La croissance, dit-il

Sarkozy. Je sais que je ne devrais pas, mais je ris déjà. Voilà un homme qui ne sait rien de ce qui se passe sur terre, et qui s’en fout royalement, sans jeu de mots. Il ne lit, pour l’essentiel, que les notes de synthèse écrites par ses employés. Surtout pas de littérature ! Pas le temps, TF1 attend. Il préfère Didier Barbelivien et Johnny. Il bredouille trois mots d’anglais lorsque c’est absolument nécessaire. Mais cela ne l’empêche pas de se voir en géostratège. Il faut dire que son point de comparaison, c’est W.Bush. Et à cette aune-là, bien entendu, il est l’aigle des cimes et nous tous des géants de l’Histoire en marche.

Hier, il a produit, comme disent les gazettes, une forte impression sur les patrons du Medef réunis à Jouy-en-Josas. Que pense Sarkozy ? Ceci : « Il nous manque un point de croissance pour résoudre nos problèmes (…) et il ne viendra pas tout seul. » Il n’y a, il n’y aurait idéalement rien à ajouter. Mais l’idéologie de la croissance est à ce point partagée, d’un bout à l’autre de la société, qu’il faut tout de même commenter.

Donc, la croissance actuelle ne suffit pas. 2 %, 2,5 % en rythme annuel, cela ne suffit pas. Il faut au moins 3 %. À ce taux-là, les entreprises embaucheront, le chômage baissera, le pouvoir d’achat tirera davantage la machine, qui tournera mieux, etc. Je ne vous ferai pas le déshonneur de croire que vous ne voyez pas les conséquences. La croissance économique, dans une société devenue folle, sans autre but que de consommer et jeter aussi vite qu’il est possible, n’est rien d’autre que destruction.

Si Sarkozy et ses amis patrons atteignent leur but, nous jetterons davantage de téléphones portables, de DVD, de bagnoles, de machines à laver à la poubelle que nous ne le faisons. Et nous vendrons davantage de turbines, de trains, de centrales nucléaires à qui les voudra au Sud, de manière à pouvoir jeter plus vite encore, etc.

Autrement exprimé, bien trop vite, Sarkozy et ses nombreux amis souhaitent accélérer la marche à l’abîme. En avant ! En avant comme avant ! Et plus vite, s’il vous plaît. Dans deux mois, si je ne m’abuse, Madame Kosciuko-Morizet et M.Borloo organisent ce qu’on appelle désormais le Grenelle de l’environnement. Je garde pour un peu plus tard ce que j’en pense vraiment, mais convenez que tout cela fait réfléchir.

Une autre fois, de même, je vous parlerai de Claude Allègre, qui le vaut bien. Non pour lui-même, car c’est un personnage insignifiant. Mais pour le rôle qu’il joue et qu’on lui fait jouer. Celui d’adversaire de la nature et d’ennemi mortel de la critique écologiste. Je ne résiste pas, dès aujourd’hui, à l’envie de saluer Jacques Attali, qui sur l’injonction de son bon ami Sarkozy, préside une commission destinée à libérer la croissance. Quel excellent homme nous avons là ! Je vous dirai, promis, comment, voici 18 ans, il tenta de « vendre » au monde un projet démentiel d’endiguement des trois grands fleuves du Bangladesh, au mépris des peuples, de l’hydrologie, de l’écologie et de la morale réunis. Promis, je le ferai bientôt. À cette époque, Attali avait un autre maître nommé François Mitterrand. Ne cherchez pas l’erreur, car il n’y en a pas. Belle journée !

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