, elles limitent la consommation par l’homme des autres espèces vivantes et lui en imposent le respect moral, associé à des règles très strictes pour assurer leur conservation. Si différentes que ces dernières sociétés soient les unes des autres, elles concordent pour faire de l’homme une partie prenante, et non un maître de la création.

    Telle est la leçon que l’ethnologie a apprise auprès d’elles, en souhaitant qu’au moment de rejoindre le concert des nations ces sociétés la conservent intacte et que, par leur exemple, nous sachions nous en inspirer. »

    1. Il veut être gentil Lévy-Strauss alors on ne veut pas lui taper dessus, mais son histoire des « peuples sans écriture » c’est comme les « peuples mi-diables mi-enfants » de Rudyard Kipling (dans « le fardeau de l’homme blanc »), une posture romantique, glorieuse et douloureuse, tragique, qui a l’intuition de chercher hors d’elle-même les ressources de son salut mais sans vraiment y parvenir.

      En progrès quand même sur Kipling, Lévy-Strauss se tient juste à la limite, il est tout près de reconnaître que justement, les sociétés traditionnelles qui préservent la nature n’ont pas cette « haine de soi », ni cette « prescience secrète » qui « l’avertit qu’elle devient trop nombreuse », mais sans le faire explicitement.

      Alors oui, que « nous » sachions nous en inspirer, mais d’abord accepter que ce « nous » qui devrait s’en inspirer n’est pas l’humanité tout entière mais une partie seulement, et qu’elle n’est ni aussi tragique ni aussi puissante qu’elle se l’imagine, et c’est à « nous » de rejoindre « le concert des nations », au lieu de « nous » identifier à ce concert et, dans une posture prétendument généreuse, d’inviter les autres à nous rejoindre… dans le même abîme?

      « Nous » ne sommes pas une « espèce maudite », « nous » avons toute notre place dans le « concert des nations », avec seulement un peu d’humilité.

      Il faut lire Derrida, « de la grammatologie », le passage magnifique et fulgurant sur « la leçon d’écriture » (de Lévy-Strauss)!

    1. Itou,

      Ras le bol!

      Ras le bol de tenter de réunir les bonnes volontés, qui promettent de venir aux réunions et qui ne se pointent pas!

      Ras le bol quand ma frangine me téléphone paniquée, parce que le vent la gène lorsqu’elle est sur sa terrasse, et qu’il lui est vital de la fermer avec du plexiglass!

      Ras le bol de distribuer des centaines de graines, qui ne seront pas multipliées par pure flemmardise!

      Ras le bol de tout les mensonges assénés comme des vérités!

      Ras le bol de tout ceuxcelles qui disent comment faire et ne font pas eux même!

      Ras le bol des zombies le téléphone greffé sur les oreilles et les pouces déformés!

      Ras le bol des ricaneurs moqueurs parce que nous ne vivons dans la simplicité, et que le don d’anticipation fait de nous des pessimistes a leurs yeux!

      Bien à vous toustes,

      1. Isabelle,

        Eh, oh ! c’est pas le moment. Idem pour Martine et Stan. Je connais bien les raisons de ne plus vouloir rien, mais ce n’est pas le moment. Dans quelque temps, je vous proposerai un moyen d’agir ensemble, et ce sera un test. Êtes-vous prêt(e)s ? Je l’espère vivement. On se lève. Et je t’embrasse, et je vous embrasse.

        Fabrice Nicolino

  7. Ne perdez pas votre sens aigu des controverses (et de l’humour, malgré tout) , c’est quand-même une chance de ne pas être d’accord et de pouvoir se le dire :

    https://www.youtube.com/watch?v=kEeo8muZYJU

    D’autant plus que l’on est pas obligé de tout lire et pis tant qu’il y a de la vie, y’a de l’espoir!
    Le vent, cher vent, le don d’anticipation, c’est une caractéristique des personnes a « haut potentiel »…et c’est très mal compris par la population dont la moyenne est beaucoup plus basse, et donc ça isole. Bise a toi!

    1. Merci Anne,

      Don d’anticipation = « haut potentiel »,

      Haut pote en ciel, un beau cygne, 😉 😉

      Bien à vous,

    2. Hors sujet, pour Anne J : pensé à toi en voyant le synopsis du film « la guerre des moutons » qui passe dans notre festival préféré (voir page 15 du programme) :

      https://fr.calameo.com/read/0045935377cdc01f29a9d

      Hors sujet ? quoique ….
      😉

      Bises à tous de la part de celui qui est parti battre sa faux et boude dans son jardin ….

      1. Merci Véro de penser a moi!!
        C’est un documentaire ou une fiction?

        Pour te rassurer, je peux te dire qu’en ce moment, chez moi, c’est la paix des moutons…paisibles et repus dans le calme du marais, en compagnie de milliers de piafs petits et gros. Que la nature est belle au printemps…

        1. C’est un documentaire. Celui-ci + l’heure du loup, les débats vont être chauds s’il y a des moutonniers dans la salle. Arf !

  8. On attend vraiment, Fabrice…
    Selon les auteurs cités plus haut par Laurent Fournier (le courant de la collapsologie), l’effondrement de notre mode de vie actuel, de notre « civilisation » actuelle, peu importe le nom qu’on lui donne, c’est pour bientôt. Moins de 10 ans. La planète continuera. L’humanité aussi. Mais dans quelles conditions ! « Projetez-vous déjà dans un monde sans voiture, sans électricité, sans médicaments et sans argent pendant quelques mois et vous aurez une idée de ce qui peut arriver à grande échelle »…
    Vite : qu’est-ce qu’on peut faire ? Peut-on même faire encore quelque chose ?

    1. @Dominique : « Vite : qu’est-ce qu’on peut faire ? Peut-on même faire encore quelque chose ?  » Merci. Oui, tout est là ! qu’est-ce qu’on peut faire ? On peut commencer par se poser la question : mais qu’est-ce qu’on a fait réellement, concrètement, physiquement ? Est-il encore temps de constater que la terre est ronde et qu’elle tourne ? Ras le pompon des réflexions pompeuses, pomponnées et pompantes ! On est en France, entouré de bagnoles : SUV, Crossland disent-ils, toutes plus grosses, prétentieuses, bouffeuses d’oxygène les unes que les autres et on est contents, contents, on trouve ça normal, faut bien que le commerce fonctionne, que chacun s’exprime, la liberté est à ce prix !! « Moi j’tricote dans un coin, j’suis idiote, j’suis idiote, / moi j’tricote dans un coin j’suis idiote et j’le sais bien ! » Et « merdre » comme disait Ubu !

  9. Ce qui a disparu ne reviendra jamais, c’est sur. Les especes disparues, l’eau naturellement potable, l’air respirable, etc. Mais pourtant agir par la peur rend les choses encore pire. Il ne faut pas negliger la capacite des gens d’agir par amour, ni d’agir apres s’etre donne un but (lorsque c’est le contraire: se donner un but apres avoir agi c’est qu’on a fait une connerie), et etre intelligent n’implique pas forcement la necessite d’etre agressif. « L’elite lucide »… concept paradoxal: D’abord elle ne peut exister que s’il existe des gens capables d’en reconnaitre l’existence et de lui accorder un minimum de pouvoir et d’influence. Les personnes « a haut potentiel » sont exactement « ceux qui ne sont rien » (selon le bon mot de notre president de la republique). Ensuite, ceux qui s’y voient (ceux qui s’y placent) s’empechent par la-meme d’en faire partie. Mais etre capable de reconnaitre chez autrui une personne « a haut potentiel », oui, c’est pas mauvais, c’est utile! Et ca libere de l’energie! Donc le concept n’est pas completement idiot, mais a condition de se souvenir que l’elite est cree par ceux qui n’en font pas partie, au sens le plus literal, et que donc on ne peut pas s’y placer soi-meme.

    1. Laurent,

      Haut potentiel, sur-efficience, douance, surdouance, cela se mesure par des tests. C’est concret.
      On ne peut pas s’auto-diagnostiquer.
      Mais c’est difficile d’en parler étant donné les termes employés et les idées reçues qu’ils engendrent mais dans la plus part des cas, cela est synonyme de grande souffrance,d’épuisement, d’isolement, d’hypersensibilité, et la liste des troubles « dys »est souvent assez longue dans les cas hétérogènes.
      Mais il y a aussi des truc plus rigolo, comme la synesthésie.
      Bref, quand on connait une personne comme ça, on sait que c’est pas de la tarte…
      Malheureusement, ces personnes sont rejetées alors qu’elles pourraient tant aider…

      L’autisme, le syndrome d’Asperger peuvent en être des formes.

      Un petit poème sur ce sujet (profitons car une fois n’est pas coutume notre hôte est en vacance et donc pas de sujet):

      Je vous salue, névrosés !

      Parce que vous êtes sensibles dans un monde insensible, n’avez aucune certitude dans un monde pétri de certitudes,
      Parce que vous ressentez les autres comme s’ils étaient vous-mêmes,
      Parce que vous ressentez l’anxiété du monde et son étroitesse sans fond et sa suffisance,
      Parce que vous refusez de vous laver les mains de toutes les saletés du monde,
      Parce que vous craignez d’être prisonniers des limites du monde,
      Pour votre peur de l’absurdité de l’existence,
      Pour votre subtilité à ne pas dire aux autres ce que vous voyez en eux.
      Pour votre difficulté à gérer les choses pratiques et pour votre pragmatisme à gérer l’inconnu,
      Pour votre réalisme transcendantal et votre manque de réalisme au quotidien,
      Pour votre sens de l’exclusivité et votre peur de perdre vos amis proches,
      Pour votre créativité et votre capacité à vous extasier,
      Pour votre inadaptation à « ce qui est » et votre capacité d’adaptation à « ce qui devrait être »,
      Pour toutes vos habiletés si grandes et pourtant inutilisées,
      Pour la reconnaissance tardive de la vraie valeur de votre grandeur, Parce que vous êtes humiliés alors que vous veillez toujours à ne pas humilier les autres,
      Parce que votre pouvoir immense est toujours mis à bas par une force brutale ;
      Et pour tout ce que vous êtes capables de deviner, tout ce que vous n’exprimez pas, et tout ce qui est infini en vous
      Pour la solitude et l’étrangeté de votre cheminement

      Soyez salués !
      K. Dabrowski (1902-1980)

  10. Lorsqu’on a été sauvé, tout ce qu’on est, tout ce qu’on pense, tout ce qu’on veut, par une personne plus jeune, moins expérimentée, moins cultivée, et avec beaucoup moins de pouvoir, que soi, une personne complètement inconnue, à qui on inspirait de la crainte et du respect, on « voit » le concept d’élite dans sa nudité. Et ce mot en Anglais, « bliss »…

  11. Un extrait fort intéressant (j’ai toujours dit que Macron, c’est le vieux monde poussiéreux qui pue le rance ):

    « (…) La Zad, une hétérotopie

    Face à cette puissante idéologie spatiale associant frontières étatiques et propriété foncière, les ZAD proposent une vision du monde concurrente quoique minoritaire. Elles ouvrent des horizons, au propre comme au figuré: des espaces partagés, sur lesquels s’appliquent d’autres logiques que la rentabilité de la terre et la compétition entre individus.

    Elles ont tout des hétérotopies, terme forgé par Michel Foucault il y a un demi-siècle (1). Elles sont des «contre-emplacements, des sortes d’utopies effectivement réalisées», des espaces «autres». Elles offrent des poches de résistance où la proposition d’une autre société accompagne la contestation de la société comme elle est.

    Si notre rapport au monde et aux autres individus est médiatisé par l’espace, alors détruire les ZAD, c’est détruire la possibilité d’autres interactions, d’autres modes d’existence. C’est interdire toute innovation sociale et géographique. C’est, de la part d’un exécutif clamant sa modernité, une manière de s’accrocher à un vieux monde et à un système de pensée vieux de plus de trois siècles et demi.

    (1) Foucault, Michel, « Des espaces autres », in Dits et écrits II. 1976-1988, p. 1571-1583. 1994 (1984).

    Source :
    http://geographiesenmouvement.blogs.liberation.fr/2018/05/07/le-vieux-monde-contre-les-zad/

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